Tous écrivains de nous-mêmes

Alors que l’immense majorité de ceux qui en ont financièrement les moyens sont raccordés à Internet – c’est-à-dire fichtrement plein de monde -, que Facebook, Google et autres réseaux observent l’air de rien vos activités pour vendre vos données à des annonceurs, que la moindre photo se trouve diligemment archivée par 123people, que vos actes et vos erreurs se trouvent conservés sans limite de durée, se pose de plus en plus en fréquemment la question de l’anonymat sur le Net.

Deux positions illustrées par deux extrêmes : Mark Zuckerberg, le célèbre fondateur de Facebook, et Christopher Poole, fondateur de 4chan (le forum américain où l’anonymat est total et où les profondeurs du mauvais goût côtoient une forme de génie surréaliste – la plupart des mèmes d’Internet, des lolcats au Rickroll, ce sont eux). Pour le premier, « avoir deux identités de vous-mêmes, c’est la preuve d’un manque d’intégrité » (argument qu’on rapprochera sans mal du peu recommandable « ceux qui n’ont rien à se reprocher n’ont rien à cacher »). Pour le second, sur Internet, « le prix de l’échec est trop grand quand vous contribuez sous votre réelle identité ». Un débat sur la vie privée que certains pensent même sans objet, la notion étant potentiellement révolue. Je n’y crois pas, et je pense que l’idée, au contraire, est amenée à muter, comme la libération sexuelle n’a pas entraîné une débauche sans fin, mais construit, lentement mais sûrement, une liberté empreinte de discernement (youpi).

Je suis un fervent défenseur de la possibilité d’un anonymat sur Internet : l’interdire, comme notre chère majorité l’aimerait, n’a aucun sens vis-à-vis de la sécurité du territoire (ce dont on a déjà discuté ici) et ne gênerait que des utilisateurs peu expérimentés, soit nullement ceux dont l’activité peut présenter un quelconque danger. Au contraire, un anonymat qu’on peut choisir, raisonnablement sécurisé, permet justement la forme de créativité défendue par 4chan. Sérieux, elle est pas mortelle ma photo de Lady Gaga par là-haut quelque part ^^^(l’HTML c’est pas la fête de la mise en page).

Mais il existe nombre de situations où pouvoir être retrouvé sur le Net avec son nom est commode, dans la reconstitution d’un ancien réseau d’amis, d’une famille ou même pour être repéré à travers ses activités – si mon nom de domaine est mon prénom et mon nom de famille, ce n’est pas par hasard, c’est parce que j’espère bien qu’on va me trouver (zut à celui qui ne lira pas ça). Bien sûr, tout le monde ne souhaite pas ce genre d’exposition. Comment se protège-t-on dès lors qu’on lève le voile ? On en est encore à voir des utilisateurs de Facebook découvrir les réglages de confidentialité – souvent à la suite d’incidents malheureux – ou d’autres se barricader derrière une absence totale de publications, ce qui contrevient un tout petit peu à tout le concept d’un réseau « social », justement (et n’empêche pas FB de collecter quand même préférences et profils).

Or, communiquer, c’est forcément s’ouvrir un peu ; et s’ouvrir, c’est donner du pouvoir au monde extérieur, qui peut, à tout le moins, vous exhorter à une forme de cohérence (« Quoi, pourquoi tu reprends pas de ma paella, tu l’aimes pas ? T’as dit hier sur Twitter que t’en avais mangé une super chez ton cousin Albert ! »). Mais également vous suivre, vous découvrir, vous cerner…

Le paradigme me paraît très simple. Dès lors qu’on souhaite entretenir un minimum d’activité en ligne, et donc qu’on s’expose potentiellement à tous (sur Twitter par exemple), le choix n’est pas à faire entre un refermement étanche sur soi et une ouverture sans condition. Apprendre à utiliser les outils de communication, ce n’est pas seulement apprendre par coeur les réglages de confidentialité : c’est filtrer d’abord, soi-même, en amont, ce que l’on souhaite exprimer. Mais c’est aussi le tourner adroitement.

Le moyen le plus sûr de mettre en échec les systèmes automatisés qui nous cataloguent, de se prémunir contre les regards indiscrets et de protéger sa vie privée, est évidemment de choisir exactement ce que l’on souhaite voir apparaître, mais de le faire conformément à l’image que l’on souhaite projeter – et c’est le point important : le storytelling. Ce n’est pas mentir : de toute manière, nous présentons tous un visage différent en société, dans l’intimité, avec nos proches, nos amis, en fonction des groupes et des cercles. Nul ne peut connaître la totalité de la personne sur la base d’un seul visage – même sur la base de tous, car la personne reste de toute manière, bien souvent, un mystère également pour elle-même. De même, l’erreur consiste à croire que notre wall Facebook, notre timeline Twitter, nous reflètent exactement. C’est un autre visage, qui prend, qu’on le veuille ou non, une existence séparée et indépendante : pour cette raison, c’est un visage auquel il convient de réfléchir en amont et de construire. Quand notre persona en ligne devient une création – fondée sur la réalité que nous sommes, ou percevons être, à condition évidemment de ne pas basculer dans la mythomanie absolue – la notion de vie privée prend un tour entièrement différent, puisque nous la contrôlons au lieu d’être contrôlée par elle.

Encore une fois, ce n’est pas mentir ; pas plus que refuser de répondre à une question personnelle ne saurait représenter un mensonge par omission. C’est un choix quant à ce que l’on souhaite être – et un des rares que nous avons dans un monde de contraintes. Il s’agit de s’utiliser activement comme matériau de création, de la même manière que le romancier peut s’autoriser quelques entorses à la vraisemblance pour rendre son histoire plus intéressante, pour asseoir l’illusion de réalité du monde qu’il décrit.

