Au détour d’une conversation avec l’équipe d’Elbakin.net, j’apprends une nouvelle qui, comme disent les jeunes (ou peut-être déjà plus), me bute.
Leur podcast principal, qui a lancé des appels à candidatures il y a quelques mois (et vient de reprendre !), a reçu royalement le nombre suivant de candidatures :
Trois.
(J’écris cet article avec leur approbation pour communiquer le nombre, mais ils n’ont aucune idée de ce que j’écris et ne sont nullement associés à mes mots, même si, quand ils m’ont donné l’accord de donner le chiffre, j’ai senti de leur part un léger serrage de fesses, ayant probablement senti mes gros yeux à 17000 km de distance.)
Les gens, en fait les gens qui ne me lisent pas, donc c’est un peu ballot, mais bon, bref, les gens : il faut qu’on se parle. Cela fait à peu près une décennie, à la louche, que je lis des questions en ligne du genre : l’imaginaire c’est fermé on peut pas y rentrer, l’édition c’est super opaque, moi je veux bien faire du réseau mais comment je fais je connais personne, et d’ailleurs c’est la seule façon de publier hein, c’est connaître qui il faut –
Désolé, mais, à force
Mes amis, on le ressasse éternellement dans Procrastination, un auteur établi a été un jour un auteur débutant, tout le monde a fait le même parcours que vous, les temps changent mais pas tant que ça par certains côtés, et en plus, beaucoup (même si de moins en moins, le temps avance, tout ça) l’ont fait avant l’omniprésence d’Internet, soit sans le littéral débordement d’information qu’on y trouve (formations, articles, forums, des années de tables rondes captées entre autres par ActuSF, podcasts évidemment, etc.).
Mes amis, j’aurais donné très cher pour avoir accès à tout ça quand j’ai commencé et que – y a prescription, donc je l’avoue – j’imprimais des pages et des pages de ressources uniquement disponibles en anglais à la salle informatique de mon école à deux heures du matin en profitant qu’il n’y ait pas de quota.
Quand je lis ces bouteilles à la mer sur les réseaux et qu’en face, je vois que le podcast Elbakin.net, porté donc quand même par l’un des premiers sites de France, reçoit trois candidatures, j’ai vraiment du mal à comprendre. Okay, peut-être n’êtes-vous pas à l’aise avec le format (mais je vous dirais bien : dans mes années formatrices, j’avais envie de faire des trucs, d’écrire, d’apprendre, donc mon confort avec un format n’entrait pas en ligne de compte, ma réponse de base à « tu veux faire x ? » était : « oui » et je voyais après comment j’allais me tirer de ce guêpier), cependant ça n’est pas une occurrence isolée (voir l’anecdote avec mes étudiants citée dans l’article d’origine). Des occasions pour découvrir un métier et un milieu, des médias, il y en a plein d’autres (bénévolat en festival, blogging, revues amateur…)
Attention, je ne dis pas qu’il faut bosser gratuitement, le travail mérite rémunération ; mais quand on débute, qu’on est, par définition, un complet amateur, des occasions de faire des trucs chouettes au titre du loisir (on faisait des fanzines, autrefois, par exemple), ça existe, ce sont de super occasions d’apprendre, de faire, et c’est comme ça que les portes peuvent finir par s’ouvrir, juste parce que vous montrez enthousiasme, motivation et un début de compétence. (En parlant de portes, j’ai l’impression d’en avoir une énorme devant moi, totalement ouverte, et de l’avoir totalement défoncée, mais visiblement, ce n’est pas une évidence.)
Mes amis, s’investir et se construire, ça nécessite plus que poster une demi-question sur Threads et se réjouir de voir « ah ben je suis pas le seul à me demander ça, c’est quand même compliqué hein, emoji cœur sur toi avec les mains ». Bien sûr, la validation, c’est chouette, mais vous savez ce qui vous entraîne plus loin et vous permet d’atteindre vos buts et vos objectifs ?
L’absence de validation. Sortir de chez soi dans le vaste monde (qui n’est pas aussi dangereux qu’on l’imagine).
