Je dois être prescient (ou très chiant, ça sonne presque pareil), mais avant le scandale Cambridge Analytica et la campagne #DeleteFacebook, je commençais à ressortir pas mal d’outils datant d’avant l’explosion des réseaux sociaux et à me réapprendre à m’en servir parce que, Facebook, quoi. Pour mémoire, ledit scandale désigne la manière dont le réseau bleu a partagé de manière totalement irresponsable les données d’utilisateurs avec une compagnie qui travaillait en réalité pour Donald Trump de manière à orienter leurs votes à l’aide de publicités ciblées. Il semble aussi que la même compagnie ait pesé dans le vote du Brexit. (Plus d’infos ici) C’est la goutte d’eau qui a fait déborder l’océan de n’importe quoi qu’est Facebook et un certain nombre d’utilisateurs font maintenant campagne pour supprimer l’application (#DeleteFacebook)
Mais je te comprends, auguste lectorat : comment faire, bon sang, pour rester informé et avoir mon fix de mèmes, de nouvelles quotidiennes si je n’ai pas Facebook pour me servir sous les yeux ce que je dois savoir pour être au top à la machine à café de la Cogerep ? Rester en contact avec mes amis, OK, je peux leur envoyer des messages ou leur téléphoner (même si c’est so 1990), mais le vaste monde ?
C’est là que ressuscite une technologie venue du fond des âges (le tournant de l’an 2000) : le RSS (pour Really Simple Syndication). Et le RSS, c’est vraiment vachement bien, parce que cela met le pouvoir entre les mains de l’utilisateur, sans les algorithmes à la con du flux d’informations de Facebook qui choisit quoi vous montrer.
À peu près tous les sites vaguement modernes (c’est-à-dire, qui n’ont pas laissé tomber cette technologie en misant tout sur Facebook, hahaha, montrons-les du doigt et moquons-nous) présentent, quelque part, cette fonctionnalité. Elle est indiquée par un symbole ressemblant vaguement à ça (sur le côté). De quoi ça s’agit ? Eh bien Jamy, c’est très simple. Un flux RSS est un petit fichier qui se met à jour en temps réel quand le site qui le publie est mis à jour (par exemple quand un article est ajouté). Avec le lecteur adapté, on peut donc s’abonner à ces flux. On reçoit donc, centralisées au même endroit, toutes les nouveautés des sites que l’on désire suivre. Sans filtrage. Et sur la base d’une liste qu’on a soi-même constituée.
Prenant de plus en plus de distances avec Facebook, je me suis remis à dépoussiérer mon vieux compte RSS et à réfléchir à me recomposer une veille personnelle dont je serais le maître et je dois dire que je suis enchanté pour l’instant du voyage. Le réflexe de la pause s’est décalé de cliquer sur Facebook (on le fait tous, alleeeeeez) à sortir mon client RSS pour lire ce qui avait bien pu arriver sur les sujets qui m’intéressent. Et ce qui est merveilleux, c’est que d’une, j’apprends des choses, de deux, vient un moment où j’ai fini de tout lire (si j’ai un nombre d’abonnements raisonnable) au lieu du piège infini du réseau social, de trois, je ne risque pas de partir en argumentation stérile sur un truc qui m’énerve pendant une heure alors que j’étais juste venu voir des chatons. J’ai d’ailleurs composé un flux de lecture et d’archivage qui fera l’objet d’autres articles, mais dans l’heure, que faut-il pour pratiquer le RSS comme un pro ?
Deux choses, qui peuvent être conjointes, mais pas nécessairement :
- Un service pour agglomérer les abonnements au flux qu’on désire (l’équivalent d’abonnements à des magazines)
- Un logiciel où les lire (l’équivalent d’une boîte aux lettres)
Les systèmes les plus simples vous proposent tout au même endroit. Par exemple, Firefox propose de s’abonner directement dans le navigateur, ce qui crée des signets spéciaux qui sont mis à jour à mesure que le site parent publie du contenu. Feedly, un des principaux acteurs du domaine, propose le service ET un logiciel de lecture au même endroit. Pour démarrer et commencer à se familiariser avec le truc, je recommanderais de jouer avec ces deux possibilités, qui offrent suffisamment de fonctions gratuites pour mettre le doigt dans cet engrenage (qui est positif, lui) et trouver ça quand même super plus chouette que Facebook.