Il s’agit de se créer, de contrôler ce que l’on veut offrir au monde. Nous avons aujourd’hui la possibilité d’être nos propres fournisseurs de contenu. Une autobiographie, tout simplement, laquelle n’est jamais fidèle à la réalité.

C’est tellement plus amusant. Et avouez qu’en plus, ça rendrait ledit contenu vachement plus palpitant.

2011-03-28T18:55:40+02:00lundi 28 mars 2011|Geekeries|4 Commentaires

Des post-its partagés

Du coup, comme proposé hier, voici une première manip’ pour utiliser Dropbox à son plein potentiel. L’écrivain voyageur est moderne, il a son netbook dans une main, sa clé 3G dans l’autre, et ses données dans le cloud. Et ses post-its, évidemment, sont virtuels, tapissant son fond d’écran. Comment les garder les machine à l’autre ? La manipulation est très simple. Le système cherche les données de cette application toujours au même endroit. Nous devons donc lui expliquer que non, il doit aller les chercher ailleurs, merci (sur la Box).

  1. Fermez l’application des Post-its (bouton droit sur la barre des tâches, fermer la fenêtre).
  2. Localisez le fichier StickyNotes.snt, qui contient vos post-its. Il se trouve dans le répertoire Utilisateurs\(votre nom)\AppData (dossier caché, il faudra peut-être en activer l’affichage via les Options des dossiers du Panneau de configuration)\Roaming\Microsoft\Sticky Notes1. Copiez-le sur votre Dropbox (par exemple dans un répertoire prélablement dédié à contenir les profils de vos applications, comme Dropbox\Profils\Sticky Notes). Attendez la fin de la synchro.
  3. Effacez ensuite le répertoire Sticky Notes d’origine (pas le fichier, le dossier entier), celui qui est contenu dans Utilisateurs\(votre nom)\AppData\Roaming\Microsoft.
  4. Ouvrez l’invite de commandes (Démarrer > Tous les programmes > Accessoires).
  5. Vous allez informer le système que le dossier que vous venez d’effacer se trouve maintenant dans votre Dropbox : vous allez donc créer un lien artificiel à l’endroit où le système s’attend à trouver les données, qui pointe vers l’endroit où elles se trouvent réellement. Dans l’invite de commandes, tapez l’instruction suivante (en indiquant l’emplacement du fichier selon le format DOS : par exemple, si votre box se trouve sur le disque D:, et le fichier Sticky Notes dans un dossier de profils tel que proposé précédemment, le chemin sera d:\dropbox\Profils\Sticky Notes).
mklink /J "%APPDATA%\Microsoft\Sticky Notes" "[Chemin du dossier où vous avez
placé le fichier StickyNotes.snt dans la Dropbox]"

Relancez l’application Post-its. Magie !

Manipulation à répéter sur toutes les machines où vous voulez que les post-its soient synchronisés.

  1. Pour ceux qui l’ignorent, sous Windows, on note les enchaînements de répertoires avec des antislashs (\) pour donner le chemin d’une ressource.
2011-03-10T16:03:59+01:00jeudi 10 mars 2011|Geekeries|2 Commentaires

Dropbox mon amour

Photo via Getty

Il y a des côtés sympas à être son propre patron, notamment pour ce qui est, prétend-on, des horaires de travail que l’on organise à sa convenance. Bon, il faut tout de suite tordre le cou à ce mythe : organiser ses horaires à sa convenance, ça veut souvent dire bosser comme un âne, comme le savent tous les indépendants – d’où l’importance de faire quelque chose qui compte vraiment pour soi.

L’autre aspect, souvent symbolique de la littérature, c’est le voyage. Aaaah, la vision romantique d’un Hemingway griffonant sur son Moleskine à la plume dans la diligence entre Fort Lauderdale et Draguignan, avec pour seuls effets qu’un portemanteau en cuir élimé contenant un costume trois pièces pour les soirées mondaines du soir où il irait danser avec Lauren Bacall. (Quoi ? J’ai dit que cette vision était romantique.) Ah là là, à l’époque, on n’avait pas besoin de connexion à Internet, de vérificateurs orthographiques, d’épais dossiers de personnage et de scénarisation, de communications instantanées avec des informateurs aux quatre coins du monde.

J’aurais été malheureux comme les pierres à cette époque.

Je suis un structurel assumé – j’ai besoin de planifier à l’avance mon intrigue, de tracer des schémas, des tableaux, des matrices compliquées, d’avoir mes petits fichiers bien ordonnés dans des cases pour être libre d’écrire (chacun ses béquilles). Et ça génère une paperasse ahurissante. Il me faut ma doc, mes livres de référence, pouvoir aller piocher un truc dans un volume abscons, un truc que personne ne verra d’ailleurs, mais moi si, et puis on ne sait jamais.

C’est quand même idiot de ne pas pouvoir faire un peu le Proust en griffonnant sur des feuilles de parchemin au Mont Blanc dans l’Orient Express Katmandou – Tokyo – Rouen en attendant d’aller danser le soir avec Shakira. (Vision romantique, on a dit.)

Et là, notamment au détour d’un commentaire d’Erik Wietzel (Erik, tu ignores tout de l’impact que tu as eu sur ma vie avec ce commentaire, mais sache-le, tout a changé), je me décidai (le passé simple, c’est la classe) à essayer sérieusement Dropbox, depuis le temps qu’on m’en parlait.

