Procrastination podcast s09e20 – Les projets abandonnés

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e20 – Les projets abandonnés« .

Une vie créative verra très certainement des projets abandonnés par la nécessité des circonstances ; ce n’est pas forcément une décision évidente, comment naviguer et qu’en apprendre ?

Lionel avance que cette situation est un fait de la vie, de l’évolution personnelle ; c’est aussi l’occasion d’ouvrir la place pour d’autre chose de peut-être plus enthousiasmant, ce n’est ni un échec ni une fatalité.

Quand Mélanie a dû prendre cette décision, c’était souvent en lien avec un ressenti du projet indiquant une conception manquée de celui-ci. Il convient alors de laisser reposer, mais ce peut-être aussi l’occasion de récupérer des éléments pour les injecter dans un contexte nouveau.

Estelle affirme que les projets ont en général un moment propice pour se réaliser, et il peut arriver qu’on cherche à les faire trop tôt. Elle parle de l’impact qu’un abandon peut avoir sur une carrière – mais aussi des problèmes causés par les projets réalisés dans des conditions adverses.

Références citées

  • Elizabeth Gilbert, Big Magic (« Comme par magie »)

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2025-07-04T06:39:58+02:00mardi 1 juillet 2025|Procrastination podcast|0 commentaire

Procrastination podcast s09e14 – Gérer le doute

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e14 – Gérer le doute« .

Procrastination parle souvent de… procrastination, mais il s’agit ici de gérer plus spécialement le doute au long cours sur les années, que l’on essaie de publier ou même que l’on ait une carrière. Comment le gérer ? S’en va-t-il un jour ?

Pour Mélanie, non. Elle l’apprivoise en reconnaissant que son intensité n’est pas forcément ancrée dans la réalité ; elle a appris que l’impression de ne pas arriver à faire quelque chose ne signifie en rien qu’elle n’y arrivera pas.

Estelle confirme que c’est universel, même après des décennies de métier ; connaître son fonctionnement aide beaucoup à le naviguer. Elle parle aussi des coups durs d’une carrière.

Pour Lionel, il s’aggrave même avec le temps ! Mais il s’enracine dans un souci du travail bien fait qui est une bonne intention ; attention, en revanche, à ne pas introduire comparaison et enjeu dans la création artistique, qui sont puissamment délétères.

Références citées

  • Dean Wesley Smith
  • Yoda

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2025-04-29T16:45:52+02:00mercredi 2 avril 2025|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s09e14 – Gérer le doute

Procrastination podcast s09e13 – Quand l’écriture conduit là où c’est difficile

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e13 – Quand l’écriture conduit là où c’est difficile« .

L’écriture apporte son lot de difficutés, mais ici, il ne s’agira pas de difficultés techniques, mais personnelles et psychologiques. Que faire quand l’écriture nous conduit à une zone d’ombre ou d’inconfort intime ?

Estelle met en avant l’importance de se connecter à la raison d’être de son projet et à ce que l’on désire partager à travrs lui ; de plus, la technique aide à maintenir la distance entre le récit et le personnel, et donc à naviguer la création.

Mélanie ne rencontre pas ce problème car ce qu’elle peut concevoir, elle peut écrire, même si c’est très personnel ; sinon, elle n’ira tout simplement pas (parce que pourquoi se faire du mal ?). Elle rappelle aussi que le premier jet n’a pas vocation à être partagé, et que c’est un endroit sûr que l’on peut filtrer par la suite.

Lionel rappelle qu’on a toujours le choix d’aller dans une zone d’ombre ou pas, met l’accent sur la sécurité personnelle, mais avance aussi que si l’inconscient nous amène à un seuil difficile, c’est rarement gratuit. Il peut être possible d’opérer une transmutation cathartique sur le sujet.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2025-04-14T14:01:37+02:00lundi 17 mars 2025|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s09e13 – Quand l’écriture conduit là où c’est difficile

L’édition et l’imaginaire ne sont pas imperméables : à un moment, il faut se bouger

Au détour d’une conversation avec l’équipe d’Elbakin.net, j’apprends une nouvelle qui, comme disent les jeunes (ou peut-être déjà plus), me bute.

