Procrastination podcast s07e02 – Organiser ses notes d’écriture

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s07e02 – Organiser ses notes d’écriture« .

La création est un processus de défrichage, où se mêlent des inspirations, des recherches et des fragments ; l’écriture consiste à évaluer, développer et ordonnancer ces éléments dans l’exécution du récit. Quelles techniques et astuces pour prendre et organiser ses notes dans la construction d’un projet romanesque ? L’approche de Mélanie : ne pas en avoir ! Ou éventuellement seulement des fragments chaotiques qui évoquent atmosphères et ambiances. Estelle adore les notes, et dévoile sa méthode de construction à base de carnets de notes, d’inspirations photographiques, d’annotations dans des livres pour développer ses projets parfois sur plusieurs années. Lionel explique quant à lui la méthode dite du Zettelkasten, la meilleure qu’il ait trouvée pour épouser l’émergence organique présidant aux projets artistiques.

Références cités

– Stellarium, https://stellarium.org/fr/

– Niklas Luhmann et le Zettelkasten, https://zettelkasten.de

– Obsidian, https://obsidian.md

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2022-10-14T22:06:45+02:00lundi 3 octobre 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e02 – Organiser ses notes d’écriture

Pièges et difficultés du point de vue omniscient

Le point de vue omniscient (cf inventaire des points de vue) attire souvent dans la narration : c’est vrai que la capacité de pouvoir sauter à l’envi dans la tête de chaque personnage, de prendre autant de distance ou de proximité avec eux qu’on le souhaite est tentant. L’intention louable est la liberté, et la capacité de dramatiser chaque action de la façon la plus efficace. L’intention plus problématique, qui apparaît de temps à autre en atelier, consiste à vouloir esquiver les contraintes des points de vue de narration plus classiques. Or l’expérience tend à montrer qu’en art, quand on veut s’affranchir d’une difficulté, on finit souvent par s’en créer une plus considérable encore.

Je viens ici, auguste lectorat, descendant de ma montagne avec sur mon iPad les tables des peut-être-lois-mais-pas-vraiment-vous-faites-ce-que-vous-voulez (consignées dans Airtable) te dire que, eh bien, le point de vue omniscient n’est pas une idée si géniale que ça dans un grand nombre de projets.

Le point de vue est une des règles du jeu les plus fondamentales que le récit propose (promesse narrative) : il décrit par quel artifice l’information sera transmise. Or, la littérature n’est que de la transmission d’information, puisqu’elle repose sur le langage. Dès lors, le point de vue omniscient entraîne un problème de taille si l’on n’est pas prudent·e (et/ou expérimenté·e) : en autorisant les basculements arbitraires de narration, il peut donner l’impression de tricher avec ses propres règles (ou de n’en avoir aucune), ce qui brise l’implication du lecteur qui ne sait pas à quoi se rattacher et dans quoi s’investir émotionnellement.

Ce qui entraîne une difficulté considérable : il est compliqué, avec une narration omnisciente, de faire monter une tension narrative. En effet, celle-ci repose très souvent sur l’information incomplète des personnages : Jean-Eudes m’aime-t-il ? Y a-t-il un tueur en série au coin de cette rue sombre ? Saroumane est-il du côté des gentils ?

Habituellement, le lecteur ignore les réponses parce que les protagonistes, sur qui la narration est centrée, l’ignorent. Et donc, il les désire, pour savoir comment l’histoire va se dénouer. En revanche, le point de vue omniscient fait voler en éclats la rambarde précieuse qui donne à l’auteur une raison parfaitement acceptable de cacher tout ça : si la narration n’a pas de règle intrinsèque (autre que l’arbitraire) pour cacher les sentiments de Jean-Eudes, la présence de Jack l’Éventreur dans l’ombre ou les allégeances géopolitiques réelles de Saroumane, alors elle devrait les donner, ce qui pète tout de suite le game. Et si elle ne le fait pas, le lecteur se sent floué.

Comme avec tout, c’est bien sûr un effet que l’on peut vouloir rechercher, mais on tombe alors davantage dans le post-moderne ou l’expérience littéraire que dans la fiction pure. (Éventuellement dans la tragédie.) Et d’ailleurs, en général, le point de vue omniscient rattrape le déficit de tension narrative en suscitant l’intérêt d’une autre façon, comme un commentaire sur les événements, souvent humoristique ou satirique. C’est valide, évidemment, mais ça n’est pas du tout la même chose qu’écrire une aventure ou une romance : les enjeux reposent moins sur le destin des personnages que ce qu’ils représentent.

