Procrastination podcast s07e18 – L’évolution des méthodes de travail

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e18 – L’évolution des méthodes de travail“.

Prenons de la hauteur : cette quinzaine, Procrastination s’intéresse à l’évolution des méthodes de travail dans le temps, aux mutations de long terme dans l’approche de l’écriture – si elles existent !
Lionel compare la pratique artistique à un apprentissage éternel similaire à celui des arts martiaux, où la maîtrise est davantage un processus qu’un état. Pour Estelle, avant toute chose, tous les projets sont différents, mais l’expérience est heureusement utile. Elle met en avant l’importance du milieu littéraire et l’évolution des contextes éditoriaux dans la construction d’une œuvre, et de la conversation qu’établit celle-ci avec son époque. Mélanie parle davantage d’évolution personnelle au fil des ans plutôt que de changement de méthode pratique, et expose comment, plutôt que de s’en tenir à de la technique, elle suit toujours davantage ce qui l’appelle naturellement.

Références citées

  • J. R. R. Tolkien
  • Stardew Valley, jeu vidéo édité par Chucklefish Games
  • Animal Crossing, licence de jeu vidéo éditée par Nintendo

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2023-06-20T11:01:36+02:00jeudi 1 juin 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e18 – L’évolution des méthodes de travail

Procrastination podcast s07e17 – Écrire sans ordinateur

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e17 – Écrire sans ordinateur“.

C’est l’option par défaut, à tel point qu’on ne l’interroge même plus ; mais y a-t-il des options, des moments pour s’éloigner judicieusement de l’écran ?
Mélanie est attachée à l’ordinateur ; elle tape plus vite qu’elle n’écrit, mais cherche cependant, en conséquence, à limiter son temps d’écran hors du travail. Elle met aussi en avant les dangers des distractions toujours présentes à portée de clic !
Estelle tape aussi au clavier (avec un doigt) mais passe par le papier pour les scènes difficiles. Cependant, dans son travail, l’ordinateur est l’outil crucial pour tenir les délais de sa vie d’écrivaine.
Lionel aime l’ordinateur aussi, mais met en garde contre la facilité de correction qu’il offre, laquelle peut engendrer un mode de pensée critique permanent très toxique pour la créativité. De la machine à écrire connectée aux options des logiciels, il propose plusieurs façons pour préserver l’état de “flow”.

Références citées

  • Neil Gaiman
  • Dean Wesley Smith
  • Kristine Kathryn Rusch
  • Thomson et son MO5
  • Le Minitel, fierté télématique française
  • Machines à écrire connectées Freewrite : https://getfreewrite.com
  • Machines à écrire numériques primitives Alphasmart (à chercher sur eBay)
  • La disposition de clavier BÉPO https://bepo.fr/wiki/Accueil
  • Typing.com

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2023-06-20T11:03:17+02:00lundi 15 mai 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e17 – Écrire sans ordinateur

Procrastination podcast s07e16 – Le burn-out de l’écrivain

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e16 – Le burn-out de l’écrivain“.

Un sujet difficile mais important que l’équipe souhaitait aborder de longue date – le burn-out, ce moment terrible où l’esprit et/ou le corps lâchent à force d’épuisement professionnel. Et comment l’éviter ? Lionel délimite et définit le terme, et admet être à son avis passé par là. Mélanie aussi ; elle parle des répercussions des années plus tard, et raffine la différence entre l’épuisement physique et celui de l’inspiration, lié à la pression de produire. Estelle met en avant l’importance de l’entourage, de la diversité des activités, des loisirs, et dénonce l’image de la productivité parfaite et toxique qui circule sur les réseaux.

Références citées

  • Dean Wesley Smith
  • Terry Pratchett
  • Elizabeth Gilbert, Comme par magie
  • Le super groupe d’écriture d’Estelle !

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2023-05-15T08:53:56+02:00lundi 1 mai 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e16 – Le burn-out de l’écrivain

Procrastination podcast s07e15 – Se mettre dans l’écriture

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e15 – Se mettre dans l’écriture“.

