Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (8) : un dénouement

avengers-writingC’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix. Rappel : vous devez trouver vingt minutes dans la semaine pour écrire, pour donner corps à votre rêve. L’article original à voir ici.

C’est le dernier exercice de cette série, et cette semaine, nous allons réfléchir à une conclusion, un dénouement aux éléments que nous avons déjà établis. Nul besoin que cela s’enchaîne immédiatement avec les passages déjà écrits ; il peut s’agir d’un horizon lointain, lequel pourra éventuellement changer, d’ailleurs, en fonction de l’histoire si vous décidez de poursuivre ce récit avec les éléments déjà établis. Le but est de réfléchir à une conclusion intéressante qui vienne, en un sens, justifier le parcours narratif ébauché : vers quoi voulez-vous tendre ? Quelle conclusion, quel coup de théâtre donnerait une fin intéressante à ce voyage ? N’hésitez pas à y réfléchir par vous-même, ou bien à piocher dans les déclencheurs. Comme d’habitude, trouvez vingt minutes au moins pour écrire sans vous arrêter, sans questionner ce que vous faites, mais en vous laissant porter par l’envie, par ce qui vous intrigue. Si vous avez l’habitude de planifier, cela vous fera du bien ; si vous n’aimez pas cela, essayez quand même, pour tenter une autre façon de travailler et voir ce que vous en retirez.

Un dénouement

  1. Happy end !
  2. Tout le monde meurt à la fin
  3. Le protagoniste obtient ce qu’il voulait, mais c’est une malédiction
  4. Le protagoniste abandonne sa quête en trouvant plus important
  5. L’amour résout tout
  6. Fin d’un âge, début d’un autre
  7. Réconciliation
  8. Mort des adversaires
  9. Neutralisation des adversaires
  10. Le mal triomphe !
2015-07-31T14:24:11+02:00lundi 31 août 2015|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (8) : un dénouement

« L’île close » au sommaire d’une anthologie caritative

Couv. Mathieu Coudray

Couv. Mathieu Coudray

Ton attention s’il te plaît, auguste lectorat ! Le 4 septembre (dont on fit bien des rues) sortira une anthologie numérique éditée par Mythologica, intitulée L’imaginaire se mobilise, et dont les bénéfices seront entièrement reversés aux associations Fibromyalgie France et Elan SEP  (Ligue française contre la sclérose en plaques).

Avec un très joli sommaire :

  • Jean-Pierre Andrevon
  • Olivier Boile
  • Ophélie Bruneau
  • Marie-Catherine Daniel
  • Nathalie Dau
  • Lionel Davoust
  • Franck Ferric
  • Julien d’Hem
  • Denis Labbé
  • Pénélope Labruyère
  • Carl Louvier

J’aurai le plaisir pour ma part de contribuer avec « L’île close« , texte qui a déjà connu une bien jolie carrière ; si vous souhaitez le découvrir, je ne peux que vous encourager à le faire dans cette anthologie à emporter partout, et, de manière plus vaste, à associer le plaisir à la bonne action en notre compagnie à tous ! Et surtout, n’hésitez pas à répandre la nouvelle ! (huhu)

2015-08-27T07:19:53+02:00vendredi 28 août 2015|À ne pas manquer|4 Commentaires

La sortie de Port d’Âmes et l’univers d’Évanégyre : entretien sur ActuSF

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Autour de la sortie de Port d’Âmes, un long entretien sur le roman, l’univers qu’il prend pour cadre et les projets futurs, à lire sur le site de référence ActuSF :

ActuSF : Dans Port d’âmes, l’ambiance sera-t-elle aussi martiale que dans les précédents romans qui prenaient pour cadre Évanégyre ?

