La contagion ne prend pas

Contagion. Un casting de malade : Marion Cotillard, Matt Damon, Laurence Fishburne, Jude Law, Gwyneth Paltrow, Kate Winslet. Steven Soderbergh aux commandes. La menace d’un virus qui décime la planète, la promesse d’une tourmente humaine, de sentiments forts, de désespoir, de fraternité, peut-être d’une rédemption. Panique, angoisse. La perspective de se faire peur, d’être ému, choqué, bref de vibrer au premier degré de façon très assumée, et peut-être au second si le film le permet.

Sauf que non.

Contagion, c’est simple. C’est l’histoire de types, y a un virus, et puis ils meurent.

Et on s’en fout.

Le scénario tente le pari des récits croisés, chacun explorant un fil de la confrontation face à un fléau médical d’une rare violence, qu’il s’agisse du médecin confronté à sa propre déchéance, de l’OMS s’efforçant de réagir au plus vite, du père de famille mystérieusement épargné par la maladie qui décime les siens, du blogueur activiste un peu ripou sur les bords qui oppose à la voix des spécialistes celle de la multitude désinformée d’Internet. Chacun réagit à sa manière face à la menace, à la peur, à la désagrégation de la société confrontée à sa possible extinction. Le lecteur de bon goût est ramené par exemple à Spin de Robert Charles Wilson dans le traitement de cette thématique. Et Contagion propose des points de vue intéressants et d’une modernité plutôt bien trouvée, sans compter que – pour une fois – l’aspect scientifique est traité plutôt correctement.

Sauf que jamais, la mayonnaise ne prend, ne restant qu’un empilement de fils narratifs à peine ébauchés, où l’investissement ne naît jamais, où les problématiques pourtant prometteuses demeurent égratignées, et où les tentatives de tirer sur les cordes émotionnelles du spectateur résonnent à vide. Kate Winslet est evoyée évaluer la maladie sur le terrain, on la suit dans ses déplacements, et puis à un moment, elle tombe malade. Elle a très très peur, et on la comprend. Mais on s’en balance total. Marion Cotillard, autre experte, est prise en otage pour que l’acheminement d’un possible remède devienne prioritaire vers un village de la campagne chinoise. Elle s’attache aux villageois. D’otage, elle devient pilier de la communauté. Mais on n’en voit rien, on n’en sait rien, et le verdict devient en conséquence le même : on s’en balance. Comme de ses villageois, probablement très sympathiques, mais inconnus au bataillon scénaristique. Pourquoi, demande-t-on à la narration, dois-je me soucier de tout cela ? Parce qu’ils sont en danger ? Ça ne suffit pas. Les personnages sont en carton-pâte, sans attaches – ou éventuellement stéréotypées – ce qui suscite rarement plus qu’un « ah ben c’est quand même moche » quand les victimes commencent à s’entasser.

En fait, à son corps défendant, Contagion est une parfaite démonstration d’un travers honteux mais réel de la nature humaine, exprimé avec une clairvoyance d’une cruauté glaciale par Staline : un mort, c’est une tragédie, un million, c’est une statistique. C’est scandaleux, c’est détestable, mais c’est vrai. Et la fiction porte des drames, pas des statistiques. Sans personnages, sans discours, sans fils narratifs forts, Contagion échoue là où un film comme Collision réussit magnifiquement avec une envergure bien moindre dans les enjeux. Le récit de Soderbergh aurait mérité une ou deux trames narratives de moins, un parti pris clair sur les thèmes à traiter, un choix, pour sensibiliser le lecteur au propos qu’il voudrait tenir. Si seulement il en avait un.

Mais à vouloir être partout, Contagion n’est nulle part. On n’en ressort pas scandalisé, mais pas ravi non plus. On se dit qu’on a vu un récit sans âme, pas tellement creux, mais pas tellement consistant quand même. Contagion, finalement, c’est ça : pas tellement grand-chose.