Procrastination parle de procrastination, dans le nœud de son problème : quand on fait l’expérience d’une résistance à l’écriture – peur de la page blanche, du manuscrit, de faire mal – comment se mettre au boulot ?
C’est Estelle qui fait la mauvaise élève cette quinzaine : son manque de temps rend ses créneaux d’écriture extrêmement précieux, ce qui la rend relativement imperméable au problème ! Mélanie élargit celui-ci : il ne s’agit pas tant pour elle de se remettre dans une histoire, que de gérer la mise au travail (quel qu’il soit) avec toutes les distractions du monde moderne (et du chat). Sa leçon fondamentale : apprendre à se reposer et faire des pauses. Lionel développe la méthode par créneaux temporels (la méthode pomodoro au sens large), et propose quelques astuces toutes simples d’organisation quand on a une vie bien remplie.

Références citées

  • Steven Pressfield, La Guerre de l’art
  • La méthode Pomodoro https://fr.wikipedia.org/wiki/Technique_Pomodoro
  • Bip bip et le Coyote
  • How Long Left https://apps.apple.com/us/app/how-long-left/id1450603293

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2023-05-01T09:24:24+02:00lundi 17 avril 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e15 – Se mettre dans l’écriture

Procrastination podcast s07e14 – Écrire les batailles

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e14 – Écrire les batailles“.

Après l’intimité de la scène d’action sur quelques personnages, Procrastination fait les choses en grand et explore les batailles rangées à plusieurs centaines, voire dizaines de milliers de belligérants. Mélanie n’aime pas ça ! Elle n’en écrit pas et n’aime pas en lire non plus. Mais Estelle adore ça, au contraire, et met avant tout l’accent sur la lisibilité de l’action, ce qui vient former un pôle de tension avec la confusion inhérente à la situation. Pour Lionel, la fonction narrative de la bataille, son possible discours seront intimement liés aux choix de narration et point de vue. Un travail d’explicitation pourra être nécessaire pour rendre l’action accessible en fonction des attentes inconscientes d’un lectorat d’une époque. (Il est par ailleurs désolé pour le léger changement de sa prise de son en cours d’épisode, dû à des contraintes techniques indépendantes sa volonté.)

Références citées

  • Henry V, film de Kenneth Brannagh
  • Le Seigneur des Anneaux, la trilogie des films de Peter Jackson
  • 1917, film de Sam Mendes
  • Braveheart, film de Mel Gibson
  • David Gemmell, notamment Légende et sa série sur Alexandre le Grand (Le Lion de Macédoine et ses suites)
  • Star Wars, licence fondée par George Lucas
  • The Expanse, série fondée sur les romans de James S. A. Corey
  • Game of Thrones, série fondée sur les romans de G. R. R. Martin
  • Le Musée de l’armée aux Invalides et sa librairie
  • Les éditions Osprey
  • La série des jeux vidéo Total War
  • Actuel Moyen Âge sur Twitter, https://twitter.com/AgeMoyen
  • Shadiversity sur YouTube, https://www.youtube.com/@shadiversity
  • Skallagrim sur YouTube, https://www.youtube.com/@Skallagrim
  • Napoléon Bonaparte (fallait bien qu’il arrive sur le tapis)
  • K. J. Parker, la trilogie Loredan

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2023-04-14T08:49:01+02:00lundi 3 avril 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e14 – Écrire les batailles

Écrire est plus difficile qu’imaginer

Tout le monde ne fonctionne pas comme ça – il existe des auteurs et autrices pour qui le flot de l’écriture court automatiquement au fil des mots et du clavier ; mais j’oserais gager que même pour ces personnes, il existe des moments où elles calent – où la pensée consciente s’invite dans le flot, et fait tousser la machine.

