La photo de la semaine : orques en maraude
Rencontre(s) incroyable(s) cette semaine. (Car j’avoue, je suis de retour en Islande pour quelques jours, uniquement pour aller les voir…)
Rencontre(s) incroyable(s) cette semaine. (Car j’avoue, je suis de retour en Islande pour quelques jours, uniquement pour aller les voir…)
Allez, on le savait entre nous depuis un moment mais annonçons-le tout de go sur le damier1 : Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, reviendra pour une saison 2.
Merci à vous tous pour vos retours enthousiastes sur le forum d’Elbakin, les réseaux sociaux et tous les autres modes de communication modernes (comme la parole de visu). Cela nous fait vraiment très plaisir de voir que la formule fonctionne, que ce qu’on dit peut être utile, et on s’amuse vraiment beaucoup à faire ça tous les trois. Des conditions donc évidentes pour rempiler ! Le podcast connaîtra une petite pause pendant l’été : le dernier épisode (le 20) sera diffusé le 1er juillet, et ensuite, nous reprendrons le 15 septembre.
Mais nous n’en sommes pas encore là, il nous en reste encore cinq pour cette saison. Procrastination est diffusé par à peu près tous les moyens de la Terre, de Soundcloud à iTunes – nous remercions encore Elbakin.net pour les moyens techniques et l’infrastructure mis à notre disposition. Pour rattraper votre retard ou même attaquer, c’est ici !
Auguste lectorat ! Tous les ans, je te fais l’article, mais tu sais quoi ? Tous les ans, j’ai raison. Le prix Rosny Aîné est un prix du public qui vise à remarquer une nouvelle et un roman chaque année, et ce prix n’a évidemment de valeur que si tu (oui, toi) votes. Nul besoin d’avoir tout lu pour ce faire ; il suffit de faire partie, selon la belle expression de Roland C. Wagner, du « peuple de la SF » et de vouloir s’exprimer pour lui, afin que cette initiative soit la plus représentative possible.
Pour cela, une seule adresse : le site officiel du prix, où figurent les listes d’œuvres (on peut tout à fait signaler au secrétaire d’éventuels oublis). Date limite : le 7 mai.
Go go go !
Honneurs et trompettes, auguste lectorat : les finalistes du prix Imaginales – qui récompense depuis plus de dix ans les meilleures œuvres de l’année en fantasy – ont été annoncés.
Je suis ravi de voir cité Le Bibliomancien, de Jim C. Hines, dont je me suis occupé de la traduction (le deuxième tome ne devrait pas tarder à sortir). J’ai déjà dit tout le bien que j’en pensais – pas de mon travail, on est d’accord, mais du fait que je suis très heureux d’avoir pu servir de passeur à cette œuvre positive et fun qui constitue une déclaration d’amour à la lecture, à la SF et à la fantasy. Hines sera présent au festival, qui a lieu cette année du 18 au 21 mai – dois-je encore répéter qu’il faut absolument venir à cette grande fête chaleureuse de l’imaginaire ?
Félicitations à toutes et tous !