Notons que le point de vue omniscient est résolument distinct du roman choral, dont on a parlé ici (le roman choral emploie une succession de points de vue limités et contenus, donnant au lecteur une vision plus globale du récit, mais toujours incomplète).

2022-09-24T02:58:41+02:00lundi 26 septembre 2022|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast s07e01 – Parcours et compétences de l’autoédition, avec Morgan of Glencoe

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C’est la rentrée, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s07e01 – Parcours et compétences de l’autoédition, avec Morgan of Glencoe« .

Début d’une conversation exceptionnelle avec l’autrice et musicienne Morgan of Glencoe qui courra sur une partie de la saison 7, pour une plongée en profondeur dans les réalités, défis et atouts de l’autoédition. La saga de Morgan, « La Dernière Geste », a commencé sa vie en autoédition avant d’être reprise en édition traditionnelle chez ActuSF. Mais Morgan continue de s’autopublier, lui donnant une perspective unique sur les deux mondes. Dans ce premier volet, elle partage son parcours, les réalités du processus d’autoédition ainsi que les compétences à acquérir au-delà de l’écriture pure. 

Pour retrouver Morgan en ligne : 

– Site officiel : http://morganofglencoe.com/

– Chaîne Twitch : https://www.twitch.tv/morgan_ofglencoe

– Twitter : https://twitter.com/morganofglencoe

Références citées

– Les éditions et la librairie Critic

– Cocyclics https://cocyclics.tremplinsdelimaginaire.com

– L’Écurie littéraire 

– Elen Brig Koridwen

– Prix Fondcombe 

– Laurent Miny

– Bookélis https://www.bookelis.com

– Amazon https://www.amazon.fr

– L’association des Auteurs Indépendants du Grand Ouest (AIGO) https://collectifaigo.wordpress.com

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2022-09-28T08:36:37+02:00jeudi 15 septembre 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e01 – Parcours et compétences de l’autoédition, avec Morgan of Glencoe

N’écrivez pas ce qui vous saoule

On trouve cette recommandation sous diverses formes : chercher enthousiasme et amusement dans la création ; dans les mots d’Elmore Leonard, « s’efforcer de ne pas écrire les parties que les lecteurs tendent à sauter ». Dans les faits, alors que l’on part à la découverte de son histoire, et que l’effort de maintenir les modèles mentaux de sa narration peut être important, le gros fun n’est pas toujours facile à saisir. Écrire peut être difficile, on le sait, et c’est une importante cause de procrastination.

En outre, une narration complexe (sur un roman, ou davantage) exige parfois certains passages un peu plus mécaniques. Tel personnage doit se rendre à tel endroit pour la suite de l’action ; telle information doit être donnée au lecteur ou communiquée à quelqu’un.

« Doit » devrait (heh) représenter un verbe signal d’alarme. On en parle suffisamment dans Procrastination, il n’y a pas de « doit » dans la création. Mon avis : il y a ce qu’on veut, et ensuite, une exécution que l’on espère efficace. « Devoir » en passer par telle ou telle étape dans la création peut quand même être ponctuellement nécessaire (« je dois établir clairement tel lieu pour la baston qui suit ») mais il est facile d’atteindre l’overdose de nécessités narratives – et là, le fun s’évapore à jamais, rendant l’écriture non seulement difficile, mais chiante à crever.

Mais comment faire, alors, si l’histoire exige quand même de tels passages, si l’on « doit » passer par telle ou telle étape pour la faire avancer ? Parce que ces exigences mécaniques sont parfois bien présentes.

On peut résoudre cette difficulté en cherchant quelque chose d’excitant à écrire dans un passage « nécessaire » – c’est une solution efficace et souvent fonctionnelle. Mais en poussant plus loin, humblement, ma réponse est : ne les écrivez pas. Sérieusement.