2011-11-23T12:13:35+01:00mercredi 23 novembre 2011|Fiction|Commentaires fermés sur La contagion ne prend pas

L’Agence ment

J’ai récemment eu la chance de faire deux vols longs courrier, et c’est l’occasion idéale pour rattraper les films qui vous faisaient de l’œil à la bande-annonce, mais sur lesquels vous n’avez pas reçu suffisamment de retours – ou éprouvé assez de motivation – pour faire l’effort d’aller les voir. Parmi ceux-là, et sortis à un mois d’intervalle en début d’année, L’Agence et Code Source, deux longs-métrages à l’argument dickien (le premier est adapté de la nouvelle « Rajustement » du maître, le réalisateur du second déclare clairement ses influences), mais avec un habillage relativement grand public. Alors c’est du réchauffé, je sais, mais c’est aussi l’occasion de revenir sur des récits qui ont pu passer inaperçus, à tort.

Ou, dans le cas de L’Agence, à raison.

David Norris a tout pour être heureux. Le plus jeune sénateur de l’état de New York brigue un poste de sénateur ; enfant des quartiers pauvres, impulsif et bagarreur mais aussi droit et franc, c’est le chéri de l’opinion publique. Rien ne semble arrêter son ascension.

Un soir, par un concours de circonstances, il rencontre Elise, une jeune femme dont l’humour à froid le séduit aussitôt. Le coup de foudre est immédiat et mutuel. Mais une mystérieuse faction, constituée d’hommes en costumes neutres, aux chapeaux un peu surannés, se ligue pour empêcher leur histoire. Car celle-ci dévie du « plan » établi pour l’humanité par un certain « Grand Patron » dans le plus grand secret.

L’esthétique un peu décalée des drôles de représentants de cette « agence » et l’usage du célèbre effet papillon appliqué aux actes du quotidien – par une succession de coïncidences, David et Elise pourraient devenir des acteurs majeurs de l’histoire de leur pays – laissaient promettre une atmosphère oppressante, un combat désespéré pour le libre arbitre avec, au passage, quelques ouvertures semi-philosophiques ou quelques jeux amusants sur l’identité de ce fameux « Grand Patron ». Après tout, Matt Damon avait déjà joué un Jason Bourne sévèrement bourné (pardon) avec une thématique semblable : l’homme seul contre un pouvoir qui le dépasse dans la conquête de sa liberté. C’était du thriller pur, ça tirait davantage que ça ne discourait mais c’était bien fichu, et Bourne, cible des agences du monde entier, parvenait à générer la sympathie.

Mais L’Agence ne décolle jamais. Au contraire, le scénario semble scrupuleusement éviter toute réflexion – et même tout jeu – dépassant le manichéisme gentillet du « j’aime la fille, mais les méchants, y veulent pas ». Cette belle idée de ces agents influant discrètement sur l’histoire humaine ne sert que de toile de fond à une histoire d’amour finalement dénuée d’enjeu, parce que se déroulant entre deux personnages bidimensionnels. Il y avait pourtant une ouverture sur le confort qu’apporte un couple contre la réalisation personnelle qu’on lutte pour atteindre dans la solitude, mais c’est abordé comme une simple péripétie.

L’univers proposé – l’hypothèse imaginaire – ne rattrape pas cette absence de profondeur : les agents présentent des pouvoirs tour à tour surpuissants (laver le cerveau des humains, ajuster leurs émotions, une télékinésie à rendre jaloux David Copperfield et j’en passe) et se montrent d’une ineptie surprenante dans certaines prises de décision, ou bien incapables de rattraper un type à pied alors qu’ils peuvent cavaler derrière un bus sur plusieurs pâtés de maisons. Le Grand Patron ne sera jamais explicité, pas plus que cette société d’agents séculaires fatigués dont certains doutent de leur mission.

J’avoue n’avoir pas lu « Rajustement » et j’ignore si ces défauts sont présents dans la nouvelle d’origine – malgré tout le respect et l’admiration que j’éprouve pour Dick, il faut convenir que certains de ses textes courts ne vont pas au-delà de l’idée géniale et manquent d’une vraie histoire pour la porter. Quoi qu’il en soit, L’Agence aurait pu élargir son propos sans aucune difficulté, le placer dans un contexte plus vaste et, par retour, donner du poids à la romance contrariée au centre de l’histoire ; mais le film s’y refuse très scrupuleusement. En conséquence, le sort de cette relation reste parfaitement anecdotique et ne suscite pas d’intérêt.