Voyons dans les deux situations comment ça marche.
Firefox
« Fichtretiens, voici le site d’un écrivain chauve aux splendides lunettes dont je suivrais bien les expériences en temps réel », se dit tout à coup un lecteur au goût très sûr. Cliquant sur l’HÉNAURME bouton RSS à droite, Firefox lui propose de :
Et hop ! Un signet dynamique est ajouté où on le souhaite, et un simple clic dévoile la liste des derniers articles. Joie !
Dorénavant, dès que l’on se promène sur la Ternette, il devient possible de s’abonner à toutes les sources fun et bigarrées que l’on rencontre. Et s’affranchir de Facebook.
Feedly
C’est un peu plus pointu, mais ça fonctionne en gros pareil – l’intérêt de ce genre de plate-formes est évidemment leur présence avec des applications dédiées sur mobile, par exemple. Je peux m’abonner sur mon ordinateur de bureau et lire mes flux dans la file d’attente de la boulangerie.
Un service de ce genre offre une recherche intégrée directement dans le lecteur (une fois mon compte ouvert), je peux entrer l’adresse du site qui m’intéresse et Feedly va aller le fouiller à la recherche d’un flux RSS (même s’il n’est pas visible clairement sur la page – bien des flux sont cachés aujourd’hui) :
Et hop, dès que j’ouvrirai Feedly, tous mes flux me seront proposés ; je peux aussi les classer en dossiers (Écrivains chauves, écrivains avec des cheveux etc.) d’une manière qui me convient. L’intérêt de ce genre de service est aussi qu’il se rappelle ce que j’ai lu ou pas ; pas besoin de revisiter quinze fois le même contenu.
Vers l’infini et au-delà
Le RSS fait un peu peur car il est ancien et conserve une image de technicité mais c’est en réalité une technologie très simple que les fournisseurs ont pris grand soin de rendre accessible – un peu comme le courriel. Les joies – je n’hésite pas – du RSS, ce sont :
- la liberté totale qu’il offre dans le choix des sujets que l’on veut suivre
- la possibilité de construire sa veille comme on le souhaite, sur les sujets qu’on désire, sans que personne ne voie que vous avez liké cette page sur Mon Petit Poney ou le bondage artistique ; la possibilité de passer en revue très vite ses flux sans n’ouvrir que ce qui suscite vraiment l’intérêt
- l’assurance de ne rater aucune information potentiellement intéressante parce que Facebook a décidé de vous la planquer
En gros, le RSS, c’est l’information entre les mains de l’utilisateur, ce que ça aurait toujours dû être.
Le niveau au-dessus consiste à prendre un service indépendant, payant, qui offre des tas de fonctionnalités avancées en terme de recherche, de filtrage, et de choisir le logiciel de son désir, ce qui offre le meilleur des deux mondes quant à l’expérience de lecture et de filtrage (c’est un peu comme choisir d’acheter une imprimante multifonctions – à moins de mettre le prix, on se retrouve avec une mauvaise imprimante et un mauvais scanner – ou de choisir individuellement des appareils qu’on a réfléchis). Alors c’est un peu payant, OK, mais ça reste très accessible (dans les 20$ / an) et rappelons-nous, comme Facebook l’a prouvé, que si c’est gratuit, c’est toi le produit. Je préfère savoir où va mon argent pour soutenir une entreprise qui n’a pas besoin, du coup, de vendre mes données pour manger.
Car sinon, c’est elle qui me mange.
J’en reparlerai en exposant ma chaîne de lecture et de veille un de ces quatre.
J’ai cliqué pour le chat bien sûr 😉
C’est vrai que fut un temps je faisais ça. Mais en somme c’est un peu lourd et pas super sexy, donc j’ai fini par ne plus m’en servir.