Et les cieux s’entrouvrirent, et les trompettes sonnèrent, et des anges habillés de lumière descendirent sur terre et me libérèrent à jamais des contraintes matérielles. OK, que tu dis, ô auguste lectorat, mais tout le monde connaît Dropbox, il est mignon, lui, bientôt il va découvrir OS/2 Warp. Sauf que non, je t’arrête dans ton élan légitime. L’astuce n’est pas dans le fait de connaître Dropbox, mais de s’en servir comme un power ranger, pardon, user.

(Pour ceux qui ne connaissent pas Dropbox, et il y en a, je m’en doute, comme d’autres qui ne connaissent pas OS/2 Warp, c’est un service de stockage de fichiers en ligne. C’est-à-dire qu’on indique à quels fichiers l’on désire accéder de n’importe où ; l’application les synchronise sur le serveur et voilà, avec le login / mot de passe qui va bien, on peut y accéder de n’importe où une fois que l’ordinateur a récupéré les données. Sinon, pour OS/2, c’est ici. Ça me fait plaisir.)

Changer de poste et travailler dans la mobilité n’est pas tant une question de documents que d’environnement, et c’est là que le bât blesse : comment conserver la foule de données éparpillées un partout, ses mails, ses petites notes virtuelles, équivalent de piles de serviettes en papier portant des numéros de téléphone ? Mais Dropbox fonctionne parfaitement avec des profils de foules d’applications, des post-its de Windows 7 (oui, oui, on peut les partager entre machines) aux gigas entiers d’archives que pèse un profil Thunderbird vieux de quinze ans (mon cas, donc). Une seule règle, sinon tout s’écroule, c’est la fin du monde, les anges sortent les trompettes de l’Apocalypse et te les carrent Dans Ton Cloud : attendre que la synchronisation soit achevée sur un poste avant de passer sur un autre – et ne pas lancer deux instances de la même appli en même temps pour accéder aux mêmes données. Je respecte ces règles, en conséquence de quoi la route m’est ouverte, tel un Kerouac à bord d’Apollo 11 écrivant sur un Remington avant d’aller danser le Mia avec Mata Hari.

Cela te servirait-il et t’intéresserait-il, ô auguste lectorat, que j’explique de temps en temps les petites manips dont il est question au rythme de leur mise en place ?

2011-03-09T12:17:37+01:00mercredi 9 mars 2011|Geekeries|11 Commentaires

Black Swan : un cygne du fantastique

Natalie Portman, de la danse classique, Tchaikovsky et Le Lac des Cygnes, l’histoire d’une femme qui rêve de devenir danseuse étoile, tout serait réuni pour un film trop romantique et trop bôôô – et c’est ce qu’ont certainement cru les parents peu renseignés qui ont amené leurs petites filles à la séance.

Lesquels sont tous partis avant la fin. Mouhaha.

Nina est une danseuse de ballet talentueuse, mais vieillissante pour ce milieu, et couvée par une mère abusive qui n’a jamais réussi à sortir du rang. Quand l’étoile de la troupe prend une retraite plus ou moins forcée, c’est peut-être pour Nina la chance de progresser vers le haut de l’affiche et d’incarner les deux cygnes du Lac. Cependant, c’est une obsessionnelle de la technique, pétrie de blocages et d’une certaine innocence, ce qui fait d’elle un cygne blanc parfait… mais l’empêche de se libérer pour atteindre le charisme magnétique du cygne noir. Si elle veut réussir, il va lui falloir trouver en elle-même une nouvelle Nina, tout en déjouant la jalousie et les coups bas de ses camarades.

Effectivement, dit comme ça, cela sonne comme un Léa Passion Danse Classique. Sauf que Black Swan est un film d’une violence psychologique extrême. Dans les relations entre personnes bien entendu – danseuses, la mère parfaitement abusive de Nina, jusqu’au chorégraphe, campé par un Vincent Cassel en parfait dominateur -, mais surtout dans le rapport au corps, évidemment bien particulier dans la recherche de la perfection, et poussé ici dans ses retranchements. Comme bien des athlètes, Nina soumet sa chair à des pressions terribles pour atteindre l’idéal, n’ayant rien d’autre dans l’existence que son rêve de danse, lequel n’est peut-être, d’ailleurs, que la projection de celui de sa mère.

Et Nina va progressivement plier sous la pression. Car incarner le cygne noir exige qu’elle se confronte à une part d’elle-même qu’elle a totalement verrouillée et bannie : la part de laisser-aller, de folie, de spontanéité dont l’absence fait justement la danseuse parfaite qu’elle est. L’ouverture imprudente de cette porte va bouleverser sa vie et sa psyché de manière irréversible.

Black Swan est donc l’histoire d’un contact avec l’ombre jungienne – la part d’inconscient et de refoulé qui finit par contaminer et briser notre existence quand on la bannit avec trop de force. Ce contact se fait ici selon la grammaire du fantastique, où, progressivement, la réalité va glisser vers l’impossible, source d’angoisse et d’incompréhension : on navigue donc en plein dans les territoires de l’imaginaire. On peut quand même reprocher un usage assez grossier de ce langage à l’image – la symbolique, toute en noir et en blanc, a la subtilité d’un panneau clignotant proclamant « ICI SAY LA GENTILLE, LA SAY LA GARCE » – mais, vu le thème et le large public auquel le film veut s’adresser, on le pardonnera sans mal. Et, surtout, le film ne tombe jamais dans un manichéisme primaire, brouillant les cartes avec intelligence pour présenter la dialectique en termes de « contrôle / abandon » et non de bien et de mal.

