J’ai reçu un mail

C’est quand même dingue que des fournisseurs d’accès placent leurs courriers en spam ! C’est une preuve supplémentaire d’une conspiration contre eux, ce qui démontre par là-même leur puissance, et cela justifie que ce message soit totalement legit, j’en suis sûr. En plus, les “o” sont remplacés par des zéros, ce qui est, on le sait, un code numérologique ancien réservé aux initiés d’Eleusis. J’ai bien pris soin de laisser l’adresse mail en clair, parce que je tenais absolument à partager cette occasion fantastique avec tout le monde, surtout les robots d’Internet qui seront probablement ravis de s’exercer à la reconnaissance de caractères et de postuler eux aussi.

(Si j’avais le temps, j’engagerais une conversation promettant d’être très rigolote, mais j’ai un énorme bouquin à écrire)

2021-07-22T17:24:50+02:00lundi 2 août 2021|Expériences en temps réel|4 Commentaires

Stupeur et absurdité : de l’influence et son inutilité

Alors voilà. Je suis à la fois stupéfait et mort de lolz. Vous vous rappelez l’article sur Facebook qui est devenu viral ?

Un mois après, voilà où on en est.

(Pris sur eBuzzing, ex-Wikio.) Je vous passe le “1e du top blogs littérature” “1e du top blogs culture” etc.

HA HA HA.

“HA HA HA” non pas par morgue ou par fausse humilité, mais HA HA HA parce que mes stats, je les vois, je les connais. Me trouver sandwiché entre Korben et Gizmodo est absolument surréaliste et je sais parfaitement que tout cela n’est qu’un effet de distorsion dû au fait que j’ai un article devenu viral (mais qui, c’est heureux et sympathique, m’a permis de rencontrer de nouveaux lecteurs et abonnés, et c’est bien tout ce qui compte). Je dis HA HA HA parce que, dans tout cet eldorado mal compris qu’est le ouèbe 2.0, on essaie à tout prix de vendre de l’influence, du référencement, et surtout les outils numériques qui permettent de quantifier si tu es un Mec Qui Sait, donc un mec qu’on écoute, donc un mec qui vend. 

HA HA HA.

Me concernant, de deux choses l’une :

  • Je suis ainsi au sommet du classement à cause d’un effet de distorsion ponctuel dû à un article viral. Je vais très certainement retomber très vite à la place qui m’est due, c’est-à-dire la 652423 ème (ou peu s’en faut, au bout d’un moment on ne compte plus les dizaines).
  • Tout le monde est dans un mouchoir de poche. C’est-à-dire que 500 blogs reçoivent en moyenne cent visites par entrée et que ces classements ne bougent pas parce qu’on est 500 ex-aequo. Corollaire : vu que mes chiffres, je les ai, je les donne, ils ne sont pas faramineux (mais quand même pas dégueulasses), ça veut donc dire qu’on est tous avec des chiffres pas faramineux et que les visites annoncées par les grands sites, c’est comme les chiffres de vente en littérature : tout le monde ment. Ça veut dire qu’on blogue tous pour cent personnes en moyenne. Ça veut dire que tout cela est d’une vaste inutilité dans la quête du mythique “buzz” qui est censé faire de nous des influencers, des trend-setters, des mecs qui créent de la valeur.

HA HA HA.

Une chance que je ne blogue pas pour être un de ces affreux anglicismes, mais pour tenir mon bar, encore et comme toujours (et la preuve que je n’en ai rien à carrer de ces chiffres : je fais ce genre d’entrée). Parce que la vérité, l’important, ce n’est pas d’être un type qui influence, c’est de construire une communauté, du lien, une maison où les visiteurs se sentent bien. J’ai un aveu à te faire, auguste lectorat : je sais pertinemment que tu ne viens pas ici pour mon actualité. Les articles où je parle de mes infos sont, de très loin, les moins visités. Tu t’en fous, mais ça me va. Je ne blogue pas pour te vendre des livres ; si ça arrive, c’est cool, et j’aime quand même bien ça, mais je me suis toujours promis de bannir le gavage publicitaire. Non, tu viens là parce que tu as envie, et c’est bien la seule raison qui vaille. 

Alors, d’après eBuzzing, je suis un influent, maintenant. Je comprends pourquoi la fin du monde arrive, tiens. Scoop : ça ne fait absolument pas vendre de livres. Mais pas du tout. L’influence est un miroir aux alouettes. Ce n’est pas parce qu’on vous écoute qu’on vous achète, qu’on agit, que vous avez subitement un succès éditorial. Tout ça, c’est des conneries, et dans ces temps où l’on ne jure que par la page Facebook, l’auto-promotion, le Klout et autres métriques d’influence, il me semble important de coller un bon gros coup de masse dans le magasin de porcelaine. C’est. Des. Conneries. 

Soyez sur Internet parce que ça vous éclate, bordel de merde, et parlez avec les gens qui vous correspondent. Disséminez votre message, mais n’espérez pas les fifteen seconds of fame. Vous serez très, très déçu. Alors arrêtez d’acheter du SEO, des rêves de succès, du community management orienté sur la vente finale. Parce que ça ne sert à rien – du moins, pas à grand-chose, question retour sur investissement en termes de temps et d’énergie. Pire : c’est un gros mensonge spéculatif, semblable à celui qui a conduit à l’éclatement de la bulle Internet dans les années 2000. Sauf que ce n’est pas un krach boursier qu’on risque, mais un krach nerveux.

Les seuls à vraiment faire fortune, ce sont les mecs qui font les plate-formes, les outils d’analyse à la Klout, les consultants SEO, Zuckerberg et autres, parce qu’ils ont réussi à vous faire croire qu’ils étaient indispensables. C’est comme la vente pyramidale ou les méthodes miracle pour gagner beaucoup d’argent sans bouger de chez soi. C’est un système auto-alimenté, c’est tout. Et c’est marrant, parce que c’était le sujet de l’une de mes toutes premières entrées de blog, il y a plus de six ans. Mutatis mutandis, feta salakis. 

Moi ? Hey, moi, je suis mort de rire et tout sauf déçu, comme l’est un barman avec ses habitués et ses nouveaux visiteurs occasionnels et pour qui, d’un coup, c’est Noël parce qu’il y a les TransMusicales qui passent dans sa rue. La communauté existe, elle est cool et ouverte : ça, ça me semble réussi, et c’est ce qui compte.

Alors, rock on, auguste lectorat ! 

2018-12-19T07:11:02+01:00mardi 11 décembre 2012|Expériences en temps réel|16 Commentaires

I phone dead people (phone freaks vol.4)

Cela fait déjà un certain temps qu’un démarcheur inconscient du danger a osé composer mon fatidique numéro de téléphone, entrant sans se douter dans l’antichambre capitonné des sédatifs. À présent que mon combat désespéré contre l’implacable mécanique de la concurrence libre et parfaite s’est plus ou moins soldé par une demi-victoire, dans le coût des réactivations et les services tombés au combat, je crois, ô auguste lectorat, le moment bien choisi pour relater cet entretien. (suite…)

2014-08-30T18:43:29+02:00mardi 27 octobre 2009|Best Of, Expériences en temps réel|2 Commentaires

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