Les deux bases techniques minimales pour écrire de la fiction : point de vue et temps de narration

Et croyez bien que je suis circonspect en écrivant ça, mais après un certain nombre d’ateliers d’écriture, force m’est de constater qu’il est important d’en parler.

Je suis circonspect là-dessus parce que j’ai un souvenir gravé au fer rouge dans ma mémoire. Je devais avoir dix-sept ans, en route pour des études scientifiques, et nous traînions entre copains et copines dans un bar à boire des cocktails de fruits. (J’aimerais bien vous dire que c’est un prude euphémisme pour cacher quelque chose de beaucoup plus rock’n’roll, mais non : nous buvions vraiment des cocktails de fruits. Sans alcool.) Alors que du haut de nos vingt ans à venir nos études nous contemplaient, nous nous sommes évidemment mis à causer rêves et futures hautes responsabilités gouvernementales, et j’ai avoué mon envie d’écrire, et peut-être de faire carrière, si cela pouvait se présenter.

Notez bien : je faisais des études scientifiques. (De garçon.) Il y avait avec nous des filles. (Qui faisaient des études littéraires.) (C’était le siècle dernier. À l’époque, on n’avait pas Internet et nos téléphones portables fonctionnaient avec des antennes télescopiques dans un rayon de 10m autour de leur base. Nous étions des sauvages.) L’une d’elles, promise à une vraie carrière de lettres, elle, a répondu ce qui suit à ma visiblement tragique candeur : « Quoi ? Tu ne peux évidemment pas faire ça, et tu ne peux pas décemment l’imaginer ! Tu n’as pas lu tout ce qu’il y a à lire pour pouvoir t’octroyer le droit d’écrire, et évidemment, tu ne pourras jamais espérer rattraper et acquérir tout ce bagage. »

(On en sait, des trucs, à dix-sept ans.)

Heureusement, la Providence (et un léger esprit revanchard de ma part) en ont décidé autrement. (Surtout le fait qu’écrire de la fiction recouvre un métier différent que celui d’essayiste.) Oui, il est indispensable de lire pour écrire, peut-être avant toute chose parce qu’il est étrange de ne pas avoir le goût de la forme littéraire que l’on entend pratiquer, mais il n’arrive jamais un moment où l’on peut dire « j’ai lu 32678 bouquins, j’ai fini le game, je vais maintenant écrire Germinal » – on peut écrire n’importe quand, mais il faut lire en parallèle.

Donc. Les bases techniques minimales pour écrire de la fiction : c’est avec grande circonspection que je vous le dis. Mais si la fiction littéraire passe par le langage, elle est nécessairement empreinte de codes fondamentaux qu’il est indispensable de posséder avant d’espérer construire davantage. Non, ce n’est pas l’orthographe, ce n’est pas la typographie, ni même (tout au contraire) la mise en page de votre livre électronique. Oubliez la tension narrative, les dialogues, les descriptions, la gestion du rythme, les conflits complexes, la construction de monde imaginaire, si vous ne possédez pas deux choses :

  • La gestion du point de vue,
  • Les temps de narration.

La gestion du point de vue concerne les règles fondamentales par lesquelles le récit va transmettre son information, or dans la fiction, qui passe donc par le langage écrit, il n’y a rien qui ne soit pas information. Un auteur qui ne fait pas l’effort de se familiariser avec ce code (quitte à s’en affranchir ensuite, mais pour s’affranchir de quelque chose, il faut le maîtriser) est condamné à produire des textes flottants, incapables de concentrer l’attention du lecteur et de la guider subtilement pour produire les effets souhaités. Un choix de point de vue n’est jamais neutre (même s’il peut être inconscient, et même si le point de vue lui-même peut être neutre, mais c’est déjà un choix de narration). Donc : autant choisir, puis garder la main, sur la forme narrative qui servira le projet.

Les temps de narration (que vous écriviez au présent ou au passé simple / imparfait) représentent l’autre versant de la gestion de l’information : ils sont directement liés au rythme, au ton et à l’enchaînement relatif des événements. Il y a ce qui se passe avec la narration, la vitesse à laquelle cela se passe, ainsi que ce qui s’est passé avant, voire après relativement à l’action. Être flottant là-dessus, c’est potentiellement détruire la logique même des événements de l’histoire au niveau le plus fondamental : le temps.