Le scénario et sa conclusion seront sans grande surprise pour les habitués des genres et même les aficionados de David Lynch, mais Black Swan s’apprécie surtout pour son atmosphère et son image délicieusement malsaines, paradoxe pour une troupe qui vise à créer la beauté et sa perfection, et surtout pour l’interprétation absolument renversante de Natalie Portman, qui parvient à emporter sans réserves le personnage par ailleurs un peu bidimensionnel de Nina et offre une incroyable performance d’actrice en danseuse de ballet.

Black Swan est donc une fascinante plongée, dérangeante et dure, dans les méandres de l’inconscient et pousse à l’interrogation sur la part de glauque que nous cachons tous en nous ; un parcours initiatique au sens obscur du terme à recommander à tous ceux que le sujet intéresse.

 

2011-02-28T11:33:49+01:00lundi 28 février 2011|Fiction|8 Commentaires

Tron : un digne héritage

Tron premier du nom (1982)

Réaliser une suite à l’un des films les plus cultes des années 80, surtout à une ère où l’informatique, étant entrée dans tous les foyers avec des développements inattendus comme le Web, a quelque peu perdu son aura magique, tenait de la gageure. Et, d’ailleurs, les déceptions n’ont pas tardé à pleuvoir sur le Web, critiquant principalement la vacuité du scénario et de l’univers.

Mais posons-nous deux secondes. Qu’est-ce que Tron, exactement ?

Tron, l’original, était sorti en 1982, produit par Disney, et narrait la projection d’un jeune programmeur de génie, Kevin Flynn, projeté par accident dans le système informatique central de la compagnie qui lui a volé ses créations. Là, il rencontrait une assemblée de programmes fort humanoïdes, dominée par la toute-puissance de l’IA maîtresse, et soumise à des jeux cruels qui n’étaient autres que les jeux vidéo conçus par Flynn. L’utilisateur devenu programme s’associe alors à une poignée de programmes renégats, croyant à l’existence d’un monde au-delà du leur où les concepteurs tiennent le rôle de dieux, pour renverser l’ordre tyrannique.

Tron : l’héritage reprend avec une grande fidélité l’univers et la trame narrative pour nous placer aujourd’hui, près de 30 ans plus tard. Kevin Flynn a disparu il y a plus de vingt ans sans laisser de traces, abandonnant derrière lui un fils, Sam, qui mène une vie de dilettante casse-cou pour tromper l’absence d’autorité. Devenu l’actionnaire principal de la compagnie de son père, il se contente de vivre de rentes et de faire quelques blagues dangereuses au directoire. Mais Alan Bradley, ancien ami de Flynn senior, lui dit un soir avoir reçu un message émanant de l’ancienne galerie d’arcade de son père. Sam s’y rend, découvre les projets de Kevin… et se trouve projeté par accident dans la Grille, nouvelle version du système maître davantage inspirée d’une véritable matrice, où il découvre une assemblée de programmes placée sous la tyrannie d’un dictateur ressemblant étrangement à son vieux père. Il va lui falloir survivre dans la Grille et apprendre la vérité sur Kevin Flynn au cours d’une succession d’aventures et de dangers reprenant tous les classiques du premier volet, plus de nouvelles surprises.

Alors, qu’est-ce donc que ce Tron : l’héritage ? Un beau clip pour la superbe bande originale composée par Daft Punk ? Une galerie d’images aussi lisses et transparentes que les parois de plexiglas peuplant la capitale de la Grille ? Un blockbuster de plus servi par des wagons d’image de synthèse ?

En partie, oui. C’est vrai. Mais la question plus importante serait :

Qu’est-ce qu’on en a à faire ?

Il est tellement chic et à la mode de dénigrer les productions actuelles en érigeant les classiques de notre enfance ou adolescence comme référence, mais, dans le cas de Tron, c’est oublier clairement que, déjà, l’original était une galerie lisse et transparente d’images, un blockbuster servi par les débuts des truquages informatiques. Soyons clairs : le Tron d’origine n’avait déjà aucun scénario. Sa magie résidait principalement dans l’usage de l’informatique pour évoquer un univers étrange, différent, qui flattait le coeur des geeks alors en puissance et construisait un embryon de mythologie pour le monde numérique.

Ce Tron : l’héritage fonctionne exactement sur la même recette. Il ne s’agit pas de justifier les faiblesses du second par celles du premier mais de cerner exactement ce qui a fait le succès du premier et ce qu’on peut donc attendre du deuxième : et là, le contrat est rempli bien au-delà des espérances. Les images sont époustouflantes ; le design est parfaitement actuel (en évitant la tendance blanche à la Apple, dieu merci) ; les courses de lightcycles et les combats de disque sont présents et remis au goût du jour avec tous les truquages attendus au XXIe siècle. Le scénario est toujours aussi vide et même à la limite de l’absurde par moments (la génération spontanée de formes de vie numériques est une jolie idée mais traitée complètement par-dessus la jambe, sans parler qu’on peine à voir en quoi elles pourraient, comme l’affirme Flynn père, « sauver le monde ») mais il y a malgré tout dans le domaine un effort notable (on jubilera de la gifle à peine voilée assénée à Microsoft dans le premier quart d’heure du film et du plaidoyer en filigrane pour le monde du logiciel libre). Le film tente même de très timides percées vers une amorce de philosophie sur le thème de la perfection et du virtuel, en restant à un niveau très basique, mais c’est déjà plus que n’en font la majorité des films avec un tel budget et surtout infiniment plus que n’en fait le 1 (complètement creux à ce niveau).