Leur podcast principal, qui a lancé des appels à candidatures il y a quelques mois (et vient de reprendre !), a reçu royalement le nombre suivant de candidatures :

Trois.

(J’écris cet article avec leur approbation pour communiquer le nombre, mais ils n’ont aucune idée de ce que j’écris et ne sont nullement associés à mes mots, même si, quand ils m’ont donné l’accord de donner le chiffre, j’ai senti de leur part un léger serrage de fesses, ayant probablement senti mes gros yeux à 17000 km de distance.)

Les gens, en fait les gens qui ne me lisent pas, donc c’est un peu ballot, mais bon, bref, les gens : il faut qu’on se parle. Cela fait à peu près une décennie, à la louche, que je lis des questions en ligne du genre : l’imaginaire c’est fermé on peut pas y rentrer, l’édition c’est super opaque, moi je veux bien faire du réseau mais comment je fais je connais personne, et d’ailleurs c’est la seule façon de publier hein, c’est connaître qui il faut –

Désolé, mais, à force

Mes amis, on le ressasse éternellement dans Procrastination, un auteur établi a été un jour un auteur débutant, tout le monde a fait le même parcours que vous, les temps changent mais pas tant que ça par certains côtés, et en plus, beaucoup (même si de moins en moins, le temps avance, tout ça) l’ont fait avant l’omniprésence d’Internet, soit sans le littéral débordement d’information qu’on y trouve (formations, articles, forums, des années de tables rondes captées entre autres par ActuSF, podcasts évidemment, etc.).

Mes amis, j’aurais donné très cher pour avoir accès à tout ça quand j’ai commencé et que – y a prescription, donc je l’avoue – j’imprimais des pages et des pages de ressources uniquement disponibles en anglais à la salle informatique de mon école à deux heures du matin en profitant qu’il n’y ait pas de quota.

Quand je lis ces bouteilles à la mer sur les réseaux et qu’en face, je vois que le podcast Elbakin.net, porté donc quand même par l’un des premiers sites de France, reçoit trois candidatures, j’ai vraiment du mal à comprendre. Okay, peut-être n’êtes-vous pas à l’aise avec le format (mais je vous dirais bien : dans mes années formatrices, j’avais envie de faire des trucs, d’écrire, d’apprendre, donc mon confort avec un format n’entrait pas en ligne de compte, ma réponse de base à « tu veux faire x ? » était : « oui » et je voyais après comment j’allais me tirer de ce guêpier), cependant ça n’est pas une occurrence isolée (voir l’anecdote avec mes étudiants citée dans l’article d’origine). Des occasions pour découvrir un métier et un milieu, des médias, il y en a plein d’autres (bénévolat en festival, blogging, revues amateur…)

Attention, je ne dis pas qu’il faut bosser gratuitement, le travail mérite rémunération ; mais quand on débute, qu’on est, par définition, un complet amateur, des occasions de faire des trucs chouettes au titre du loisir (on faisait des fanzines, autrefois, par exemple), ça existe, ce sont de super occasions d’apprendre, de faire, et c’est comme ça que les portes peuvent finir par s’ouvrir, juste parce que vous montrez enthousiasme, motivation et un début de compétence. (En parlant de portes, j’ai l’impression d’en avoir une énorme devant moi, totalement ouverte, et de l’avoir totalement défoncée, mais visiblement, ce n’est pas une évidence.)

Mes amis, s’investir et se construire, ça nécessite plus que poster une demi-question sur Threads et se réjouir de voir « ah ben je suis pas le seul à me demander ça, c’est quand même compliqué hein, emoji cœur sur toi avec les mains ». Bien sûr, la validation, c’est chouette, mais vous savez ce qui vous entraîne plus loin et vous permet d’atteindre vos buts et vos objectifs ?