Couv. Xavier Collette

La bonne nouvelle, c’est que cela s’acquiert très facilement. Vous avez la quasi-assurance de voir ces codes correctement employés dans n’importe quel livre publié de façon respectable. Si vous voulez écrire, vous avez des livres chez vous (et si vous n’en avez pas, commencez par acquérir le goût de lire, voir plus haut). Ouvrez-les, regardez comment c’est fait. Des pages web et des résumés sur ces notions, on en trouve partout sur Internet (à commencer par ici). Le Comment écrire des histoires d’Elisabeth Vonarburg propose un excellent panorama du point de vue. Dans mon propre Comment écrire de la fiction ?, même si je voulais traiter le moins possible de la langue elle-même pour me concentrer sur la scénarisation, j’en parle aussi, aussi concisément que possible, mais je ne pouvais pas faire l’impasse dessus.

Ces deux notions sont loin d’être suffisantes, et si l’on aime creuser la technique littéraire, on peut l’étudier toute sa vie. Mais : si vous cherchez un point de départ technique dans votre parcours d’auteur•rice, ce sont ceux-là.

2022-11-21T06:00:53+01:00lundi 28 novembre 2022|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Apprenez le Markdown en trois minutes

Qu’est-ce que ce Markdown dont l’existence atteint de plus en plus la conscience du grand public à la faveur des apps de notes reliées comme Obsidian ? Ce n’est pas le jumeau caché du compositeur de la BO d’X-Files, mais une manière de mettre en forme un texte qui est simple, légère et surtout portable. Vous voyez la galère que vous avez à mettre en forme votre fichier Word ? Ben le Markdown, exactement l’inverse.

En pratique : vous avez un fichier en texte brut (donc lisible par absolument tout). Pour indiquer italiques, gras, titres, vous placez des balises courantes dans le texte, et toute application capable de reconnaître le Markdown (soit l’écrasante majorité d’entre elles : Obsidian, Ulysses, iA Writer, Roam Research, Bear…) les comprendra pour retranscrire le formatage. Vous vous concentrez donc sur le contenu, pas sur le contenant.

Et c’est vraiment hyper simple. Vous n’avez besoin que de connaître deux symboles pour réaliser 90% de ce dont vous aurez jamais besoin : quand je dis trois minutes pour apprendre les bases, c’est presque trop. On y va :

  • Les titres sont indiqués par un hash : #. Le niveau hiérarchique du titre est indiqué par le nombre de hashes. Un hash : # Titre de niveau 1. Deux hashes : ## Titre de niveau 2. On ne peut pas faire plus simple (ça va jusqu’au niveau 6, ###### Comme ça).
  • Les textes en italiques sont encadrées d’astérisques simples : *ceci sera en italiques*.
  • Les textes en gras sont encadrées d’astérisques doubles : **et ça c'est du gras**.

(Moyen mnémotechnique pour se rappeler les astérisques simples ou doubles : les italiques sont discrètes, donc il y a deux moins d’astérisques que pour le gras, que l’on veut visible, donc qui en nécessite deux fois plus.)

Par exemple, dans Ulysses, ça se présentera comme ça :

Ne me dites pas que c’est compliqué.

2022-08-05T04:00:57+02:00mercredi 10 août 2022|Best Of, Geekeries|2 Commentaires

Vivre de la traduction littéraire en attendant de vivre de l’écriture ?

Cela faisait longtemps (si je ne mettais pas 107 ans1 à répondre, aussi) que je n’avais pas reçu de questions en privé sur le boulot, et en voilà une fort importante, qu’il me faut archiver ici en public.

Je me doute que même si je suis publiée, il me faudra du temps avant de pouvoir en vivre. Je cherche donc des plans B pour assurer le côté financier, et j’ai pensé à la traduction. […] Aurais-tu des conseils à me donner si je veux me diriger dans cette branche ? Un niveau d’anglais minimum à présenter, des contacts, des expériences diverses à mener afin d’améliorer mes compétences ? Voir carrément d’autres plans B ?

Alors, c’est une question importante, parce que nous sommes nombreux à le faire ou à l’avoir fait dans la profession, effectivement. Le problème, c’est ce que ça n’est pas aussi simple que ça, et qu’il convient d’en dire un mot, pour bien placer la faisabilité exacte de la chose.

Histoire vraie, pour nous toutes et tous. Par MariNaomi.

C’est-à-dire que, malheureusement et en toute honnêteté, je ne pense pas que ce soit un plan B fonctionnel à court terme (avec une grosse emphase sur le « court terme », more on that later), pour deux raisons :

  • d’abord, les plannings de l’édition sont très longs (donc il peut se passer un ou deux ans avant d’avoir une ouverture dans un planning),
  • mais surtout, obtenir une place en traduction… suit un peu les mêmes mécanismes que pour se faire éditer.