Être validé, c’est confortable, et c’est une nécessité humaine. Mais ce qui nous fait progresser, apprendre, évoluer, c’est justement ce qui ne nous valide pas ; ce qui nous met en situation d’inconfort et nous oblige à agir. Bien sûr, les deux sont nécessaires à une existence, et on préférera certains dans certains contextes (le soutien dans son entourage proche, par exemple), et tout le monde va chercher un équilibre différent à des moments différents. Toutefois, si votre vie n’est faite que de validation ou que de défi, je suis navré, mais il y a un souci quelque part.
Mes amis, dans une vie qui se veut créatrice, la peur et l’immobilisme ne peuvent pas vous gouverner. Désolé, mais la peur est comprise dedans. Ça n’est pas négociable. Ce que vous en faites, comment vous apprenez à la gérer, c’est ce qui fera la différence, et la bonne nouvelle, c’est que ça se travaille ! La mauvaise, c’est que personne ne le fera à votre place. Il n’y a pas, dans la création, de dû, d’occasion qui viendra frapper à votre porte sans que vous n’alliez d’abord à la découverte du monde, ni de récompense en corrélation avec le travail investi. Si vous raisonnez en termes de justice ou de rétribution, je vous le dis tout de suite, c’est fondamentalement injuste ; donc, arrêtez de penser ainsi et pensez plutôt à l’épanouissement offert par le chemin.
Faites-le parce que ça vous nourrit. Ou ne le faites pas. Il n’y a, justement, que des essais.
Ou encore, dans les mots immortel du roi Arthur :
Emoji cœur sur vous avec les mains.
et bein j’avais loupé l’appel.
Pas sur que je sois dans le bon espace mental en ce moment (pas mal de changements de vie suite à une séparation), ais j’y aurais réfléchi de l’avoir su.
Ah là là, si seulement tu avais été abonné à ce site ! https://lioneldavoust.com/2024/le-podcast-elbakin-net-recrute-saisissez-cette-chance-et-les-autres-sacredieu 😜
Beaucoup plus sérieusement : je suis désolé pour toi, très bon courage. Effectivement, dans ce cas, il faut se centrer sur son énergie. D’autres occasions se représenteront, mieux alignées avec l’état d’esprit dans lequel tu es.
Et puis qui sait, hein, une candidature spontanée, ça se tente.
Je ne suis pas sûre de saisir le rapport entre être un écrivain débutant et postuler pour un podcast ? Écrire et faire de la radio, ce sont deux métiers totalement différents, non ?
cœur sur toi avec les mains et tout hein, je suis fatiguée, j’espère que ma question ne sonne surtout pas comme de la provoc’, c’est une vraie question.
J’espère que ma réponse à Kik (plus haut, je crois) explicitera l’idée, dispo pour en discuter davantage.
En effet je comprends mieux 🙂
Je pense qu’au fond pour réellement saisir de quoi tu parles, il me manquait le contexte. Me manque toujours d’ailleurs, car cela fait bien longtemps que j’ai quitté « le milieu » et je ne tiens pas spécialement à y revenir – là il est question comme tu le soulignais de parcours de vies.
Mais ayant dans mes bagages les souvenirs des Chemins de Traverse, des ateliers d’écriture, du zine, des Utopiales, de mon voyage à Québec et ma rencontre avec les gens de Brins d’Éternité… Je vois beaucoup mieux ce que tu veux dire, et j’aurais tendance alors à plussoyer tes propos : les opportunités étaient là, encore fallait-il non seulement les saisir mais aussi persévérer. Comme tout microcosme, le monde de l’imaginaire est rempli de gens qui certes se connaissent, mais les occasions de les rencontrer, de s’investir, de participer à cet élan magnifique, sont fort nombreuses. Et une fois qu’on a mis le pied dedans… on fait à son tour partie de ces gens qui se connaissent ;P
Bonsoir Lionel,
Ici Kik du forum Elbakin et lecteur régulier de ton blog. J’avais failli intervenir lors de ton premier message. Certes, il est normal que le forum fasse appel aux bonnes volontés pour renforcer son équipe et pas très cool qu’il n’y ait eu que trois candidatures.
Cependant, Gillossen et les autres semblent avoir trouvé des personnes dotées de bonnes compétences. Ça aide quand on est libraire ou que l’on a déjà animé une émission dédiée à l’imaginaire. Personnellement, je ne me sens pas capable de parler (même modestement) sur tant de sujets que je ne maîtrise pas forcément (je n’aurais rien apporté en plus-value dans l’émission sur les novellas). C’est une des raisons pour lesquelles je n’ai pas présenté de candidature.