Lionel Davoust : Pas du tout ! Elle sera même diamétralement opposée, et c’était une envie très claire de ma part : montrer qu’Évanégyre est un canevas bien plus vaste qu’on a pu le voir jusqu’ici, qui parle aussi d’autre chose que de guerre. Contrairement aux livres précédents, Port d’Âmes est un récit intimiste, centré sur un seul personnage et son envie dévorante de restaurer l’honneur de sa famille déchue. C’est un récit d’ascension sociale, de passage à l’âge adulte, et d’amour. Mais cela ne veut pas dire que l’action sera absente ! Il faut s’attendre à des manigances politiques, des complots, de l’enquête, des dilemmes moraux et beaucoup de pression sur le personnage principal. Et en toile de fond quelques révélations sur l’univers, comme toujours…

Lire tout l’entretien sur cette page.

2015-08-25T09:47:39+02:00mercredi 26 août 2015|À ne pas manquer, Entretiens|Commentaires fermés sur La sortie de Port d’Âmes et l’univers d’Évanégyre : entretien sur ActuSF

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (7) : un moment de répit

dory_writingC’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix. Rappel : vous devez trouver vingt minutes dans la semaine pour écrire, pour donner corps à votre rêve. L’article original à voir ici.

Maintenant que nous avons mis notre protagoniste en danger, que nous avons envisagé un retournement de situation, nous allons laisser notre personnage souffler un peu. C’est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît : un moment de répit peut vite se trouver dénué de tension narrative, d’intérêt de long terme. Il faut donc trouver un juste milieu entre le calme et la préoccupation du problème en cours ; entre le ressenti et la volonté d’avancer. Ce sera l’objectif de cet exercice. En attendant, voici dix déclencheurs de possibles moments de répit, ou le personnage pourra souffler, évaluer les cartes qu’il a en main, avant de prendre une décision pour la suite. Comme d’habitude, ne vous arrêtez pas avant vingt minutes d’écriture.

Un moment de répit

  1. Rentrer chez ses parents
  2. Trouver un abri provisoire dans la tourmente
  3. Se saouler
  4. Partager un moment de camaraderie
  5. Vivre un moment d’amour
  6. S’entraîner avec acharnement
  7. Harmonie avec la nature
  8. Appliquer sa puissance de déduction
  9. Fuir très loin (en vain)
  10. Se rouler en boule et se lamenter
2015-08-17T15:56:27+02:00lundi 24 août 2015|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (7) : un moment de répit

Port d’Âmes est en librairie ! (+ FAQ)

Nous y sommes. 

https://instagram.com/p/6jtF5Sx_p2/

Rhuys ap Kaledán est un héritier déchu.

Tout juste libéré de la servitude et des galères, il rejoint la cité franche d’Aniagrad, où tout se vend et tout s’achète, pour reconquérir l’honneur de sa famille. L’occasion lui en est rapidement donnée : Edelcar Menziel, un ancien ami de son père, lui propose de travailler sur la conversion dranique, un procédé perdu depuis des siècles qui permettrait de réaliser des machines magiques.  Résolu à tracer son chemin dans la haute société de la ville,  le jeune homme s’investit de tout son cœur dans le projet.

Mais bientôt, coincé entre des intrigues politiques et son amour pour une mystérieuse jeune femme qui vend des fragments de son âme pour survivre, Rhuys découvre que le passé recèle des secrets bien sombres et tortueux. Aux prises avec l’ambition, la duplicité et le mensonge, il devra se montrer plus rusé que ses ennemis s’il veut atteindre son but sans perdre son âme.

Port d’Âmes est maintenant dans toutes les bonnes librairies, et disponible également à la commande en ligne ! Ce roman est avant tout le voyage d’un jeune homme dans une ville étrangère, traîtresse et sans pitié. C’est autant un roman d’aventure que d’amour – eh oui.