Ce qui defeate un peu le purpose.

C’est-à-dire que là aussi, il faut construire son expérience, commencer par des publications peut-être plus modestes, construire un réseau de partenaires de confiance, etc. pour gravir des échelons. Donc : c’est long, et ce sont la compétence et l’expérience qui priment avant un quelconque diplôme (avec la difficulté qu’on voit évidemment venir, soit arriver à se construire une expérience quand on débute et qu’on galère justement à se construire le CV qui ouvrirait les portes dont on a besoin. Serpent qui se mord la queue). J’en veux pour preuve que j’ai enseigné longtemps comme intervenant professionnel en Master dans le cadre d’un diplôme de traduction littéraire… que je ne possède pas.

La traduction permet certes d’avoir un revenu un peu plus stable tandis qu’on écrit à côté (en plus d’être une super école d’écriture, même si je déconseille de le faire juste pour ça – si c’est le but, il y a des écoles plus rapides, comme, par exemple, écrire directement), mais c’est long aussi d’arriver à en vivre. Donc, s’il s’agit de chercher plan B « alimentaire » pour vivre en parallèle de l’écriture, cela me semble clairement insuffisant à court terme.

Pour ma part, j’ai mis des années avant d’obtenir un afflux stable de contrats à la fois intéressants et bien payés (soit, à peu près, quand je suis entré dans l’écurie des traducteurs réguliers de L’Atalante ; avant, j’avais toujours eu des contrats intéressants, mais soit ils arrivaient de façon sporadique, soit la rémunération était moins bonne), à partir de quoi j’ai pu souffler un peu (et donc explorer mon écriture avec moins d’angoisse). Cela ne veut pas dire que cela ne doit, ni ne peut faire partie d’une stratégie d’auteur ou d’autrice, juste qu’il faut du coup un troisième truc à plus court terme pour manger. (Personnellement, entre autres choses, je donnais des cours d’informatique au troisième âge quand j’avais 20-24 ans.)

Après, distinction importante, je parle de traduction littéraire. Il y a deux (en gros) grands types de traduction : la littéraire (= d’ouvrages littéraires, comme des romans) et la technique (= de documents techniques, manuels, articles scientifiques etc). Je connais trop mal cette dernière, ne l’ayant pas pratiquée professionnellement, cependant j’entends parfois dire qu’il est plus facile d’y construire quelque chose. Caveat, donc et toutefois.

En résumé, même si je n’aime pas me faire le porteur de mauvaises nouvelles, je préfère clarifier la situation : oui, c’est possible de vivre de la traduction, mais ça n’est pas un domaine où on trouve des offres d’emploi, au même titre qu’on n’en trouve pas dans l’écriture romanesque. C’est à force d’être repéré·e pour son travail qu’on peut obtenir des contrats, ce qui inscrit nécessairement une telle démarche dans la durée, et plutôt avec la véritable envie d’y construire une carrière. Il y faut aussi une certaine dose de passion de persistance. Donc, à mon sens, ça n’est pas une super idée de boulot purement « alimentaire » en parallèle de l’écriture, mais plutôt une compétence supplémentaire dans l’arsenal d’un auteur ou autrice construisant une vie autour de sa plume.

  1. Estimation non contractuelle.
2022-06-16T09:40:01+02:00lundi 20 juin 2022|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires

Évidemment qu’on peut donner des conseils d’écriture, enfin

C’est un serpent de mer qui ressort régulièrement (ou plutôt des cris d’orfraie, tandis que l’amadou desséché de l’Internet énervé passe une fraction de seconde dans la lumière du soleil et explose façon supernova) : non, on ne peut pas donner de conseils d’écriture. C’est un processus profondément personnel, lié à des manières intimes de se sonder, et chacun, chacune a une approche et des jugements esthétiques différents. Toute conversation sur le sujet de l’approche romanesque est nécessairement prescriptive, donc (je résume au terme d’échanges tout de suite très énervés) : ta gueule.

En termes châtiés, disons que je trouve cette attitude extrêmement mystérieuse (et mon mauvais fond a envie de dire que ça peut peut-être cacher une forme détournée de gatekeeping ; moi, j’ai trouvé, toi, tu dois en baver). Or, c’est spectaculaire comme l’écriture est le seul art où l’on retrouve à la fois ce discours et les réactions épidermiques qui vont avec. Ça n’existe littéralement pas ailleurs, que ce soit en musique, dans le dessin, le game design, la décoration de bullet journal, etc.

