Procrastination podcast ép. 3 : « Les trois genres de l’imaginaire »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Les trois genres de l’imaginaire« .

Science-fiction, fantasy, fantastique : des étiquettes et des genres construits au fil de l’histoire littéraire mais qui correspondent actuellement à des classements importants, à la fois économiques et intellectuels. Cet épisode les définit simplement, tout en laissant la place aux évolutions inhérentes aux expérimentations qui forment les littératures de l’imaginaire. Où les auteurs s’inscrivent-ils, et faut-il absolument se fixer sur un genre ?

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2019-05-04T18:48:42+02:00lundi 17 octobre 2016|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

Rendez-vous misérable

D’où l’importance de la virgule : la phrase n’est pas « rendez-vous, misérable ».

Juste parce que du pain sur la planche trop de choses à faire toussa, un très court passage ici pour aujourd’hui. Il y a quelques jours, j’ai partagé cette petite image – qui n’est pas de moi – et elle a suscité beaucoup d’approbation, donc profitons-en ici aussi. (Si quelqu’un a la source, je serais preneur et ravi de l’intégrer.)

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Sinon, pour mémoire, le prochain épisode de Procrastination sort samedi, et il traitera des trois grands genres de l’imaginaire. En quinze minutes. Oui madame. Nous n’avons peur de rien.

Tizeure, avec Laurent Genefort :

https://www.instagram.com/p/BLavYR2gviE/

2016-10-11T15:08:38+02:00mercredi 12 octobre 2016|Technique d'écriture|3 Commentaires

Question : Comment faire des textes longs ?

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Une excellente question reçue par mail, qui me parle d’autant plus qu’elle me ramène à un problème que je rencontrais il y a une petite dizaine d’années quand je cherchais à allonger mes récits au-delà de la nouvelle pour aborder le roman :

Concernant ton statut sur ton prochain livre qui va dépasser le million de signes… Je me demandais s’il y avait un truc pour parvenir à faire long ? Je constate depuis longtemps que mes romans ont une certaine tendance à la brièveté ce qui a une légère tendance à me frustrer. Atteindre péniblement les 400.000 signes pour constater que le fichu machin est lu en deux jours, c’est une scène familière. Alors est-ce que c’est une question d’affinité naturelle ? Est-ce que certains sont plutôt prédisposés au court et d’autres au long ? Ou bien est-ce simplement une question de méthode de travail ? D’expérience ?

Ma première réponse immédiate est : une histoire fait la taille qu’elle doit faire. Il n’y a pas de mérite à la longueur ; même si les gros bouquins sont prisés aujourd’hui, de Game of Thrones à Harry Potter, c’est en fait une tendance assez récente (que certains attribuent au changement des outils d’écriture, au passage à l’informatique). Les grands classiques de l’imaginaire sont dans l’ensemble des livres plutôt courts ; même Le Seigneur des Anneaux en entier fait à peu près la taille d’un volume en VO de Game of Thrones.

Donc, si l’histoire est réglée en 400 000 signes et qu’il n’y manque rien, c’est qu’elle a la bonne taille. La vitesse de lecture n’est pas fonction de l’impact laissé sur le lecteur. Des Fleurs pour Algernon ou 1984 sont de petits bouquins (par rapport aux standards actuels), pourtant ils ne laissent personne indifférent. La qualité, l’inventivité, la richesse, la profondeur priment évidemment de très, très loin sur la longueur – sinon les auteurs de nouvelles ne marqueraient jamais leurs lecteurs. Et je dirais même que voir son bouquin dévoré est un excellent signe ! C’est voir le lecteur ramer et mettre des mois à le finir qui devrait plutôt susciter l’angoisse…

Mais, pour ne pas esquiver la question – de façon purement mécanique, qu’est-ce qui fait la longueur d’un texte ? L’affinité de l’auteur, oui : sa tendance à décrire plus ou moins en détail, à imprimer un rythme plus ou moins soutenu, va jouer – et, tout simplement, son goût pour une forme ou une autre ; certains auteurs sont plus nouvellistes ou romanciers, certains sont les deux, certains se plaisent davantage dans certains formats ou d’autres. Sortir de cette zone de confort va nécessiter donc du travail (et une réelle envie ainsi qu’un peu d’introspection : pourquoi cette exploration ? Y a-t-il une réelle volonté créatrice ou bien s’agit-il juste de suivre la mode ?). Il n’y a aucun mal à faire court ou long. Personne ne reproche à Amélie Nothomb la brièveté de ses livres, cela fait partie de sa patte.