L’absence de validation. Sortir de chez soi dans le vaste monde (qui n’est pas aussi dangereux qu’on l’imagine).

Être validé, c’est confortable, et c’est une nécessité humaine. Mais ce qui nous fait progresser, apprendre, évoluer, c’est justement ce qui ne nous valide pas ; ce qui nous met en situation d’inconfort et nous oblige à agir. Bien sûr, les deux sont nécessaires à une existence, et on préférera certains dans certains contextes (le soutien dans son entourage proche, par exemple), et tout le monde va chercher un équilibre différent à des moments différents. Toutefois, si votre vie n’est faite que de validation ou que de défi, je suis navré, mais il y a un souci quelque part.

Mes amis, dans une vie qui se veut créatrice, la peur et l’immobilisme ne peuvent pas vous gouverner. Désolé, mais la peur est comprise dedans. Ça n’est pas négociable. Ce que vous en faites, comment vous apprenez à la gérer, c’est ce qui fera la différence, et la bonne nouvelle, c’est que ça se travaille ! La mauvaise, c’est que personne ne le fera à votre place. Il n’y a pas, dans la création, de dû, d’occasion qui viendra frapper à votre porte sans que vous n’alliez d’abord à la découverte du monde, ni de récompense en corrélation avec le travail investi. Si vous raisonnez en termes de justice ou de rétribution, je vous le dis tout de suite, c’est fondamentalement injuste ; donc, arrêtez de penser ainsi et pensez plutôt à l’épanouissement offert par le chemin.

Faites-le parce que ça vous nourrit. Ou ne le faites pas. Il n’y a, justement, que des essais.

Ou encore, dans les mots immortel du roi Arthur :

Emoji cœur sur vous avec les mains.

2024-10-06T01:59:34+02:00mardi 8 octobre 2024|Best Of, Humeurs aqueuses|17 Commentaires

Créer n’équivaut pas à produire. Les chantres de l’IA ne pigeront jamais (ou : pourquoi on joue à Demon’s Souls)

Il ne se passe guère de semaine en ce moment sans qu’un énième chantre de l’IA vous explique combien ceux qui refusent de s’en servir sont des néo-luddites, que le basculement est inévitable, et rendez-vous compte ! Grâce à ça, ils ont pu produire cent cinquante morceaux de musique dont ils ont inondé les services de streaming, c’est le futur, imaginez tout ce qu’on peut produire qui est à la portée de tout le monde.

L’IA génère un tas de confusions en mélangeant des tas de sujets (souvent par des gens qui les maîtrisent mal), mais ici, et dans une grande partie des discours concernant la création artistique, on trouve une ignorance qui consiste à équivaloir créer avec produire. C’est-à-dire équivaloir le résultat (et souvent les fantasmes de célébrité, de statut et d’identité qui vont avec : moi, j’ai produit une symphonie, moi, j’ai produit un livre) avec le processus.

Il se trouve que créer, en effet, vise souvent la production d’un résultat, et c’est la motivation première, mais ça n’est pas le processus. Le processus, et l’immense récompense de la création, j’oserais dire sa raison même, c’est le chemin. C’est tout ce qu’on apprend et réalise au fil des difficultés successives ; c’est presque une initiation à chaque fois.

Holà, Davoust, t’es vraiment un néo-luddite pour tenir un discours pareil, en plus t’es new age maintenant – 

Tut tut. Pourquoi vous jouez à Demon’s Souls ? Pourquoi ce jeu, initialement destiné à un public restreint au Japon, a fini par devenir un succès planétaire, fondant un genre à part entière jusqu’à engendrer l’un des titres les plus marquants de la décennie, Elden Ring ?

Le plaisir de l’accomplissement. Le plaisir de faire, de réaliser quelque chose. Le plaisir du parcours.

Cet exemple, ce monstrueux succès commercial, prouve magnifiquement pourquoi il est crétin d’équivaloir création (accomplissement, chemin) et résultat (j’ai fini le jeu).

