J’ai ENFIN choisi mon app de notes, mais il a fallu tout un voyage (Obsidian FTW)
Mais bon, je ne vais peut-être PAS vous parler du voyage, parce que sinon ça va finir comme cet article qui n’a jamais vu le jour quand on m’a demandé de récapituler un peu ma carrière et que ça s’est terminé en cinq parties autobiographiques que je n’ai jamais fini parce que
Tout le monde s’en fout
Et si je remonte à Evernote on n’est pas couchés.
Les notes posent un enjeu fondamental : le savoir, les idées, la base de connaissances, c’est le fonds de commerce d’un auteur, et de tout « travailleur du savoir » (knowledge worker). Avoir un outil puissant mais aussi adapté est crucial, et une fois Evernote quitté, j’ai eu une longue, longue traversée du désert. Et l’année dernière, je finissais par capituler en recommandant deux poids lourds du domaine, chacun adaptés à des approches différentes : Bear pour le minimalisme, Obsidian pour la puissance. J’ai utilisé les deux en parallèle pendant des années, mais ce stade, et finalement, j’ai définitivement élu résidence chez le second.
Mais pour cela, il a fallu deux prises de conscience :
- Redémarrer un système de zéro directement dans Obsidian pour sortir du fatras ingérable de customisations contradictoires et d’idées inachevées qu’était devenu mon système principal (je vais vous saouler avec ça, mais c’est LE piège) ;
- Architecturer la toute fin de La Succession des Âges pour me rendre compte que, effectivement, Obsidian est la seule application à allier l’agilité et la flexibilité nécessaires pour un tel travail de construction (que j’ai réalisé à une vitesse qui m’a surpris moi-même).
Ce qu’est Obsidian
Rappel rapide : Obsidian est une application entièrement gratuite de gestion de notes reliées (ils gagnent leur vie avec des add-ons payants, principalement synchro et publication publique).
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À la base, Obsidian prend un gros dossier de fichiers texte (en Markdown, voir ce tuto rapide) – donc parfaitement transparents et lisibles même sans l’application – et va ajouter une surcouche de rendu, de visualisation et de présentation extrêmement puissante grâce à son balisage : mots-clés, liens wiki, graphe, dossiers, et surtout une architecture totalement (mais alors, totalement) ouverte. Obsidian compte plus de 2200 plugins à l’heure actuelle, et l’app est intégralement personnalisable, de son schéma de couleurs à l’emplacement des icônes en passant par la manière dont le moindre élément apparaît.
Et c’est là qu’est son énorme piège : Obsidian est tellement ouvert qu’on se perd très facilement à vouloir le personnaliser dans ses moindres détails.
Ne. Faites. Pas. Ça. Je suis tombé là-dedans pendant littéralement cinq ans (j’ai commencé à utiliser Obsidian aux alentours de juin 2020, à la 0.6), sentant que c’était l’outil que je devrais utiliser, mais incapable de l’apprivoiser avant de comprendre que j’essayais de faire trop de trucs à la fois dedans.
Pourquoi choisir Obsidian
Obsidian a, pour moi, quantité d’atouts qui en font l’outil parfait, avec l’équilibre juste de fonctionnalités, d’extensibilité et d’une fondation solide pour construire une base de connaissance censée accompagner un·e créatif·ve pour sa vie entière.
Même si Obsidian disparaît, les fichiers resteront lisibles. Vous avez déjà tenté de migrer depuis Evernote ? Voilà. Obsidian s’appuie le plus possible sur le Markdown, mais un certain nombre d’additions nécessitent forcément une syntaxe maison dans le texte ; celle-ci demeure compréhensible et utilisable même sans le support d’Obsidian. C’est sûr, c’est moins joli, un peu plus rebutant à utiliser, mais si j’ouvre mon fichier et que je vois [[Note bidule^45yhjp]]
, je sais que c’est un lien vers la Note bidule, paragraphe 45yhjp, et je peux simplement utiliser une recherche dans le texte pour trouver la chose. C’est trivial (testé sous Bear, qui ne comprend pas cette syntaxe) : Obsidian ne tient pas vos données prisonnières.