S’il y a de vieux (j’entends vieux) lecteurs de ce blog dans ses incarnations précédentes, il s’agit enfin du projet au nom de code supertanker ; cet épais roman, entre enquête et introspection, résulte de plus ou moins huit ans de travail environ, au terme de plusieurs versions entièrement réécrites. Je suis très heureux de pouvoir enfin le livrer, et de le voir vivre sa vie dans le vaste monde. J’espère qu’il vous plaira – au-delà de l’aventure, il aborde en filigrane des thèmes comme la fidélité à soi-même, la création et l’identité : sommes-nous plus que la masse accumulée de nos souvenirs ? Questionnement qui affleure çà et là dans d’autres nouvelles comme « Bataille pour un souvenir » ou « La fin de l’histoire » (et la magie mémorielle de Port d’Âmes s’inscrit dans le prolongement de ces récits).

Port d’Âmes s’inscrit dans l’univers plus vaste d’Évanégyre, comme La Volonté du Dragon et La Route de la Conquête, mais se déroule à une époque entièrement différente, bien plus tardive. Ce récit, comme les autres, est parfaitement indépendant, et constitue même le meilleur point d’entrée dans l’univers à ce jour (un épais roman « one shot« ). La toute première chronique a été publiée dans la semaine, elle est signée le Bibliocosme !

Un certain nombre de questions sont apparues sur les réseaux sociaux cette semaine : afin de rendre l’information plus disponible, je pensais les compiler ici.

Questions fréquentes

Port d’Âmes s’inscrit dans un univers ? Une séquence ? C’est la suite de quelque chose ?

pda-instagram

Couv. François Baranger

Oui et non. Port d’Âmes s’inscrit dans l’univers bien plus vaste d’Évanégyre, un monde de fantasy que je développe depuis quinze ans et qui s’est trouvé déjà mis en scène dans La Volonté du Dragon et La Route de la Conquête, mais le lien n’est pas direct. C’est une époque entièrement différente, des personnages entièrement différents, une histoire entièrement différente. Tous les livres de cet univers (Port d’ÂmesLa Volonté du Dragon et La Route de la Conquête) sont indépendants les uns des autres. Tous les lire, en revanche, apporte une vision plus vaste et même un certain recul sur la marche historique d’Évanégyre – c’est le plaisir pour le passionné.

D’accord, alors dans quel ordre faut-il les lire ?

Cela n’a strictement aucune importance. Tout est conçu pour être lu dans l’ordre que l’on souhaite. Toutefois, si l’on cherche une entrée en matière – non seulement à Évanégyre, mais à mon travail de manière générale – Port d’Âmes est probablement la meilleure porte à l’heure actuelle.

Comment ça se prononce, Évanégyre ? Rhuys ap Kaledán ?

Exactement comme ça s’écrit. é-va-né-jir; ruisse appe ka-lé-danne. De manière générale, je rapproche les graphies fantasy autant que possible de nos habitudes de lecture francophones. Lisez ça comme vous le sentez et vous tomberez généralement juste. Et si vous ne tombez pas juste, je n’en ferai pas une maladie ; c’est dans votre tête, et vous y avez tous les droits ! Vous parlez un type dont presque tous les profs ont écorché le nom quand il était môme (« Davou » au lieu de « Davousste ») ; je ne suis absolument pas intégriste sur la question !

Je lis Évanégyre depuis le début et je veux en savoir plus sur l’univers. Pourquoi la graphie des noms change-t-elle d’un texte à l’autre, comme Asreth / Asrethia ? Saura-t-on un jour ce qui a vraiment lancé le grand plan de conquête impérial ? Et même ce qui s’est passé entre La Route de la Conquête et Port d’Âmes ?

Tous les éléments laissés dans l’ombre à l’heure actuelle ont une réponse – rien n’est laissé au hasard. Les éléments comme les changements subtils de graphie, les interprétations différentes sur certains événements sont autant de petits cailloux laissés sur le chemin pour le lecteur (très) attentif. Cela fait partir du « plaisir » du passionné mentionné plus haut et n’est en rien nécessaire à la lecture. Toutefois, je sais exactement où je vais, et tant qu’il y aura des éditeurs intéressés par des livres dans cet univers (j’en profite pour remercier chaleureusement les éditions Critic, leur passion et leur soutien pour Évanégyre), alors… il y en aura, et les réponses viendront.