L’ennui s’installe donc et ce n’est pas le twist final – visible à trois kilomètres – ni le discours convenu qui l’accompagne qui rattraperont la sauce. On ne passe pas forcément un mauvais moment, mais on ne vibre pas, ne s’inquiète pas, ne réfléchit pas. C’est un film inodore et sans saveur, facilement digeste, loin des atmosphères anxiogènes teintées d’absurdité qui font la patte de Dick ; il roule sur des rails convenus, ce qui ne manque pas d’ironie. Sur une thématique proche, il y aura potentiellement mieux à faire de deux heures de son temps, par exemple tenter Code Source (chronique à venir).

2011-12-17T10:32:13+01:00lundi 24 octobre 2011|Fiction|6 Commentaires

Bonjour tentacule

Petit instant fanboy : cette année, nous apprennent les éditions Sans Détour, c’est le trentième anniversaire du jeu de rôle L’Appel de Cthulhu, tiré évidemment des oeuvres d’Honoré Patricia Lovecraft. Pour l’occasion, Sans Détour a publié une épaisse édition commémorative du « vrai » jeu, celui que les purs et durs connaissent, basé sur le système Chaosium, pas la trahison d20 à base de « j’ai un investigateur niveau 5 ». Sauf que nous avons en France le bonheur de profiter d’une réelle édition de passionnés, dont le système a été refondu pour en corriger les défauts, dont le contenu est augmenté avec des ajouts vraiment utile pour le jeu et dont la maquette intérieure est juste à tomber par terre (et je ne dis pas ça parce que Christian Grussi, directeur artistique et éditorial, est un copain : ceux qui ont tenu Asphodale entre les mains ou les bouquins d’Extraordinary Worlds Studio connaissent la qualité de son boulot).

Alors oui, je n’ai pas le temps de jouer, oui, j’ai déjà 42 éditions de Cthulhu RPG, en français, en anglais, en moldovalaque, j’ai Cthulhu à la plage, Cthulhu cadre supérieur, Cthulhu Vs. Hello Kitty, mais, franchement, comment résister :

2011-09-15T10:13:45+02:00jeudi 15 septembre 2011|Geekeries|12 Commentaires

Amoureux du silicium

Et non du silicone, hein. Évidemment. D’ailleurs, c’est un faux ami bien traître et bien connu en anglais : la Silicon Valley n’a rien à voir avec l’ex-décolleté de Pamela Anderson, mais avec des puces. (Non, ça n’a pas plus de rapport avec Pamela Anderson, quoi ! Enfin ! Sérieux !)

Sachant que je risque d’être assez souvent d’être en déplacement pour la sortie de Léviathan : La Chute, il devenait urgent de pouvoir conserver mon mail dans ma poche, et j’avais également besoin d’être capable de mieux alimenter les réseaux sociaux – ce que, malgré ma résolution, je n’ai jamais vraiment fait en salon au cours de l’année passée. La faute à l’interface pourrie et aux applications lourdingues de mon acquisition précédente, le Samsung Wave (apprécié par la critique pour des raisons que je ne m’explique pas).

Enter mon amour du moment : Le HTC Desire Z – reçu il y a trois jours – est déjà une bouffée d’air frais et tout ce que j’espérais d’un smartphone. Le clavier coulissant permet à mes gros doigts de taper des messages intelligibles sans passer par l’écran tactile, où tous les T9 du monde ne sauraient corriger ma saisie de hpbkitz en bonjour, la synchro avec le compte Google est juste magique – agenda, dix ans d’historiques de mails directement accessibles dans le cloud -, les applications pour réseaux sociaux sont simplissimes et immédiates d’emploi. Et puis, hé, il y a un émulateur de Super Nintendo dessus (et je me suis aussitôt empressé d’installer Chrono Trigger).