La seconde, c’est parce que je pense, à l’inverse de ce que tu sembles dire, qu’en tant que primo-romancier, cet engagement n’aurait rien changé pour moi.
Je suis inscrit depuis 2014, soit bien avant que j’aie commencé à écrire. J’ai considéré Elbakin comme ce qu’il me semble être : un espace pour discuter des lectures, des films et séries, etc.
Je participe régulièrement aux débats qui tournent autour de l’édition (pas seulement dans le sujet : Procrastination). Nous ne sommes pas nombreux, surtout parmi les anciens du site à écrire. Cependant, jamais Gillossen ou quelqu’un de l’équipe ne s’est intéressé à ce que j’écrivais et il doit en être de même envers les autres. Ça ne me choque pas et je trouve cela tout à fait normal. Elbakin n’est pas une agence littéraire ! Pourtant, j’entretiens de très bonnes relations avec Gillo et il nous arrive de communiquer par MP.
Si “ouverture magique” il devait y avoir, elle ne viendrait pas de ce côté-là.
Je suis d’accord qu’il n’y a pas de “dû” pour l’aspirant écrivain, quels que soient le temps et le soin qu’il ait apporté à son travail, mais les gens qui prétendent que « l’imaginaire c’est fermé » n’ont pas tort…
Si ça t’intéresse, je peux t’envoyer en MP sur le forum (ou par un autre moyen) un florilège de mon expérience et de mes observations sur les fameuses “maisons inaccessibles”’.
Certaines sont parlantes, qu’elles soient croustillantes ou flippantes : je suis sûr que tu ne verras plus le monde de l’édition de la même façon.
Car dire que la situation était identique avant le covid, c’est un peu renier le message de Dylan il y a presque soixante ans : « The times they are a-changin’ ».
Je ne ferai sans doute que “le chemin ”, alors que peut-être des milliers de lecteurs auraient aimé se projeter dans mes personnages.
Mais c’est ainsi et, ce n’est pas en me portant volontaire pour une tâche pour laquelle je ne me sens pas qualifié, que ça aurait changé l’ordre du monde.
Il ne s’agit ici ni du “manifeste de l’auteur incompris” ni d’un coup de gueule contre toi. Je ne comprends juste pas la portée de ton message…
Rendez-vous au prochain épisode de Procrastination avec toujours le même plaisir.
Kik
Bonjour Kik et bienvenue par ici ; merci de ton retour et de ton opinion (et de tes retours fréquents sur Procrastination). Bien sûr, chacun·e a son propre parcours, et fait ce qu’il/elle est à l’aise de faire.
Je suis d’accord avec toi et je loue même ton optique quand tu dis que Elbakin.net est un espace de conversation et de débat, et que tu y trouves ton compte là-dessus. Faire les choses avec un motif utilitariste (« je vais intervenir à tel endroit car ça va servir ma carrière d’écrivain ») me semble étroit d’esprit ; agir de manière intéressée produit rarement de bonnes choses.
Néanmoins, je ne suis pas d’accord quand tu dis qu’un engagement dans un podcast comme celui d’Elbakin.net n’aurait rien changé pour toi, et en cela, au final, tu me sembles penser malgré tout comme ce que j’expose juste avant.
Il faut élargir le cadre de référence, et c’est là le sens de mon propos.
Dans ma carrière, avant même de publier la moindre ligne, j’ai fait : de la critique littéraire, de l’éditorial (dirigé Asphodale), de la traduction (beaucoup) incluant l’enseignement de celle-ci (la meilleure façon de s’assurer qu’on maîtrise quelque chose), de l’interprétariat (aussi), de la modération de débats, j’en passe, bref, j’ai tâté d’à peu près tout (sauf librairie et diffusion). Je n’ai pas fait ça en me disant « ça m’aidera à publier », je l’ai fait en me disant: « je veux publier, je dois me confronter aux réalités de ce milieu, je veux apprendre« . Cela a joué un rôle incroyablement important dans ma formation de créateur au sens large (et je continue, même si ça n’est pas visible). S’engager oblige à devoir produire quelque chose, à rendre des comptes, fournit une expérience de nature professionnelle (même si c’est juste pour le loisir, voit l’article), et nourrit la personne au-delà de l’écriture, ce qui est le plus important, en la confrontant à la texture artistique de ce qui se passe en-dehors d’elle ; Estelle dans Procrastination parle souvent de l’importance des échanges avec le lectorat. Et cela aussi, c’est le tissu d’un écrivain.