Règle empirique : si un truc vous saoule et qu’il s’agit d’une exigence purement mécanique de la narration, passez dessus au plus vite pour atteindre les passages qui vous amusent vraiment (c’est là qu’il est important de savoir manier la différence entre show et tell). N’imaginez pas que le lecteur ronchonnera : en général, on nous sait gré d’avancer rapidement jusqu’à la prochaine étape excitante de notre narration, beaucoup plus rarement de ralentir. (Une exception à cela : gérer correctement ses variations de rythme et de suspense, ce qui peut induire un étirement ponctuel de l’action, mais c’est souvent une chose qui s’affine aux corrections, pas au premier jet.)

Bien sûr, quand on lutte, la différence entre difficulté et ennui dans l’écriture peut être ténue. La première est inévitable, peut-être même souhaitable, car elle force à sortir de sa zone de confort, pour trouver de nouvelles solutions et idées personnelles à une embûche narrative. En revanche, le second vous tuera à la longue – et tuera votre lecteur. Si vous vous emmerdez, cherchez un moyen de passer au plus vite. Et si, au pire, il fallait vraiment un passage plus démonstratif, vous pourrez toujours l’intégrer aux corrections avec le recul.

Voyez-le simplement comme ça : personne n’aime les fillers dans les anime.

2022-09-10T03:39:25+02:00mardi 13 septembre 2022|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur N’écrivez pas ce qui vous saoule

Donnez de l’impact à vos textes en supprimant les verbes d’indirection

L’indirection, c’est un horrible anglicisme venu du monde de la programmation : c’est une technique pour accéder à l’adresse d’un objet. Dans le monde réel, ça pourrait donner ça : au lieu de dire « le ministère des Armées », on dirait « le ministère installé rue Saint-Dominique à Paris ». C’est exact, mais ça nécessite quand même un petit effort mental pour savoir de quoi on parle. C’est indirect. (Je précise que l’expression « verbe d’indirection » n’existe absolument pas dans l’analyse littéraire respectable, c’est juste mon propre terme pour le truc.)

Le rapport avec l’écriture de fiction ? Tous les verbes qui induisent une médiation entre l’action et les personnages créent le même effet indirect. Comparez :

Jean-Eudes vit que le compte à rebours de la bombe n’indiquait plus que sept secondes.

Avec, pour la même action exactement :

Le compte à rebours de la bombe n’indiquait plus que sept secondes.

Niveau tension, c’est quand même autre chose. Dès que l’on place un intermédiaire entre l’action et le personnage, et donc le lecteur, on éloigne les événements – c’est mécanique. Donc, ils perdent en impact. Dans vos relectures, pensez-y : passer le point de vue en induit est une manière très simple et efficace de donner de l’immédiateté à votre action.

Bien sûr, c’est comme tout, ça n’est pas forcément à systématiser. Si vous avez bien compris l’effet, vous pouvez choisir dans certaines circonstances, au contraire, de désirer une indirection pour établir une distance clinique, ralentir le rythme, que sais-je encore.

Dans ce contexte, l’indirection était peut-être indiquée.
2022-09-03T02:00:54+02:00jeudi 8 septembre 2022|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Donnez de l’impact à vos textes en supprimant les verbes d’indirection

Certaines questions d’écriture sont des solos de guitare

En lien avec l’article de la semaine dernière sur la construction des opinions personnelles avant la consultation d’autrui, une observation sur des questions d’écriture en particulier, artistiques en général, que je vois souvent circuler en ligne. Elles se formulent à peu près toutes de la même manière :

Comment puis-je faire x dans mon histoire ? Quelle technique pour accomplir y ? Vous pensez quoi de faire z ?

Ce n’est pas parce qu’on est en écriture et que l’approche technique a (heureusement) traversé l’Atlantique depuis les États-Unis que l’écriture est devenue une science ; qu’il existe une bonne réponse, un code (ou une poignée) garantissant le succès dans l’exécution. Ça serait trop simple. Je dirais même, au contraire, que chercher cela est prendre le problème à l’envers. Cela revient à demander :

Comment puis-je faire un solo de guitare qui déchire ?

Ben, au-delà de te muscler les doigts, faire des gammes et comprendre l’harmonie, la réponse devient très vite éminemment subjective, tant pour toi que le public, et donc, elle ne peut connaître de réponse objective. En chercher une, je le crains, est même une manière assez sûre de tuer la vie et le naturel d’un projet.