En réalité, s’il y a un reproche fondé à faire cette suite, c’est sa trop grande parenté avec l’original. Tous les classiques de Tron sont présents, on l’a déjà dit, mais l’obsession va jusqu’à mimer certains morceaux d’anthologie comme le passage sur le pont réseau (qu’on aperçoit à gauche sur l’affiche) : toute la quincaillerie d’origine se trouve refaite dans cette suite avec un soin presque maniaque au point de donner l’impression que cet héritage tient plus du remake moderne que de la vraie suite.

Mais, encore une fois, faut-il bouder son plaisir ? Si l’on a rêvé sur la 3D surfaces pleines de l’original, ne peut-on encore observer avec de grands yeux émerveillés la perfection lisse des plans, le côté cool des combats au disque, le tout réalisé avec le plein arsenal des moyens actuels ? J’espère bien que oui. Car Tron : l’héritage n’est rien moins qu’une déclaration d’amour à son prédécesseur. Tout fleure bon le soin maniaque et la passion investie pour ranimer, en plus fort, la magie du premier.

Et, bon dieu, ça marche. Oui, les ficelles du scénario sont grosses comme des cordes d’escalade, certaines répliques sont grotesques, Tron (le programme) est sous-exploité, mais, encore une fois, on ne demande pas à Tron d’être Inception, comme on ne demandait pas au premier volume d’être Blade Runner à l’époque. C’est beau, époustouflant, c’est super cool, et on rêve. C’est ce qu’un Tron est censé faire, et celui-là le fait génialement bien.

Il faut mentionner également les innombrables références, plus ou moins obliques (et plus ou moins volontaires ?) à la culture geek. Quantité de plans sont repiqués aux classiques : de Flynn père qui a tout d’Obi-Wan Kenobi au second de Clu qui est un clone du Zorg du Cinquième Élément, en passant par l’hommage à Jules Verne. Si l’on n’a aucune sensibilité à cette culture, on va effectivement trouver ce Tron vain et absurde, mais, encore une fois, un indice : c’est l’histoire d’un type qui rentre dans la mémoire d’un ordinateur. See what I did there ? Et malgré cela, le film parvient à éviter le clin d’oeil daté en restant suffisamment léger et universel.

En résumé, Tron : l’héritage est une grande machine à rêve et à belles images, une véritable ode à tout ce que le geekisme compte de cool, peut-être un peu trop codée pour un public généraliste mais, pour les fans, c’est carrément l’éclate. Summer Wars avait été très abusivement qualifié de « révolutionnaire » et de manifeste de la contre-culture numérique ; en ce qui me concerne, je n’hésiterai pas à dire que c’est ce Tron : l’héritage qui remplit ce rôle, tout comme le premier l’avait fait dans les années 80.

Let the games begin !

2011-02-17T18:34:53+01:00jeudi 17 février 2011|Fiction|8 Commentaires

Bande originale : « Quelques grammes d’oubli sur la neige »

Fin de ce petit cycle de « bandes originales » (cf les deux épisodes précédents) avec les deux morceaux qui ont veillé sur la rédaction de « Quelques grammes d’oubli sur la neige », parue l’année dernière dans l’anthologie Magiciennes et Sorciers dirigée par Stéphanie Nicot aux éd. Mnémos.

Eluveitie est un groupe de folk metal suisse qui allie, comme presque tous les groupes du genre, instruments anciens (cornemuse, vielle) et modernes (guitare saturée notamment), ce qui restitue une sorte d’atmosphère païenne contemporaine. Si le groupe tombe parfois dans la facilité en ne donnant aux composantes traditionnelles qu’un aspect décoratif dont la musique pourrait se passer sans souffrir, leurs compositions plus acoustiques (notamment sur l’album Evocation I – The Arcane Dominion) sont obsédantes et superbes. Ce sont celles-ci que je me suis retrouvé à écouter en boucle, sachant que « Quelques grammes d’oubli sur la neige » fait fortement référence à la sorcellerie ainsi qu’aux réactions d’incompréhension et d’oppression (souvent masculines…) devant les archétypes féminins et lunaires.

Tout d’abord Brictom. D’après Chrigel Lanzmann, fondateur du groupe, le texte est un traditionnel âgé de 1600 à 2100 ans. En rapport avec la magie féminine, ce serait une forme de malédiction ou de mystère (voir ici).

Ensuite, Omnos. Conceptuellement bien plus éloigné de la nouvelle elle-même (car il s’agit d’une réécriture du Petit Chaperon Rouge), le clip a quelque chose de pacifique et de nostalgique qui m’a touché pendant l’écriture en me rappelant le Connemara (le vrai, pas celui de Sardou).

(Sinon, sur un sujet sans rapport, Victor et moi-même travaillons sur les améliorations du site – enfin, surtout lui, bien évidemment. Pas de grosse refonte en vue mais des tas de petites améliorations bien sympa et bien pensées. Oui, j’embauche des stagiaires pour penser à ma place. La trentaine passée, j’ai mieux à faire que réfléchir, comme m’entraîner à lever le petit doigt en buvant ma coupe de champagne pour le jour où je serai invité dans des cocktails. Il faut savoir prévoir l’avenir.)

2011-01-24T12:35:40+01:00lundi 24 janvier 2011|Décibels|2 Commentaires

Bande originale : « Regarde vers l’ouest »

Plus violent qu’avant-hier cette fois, puisque, pour « Regarde vers l’ouest », initialement parue dans (Pro)Créations, anthologie dirigée par Lucie Chenu aux éd. Glyphe et reprise dans L’Importance de ton regard, on part chez Dark Tranquillity, un des groupes phares du death mélodique.