Après, si « faire plus long » cache en fait le désir de « faire plus complexe, plus ambitieux, plus épique » – alors la question est toute autre. Quand je souhaitais passer de la nouvelle au roman, et à la série (parce que j’aime les séries qui me plongent dans un univers qui m’accroche, et aussi parce que j’aime avoir la plus grande palette d’outils possible à ma disposition), la question m’est réellement apparue en ces termes : il ne s’agissait pas d’une question de longueur pure, mais d’un désir de complexité et d’ampleur, ce qui n’est pas du tout la même chose. Et n’entraîne pas du tout la même approche. Davantage de points de vue, davantage de complexité, un trajet plus long et difficile pour les personnages (qu’on parle de cheminement interne et/ou externe) entraînent mécaniquement davantage de longueur pour rendre le récit crédible. Il y a un échange constant entre longueur et complexité, entre densité et ampleur. En gardant bien à l’esprit, encore une fois, que plus complexe ou plus dense ne signifie pas nécessairement meilleur (pour le lecteur ou l’auteur). Il y a une force dans certains haïku que ne contiennent pas d’épais volumes contemporains.

La complexité entraîne aussi un risque très réel : celui de voir le projet s’effondrer sous son propre poids. De lancer trop d’assiettes en l’air et de ne pas les rattraper. De perdre des fils narratifs, d’oublier de payer des promesses narratives, et, tout simplement, de se noyer dans le projet avant de le mener à terme – sur La Messagère du Ciel, le premier tome des « Dieux sauvages », certes, j’ai dépassé le million de signes à l’heure actuelle mais il faut considérer que j’écris 20 000 signes par jour en moyenne depuis environ quatre mois (je triche, j’y travaille à plein temps) et que j’avais une trame assez aboutie avant de commencer. Plus le projet est long, plus les risques de perdre l’élan (voire, carrément, la foi) sont importants. Et un projet inachevé, personne ne le lit jamais.

Quand j’ai attaqué La Messagère du Ciel, j’avais aussi, déjà, une trilogie complète à mon actif. Par son envergure et sa complexité, je n’aurais jamais pu attaquer un projet tel que « Les Dieux sauvages » à mes débuts1. Quand j’ai voulu passer de la nouvelle au roman il y a une petite dizaine d’années, j’ai procédé par étapes – des novellas, des projets progressivement plus vastes (sachant, encore une fois, que la qualité n’a rien à voir avec la longueur, ni même avec la complexité) – pour être capable de voir de plus en plus loin et, surtout, de me faire confiance. Les créateurs réapprennent et réinventent sans cesse leur métier : que ce soient les outils en soi (plan ou non ? notes détaillées ou pas ?), mais surtout la maturation de la personne quant à son rapport à l’écriture, à sa façon de travailler, à ce qu’elle désire explorer et comment ; trajet qui évolue toute une vie.

Tout cela pour dire quoi ? Qu’encore une fois, il n’y a pas de prime à la longueur – la seule prime concerne la satisfaction du lecteur – un lecteur hypothétique qui peut correspondre à l’œuvre en cours, qui plus est. Rallonger pour la simple satisfaction d’avoir de gros livres a toutes les chances de conduire à un projet impubliable. La longueur émerge mécaniquement du nombre d’enjeux, de l’envergure du récit, du trajet à parcourir. Ce qui nécessite un peu d’expérience et/ou bien du temps et de la motivation pour être mené à terme, mais qui, encore une fois, n’est pas forcément corrélé à la qualité. Le Vieil homme et la mer est un livre court, à la narration simple (en apparence), mais ô combien profond. Il faut parfois beaucoup d’expérience pour arriver à écrire simplement et avec concision… Mais c’est un autre débat.

Pour prolonger la question, notre podcast, Procrastination, consacre son 4e épisode à la longueur des récits et à l’importance (ou pas) de celle-ci.

  1. Et encore, rien n’est publié pour l’instant. J’en parle, mais je suis dans cet état curieux, avant la toute première lecture par qui que ce soit, où je n’ai aucune idée de la réelle valeur de mon projet – qui est peut-être nulle. On verra.
2019-06-07T22:42:10+02:00lundi 10 octobre 2016|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires

Respecter la typographie française sous Scrivener pour Mac

Le Mac c’est le bien, je le dis depuis que j’ai reçu la Révélation après 25 ans de tristitude Windows, mais cela implique forcément de nouveaux réflexes. Scrivener, le studio d’écriture professionnel par excellence, est l’une des meilleures applications pour la construction d’œuvres narratives, mais elle présente un petit manquement : elle ne gère pas facilement la typographie française, notamment les espaces insécables avant les signes de ponctuation doubles. Cela se réglait sous Windows avec une astuce présentée ici (l’autocorrection) mais sous Mac, l’application gère différemment son autocorrection, ce qui rend la même manipulation impossible.