Les techbros chantres de l’IA s’imaginent que la difficulté de créer représente un ennemi à abattre ; j’adhère entièrement au discours consistant à accélérer les apprentissages, donner les outils, mais ça ne signifie pas détruire le chemin au passage.

Selon cette logique, toujours plus facile à comprendre dans le cadre de la musique, il n’y aurait aucun plaisir, aucune finalité à jouer d’un instrument, à chanter, à danser ; seul le résultat, la production comptent. Quelle vision de la vie asséchée et stérile. Selon cette logique, pourquoi chanterais-je sous la douche, puisque Hatsune Miku le fait à ma place ?

Parce que, je ne sais pas, c’est nourrissant ?

Cette vision est plus que stupide, cela témoigne d’une ignorance fondamentale de la création : c’est le chemin qui constitue la finalité, pas le résultat. Le résultat est l’outil qui motive à élaborer une forme aussi achevée que possible de ce chemin.

L’IA n’est pas un outil créatif au même titre que l’est, par exemple, un sampleur qui fournira une matière sonore qu’on manipulera au-delà du reconnaissable (comme avec la synthèse granulaire). J’ai joué avec des outils de création musicale et textuelle ; on va beaucoup plus vite droit au résultat voulu en faisant le boulot soi-même pourvu qu’on accepte de prendre un temps minime d’apprentissage. Et surtout, telle qu’elle est vendue, promise, cette IA voudrait ôter l’étape de création artistique qui représente le but même de toute l’entreprise.

Les techbros vendent la promesse d’un mensonge à des gens qui veulent se déclarer musiciens, écrivains, peintres, mais ne veulent surtout pas l’être – c’est-à-dire accepter l’effort, mais aussi les récompenses qui l’accompagnent (cf Demon’s Souls). L’ado qui écrit des poèmes maladroits avec son cœur pour le seul bénéfice de son tiroir sera toujours mille fois plus créatif que le producteur de hits de pop à la chaîne qui demandera à une quelconque IA musicale future de lui sortir à la chaîne des resucées de recettes qui marchent.

Et surtout, l’ado vivra cent fois plus dans ce processus émotionnel que le producteur, et personnellement, je trouve que l’intérêt de la création réside avant tout dans la vibration émotionnelle fondamentale qu’elle procure. Je n’ai pas envie que ChatGPT écrive à la ma place ; pas envie qu’un algorithme compose ou code pour moi ; je veux comprendre, apprendre, et faire moi-même. C’est tout le fucking intérêt.

Dans les mots de Zach Weinersmith, de Saturday Morning Breakfast Cereal :

Et là aussi, quantité d’amoureux de la discipline (et de professionnels) pourront répondre qu’ils ne veulent pas non plus qu’on automatise leur plomberie, et more power to them. Pourquoi les cours de bricolage du dimanche ont-ils tant de succès, si ce n’est pour s’approprier un savoir-faire ?

2024-08-15T01:18:21+02:00mercredi 14 août 2024|Humeurs aqueuses|2 Commentaires

300 000 signes dégraissés de La Succession des Âges

De deux choses l’une : soit ce marqueur est la preuve que, ma foi, j’ai parcouru un mètre ou deux en une quinzaine d’années, soit c’est le début de la fin et il faut que j’arrête tout.

Le manuscrit de La Succession des Âges vient de franchir une étape importante dans mon retravail : j’ai dégraissé 300 000 signes espaces comprises sur 1, 5 millions en correction personnelle, soit l’équivalent… de la masse complète de mon premier roman, La Volonté du Dragon.

Comme on dit en anglais, sobering thought (pensée qui rend sobre ? l’état de base de l’anglophone étant donc l’ivresse ? de l’existence ? c’est beau). Plus sobering encore, c’est un tout petit peu moins que la moitié du volume déjà écrit (3,2 millions) et un gros tiers du volume restant à écrire (environ 800 000 signes). On avance, mais on n’est pas encore arrivé.

