Procrastination podcast S02E03 : « Écrire l’idéologie (1) »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Écrire l’idéologie (1)« .

Dans la première partie de cet épisode double, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust s’attaquent à l’épineuse question du message et de la part idéologique de la fiction, sa présence, son absence, son équilibre. Mélanie était très méfiante sur la notion de texte à message mais explique comment Léo Henry l’a fait changer d’avis. Laurent est accoutumé à cette problématique à travers les thèmes chéris de la SF. Et Lionel met l’accent sur la nécessité de vérifier les privilèges de son propre point de vue. (On apprend également que Blanche-Neige serait l’idéal de Christine Boutin.)

Références citées :
– Blanche-Neige
– Mon Voisin Totoro
– L’Invasion des profanateurs de sépultures
– La Servante écarlate
– World War Z

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2019-05-04T18:47:13+02:00lundi 16 octobre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|6 Commentaires

Écrire plusieurs histoires en parallèle ?

Une question fort intéressante qui m’est arrivée il y a quelque temps, quand on parlait d’une habitude qui forme pour moi une des pierres angulaires de la pratique de l’écriture (et à voir le retour positif, les « aha ! » enthousiastes qui me sont revenus, je ne suis pas le seul !)

Dans un registre plus large, que penses-tu du fait d’avoir plusieurs histoires sur le feu ? (Et par sur le feu j’entends « en cours de rédaction »)

De base, ce que je pense est : si ça marche pour toi, si ça te permet d’avancer, alors c’est très bien. Je connais des auteurs (dont, si ma mémoire est bonne, Laurent Genefort qui en parle dans l’épisode 17 de Procrastination) qui maintiennent leur motivation et leur intérêt justement de cette façon.

Pour ma part, et c’est éminemment personnel, hein, j’aurais tendance à mettre en garde, voir carrément à déconseiller la pratique. L’humain est notoirement mauvais dans la conduite de plusieurs tâches de front. Bien sûr, il ne s’agit pas d’écrire littéralement en même temps deux histoires, mais j’ai tendance à penser que l’implication nécessaire dans un projet, un univers, des personnages, nécessite une concentration totale, tant lors de la pratique, que sur la durée. La création nécessite à la fois des phases de production active (on travaille avec une intention claire de réalisation, que ce soit pour planifier ou rédiger) et de repos, de lâcher-prise (pendant lesquelles l’esprit rumine inconsciemment les problèmes qu’on lui a donnés et façonne des réponses). Pour ma part, je redouterais de mélanger les univers et les discours. « Les Dieux sauvages » représente une série de trois gros (énormes) bouquins de plus d’1 million de signes pièce, avec sept à huit points de vue par volume, des fils d’intrigue concomitants ; j’admets tout à fait que j’ai une petite tête, mais je ne vois pas comment je pourrais maintenir ma concentration et mon lien avec l’ensemble si je m’aventurais ailleurs. (Un détour par la traduction a contribué, d’ailleurs, à m’en sortir.) J’y passe 4 à 8h par jour et j’ai l’impression que c’est toujours insuffisant. (Je veux plus de temps, d’énergie, d’esprit !)

Mais, comme je le disais, pourquoi pas. La question que j’ai envie de te poser en retour, c’est : travailles-tu réellement sur plusieurs projets à la fois ? Leur attribues-tu bien ces phases de travail actives sus-évoquées ? (Quoi, on dit bien susnommées, sus-évoquées, ça n’irait pas ?) Ce que je brandis sous ton nez, c’est en réalité mon doigt moralisateur de Jupiter, pour te dire : est-ce que ce travail en parallèle n’est pas une façon élaborée de procrastiner sur tes histoires ? De ne pas te confronter au travail d’écriture proprement dit ? De retarder l’angoisse de tracer un sillon dans le champ vierge de tes rêves créatifs, telle une cuillère dans un pot de fromage blanc tout neuf à jamais désacralisé par ta coupable gourmandise ? Chut, la métaphore1, c’est un métier.

