Geekriture, nouvelle colonne mensuelle sur ActuSF. 01 : De la méthode dans ma créativité ?

Je suis ainsi vissé que d’une part, j’aime faire les choses mieux et avec moins d’effort, d’autre part, pour arriver à les faire, j’ai besoin de les faire mieux et avec moins d’effort, ou bien elles peinent à être faites, ce qui entraîne la spirale infernale dite de la Cavale Après La Deadline. J’ai découvert avec joie et bonheur la mouvance du lifehacking, de la productivité personnelle… 

… et sans m’en rendre compte, à force de pratiquer ça au quotidien depuis des années et de tester tout ce qui passe avec l’obsession qui est la mienne pour me faciliter toujours davantage la vie, j’ai accumulé probablement de quoi écrire un ou deux bouquins entiers rien que sur la productivité des artistes en général et des autrices et auteurs en particulier.

Sauf que

  • C’est un domaine qui évolue extrêmement rapidement parce que les techniques sont de plus en plus liées à l’évolution des outils numériques
  • … personne n’aurait envie d’acheter un manuel de productivité à destination des auteurs. De façon générale, l’organisation personnelle est un domaine de niche, méconnu de façon stupéfiante en France et suscite même une curieuse méfiance, comme j’ai pu m’en apercevoir lors de conférences et en ligne.

Pourtant, il y a tant à y prendre ! Et tant de manières possibles de se faciliter la vie, en n’étant plus asservi à la technologie, mais en la mettant au contraire à notre service. Mine de rien, sans cela, j’aurais certainement été incapable de publier L’Héritage de l’Empire à temps et avec une santé mentale intacte, malgré la pandémie et une blessure à la main qui m’a fait perdre deux mois de boulot. La création se nourrit avant tout de temps et de silence ; parvenir à rassembler les deux a toujours été difficile, et l’est plus encore à notre époque hyperconnectée.

Du coup… il convient de diffuser ces idées de manière beaucoup plus accessible, dans la joie et la décontraction. Enter ActuSF. Et je suis vraiment ravi d’annoncer que j’ai à présent la responsabilité d’une colonne mensuelle sur l’un des sites majeurs de l’imaginaire en France, intitulée Geekriture.

Geekriture, c’est le mariage entre l’écriture littéraire et l’approche expérimentale geek, interrogeant les outils pour parvenir avec plus de plaisir et d’aisance à la réalisation de ses rêves artistiques. Chaque 20e jour du mois, la colonne décortiquera le flux de travail de l’écriture sous l’angle de l’approche pratique et de l’organisation : comment accomplir le meilleur avec l’énergie et l’attention dont on dispose ? Outils qui facilitent la vie, grandes méthodes qui ont fait leurs preuves, nouveaux venus sur la scène de la productivité et de la gestion de la connaissance, ce sera l’occasion d’explorations joyeuses obsédées par un seul but – écrire dans la clarté et la joie –, le tout avec évidemment des blagues pourries et un ton qui pousse gentiment, mais fermement. On va parler Getting Things Done, Zettelkasten, Personal Knowledge Management, motivation, et peut-être même méditation de pleine conscience et manière de gérer ses mails.

Si Comment écrire de la fiction ? synthétise tout ce que j’ai pu apprendre sur l’approche narrative des histoires, Geekriture incarne le versant organisationnel et productivité personnelle du travail de l’auteur. Et comme votre horloge biologique interne ne manque pas de vous informer que nous sommes le vingt et un, c’est qu’il y a déjà un article de publié, n’est-ce pas ? Tout à fait, nous démarrons 2021 avec une interrogation quant à la pertinence de l’organisation personnelle dans la créativité, ainsi qu’une profession de foi :

Geekriture 01 – De la méthode dans ma créativité ?

J’espère que ce nouveau rendez-vous saura être à la fois inspirant et amusant, et que vous aurez plaisir à le suivre. Rendez-vous sur ActuSF – et évidemment, je répercuterai ici la colonne mensuellement. N’hésitez pas, par ailleurs, à faire part de votre avis, des approches et des sujets les plus brûlants que vous voudriez voir traités. J’ai un plan pour l’année à venir, mais tout est adaptable !