Certes, j’ai vendu mon âme à la firme de Mountain View, mais zut, leurs applications sont quand même tellement bien pensées – avec, aussi, une ouverture sur l’extérieur qu’il faut saluer. J’ai pu transférer tous mes mails sur la plateforme GMail, mais en conservant mon adresse sur LD.com – est-ce qu’Apple aurait proposé un truc pareil ? Hein ? Non, je suis sûr qu’on m’aurait demandé d’ouvrir un compte en ld@iamapplesbitch.com. C’est aussi un des arguments de vente majeurs de ce HTC : ce n’est pas un iPhone.

Oui, je suis de 100% mauvaise foi. Non, plutôt 45%, à vrai dire. Apple se comporte mal.

Allez-y, balancez les flames, j’ai un parapluie en kevlar inoxydable, j’ai même pas peur.

2011-09-06T11:30:06+02:00mardi 6 septembre 2011|Geekeries|22 Commentaires

Dix choses indispensables que m’a appris Mega Shark Vs. Giant Octopus

Auguste lectorat, tu connais mon amour immodéré pour la faune marine (et, je l’espère, ma modeste compétence en la matière). Mais j’ai vu Mega Shark Vs. Giant Octopus et j’ai compris la vérité. L’océanobiologie n’a rien à voir avec ce que je croyais avoir appris, avec ce que j’avais expérimenté. Surtout quand un mégalodon et un kraken géant emprisonnés depuis des milliers d’années se trouvent libérés brutalement et foutent le dawa à travers le monde, traumatisant la navigation et les habitations côtières. Heureusement, un biologiste marin, ça sauve le monde. Et ça se tape son homologue dans le placard à balais.

Voici dix leçons qui, un jour, te sauveront la vie.

10. Les supérieurs de l’armée te gueulent tous dessus et font la tronche (mes condoléances pour la perf’, Lorenzo Lamas).

9. Dès que la glace qui emprisonne un organisme se brise, il reprend direct son activité comme s’il ne lui était rien arrivé. (Au secours, j’ai peur de mes surgelés.)

8. À en juger par le morceaux de chicot laissé dans le cadavre de baleine au début, les requins géants n’ont pas des dents, mais des vilebrequins.

7. Tous les profs de biologie marine à la retraite disposent à la maison d’un iMac 28 pouces, d’une banque de données crocs & dentition complète de la faune mondiale et d’un spectrographe de masse que leur labo n’aurait jamais eu les fonds de se payer en vingt ans d’allocations de fonds.

Ah, tu tombes bien, j'étais en train de craquer le serveur du Pentagone.

6. Je l’avais pressenti en regardant Les Experts, j’en ai la confirmation : la science se résume exclusivement à mélanger des liquides dans des béchers sur fond de musique lounge dans une atmosphère tamisée en attendant qu’un truc vire au fluo. (Et si c’est vert, c’est très puissant.)

Soit c'est un très grand bureau, soit on a filé à ces pauvres gens de toutes petites chaises.

5. D’ailleurs, si tu ne trouves pas la solution à ton problème, envoie-toi en l’air dans le placard à balais et ça te viendra par magie. Je savais bien que j’aurais dû faire une thèse.

4. Un requin capable de nager à 800 km/h pour traverser l’Atlantique à toute berzingue n’est malgré tout pas foutu de rattraper un sous-marin de poche. Il était nucléaire, faut dire, et le nucléaire, c’est cool.

Le Crétacé était une époque tellement peu évoluée que les animaux avaient tous moins de polygones qu'aujourdhui.

3. D’ailleurs, les biologistes marins sont des têtes brûlées qui chouravent des sous-marins nucléaires de poche à l’armée pour aller passer du Beethoven aux baleines en migration. (Je jure que je n’invente rien.)

2. Pour atteindre une cible sous-marine, tire au canon anti-aérien. (Puis étonne-toi que ça foire.)

1. Tous les cuirassés américains et japonais ont le même plan intérieur, seul l’éclairage change.

"Mais qu'est-ce qu'on fout dans un data center ?" "C'est la passerelle d'un cuirassé, alors ta gueule."

"Mais qu'est-ce qu'on fout dans une laverie ?" "ON A DIT QUE C'ÉTAIT LA PASSERELLE D'UN CUIRASSÉ FFS§§§"

Allez, une petite bande-annonce ?