Une grande partie de l’effort d’écriture vient du fait de chercher ce que l’on va dire, et comment le mettre en scène ; le jeu et la joie libres de l’imagination représentent un mode de pensée très distinct de celui d’écrire, où l’effort consiste à rendre l’infini palpable, à borner la vision, à la faire rentrer dans les briques LEGO des mots. Et ce changement de mode est difficile, peut susciter une certaine fatigue mentale (voire l’envie de fuir), car la liberté de penser se trouve à présent contrainte par un système vaste mais fini, le langage. 

Il est important de reconnaître cette difficulté de manière à accepter la fatigue mentale ponctuelle, pour ne pas céder à la peur et à la tentation de l’abandon. Cela peut être un état très vulnérable. Dans ces moments, il convient de se donner un instant pour se recentrer, accepter la peur, et potentiellement identifier la difficulté qui vient (s’agit-il d’imaginer, de concevoir, de rédiger, de trouver comment aborder une scène ou un problème ? etc.)

Car ce que l’on inventorie et identifie est à son tour délimité ; et ce qui est délimité perd de sa capacité anxiogène.

2023-03-28T03:04:11+02:00mercredi 29 mars 2023|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Changez de police de caractères en fonction du mode de travail

Dans la série “ça ne mange pas de pain, mais ça ne fait pas de mal”, un petit truc à la fois sympa et qui, personnellement, aide mon cerveau à passer d’un mode de travail à l’autre consiste à configurer de façon cohérente son environnement selon la tâche. Et là-dedans, quand on travaille sur du texte, l’un des repères les plus évidents et les plus agréables pour les esthètes du mode numérique que nous sommes concerne la police de caractères.

C’est certainement couillon, mais je trouve qu’employer une police de texte jolie, qui fait “texte final”, imprimé dans mes notes tend à ralentir ma réflexion, parce qu’inconsciemment, je cherche à me rapprocher d’un produit final. Or, les notes ont justement le but inverse : l’exploration, la réflexion, l’essai-erreur (qu’on retrouve bien sûr aussi dans le premier jet, mais c’est une phase ultérieure, en principe plus raffinée, du travail). Il y a en gros trois grandes étapes :

Idée aléatoire (capture) → Décantation et réflexion (notes) → Rédaction (production)

Ce qui correspond dans mon environnement à trois apps actuellement : Drafts → Obsidian (dont je dois longuement parler) → Scrivener.

Drafts, pour la capture, utilise iA Writer Duospace, l’une des polices gratuites conçues par les développeurs de iA Writer :

Obsidian, pour la réflexion, utilise Atkinson Hyperlegible, police gratuite conçue par l’institut Braille pour optimiser la lecture des malvoyants :

(Si c’est bon pour les yeux des malvoyants, c’est forcément bon pour ma vision de Schtroumpf à lunettes, et j’aime le fait que cette police soit à mi-chemin entre la première et la dernière.)

Scrivener, pour la production, utilise Valkyrie, une police commerciale (des gens achètent des tonnes de jolis carnets, moi j’achète des fontes commerciales) conçue par le génial Matthew Butterick, et l’une des polices à serif les plus belles qu’il m’ait été donné de voir :

Ça n’a l’air de rien, mais à force, mon cerveau se prépare déjà, rien qu’en voyant la page sous ses yeux, à passer dans le mode de travail correspondant. Et puis c’est joli, et si on peut dépenser des fortunes dans des carnets à paillettes et des stylos plume, on peut bien configurer ses apps de la façon qu’on souhaite, à la manière d’une paire de chaussons troués parfaitement confortables car adaptés à nos cals de pied, cette comparaison sonnait plus élégante dans ma tête, okay bref.

2023-03-27T05:56:30+02:00mercredi 22 mars 2023|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Changez de police de caractères en fonction du mode de travail

Procrastination podcast s07e13 – L’inconscient constructeur

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e13 – L’inconscient constructeur“.