D’accord, mais quand même, comment accomplir un effet donné dans une histoire ? Alors, on peut parler de pistes, bien entendu, on peut étudier des approches, partager son expérience. Mais il est fondamental de se rappeler qu’elles sont une voie parmi une infinité, juste un point de départ pour l’exploration. Trouver la manière d’accomplir quelque chose dans une histoire est nécessairement consubstantiel des événements, des personnages, du stade de l’histoire, et surtout, surtout, de la sensibilité et des intentions de l’auteur ou autrice. De la même façon qu’un solo de guitare émerge de sa chanson, et la nourrit en retour. Au bout du compte, c’est indissociable. Et surtout, ça ne connaîtra jamais de réponse absolue.

La question est légitime. Mais pour y répondre, je crois qu’il faut partir avant tout de son projet, de son envie personnelle, et de creuser en soi la manière dont on veut procéder dans cette instance précise. Car c’est de la création : une réponse ne servira qu’une fois telle quelle dans un contexte donné. Oui, les leçons acquises à cette occasion viendront nourrir les projets suivants, la clairvoyance, de manière à cerner peut-être un peu plus vite ce qui fonctionne ou pas ; mais à nouveau projet, nouvelles réponses, nouvelles exécutions subtilement ou très différentes.

Je sais, c’est pas pratique. Mais en fait, si on se laisse le loisir d’explorer et de se faire plaisir, c’est plutôt cool ! Comme dit le proverbe, on ne se baigne pas deux fois dans le même solo de guitare (ou un truc du genre). Vos réponses, votre personnalité, votre humeur à un moment (et même les difficultés qui peuvent être reliées à l’exécution d’un passage) sont mille fois plus intéressantes que tous les modes d’emploi du monde.

Veuillez ne pas en prendre ombrage, mais dorénavant, je crois que j’appellerai cela des « questions solo de guitare » avec cet article comme point de départ à la conversation – parce que ce genre d’interrogation sur l’approche revient assez souvent.

2022-08-28T08:17:48+02:00lundi 29 août 2022|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Écrire en musique : Eōn, musique procédurale par Jean-Michel Jarre

Je trouve qu’écrire en musique représente toujours un dilemme : d’un côté, le son distrait la part anxieuse de l’esprit, envoie la part critique s’occuper dans son coin à l’écart de la part créative pour ne pas l’étouffer – c’est un des principes derrière mon bien aimé Focus@Will. Mais de l’autre, très rapidement, la musique dans les oreilles couvre celle des mots et il devient difficile de s’entendre penser. D’où la quête sans fin pour écrire en musique (avec des tas de recommandations passées dans les archives) : il en faut juste assez pour apaiser l’esprit.

Dans ce voyage, l’une des découvertes qui m’a certainement le plus convaincu est l’application Eōn, conçue par Jean-Michel Jarre, sortie il y a quelques années. J’étais assez méfiant du principe : des algorithmes génèrent une musique continue et procédurale, accompagnée de visuels évolutifs, le tout fondé sur des séquences conçues par le maître. Si vous utilisez des services de ce genre, vous connaissez le problème : ça finit par tourner en rond à force d’usage intensif, quand le but est justement d’occuper l’esprit sans lui donner d’accroche reconnaissable. Du coup, si ça se répète, c’est loupé. Et quand ça ne se répète pas trop, la musique associée est souvent trop aléatoire, c’est-à-dire moche et dissonante (je n’arrive à me faire à Endel, par exemple).

Eh bien justement, dans ce style, Eōn est spectaculaire. Cela aurait pu être un jouet coûteux et extrêmement limité vendu sur la réputation de Jarre, c’est tout le contraire. Après plus d’une centaine d’heure à utiliser l’application, j’ai éprouvé une familiarité passagère une poignée de séquences vraiment typées, et les combinaisons sont si nombreuses que ça n’est pas vraiment gênant. Toute l’idée de l’app est de ne jamais se répéter tant sur le plan visuel qu’auditif, les combinaisons de séquences étant virtuellement infinies (et toujours éphémères), et en plus, c’est extrêmement écoutable, dans le genre textural : pas de mélodie, mais de bête bruit non plus.