Écrire un bouquin, c’est long. On n’y échappe pas. On peut réduire un peu la durée par l’expérience, par la technique, bref, par le métier, mais ça reste une œuvre au long cours. Ma crainte, quand je lis ça, c’est que ce soit une manière détournée de se réclamer d’un travail d’écriture sans être réellement du travail d’écriture qui comptera au final : les mots sur la page. Je ne fustige nullement la préparation ; je suis puissamment structurel, mais la préparation, il me semble, doit conserver toujours en ligne de mire la production du résultat fini. (Non pas qu’il faille se retenir de créer des trucs inutiles au final si on se fait plaisir, mais il faut en avoir conscience – créer douze langues fictives pour une nouvelle de fantasy risque d’être de l’effort perdu dans cette perspective immédiate, hormis l’amusement. C’est bien, l’amusement, mais si l’on a pour but de produire du texte pour des gens, cela peut, aussi, revêtir une stratégie d’évitement et de procrastination.)

Donc, je te pose les questions :

  • As-tu réellement, sincèrement avancé sur ces projets en parallèle ?
  • Sens-tu que cette respiration t’aide, justement, au lieu de te compliquer la vie en mélangeant les récits ?

Si la réponse est oui aux deux, félicitations : tu as une plus grosse tête que moi ! Et continue à faire ce que tu fais, parce que tu fais ce qui te convient.

Si non, choisis-en un, clairement, et finis-le avant de passer au suivant, comme le recommanderait la deuxième règle de Robert Heinlein (<- article où l’on trouvera des éléments complémentaires à celui-ci sur le sujet, d’ailleurs).

  1. Ouais, je sais, en plus, c’est une comparaison.
2019-06-04T20:33:24+02:00jeudi 20 juillet 2017|Best Of, Technique d'écriture|7 Commentaires

Procrastination podcast ép. 20 : « Promesses et paiements »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Promesses et paiements« .

Dans cet épisode de Procrastination, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust explorent l’exigence de cohérence narrative à travers la règle dite du fusil de Tchekhov. Dans une fiction, le lecteur s’attend à ce que toute cause entraîne une conséquence – comment servir ce parti-pris, et surtout, comment peut-on s’en détourner pour créer la surprise ?

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2019-05-04T18:47:14+02:00lundi 3 juillet 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

En complément à l’épisode 19 de Procrastination, un mot sur l’auto-édition

Pierre Gaulon a eu l’amabilité de nous laisser sur Facebook un commentaire sur l’auto-édition assez développé en réponse à l’épisode 19 de Procrastination, qui portait sur l’éditeur et ses rôles, et pour compléter l’exposé que nous avons proposé, je pense qu’il est intéressant de le reproduire ici pour un son de cloche un peu différent du nôtre (avec l’autorisation de l’auteur bien sûr ; source).