Obsidian a la meilleure expérience utilisateur qui soit. Oui, Obsidian est basé sur Electron, et oui, ça m’ennuie, mais les développeurs ont fait un travail prodigieux pour cacher la chose : menus natifs, optimisations de performance, réglages subtils d’apparence, on peut rendre Obsidian presque crédible comme app native. Mais surtout, l’expérience a été pensée au millimètre pour la rapidité d’exécution : ouvrir un fichier dans un onglet séparé, les comparer, en ouvrir un troisième, noter un truc dans un quatrième, tout se pilote au clavier avec une rapidité folle (et bien entendu configurable). Obsidian s’inspire ouvertement des environnements de développement logiciel, ou des navigateurs (avec des onglets) si ça ne vous dit rien, et le mode « onglets empilés » (le vieil Andy mode pour ceux qui savent) réplique de façon virtuelle l’idée de travailler sur plusieurs fiches étalées devant soi.
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Obsidian ne vous impose pas de manière de travailler. C’est ce qui fait peur à la plupart des gens, et en effet, c’est là qu’on trouve des trillons de tutos YouTube vous expliquant comment organiser votre vault. Liens ? Tags ? Dossiers ? Recherche ? Vous faites ce que vous voulez. Ce sont vos données. C’est pourquoi il faut absolument commencer simple.
Obsidian est confidentiel par défaut. Obsidian utilise des fichiers texte et média à la base, en local sur votre disque. Leur service de synchronisation est chiffré de bout en bout. Pas envie de l’utiliser ? Les développeurs ne vous empêchent absolument pas d’utiliser une solution tierce. Débrouillez-vous. D’ailleurs :
Les développeurs ont une approche vertueuse. Les développeurs, puis le CEO qu’il se sont choisi, Steph Ango (Kepano) ont pour but de créer un outil vertueux et respectueux des utilisateurs. Jetez un œil à sa philosophie : Files over app, In good hands, 100% user-supported. J’ai longtemps échangé avec les développeurs au temps des débuts et quand j’ai demandé si leur service de sync serait chiffré de bout en bout, la réponse a été « bien entendu ».
Et enfin, donc Obsidian est intégralement personnalisable. Je le mets en dernier car, comme dit plus haut, c’est une bénédiction et un piège. J’utilise à l’heure actuelle une cinquantaine de plugins (donc beaucoup sont des petits, en mode « qualité de vie ») et une vingtaine d’extraits de code (presque exclusivement cosmétiques pour transformer Obsidian en Bear, cf ci-dessus). Vous n’avez aucunement besoin de faire tout ça. Moi, j’ai un OCD. Vous pas. Enfin, j’espère.
Comment bien commencer avec Obsidian
Apprenez les bases du Markdown en trois minutes. C’est indispensable et vraiment pas bien difficile. Je vous le dis tout net, avec cette fermeté rude mais aimante qui fait de moi un rude habitant du bush, mais chaleureux si on apprend à me connaître : si vous ne voulez pas faire cet effort, Obsidian n’est pas pour vous. Restez-en là.
Obsidian propose une doc technique détaillée, claire et fournie. Référez-vous ici pour l’installer et le configurer. Ça n’est pas spécialement difficile, il faut juste créer un « coffre » (vault) soit un dossier qui contiendra vos données.