Bref, hautement recommandé pour les longues sessions de concentration (et ça marche évidemment sans connexion Internet). L’app coûte une dizaine d’euros, sur iOS ou Mac. Une capture ci-dessous pour se faire une idée :

2022-08-10T04:10:54+02:00lundi 15 août 2022|Décibels, Technique d'écriture|2 Commentaires

Comment paramétrer Scrivener comme une machine à écrire Freewrite

Tout l’intérêt et la promesse de la Freewrite, c’est de pouvoir écrire sans distraction. On pense souvent, de nos jours, aux distractions nombreuses de la vie connectée (coucou Facebook), mais ça n’en est pas la seule source : une importante cause de doute, qui casse le flow de la création, consiste à juger en permanence les lignes précédentes et à les réécrire sans cesse, jusqu’à l’engourdissement et au dégoût.

Dans ce contexte, l’écran très limité d’une Freewrite est un atout, car il dissimule une grande partie du texte précédent, ce qui empêche de le triturer sans fin (pour ne corriger le premier jet que dans une phase ultérieure et distincte). Après, la Freewrite présente bien des désavantages : le prix d’abord, mais aussi l’absence de tous ces jolis outils bien pratiques que propose l’ordinateur comme la typographie automatique ou bien la correction orthographique à la volée.

Dans ce contexte, il est pertinent de vouloir répliquer dans son logiciel d’écriture (Scrivener, hein, évidemment) la limite artificielle de la Freewrite. Et bien sûr, c’est possible dans toute application digne de ce nom, avec une fonctionnalité appelée, selon les contextes, focalisations ou mode focus. Le focus est appliqué à un niveau du texte (paragraphe ou phrase), et le reste est estompé pour guider le regard là où ça compte. Ce qui ressemble à ça :

Les couleurs de l’éditeur sont bien entendu en Solarisé

Pour ce faire :

  • Présentation > Édition du texte > Focus > Sentence (oui, ils ont oublié de traduire « phrase »)
  • Tant qu’à faire, activez le défilement machine à écrire pour que la ligne courante reste sous vos yeux : Présentation > Édition du texte > Mode défilement

C’est là que brille le soin du détail apporté à Scrivener :

  • Les réglages de l’éditeur peuvent être distincts en mode normal (avec l’inspecteur et le classeur sous les yeux) et composition (avec seulement le texte en plein écran), ce qui permet de conserver deux paramétrages différents pour deux modes de travail, pour la correction et la rédaction par exemple ;
  • Si vous faites défiler le texte à la souris bien que le mode focus soit activé, tout le texte redevient visible, ce qui permet de relire quand même à la volée.

Et voilà. Notons que ça existe aussi sous Ulysses (Présentation > Mode machine à écrire et, de là, Contraste et Défilement sur place ; là aussi, les réglages sont distincts selon que l’application soit maximisée ou non). Même si j’aime beaucoup mes Freewrite, surtout la Traveler en déplacement, et que je n’écris jamais aussi vite qu’avec elles, cela a du sens de travailler direct sur l’ordinateur si l’on sait résister aux distractions externes. Et pour évacuer les distractions internes, voici une manière à mi-chemin (et moins coûteuse).

2024-03-19T05:36:57+01:00lundi 8 août 2022|Technique d'écriture|4 Commentaires

Ayez toujours de quoi capturer les idées vagabondes quand vous écrivez

OK, une astuce vraiment toute simple mais qui peut faire une énorme différence au cours de la rédaction. Vous savez comment, quand vous écrivez, des tas d’idées relatives à la suite de votre histoire (ou même aux scènes précédentes, tandis que votre narration s’affine) peuvent venir vous parasiter et vous tirailler dans toutes les directions alors que, sacré bon dieu, vous voulez juste arriver à écrire ce moment-là de l’histoire pourrais-je rester concentré sur un truc à la fois s’il vous plaît merci ?

Truc tout simple, donc : adoptez le mode de capture immédiat hérité de GTDayez toujours sous la main une manière ultra rapide de capturer ces idées vagabondes, sans les juger, pour les savoir archivées au chaud. Vous y reviendrez plus tard pour les évaluer, et les intégrer à votre manuscrit si elles sont pertinentes ou non.