Ni le groupe ni le genre ne sont mes vraies tasses de thé (je préfère des trucs un peu plus gothiques comme Therion ou Trail of Tears – bon sang, j’ai utilisé la première personne du singulier deux fois dans la même phrase, c’est foutu, ce blog est devenu un vrai blog) mais Hours Passed in Exile, tirée de l’album Damage Done, m’a carrément tapé dans l’oreille. Probablement à cause de son texte qui résonnait curieusement avec la nouvelle, que je n’ai pu citer en exergue à cause d’une dédicace plus importante qui prenait cette place, mais que je regrette de ne pas avoir pu faire apparaître :

And you brought me fires

That you put out

I brought you fires

For I cannot be without

Soit, approximativement : Je t’ai apporté des feux / Que tu as éteins / Je t’ai apporté des feux / Car je ne saurais m’en passer.

Ouais, c’est mieux en anglais. Le texte complet est lisible par exemple ici.

Friendly warningue pour les oreilles délicates qui traînent ici : si AC/DC incarne pour vous le summum de la musique extrême, vous trouverez sans aucun doute que c’est du bruit inécoutable. C’est normal. Le métal, comme le jazz ou le classique, nécessite une certaine éducation de l’oreille avant de pouvoir être apprécié.

2011-01-21T12:40:12+01:00vendredi 21 janvier 2011|Décibels|2 Commentaires

Bande originale : « Le Sang du large »

Couv. Eric Scala

Rien de très original : je suis très, très loin d’être le seul à écrire parfois en musique, voire à trouver au détour de réflexions sur certains morceaux la base d’une histoire, que des accords, une voix, amènent des images. Il m’arrive de tourner en boucle sur un ou deux lors de l’écriture d’une nouvelle, parce que c’est la chanson ou le passage qui m’obsède à ce moment-là ; cela m’aide parfois à asseoir une atmosphère ou une ambiance, parce qu’elle m’évoque quelque chose que seule une psychanalyse poussée et quelques révélations induites par des hallucinogènes pourrait expliciter, dans une grammaire faite d’arcs-en-ciel et de petits insectes multicolores. À la manière d’une bande originale de film, le lien est caché ; c’est une question de ressenti, de synesthésie, comme si une glace à la framboise vous évoquait une feuille d’impôts, parce que vous avez longtemps aimé une femme reconvertie dans l’administration après un échec tragique dans le commerce des sucreries.

Quand il y a lieu (et un rapport direct), je cite donc souvent le texte en exergue, en hommage à cette inspiration involontaire, avec le passage qui est, personnellement du moins, le plus évocateur. Le problème, c’est que ça ne dit jamais rien à personne ou presque parce que j’écoute des trucs, heu, obscurs pour le commun des mortels, dont les noms contiennent souvent du grec, du latin ou du vieil anglais (classe, le vieil anglais).

Ô auguste lectorat, hélas, je suis très accaparé en ce moment et dispose d’un peu moins de temps pour de longs articles à haute teneur en lolz ou en grr, aussi te proposé-je, si tu l’acceptes, de découvrir dans les jours qui viennent les quelques morceaux qui auraient pu, si l’on veut, servir donc ainsi de bande originale à quelques textes. Au programme :

Aujourd’hui, donc, concernant « Le Sang du large » : Scars, de Elegeion, groupe australien parfaitement inconnu du grand public mais dont le second opus, The Last Moment, comporte de très belles compositions. C’est un groupe de doom – black atmosphérique mais qui n’excelle jamais autant, à mon humble avis, que dans des compositions semi-acoustiques et magnifiques telles que Scars, dont il est question (ci-dessous), ou Taste, leur musique plus agressive étant largement plus anecdotique.

Le texte, cité en exergue de la nouvelle (« Ma douleur ne suffit-elle pas à avoir foi en toi ? ») est lisible en entier ici (en anglais bien sûr).

Sinon, ouais, je sais, c’est à se pendre. Mais, sérieux, c’est pas trop beau ?

2011-01-19T15:11:41+01:00mercredi 19 janvier 2011|Décibels|2 Commentaires

Black lotus Channel Fireball

J’étais clean. Pendant quinze ans, j’ai été clean. Et puis, de jolies illustrations, des coffrets brillants, des mentions aguicheuses comme « deck préconstruit » ou la résurrection de cartes abusées mais pas trop mentionnant les mots magiques Mox ou Lotus ont imprimé à ma trajectoire une inflexion dangereuse qui devait se transformer en orbite destinée, à plus ou moins long terme, à une collision fatale.

J’ai repris Magic.

Magic, c’est le père de tous les jeux de cartes à collectionner (celui qui a connu le plus grand succès, en tout cas), un mélange terriblement addictif de stratégie dans la construction de son propre paquet, et dans l’affrontement de l’adversaire, un pan entier de la culture geek, mais aussi un bouffe-thunes invraisemblable dont les cartes les plus abusées des toutes premières éditions, à jamais épuisées (les célèbres power nine), s’échangent maintenant aux alentours de 500 $ sur eBay. J’ai passé tout mon argent de poche là-dedans, j’ai possédé les Mox, Time Walk, Black Lotus, j’ai fait des tournois cotés, j’ai vaincu mes adversaires en deux tours, j’ai joué cinq tours d’affilée sans que mon adversaire puisse réagir (tour normal – Time Walk – Fork – Regrowth – Time Walk – Timetwister – Time Walk), j’ai infligé en un tour assez de dégâts pour tuer deux joueurs et demi, j’ai gagné contre trois joueurs en même temps qui possédaient des jeux « normaux », j’avais immobilisé assez de carbone dans le carton de mes cartes pour construire une petite autoroute.