Quand tu dis que t’engager dans Elbakin.net (à supposer que ça t’intéresse, hein, je parle théoriquement, comme dans l’article, il existe d’autres voies) n’aurait rien changé pour toi en tant qu’auteur, je pense que tu te trompes. Non, ça ne t’aurait pas apporté de contrat d’édition ni de renommée, comme on le rabâche dans Procrastination, le texte est seul juge de paix. Mais ça n’est pas l’enjeu. L’enjeu, c’est que ce genre d’expérience est incroyablement précieux pour un auteur dans la construction dudit auteur. Et c’est ça qui doit primer, parce que c’est à la racine de tout. C’est une façon – certes détournée – d’acquérir de l’expérience littéraire, laquelle ne se limite pas à la pure écriture. Et c’est différent d’une étude personnelle, parce que quand on s’engage dans un projet, on doit rendre des comptes.
(Après, certes, vient un moment où il faut décider de faire le tri de ses activités pour recentrer son énergie et son temps sur la création mais, hé, c’est bien pour ça que je ne fais presque plus rien de ce qui précède)
D’autre part, mon article ne s’adresse pas qu’aux jeunes auteurs (en fait, assez peu), mais à tous les métiers de l’édition : édition, correction, promotion, etc.
Enfin, concernant les expériences cauchemardesques avec des ME, nous en avons tous dans nos tiroirs 😉 Je ne fais pas exception… Il n’y a que deux types d’auteurs publiés : ceux qui ont eu des mauvaises expériences au cours de leur carrière, et ceux qui en auront. 😁
Bien à toi, et merci pour ton message détaillé. J’espère que ça aura clarifié les choses, et évidemment, ça n’est que mon avis et on peu en discuter plus avant (avec toi et quiconque de passage). Au bout du compte, la voie de tout le monde est personnelle. (Ce qui me tape sur le système, et c’est la raison de l’article, ce sont les jérémiades comme quoi il n’existe aucune porte ni occasion)
Bonjour,
Je te remercie pour ces articles concernant cet appel à candidatures, c’est ce qui m’a permis de le voir passer, de découvrir Elbakin.net, de plonger dans leurs contenus et de postuler à mon tour. Car oui, j’ai postulé et je te remercie sincèrement de m’avoir permis d’initier cette démarche.
Le seul problème de cette histoire ? Si le site a reçu 3 réponses (ce qui est peu), je n’en ai pour ma part reçu aucune. Malgré une relance, et être passée par le contact donné dans leur article pour être sûre de bien faire.
Je ne fais pas ce commentaire pour me plaindre de cette absence de réponse, tu n’es pas responsable, mon profil n’a pas plu, cela arrive ! Néanmoins, il faut comprendre aussi l’autre côté, quand on fait la démarche et qu’on a même pas un refus, c’est aussi très dommage et déceptif.
Je m’étais fait une raison en me disant qu’il y avait eu tellement de candidats que l’équipe de bénévoles n’avait pas pu répondre à tout le monde, ce qui est bien normal, sauf que j’apprends en te lisant que nous étions 3. Ayant écouté 2 nouvelles personnes à la reprise du podcast, j’en conclus que j’étais la troisième candidature et que je n’ai pas eu un mot. Ce n’est pas faute d’avoir vérifié ma boîte mail + spams tout l’été, j’avais vraiment envie au moins qu’on en discute et le projet me plaisait énormément, sans penser à ce que ça pouvait m’apporter parce que je gère ma carrière littéraire autrement.
Tout ça pour dire surtout que cette expérience, elle va effectivement rester un échec personnel, et cela sans parler de « maisons d’éditions fantasy » qui seraient fermées, là c’était un site bénévole. Que oui, le milieu a le visage d’un monde fermé pour moi, en partie suite à cette expérience, et que lire en plus dans un article qu’il faut littéralement se bouger ça ne m’a pas fait du bien non plus.
Je vais continuer le bénévolat que je fais déjà ailleurs, j’ai mis sur rails des projets personnels pour m’épanouir sur mon propre chemin, voilà le positif que je retire de cet essai. Merci encore d’avoir poussé cet appel, je continue à te suivre avec plaisir !