Critic m’a d’ailleurs autorisé à dire que nous n’en resterons pas là, et que le prochain projet sera ambitieux. Très ambitieux. Tellement, d’ailleurs, qu’il ne sortira pas l’année prochaine. Il s’agira d’une époque encore à peine esquissée pour l’instant dans les récits publiés (mais n’aura pas encore trait aux grandes guerres de la séquence,je préfère prévenir tout de suite).

OK, mais où sont les pages univers du site ?

En cours de refonte / retravail. Il y a assez de matériel publié maintenant pour proposer de vrais compléments !

Comment puis-je recevoir un exemplaire dédicacé ?

Pour tous les livres précédents, nous avions arrangé avec la librairie Critic des précommandes dédicacées. Malheureusement, étant actuellement à la Réunion, ce n’est pas possible. Toutefois, comme il y a eu pas mal de demandes en ce sens, voici ce que je peux proposer…

1. Je rentre en métropole à l’automne dans le but de présenter le livre à un certain nombre de salons ; si vous avez l’occasion de vous déplacer, je serai là (d’autres dates à venir) :

Current Month

novembre

24nov10h0012h00Songes d'un jour de pluieTable ronde en ligneCatégorieConférences et débats

décembre

No Events

janvier

No Events

février

No Events

mars

No Events

2. Je suis en train de construire une liste de personnes intéressées par un exemplaire dédicacé reçu par correspondance. Je m’occuperai d’acheter les livres auprès de Critic (en leur rôle de libraire, cette fois) en votre nom et de réaliser l’expédition moi-même. Attention, cela signifie deux contraintes : a) je ne pourrai m’en occuper qu’à mon retour à la mi-septembre (donc un mois de délai par rapport à la sortie), b) il y aura un surcoût lié aux frais d’envoi (et ceux-ci deviennent chaque année plus conséquents dans le monde du livre…).

Si toutefois cela vous intéresse, envoyez-moi un mail via le formulaire de contact pour réserver votre exemplaire. Je vous recontacterai ultérieurement pour gérer la logistique. Pour des raisons de praticité, comme cet article se retrouvera dans les archives du site comme toujours, il me faut mettre une date finale à cette proposition ; elle sera donc ouverte pour deux semaines à partir d’aujourd’hui, c’est-à-dire, en clair, qu’elle se terminera le 4 septembre 2015.

Surtout, merci pour votre enthousiasme collectif, votre intérêt, et avant tout : bonne lecture ! 

2015-08-21T08:50:08+02:00vendredi 21 août 2015|À ne pas manquer|7 Commentaires

La toute première chronique de Port d’Âmes !

Cela vaut bien un petit mot ! La toute première chronique de Port d’Âmes, juste à temps pour l’arrivée du livre en librairie, est signée le Bibliocosme :

[show-testimonials taxonomy=’port-dames’ orderby=’menu_order’ order=’ASC’ limit=’1′ layout=’grid’ options=’theme:card,info-position:info-left,text-alignment:left,columns:1,charlimitextra: (…),display-image:on,image-size:ttshowcase_small,image-shape:circle,image-effect:none,image-link:on’]

Merci beaucoup pour cet article détaillé !

 

2015-08-19T08:33:41+02:00jeudi 20 août 2015|Dernières nouvelles|Commentaires fermés sur La toute première chronique de Port d’Âmes !

Scrivener, le studio d’écriture professionnel par excellence

SCRIV-win-3screensAlors certes, Balzac écrivait à la plume sur du vieux papier à la lueur de la chandelle. Mais, de la même façon que le rythme narratif a un peu évolué depuis, les outils se sont déployés, complexifiés, affinés. A-t-on besoin d’un logiciel dédié pour écrire un bon livre ? Certainement pas, de la même façon qu’un bon dessinateur réalisera des croquis stupéfiants avec un stylo bille et une nappe en papier.