Ça ne choque personne de prendre des cours de guitare pour apprendre la guitare. Ça n’exclut pas non plus les génies intuitifs qui prennent une guitare à quinze ans, font dans leur cerveau « ah OK, ça marche comme ça » et deviennent Jimi Hendrix. Personne ne dit que tu dois faire comme Hendrix ; personne ne t’interdit non plus de prendre des cours de guitare. On te dit juste : si tu veux apprendre la guitare, l’étape logique, c’est prendre des cours. Pourquoi ? Ben pour apprendre, bon sang. C’est un peu plus facile d’avoir quelqu’un qui a l’expérience pour te montrer, c’est juste du bon sens. Mais ah, tu peux aussi apprendre en autodidacte comme Hendrix, absolument. En revanche, sache que tu vas y passer un sacré temps et que tu as intérêt à avoir une sacrée motivation. Tu veux pas te faciliter la vie et prendre des cours ? C’est toi qui vois.

Au final, si tu en sors et que tu es Hendrix, personne ne va te demander ton CV ; t’es Hendrix. On s’en fout de par où t’es passé ; ta réalisation est la preuve de ton expérience – et au final, c’est quand même tout le but de l’apprentissage : réaliser les choses que l’on veut. La technique n’est pas une fin en soi, elle n’est qu’un moyen : en art, tout ce qui compte, c’est ce qu’on réalise (qu’on le diffuse ou pas – c’est une autre question).

Néanmoins, toute pratique soutenue d’un art passe par une pratique et un apprentissage dévoués et réguliers. On s’y prend bien comme on veut ; en narration, par exemple, on peut lire beaucoup, suivre des ateliers, méditer et expérimenter la technique, échanger, potasser des manuels, et évidemment rien de tout ça n’exclut le reste, et je trouve qu’idéalement, on essaie de faire tout ce qui précède. Le but, en tout cas l’idéal platonicien à mon sens, c’est de devenir Hendrix ; c’est de maîtriser son instrument (que ce soient la guitare ou les mots) au point qu’il s’exprime sans obstacle à travers soi, de la manière la plus distillée et aboutie pour être reçu de la manière la plus authentique, tout en ayant conscience (parce que Hendrix ne s’est pas arrêté de bosser, discutez avec n’importe quel musicien professionnel et il vous expliquera le temps constant de pratique qu’il investit chaque jour) que c’est un processus et non un but à atteindre (parce qu’il est inatteignable. C’est un idéal platonicien).

Il me semble que deux fondements pour cela, c’est la curiosité et la conversation. La curiosité pour son art, pour ce qui a été fait, comment on le fait, comment ça fonctionne, sans cesse ; c’est pour cela qu’affirmer qu’un auteur peut se permettre de passer de lire… me semble avoir autant de sens qu’un peintre qui prend soin de marcher dans la rue les yeux baissés « par peur que le réel l’influence ». (seriously?) Et ce qui va de pair avec la curiosité, c’est la conversation, portant sur l’art et sa pratique ; quant à ses résonances, ses courants, mais aussi les approches, les mécanismes qui peuvent être, quand même dans une certaine mesure, disséqués et analysés de façon raisonnée. Des phrases courtes servent généralement mieux une scène d’action. Sauf si l’on cherche à établir un ralentissement artificiel, par exemple pour induire un sentiment d’horreur ou d’inéluctable. Dès lors, quel est le projet ? Quelle est l’intention ? Quel outil vais-je utiliser pour m’efforcer de transmettre au mieux mes intentions, parce que je fais la démarche d’écrire pour être reçu·e par des gens avec qui je voudrais idéalement établir une connivence ? Voilà les questions intéressantes : qu’est-ce qui tend à créer quel effet ? Quel est l’effet que je recherche ? Niveau advanced : comment puis-je tordre l’attente pour créer quelque chose d’entièrement différent en prenant une technique à contre-pied ? Et il y a bien sûr une progression dans toutes ces étapes.

Opinion non populaire : dans certains discours très énervés qu’il m’a été donné de voir passer sur l’inutilité de la technique (et sur l’inutilité de lire), je lis le désir non pas d’écrire, mais d’être écrivain. De pouvoir se réclamer auteur, si possible en évitant le boulot qui va avec. Parce que c’est crevant, ça oui (demandez à Hendrix et à tout artiste pro). Et ça fait peur, aussi – croyez-moi, je sais. Mais il s’agit là de vouloir un prétendu statut, un fantasme, alors que la réalité du job, c’est le job lui-même. Et qu’on se fait beaucoup de bien en comprenant ça et en lâchant prise sur des choses sur lesquelles, en plus, on n’a guère de prise.