Alors, nous sommes sous Mac, dont les choses sont, de base, bien plus faciles : option-espace insère une espace insécable dans n’importe quelle application qui les reconnaît, ce qui réduit pour ainsi dire à néant le problème, mais on peut avoir envie d’optimiser encore plus sa frappe. Pour ma part, dans le feu de l’action, je n’ai pas envie de me contorsionner les doigts pour insérer ce caractère dès que c’est nécessaire.

La solution ? Là encore, l’autocorrection, pour se fixer une chaîne de caractères facile à taper qui va insérer toute seule l’espace requise. Mais on va faire ça au niveau du système :

Dans les Préférences Systèmes de macOS, allons dans « Clavier », puis « Texte » :

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Cliquez pour agrandir

Il est ici très facile de remplacer une chaîne de caractères brève par une autre (cela ne remplace pas TextExpander, mais ça suffit pour les besoins présents). Pour ma part, je tape simplement deux fois le caractère associé, ce qui est remplacé par le même signe de ponctuation précédé par une espace insécable. Mais n’importe quelle autre combinaison (sauf quelque chose qui débute par une espace) conviendra.

Le plus beau, c’est que ces réglages :

  • Fonctionnent dans n’importe quelle application acceptant du texte enrichi (comme TextEdit, Ulysses, les navigateurs web etc.)
  • Sont synchronisés par iCloud, ce qui signifie que vous conserverez les mêmes réflexes de frappe, si nécessaire, sur vos appareils iOS et donc sur les éventuels traitements de texte que vous utilisez dessus (comme la version iOS de Scrivener).
2019-06-07T22:42:37+02:00mercredi 5 octobre 2016|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires

Procrastination podcast ép. 2 : « Où allez-vous chercher tout ça ? »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Où allez-vous chercher tout ça ? »

« Comment trouver des idées ? » est l’une des questions les plus fréquentes qu’on pose aux auteurs. Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort explorent le fonctionnement de l’imagination et de l’inconscient, la recherche de l’étincelle qui donnera un récit, l’aspect profondément personnel de ce trajet – et comment, éventuellement, le travailler au quotidien.

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2019-05-04T18:48:42+02:00lundi 3 octobre 2016|À ne pas manquer, Procrastination podcast, Technique d'écriture|1 Commentaire

OneNote et Evernote retirés de la boîte à outils de l’écrivain

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Quand j’ai lancé la boîte à outils de l’écrivain, avec des liens d’affiliation, j’avais fait une promesse très précise : je ne ferais la promotion que des outils dont je me sers réellement au quotidien et que je recommande donc sans hésitation.

Il est donc temps de retirer deux produits de la boîte à outils, avec l’irritation de les voir prendre un trajet regrettable, et de voir deux excellents outils s’être sabotés de manière absurde : OneNote et Evernote.

Je retire OneNote car la politique de Microsoft en terme de cloud est, au mieux, discutable. La vie privée des utilisateurs n’est pas respectée, ce qui serait un moindre mal s’il était possible sous Mac d’avoir les données au chaud sur son disque, mais Office 365 ne propose pas d’enregistrement des données en local. Dealbreaker. Pour récupérer ses données, il existe l’application Outline qui est compatible avec OneNote (versions Mac et iOS disponibles).

Je retire Evernote car, pour le dire simplement, les dirigeants ont craqué leur slip : les prix ont augmenté de 40%, ce qui est, à mon humble avis, de la folie pure quand OneNote, Google Keep, Apple Notes sont gratuits en face, et qu’Evernote n’est pas nécessairement le meilleur des quatre. Après avoir fermé un certain nombre de projets dérivés (Evernote Hello, Evernote Food), une telle augmentation dans un marché fortement concurrentiel appelle à la prudence ; l’entreprise a montré à plusieurs reprises une direction hésitante et un manque de vision à long terme. EDIT printemps 2019 : Evernote est de retour, youpi !

Le rat que je suis quitte peut-être le navire, mais il est temps d’aller chercher des cieux plus clairs et surtout plus respectueux de mes données. Pour l’heure, je suis en train de trouver mon bonheur avec DEVONthink (Mac seulement, navré), mais ce n’est pas encore une recommandation ferme – j’en parlerai, le cas échéant, après davantage de tests.