J’ai écouté  » Procrastination 19″, que j’ai beaucoup aimé comme toutes celles que vous faites. J’aurais cependant sur celle-ci un petit bémol à mettre sur l’auto-édition. Je pense qu’il aurait été intéressant d’avoir un avis de quelqu’un, peut-être même de plusieurs personnes publiant  » à leur compte « . En effet, parmi les trois intervenants, aucun n’a publié de livre  » par lui même  » et on sent donc, vous l’avouez d’ailleurs, que vous n’êtes pas vraiment aptes à en parler, car vous avez fait le choix de l’édition traditionnelle. Vous expliquez que les auteurs autoédités ne se rendent souvent pas compte de la promotion à effectuer. Je serais d’accord avec vous si les méthodes de promotion des auteurs autoédités étaient similaires à celles de l’édition traditionnelles, Le fait est que le circuit des livres auto-édités n’obéit pas aux mêmes règles que celles de l’édition classique grâce à, vous le dîtes à demi-mot dans l’émission, l’essor de l’e-book. Car il existe dans l’auto-édition comme une économie souterraine, disons plutôt  » virtuelle « , souvent complètement laissée de côté par les éditeurs classiques. J’ai moi-même demandé à récupérer les droits numériques de certains de mes textes, tout en laissant à l’éditeur le soin de promouvoir leur version grand format ou poche et je reste assez halluciné par le public demandeur de ce genre ( plus de ventes en 15 jours qu’un éditeur en 4 ans). J’ai croisé des auteurs autoédités qui avaient vendus plusieurs milliers de livres numériques ( quand je dis milliers je parle entre 5000 et 20 000 livres) et dont le rêve était pourtant d’étre publiés, eux-mêmes ne se rendant pas compte qu’ils avaient touché plus de public que s’ils avaient été publié dans une bonne maison d’édition traditionnelle. Et il ne s’agit pas de cas isolés, j’en connais bien une vingtaine dans ce cas. Voilà, c’était juste une petite parenthèse. Loin de moi l’idée de critiquer l’émission, hein, je souhaitais juste donner mon point de vue sur cette petite partie. Je suivrai avec grand plaisir le reste des émissions. Je la conseille d’ailleurs à tous les participants de mes ateliers d’écriture.

Soit dit en passant, nous ne sommes absolument pas fermés à l’idée d’inviter des interlocuteurs extérieurs dans le podcast pour parler de sujets précis ; nous en parlons entre nous de loin en loin. Nous ne le faisons pas pour l’instant car nous souhaitons installer davantage l’émission et le format dans la durée, mais nous n’y sommes absolument pas opposés dans l’absolu.

(Et grand merci pour le podcast !)

2017-06-22T22:36:29+02:00lundi 26 juin 2017|Le monde du livre|Commentaires fermés sur En complément à l’épisode 19 de Procrastination, un mot sur l’auto-édition

Procrastination podcast ép. 19 : « Pourquoi un éditeur »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Pourquoi un éditeur« .

Avec les évolutions du marché du livre, l’échelon de l’éditeur n’est plus nécessaire pour être publié, ce qui amène un certain nombre de mutations. Dans cet épisode, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust se penchent sur les rôles traditionnels de l’éditeur en tant que chef d’orchestre du livre. À quoi sert un éditeur (et pourquoi en ont-ils tous un, voire plusieurs) ? Qu’attendre de lui concernant les versants artistiques et économiques de la production d’un livre ?

Références citées
– John Scalzi, What Publishing Is, http://whatever.scalzi.com/2005/03/18/what-publishing-is/

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2019-05-04T18:47:15+02:00jeudi 15 juin 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

La seule habitude indispensable de toute pratique créative

On entend régulièrement dire que l’écriture est un muscle qui se travaille. On entend toujours dire qu’il est difficile de trouver du temps pour s’y consacrer avec les impératifs du quotidien. Il semble que la plus grande difficulté pour une majorité d’auteurs, quel que soit leur niveau d’expérience, leur habitude, leur facilité, reste toujours de rassembler la volonté d’affronter ce qui, par nature, est anxiogène : une page où il n’y a rien, un parcours inconnu et incréé, où il faut tracer un chemin unique, imparfait, qui sera appelé en plus à quantité de corrections ultérieures. (On a parlé récemment de l’angoisse de la page blanche dans Procrastination, d’ailleurs.)

Je veux dire, y a de quoi déprimer. Et pourtant, quelle joie dans les moments de fulgurance, et même hors de cela, quel sentiment de nécessité et de justesse une fois une scène, un chapitre, un livre achevés au mieux de ses efforts.