Il arrive qu’au cours de l’écriture, des éléments disparates prennent une force et une signification totalement imprévues, et qui dépasse la raison de l’auteur ou autrice : l’inconscient était à l’œuvre, et révèle le dessein dont on était le jouet… Et c’est en général vachement bien. Comment cela se produit-il, et est-il possible d’apprivoiser ou du moins de stimuler son inconscient ?
C’est exactement le processus créatif de Mélanie, qui se laisse guider par les images, les imprévus, et les visions a priori emplies d’étrangeté ; elle met en contraste l’écriture du premier jet avec la correction, où la démarche est bien plus rationnelle.
Estelle se fonde moins sur cet aspect des choses, et justement, propose plusieurs exercices et approches pour nourrir son inconscient et laisser ses personnages guider l’histoire. Même en tant qu’architecte, Lionel défend la vie que doit conserver un projet et la confiance qu’il faut témoigner à son inconscient, qui sait où il va, et qui doit avoir la marge d’évolution de se révéler.

Références citées

  • Chris Vuklisevic, post de forum : http://www.elbakin.net/forum/viewtopic.php?id=10101&p=2
  • Constantin Stanislavski
  • Dean Wesley Smith, Writing into the Dark
  • Élisabeth Vonarburg, Comment écrire des histoires, Guide de l’explorateur

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2023-04-05T14:06:19+02:00mercredi 15 mars 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e13 – L’inconscient constructeur

En présence ou en visio : nouvelle édition de l’atelier “Techniques avancées de création d’un monde imaginaire” les 6-7 mai

Le succès de cet atelier avait très largement dépassé ce que j’imaginais pour un sujet raisonnablement pointu, et j’ai donc le grand plaisir de pouvoir le proposer à nouveau : il se tiendra une nouvelle édition du stage intensif « Créer un monde imaginaire : techniques avancées » le week-end du 6-7 mai. Il se déroulera à l’école Les Mots à Paris, que vous devez commencer à bien connaître, mais il est tout à fait possible de le suivre à distance en visio (ça marche très bien).

N’ayez pas peur du terme “avancé” : il désigne simplement, par rapport au public généraliste de l’école, le fait qu’on ne défrichera pas pendant ce week-end le concept de worldbuilding. L’atelier s’adresse à vous si vous avez une idée de projet existant (qui peut être très sommaire – une demie-page de notes suffit !). Il s’agira d’explorer les difficultés spécifiques du domaine à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants. 

Qui ne connaît pas le célèbre « Luke, je suis ton père », le pouvoir terrifiant de l’Œil de Sauron ou encore la devise Winter is coming ? Des succès planétaires de Star Wars au Seigneur des Anneaux, de Game of Thrones à Harry Potter, l’imaginaire forme la première culture mondiale, transcendant les générations et les nationalités. 

Parler des « littératures de l’imaginaire » est en réalité un raccourci pour désigner les littératures des mondes imaginaires. Ces réalités fictionnelles peuvent être proches de la nôtre dans le cadre du fantastique ou de la fantasy urbaine, ou bien totalement disjointes comme dans le cas de la Terre du Milieu ou de Westeros. Ce qui régit ce monde, qu’il s’agisse de l’horreur indicible des Grands Anciens de Lovecraft, des systèmes magiques extrêmement poussés et complexes de Brandon Sanderson ou de la science du voyage spatial et des relations entre espèces extraterrestres dans Star Trek, constitue ce que l’on peut appeler « l’hypothèse de monde » imaginaire. 

Or la construction d’un monde imaginaire est une entreprise créative à part entière, mais pour laquelle l’auteur ou autrice doit ménager un équilibre délicat : proposer une réalité complexe, tangible et intéressante, sans pour autant ensevelir l’intérêt de son récit sous l’exposition.

Cet atelier vise à explorer les difficultés spécifiques de cette approche à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants.

Pour suivre cet atelier il est indispensable : 

● De posséder une familiarité de base avec l’imaginaire et ses genres (science-fiction, fantasy, fantastique), que ce soit sous forme littéraire, cinématographique et/ou ludique.