Ne vous perdez pas. Quasiment toutes les fonctionnalités d’Obsidian sont optionnelles et apparaissent comme plugins (modules). N’installez rien de nouveau. Je le mets en rouge parce que c’est la base pour ne pas se perdre dans l’application : n’installez. Rien. De. Nouveau. Même si ça a l’air trop génial. Le bon réflexe avec cette app, c’est : ne rien installer qu’on n’ait pas l’intention d’apprendre et utiliser. (Vous pouvez par contre vous faire une deuxième vault de test pour y mettre tous les trucs rigolos qui vous amusent – c’est même recommandé pour apprivoiser une fonctionnalité. Prenez le bon réflexe du développement : un environnement de production, un de test.) Configurez l’app avec ces notions de bon sens :
- Passez l’app en français dès maintenant (il restera des tas de trucs en anglais, notamment avec les plugins, mais ça vous simplifiera la vie pour des tas de trucs de formatage)
- Dans les préférences, vérifiez que l’éditeur est bien configuré en « Aperçu en direct » (rendu de la syntaxe Markdown comme dans un traitement de texte classique)
- Toujours dedans, dans
Fichiers
: vérifiez bien :Toujours mettre à jour les liens internes
est activéEmplacement par défaut de la nouvelle note
:Même dossier que le fichier
Utiliser les [[Wikilinks]]
est activé
- Modules principaux : n’activez QUE Explorateur de fichiers, Liens sortants, Rechercher, Récupération de fichiers, Rétroliens, Sélecteur rapide, Volets de mots-clés. Découvrez les fonctionnalités au fur et à mesure en lisant la doc et en vous demandant : « je vais vraiment utiliser ça ? » et surtout pas « wahou, ça a l’air trop cool »
- Créez un dossier qui contiendra vos médias. (Le mien est dans
Ressources/Media
). En effet, les fichiers Markdown sont du texte, donc ils ne peuvent contenir de médias, mais Obsidian peut les stocker et les rendre en direct avec une simple référence du type![[Image.png]]
(voir la syntaxe Markdown). Configurez-le dans les préférencesFichiers et liens
>Emplacement par défaut des nouvelles pièces jointes
.
Réfléchissez ce que vous attendez d’Obsidian, en fonction de vos besoins et de votre manière actuelle de travailler. Obsidian permet à peu près de tout faire moyennant un peu de recherche ou de bidouille. Définissez votre produit viable minimal pour votre système de notes. De quoi avez-vous besoin pour commencer à écrire là, tout de suite ? Selon toute logique, avec la configuration ci-dessus, vous avez déjà quantité d’outils hyper puissants (liens wiki, liens aux blocs, transclusion). Apprivoisez la chose. Mais, pour vous donner une idée, mon Obsidian remplit tous les rôles suivants :
- Capture rapide de mes idées, médias, en mobilité, incluant audio et image
- Journal personnel, avec géolocalisation (important quand on vit sur un continent et travaille sur un autre)
- Organisation et émergence créative, romans, sagas, idées diverses
- Base de connaissance personnelle (Zettelkasten)
- Base de données d’outils musique (synthés, matériel, équipement virtuel) (en cours de construction avec Dataview) (ouais, JE SAIS)
- Il est BEAU (à mes yeux) (en gros, j’ai piqué l’apparence de Bear, hein)
Tous ces rôles ne lui ont pas été échus dès le début : je le répète, mais ne tombez pas dans ce piège ! On peut gérer sa vie entière dans Obsidian, mais n’essayez surtout pas de le faire dès le début, quoi que vous dise Jean-Michel de la Win sur YouTube. Conservez vos outils actuels, concentrez-vous sans doute sur le cœur de cible de l’outil – notes et émergence créative – et, une fois que ça marche bien, envisagez peut-être d’ajouter une brique en plus (la capture rapide ? Le journal ?). Je vous le dis, j’arrive à Obsidian après cinq ans de voyage.
Et enfin, lisez et relisez la doc. Vous savez ce qu’on disait autrefois ? RTFM – Read The Fucking Manual. La doc liée ci-dessus vous donnera la base de l’approche, et ensuite, petit à petit, ajoutez des choses (une bonne habitude consiste à avoir une fiche compilant toutes les choses qu’on pourrait ou avoir envie de faire).
Et vous savez quoi ? On va donc maintenant parler d’Obsidian. Oh ouiiii.
Les inscriptions à la Masterclass des Imaginales « Du manuscrit à la publication » sont ouvertes ! avec Sara Doke et Jean-Claude Dunyach
Cette nouvelle formule à trois intervenant·es s’installe dans la durée, et maintenant sur deux jours complets ! Je suis enchanté de retourner à Épinal aux côtés de mes chers camarades Sara Doke et Jean-Claude Dunyach pour vous causer.
L’ambition de ces deux jours et de vous attraper en cours d’écriture, et de vous dévoiler l’ensuite et l’après : finaliser et corriger son manuscrit, verrouiller toutes les grandes techniques, et aborder et comprendre les relations avec le monde éditorial. Le prix reste encore cette année contenu : 120 euros avec le repas de jeudi offert.
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Ces journées de rencontres permettent à d’aspirants écrivains de passer de l’envie, à la réalisation, puis à la possibilité d’une publication.