Ai-je fait des coupes drastiques pour en arriver là ? Fichtre, même pas. Du tout. Au contraire : j’ai rajouté deux scènes entièrement nouvelles par rapport au premier jet (dont une assez grosse), et je suis quand même largement en-deçà du volume d’origine.

L’écriture implique toujours un minimum d' »échafaudages de construction » – ces moments où tu cernes un peu toi-même les détails d’une scène, l’état d’esprit des personnages, son organisation, malgré la meilleure clarté d’esprit possible : tu racontes, mais tu découvres aussi forcément un peu. Dans un roman choral, le phénomène est multiplié par le nombre de points de vue ; dans un monstre du type de La Succession des Âges, il y a énormément de choses à suivre ; et en plus, c’est une conclusion de saga, dictant de ficeler définitivement un bon paquet d’éléments. Au final, ces échafaudages n’ont pas plus leur place dans le produit fini qu’on ne s’attend à voir les échafaudages devant un monument dévoilé un public : ça vire. Et ça vire, en large partie, dans le tissu même de la narration – je n’ai rien coupé en termes de structure, seulement dynamisé un grand coup l’ensemble en virant le gras, en ébarbant des détours narratifs sans importance, en simplifiant un certain nombre de fils ou considérations tertiaires (il y a déjà bien assez de trucs à suivre comme ça), en réécrivant plus ou moins, donc. C’est un exemple typique où l’écriture et la réflexion prolongée conduisent en définitive à faire moins, parce qu’après être parti un peu dans tous les sens, on cerne ce que l’histoire veut être, et on ne garde que ça (plus ou un deux jolis détours quand même, parce qu’on n’est pas des brutes). Certaines scènes ont perdu 20, 30, 50% de leur masse en pure élégance. Et c’est BIEN.

Le rythme va ralentir un peu pendant mon séjour en France, forcément (hé ! on se voit à Grésimaginaire ce week-end, hein), mais j’ai le plus gros Acte du livre avec moi qui doit dégraisser d’autant plus.

Onwards.

Dédicace de House of Hades de Rick Riordan :
« À mes merveilleux lecteurs,
désolé pour le cliffhanger précédent.
Enfin, non, pas vraiment. HAHAHAHA.
Mais, sérieusement, je vous aime. »
2024-03-31T16:02:11+02:00jeudi 4 avril 2024|Journal|Commentaires fermés sur 300 000 signes dégraissés de La Succession des Âges

Procrastination podcast s08e09 – Parlons de l’IA générative

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s08e09 – Parlons de l’IA générative« .

C’était la grande actualité du domaine technologique en 2023, la mise sur le marché des « Intelligences Artificielles », des algorithmes génératifs de texte type ChatGPT, et Procrastination ne peut pas faire l’économie d’en parler quinze minutes : où se situent ces outils, et peut-on en faire quelque chose pour l’écriture de fiction ?
Lionel rappelle la définition technique de ces « modèles de langage », en quoi ils ne sont pas des « intelligences » et en quoi le fantasme qu’ils représentent trahit un état d’esprit nocif pour la création. Estelle expose les problèmes éthiques, économiques et sociaux qu’ils soulèvent en termes de viabilité de la création et d’accès à l’expression publique, et met en avant l’importance de la résistance humaine face aux abus.

Références citées :

  • ChatGPT
  • Blake Lemoine et son entretien avec LaMDA (et non LLaMA, qui est un autre modèle) https://cajundiscordian.medium.com/is-lamda-sentient-an-interview-ea64d916d917
  • Stéphanie Le Cam et la Ligue des Auteurs Professionnels https://ligue.auteurs.pro
  • Blade Runner, film de Ridley Scott
  • Kelly McKernan
  • Le Monde
  • La Caisse d’Allocations Familiales française, qui doit se demander pourquoi elle est citée ici : ça n’est pas pour de bonnes raisons
  • La Charte des Auteurs et illustrateurs Jeunesse
  • Pierrick Marissal, L’Humanité
  • Microsoft
  • X
  • L’affaire du registre ReLIRE, déclaré illégal par la Cour de Justice de l’Union Européenne https://actualitte.com/article/30516/numerisation/l-europe-abat-la-loi-oeuvres-indisponibles-pour-avoir-meprise-les-auteurs
  • Amazon
  • Glaze https://glaze.cs.uchicago.edu/download.html
  • Interview de François Baranger dans Numerama https://www.numerama.com/tech/1221908-les-ia-generent-des-images-mais-pas-de-lart.html
  • Steven Pressfield