2011-07-07T16:23:01+02:00jeudi 7 juillet 2011|Fiction|18 Commentaires

Quelques jours après Google+

Google+ a été lancé et je fais partie (merci Mildred) des heureux (mais de plus en plus nombreux) beta-testeurs de l’application. Après une petite semaine d’utilisation, que peut-on exactement dire du truc ?

Bah c’est pas mal. C’est vraiment pas mal.

Déjà, qu’est-ce ? Un réseau social « de plus », mais construit à la Google, c’est-à-dire avec une certaine idée de la légereté dans l’interface, beaucoup de fonctionnalités bien pensées, et d’autres plus puissantes, mais cachées pour ne pas faire peur à l’utilisateur lambda.

Ce n’est pas une énorme révolution, mais c’est un outil élégant et léger, ce que ni Facebook (avec sa tonne d’applications et de jeux débiles – oui, je te regarde, Farmville -, mais qui ont – admettons-le – fait le succès de la plate-forme) ni Twitter (avec son côté volatile, qui est à la fois la force et la faiblesse du réseau) ne sont. G+ prend les meilleures idées des deux réseaux, y greffe quelques concepts qu’on peut qualifier de fondamentaux en cette ère d’interrogation du concept de vie privée, optimise le tout et le sert à l’utilisateur avec une interface connue.

Amitiés asymétriques

Sur G+, le concept de contact est asymétrique, comme sur Twitter. Contrairement à FB, où deux contacts doivent se déclarer mutuellement « amis » pour partager du contenu, l’ajout d’une personne sur G+ ressemble au « suivi » à la Twitter. C’est-à-dire que si je veux suivre, mettons, Sa Sainteté Tenzin Gyatso, 14e dalaï-lama, présent sur Twitter (ben oui, ), celui-ci n’est pas obligé en retour de confirmer qu’il s’intéresse à ma fascinante actualité (j’en soupire de regret, mais je me ferai une raison). En revanche, lui peut ajouter Benoît XVI et organiser une tea-party autour du concept de transmigration des âmes.

C’est là que G+ se démarque principalement de son principal concurrent : chaque contact que l’on ajoute doit être affilié à un cercle social. Ceux-ci sont définissables par l’utilisateur, mais le réseau distingue de base les amis, la famille, les connaissances et les personnes que l’on veut suivre. Et c’est là la beauté de la chose : chaque contenu que l’on souhaite partager – photos, statuts, liens – doit l’être expressément avec le ou les cercles souhaités. Ainsi, le contrôle du contenu est intégré de base à G+, au contraire de Facebook. Bien sûr, ce n’est pas la panacée : un utilisateur indélicat qui a accès à vos posts peut, dans une certaine mesure, les repartager à l’extérieur (si vous n’avez pas désactivé la fonction idoine). Mais c’est un grand pas en avant, principalement dans l’éducation des utilisateurs – or, comme on dit en informatique, PEBKAC (Problem Exists Between Keyboard And Chair) : le facteur humain est le premier talon d’Achille de tout système d’information.

Apparence d'un profil G+ (OK, le mien, mais là, je sais que j'ai l'autorisation...)

Pareil mais mieux

G+ ne déboussolera pas les utilisateurs de FB avec des fonctions identiques, mais mieux conçues :

  • Le « Like » s’appelle +1 sur G+ ; il se lie également de manière transparente au « +1 » que le moteur de recherche a intégré à ses résultats. En d’autres termes, c’est une façon plus rapide de partager du contenu. On pourra bien sûr reprocher à Google d’asseoir un peu plus sa domination sur le web en devenant une centrale de consultation et non un intervenant neutre.
  • Le partage et le téléversement de photos est encore plus facile que sur FB grâce au cliquer-déplacer.
  • G+ permet de formater ses messages avec du gras, de l’italique, du barré ; ça ne sert pas à grand-chose, donc c’est indispensable.
  • La zone de notifications vous annonçant de vos dernières actualités G+ (qui vous a ajouté, qui a commenté sur vos posts) est à la fois claire et concise ; elle est utile, alors que celle de FB, classée en trois zones (ajouts, messages privés, notifications proprement dites) devient vite submergée et donc inutilisable.