On trouve un peu partout des propositions de masterclass d’écriture, sur Youtube, dans les publicités sur les réseaux sociaux, l’écriture est devenue accessible à tous. Mais quid de l’accompagnement vers une professionnalisation ? Peut-on se passer d’un chaînon dans l’édition ? Comment se passe la publication d’un manuscrit, comment fonctionne la publication ? Comment présenter un texte à un éditeur ?
Cette session de formation servira à vous armer face à ces questions, à vous informer, vous guider dans le chemin qui passe de la passion à la profession.
Les questions suivantes seront notamment abordées :
- Gestion de l’information, rythme, conflit… les diverses techniques fondamentales de la Votre public cible est-il adapté à votre texte ?
- Un premier jet est toujours perfectible, toujours, savez-vous prendre le recul nécessaire ? Quelle édition choisir ? Entre l’auto-édition et la publication à compte d’éditeur, un monde de différences, des obstacles à franchir ?
- Comment bien vendre votre manuscrit, rédiger un pitch, un argumentaire promotionnel ? Quels sont les droits qui encadrent l’écriture, comment lire un contrat et toucher des droits ?
Cette formation est consacrée aux jeunes auteurs qui savent déjà comment s’articule leur texte, qui ont commencé, voire terminé la narration et souhaitent se lancer dans la publication, comme à ceux qui ont une envie dévorante de s’y mettre et voudraient connaître les rouages du métier.
Selon vos désirs, nous aborderons tout ce qui concerne le monde éditorial, de l’écriture à la relecture, à la correction, à l’édition, dans un contexte de conversation entre les animatrices et les participants. Nous vous donnerons des clés et des exercices qui vous permettront d’avancer dans votre projet et d’en connaître l’avenir. Pour cela, nous préférons disposer d’un synopsis et de vos questions pour répondre au mieux à vos attentes.
Attention, nombre de place limité !
➡️ Pour en savoir plus et s’inscrire : télécharger le dossier 2025.
La photo de la semaine : Cathédrale des arbres
Le Micro Journal, une alternative ouverte, soutenue, indépendante et moins chère aux machines Freewrite
Je ne laisserai jamais Freewrite s’en tirer à bon compte concernant la mise à jour impardonnable de leur clavier, mais il se trouve qu’ils ont tapé juste dans un vrai besoin : écrire sur autre chose que l’ordinateur avec lequel on crée des macros Excel. Plusieurs alternatives ont fleuri sur le marché, mais j’ai envie de dire, à l’heure actuelle, n’allez pas chercher plus loin que le Micro Journal.
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Le Micro Journal est développé par Un Kyu Lee, un gars adorable tout seul dans son garage, qui a tout conçu, du code à la coque qu’il imprime en 3D (avec des couleurs rigolotes, en plus). Clairement, il aime ce qu’il fait, il y a réfléchi comme personne, et en plus, il vend ça une misère comparé à Freewrite ! Il est d’une gentillesse et d’une disponibilité à toute épreuve (il a conçu le pilote pour le clavier français du Mac incluant ses caractères spéciaux, jusqu’aux espaces insécables, en totale collaboration avec moi, m’envoyant une demie-douzaine de bêta versions jusqu’à ce que tout soit parfait) et il assure un véritable suivi de son produit.
En gros, l’inverse de Freewrite : le Micro Journal est mieux, et moins cher. Que vous dire ?
Parmi les spécificités du Micro Journal, il propose
- Un stockage sur carte SD
- Une synchro avec Google Drive (moyennant un script à installer, mais tout est décrit pas à pas)
- La possibilité de déplacer son curseur avec les touches flèches du clavier (risquant de donner envie de corriger son texte à la volée, donc attention, mais ça n’est pas non plus une suite complète d’édition, pas de copier-coller par exemple, et c’est voulu)
Sachant qu’il faut se procurer séparément la batterie (Un Kyu Lee ne peut pas la joindre à la machine pour des raisons de règlementation), mais c’est un modèle standard on trouve sans aucun mal sur Internet (et au pire, on fait marcher la machine en filaire).