2021-02-05T18:08:00+01:00jeudi 21 janvier 2021|Geekriture|4 Commentaires

Se réapproprier sa volonté avec un chronomètre et des trombones

J’ai Deep Work de Cal Newport sur ma table de chevet – ce qui, dans les faits, revient à dire l’étagère de mes toilettes (non, je ne dors pas dans mes toilettes) (sauf quand je reviens d’une soirée difficile avec des libraires bretons) – bref, ça veut juste dire que c’est l’endroit où il est susceptible d’être pris et feuilleté, mais je compte bien le lire pour de vrai et me substantifier la moelle avec. Car :

Je suis entièrement d’accord avec lui quand il parle de l’effet délétère des réseaux notamment dans son TED Talk lié ici. Peut-être suis-je d’autant plus sensible au discours avec la manière dont je suis vissé (dont je reparlerai dans un article à part quand j’aurai rassemblé le courage) mais : les notifications, l’impératif de répondre, de réagir frénétiquement à tout et de ne rien laisser passer fonctionne très mal avec moi, j’en ai parlé de loin en loin. Je ne crois pas être le seul dans ce cas ; la grande crainte de notre époque, c’est de voir les capacités de concentration des gens décroître (et c’est le sujet de Deep Work) (mais je ne l’ai donc pas encore lu) (il faut que je passe une soirée difficile avec des libraires bretons pour dormir dans mes toilettes et le lire, si vous avez suivi). Il y a probablement un fond de vérité là-dedans,sinon Facebook et Twitter ne dépenseraient pas des centaines de milliers de dollars pour nous maintenir captifs de leurs plate-formes.

James Clear, dans Atomic Habits (Un rien peut tout changer en VF, heu ?) a cette phrase simple :

Each habit is a vote towards the person you want to be.

James Clear

Consulter son téléphone “au cas où”, “dans l’espoir qu’il se passe quelque chose” est une habitude fermement ancrée jusqu’au défilement obsessionnel-compulsif (ahem) des fils sans fin d’Instagram, Twitter etc. : on appelle ça le doomscrolling, et oui, ça fait du mal au cerveau. Si les habitudes se nourrissent d’elles-mêmes, si chaque habitude est un vote pour la personne que l’on souhaite être, chaque consultation “machinale”, sans intentionnalité, est un vote pour une personne qui consulte machinalement ses fils, sans intentionnalité.

Et ça, moi, ça m’emmerde d’être cette personne.

Toute réalisation d’envergure se construit sur des efforts concertés et prolongés, peut-être plus encore dans l’écriture qui se nourrit de silence, de réflexion, de mûrissement et, surtout, de temps (un roman me prend entre 1000 et 2000 heures, selon mes estimations récentes). Quand j’avais vingt ans, je codais en open-space sans problèmes de concentration (avec Iced Earth à fond sur les oreilles). Aujourd’hui, je me sens comme un petit chaton sous ecstasy prêt à suivre n’importe quel jouet qui brille, sauf que c’est un chaton chauve de 90 kg. De rien pour les cauchemars.

J’ai la sensation que dix ans de réseaux m’ont petit à petit grignoté la faculté de concentration. Heureusement – et j’y arrive – il me semble à la portée de tout le monde de se rééduquer avec, comme dit avec ce magnifique titre, un chronomètre et des trombones.

La méthode pomodoro : pour se rééduquer la concentration

Plein d’articles dans ce site fantastique sur la méthode pomodoro, par exemple celui-là sur l’esprit et et celui-là avec des remarques complémentaires sur son application aux métiers créatifs. La méthode pomodoro (25 minutes de boulot, 5 de pause) est souvent dépeinte comme une manière de travailler par “rafales”, mais je la vois aussi comme une manière d’encadrer et de décomplexer le temps (nécessaire à la santé) de pause. Surtout, je trouve qu’elle réhabitue le cerveau à rester concentré sur une tâche pendant un temps donné, délimitant les moments où l’esprit peut divaguer et celui où, non, désolé, tu te casses les dents sur la tâche s’il le faut, mais tu ne lâches pas, alors, bosse. (Robert Sheckley Robert Sheckley Robert Sheckley.)