● D’arriver à l’atelier avec une proposition succincte d’hypothèse de monde imaginaire (une demie-page minimum définissant les grandes règles du fonctionnement de la réalité fictionnelle en question selon les intérêts de l’auteur ou autrice : réalité géographique, physique, magique, ou bien sociale, ou encore un peu de tout cela à la fois). Elle servira de base au travail du stage.

Attention, comme toujours avec les stages des Mots, les places partent très vite, donc n’attendez pas pour vous inscrire (10 places max, inscriptions possibles jusqu’au 29 avril).

➡️ Infos et inscriptions sur le site des Mots

2023-05-10T17:06:59+02:00lundi 13 mars 2023|À ne pas manquer, Technique d'écriture|2 Commentaires

Dans les détails de la technique d’écriture (republication entretien de 2014 pour DraftQuest)

Au hasard des republications du site sur les réseaux commerciaux, cet article est ressorti et tu m’as fort justement fait remarquer, auguste lectorat, que le site de DraftQuest a déménagé et l’entretien a apparemment disparu au passage. (C’est à ce genre de trucs que je commence à constater que je fais ce métier depuis beaucoup trop longtemps. Ou bien que ce site est beaucoup trop vieux. Moi pas, par contre.) Vous m’exprimâtes des regrets quant à ladite disparition, et comme j’ai un OCD bien ancré, j’ai retrouvé l’entretien dans les entrailles de mon klaowde, afin de pouvoir le reposter ci-dessous dans toute sa splendeur âgée de presque une décennie.

À vos risques et périls, etc.

Dans les détails de la technique d’écriture, avec DraftQuest, entretien avec David Meulemans (2014)

David MEULEMANS: Lionel Davoust, vous avez écrit plusieurs romans. Vous semblez désormais consacrer l’essentiel de votre temps à l’écriture. Pouvez-vous-nous décrire une journée type de Lionel Davoust?

Lionel DAVOUST: C’est effectivement le cas, à l’écriture de fiction, principalement, et parfois un peu de traduction ou d’éditorial. De manière générale, je ne suis pas du matin (le matin est un endroit froid et hostile où le seul réconfort s’appelle café). Du coup, je me réveille doucement en entretenant le lien avec la communauté sur les réseaux sociaux, le site, puis en m’occupant de ce que j’appelle les « affaires courantes » : courrier électronique, et les dizaines de petits à-côtés dont il faut s’occuper quand on est travailleur indépendant (contrats, articles brefs, relations avec presse etc.). Je fais une pause à midi et je coupe toute distraction l’après-midi pour me consacrer pleinement à l’écriture sans interruption, autant que possible, m’interdisant cette fois toute incursion en ligne. En phase de rédaction, je me fixe en général un quota d’écriture, allant de 15 à 20 000 signes en fonction de la sévérité de la date-butoir et de mon énergie. 

C’est mon organisation depuis des années mais j’avoue qu’elle ne me satisfait pas entièrement : le plus important, là-dedans, c’est écrire ; la logique voudrait que je commence donc par là, mais l’expérience me montre que j’ai du mal à me concentrer quand je sais que dix petites choses rapides attendent que je les règle. Je m’en occupe donc d’abord pour avoir l’esprit libre – mais j’évite aussi qu’elles prennent trop d’importance. 

DM: Parallèlement à l’écriture de romans, vous exposez avec beaucoup de franchise et un vrai sens pratique vos méthodes. (Vous êtes notamment un connaisseur de la méthode “Getting Things Done”). Si vous deviez donner quelques conseils de travail à des écrivains en herbe, quels seraient-ils?