Et puis, j’ai dit, en emménageant à Rennes, fini. C’est du passé tout ça, faut que tu raccroches les gants, man, où tu peux aller ensuite après tout ça, hein ? J’ai tout vendu, j’ai remisé mes valises de cartes en envisageant « un jour » de vendre tout le stock, qui dort depuis toutes ces années sans que je m’y sois jamais penché.

Et là, c’est le drame (en fait non)

Vous savez comme les plus grandes catastrophes naissent d’une phrase anodine, genre : « mais si, c’est solide, monte dessus », « tiens, je me demande ce que fait ce gros bouton ? », « allons, si la liche a laissé cet objet magique en vue, c’est qu’on doit s’en servir » ou « bonsoir monsieur John Lennon, je peux avoir un autographe ? » Ben là, pareil.

« Tiens, y a un tournoi à la boutique de jeux de rôles (Trollune pour ne pas la nommer), ça pourrait être fun ? » En fait, je ne sais plus qui d’elle ou de moi a prononcé cette phrase, et je crois bien que c’était moi, d’ailleurs. Ô pauvre condition humaine, que tu es l’architecte de ta propre chute !

Parce que oui, effectivement, c’était fun. Diablement fun.

Devant le nombre astronomique de cartes publiées au cours des ans, le jeu s’est reporté sur des tournois scellés (le vieux Type III), où l’on doit constituer son deck à partir d’un petit nombre de cartes tirées de paquets scellés et distribuées selon diverses règles qui font déjà entrer une part de stratégie. Paradoxalement, cela rend le jeu beaucoup plus accessible aux joueurs occasionnels (voir qui débarquent du XXe siècle comme ton serviteur, auguste lectorat), qui peuvent s’amuser – même en tournoi – sans connaître sur le bout des doigts toutes les combos mortelles ni le listing de chaque couleur depuis 1993. Grâce au Net, le marché de l’occasion est bien plus développé et clairement établi (finies les heures passées à gueuler devant l’Oeuf Cube : « quelqu’un aurait un quatrième Juzam Djinn ? ») : des sites d’enchères aux vendeurs spécialisés, il est quasiment possible de construire son jeu à l’unité sans passer le PIB du Ghana dans une boîte de boosters.

Bref, la communauté a mûri, comme on pouvait s’y attendre depuis tout ce temps, au même titre que, mettons, celle de WoW a mûri en théorisant les stratégies courantes, en apprenant le méta-jeu, en structurant les échanges.

En plus, c’est devenu bien

J’ai attaqué Magic juste avant Legends (troisème extension) et vraiment arrêté vers Tempest. Le jeu que j’avais connu – fortement fondé sur la rapidité et la combo-qui-tue étayée par tous les accélérateurs possibles (Mox et alii) – tournait sévèrement en rond alors que les parties dépendaient en définitive grandement de la première main et du premier tour – et donc de la chance. Après The Dark, le jeu s’était mis à errer, n’offrant guère de renouvellement ni, tout simplement, de cartes réellement compétitives face aux stratégies les plus efficaces remontant aux premières éditions. Magic n’avait tout simplement pas été conçu pour durer aussi longtemps ni avec un tel succès. Les vieux joueurs comme moi voyaient les tournois Type II (n’utilisant que les dernières extensions) comme une catégorie artificielle destinée à pousser les blocs récents, mais qui ne présentaient pas de réel intérêt dans la recherche de la puissance pure qui nous animait à l’époque. Je veux dire, pourquoi s’ennuyer à changer de stratégie quand on peut coller 72 points de dégâts en un tour ?

Eh bien, le Magic d’aujourd’hui n’a plus rien à voir, et tant mieux. Le jeu me fait l’effet d’avoir connu une seconde jeunesse au tournant des années 2000 avec une reprise du design et un resserrage des mécanismes avec, cette fois, la perennité comme objectif. L’introduction d’une foule de nouvelles capacités a clairement rééquilibré les stratégies en faveur des créatures – un des aspects les plus intéressants de l’affrontement – au détriment des sorts directs (qui dominaient au début). Et c’est tant mieux. Je me suis surpris à gagner des parties avec des créatures minuscules que je n’avais pas eu le choix de prendre et que j’avais décidé comme étant pourries.

Pas de crainte, donc. Magic est, avec le temps, devenu ce qu’il aurait toujours dû être : un jeu bien conçu, addictif mais raisonnable, amusant et avec assez de stratégies viables – et de possibilités en cours de partie – pour faire fondre le cerveau de plaisir. Ajoutons à cela que Wizards autorise les imitations pour les power nine en tournoi « Vintage » (pour les nostalgiques de la vieille époque), que le format « Legacy » les interdit purement et simplement, que chaque bloc paraît enfin bien pensé, avec une puissance réelle mais équilibrée, et tous les aspects délétères du jeu s’envolent. Magic nécessite évidemment une communauté, mais on peut enfin s’y amuser sans que ce loisir mange votre temps, votre chat et vos enfants.

Cela, ou alors c’est moi qui ai mûri. C’est possible aussi.

En tout cas, ça va être enfin l’occasion de vendre mes cartes une fois pour toutes, et de penser, enfin, des années plus tard, en termes de jeu… et non en termes de stock.

Superbe photo de lotus par David Greenwell.