Le Micro Journal existe en quatre versions « mûres » qu’il convient de comparer pour choisir le meilleur usage (ou alors, toutes les acheter, je ne juge pas) (personnellement, je suis déjà équipé en FW, mais j’ai aussi une v5) :
La Rev 5 (139 $US) propose juste un écran LCD auquel on branche son clavier.
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L’intérêt est évident… utiliser son propre clavier. J’ai pu recycler un vieux clavier Mac sans Touch ID avec un câble USBA → Lightning et grâce à notre travail conjoint, Un Kyu Lee dispose donc à présent d’une variante de son firmware avec le clavier français belge spécifique employé par les Macs. N’hésitez pas à lui demander cette variante à la commande si vous le souhaitez (le taf est fait, je n’ai pas de commission, je veux juste le remercier pour sa gentillesse et son boulot génial).
La Rev 2 (289 $US) est l’équivalent de la Freewrite Traveler pour JUSTE TROIS FOIS MOINS CHER. (Traveler : 807 $)
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Avec le même écran LCD, et la capacité, bien évidemment, de changer la disposition des touches ET les touches elles-mêmes. La machine qu’on plie et balade partout.
La Rev 6 (179 $US) se place un peu sur le créneau de la Freewrite Alpha. Petit, portable et avec l’écran LCD de la v5.
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La touche d’espace ne plaira pas forcément, mais le but de cette machine est d’offrir une alternative à la machine « à clapet » façon Freewrite Traveler, dans une forme transportable, et ça coûte littéralement une misère quand on compare aux Freewrite. Là aussi, évidemment, on peut changer le clavier.
La Rev 7 (339 $US) est l’équivalent exact d’une grosse Freewrite, pour… là aussi, TROIS FOIS MOINS CHER. (Freewrite Gen3: 1050 $)
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Celle-ci est clairement la rolls, avec un écran à encre électronique et une bonne grosse coque qui fait lourd et sérieux, alliant l’approche machine à écrire avec la technologie contemporaine. Et vous avez vu, on peut relever l’écran pour ne pas se tordre la nuque… HEIN, FREEWRITE
Et sinon, vous n’avez pas envie de payer la main d’œuvre ? Un Kyu Lee vous propose les composants de base, à vous d’assembler ça vous-même si vous avez envie. Tout est open source !
Des concurrents vont apparaître en production en 2025 sur ce créneau, mais franchement, on ne peut pas pousser éternellement le concept de la machine à écrire, surtout quand le but est d’avoir un appareil volontairement simple pour favoriser la concentration. En ce qui me concerne, Un Kyu Lee a pensé à tout ce qu’on peut demander, développe ses appareils de la façon la plus vertueuse que je puisse imaginer, et elles coûtent une bouchée de pain en comparaison des Freewrite.
Bref, si vous voulez vous équiper en machines à écrire connectées, achetez ça.
Procrastination podcast s09e11 – Premières soumissions et choix d’une maison d’édition
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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e11 – Premières soumissions et choix d’une maison d’édition« .
Procrastination rappelle souvent l’importance de choisir une maison d’édition capable de porter au mieux le projet que l’on désire, mais cela semble difficile quand on est primo auteur. Peut-on vraiment choisir ? Comment ?
Estelle parle de l’approche tactique en termes de soumissions à adopter, et rappelle qu’une carrière se construit avec le temps ; que l’on fait constamment le choix de son édition. Les horizons sont peut-être plus limités au début, mais cela n’empêche pas de choisir ce qu’il faut pour un projet donné, et d’évoluer si nécessaire par la suite.
Mélanie insiste sur le fait qu’on apprend aussi avec le temps ; et rappelle que le temps de l’édition est différent de la création. Quand elle a commencé à écrire sérieusement, aucune des collections de ses premiers ouvrages n’existaient.
Lionel rappelle en effet l’importance de la patience dans le métier et livre sa chronologie professionnelle pour montrer le temps qui peut être nécessaire pour parvenir créativement où l’on souhaite (15 ans dans son cas).
Références citées
- Léa Silhol
- L’épisode « précédent » est souvent cité dans cette conversation, mais il fait référence au s09e09 (Devenir professionnel·le de l’écriture, trois récits), enregistré juste avant (mais dans la diffusion, le s09e10 est le troisième volet de l’enregistrement à l’Ouest Hurlant)
- Jean-Philippe Jaworski
- Obscure Mag’
- Les éditions Don Quichotte
Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :
Bonne écoute !