LD: En un mot comme en cent : arrêtez de tergiverser et mettez-vous-y. (C’est une version moins diplomate que la première règle de Robert Heinlein, « you must write », tu dois écrire.) Oui, étudier les auteurs qu’on aime, faire des recherches sur son sujet, travailler la technique, réfléchir à l’organisation de son travail aide à se donner confiance et c’est bien. Mais, à un moment, il n’y a pas de méthode magique, d’eurêka où les choses deviennent moins impressionnantes, même avec l’expérience. La méthode, la vérité de l’écriture, c’est à l’auteur lui-même d’aller les chercher, conformément à qui il/elle est. Ce grand livre dont vous rêvez ne s’écrira pas si vous n’allez pas l’écrire, si vous n’allez pas vous confronter à la difficulté, si vous ne descendez pas dans la salle des machines et mettez, kilomètre après kilomètre, phrase après phrase du charbon dans le fourneau. Écrivez. Plantez-vous. Recommencez. Écrivez encore. C’est la meilleure école – et c’est la seule qui vous rapproche du but final : avoir écrit. 

DM: Dans la communauté DraftQuest, nous disons souvent qu’il faut abandonner l’inspiration – et penser davantage en termes d’enthousiasme et de travail. Je crois que c’est une position qui n’est pas éloignée de la vôtre. Mais pouvez-vous nous dire la place de l’inspiration dans votre travail?

LD: Ah, je vais encore me faire des amis… ! Je ne crois pas à l’inspiration – si on la définit comme ce moment de grâce où l’écriture se déroule avec facilité et lumière. C’est-à-dire, oui, elle se produit (heureusement) mais elle n’est pas la règle et il ne faut surtout pas espérer qu’elle le soit. Sinon, on produit trois pages dans une année. Si l’on veut écrire sérieusement, je crois qu’il faut privilégier la discipline, et là, peut-être, peut-on espérer apprivoiser l’inspiration. (Je sais que cette position est castratrice pour certains auteurs, donc je la recommande avec prudence : c’est ma façon de fonctionner, si vous avez besoin comme moi de vous cadrer avec une main de fer pour produire, menez-vous un train d’enfer – mais si vous sentez que c’est contre-productif, prenez de la hauteur.) Je crois pour ma part, très fermement, que l’écriture se travaille, dans tous ses aspects : dans le style, la narration, mais aussi, de façon générale, dans l’attitude, le regard, la façon de penser. Plus que de l’enthousiasme, je pense qu’il s’agit d’envie. Il convient de se sonder soi-même, de traquer sa propre matière, d’observer le monde en ces termes : j’écris, mais pourquoi ? Qu’ai-je à dire, à raconter, qui me fasse envie, où est ma vérité et quelle est-elle ? Quel est mon carburant, la foi qui me motive à coucher ces mots sur le papier, jour après jour ? C’est un travail d’introspection  qui ne s’achève jamais (et c’est un des grands plaisirs du métier… ou une grande torture, pour ceux qui n’aiment pas trop plonger en eux-mêmes) et c’est là qu’on trouve sa voix, son originalité, et la motivation d’écrire, pendant des mois, parfois des années, à plein temps sur un projet. Si l’envie est là, je crois qu’elle attire l’inspiration. Et pour les jours où elle se dérobe, l’envie facilite quand même le travail. 

DM: Il y a une idée qui m’est chère, mais que je peine à faire comprendre. Je pense que l’on devient “écrivain” quand on arrive à sortir de “l’expression de soi” (qui est souvent la raison première des draftquesters pour se lancer dans l’écriture) à “raconter aux autres”. Mais, en même temps, je suis bien conscient qu’il faut parler de soi, ou plutôt, puiser en soi. Comment voyez-vous cette articulation, entre se tourner vers soi, et se tourner vers les autres?

LD: Je crois que cela revient un peu à l’envie mentionnée plus haut. C’est un exercice de funambulisme constant. Toute pratique artistique qui désire sortir de la confidentialité (au sens : être présentée au monde, à un regard autre que le sien et que celui, bienveillant, de son chat et de sa maman) porte en elle, je crois, cette contradiction entre l’élan personnel et l’obligation d’accessibilité. Dans le cadre de la littérature, il s’agit avant tout d’être compris-e. Attention, tout le monde ne place pas l’accessibilité au même niveau – tout le monde n’a pas la même tolérance aux longues descriptions, par exemple – mais, dès lors que l’on n’écrit plus uniquement pour soi, il convient de faciliter l’entrée du lecteur dans son univers, dans son histoire, de le prendre par la main et de le guider, parce qu’il est, bien sûr, fondamentalement extérieur. 