2011-01-12T15:08:20+01:00mercredi 12 janvier 2011|Geekeries|13 Commentaires

Twitter advanced : des applications

Twitter est un peu aride et crypté au premier abord, le décoder était le but de ce premier article. Cependant, Gilles G avait remarqué très justement en commentaire certains manquements du réseau, notamment la possibilité de suivre commodément une conversation. On peut aussi reprocher à ces médias leur multiplication, le fait que tous répondent à des besoins différents, ce qui multiplie le temps qu’on a tendance à passer dessus.

C’est là qu’on entre dans le mode avancé extra bonus stage turbo II prime.

Utiliser un client unifié

Vous passez beaucoup de temps sur Facebook et Twitter à la fois ? Vous gérez, en plus de votre profil personnel, une page pour une association ou une institution ? La multiplication des canaux peut vous rendre cinglé en plus de vampiriser votre temps en moins de temps qu’il n’en faut pour RT une vidéo de lolcat.

L’idéal est donc d’utiliser une seule application pour tout : un seul « social hub« , comme on dit chez les experts communicants (rien à voir avec Miami ou Las Vegas) où tous vos flux arriveront, et d’où vous pourrez informer tous vos canaux. (En ce qui me concerne, je n’en ai que deux, Facebook et Twitter, mais le temps gagné n’est déjà pas négligeable, ce qui est autant que je peux consacrer à réellement communiquer avec des gens, c’est-à-dire, bien entendu, faire circuler des vidéos de lolcats.)

Il y en a une bonne demi-douzaine sur le marché, mais je n’en ai testé que deux, qui ont l’avantage d’être (à peu près) gratuits et plutôt complets.

Hootsuite

Hootsuite est une application web, c’est-à-dire qu’elle tourne dans n’importe quel navigateur pas trop ancien sur n’importe quelle machine pas trop vieillote. Cela veut également dire qu’il n’y a rien à installer et qu’une fois votre compte créé, il sera instantanément accessible de n’importe quelle machine. L’interface de Hootsuite est vraiment bien pensée et très complexe, notamment pour ce qui est de l’intégration avec Facebook : poster des vidéos, des liens, se fait très simplement avec les mêmes fonctionnalités que sur le site de FB (personnalisation de l’image d’aperçu, du texte, etc.).

Pour ce qui est de Twitter, on trouve tout ce qu’on est en droit d’exiger d’un client évolué : RT personnalisables, accès à l’historique d’une conversation, aperçu des profils en cliquant sur une simple mention « @ », etc. Rien à redire sur les fonctionnalités (il y en a même certaines que vous n’utiliserez jamais).

Le désavantage de Hootsuite est sa fausse gratuité. L’accès aux fonctionnalités de base est financé par la publicité : régulièrement, des tweets publicitaires feront leur apparition dans votre timeline, ce qui, personnellement, m’insupporte. Pour s’en débarrasser et avoir accès à davantage de fonctionnalités (orientées vers le travail d’entreprise), il faudra payer un abonnement.

Hootsuite est très certainement l’un des clients les plus complets du marché, ce qui explique ce modèle économique et, disons-le franchement, orienté communication coroporate. Mais, si vous n’êtes pas allergique à un peu de pub intrusive, c’est assurément la Rolls. C’est ici.

TweetDeck

TweetDeck est une application à part, c’est-à-dire qu’il vous faudra l’installer sur toutes les machines où vous voudrez l’utiliser (une version intégrée au navigateur vient cependant d’être publiée pour Chrome ; des versions existent aussi pour plate-formes mobiles). Ce client était originellement dévolu à Twitter, ce qui rend son intégration à Facebook un peu cafouillante et pas aussi puissante que celle de Hootsuite (la publication de liens ou vidéos ne peut se faire directement). Cependant, le site de Facebook n’a tout de même pas les manquements de l’interface de base de Twitter ; le but reste de rendre l’expérience Twitter plus agréable et facile.

Et, sur ce point, TweetDeck remplit parfaitement son contrat : réponses, RT personnalisés, suivi des conversations et classement des contacts en listes personnelles. De plus, TweetDeck permet la publication directe de contenu comme des photos ou vidéos avec une intégration transparente à des services comme Twitpic.

Pour utiliser l’environnement sur plusieurs machines, il est possible d’ouvrir un compte TweetDeck de manière à conserver préférences et classements d’un terminal à l’autre, mais cela reste entièrement facultatif.

Pour un usage prioritairement réservé à Twitter (et une réelle gratuité), TweetDeck me semble le meilleur choix. C’est là.

D’autres ?

Il existe d’autres applicatifs liés à Twitter, principalement sous la forme de plug-ins qui viennent se greffer au navigateur : le plus célèbre est probablement Echofon, prévu pour les plate-formes MacOS et Firefox. Au-delà, il en existe probablement des centaines, plus ou moins bien fichus, plus ou moins buggés, mais il se peut que l’un d’eux ait cette fonctionnalité que vous cherchez désespérément partout. Jetez un oeil à chaque tweet : il mentionne le client utilisé. À vous, peut-être, de l’essayer à votre tour si les deux ténors précités ne satisfont pas à vos exigences.

Ces applications permettent en tout cas de se libérer vraiment des contraintes de manipulation intrinsèques aux réseaux et de leurs lenteurs. Extrêmement transparents et ludiques, je ne saurais trop recommander leur usage pour gagner du temps et le passer à véritablement faire des choses sur les réseaux… au lieu de se battre avec leur interface.

Bonne chasse !

2011-01-06T13:01:15+01:00jeudi 6 janvier 2011|Geekeries|4 Commentaires
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