La photo de la semaine : Drôle de billard
Un boss de boîte d’IA prétend que les gens n’aiment pas faire de musique, sans doute parce qu’il n’a pas d’âme
Ces gens me fatiguent.
Mikey Shulman, président de Suno, justifie son pillage modèle économique en prétendant la chose suivante :
I think the majority of people don’t enjoy the majority of the time they spend making music. (Je crois que la majorité des gens n’apprécient pas la majorité du temps qu’ils consacrent à créer de la musique)
Peu importe que l’espèce humaine en crée depuis LITTÉRALEMENT LA NUIT DES TEMPS, hein. Peu importe que les enfants chantent à tue-tête et adorent les clairons et les tambours offerts par des amis de la famille aux intentions troubles. Peu importe que l’histoire n’ait pas attendu l’arrivée de Suno pour donner Beethoven et Jean-Michel Jarre.
« Je ne crois pas que les hommes préhistoriques qui dessinaient des déesses de la fertilité sur des cavernes aimaient tellement faire ça, en vrai » – Mikey Shulman aussi, j’imagine
L’intérêt de la création est dans le voyage. L’intérêt de la vie, oserais-je, est dans le voyage ; c’est pour ça qu’on aime prendre cher dans Demon’s Souls. Je doute que Shulman ait jamais joué de quoi que ce soit dans sa vie, parce que même moi, qui suis un claviériste totalement dégueulasse, je m’amuse à tripoter les touches, et si le temps de la création peut être difficile, il est enrichissant.
Il est même probablement enrichissant parce qu’il peut être difficile ; c’est la fondation même de la sensation d’accomplissement (conquérir la difficulté).
On n’aurait jamais dû laisser ces compteurs de haricots s’approcher de près ou de loin de l’art et de leur pratique qu’ils ne comprennent visiblement pas. Notre société, gangrénée par son aspiration à ses quinze secondes de gloire, veut parvenir à des résultats, à des récompenses, en imaginant que produire un banger avec un prompt va a) faire d’eux des artistes, leur donnant une identité dont ils attribuent justement la valeur à l’accomplissement ci-dessus, ce qui génère nécessairement un mensonge intérieur b) leur donner le succès et par voie de conséquence c) valider toute la démarche, sauf que la validation se trouve d’abord dans la réalisation et non dans la reconnaissance d’autrui –
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Dans l’absolu, les outils facilitant la création (des instruments au sens large, allant dudit clairon au séquenceur aléatoire) sont des aides providentielles pour donner à la vision humaine la capacité de s’exprimer. Mais cette vision, pour être respectée, nécessite un travail incompressible, parce qu’elle est inhérente à la personnalité de l’individu, ce qui n’est pas réplicable ni automatisable. J’ai un copain australien, père de deux enfants, extrêmement occupé dans son quotidien, avec une main en vrac l’empêchant de jouer de quelque chose, qui a utilisé Suno pour construire un album de métal en écrivant ses textes de A à Z puis en générant quelques 200 versions pour parvenir à un résultat qui lui plaisait.
De son propre aveu, ça été un boulot immense pour parvenir à un résultat qu’il a filtré et décidé. (Je m’insurge contre l’absence de régulation des entreprises d’IA, mais je ne le voue pas aux gémonies en tant que personne – il ne se considère de toute façon pas comme compositeur ni star internationale.)
Notez bien. Textes originaux. 200 versions. Pour être content à l’arrivée.
Hmm.
Je verrais bien là une ironie pour Mikey Shulman, mais quoi…
Pour la peine, je remets ça là, tiens.
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Départ définitif de Meta d’ici fin février – plus de posts à partir de maintenant
Meta est un cancer pour l’humanité et la société, une entreprise malfaisante dont les pratiques et la culture sont irrécupérables. Récemment, Mark Zuckerberg a annoncé la fin de son programme de fact-checking et l’autorisation de formules et contenus déshumanisantes en droite ligne avec le gouvernement trumpiste, ouvrant grand les vannes à la désinformation. Rappelons aussi certains faits d’arme de cette merveilleuse entreprise au fil des ans parmi les plus notables (parce que la liste est interminable) :
- Les algorithmes de Facebook ont activement encouragé le génocide des Rohingyas au Myanmar ;
- Meta sait qu’Instagram est toxique pour la santé mentale et l’image des jeunes filles ;
- Meta manipule ses algorithmes de façon partiale ;
- On se souvient du scandale Cambridge Analytica ?