Je divise assez clairement les choses pour ma part : entre fond et forme. Mais avant de préciser comment, un mot sur votre notion « expression de soi » : je ne sais pas exactement comment vous le voyez, mais je voudrais contredire l’adage américain qui préconise « write what you know » (écrivez ce que vous connaissez). Je crois que la clé, c’est « write what you are » (écrivez ce que vous êtes). Écrire permet de vivre mille destins, de traiter mille questions, de rêver même à l’échelle de galaxies entières si l’on va en science-fiction ; il ne faut pas s’en priver et suivre ces mille chemins conformément à ses envies, et le faire avec fierté et joie. Je crois qu’il est absurde de prétendre connaître un auteur à partir des réponses qu’il donne dans sa fiction ; les réponses appartiennent à ses personnages. Par contre… on entrevoit bien mieux ce qu’il est à travers les questions qu’il pose, car il se les pose probablement aussi. 

Ceci étant posé, la différence entre l’expression de soi et le raconter aux autres, donc : pour ma part, je place la division assez simplement entre fond et forme. Le fond, les questions, les personnages, les événements de l’histoire, c’est mon envie, c’est ma matière, c’est la raison pour laquelle j’écris ce livre-là, et ce n’est globalement pas négociable. La forme, c’est mon obligation d’accessibilité, c’est mon devoir d’écrivain de vous faire voir les scènes, de vous emmener dans mon histoire avec facilité (si vous êtes mon type de lecteur et que je suis votre type d’auteur), de maîtriser mon rythme pour que mes effets fonctionnent, bref, de vous conter le récit et de vous emporter. Bien sûr, forme et fond se répondent et se conjuguent, et il s’agit aussi de faire en sorte qu’ils se servent mutuellement. 

Finalement, pour quel lecteur écrit-on ? Pour soi, je crois, pour proposer au monde les livres qui n’existent pas et qu’on aurait aimé trouver. Et il faut savoir appliquer à son propre travail cette lucidité et cet état de critique impitoyable avec laquelle on juge les livres des autres : voilà, je crois, une étape de maturation importante dans le parcours d’un auteur, et c’est là que se conjugue l’envie – personnelle – et le regard extérieur – qui juge. Les deux se déroulent en deux temps séparés : d’abord, l’écriture, égoïste, personnelle, fantasque. Ensuite, et seulement ensuite, juge-t-on au moment des corrections. 

DM: Un débat dans notre communauté, c’est l’écriture sur papier contre l’écriture sur clavier. D’un côté, les écrivains en herbe semblent davantage se lâcher sur le papier. D’un autre côté, écrire sur ordinateur permet de mieux manier le texte. C’est un sujet que vous avez évoqué sur votre blog. Pouvez-vous dire à nos écrivains en herbe comment la place que ces deux supports occupent dans votre écriture?

LD: Avant toute chose, je veux répéter le mantra que je martèle en atelier d’écriture : apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître. Il n’y a pas de méthode idéale autre que celle qui vous convient à vous. Vous aimez écrire sur des cahiers reliés de cuir avec un stylo plume à 200 euros au milieu de la forêt dans le calme absolu ? Si c’est votre truc (et que vous avez les moyens), allez-y. Vous préférez les outils informatiques dernier cri et emporter votre ordinateur et votre clé 3G dans les cafés parisiens et baigner dans l’agitation ? Hé, tant que ça vous fait écrire, tous les moyens sont bons. 