Et si l’on veut se réapproprier sa concentration, on peut (inspiré par certains traitements de rééducation) augmenter la durée des pomodoros d’1% par semaine (ça va, ça fait une minute par mois). L’optique étant de regonfler sa capacité à long terme, comme dans un entraînement physique. (J’expérimente actuellement avec ça, j’en reparlerai si c’est pertinent) (Rendez-vous donc dans trois ans quand je serai à 45 minutes, HA)

Trois trombones et c’est tout

C’est le hack le plus bête du monde, que j’avais piqué à Lifehacker il y a des années. Pour se limiter dans une habitude, mettre trois trombones dans une boîte le matin. À chaque fois que l’on effectue l’action, enlever un trombone. On a donc trois actions par jour maximum. (On peut commencer à cinq si c’est trop dur.) Et le geste, tout simple, donne une matérialité à l’action. On ne peut pas tricher.

Oui, j’ai ça sur mon bureau, et c’est MOCHE.

J’ai récemment repris cette habitude : trois consultation de réseaux / mails par jour maximum. Car il ne s’y passe rien qui soit urgent et qui ne puisse attendre, malgré ce qu’on voudrait vous faire croire. Et surtout, il ne sert à rien de les consulter douze fois par jour ; il faut mieux faire des sessions un peu plus longues, mais productives (effet de grouper les tâches, ou batching).

Eh bien, cela a été fascinant (et un peu inquiétant) de constater combien, les premières semaines, la consultation me démangeait dès le matin avant ma petite séance de mouvements, de méditation, etc. comme un junkie en manque. Et qu’il me fallait un effort de volonté pour me raisonner et me dire que rien de ce qui pouvait s’être passé pendant la nuit ne pouvait attendre trente minutes de plus, quand même ?

Eh bien, aujourd’hui, au bout d’un mois de ce régime, pour la première fois ce soir (à l’heure où j’écris ces électrons), seulement deux trombones ont été enlevés de la boîte. Le troisième ne servira pas. Et je suis d’une parfaite sérénité.

Pour être honnête, tout cela paraît stupide alors que je l’écris, comme un coureur cycliste réapprenant les bases avec un tricycle. Mais le monde moderne lutte tellement pour notre attention et notre concentration qu’il ne me paraît pas absurde de nécessiter une rééducation. Le Slow Web Manifesto militait déjà pour une consommation plus raisonnée, équilibrée, intemporelle et concentrée sur la qualité de nos médias modernes. Et il le faisait… en 2010.

2020-08-04T21:11:05+02:00mardi 28 juillet 2020|Best Of, Lifehacking|6 Commentaires

Turning Pro, avec Steven Pressfield

J’avais, la bave aux lèvres, hurlé tout l’immense bien que je pensais de La Guerre de l’Art – comment Pressfield, avec un mélange de bienveillance et de secouage de puces, pousse créateurs et créatrices à ne pas céder à la Résistance, cette force nocive qui nous retient d’accomplir le travail (et l’œuvre) de notre vie. Pressfield a décliné ses idées en une série de bouquins après La Guerre de l’Art, qui, me semble-t-il, ne sont pas traduits :

  • Turning Pro
  • Do the Work
  • Nobody wants to read your sh*t

À lire dans cet ordre, d’après Pressfield, sauf le troisième qui peut être lu n’importe quand. Donc, comme j’apprécie qu’on me rappelle qu’un jour je ne serai plus là et qu’il me faut donc accomplir chaque jour mon meilleur travail sans attendre, il fallait forcément embrayer sur Turning Pro à un moment.

Qu’est-ce qu’un ou une pro ?

L’amateur tweete. Le pro travaille.

– Steven Pressfield

Merci, voilà, salut.

Un ou une pro est quelqu’un qui ne cède pas à la Résistance. Quelqu’un qui cesse de se raconter des histoires et de se trouver des excuses ou des raisons extérieures (ce que Pressfield appelle dans ce contexte un amateur) pour affronter l’œuvre de sa vie mais qui l’accomplit, quel qu’en soit le prix, quelle que soit la difficulté. Il ne s’agit pas de nier cette difficulté, ni cette terreur, au contraire ; il s’agit de les reconnaître avec respect – mais quand même de les affronter face à face. Bien sûr, il place “l’œuvre” dans un contexte artistique, mais stipule bien que c’est applicable à n’importe quelle réalisation à laquelle nous nous sentons appelé·es.