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2024-02-06T08:54:14+01:00lundi 15 janvier 2024|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e09 – Parlons de l’IA générative

Procrastination podcast s08e06 – Briser les codes

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s08e06 – Briser les codes« .

De l’influence que l’on redoute pour conserver sa voix, son originalité, au suivi aveugle d’une formule, que sont exactement les codes littéraires, et surtout, où se trouvent leurs limites et leurs bénéfices ? Faut-il réinventer la roue ? Estelle rappelle, exemples à l’appui, que pour les briser, il faut d’abord les connaître ; et notre époque a soif d’œuvres qui brisent certaines représentations surannées. Pour Lionel, les codes de la forme narrative qui ont traversé les époques présentent peut-être un intérêt parce qu’ils sont transparents, ce qui permet de déplacer l’effort mental du lecteur sur un discours ou un message. Mélanie appuie vigoureusement !

Références citées :

  • Élisabeth Vonarburg
  • J. R. R. Tolkien
  • Elantris, de Brandon Sanderson
  • Guy Gavriel Kay
  • « Abyme », diptyique de Mathieu Gaborit
  • Courtney Solomon (qui a réalisé le Donjons et Dragons de 2000)
  • Peter Jackson et ses adaptations du Seigneur des Anneaux
  • Notre-Dame des Fleurs, de Jean Genet
  • Pablo Picasso

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-12-15T08:22:55+01:00vendredi 1 décembre 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e06 – Briser les codes

Les éditeurs n’ont pas pour mission de vous faire progresser

This just in, cet excellent fil sur Twix (ben quoi ?) d’absolue utilité publique :

Et qui me rappelle deux choses : d’une part, la passionnante intervention de Mireille Rivalland dans l’épisode 501 de Procrastination, où elle expliquait ouvertement que dans ses débuts à l’Atalante, elle renvoyait des retours circonstanciés pour chaque refus de manuscrit, et que les discussions sans fin qui s’ensuivaient ont fini par la dissuader de rentrer là-dedans.

D’autre part, des réflexions amères qui passent de loin en loin sur les réseaux, concernant, le fait que les maisons d’édition ne veulent pas aider les jeunes auteurs, relire des manuscrits déjà soumis auparavant, et mettent des années à répondre – insérez les frustrations courantes vis-à-vis du système.

Mes amis, je suis navré, je vais être brutal, mais les maisons d’édition n’ont pas pour vocation de vous apprendre à écrire ni de vous faire devenir de meilleurs auteurs, du moins pas tant que vous et elle ne vous êtes pas accordés un minimum sur un projet à défendre (ce qui implique un niveau basal de compétence comme de professionnalisme pour arriver à construire ladite entente), et là encore, vous n’êtes pas la finalité, c’est le projet, la finalité. (Votre apprentissage est un heureux sous-produit du processus, qui pourra être réinvesti dans tous les projets à venir, qui se conduiront à nouveau avec les mêmes équipes si tout le monde est content.) Ce sont des entreprises qui sont chroniquement en sous-effectif, noyées sous la masse des soumissions (qu’elles lisent et éclusent néanmoins parce qu’elles aiment sincèrement le livre) et dont le travail est de produire de chouettes livres pour leur public.

Pas de prendre en main votre carrière à vous. Vous êtes la seule personne à pouvoir le faire.