2019-05-28T15:56:59+02:00mardi 27 septembre 2016|Technique d'écriture|10 Commentaires

Procrastination épisode 1 : La technique en questions

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Mise à jour du lendemain : le podcast est à présent disponible sur iTunes et par flux RSS classique

Mise à jour 13h40 : l’épisode est également disponible sur YouTube

Ça y est ! Le premier épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort, est sorti ! C’est donc un rendez-vous bimensuel que nous vous donnons, le 1er et le 15 de chaque mois, pour discuter d’écriture, de narration, de technique littéraire et d’édition, et ce en quinze minutes.

Le titre de cet épisode : « La technique en questions » :

Pour ce premier épisode, Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort introduisent le projet de ce podcast sur l’écriture en discutant du rôle de la technique dans l’art, de la place à lui réserver dans la pratique et des manières de l’acquérir. À quoi sert la technique ?  Comment l’équilibrer avec l’inspiration, un bon livre est-il forcément « parfait » techniquement ? Faut-il trouver « sa » technique, et le cas échéant, comment faire ?

Le podcast est disponible sur Soundcloud (et donc ci-dessous), sur iTunes, par flux RSS classique et aussi sur YouTube :

 

2019-05-04T18:49:22+02:00jeudi 15 septembre 2016|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination, un podcast sur l’écriture en 15′ avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort

procrastination-logo-seulJoie ! C’est un projet secret avec lequel nous avions un peu teasé, mes camarades et moi : et Elbakin a annoncé l’information, donc nous allons en parler.

Le 15 septembre, avec les sublimes Mélanie Fazi et Laurent Genefort, nous lançons un podcast sur la technique de l’écriture et sur le métier au sens large. Il sera résolument tourné vers la narration et ses techniques, de la conception à la publication en passant bien évidemment par la rédaction, l’édition, etc. et chaque épisode ne durera que quinze minutes (afin de ne pas trop abuser du temps de l’auditeur… et de délivrer un maximum d’informations pour un minimum d’emballage). La formule est clairement inspirée de l’excellent Writing Excuses, podcast américain dirigé par Brandon Sanderson (nous n’avons aucun lien avec eux, mais ils nous ont gentiment permis de construire notre propre podcast en partant de leur exemple).

Le podcast est hébergé par le site de référence Elbakin, bien connu des fans de fantasy, qui nous prête sa plate-forme (et que nous remercions au passage !). Il sera évidemment disponible sur tous les agrégateurs habituels. Nous avons prévu une minimum de 20 épisodes sur l’année pour commencer, sachant qu’ils sortiront toutes les deux semaines, le 1er et le 15 de chaque mois. 

Voici les thèmes des cinq premiers : 

  1. La technique en questions
  2. Où allez-vous chercher tout ça?
  3. Les trois genres de l’imaginaire
  4. C’est pas la taille qui compte
  5. Question de point de vue

Nous espérons que vous apprécierez ce nouveau projet – en tout cas, nous nous amusons beaucoup pour l’instant et nous commençons à trouver un bon rythme. Nous serons très attentifs aux réactions des auditeurs, donc n’hésitez pas à nous transmettre vos questions sur l’écriture et vos avis sur le podcast et son contenu.

Pas d’inquiétude pour le contenu de ce blog, ici ; cela ne changera pas grand-chose (d’autant plus que certains sujets se prêtent mieux à des articles écrits et/ou des illustrations visuelles), à part que je communiquerai bien entendu aussi sur Procrastination au moment de la sortie d’un nouvel épisode. Les deux supports ne se marcheront pas sur les pieds – la raison la plus immédiate étant que Procrastination reflète un débat entre nous trois (avec parfois trois points de vue assez divergents sur la technique, ce qui est tout l’intérêt de la chose), mais qu’ici, c’est moi tout seul, et que je suis certes plus cinglé que toi, mais au point de ne pas être d’accord avec nous-mêmes. (sic)

Lire la news d’Elbakin, et discuter de cette annonce sur le forum d’Elbakin.

Le petit jingle que j’avais publié il y a un mois correspondait en fait à ce projet. Encore une fois, dès publication, n’hésitez pas à nous transmettre vos retours. (Nous verrons à l’usage s’il y a une façon pratique de centraliser le feedback, mais j’imagine que le plus simple sera le forum d’Elbakin.)

Avanti ! 