Cependant, donnez-lui une toile ou une tablette graphique, et son art s’exprimera vers de nouveaux sommets – sans parler du gain de temps et du plaisir de création. (Donnez un poisson à un homme, et il mangera une journée ; filez-lui un chalutier, et ça va barder.)

Scrivener est à l’écriture ce que Photoshop est aux arts graphiques, et c’est pourquoi il n’existait pas de meilleure inauguration à la boîte à outils de l’écrivain. Scrivener est un environnement de création professionnel, pensé pour la construction de projets longs, offrant de multiples facilités d’édition et de rédaction pour accélérer et faciliter le travail.

Scrivener ne fera pas de vous Balzac, mais s’il y a un Balzac en vous, il pourrait aider à le révéler.

Un mot d’avertissement : Scrivener est un logiciel complexe, voire aride de prime abord. Comme Photoshop, il ne se prend pas en main en cliquant sur trois boutons pour voir ce que ça fait. Cette présentation – promise depuis longtemps – ne saurait qu’à peine effleurer son fonctionnement ; si vous souhaitez le tester, il est indispensable de commencer par réserver deux heures pour faire le didacticiel fourni afin d’en saisir tout l’intérêt et la puissance (une démo gratuite est téléchargeable directement ici). Sinon, vous passerez à côté, comme moi pendant des années. Cet article est, en quelque sorte, une « introduction à l’introduction » fournie avec le logiciel.

Un peu d’histoire

Scrivener est à l’origine un logiciel Mac uniquement, dont la seule existence a converti bien des romanciers à l’achat d’une de ces machines du diable. Toutefois, il y a quelques années, un projet de portage sous Windows s’est lancé, avec pour but à long terme d’offrir la même expérience que la version Apple. Scriv (de son petit nom) est longtemps resté en beta, puis, pour être honnête, encore un peu fruste en fonctionnalités (ce qui me le faisait déconseiller il y a quatre ans) pendant un moment. Cela fait toutefois un ou deux ans qu’il est mûr pour un usage régulier sur nos propres machines du diable (les autres), avec suffisamment de fonctionnalités importées de la version Mac et de robustesse pour l’utiliser sans crainte et avec plaisir.

Je suis passé pour ma part à 100% sous Scrivener depuis une grosse année. Mon premier gros projet réalisé sous cet environnement a été La Route de la Conquête, et toute la réécriture et correction finale de Port d’Âmes s’est également réalisée grâce à lui. Dans ce dernier cas, le roman était si complexe à retravailler que Scrivener m’a réellement permis de rendre le roman meilleur que je n’aurais pu le faire avec un traitement de texte classique sans y passer un an complet : grâce à ses fonctions de suivi et découpage des scènes, j’ai bénéficié d’une hauteur de vue difficile à obtenir autrement, corrigé une multitude de détails tout en préservant la cohérence d’ensemble, et resserré la tension narrative à mon gré.

OK. Pourquoi vous êtes tous dingues de Scrivener ?

Le classeur, centre de Scrivener

Le classeur, centre de Scrivener

Parce que ce logiciel permet de découper un projet par nature impossible à tenir tout entier dans un seul cerveau (un roman, une trilogie, mais aussi une thèse, un essai) en morceaux à taille humaine, dès la planification, jusqu’à la correction. La beauté et la simplicité de la chose, c’est que la définition de « taille humaine » dépend de l’utilisateur ; et que les morceaux peuvent être aussi détaillés, ou aussi esquissés, qu’on le souhaite. Contrairement à quantité de studios d’écriture qui cherchent à vous enfermer dans un modèle de rédaction, Scrivener n’est, en son coeur, qu’un traitement de texte hiérarchique. Il s’apparente à une tripotée de chemises ou de classeurs où l’utilisateur insère toutes les feuilles qu’il souhaite. Il y a sa recherche, ses notes, ses plans, et puis des bouts de paragraphe, des scènes entières, des chapitres. De là, au final, sortira un livre, une fois les feuilles souhaitées et retenues mises en ordre.