Pressfield établit certains parallèles entre la dépendance (quelle que soit la substance ou le dérivatif) et la vie créatrice ; les deux visant à la transcendance et à l’accomplissement, mais la première conduit à la destruction, quand la seconde élève l’être ; il s’agit dans les deux côtés d’un appel puissant de l’inconscient. Je ne connais pas suffisamment les questions de dépendance mais j’imagine que cette vue sera critiquable. En revanche, ce qui est intéressant, c’est quand il débouche sur l’idée plus vaste des shadow lives, des “vies d’illusion” que l’on peut se construire comme dérivatif par terreur d’affronter la réelle création qui nous appelle. Combien la distraction, l’argent, l’échec, les problèmes que l’on se crée tout seul, le sexe, la gratification instantanée, le besoin de validation et j’en passe peuvent accaparer l’attention et former, là encore, de puissants dérivatifs au véritable accomplissement du soi. (*tousse* les réseaux commerciaux *tousse*)

Pressfield ne nie jamais la terreur d’affronter l’abysse, le néant sans forme, et d’en extraire ordre et création. Il met toute la différence sur les raisons de le faire et le processus. Le pro le fait parce que c’est son appel, c’est sa raison, qui se nourrit d’elle-même (je renvoie, ici, à Comment savoir ce pour quoi l’on est fait (comme écrire)). Il ou elle le fait car c’est l’appel supérieur de son être. Le processus du pro ne se relâche jamais et reste un combat constant contre la Résistance, renouvelé chaque jour. Il y a clairement dans cette approche de la philosophie stoïciste voire spartiate, mais moi, j’adhère : le talent est une grandeur inconnue et donc fumeuse ; la seule variable d’ajustement dont nous disposons est notre persistance dans le travail, alors, travaillons (voir aussi Procrastination S02E20 – Talent Vs. Travail).

Ce qui se rattache à cette citation de Frank Conroy :

Commit yourself to the process, NOT the project. Don’t be afraid to write badly, everyone does. Invest yourself in the lifestyle … NOT in the particular piece of work.

Frank Conroy

Soyons clairs : Turning Pro n’est en rien la baffe monumentale et concentrée qu’était La Guerre de l’Art. Si vous n’avez pas adhéré au premier, Turning Pro ne vous convaincra pas davantage (et certainement moins). Turning Pro développe et raffine les idées de La Guerre de l’Art, avec pas mal d’anecdotes tirées de la vie de Pressfield ; il y retrace beaucoup le même chemin, quoique avec des éclairages différents. À moins d’avoir trouvé une révélation dans La Guerre de l’Art, Turning Pro me paraît dispensable. Mais si vous adhérez au discours, vous aurez plaisir à le retrouver sous d’autres angles d’approche. Par contre, si La Guerre de l’Art me semble être un livre de chevet à lire et relire pendant une vie d’artiste entière, je ne crois pas que Turning Pro ait le même impact (mais c’était probablement une attente peu réaliste).

2020-05-17T21:07:00+02:00lundi 27 avril 2020|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

La boîte à outils de l’écrivain : focus@will, l’arme secrète de la concentration

focusatwill

Je t’en ai déjà parlé dans un article précédent, auguste lectorat, et les retours d’utilisation ont été excellents parmi ce-ux-lles qui s’y sont essayé : pour ce mois-ci dans la boîte à outils de l’écrivain, je te propose de découvrir (si ce n’est pas déjà fait) focus@will.

A quoi ça sert ?

Du mal à te concentrer, auguste lectorat ? Du mal à te mettre à un projet d’envergure (genre écrire la prochaine décalogie adaptée par HBO) ou à rester focalisé dessus au lieu de vérifier des photos de chats sur Twitter ? L’écriture est un travail au long cours, comme toute pratique artistique, mais la narration peut-être plus que toute autre se nourrit de longs moments de concentration pour faire surgir les bonnes idées, pour se plonger dans l’histoire et l’atmosphère.

Focus@will apporte la (une) réponse. Se fondant sur des travaux scientifiques de haute volée, le service se propose de diffuser de la musique spécialement calibrée pour aider à la concentration. Ca a l’air d’un bullshit new-age néoproductiviste, mais ça marche.