G+ propose d’autres fonctionnalités mobiles, un chat vidéo à plusieurs dont on loue les mérites un peu partout, mais j’avoue n’avoir pas encore joué avec.

Quel intérêt ?

Par Simon « Gee » Giraudot du Geektionnerd.

Ben oui, hein ?

Indépendamment du fait que je n’ai jamais porté FB très haut dans mon coeur en raison de ses nombreux scandales relatifs à la vie privée, G+ me semble une évolution à la fois nécessaire et bien pensée du concept de réseau social. C’est particulièrement intéressant dans le cas d’un auteur ou créateur, qui se trouve à mêler dans le même outil famille, amis proches, contacts professionnels et lecteurs ; le profil étant donc semi-pro, il est nécessairement empreint d’une certaine réserve de parole, ce qui empêche d’employer librement l’outil à des fins privés. Sinon, il faut deux profils – je connais des auteurs qui le font -,  employer des listes de contacts – ce qui est fastidieux -, ou se construire une « fan page » distincte – ce à quoi, personnellement, je me refuse énergiquement. Mais le problème se pose de façon plus générale à tous ceux qui ont, dans la même liste d’amis FB, leur conjoint et leur patron1

Par son système de cercles, G+ permet donc de centraliser dans un seul outil plusieurs types d’interactions sociales parfois incompatibles entre elles, ce qui est, il me semble, une première – en tout cas la première fois que la notion forme le fondement même de l’application et non une fonctionnalité optionnelle. Or, dans cette époque où nous vivons submergés par des flux d’information de toute nature qui accaparent notre esprit et exigent notre temps, la simplicité et la réduction du nombre de canaux de communication devient un impératif vital. Disposer d’un seul outil pour tout faire nous place dans le risque de devenir dépendants d’un monopole mais, en attendant, procure une efficacité salutaire.

Et maintenant ?

C’est un réseau social de plus, mais c’est Google. Le réseau étant encore très jeune, la fréquentation est basse et aucun outil social (TweetDeck, HootSuite, plug-ins WordPress…) n’est compatible pour l’instant, ce qui complique son usage dans une optique d’animation de communauté. Il me semble cependant qu’un auteur ou un créateur connecté aurait tout intérêt à y entrer au plus tôt pour se familiariser avec l’outil et son atmosphère. Et puis, on s’amuse ; ce n’est pas tous les jours qu’on peut assister à la naissance d’un potentiel phénomène Internet. 

Si vous êtes inscrit(e) sur G+, je suis facile à trouver avec mon nom. Et si vous désirez une invitation, je peux peut-être en fournir (mais pas sûr, les quotas d’inscription obéissent à des règles un peu nébuleuses) : envoyez-moi un mail avec comme sujet « Invitation G+ » et je vous en enverrai une à l’adresse d’expédition.

Nous allons maintenant voir si Google va encore se ramasser comme avec Buzz et Wave, ou si cette fois est la bonne…

  1. Si c’est la même personne, félicitations : vous avez tout compris au capitalisme moderne.
2011-07-08T15:49:07+02:00mardi 5 juillet 2011|Geekeries|18 Commentaires

Fantasy Stars sur Nolife

Une petite info sympa en passant qui t’intéressera certainement, ô auguste lectorat : à partir du 6 juin sera diffusé sur la chaîne Nolife (et le site de la chaîne) une série d’émissions dont le titre est plutôt explicite : Fantasy Stars : auteurs de fantasy et gamers. Les cinq auteurs concernés se sont livrés au jeu de l’entretien pour révéler un peu leur vie de joueur en plus de celle d’auteur. Il s’agit de :

  • David Calvo
  • Fabrice Colin
  • Mélanie Fazi
  • Mathieu Gaborit
  • Laurent Genefort
2011-05-16T15:31:08+02:00lundi 16 mai 2011|Geekeries|14 Commentaires

Transposition réussie pour Le Trône de fer

Quatre épisodes venant d’être diffusés aux États-Unis, il devient possible d’avoir un peu de recul sur l’adaptation en série du Trône de fer (Game of Thrones), une des meilleures séries de fantasy moderne, écrite par G.R.R. Martin. Enfin, autant de recul qu’il est possible quand on a lu les livres et connaît donc l’histoire – le Trône de fer reste bien en mémoire en raison de l’attention qu’il exige, née des dizaines de personnages qui y figurent.