Parmi les manières toutes simples de procéder :

  • Gardez une feuille et un crayon réservés à cet effet à côté de l’ordinateur / machine à écrire / vélin et plume d’oie ;
  • Associez à un raccourci clavier à votre app de notes préférée (on mentionnera notamment Drafts, dont le seul but est de capturer du texte aussi vite que possible, ou bien Bear, qui fait ça très bien aussi) ;
  • Ou même une entrée rapide dans votre app de tâches (je crois quand même que ça n’est pas idéal, puisque ça n’est pas une tâche, c’est une idée – cela a davantage sa place dans des notes, mais ça marche aussi).

Évidemment, ça ne fonctionne que si vous revenez réellement traiter ces notes par la suite. Mais si vous en faites une routine, peut-être pour entamer votre session d’écriture et reprendre corps avec votre projet, cela permet d’économiser beaucoup de distractions tout en satisfaisant votre inconscient, qui continuera à vous envoyer des idées chouettes pour étoffer votre histoire au lieu de se sentir contraint, de vous faire la gueule, et de couper le robinet à idées.

Exemple d’une idée ainsi capturée avec Drafts pour « Les Dieux sauvages ».
2022-07-31T04:01:28+02:00mercredi 3 août 2022|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Quelques rapides conseils pour écrire du roman à points de vue multiples

Je retombe là-dessus dans mes archives, une réponse à une stagiaire faite en atelier d’écriture, et je me dis, ben, autant l’archiver dans l’éther du vaste monde, en mode noté sur un coin de table, histoire que ça profite si ça peut. Quelles bases recommander pour l’écriture de romans choraux (= à points de vue multiples ?)

On pourrait écrire des manuels entiers sur la question (et nous avons un double épisode de Procrastination sur le sujet dans la saison 4 : part 1 / part 2) mais à mon sens, les premiers éléments auxquels penser sont :

  • Faire en sorte que chaque ligne soit « saine » narrativement (chaque personnage doit avoir une raison d’être là, avoir des conflits et des volontés qui lui sont propres, des actions à réaliser), du début à la fin, avec des promesses narratives « payées » convenablement…
  • … tout en s’assurant de son interdépendance avec les autres ou, a minima, le monde (sinon, pourquoi avoir ce point de vue-là, ou pourquoi avoir les autres si un seul suffirait ?)
  • S’assurer autant que possible que chaque scène « fonctionne » à part entière en faisant à chaque fois avancer l’histoire (voir le jeu des conjonctions de coordination entre scènes)
  • Panacher subtilement les ambiances pour conserver de la variété (par exemple, utiliser les alternances de points de vue pour varier le rythme entre fils narratifs promet de maintenir davantage l’attention à long terme, au lieu, mettons, de mettre toutes les scènes de combat de tous les fils narratifs au même endroit. L’histoire ne le permet pas toujours, mais quand on peut moduler un peu, c’est une bonne chose à réfléchir. Par exemple, si A se bat à la scène n, je peux avoir une scène plus calme avec B en emplacement n+1 pour marquer le contraste… ou bien, résolument, mettre toute la tension au même endroit – ce qui compte, c’est que ce soit des choix conscients)
  • Utiliser un studio d’écriture qui permette une vision globale de son récit me paraît indispensable pour y voir clair (Word en mode plan, ou bien mieux, une application type Scrivener ou Ulysses, mais plutôt Scrivener pour ces raisons)

Un point d’importance à noter sur le roman choral (j’en sais, ahem, quelque chose) : c’est mécaniquement plus long qu’un récit avec un seul personnage (car on multiplie les interactions et les expositions). Et il faut prendre garde à avoir autant de points de vue que nécessaire pour servir l’histoire, mais pas davantage : car à chacun, on augmente mécaniquement le nombre d’interactions, de fils narratifs à maintenir tant pour soi que pour le lecteur, et le risque est de voir l’histoire s’effondrer sous le poids d’une complexité qui ne la sert pas. Mais on peut quand même monter pas mal en nombre (j’en ai entre 6 et 8 par volume de « Les Dieux sauvages », et ce n’est rien à côté du célébrissime extrême de La Horde du Contrevent, où Alain Damasio en fait intervenir une vingtaine).

2022-07-12T09:22:00+02:00lundi 18 juillet 2022|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Quelques rapides conseils pour écrire du roman à points de vue multiples
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