L’idée est la suivante (autant que je puisse la résumer) : notre cerveau a évolué pour repérer les lions tapis dans les herbes hautes de la savane africaine, pas pour boucler en open space le rapport comptable de la Cogedip pour hier soir. A l’échelle évolutive, seul un clin d’œil sépare la Cogedip et la savane africaine. Il en résulte qu’une certaine périphérie de nos facultés intellectuelles reste en éveil même devant Excel, attendant que surgisse le lion (ou bien Monique de l’accueil, afin de lui proposer un café). Il est assez rare d’atteindre l’état d’immersion totale dans une tâche, état dit de flow et décrit par Mihaly Csikszentmihalyi (en savoir plus ici) (oui, je n’ai pas été capable de taper son nom, j’ai fait un copier-coller).

faw-beauty

Ce que fait focus@will, c’est diffuser de la musique ou des ambiances spécialement calibrées et mixées (avec un rythme de basse calme, par exemple) pour apaiser cette part toujours éveillée de nous-mêmes, en la récompensant. Elle se trouve donc non seulement occupée, mais contente, ce qui aiguise et facilite la concentration à la fois. La barrière d’entrée dans une tâche complexe s’abaisse, la durée de travail augmente, et s’instaure une dynamique vertueuse qui accélère la productivité, par exemple le nombre de pages écrit en une journée.

Au début, j’ai pensé comme tout le monde en voyant les avis éberlués et enthousiastes des utilisateurs du service : ils parlaient d’une telle révolution, d’un tel bouleversement, que j’ai cru au discours marketing bien calibré – et, en fait, tellement dithyrambique qu’il en devenait abusif.

Sauf que ça marche, du feu de dieu. J’ai ouvert mon compte d’essai gratuit, et en une semaine, je sortais sans sourciller la carte bleue pour cracher un abonnement à vie. Ce truc est le hack mental le plus impressionnant que j’aie jamais rencontré.

Comment on s’en sert ?

C’est extrêmement simple (à tel point que c’en est suspect) : le service fonctionne sur abonnement et propose un gros lecteur ultra-simpliste dans un onglet web (ou une application mobile). Un gros bouton play, un sélecteur de canal, quelques trucs en plus qu’on va voir, et c’est parti :

faw-player

C’est volontaire : vous n’êtes pas censé-e remarquer la musique qui passe. Vous êtes censé-e l’oublier au plus vite pour vous permettre de vous concentrer. Ne cherchez pas un genre qui vous plaît, le but n’est pas de faire le mélomane mais au contraire, de ne rien remarquer. Le service diffuse la musique en streaming (il faut donc une connexion Internet, navré).

focus@will propose 21 radios, proposant soit de la musique, soit des atmosphères pures (ambiance de café, bruits d’eau…). Pour chaque canal, trois niveaux d’énergie (bas / moyen / intense) sont proposés :

FAW-musicenergylevel

Quand vous ouvrez votre compte, le service vous envoie un petit questionnaire pour cerner vos habitudes et vous aider à choisir les canaux vous convenant le mieux, mais il est judicieux de les essayer un peu tous et voir ce qui correspond le mieux en fonction de vos habitudes : c’est-à-dire, ce que vous remarquez le moins et vous rend le plus efficace.

L’interface se complète d’un minuteur (pour fixer une session de travail d’une durée déterminée) et d’un bouton « skip » pour passer la piste en cours. Ce bouton sert à éliminer intégralement de la liste de lecture du service le morceau qui passe : vous ne l’aurez plus jamais. A utiliser quand, à force d’utilisation, un morceau vous rentre dans la tête et attire votre attention, ce qui est contraire à la finalité de l’outil : sortez-le donc. Pas d’inquiétude, focus@will rajoute en permanence de nouvelles pistes.

C’est à peu près tout, et ça suffit très amplement.

Quelques conseils pour maximiser l’expérience

Ne passez pas la musique trop fort. Surtout si vous êtes mélomane ou musicien-ne, vous risquez de vous intéresser davantage au son que la moyenne des utilisateurs-rices. Focus@will fonctionne au mieux quand la musique effleure votre esprit, pas quand elle y rentre de plein fouet : baissez donc le volume, potentiellement à l’excès, pour dissuader votre conscience de l’analyser.

Changez de canal. Prêtez attention à vos rythmes, à votre humeur, à votre état d’esprit et n’hésitez pas à adapter votre programmation. Par exemple, j’utilise Alpha Chill comme canal par défaut, mais, quand j’écris, j’ai besoin de choses plus texturales encore : je passe sur Ambient. J’ai souvent un petit pic de stress en milieu d’après-midi quand la journée avance, je me mets un petit coup de Up Tempo pour me calmer. Si je dois bosser le soir, bizarrement, Baroque Piano se prête bien à une atmosphère nocturne. À vous de tester et de voir.