2016-09-19T18:16:13+02:00lundi 5 septembre 2016|À ne pas manquer, Technique d'écriture|2 Commentaires

Écrire, c’est choisir

Y a des auteurs comme ça. Si.

Nous avons passé six semaines à commenter les célèbres règles de Robert Heinlein sur l’écriture et, la dernière fois, j’avais promis de proposer une règle bonus – la mienne. Il ne s’agit pas d’oser me comparer au maître, mais comme nous sommes dans l’élan de parler de maximes brèves et lapidaires, le moment n’est pas trop mal choisi ; voici ma proposition :

Écrire, c’est choisir. 

Je me la suis formulée ainsi car c’est l’une de mes causes principales de procrastination sur un projet. Les potentialités d’un livre en construction sont toujours splendides et infinies. L’objet est toujours parfait en esprit ; il couvre tous les thèmes souhaités avec adresse, il propose une intrigue haletante, des personnages complexes, il est inventif, bref, il constitue un pavé de marbre blanc supplémentaire sur ce chemin étincelant qui conduit au prix Nobel (ainsi qu’au luxe de se garer en double-file sans risquer de contravention) (non ? C’est pas dans le prix ? Mais alors, quel intérêt ?).

Seul problème : à moins d’écrire des sonnets, un récit est long. Une nouvelle peut se lire en une session, mais il est peu probable que ce soit le cas pour son écriture ; ne parlons même pas d’un roman. Par conséquent, l’écriture d’un livre est sujette aux fluctuations d’humeur, d’énergie, et c’est nécessairement un processus saucissonné en 70 jours environ pour le premier jet (en admettant une vitesse d’écriture à 15 000 signes quotidiens et un bon pavé). Il est impossible de contrôler tout le processus dans ses moindres détails sur le premier jet – ce n’est d’ailleurs pas le but de cette phase de l’écriture. Le récit va prendre son propre élan, sa propre dynamique au fil de la progression ; certains thèmes vont se révéler, d’autres risquent de glisser au second plan. Certains personnages vont se révéler moins complexes qu’espéré, d’autres davantage. C’est normal, car même pour un écrivain structurel (dont ton humble serviteur, auguste lectorat, fait partie), c‘est l’écriture à proprement parler, l’accomplissement du voyage aux côtés des personnages, qui façonne réellement le livre.

Cela signifie qu’à un moment – et idéalement le plus tôt possible – il faut lâcher prise sur les attentes et les espoirs. Faire de son mieux, comme toujours, mais accepter que le livre ne sera peut-être pas forcément tout ce que l’on espère – Bridget Jones dans l’espace avec des batailles spatiales épiques intégrant une réflexion sociale à la Gattaca et métaphorisant Critique de la Raison Pure. (Si vous y arrivez, j’achète direct.) L’histoire passe avant toute autre considération, et cela signifie que certaines exigences de rythme, de cohérence, voire de taille pure du livre, pourront dicter de laisser des pans de côté ou, du moins, qu’il faudra les laisser s’atténuer. Mais à un moment, pour avancer, pour seulement progresser dans le premier jet et cerner ce qu’est ce fichu livre au bout du compte, il faut l’écrire – et pour y arriver, il faudra faire des choix, ou accepter ceux qui s’imposeront en suivant la dynamique du récit. La simplicité n’est pas une mauvaise chose ; less is more.

Écrire, c’est choisir.

La bonne nouvelle, c’est qu’un livre, par sa longueur, sera toujours une œuvre un tant soit peu complexe offrant de multiples facettes. Si les personnages sont crédibles, le décor développé, le rythme réfléchi, alors une certaine densité de l’œuvre émergera de facto, née des choix effectués en amont. Ce ne sera pas forcément cette densité-là qu’on espère de prime abord, c’est possible ; l’expérience de l’écriture intervient au fur et à mesure, et l’on parvient de mieux en mieux à rapprocher le jet de l’œuvre de la cible visée initialement. L’idéal, c’est que le résultat reste motivant et excitant non seulement au bout du compte, mais aussi en cours d’écriture.

2019-06-07T22:42:51+02:00lundi 15 août 2016|Best Of, Technique d'écriture|11 Commentaires

Les cinq règles de l’écriture par Robert Heinlein (5) : Maintiens ton travail en circulation

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Rappel : cet article fait partie d’une série programmée sur les règles de l’écriture de Robert Heinlein. Introduction générale et sommaire

« Maintiens ton travail en circulation jusqu’à réussir à le vendre »

Nous voici au dernier article de cette série, avec la dernière règle de Robert Heinlein qui vise à amener un jeune auteur jusqu’à la publication. Encore une fois, d’apparence faussement simple : est-ce qu’il s’agit simplement d’inonder les boîtes de réception avec les mêmes textes jusqu’à ce que ça marche ?