Christophe ARLESTON, Le Souper des maléfices (Actusf)
Anthelme HAUCHECORNE, Journal d’un marchand de rêves (L’Atelier Mosésu)
Romain D’HUISSIER, La Résurrection du dragon – Les Chroniques de l’étrange (Critic)
Emmanuel CHASTELLIÈRE, Le Village (Les éditions de l’instant)
Olivier GAY, La Main de l’empereur (Bragelonne)
Damien SNYERS, La Stratégie des as (Actusf)
Anna STAROBINETS, Refuge 3/9 (Agullo), traduction de Raphaëlle Pache
China MIÉVILLE, Merfer (Outrefleuve), traduction Nathalie Mège
Brandon SANDERSON, Les Légions de poussière (Outrefleuve), traduction de Mélanie Fazi
Jim C.HINES, Le Bibliomancien – Magie ex-libris t.1 (L’Atalante), traduction de Lionel Davoust
Guy Gavriel KAY, Le Fleuve céleste (L’Atalante), traduction de Mikael Cabon
Marie BRENNAN, Le Tropique des serpents – Mémoire par Lady Trent t.2 (L’Atalante), traduction de Sylvie Denis
Aurélie WELLENSTEIN, Les Loups chantants (Scrineo)
Lucie PIERRAT-PAJOT, Les Mystères de Larispem (Gallimard)
Fabien CLAVEL, Panique dans la mythologie : l’Odyssée d’Hugo (Rageot)
Roxanne DAMBRE, Ceux qui marchent dans les ombres – Scorpi t.1 (Calmann-Lévy)
Aurélie POLICE, pour les couvertures de la trilogie La Voie des oracles, d’Estelle FAYE (Scrineo)
Carnets de croquis, (Armada)
Nicolas FRUCTUS, pour les illustrations de Gotland, (Le Bélial)
Marc SIMONETTI, pour la couverture de Le Village, d’Emmanuel CHASTELLIÈRE (Les éditions de l’instant)
Richard HENRY, pour la couverture de L’Héritage des sombres, de Pascal LOVIS (Société jurassienne d’émulation)
Jean-Claude DUNYACH, Le Clin d’œil du héron (L’Atalante)
Karim BERROUKA, Le Truc qui ressemble à une machine – in Anthologie officielle des Utopiales 2016 (Actusf)
Tome SHIPPEY, J.R.R Tolkien, auteur du siècle (Bragelonne), traduction d’Aurélie Brémont
Marianne CHAILLAND, Game of Thrones, une métaphysique des meurtres (Le passeur)
Le numéro n°1044 d’Europe, avril 2016, consacré à Lovecraft et Tolkien
Une jolie petite question reçue en ce joli mois d’avril (oui, bon, c’est pas encore mai, quoi) :
Tu as parlé des débuts d’histoires et de l’intérêt de démarrer fort. En fait, y’a pas un risque, quand par exemple on a une anthologie de nouvelles, qu’elles démarrent toutes comme ça, sur les chapeaux de roues ? Et que finalement, ça lisse, ça atténue un peu chez tout le monde cet effet ? Je me doute qu’il n’y a pas de réponse tranchée à ça, c’est juste que quand je me promène dans les rayons et feuillette le début de livres, ben la plupart démarrent en effet comme ça, boom bam ! Enfin voilà, où s’arrête le procédé efficace et débute le truc de mode/d’époque… Est-on obligé de hameçonner si fort le lecteur, de crainte qu’il n’aille pas au delà de la 2 ou 3e page ? Peut-être que oui, peut-être qu’il y a trop de bons livres sur les étalages aussi…
La réponse, comme avec toutes les astuces, les techniques est : ça marche quand ça ne se voit pas. Donc, la solution consiste à ne jamais faire d’une astuce un procédé… Mais toujours de conserver en tête les besoins et impératifs d’une histoire donnée. Et toujours de subordonner ce qu’on fait (la forme) à ce qu’on essaie de faire (le fond).
De manière générale, je pense que oui, il est très préférable d’hameçonner le lecteur sur un début fort, parce que le rythme des textes a accéléré, entre autres avec la cohabitation d’autres formes de narration visuelles, parfois très rythmées, comme le jeu vidéo (c’est spécialement valable dans la littérature de genre, même si ça n’est – heureusement – pas une obligation). (J’ai un peu l’impression d’écrire une évidence : veux-tu écrire un début passionnant et être en bonne santé ou bien rédiger une histoire barbante et être malade ?)
Mais je crois surtout qu’il y a là confusion que ce qu’est un début « fort ». Cela ne signifie pas forcément bastons, poursuites en bagnole, invasions d’extraterrestres, explosions nucléaires. Démarrer fort signifie nourrir l’intérêt du lecteur, et c’est très différent. Cela signifie, pêle-mêle : lui donner des personnages bien campés, intéressants ; mettre en place un décor intrigant ; des enjeux signifiants ; ou bien rien de tout cela, parce que l’intérêt va se trouver totalement ailleurs, selon des règles uniques à l’auteur et au récit considérés.