Pour le moment et pour mon usage personnel, le mieux reste twitter, que l’on peut tout autant « moduler » selon ses envies. Je ne comprends pas ceux qui trouvent que twitter est nul. On peut être « suivi » sans suivre en retour et encombrer son fil (sur FB aussi mais les gens ne le font pas). On peut créer des listes pour filtrer ce que l’on veut vraiment voir (sur FB aussi mais c’est devenu inutilisable). Je vois en clin d’oeil les news pour les concerts qui m’intéressent (ce genre d’info en RSS on peut oublier). J’ai une liste pour les informations scientifiques, etc…
De plus c’est le seul site qui offre des statistiques dignes de ce nom sans passer par un machin gratuit très suspect (IG) ou des graphiques généralement inutiles (FB) c’est rapide et on n’y passe que le temps nécessaire.
Je ne mets des chats que pour ça ! :p
Je suis d’accord avec toi ; Twitter est largement préférable à Facebook, mais l’information y est encore plus volatile, et ça reste centralisé entre les mains d’une seule compagnie. Mais c’est clairement le moindre des deux maux !
tu as un flux RSS de chatons?
très bon article, qui rejoint ce que je vois dans mon réseau pro (en doc), j’utilise start.me qui gère visuellement les flux, on peut faire plusieurs pages thématiques et c’est accessible de partout (pas testé la version pour téléphone) https://start.me/
Merci ! 🙂
reste que si ^ca répond aux besoins d’information, il reste le problème des gens… les contacts pour certains ne se font plus que sur FB et Minds a pas trouvé encore grâce a mes yeux..
Informé et facebook sont antinomiques à mon humble avis ^^
Moi, Facebook ne m’informe pas. Il me déforme.
Et au niveau des applications mobiles tu as un conseil (sous IOS c’est mieux ) ?
il a suggéré feedly dans l’article 🙂
(j’ai toujours pas apprivoisé l’interface pour ma part mais c’est plus faute de m’y mettre qu’autre chose)
Je réservais les outils pour plus tard (je développerai 🙂 ) mais pour ma part j’ai un compte Inoreader payant branché sur Reeder (Mac et iOS). Reeder est aussi compatible Feedly donc on peut s’en servir avec un compte gratuit.
Le flux RSS est en nette disparition. La plupart des CMS ne le prévois plus de facto. A noter que dans ce cas de figure il y a des outils pour scrapper les sites et générer on the fly des flux RSS, mais il faut encore que le site soit bien construit pour ça.
Un exemple de soft du genre : http://fetchrss.com/
WordPress le prévoit de base, soit quand même un tiers du web et le CMS ultra-majoritaire, ça fait beaucoup. Mais merci pour l’outil, c’est très utile 🙂
Ah tiens, Wired vient de publier un article qui présente les reader du moment https://www.wired.com/story/rss-readers-feedly-inoreader-old-reader/
Ah ben voilà !
« Votre marque de RSS préférée va revenir à la mode… » ^^
Hello Lionel !
Pour des raisons professionnelles, c’est maintenant difficile de se passer de FB. Pour des raisons de nostalgeekerie, merci de me rappeler que le RSS existe encore. Je fais refaire ma readlist du coup 🙂
Et comme je suis un protogeek v0.2 j’opte automatiquement, si possible, pour la solution auto-hébergée.
Si possible comprend les critères suivants : est-ce que ça existe ? est-ce que c’est gratuit ? est-ce que c’est difficile à installer ?
La solution répondant aux trois critères s’appelle FreshRSS. Je viens de l’installer, et pour le moment ça roxe du poney arc-en-ciel.
Donc, encore merci 🙂
.V
Merci à toi d’avoir partagé ton retour ! Pareil, Facebook est nécessaire pour raisons pro, mais je pourrais très bien m’en affranchir sinon.
Et puis après y’a ceux qui n’ont jamais eu facebook 😛
Je valide cet article ^^ Personnellement j’ai toujours fait ma veille par RSS (d’ailleurs j’arrive sur l’article depuis l’appli feedly 🙂 ) et je trouve les réseaux sociaux infâmes pour ça. (notamment à cause des difficultés à faire des tris et de la volatilité. Twitter est un moindre mal mais peut générer du doublon si un truc est très partagé, et mélange du partage de contenu, du contenu, et de la discussion autour. Alors que le RSS c’est content-first. )
J’ai ajouté Pocket (ex-readmelater) à mon worflow quand c’est sorti (pour sauvegarder les contenus dont j’ai pris connaissance mais qui sont trop longs pour être lus dans l’immédiat).