Bonjour Sound et bienvenue par ici, merci pour le retour d’expérience. Effectivement, ça n’est pas correct, je m’en vais direct tirer la manche de Dieu le père ! (Gillossen)
Sur les portes qui se ferment et les échecs qu’on en retire ou non pour soi : oui, tu as mille fois raison de continuer tes projets dans d’autres directions, parce que : ne jamais laisser ces expériences teinter ses envies et sa passion, juste s’en servir comme expériences d’apprentissage. Je sais que ça n’est pas facile, mais au final, ça n’est pas le mec en face qui est responsable de notre vie, c’est nous. Quand j’ai commencé dans les années 2000, je me suis fait systématiquement défoncer pendant environ deux ans par la revue concurrente de celle pour laquelle je bossais, avec une bonne dose de mauvaise foi, parce que j’étais le dernier arrivé, jeune et la cible facile.
Ça m’a absolument pété le moral, rendu furieux, ma copine de l’époque m’a ramassé dans des états variables, mais je n’ai jamais montré ça publiquement, j’ai juste baissé la tête et décidé que je tiendrais le coup parce que ça comptait pour MOI. 25 ans plus tard, il semble qu’ils n’aient pas réussi à se débarrasser de moi 😁
Je repose ça là : https://lioneldavoust.com/2024/du-travail-et-du-fruit-du-travail-dans-lecriture
Excellents vœux, et garde la volonté et le volontariat.
Bonjour !
Vous nous avez écrit à quelle adresse, la mienne donc ?
Parce que je ne me souviens pas du tout de votre mail, sincèrement.
Pour être tout à fait transparent, notre troisième candidature… concernait le poste de chroniqueur/chroniqueuse et même pas le podcast.
Bonjour bonjour,
Pour l’adresse mail j’ai repris directement celle dans le message pour candidater : podcastelbakin@gmail.com
J’avoue que je ne sais pas du tout à qui elle appartient ! Ce qui veut dire qu’il y a au moins eu une 4e candidature, c’est plutôt une bonne nouvelle dans l’absolu.
Les mails commencent à remonter, ils datent du 07/07 puis du 31/07 pour être très précise, si ça peut aider à les retrouver 😉
Merci pour les encouragements et les voeux de succès, ça me fait très plaisir ! J’avais aussi lu l’article en lien, ce blog m’a donné plusieurs astuces et pistes de réflexion depuis que je l’ai découvert. Je suis d’ailleurs tout à fait d’accord avec le postulat qu’on écrit d’abord pour écrire et pas pour atteindre un autre but (si je paraphrase correctement).
J’ai surtout réagi à cet article pour nuancer un peu le propos général, au-delà du seul cas de cet appel à candidatures qui est un exemple parmi X autres dans le monde de la création. Il est certain que des aspirants écrivains/écrivaines, ou même créateurs/créatrices de contenu en général, ont peur ou attendent ou juste ne font rien et ont besoin d’entendre qu’il faut essayer.
Néanmoins, il y a aussi des exemples, nombreux, de personnes qui ont essayé et essaient encore, travaillent énormément, et ne parviennent quand même pas au but qu’ils/elles se fixent. C’est ce qui me dérange le plus dans le discours « bougez-vous » ; il est certain que sans rien faire on n’aura rien. Mais il ne faut pas non plus oublier les cas où on a fait, parfois longtemps, et on a rien eu quand même. Ce n’est pas faute de le redire, et toutes les personnes qui ont commenté/lu ont l’air de le savoir, la création littéraire n’est pas juste par nature, et il ne suffit pas de vouloir pour obtenir. Se bouger est une condition nécessaire mais pas la condition unique en résumé.
C’est pour ça que j’ai de plus en plus de mal avec ce postulat « il faut se bouger ». Oui, c’est vrai. Mais comment savoir si les personnes qui se plaignent de ne pas y arriver n’ont rien fait ? Comment savoir, juste en lisant un commentaire amer sur un forum d’écriture, si la personne vient juste de commencer un manuscrit ou si elle a reçu son 500e refus le matin même ? La réponse c’est qu’on ne peut pas, nous lecteur anonyme, le deviner, et que dire à cette personne « fais-en encore plus » risque d’avoir des effets négatifs plus que l’inverse. Et je ne partage pas du tout l’opinion que le milieu est fermé ou qu’il faut forcément connaître du monde, mais je comprends que dans la déception on puisse le penser.