Encore une fois, appliquons la transformée simple qui consiste à transposer la problématique dans le domaine de la musique :

Une maison de disque n’a pas pour rôle de vous apprendre à chanter ni à jouer de la guitare, hein ? C’est absurde, on est d’accord ? Si vous présentez du potentiel, et si la rencontre esthétique / artistique se fait, alors oui, la maison va vous aiguiller et bâtir dessus. Mais il faut déjà que le potentiel soit là, et cela veut dire savoir jouer un minimum de son instrument.

C’est exactement la même chose dans l’édition littéraire, ni plus, ni moins. La difficulté inhérente à l’édition est que le langage est un outil largement plus répandu que le chant lyrique, et qu’il est donc plus ardu de voir soi-même si l’on chante juste ou pas. D’où l’importance supplémentaire du travail et, oserais-je dire, du retour critique.

Sérieusement, lisez le thread ci-dessus – chaque twix (je ne m’en laisserai pas) est un distillat d’un problème chronique dans le monde de l’édition pour les jeunes auteurs, et certaines réponses imbéciles qui y ont été faites ne viennent qu’inscrire un gros « CQFD » en lettres de feu visibles depuis Jupiter. Sur chaque point qu’adresse Bleuenn, les éditeurs pestent en coulisses depuis des années.

Maintenant, ne déprimez pas. Au contraire. Soyez malins. Revers positif de la médaille : si, sans même parler d’attitude professionnelle, vous vous comportez avec un minimum de bon sens, c’est-à-dire que vous n’arrivez pas comme un complet abruti sorti du métatarse de Jupiter, vous vous placez au-devant d’une grande masse qui, tragiquement, s’autodisqualifie. Dans votre cas, il ne restera plus qu’à parler du texte, ce qui place la conversation sur le seul domaine où, très franchement, elle devrait se tenir avant toute chose !

Les ressources disponibles aujourd’hui pour travailler son écriture sont ultra abondantes (je me contenterai de citer la nôtre et la mienne). Écrire, c’est comme un instrument de musique : ça demande autant de boulot. Alors : au travail – c’est comme toujours la seule chose que vous contrôlez. Bon courage – et bon dieu, amusez-vous !

2023-07-31T09:15:39+02:00lundi 31 juillet 2023|Technique d'écriture|2 Commentaires

De la technique artistique et des autodidactes prodiges

Autre serpent de mer assez régulier sur la pertinence de la technique artistique et de son apprentissage, quand il existe (c’est vrai) des contre-exemples ponctuels qui ont tout appris tout seuls (l’exemple du guitariste qui apprend tout dans sa chambre et revient avec une approche novatrice). L’existence de prodiges autodidactes prouve-t-elle l’inutilité de la technique, voire, comme on peut le lire, sa nocivité en dévoyant les instincts ?

Ces contre-exemples (évoqués à l’occasion d’une conversation sur Twitter) sont souvent brandis comme la preuve qu’en art, la théorie artistique est inutile, voire contreproductive.

C’est faux (et la conversation est tellement importante que j’en ai dit un mot dans Comment écrire de la fiction).

Tout d’abord, absolument, il existe des autodidactes géniaux en art. Dans la conversation sus-nommée, il était question de Martin Gore, on pourrait mentionner quantité de jazz people. Ce que l’on oublie très fréquemment quand on parle de ces cas particuliers, c’est le boulot qu’il faut pour en arriver là. Si vous pensez qu’il est difficile d’apprendre une langue étrangère, imaginez-vous le faire sans méthode ni prof. Est-ce possible ? Absolument. Est-ce que cela vous donnera une perception unique et personnelle ? Sans doute. Est-ce que c’est difficile sa mère ? Voyons ça comme ça : combien de fois êtes-vous passé.e devant un instrument de musique / un pinceau et n’avez-vous PAS décidé de vous y investir corps et âme au détriment de tout le reste ?

Pour un prodige autodidacte, il existe trois millions (estimation non contractuelle) de personnes qui avaient mieux à faire que prendre la guitare pour en faire leur mission. Je veux dire. Combien de fois n’avez-vous PAS pratiqué l’instrument pour lequel vous preniez pourtant des cours ?