Ah oui, je comptais en parler. J’ai une préférence pour Instapaper car on peut lui envoyer des mails à lire plus tard (contrairement à Pocket).
Oui je sais, ça n’a rien à voir, mais « je peux aussi les classer en dossiers (Écrivains chauves, écrivains avec des cheveux etc.) » ça m’a tué xD. Sinon, dans le genre intervention à demi utile, dans mon précédent taf j’avais pu voir que les gens de la comm’ utilisaient aussi les flux et les catégorisaient par centre d’intérêt / sujet via un site auquel ils se connectaient. Faudrait que je retrouve les noms, mais c’était très visuel et engageant !
C’était peut-être Netvibes ! Un chouette outil hélas tombé en désuétude.
Hm je veux continuer à croire que j’ai un Facebook (des contacts, pages et groupes, en fait) moins toxique que la plupart des gens, patiemment nettoyé et construit au fil des années, et je continue d’y voir tout un petit monde qui m’apporte des choses positives, même en étant consciente de l’aspect chronophage et des saletés que ça fait au moins en coulisses (peut-être qu’un jour je me rendrais compte que j’ai largement baigné dedans, en vrai). Cependant je profite des tendances actuelles pour me montrer un peu curieuse des autres possibilités… Je reste cependant circonspecte sur l’argument de l’abonnement RSS « limité » – me connaissant je peux très facilement arriver dans le même travers du « trop d’abos » :), et il me semble que rien n’arrêtera jamais ce phénomène que ma seule volonté, peu importe les outils. ^^
et sinon, pourquoi vouloir absolument rester informé ?
y’a plein d’informations dont nous n’avons nul besoin pour être heureux, et sur lesquelles nous n’avons aucun pouvoir 🙂
(je suis devenu anti-pub/média après ma licence de mass media marketing et comm
« pourquoi vouloir absolument rester informé ? » => Curiosité, ouverture d’esprit, infos utiles pour les bonnes raisons. (Conditionnement, automatisme, voyeurisme, curiosité non limitée ou rationalisée pour les mauvaises 😉 ) Comment veux-tu mener une réflexion poussée sur quoi que ce soit, développer des opinions, des idées, si tu ne vas pas chercher d’infos ? Suite à ça s’ouvre effectivement un vaste débat sur que trouver aujourd’hui, sur quel support, en quelle quantité et qualité. (j’ai fait un DUT info-Com, on avait également commencé à aborder des sujets comme ça – pas de quoi me dégoûter de tout pour le moment, mais de quoi se poser tout de même beaucoup de questions, et tenter de rester au maximum conscient et vigilant lors de l’utilisation des outils) Mais en tous cas à titre personnel j’ai simplement transposé sur Internet ce que je faisais avec des livres auparavant : bouffer du data parce que j’aime ça :). D’ailleurs je me pose toujours la question du « était-ce mieux sans Internet ? » On entend souvent, je pense tout à fait à raison, que le web charrie son lot d’ordures informatives chaque seconde, et je comprends bien les inquiétudes et questionnements autour de cette source hallucinante et infinie (semble-t-il) d’immondices. Mais pourtant, les livres et magazines sont il me semble loin de correspondre à la Vérité, tout autant. Dans une moindre mesure, peut-être ?
Formation comm des entreprises et massmedia marketing.
Je comprend le questionnement. Et également le besoin de nourrir le monstre avec de la data.
Amha peu importe le support (même si le net est pire que le reste) l’important est de rester critique et de croiser l’information 🙂
Les supports écrits coûtent plus chers donc pour informer par ce biais il y a deux courants. 1 j’ai de l’argent je dis de la merde je manipule les foules et tout le monde s’en fout. 2 j’ai pas trop d’argent donc je fais très attention à la pertinence de ce que je publie. 🙂
Y a des trucs qui m’intéressent, donc rester informé dessus m’intéresse, mais ça m’intéresse d’être maître du truc, hence : RSS > Facebook.
(Finalement, mes articles résumés ça passe très bien aussi :p )