Calquez l’énergie de la musique sur la vôtre. En gros, le réglage « énergie » va influer sur la vitesse des morceaux, mais aussi la présence des basses, et la programmation de façon générale. Petit piège contre-intuitif : ne cherchez pas à changer de force votre propre énergie avec ce réglage. Si c’est le matin et que vous avez du mal à vous réveiller, ne vous collez pas un Up Tempo en High pour vous donner un coup d’adrénaline, ça ne fonctionne pas comme ça ; calquez au contraire la programmation sur votre état, avec Alpha Chill ou Focus Spa en Low. Rappelez-vous que focus@will est fait pour vous accompagner, en s’adaptant, et suivre votre énergie du moment fonctionnera bien mieux. Vous pourrez passer à Mid un peu plus tard, une fois que le café / whisky / kérosène aura fait effet dans la matinée. Up Tempo en Mid ou en High, en revanche, est justement indiqué pour les moments de stress.

J’essaie où ?

C’est évidemment sans risque, puisqu’on peut ouvrir gratuitement un compte d’essai pour deux semaines ici. (Rappel, si vous avez aimé cet article et souhaitez soutenir le blog, n’oubliez pas de passer par mon lien, pour ces raisons.) Ensuite, focus@will demande un abonnement mensuel, ce qui peut paraître cher payé, mais essayez, et je vous assure, vous avez toutes les chances d’entrer dans la secte et de hurler à votre tour au miracle comme je le fais depuis bientôt un an.

Ouvrir un compte d’essai gratuit

2019-08-28T21:36:46+02:00mercredi 14 octobre 2015|Best Of, Technique d'écriture|39 Commentaires

Comment être productif en travaillant de chez soi ?

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C’est une question qui tourne de temps à autre sur les réseaux sociaux : la difficulté de se motiver pour se mettre au travail, les pièges de la procrastination, du glandage sur Internet (qui prenait en l’an 2000 la forme de clics sur des liens sans intérêt, et qui en 2015 s’appelle Facebook). Et comme une de mes étudiantes me l’a directement posée, et qu’elle est excellente, cela vaut peut-être le coup d’essayer de contribuer à l’intelligence collective. Je succombe moi aussi à la glande, mais, depuis quinze ans de travail indépendant (que le temps passe), d’étude des méthodes de productivité, de développement plus ou moins réussi de méthodes maison, je me suis bien trouvé obligé de développer quelques techniques pour rester assidu, quand bien même ma PS4, mon frigo, mon lit, le soleil m’appellent.

Alors, comment on fait ?

Rien n’est magique

Au bout du compte, le travail ne se réalise pas tout seul. Il y aura toujours des efforts à investir, une volonté à appliquer, des difficultés à surmonter. Aussi loin qu’on les repousse, il faudra forcément s’y frotter un jour, ou bien rien ne se fera. Dans un entretien à Locus il y a des années, Brian Stableford disait qu’un livre s’écrit “un mot après l’autre”. Ces centaines de pages se composent peu à peu, pas à pas. Il faut se retrousser les manches et se plonger dans l’arène.

Cependant, des techniques de concentration et de productivité existent ; nous en avons longuement discuté lors de l’été 2013 avec le tour d’horizon intitulé “Productivété”, toujours disponible en archives. L’idée fondatrice est double :

  • Réduire la friction. Si vos dossiers sont désordonnés, que votre PC rame, que vous n’avez pas la place de travailler, tout cela entraîne un coût, un poids mental qui élève toujours davantage la barrière à franchir pour se mettre à l’ouvrage. Votre mère (et la mienne) avait raison : rangez votre bureau. Entretenez vos outils, stylos, PC, tablette. Ayez un système efficace en place qui vous libère l’esprit et la mémoire. Comme le dit David Allen, “l’esprit n’est pas fait pour se rappeler les choses, mais pour avoir des idées”. Externalisez tout ce qui n’est pas vital grâce à la technologie. C’est l’an 2015, bon sang.
  • Le plus barbant d’abord. Faites toujours (à urgence égale) le plus barbant en premier. Une tâche pesante à l’esprit ronge l’énergie et la motivation. C’est une discipline difficile à acquérir, mais elle récompense grandement celui qui l’applique. La libération est proportionnelle à l’ennui ; et l’énergie ainsi récupérée sera investie à profit dans les projets motivants. Faites votre déclaration d’impôts avant d’aller écrire votre scène de bataille rangée. (Sauf si faire votre déclaration d’impôts vous éclate. Chacun son truc.)