Il est temps pour un aveu (que je ne suis pas le premier à faire) : c’est une situation contre laquelle j’ai toujours lutté, et qui n’a d’ailleurs fait qu’empirer au fil du temps, à mesure que les enjeux s’accentuaient (ce dont je suis immensément reconnaissant, bien sûr !). Bien qu’étant à plein temps sur les métiers de création, l’écriture en tête, j’ai longtemps ressenti cette appréhension désagréable le matin au moment de me replonger dans un manuscrit, plus encore après une coupure de quelques jours (pour un festival ou même, bêtement, pour un week-end). Que vais-je y trouver que j’aie pu oublier ? À quel point vais-je tout devoir refaire parce que les idées d’hier qui semblaient géniales apparaîtront en fait pourries trois jours après ? (J’étais en général plutôt positivement surpris, mais la seule appréhension de poser les yeux sur le travail de la veille pouvait me faire tomber dans des stratégies élaborées de procrastination.) Je finissais toujours par avancer, par remplir mon quota de signes, et je lisais partout que je n’étais pas seul dans cette galère – quantité d’auteurs, les pros en particulier, décrivent ce mécanisme. Dans les mots de William Gibson : « I very much enjoy the state of having written« .

C’était donc, me disais-je, une composante du métier, un mal nécessaire avec lequel s’arranger, pour lequel – très important – il ne me fallait ressentir aucune culpabilité, aucun syndrome de l’imposteur. Difficile quand on est seul face à son manuscrit pendant des mois, plus difficile encore quand on voit, de loin en loin, des auteurs quasiment qualifiés de graphomanes, qui professent n’éprouver aucune difficulté à attaquer leur manuscrit, qui volent le moindre instant pour écrire ne serait-ce que deux lignes. J’ai vu Brandon Sanderson dans un court voyage en train dégainer son ultraportable et se mettre à écrire avec abandon. J’ai vu des auteurs américains aux Utopiales profiter d’un trou dans leur emploi du temps pour retourner écrire à l’hôtel. J’ai entendu dire qu’Isaac Asimov s’était fait fabriquer une paire de bretelles spéciales pour transporter sa machine à écrire dans les voyages en voiture et ne pas perdre ce temps d’écriture-là. Quels héros ! Quelle chance ! Différence de constitution, me disais-je. Je professe toujours qu’apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître : moi, j’éprouve cette angoisse existentielle à chaque manuscrit, c’est comme ça, l’écriture me sera toujours partiellement douloureuse, embrasse la douleur, mec, apprends à l’aimer mode G.I, crie « oh oui, livre, fais-moi du mal » et avance avec un sourire un peu halluciné, la sueur au front. Tant pis ; c’est comme ça.

Ma petite voix obsédée par la productivité et l’optimisation ne pouvait s’empêcher de se dire : il doit exister un meilleur moyenTu as publié plus de trente nouvelles, tu vas approcher de la barre des dix bouquins, donc tu dois commencer à savoir un minimum où tu vas, alors : trouves-tu normal d’avoir l’impression de labourer un champ de cailloux avec ton cerveau tous les matins ? Peux-tu conserver l’exigence et la méthode tout en abaissant le seuil de l’anxiété ? Est-il possible de pouvoir se mettre à écrire dans la moindre fenêtre de temps libre sans avoir besoin de deux heures pour entrer en état de flow ? Au-delà de ça : est-il bien professionnel de vivre cette tension au quotidien quand tes facultés, ta créativité, sont tes outils de production principaux (au sens très basique de la manufacture industrielle) ?

Non, évidemment.

Il doit exister un meilleur moyen. 

Il y en a un, évidemment, sinon je ne raconterais pas tout ça, et attention, je n’ai inventé ni l’eau tiédasse ni le fil à couper le beurre fondu : c’est un conseil ancestral qui est régulièrement donné de loin en loin, mais qui me paraît mal exprimé, et surtout mal démontré ; il a seulement l’air d’une formation à l’état d’esprit, un tremplin pour les auteurs faisant leurs premières armes. Mais il est excellent, si on prend le soin de se l’approprier et d’y ajouter rien qu’une composante pourtant évidente.