Pour ma part, je travaille au papier et à l’ordinateur, et chaque média correspond à une étape différente de mon avancée. Le papier est réservé aux réflexions les plus libres, où je « malaxe » les idées, les décortique sous tous les angles, jusqu’à parvenir au cœur de l’envie, pour recueillir sans contrainte tout ce que m’inspire mon sujet, mes personnages. Une fois que je sens un début de structure émerger, je passe ensuite à un outil informatique pour mettre tout cela en ordre grâce aux facilités de mise en page, de disposition qu’il offre et structurer davantage mes idées. Et enfin, une fois l’histoire planifiée, je rédige (sur ordinateur). Mais il m’arrive de revenir au papier si nécessaire ; quand j’arrive à une étape de l’histoire que je n’ai finalement pas assez développée et que j’ai besoin de m’aiguiller à nouveau, ou quand je perds le lien avec mon récit et ai besoin d’y réinjecter un peu d’envie et d’énergie, je traque et m’explique, au papier, ce dont j’ai besoin pour progresser. 

DM: Une dernière question – qui est courte, mais dont la réponse peut s’avérer longue. Pouvez-vous nous parler de la genèse d’un de vos romans? Concrètement, par exemple, sur le premier volume du “Mystère Léviathan”: quand avez-vous eu l’idée? combien de temps vous  pris l’écriture du premier jet? une fois le premier jet achevé, est-ce que vous avez beaucoup dévié du projet initial? avez-vous eu des premiers lecteurs à qui vous avez soumis le texte pour avoir des corrections? est-ce que l’éditeur vous a suggéré des corrections? 

LD: Le Mystère Léviathan est un cas un peu particulier parce que le projet remonte à très, très longtemps – plus de quinze ans. De manière générale, je traque donc toujours l’envie, et dans ce cas, lui donner forme a pris un temps certain ! La trilogie n’est pas tellement née d’une idée précise que d’un faisceau de thèmes et de personnalités / personnages que j’avais envie de traiter (l’immortalité, l’initiation, la quête de soi, la fascination pour la mer, la fantasy urbaine, la transcendance du réel), d’où la lente maturation. L’univers s’est construit ainsi, par lente accrétion, et aussi au fil de mes recherches et intérêts personnels, dont la série se nourrit aussi. En revanche, l’écriture en elle-même est allée raisonnablement vite une fois la forme arrêtée. Quand je me suis senti prêt à me jeter à l’eau, pour ainsi dire, la planification et l’écriture du premier volume ont pris une grosse année, puis environ six mois par volume ensuite, tout compris (écriture et corrections), ce qui peut sembler très rapide, surtout pour des livres aussi épais, mais, une fois lancé, je savais précisément où j’allais. Je n’ai pas tellement dévié du projet général de la série, à part dans certains détails de scènes, de personnages, qui ont suivi leur propre cheminement et m’ont permis de présenter les choses de manière plus efficace que je ne le pensais dans mes synopsis. Je fais effectivement appel à des beta-lecteurs pour tous mes textes, des proches qui apprécient mon travail et mes univers tout en étant impitoyables (une combinaison précieuse et idéale ! et j’en profite pour les remercier à nouveau). Bien sûr, l’éditeur suggère toujours des corrections, cela fait partie du processus. Je ne prétends pas rendre un premier jet parfait, et le regard éditorial constitue une étape à mon sens indispensable pour donner au récit – et surtout aux intentions qui l’animent – la forme la plus aboutie possible. Nous en discutons, décidons des corrections (il m’arrive de ne pas être d’accord avec ce qu’on me propose, mais je m’efforce de comprendre ce qui coince et de revenir avec une version différente, qui règle la faiblesse qui a été détectée, mais d’une autre manière qui me convienne). Savoir comprendre et accepter ces retours, retravailler en fonction, mais aussi détecter les rares moments où il convient de dire non pour rester fidèle à l’esprit de son projet, cela aussi fait partie de l’apprentissage. 

2023-03-03T04:35:29+01:00jeudi 9 mars 2023|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Dans les détails de la technique d’écriture (republication entretien de 2014 pour DraftQuest)

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