Cela revient à avoir cent fichiers Word qui se promènent, avec l’immense avantage de tout avoir sous les yeux dans l’ordre et de pouvoir les changer de place d’un cliquer-déplacer. Le classeur est ainsi le centre névralgique de Scrivener, ci-contre. Deux grands ensembles sont proposés à l’utilisateur par défaut, « Draft » (manuscrit) et « Research » (référence) – ma version mélange anglais et français par commodité, mais Scrivener est entièrement disponible en français -, le premier visant à accueillir les pages finales, le deuxième à conserver les références de côté. Mais cette organisation est parfaitement flexible et modifiable.

On constate que tout est hiérarchique, c’est-à-dire que l’on peut regrouper des documents sous d’autres, à la manière, par exemple, des scènes d’un chapitre. Là aussi, tout est paramétrable, de la mise en page au nombre de niveaux de profondeur. Vous êtes structurel.le et aimez tout planifier ? Scriv vous donne les armes. Vous préférez écrire au fil de la plume ? Fourrez tout dans une poignée de documents que vous découperez ensuite pour le retravail. De tous les logiciels d’écriture, Scriv est le seul qui n’impose pas sa méthode de travail à l’utilisateur mais lui donne des outils, dont il se sert s’il le désire1.

Écrire nécessite souvent la conservation de quantités d’informations insolites, précises, aléatoires, qu’on a tôt fait d’égarer. Le plus agréable est que Scrivener accepte dans ses classeurs tous les types de fichiers que le système peut lire, et en présente une bonne partie nativement. Besoin d’un article scientifique ou d’un livre en PDF ? Envie de conserver cette photo qui inspire ? Un cliquer-glisser dans le classeur et le fichier est conservé avec l’ensemble du projet, sans se soucier de retrouver la source. Scrivener sait même importer des sites web et des fichiers son (pour se faire une liste de lecture personnalisée en accord avec l’atmosphère du livre en question).

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La planification facile

Scrivener serait déjà puissant mais, limité à cela, il n’irait pas vraiment au-delà d’un wiki ou de OneNote. Toutefois, il s’agit d’un studio d’écriture, et il contient des outils spécialement adaptés à la construction d’un ouvrage, de fiction ou non. La construction du plan d’un livre commence toujours par des idées très vagues, des envies qu’il faut cerner, des bribes d’intrigue à développer et à organiser. La méthode « analogique » bien connue est la méthode des Post-its, où l’on note ses scènes sur des bouts de papier et on jongle avec jusqu’à ce que l’ordre sonne juste. Scrivener réplique ce modèle avec la vue « tableau en liège » :

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C’est là que l’on commence à entrevoir la vraie puissance de l’outil. Chaque carte ainsi présentée est aussi un fichier texte, voire un dossier, un chapitre entier. Il s’agit juste d’une vue différente. Parmi les usages possibles, on peut donc : prévoir un chapitre vide à faire avec un simple résumé ; réorganiser les scènes d’un chapitre ; prévoir tout le plan d’un livre sous forme de fichiers vides annotés, puis remplir ensuite au fil de l’écriture, le tout dans la même structure.