Voici le raisonnement. Attendu que l’écriture est un muscle, ce qui concerne :

  • La pratique de l’écriture pure (la narration, le style, formuler simplement des phrases les unes après les autres) – la simple technique de l’artisan ;
  • L’immersion dans un projet : l’élan de l’histoire, la connaissance intime des personnages, le maintien délicat des équilibres, la préfiguration de ce qui vient.

Il faut travailler le muscle tous les jours. Duh.

Il faut écrire tous les jours, mais attention : pas n’importe quoi, et pas dans n’importe quelle condition. L’idée m’a été inspirée par Kourosh Dini dans Creating Flow with OmniFocus (on a parlé d’OmniFocus ici) qui évoque son prof de piano, lequel lui donnait une seule et unique recommandation à ne jamais briser : touche le clavier tous les jours. C’est-à-dire, fais la démarche d’aller devant le piano, de ne jouer peut-être que trente secondes, mais fais-le. Cela envoie un signal fort à ta psyché :

  • Ceci est une priorité absolue de ton existence à laquelle tu ne déroges jamais ;
  • Le seul effort sur lequel tu te concentres, c’est créer le contexte de ta pratique ;
  • Tu n’as aucune obligation de résultat, seulement une obligation de moyens : te mettre devant le clavier.

En conséquence, ce principe transposé à l’écriture devient :

Touche ton histoire tous les jours. 

Parce qu’il ne s’agit pas d’écrire n’importe quoi – et c’est là que l’idée d’écrire tous les jours est incomplète. On peut procrastiner sur l’écriture d’un récit en écrivant simplement autre chose. Non : il s’agit de toucher son manuscrit, et là, peu importe la tâche : construire une scène, en corriger une précédente, et évidemment progresser dans l’histoire. Pour ma part, je me fixe en déplacement, tout particulièrement en festival (où, en général, je n’ai pas une seule seconde pour souffler) une règle très simple : écrire une phrase par jour.

Une phrase par jour, c’est une poignée de secondes. Je peux bien trouver une poignée de secondes, non ? Eh, toi, là, derrière ton écran, ne me dis pas que tu ne peux pas trouver une poignée de secondes. Je ne déroge jamais à cette règle, et aussi simpliste que ça paraisse, cela a des effets prodigieux sur mon état d’esprit, ma disponibilité, ma capacité à progresser. Toute l’idée n’est pas dans cette phrase rédigée, mais dans la démarche mentale de conserver, toujours, un lien avec mon projet, quelle que soit ma surcharge de travail, y compris et notamment dans les déplacements. Et quelle que soit l’heure. (En Islande, bien que tombant de sommeil un soir, j’ai allumé le MacBook à 23h30 dans mon lit, allumé Scrivener, écrit ma phrase, et l’ai éteint. J’étais content. Rentré à deux heures du matin de Saint-Malo samedi soir, j’ai néanmoins lancé Scrivener et travaillé dix minutes.)

La preuve ? Quand nous avons donné la masterclass des Imaginales avec Jean-Claude Dunyach cette année, nous avons proposé aux stagiaires quelques petits exercices d’écriture d’une dizaine de minutes. Dans ces dix minutes, j’ai dégainé mon iPad et écrit (suscitant la fascination des stagiaires). Il y a quelques semaines, pendant une séance de dédicaces un peu molle, lors d’une accalmie du public, j’ai dégainé mon iPad et écrit (suscitant la stupéfaction de mes collègues). Je peux rentrer ainsi 5 000 signes sans les voir passer. La barrière d’entrée s’est prodigieusement abaissée parce que je ne perds plus jamais le contact avec mon projet, ce qui était le cas quand je ne pouvais pas écrire pendant quelques jours (lors des salons, dédicaces, ou simplement parce que les tâches administratives s’imposaient pendant un jour ou deux) et rendait la remise au boulot difficile. Un train, un avion – même une course en ascenseur – je peux sortir mon iPad, mon iPhone, écrire une phrase.