Je suis d’ailleurs assez chanceuse puisque j’ai été publiée deux fois, et je peux témoigner que c’est compliqué et beaucoup d’efforts aussi pour des textes qui ne sont pas de la littérature de l’imaginaire ! Et je suis fière de mon travail, de n’avoir pas abandonné et de prévoir de nouvelles choses. Je n’oublie pas non plus qu’en plus de mes efforts, ma discipline et tout ce qu’on veut, j’ai eu un ingrédient essentiel : la chance.
J’aimerais bien que nous, auteurs et autrices chanceux, on oublie jamais qu’il y a des gens qui ont travaillé autant que nous, mais dans la mauvaise direction peut-être, pas de la bonne manière sans le savoir, qu’ils ont cru voir une porte ouverte alors qu’elle était fermée et cadenassée, ou tout simplement qu’ils n’ont pas eu la possibilité d’attendre 25 ans que leurs projets se concrétisent. Ces gens-là finissent par abandonner leur création, construire une vie de famille une autre carrière que sais-je, ou prendre soin de leur santé par exemple, et ce sont autant de candidatures en moins pour les prochains projets bénévoles.
Bien sûr aucune personne ou maison d’édition qui nous envoie un refus n’est responsable de quoi que ce soit, ça arrive, mais je conçois que ce soit dur de rester dans le bon état d’esprit après X essais.
Parfois les étoiles s’alignent, parfois on les pousse comme il faut, et parfois pas. Ce n’est pas uniquement la faute des individus, voilà mon point.
Je comprends mieux désormais le sens de ton article. En même temps, l’interprétation que j’en ai faite n’était pas illogique non plus.
Pour en revenir à Elbakin, je suis content pour eux que leurs nouvelles recrues leur donnent satisfaction, puisqu’ils enchaînent les nouveaux podcasts. Franchement, ce n’était pas dans mes cordes, mais je n’exclus pas de participer à la vie du site en d’autres occasions.
Après, les jérémiades… va jeter un coup d’œil sur les sites d’écriture. C’est plus déprimant que stimulant, car on peut se reconnaître presque dans chaque témoignage. Mais il faut rester compréhensif aussi.
Bonjour !
C’est fou ça, je vous certifie que je n’ai rien reçu. :/
Forcément, ça m’inquiète, parce que si vos DEUX mails sont passés à l’as, c’est peut-être arrivé pour d’autres.
Bonjour bonjour,
Je viens de renvoyer un mail test, sur la même adresse et toujours la même adresse de mon côté, aujourd’hui à 13h43 !
S’il n’arrive pas non plus, il y a en effet une partie de l’explication au petit nombre de candidatures pour cette fois. Ce serait au moins un mystère résolu, déjà ça de gagné !
Bonne continuation en tout cas, la reprise du podcast m’a beaucoup plu en tant qu’auditrice
OUAIS ET MA CRÉDIBILITÉ EMMANUEL 😛
Bon, ça a pu lever ce lièvre, ça n’est pas complètement perdu.
C’est juste… une étrange façon d’y arriver.
Et j’ai pris le podcast comme exemple, mais j’aurais pu en prendre douze autres au fil des années passées. L’observation de la tendance générale n’est pas nouvelle.
Il me semble que ce que tu dénonces dans ton article est l’illustration d’une tendance sociale plus large, dépassant le milieu de la création, celui de l’imaginaire, ou même celui des forums.
Sans du tout critiquer les expériences qui s’expriment plus haut (la mienne rejoint beaucoup d’entre elles), une certaine frange de nos contemporains a l’image d’une certaine « facilité » dans la vie, et pense en effet que tout doit tourner autour de son nombril. À croire que si nous avons découvert l’héliocentrisme dans les siècles passés, c’était pour mieux nous focaliser sur une univers « nombrilocentriste » 😉
Cette tendance va de pair avec une certaine vision « consumériste » de la vie associative.