Pas fan de la vue Post-its ? Moi non plus. Je suis un homme de tableaux. Scrivener propose une vue différente des mêmes données, avec la même puissance, pour les gens secrètement austères comme moi qui voient en Excel une forme de beauté urbaine masochiste, comme un échangeur routier californien :

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Scrivener sépare ainsi – et c’est une fonctionnalité toute bête mais indispensable à l’usage – le texte des notes associées à ce texte. Le processus de création est fouillis, aléatoire, part dans toutes les directions. On conserve des morceaux de phrases, des tournures précises parce qu’elles évoquent une idée particulière, l’atmosphère d’une scène. Scrivener permet de conserver tous ces échafaudages à l’abri en proposant un synopsis pour chaque document et autant de notes qu’on le souhaite (notamment des détails à ne pas oublier au retravail…), dont des images, ce que l’on peut venir complexifier avec des mots-clés (par exemple, noter le personnage central dont il s’agit dans un roman à points de vue multiples) et un statut (À faire / Premier jet / Corrigé etc.)

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C’est bien beau, mais quand est-ce qu’on écrit ?

Bien sûr, l’édition de texte est au coeur d’un logiciel qui se targue d’être une solution unique pour réaliser de l’écrit. Sur ce point, Scrivener offre toutes les fonctionnalités que l’on peut exiger d’un traitement de texte moderne : formatage, notes, renvois, commentaires, etc. Il n’est quand même pas à la hauteur de Word et ses trilliards d’options absconses mais il fait le boulot ; et certains verront dans son rejet du superflu une simplicité et une légèreté bienvenues.

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C’est ici qu’il faut insister sur un point important de Scrivener : il s’agit d’un logiciel de création, de préparation et de rédaction, mais de finalisation. Il ne sait pas faire de mise en page un tant soit peu complexe (ce n’est pas un logiciel de PAO) et n’ira pas plus loin que l’intégration de quelques images. Ce n’est pas son travail : il consiste à faire sortir ce livre de vos doigts, aussi vite et aussi peu douloureusement que possible. Pour finaliser et corriger avec un éditeur, il faudra quand même passer par un traitement de texte conventionnel type Word. Mais c’est la toute dernière étape, le coup de vernis, quand il n’y a plus que l’orthographe à corriger et les répétitions à traquer (avec une passe d’Antidote, par exemple).

Il ignore aussi la typographie française, mais cela se contourne avec de judicieux remplacements automatiques – j’ai fait le travail et je mettrai très bientôt ma configuration à disposition en téléchargement libre.

Sortir le livre final

Des mois de travail plus tard, ça y est ! Votre Grand OEuvre est écrit, corrigé, finalisé. Il ne reste plus qu’à faire de tout cela un manuscrit en bonne et due forme, pour impression ou envoi…

Pour cela, Scrivener réalise une compilation du manuscrit. Le principe est le suivant : dans les options dédiées, il convient de lui indiquer quels documents sont appelés à faire partie du livre final (en général, tout dans « Draft »), et comment les organiser. Par exemple, si chaque document représente une scène, il faut les séparer par un blanc. Si chaque dossier représente un chapitre, il faut les séparer par un saut de page – et les numéroter automatiquement tant qu’à faire. Scriv assemblera tout cela et vous crachera un livre tout neuf.

Tout cela se retrouve dans les options de compilation de Scrivener :

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En toute honnêteté… C’est la partie qui a le moins bénéficié des efforts d’ergonomie du logiciel. La compilation est très puissante, permet de multiples mises en page, numérotations automatiques, pages de garde, réalise directement des fichiers Word, PDF et même des livrels prêts à la publication, mais s’avère d’une certaine technicité. C’est un moindre mal, car c’est finalement l’ultime étape et celle qui s’emploie le moins souvent : pour un écrivain qui publie un livre par an… Il s’en servira une fois par an. Il faut s’y lancer, établir ses propres préférences, sauvegarder le modèle puis ne plus s’en préoccuper. 

Ce n’est que le début

Ce tour d’horizon n’est qu’une présentation générique, à peine un avant-goût de ce qu’offre Scrivener – juste une introduction à ses principes génériques. Réservez-vous deux heures et surtout suivez le didacticiel pas à pas pour découvrir sa puissance et en quoi son usage émousse un certain nombre de difficultés inhérentes à l’écriture de vastes projets. D’ici une ou deux semaines, j’y reviendrai avec des trucs et astuces avancés et des cas d’utilisation spécifiques, pour montrer en quoi Scriv accélère et simplifie le travail.