- De manière générale, l’usage de Facebook a un impact négatif sur la santé mentale.
Et dans un genre plus mineur, rien que la semaine dernière, il a été révélé que Meta a téléchargé illégalement environ 90 To d’œuvres littéraires pour nourrir son modèle de langage ; plus rien n’étonne, nous sommes totalement désensibilisés.
C’est une entreprise criminelle et pourrie jusqu’à l’os qui a confisqué, monétise et manipule l’une des activités les plus fondamentales de l’humanité : le lien social.
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Je ne crois pas à l’argument fréquemment asséné comme quoi il faudrait rester sur ces réseaux pour y combattre les notions (je refuse de parler d’idées) qui s’y propagent. C’est une entreprise sans fin, qui fait le jeu des adeptes du sealioning, et l’exode en masse de X (laissant globalement l’extrême-droite dans une chambre d’écho) a montré que priver les notions néfastes d’oxygène, les empêcher de se propager, de réagir, ne pas les débattre mais les refuser en bloc, peut fonctionner.
Mais, Davoust, les gens ont bien le droit de s’exprimer comme ils veulent, non ? Tu vas rester dans ta bulle de filtrage ? Et la liberté d’expression, alors ?
La liberté d’expression doit impérativement s’accompagner d’un autre droit : la liberté d’information, et l’un ne peut pas fonctionner sans l’autre (merci Heather Marsh). Or, en arrêtant le fact-checking, Meta s’assure bien qu’il soit impossible d’accéder au second. L’algorithme de Meta a toujours été opaque, et l’entreprise peut donc vous présenter (comme depuis toujours) ce qui l’arrange sans que vous ne sachiez pourquoi ni comment. Cette opacité est évidemment en droite ligne avec des intérêts privés, qui ne sont pas les vôtres, ni ceux d’une population éclairée en possession de son destin.
C’est inacceptable, surtout vu l’état du monde et ce qui se passe depuis l’investiture de Donald Trump. (Cf la menace du dark enlightenment)
Notez bien que ça n’est pas, comme mon départ mal articulé en 2020, d’un refus total de toute forme de réseau social. Les réseaux restent un salon littéraire permanent, mais face à ce qui se passe, le confort de la chose est totalement négligeable face à la destruction collective opérée par Meta et l’impunité quasi-totale dans laquelle l’entreprise opère.
Le problème n’est pas le concept de réseau, la mise en contact de toutes les expressions possibles, mais l’opacité de leur fonctionnement, la conception d’algorithmes visant à retenir l’attention et promouvoir la dissension, et l’absence totale de contrôle de l’utilisateur·ice sur ce qui lui est présenté.
Je refuse de continuer à faire partie de ce système, et refuse dorénavant tout système algorithmique sur lequel je n’ai pas une information et/ou un contrôle suffisants. Pour cette raison, Bluesky – avec sa vue chronologique par défaut et ses outils de filtrage très puissants – ou Mastodon sont des alternatives tout à fait convenables, et j’ai même beaucoup de plaisir à utiliser Bluesky (où une grande partie de la profession a déjà migré).
Je ne quitte pas les réseaux, je quitte les algorithmes. Et plus rien d’estampillé Meta n’approchera ma vie publique1.
Comment suivre à partir de maintenant ?
Si vous voulez me faire l’honneur de continuer à me suivre, merci ! Cela recentre simplement les canaux (ce qui n’est pas un mal non plus) :
- La meilleure voie reste ici, ce site, c’est à moi, c’est chez moi, j’y serai toujours ;
- Avec sa newsletter mensuelle et/ou ses notifications de nouveaux articles envoyés par mail ;
- Et Bluesky, donc.
- C’est plus compliqué de faire migrer les contacts de WhatsApp à Signal, mais je m’y emploie. ↩
La photo de la semaine : Pas la Polynésie
Mais la baie de Melbourne en été.