Pas exactement. Ce sur quoi Heinlein met l’accent est en fait double :

Ne pas écouter le découragement. La majorité des auteurs vous le diront : ils ont tous essuyé des rejets, parfois en quantité, avant d’arriver à placer leur premier texte. Je cite souvent (parce qu’il est franchement renversant) l’exemple de Brandon Sanderson qui a écrit TREIZE ROMANS d’un MILLION de signes PIÈCE avant de vendre son premier. Percer prend du temps, apprendre l’écriture aussi. Recevoir des lettres de rejet est la marque d’un auteur qui se fait les dents. Et, de plus, il faut se rappeler que chaque support, chaque éditeur a son goût, et ce qui n’a pas convaincu l’un peut convaincre un autre. Donc, le lâcher-prise est indispensable.

Petite anecdote personnelle : avant d’être publiée (et de remporter le prix Imaginales, d’être podcastée, republiée, traduite aux États-Unis, même étudiée en essais et à l’université – je ne dis pas ça pour me la raconter mais pour le contraste avec la seconde partie de la phrase, qui arrive là : ), « L’Île close » m’a été refusée par plusieurs supports. « Bataille pour un souvenir » a connu un sort comparable. C’est sûr, ça ne fait jamais plaisir, mais la règle cardinale de l’écrivain doit toujours être : d’écrire, et idéalement de travailler à la chose suivante quand les précédentes circulent. Car :

Garder ton travail en circulation ne signifie pas le même travail. C’est un travers que je vois régulièrement chez des jeunes auteurs : ils ont sué sang et eau sur un travail donné et misent ensuite toutes leurs chances de publication / succès / célébrité / millions de dollars sur cet unique travail (et si ça ne marche pas, ils passent l’éponge). Alors c’est juste : après tant de travail et de temps, cela fait mal au cœur de devoir le remiser, mais il faut avoir conscience que c’est toujours probable (au moins pour un temps, avant d’acquérir la maturité d’identifier ce qui cloche et le corriger). Quand Heinlein dit qu’il faut garder son travail sur le marché, c’est qu’il faut continuer à alimenter le marché, et pour continuer à l’alimenter, il faut continuer à écrire. Les mots qu’on écrit ne sont jamais perdus : soit parce qu’ils sont bons (et finissent publiés ; joie) soit parce qu’ils sont mauvais – auquel cas, ils ont été sortis, écartés, on en a retiré une leçon importante, et la voie est dégagée pour les mots suivants, qu’on peut espérer meilleurs. Un écrivain est quelqu’un qui écrit, qui continue à produire, avant d’être quelqu’un qui publie. Se concentrer à tout prix sur ce dernier aspect, c’est confondre l’arbre et la forêt, c’est s’avancer vers de sévères déconvenues, car l’activité en elle-même ne fournira pas la joie qu’elle est censée donner à celui qui la pratique. Publier est merveilleux ; mais je crois fermement qu’écrire uniquement pour publier produit une distorsion usante dans la pratique artistique.

Quand je faisais mes premières armes, un des plus grands noms de la fantasy contemporaine m’avait confié un petit secret : dans ses débuts, cet auteur s’était fixé pour règle de conserver en permanence deux textes au minimum en soumission quelque part. Eh bien, c’est plus facile à dire qu’à faire, même dans le cas de la nouvelle. Mais j’avais adopté cette règle et, deux à trois ans plus tard, je publiais régulièrement, parce que cela me forçait à produire régulièrement, donc à expérimenter, et cela maintenait mon travail en circulation, ce qui augmentait mécaniquement les chances que je le place. Rétrospectivement, je considère cette période comme celle où je me suis professionnalisé – juste par l’application de cette petite discipline.

Et voilà ! Cet article termine la série des cinq règles sur l’écriture par Robert Heinlein ; la liste est toujours disponible ici. Mais l’été n’est pas terminé ! Si j’ose emboîter le pas du géant, je proposerai la semaine prochaine en bonus ma petite règle additionnelle, non pas parce que j’ose me comparer à Heinlein, mais parce que cela reste dans le thème des petits principes simples à appliquer et que, on ne sait jamais, ce petit addendum pourrait servir à quelqu’un, là, dans le vaste monde.

2019-06-07T22:43:01+02:00lundi 8 août 2016|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires
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