En attendant, bonne découverte, et si vous avez des questions à l’usage, n’hésitez pas.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. Il y avait aussi Writer’s Cafe, mais plus mis à jour depuis bien longtemps, encore trop rigide et quand même boursouflé de modules ludiques inutiles.
2017-11-09T09:15:48+01:00mercredi 19 août 2015|Technique d'écriture|55 Commentaires

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (6) : un retournement de situation

Motivation-ed209C’est parti pour vingt minutes d’écriture, sans interruption, sur le déclencheur de votre choix. Rappel : vous devez trouver vingt minutes dans la semaine pour écrire, pour donner corps à votre rêve. L’article original à voir ici.

Nous avons placé notre protagoniste dans le feu de l’action en fonction de son enjeu et de son problème. Peut-être s’en est-il tiré ; peut-être a-t-il terminé dans une pire situation qu’au départ. C’est fonction du cheminement de votre plume. (Notons que, sur un récit long, la situation du protagoniste a plutôt tendance à empirer au fur et à mesure ; car si tout est résolu d’un coup, il n’y a plus rien à raconter !) Aujourd’hui, nous allons ajouter à la situation de notre protagoniste un retournement de situation. Positif ou négatif, en lien ou non en rapport avec l’action précédente, à vous de voir ; il peut s’agir d’un nouveau problème immédiat à traiter ou bien d’un élément de long terme. À vous de voir. Prenez garde, toutefois, à ne pas faire de deus ex machina (un secours non annoncé qui vient à point nommé sauver la situation d’un coup de baguette magique).

Un retournement de situation

  1. Une arme improvisée et inattendue
  2. Un talent du protagoniste s’emploie de façon inattendue
  3. Exploitation créative d’une faiblesse de l’adversaire
  4. Retournement d’un désavantage de la situation actuelle
  5. Les conditions empirent de façon extérieure et inattendue (météo, un allié meurt ou se retire, etc.)
  6. Des renforts arrivent (mais trop tard)
  7. Découverte d’un objet / compétence
  8. Un élément surgi du passé vient à la rescousse
  9. Une révélation sur le protagoniste lui donne un sursaut de vigueur (« J’ai promis à mon vieux maître de gagner, je ne peux pas perdre! »)
  10. Une révélation sur l’adversaire donne au protagoniste un sursaut de vigueur (« C’est moi qui ai tué ta soeur! »)
2015-08-17T15:59:17+02:00lundi 17 août 2015|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2015 (6) : un retournement de situation

Une adaptation musicale de Léviathan en perspective

Photo Jérôme Marie

Photo Jérôme Marie

Les belles nouvelles et les beaux projets ne cessent d’avancer ces temps-ci et j’en suis très reconnaissant : le talentueux et prolifique compositeur Jérôme Marie (qui travaille sur des films, documentaires, en lien très proche avec l’imaginaire) a beaucoup aimé Léviathan : La Chute et m’a très aimablement proposé de prêter son talent à la réalisation d’une grande suite symphonique de 40 minutes inspirée par le livre.

C’est un immense honneur pour moi que cette histoire ait eu cet impact – et qu’elle ait su parler à un musicien aussi compétent et fin. J’ai déjà entendu le premier mouvement, qui évoque aussitôt les vents glacés de l’Antarctique, les tempêtes du détroit de Drake, et l’ombre de Léviathan dans le sillage des navires ; je suis impatient que vous puissiez le découvrir, et moi d’entendre tout le résultat finalisé !

Jérôme a posté un petit extrait « teaser » sur son Soundcloud que je ne peux que vous encourager à suivre :

https://soundcloud.com/circes76/musique-de-livre-1

2015-08-14T10:17:59+02:00vendredi 14 août 2015|À ne pas manquer|12 Commentaires
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