Ensuite, et c’est beaucoup plus important, la technique et la théorie n’ont jamais fait des génies, mais elles expliquent comment les choses fonctionnent. Quand on sait comment elles fonctionnent, on peut y adhérer quand c’est indiqué, les déconstruire et/ou les pousser plus loin. (J’utilise génie comme raccourci, mais – comprenez « personne dont la pratique artistique qualitative entraîne des réalisations couronnées d’un succès marquant son époque ».) Aux prodiges autodidactes, j’oppose Picasso, à qui il a fallu « toute une vie [d’étude] pour apprendre à dessiner comme un enfant ». Ou Pierre Henry, figure de proue de la musique concrète (plus pionnier tu meurs) qui sortait du Conservatoire de Paris.

La bonne voie, c’est celle qui nous permet d’avancer et d’appréhender l’art que l’on veut faire. Ni plus, ni moins. Sauf que c’est un apprentissage bougrement difficile et qu’il est pertinent d’envisager de ne pas réinventer la roue, en profitant de millénaires de théorie.

Théorie qui ne fait pas des génies. Les génies se font autrement, par la passion, le feu et le dévouement. Théorie ou non, ce n’est pas le sujet : en revanche, la théorie peut souvent faciliter le processus et éviter de vraies maladresses dans les premiers temps du parcours.

Unpopular opinion : ce qui me gêne fondamentalement dans l’argument « la technique est facultative », c’est que cela devient souvent une justification pour ne pas bosser. Souvent, il y a de la peur derrière, une peur cent fois compréhensible devant l’envergure de la tâche. Mais on n’y échappe pas, que ce soit en bossant la guitare dans sa chambre ou en allant au Conservatoire. On peut avoir des facilités, mais comme disait Brassens, « sans travail, le talent n’est qu’une sale manie ». Seule la pratique (guidée ou non) améliore ce qu’on fait.

L’argument qu’on voit souvent, c’est : « Moi, je brise les codes, je fais différemment, c’est original, je suis à contre-courant ! » Hélas, 99 fois sur 100, ça ne fonctionne pas… parce que ça n’est pas abouti. Ça me fend le cœur chaque fois que je vois un jeune (ou moins jeune) auteur prometteur se paralyser dans sa fierté (en réalité sa peur) sans faire l’effort d’humilité nécessaire pour admettre que l’on peut, et doit apprendre toujours1.

Bref: il n’existe encore et toujours qu’une seule chose à notre portée en art, c’est notre travail (par des cours, de la recherche, de la pratique, en proportions variables et personnelles). Il existe des génies, comme le talent existe peut-être, mais je pense toujours plus sûr de ne pas considérer qu’on en fait partie ni qu’on en a.

Que nous reste-t-il quoi qu’il arrive ? Faire notre art, le lire / écouter / voir, s’en imprégner, le bosser. Le travail ne vous trahira jamais. C’est même la seule chose sur laquelle on puisse compter.

Je répète : le seul chemin valable, c’est celui qui vous permet de faire ce que vous souhaitez. Que cela passe par la théorie (c’est recommandé) ou pas (OK, si vous avez une volonté en béton armé). Ce dont vous ne ferez pas l’économie, c’est le travail (motivé par la passion).

Comprendre le fonctionnement des choses n’abîme pas une vision. Cela la renforce, la précise. Et j’arguerais qu’un.e artiste solide ne peut être abîmé.e par un peu de théorie. Sa vision est assez forte pour être transmutée et la transmuter.

Sinon, il y a un autre problème.

  1. Le travail devrait d’ailleurs former sa propre récompense. Ce qui compte, c’est le processus avant le résultat, car on ne pratique QUE le processus, et se concentrer sur le résultat, l’accueil, la publication, c’est se tromper fondamentalement de jeu. C’est un autre débat.
2023-01-10T05:33:00+01:00jeudi 12 janvier 2023|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur De la technique artistique et des autodidactes prodiges
Aller en haut