À titre d’exemple, et parce qu’ils sont frais dans ma mémoire, les deux premiers tomes de la série Magie Ex Libris1 démarrent de manière diamétralement opposée et tout aussi efficace. Le premier (Le Bibliomancien) attaque avec un bel hommage aux codes du genre, une scène de baston. Mais le deuxième (Lecteurs nés) présente deux personnages en train de discuter poésie sur une terrasse. Et ça n’est pas moins passionnant, bien sûr parce qu’on connaît certains des protagonistes, mais surtout parce que l’auteur prolonge et renverse le système de magie qu’on prenait pour acquis à travers une discussion amicale qui paraît anodine. C’est un début tout aussi fort, parce qu’il suscite l’étonnement, le mystère, et surtout, il donne envie d’en savoir plus.
Un auteur, au fond, n’a que deux obligations : « mentir, mais faire ça bien« , comme le dit Elisabeth Vonarburg (c’est-à-dire ne pas interrompre le rêve fictionnel cher à John Gardner) ; et s’assurer que son lecteur veuille tourner les pages pour savoir la suite. Alors, c’est vrai qu’attaquer fort permet de « gagner » un peu d’exposition plus tard par exemple, parce qu’on peut espérer que le lecteur est ferré et sera, du coup, ravi de souffler un peu pour en savoir plus (alors que l’inverse est beaucoup plus délicat à réaliser), mais il ne faut pas oublier que toutes les techniques, astuces, jeux avec les codes (en allant dans le sens de leur respect ou de leur contradiction) ne sont que des guides pour élargir la palette d’expression d’un auteur dans l’espoir de viser ces buts de la façon la plus appropriée possible. Et la beauté de la chose, c’est que les lecteurs sont d’une infinie diversité. Ce qui a emporté l’un d’eux laissera le voisin totalement froid. Et les histoires aussi, comme les auteurs, sont d’une infinie diversité. Il me semble qu’en la matière, le guide le plus sûr reste les hautes aspirations de celui qui écrit (qui cravache ensuite pour satisfaire à ces exigences personnelles).
Le début fort est celui qui va faire démarrer l’histoire considérée de la manière la plus efficace et captivante possible – pour un lecteur susceptible d’être sensible à cette histoire-là, à ce procédé-là. Il y a cent façons d’y parvenir : une première phrase forte (Robert Charles Wilson et Roger Zelazny sont des maîtres en la matière) ; démarrer par de l’action pure (école du thriller américain) ; attaquer in media res… Ou bien, au contraire, plonger le lecteur dans une ambiance (ce que font beaucoup de romans de littérature générale). Peu importe : ce sont que des outils dans la boîte de l’auteur. Ce qui compte, c’est de trouver ce qui va résonner avec l’univers dont il est question, et avec l’auteur que l’on est, pour le lecteur que l’on aimerait toucher, et faire ça au mieux. À mon sens, surtout dans les débuts, il convient donc de traquer la vérité de sa propre voix, de son style, et de travailler l’adéquation entre les intentions, les moyens et les résultats, chercher à « sonner juste » avant toute chose.
Comme dit plus haut, les techniques sont mauvaises (mal exécutées et/ou inadaptées) si elles se voient. J’ai beau savoir que Wilson et Zelazny sont des maîtres de la première phrase, chaque fois que je prends un de leurs récits, je me fais embarquer comme un naïf car la technique disparaît derrière l’exécution.
Ce week-end, pour mémoire, a lieu le festival ImaJn’ère à Angers ! Très sympa, chaleureux, avec plein d’animations, de signatures, d’expositions et de débats à voir sur le site (dont notamment la liste des invités). Cela se passera dans les très beaux salons Curnonsky, dans le centre (infos pratiques) et l’entrée est libre.
Pour mémoire, le festival publie également son anthologie thématique, intitulée cette année Histoires d’eau. L’anthologie peut d’ores et déjà être commandée sur cette page ; j’ai le plaisir d’y reproposer « Lions et espadons », une histoire sur l’aspect humain de la pêche et la gestion des ressources vivantes.
À ce week-end !
Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Gentils et méchants« .
On dit que la qualité d’un récit se mesure à celle de son « méchant ». Qu’en est-il ? Le rôle moral des personnages constitue-t-il une règle fondamentale ou un simple guide ? À l’aide d’exemples, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust explorent les notions d’éthique des personnages, du récit, leur rapport au lecteur, les portes que cela ouvre pour l’écriture – et la responsabilité des auteurs.
Référence citées :
– The OA
– Battlestar Galactica 2004 (notamment la charnière entre saisons 2 et 3)
– Shining, Stephen King
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