C’est très étrange : je suis devenu l’un de ces auteurs graphomanes que j’admirais et enviais secrètement, et je comprends à présent le mécanisme fondamental de cette graphomanie – on ne le fait pas parce qu’on est graphomane, on le fait parce qu’on a peur de ne plus pouvoir l’être si on s’arrête. Voilà le secret, auguste lectorat.

Si tu dois changer une seule chose dans tes habitudes, si tu dois suivre un seul, un unique de mes conseils sur ce site, crois-moi, je t’en prie, fais cette expérience transformative – je me sens tellement stupide de ne pas avoir essayé plus tôt, j’ai presque honte de l’écrire, mais je me dois de le partager tant c’est fondamental : touche ton histoire tous les jours.

Aucune, AUCUNE dérogation.

Cela changera ton approche de l’écriture et la joie de ta pratique. Je te le promets.

2019-11-28T22:02:41+01:00jeudi 8 juin 2017|Best Of, Technique d'écriture|39 Commentaires

Procrastination podcast ép. 18 : « Less is more »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Less is more« .

Derrière l’injonction « less is more » se cache la question de la concision. Qu’entend-on par la concision dans la narration, en quoi est-ce important ? Probablement parce que ramasser l’énergie d’un texte, c’est en augmenter la force et la puissance évocatrice… tant qu’on en conserve toute la richesse du sens, bien entendu.

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2019-05-04T18:47:15+02:00jeudi 1 juin 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 18 : « Less is more »

Mercredi à Paris : enregistrement de podcast en live

Un rapide petit mot pour dire que mercredi soir, nous serons doublement hébergés avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort (avec qui nous publions notre podcast sur l’écriture Procrastination) : de façon sonore, par l’excellent podcast les Voix d’Altaride, qui parle de jeu de rôle mais pas que, dérivant souvent sur les notions de narration et de game design, et aussi de façon géographique, puisque cet épisode des Voix d’Altaride sera enregistré en live à la splendide libraire Charybde !

C’est à partir de 19h30, 129 rue de Charenton, 75012 à Paris.

 

2017-05-27T13:06:23+02:00lundi 22 mai 2017|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Mercredi à Paris : enregistrement de podcast en live

Procrastination podcast ép. 17 : « L’angoisse de la page blanche »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « L’angoisse de la page blanche« .

Autre question fréquente de la création, considérée celle-ci comme une « maladie honteuse » : l’impossibilité, justement, de créer… Que sont ces blocages de l’écriture ? Peut-on y remédier ? Abordant les questions des rythmes naturels et des désirs de la création, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust proposent des pistes et leurs propres méthodes pour continuer à alimenter leurs projets au long cours.

Références citées
– Antoine Blondin, Un singe en hiver
– Eckhart Tolle, Dalai Lama, Desmond Tutu & authors, « Educating the Heart and Mind-Creativity » https://www.youtube.com/watch?v=Zb3_wqX7yNE
– Boulet, Vaincre l’angoisse de la page blanche en 40 étapes http://www.bouletcorp.com/2017/03/05/vaincre-le-syndrome-de-la-page-blanche-en-40-etapes/

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2019-05-04T18:47:15+02:00lundi 15 mai 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 17 : « L’angoisse de la page blanche »

Procrastination podcast ép. 16 : « De ta vie à Google Maps »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « De ta vie à Google Maps« .

« Écrire ce qu’on connaît » est un des conseils les plus répandus, qui a généré au fil de l’histoire littéraire des positions assez polarisées. La narration se nourrit bien sûr de l’expérience de l’auteur, mais cette notion s’effondre tout particulièrement dans les domaines de l’imaginaire, qui ont par nature un rapport à la réalité particulier. Toute la clé, on le verra, se trouve dans le sens que l’on donne au mot « connaître ».

Références citées
– Nécropolis, Hebert Lieberman
– La Séparation, Christopher Priest
– Neverwhere, Neil Gaiman

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2019-05-04T18:48:36+02:00lundi 1 mai 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 16 : « De ta vie à Google Maps »
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