Parmi mes nombreuses vies, je suis membre d’une compagnie de théâtre amateur formée en association loi 1901. Tout comme Elbakin.net, mais toutes proportions gardées, nous avons un ratio membres/engagés qui est assez faible. Depuis pratiquement 7 à 8 ans, le bureau de l’association n’a pas changé, et je suis secrétaire depuis presque 10 ans, pas forcément parce que je m’accroche à mon pouvoir, mais parce que personne d’autre ne se « dévoue ». Je ne te raconte même pas le binz’ quand il a fallu remplacer notre présidente qui voulait souffler après plusieurs années de mandat…
C’est que l’engagement dans une activité bénévole signifie une contrainte. Et que, je crois, beaucoup de monde essaie d’éviter ces contraintes. Ce n’est pas vraiment illogique dans un monde où la contrainte fait partie de presque chaque moment de notre existence. Mener de front une vie personnelle, de couple, de famille, professionnelle, associative ou politique, philosophique, sportive… c’est presque impossible au vu des seules 24 heures que contient une journée sur notre planète. Et je ne parle même pas du temps de sommeil (et de rêve… donc de notre deuxième vie 😉 )
Alors oui, cela explique à mon sens en partie ce manque de candidatures.
Comme tu l’écris, il faut prioriser les combats où nous investissons notre énergie.
Il y a un deuxième aspect dans ton propos, qui est de considérer la carrière d’écrivain/créateur dans son ensemble et dans son parcours. J’adhère à cette idée que tout ce que nous vivons comme individu et comme interactions avec notre « public » quel qu’il soit, nous fait évoluer sur notre chemin de création. Cela rejoint mon propre « dada », qui est de considérer que toute création est une co-création (l’écrivain a besoin que son lecteur recrée la scène dans son esprit pour que son œuvre prenne vie, par exemple, autant que le podcast d’Elbakin a besoin de plusieurs voix pour faire naître la discussion et d’auditeurs pour faire émerger des envies, des critiques, etc).
Parfois, cependant, on a à choisir entre la création elle-même et des activités connexes.
Mon temps est moins limité qu’il y a trois ans, mais il n’est pas extensible, et je privilégie mon plaisir d’écrire ou de créer. Je sais qu’en cela je me ferme pas mal d’opportunités, et je ne m’en plains pas. Je m’auto-publie, je fédère d’autres personnes pour mes propres projets, me glisser dans une équipe déjà constituée n’est pas forcément dans mes envies ou mes possibilités. En ce sens, il est logique que je ne perce pas. Tu as entièrement raison : tout est affaire de parcours de vie, de choix.
J’entends aussi les personnes qui font des choix qui pourraient les mener sur un chemin de plus grande visibilité et qui malgré cela ne trouvent pas sur le sentier ce petit coup de pouce qui pourrait leur ouvrir une porte sur une route bordée de lauriers. C’est sans aucun doute frustrant, voire désespérant.
Pour moi-même, j’ai résolu de me focaliser sur ce que j’aimais : l’activité en elle-même. Je tente des trucs (candidater au Paris Podcast Festival par exemple), mais je n’en attends rien véritablement. Si ça marche, tant mieux, si ça échoue, pas grave, je vais continuer en écrivant et produisant une saison 2…
Au final, c’est sans doute pour ça que je me sens mieux dans la peau d’un auteur auto-publié : au moins, ce que j’écris naît sans dépendre du bon vouloir de quelqu’un d’autre, et je suis le seul responsable de son existence, ce qui veut dire que mon exigence de qualité est mon code de conduite personnel. Je n’ai besoin de la légitimation de personne si ce n’est de mes bêta-lectrices et de moi-même.
Et si quelques personnes aiment ce que je fais, alors c’est un bonus.
Tu illustres parfaitement l’avertissement de l’article : que ceux et celles qui sont concernés ne le liront jamais 😆
Ce qui est important (et c’est le pendant du 2e commentaire de Sound, que je ne discute pas), c’est de choisir ses compromis. J’ai choisi de vivre en Australie : cela entraîne son lot de compromis avec ma carrière en France, mais je les ai choisis (et je gère avec). Il serait absurde que je m’en plaigne ; au niveau de là où j’en suis dans l’existence, c’était le choix pertinent.
Tout vient avec des compromis, l’important c’est d’en avoir conscience (autant que possible) et de les posséder. Ce qui ne fonctionne pas, c’est l’attente d’une rétribution, qui s’adosse souvent à une posture victimaire. Ça ne conduit strictement à rien dans ce domaine. On fait que gaspiller son énergie créative et accroître sa pression artérielle.