Évacuer les distractions

Les distractions sont l’ennemi numéro 1 du travailleur indépendant. Tout d’abord parce que le cerveau n’est pas multi-tâches, c’est un mythe ; chaque changement de tâche entraîne le paiement d’une “taxe” mentale fixe. Vérifiez votre courriel dix fois par heure, vous payez dix fois cette taxe. (Question déjà discutée en ces lieux ici.) En revanche, la concentration augmente avec le temps investi (jusqu’à une limite, évidemment) ; on retire donc davantage de bénéfice à rester focalisé un long moment.

Mais comment faire ?

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Insert coin ?

Au-delà du bon sens – s’isoler loin de tout dérangement, par exemple -, on peine parfois à respecter la discipline de cette concentration. Depuis quelque temps, j’applique avec grand succès la technique des trombones : je m’autorise trois vérifications des réseaux sociaux, par exemple, chaque jour. J’ai trois trombones dans une boîte, à chaque vérification, je retire un trombone. Quand les trombones sont épuisés, je n’ai plus de crédit. Utiliser un objet donne une matérialité bienvenue à l’engagement qu’on prend avec soi, et le renforce. Si je veux aller sur Facebook alors que j’ai vidé mes trombones, je ressens un élan de culpabilité plus net que si j’avais bêtement compté mentalement. Cela donne une réalité à la chose.

Maîtriser le temps

Un autre méthode pour allonger la concentration est la méthode Pomodoro, à la fois simple et efficace (présentée ici) : il s’agit de travailler à fond pour une brève période fixée par avance avec la promesse d’une pause par la suite. De mon expérience, le Pomodoro de vingt-cinq minutes est trop court pour un travail littéraire ; quand j’ai besoin d’un coup de pied aux fesses, je pars sur des périodes d’une heure et demie suivies de quinze minutes de pause. Et en plus, il existe même des applications de chronométrage gratuites, par exemple ces cinq-là. (J’ai longtemps utilisé FocusBooster mais ma préférence va maintenant à SnapTimer, léger et portable – il se trouve bien au chaud dans ma Dropbox et donc présent sur toutes mes machines).

Je crois que les travailleurs indépendants ont grand intérêt à s’imposer des horaires de travail fixes, comme n’importe quel employé, calquées sur les horaires de bureau. Au tout début de ma carrière, je vivais et travaillais la nuit, puis dormais le matin, sachant que cela correspond mieux à mon rythme, mais j’ai fini par abandonner. L’intérêt de suivre les horaires habituels et de s’y tenir est multiple :

  • Vous vivez au même rythme que le monde entier : socialement, c’est quand même plus facile, surtout en couple
  • Les distractions sont réduites (puisque vous vivez au même rythme que le monde entier)
  • Adopter un rythme régulier rend globalement la mise au travail plus facile (par exemple : travailler de 9h à 12h30, prendre une heure de pause, finir à 19h)
  • Savoir quand l’on travaille et quand l’on se repose me paraît nécessaire pour un indépendant, qui vit dans son bureau / travaille dans sa maison ; l’esprit a besoin de savoir quand il doit être actif et quand il peut se mettre en veille. Avoir des horaires mal définis m’a toujours conduit à la déprime, puisque j’avais l’impression (fausse) de travailler en permanence.
taximetre
“Je vous emmène à Trocadéro en passant par Pékin ?”

Pour mesurer réellement mon temps de travail et éviter le glandage, j’ai adopté voilà des années une habitude connue de bien des prestataires de services : le CRAH (compte-rendu d’activité hebdomadaires). Je me fixe 40 heures de travail actif par semaine (je ne suis pas passé aux 35) et tout volume non effectué est à rattraper la semaine suivante. Si je fais moins, c’est que j’ai glandé. Si j’ai fait plus, j’ai le droit de me la couler un peu plus douce la semaine suivante (si les circonstances le permettent).