Pour ceux qui ignorent ce dont il est question : Le Trône de fer raconte l’histoire de plusieurs maisons nobles luttant pour le trône fédérant le royaume ; un monde aussi menacé de l’intérieur, par ses innombrables manœuvres politiques où nul ne jouit de l’immunité scénaristique, que de l’extérieur, entre le retour annoncé d’anciennes terreurs rôdant par-delà le grand Mur qui isole le nord, et la dynastie renversée à la génération précédente qui menace de revenir s’emparer du pouvoir. C’est une saga complexe aux multiples personnages, forts et passionnants ; Martin a un talent unique pour façonner les grands événements historiques à partir de la petite histoire du quotidien. Entre le nombre de fils d’intrigue, la multiplicité des décors, la finesse du scénario et son ton adulte, résolument sombre, adapter cette œuvre pour la télévision semblait une gageure.

Mais le défi est relevé avec panache ; le fait que Martin soit producteur exécutif n’y est probablement pas étranger. La première chose qui frappe dans cette adaptation est la qualité graphique : décors et costumes présentent un soin peut-être sans précédent pour une série télévisée, et fait sans difficulté jeu égal avec la version cinéma du Seigneur des Anneaux. Le générique (dont on ne se lasse pas et dont la musique vous rentre dans la tête plus vite en mémoire qu’À la volette) annonce la couleur : il s’agit d’une grosse production comme d’une création originale, avec une patte et une atmosphère uniques :

Les acteurs présentent tous un jeu impeccable (en VO du moins), et sont d’une incroyable justesse par rapport aux personnages du livre, y compris physiquement (il s’agit du sentiment personnel de votre serviteur, mais il semble partagé par la plupart de critiques). Daenerys Targaryen fait poupée de porcelaine à souhait, Jaime Lannister est aussi séduisant que vicieux, Jon Snow impulsif comme sympathique. On peut à la rigueur s’étonner du choix de Sean Bean (Boromir dans le SdA) pour Eddard Stark, qu’on imaginait plus sec et austère, mais il s’acquitte sans peine du rôle et l’investit de mieux en mieux au fil des épisodes.

Mais le principal, le scénario, ne se trouve également trahi en rien, que ce soit dans sa complexité comme dans sa maturité. Bien sûr, le nombre de personnages principaux se voit grandement réduit à un nombre convenable pour la télévision, mais ne perd rien des événements principaux ni des relations entre les uns et les autres. Ce ne sont que quelques fils d’intrigue secondaires qui sautent pour des raisons de clarté, ce qui sert ceux qui restent. La série peut toutefois donner l’impression d’avancer un peu trop vite et de peiner à offrir quelques moments de respiration dans le tourbillon d’événements qu’il lui faut présenter à chaque épisode et le nombre de fils à faire avancer, mais, au moins, rien ne piétine et on peut penser que la narration trouve peu à peu dans son rythme.

Game of Thrones est donc une grande série, un modèle d’adaptation intelligente et sans concession qui donne vie à un grand monde, et qui devrait servir de mètre-étalon pour celles qui suivront, loin de la pantalonnade que devrait être le Conan 3D de cet été. Les lecteurs des livres auront plaisir à voir s’animer sous leurs yeux les fourberies et la noblesse des personnages qu’ils ont apprécié, à arpenter le grand Mur en compagnie de Jon Snow, à ricaner des traits d’esprit de Tyrion Lannister ; et ceux qui ne savent pas encore que l’hiver arrive feront bien de se précipiter sur la diffusion française de la série quand elle passera en juin sur Orange Cinéma Séries. Un tome original devrait occuper une à deux saisons de Game of Thrones ; il nous reste à espérer que la série connaisse le succès qu’elle mérite pour rentabiliser le budget pharaonique qu’elle exige certainement.