Enfin, je me suis acheté un chronomètre de bureau (ci-contre) que j’appelle affectueusement le “taximètre“. Chaque fois que je m’assieds pour travailler, je le lance ; chaque fois que je m’arrête, par exemple pour une pause longue, je le coupe. Cela me permet de mesurer mon temps réel d’activité au cours de la journée, mais surtout, comme avec les trombones, chaque pression sur le bouton “matérialise” l’engagement que je prends avec moi-même d’être actif à partir de ce moment. Je prends mieux conscience de ma dérive si la procrastination m’appelle, car je dois couper le taximètre. À ce moment-là, mieux vaut prendre une vraie pause de 10-15 minutes sans culpabilité (le taximètre est coupé) pour s’y remettre ensuite à fond. Le moral est meilleur.

L’arme secrète

focusatwill

L’arme secrète que j’ai découvert en début d’année est Focus@Will. Le service existe depuis très longtemps et je ne m’y étais jamais vraiment attardé – comment ça, une entreprise qui prétend me diffuser de la musique qui m’aide à me concentrer ? Ça semble un peu trop new-age à mon goût. Mais finalement, après avoir lu des critiques dithyrambiques (promettant que ça “change la vie” – rien que ça), j’ai tenté le mois d’essai gratuit.

Devinez quoi ? Oui, ça change la vie.

L’idée – très résumée (voir les articles directement sur le site) – est que l’évolution a forgé nos cerveaux pour qu’ils restent toujours attentifs à d’éventuelles agressions (genre un lion dans la savane, une occurrence relativement rare en open space). Pire, les interruptions tendent à stimuler le système limbique, donc à récompenser le cerveau ; tout cela rend la concentration difficile. Focus@Will choisit des ambiances, des morceaux musicaux, spécialement mixés pour “divertir” le système limbique et donc débarrasser l’esprit de cette tension. Et ça fonctionne tellement bien qu’on approche de la magie vaudou. Le service propose en plus divers canaux avec différents niveaux “d’énergie”, ce qui permet de suivre l’évolution de l’humeur. Il m’arrive souvent de commencer sur “Alpha Chill” en medium le matin, pour passer sur “Up Tempo” ou “Ambient” en fonction de ma satisfaction quant à la matinée.

Focus@Will est une arme secrète et je ne peux que t’encourager, auguste lectorat, à ouvrir un compte d’essai de 30 jours pour tester le service. Pour cela, n’hésite pas à passer par ce lien. (Si tu décides de t’inscrire sur la durée, je ne te cache pas que je toucherai une commission, mais je recommande sans hésiter le service – j’ai pris un abonnement à vie au bout de deux semaines -, et tu ne risques rien de toute manière ; de plus, je ne recommanderais jamais un outil que je n’utilise pas moi-même. Pour plus d’infos sur les liens affiliés, voir l’article sur la question.)

Pour conclure

La productivité en solitaire – comme toute initiative – est une affaire d’équilibre entre efficacité et efficience (ou rendement).

  • L’efficacité vise à produire un résultat de meilleure façon, plus vite ; il existe quantité de systèmes d’organisation personnels pour mettre de l’huile dans les rouages, allant de la bureautique à certains enseignements des neurosciences, ce qui a été abordé en détail ici à l’été 2013. L’efficacité, c’est faire les choses comme il faut.
  • Plus complexe et pourtant plus vital, il y a l’efficience, que les Américains définissent, par contraste, comme le fait de faire les choses qu’il faut. C’est-à-dire, choisir ses batailles, consacrer son temps à ce qui compte réellement au lieu de se donner l’illusion d’être productif en refaisant quinze fois son site web, par exemple. (Ahem.)

L’efficience, hélas, relève d’une discipline mentale plus difficile à acquérir (du moins, de mon expérience) parce qu’on entre dans des domaines inconscients de peur, de résistance, mais elle est pourtant indispensable. Seul une introspection profonde, visant à définir ses propres priorités mais aussi ses propres manies et manquements habituels, permet de s’en rapprocher. Car, malheureusement, comme dit en préambule, il vient un moment où il faut comprendre que tous les systèmes du monde ne résoudront pas le point-clé de la réalisation de tout projet : au bout du compte, il faut se retrousser les manches et se jeter dans l’arène. Mais si des systèmes efficaces abaissent les barrières, facilitent le jeu de la mécanique, donnent du recul et montrent clairement que le temps investi n’est pas en vain, je pense que cela cajôle l’efficience et aide à la réaliser. Comme la technique pure n’a jamais fait un artiste, mais accélère toutefois grandement l’expression de son potentiel.

2019-08-28T21:37:53+02:00jeudi 21 mai 2015|Best Of, Technique d'écriture|33 Commentaires

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