2011-05-11T11:41:40+02:00mercredi 11 mai 2011|Fiction|15 Commentaires

Thor pillé

L'histoire d'un mec marteau.

Autrefois, les géants des glaces de Jotunheim et les immortels d’Asgard, aux pouvoirs divins, se livrèrent une grande guerre autour de la Scandinavie, donnant naissance aux croyances mythiques qui nous sont parvenues sur Odin, Sif, Loki, et surtout Thor.  Sauf qu’en réalité, Jotunheim est une planète gelée, Asgard une cité située à des années-lumière de la terre où la technologie et la magie se mêlent, le bifrost1 un trou de ver, et Thor un jeune abruti. Prenant l’infiltration de géants des glaces en Asgard comme prétexte pour rompre la trêve qui unit les deux peuples, Thor embarque ses copains dans une expédition punitive sur Jotunheim, laquelle tourne mal, ce qui lui vaut d’être banni sur Midgard – notre Terre, bien sûr – pour y vivre en humain. Là, il tombe sur Nathalie Portman et trouve aussitôt que Midgard est un endroit pas si naze – on le comprend – enfin, plus exactement, il tombe sur Jane, geek de l’astrophysique qui lui prête main-forte dans sa quête de ses pouvoirs perdus et le renversement de son traître de frère, Loki.

Ça semble classique ? Ça l’est. Rien de ce Thor n’est empreint de la moindre surprise. Le scénario a été vu mille fois – la cité mise en danger par le traître ; la jolie fille pas très douée socialement qui lorgne le bellâtre qui lui est tombé (littéralement) du ciel ; le super-héros super-déchu en quête de ses super-pouvoirs pour retourner super-marave la tronche au super-méchant. Les images sont jolies, mais toutes très lisses ; images de synthèse formule vernis brillant sans grande inspiration, des scènes d’action sans trouvailles notables. Seuls détails intéressants, on pourra éventuellement retenir le bifrost qui mérite véritablement son appellation de pont arc-en-ciel, quelques scènes un peu décalées qui tirent quelques sourires et la présence d’un Thor très impulsif à qui le séjour sur Terre mettra du plomb dans la tête, montrant un héros divin néanmoins capable d’apprendre.

Mais ça ne pèse pas bien lourd. Ce Thor est si calibré sur les canons hollywoodiens du blockbuster qu’il manque remarquablement d’âme. On espérait notamment bien mieux de J. Michael Straczynski, co-auteur du scénario, l’homme derrière la génialissime Babylon 5. Il reste donc un film d’action dépourvu de toute profondeur, qui peut vaguement amuser, mais qui ne vaudra pas davantage qu’un regard distrait lors d’un passage à la télévision.

  1. Dans la mythologie, le pont reliant les mondes.
2011-05-09T10:19:51+02:00lundi 9 mai 2011|Fiction|18 Commentaires

Conan of Persia 3D

Mouais.

Alors Yahoo! Movies a publié la bande-annonce du Conan 3D qui sort en août.

Je ne voudrais pas donner dans l’alarmisme primaire dès qu’il est question de gros budget et de 3D, je ne voudrais pas faire mon vieux cabrelliste « c’était mieux avant » en étant incapable de voir Conan sous des traits autres que le Governator, mais, sérieux, je crains le pire. OK, y a manifestement un peu de fesse histoire de bien montrer que c’est les âges barbares, tu vois, on galipette sans s’inviter à dîner, c’est une époque fruste, tout ça, mais je trouve ça terriblement lisse et sans âme, avec des décors grandiloquents en images de synthèse qu’on a vus douze fois.

Et puis, sérieux, c’est quoi ce Conan avec son petit sourire en coin de jeune premier et sa chevelure huilée ? Franchement, il aurait plus sa place à jouer chez les Dothrakis de Game of Thrones, genre Khal Drogo, par exemple, il le ferait très b…

… Zut, c’est effectivement lui.

Bon. Euh. Voilà.

On verra, hein ?

2011-05-05T16:57:13+02:00jeudi 5 mai 2011|Fiction|37 Commentaires
Aller en haut