Je ne jette la pierre à personne. Tout le monde a le droit d’avoir ses rêves ; par contre, d’une, il faut avoir conscience que les rêves, ça se nourrit et ça se travaille, ça n’arrive pas tout cuit dans la bouche (enfin, ça peut, mais c’est quand même toujours plus sûr de bouger ses fesses, vous savez, dans le doute) ; de deux, on court toujours le risque de tomber de haut et il faut de la bravoure ; de trois, avoir des rêves, des angoisses, des douleurs même que sais-je, ne donne pas pour autant le droit de proférer des âneries qui perpétuent l’image dommageable que tout le monde est le Jimi Hendrix de la littérature dès sa première phrase parce que « ça se juge pas, y a pas de vérité objective ».

Il n’y a pas de vérité scientifique objective en art, certes. Mais entre ça et le grand globiboulga qui voudrait que tout le monde soit Marcel Proust au premier roman parce qu’on ne peut pas juger, il y a une sacrée marge. Il serait tout de même étrange que dans un métier on ne puisse pas parler de technique et de fiabilité d’approche. L’ignorance n’est pas une vertu, ne pas être curieux de son processus (ou de ceux des autres) non plus. Et s’il n’y a pas de règles absolues, si chacun doit apprendre à se connaître pour trouver sa voie, il y a aussi des codes, qui sont des chemins de moindre résistance parce que faisant appel à un ensemble de représentations mentales à peu près communes. Connaître les codes, c’est comme connaître par exemple les lois de la perspective en dessin : d’une, cela ne fera pas forcément de toi quelqu’un de génial, de deux, personne ne t’oblige à t’en servir. En revanche, si tu les ignores (quelle que soit la manière dont tu voudrais les apprendre), il est probable que tu te compliques la vie bêtement. « C’est bien beau de vouloir faire sauter la maison mais il faut connaître le plan pour savoir où placer les charges », disait Elisabeth Vonarburg lors d’une masterclass que nous avions animée à trois avec Jean-Claude Dunyach.

Je vais sauter au-devant de la réplique facile qu’on pourrait me faire : « Hé, Davoust, tu prêches pour ta paroisse, tu donnes des ateliers, des masterclasses et t’as écrit un bouquin d’écriture, évidemment que tu protèges ton fond de commerce. » Sauf que ça ne fonctionne pas comme ça. Je ne me suis pas mis à le faire sorti du bleu sans avoir d’abord testé, dans l’activité et en conditions réelles, ce que je pouvais commencer à comprendre. (On ne fait jamais que commencer à comprendre.) L’activité sur laquelle je prends toujours soin de placer l’accent est l’écriture romanesque, et s’il m’arrive de le transmettre, c’est parce que je suis au front, tous les jours, à m’imposer à moi-même ce que je prêche, et que je m’efforce d’avoir derrière moi des réalisations pour le prouver. Ce que je raconte ne vous convient peut-être pas – c’est tout à fait légitime –, mais vous pouvez au moins être sûr·e d’une chose, je n’ai pas inventé ça le matin même au petit-déj, c’est parce que j’avais besoin d’outils, d’apprendre, que j’ai fait ce parcours, et je me dis aujourd’hui : hé, cela peut peut-être servir à d’autres. Je ne sais pas si mes romans resteront (et pour être honnête, je ne le crois pas ; mais peu m’importe, je recherche la plénitude dans la réalisation elle-même, non dans la postérité, à laquelle par définition personne d’entre nous n’assiste), mais peut-être ma mission en ce bas monde consiste-t-elle à l’apprendre pour moi-même afin d’arriver à le transmettre, pour que d’autres aient à leur tour les outils pour donner forme à leurs propres rêves. Hé, finalement, si j’arrive à faire ne serait-ce que ça, ce serait une vie pas si malhonnête.

Et ces traces, un jour, un autre être affligé,

Voguant sur l’Océan solennel de la vie,

Pauvre frère en misère, et seul et naufragé,

En les voyant, Peut-être aura plus d’énergie.

– Le Psaume de la vie, Henry Wadsworth Longfellow, trad. de sir Tollemache Sinclair.

Et si vous vous posez la question : dans toute l’équation, je ne suis évidemment pas Hendrix non plus. Dans l’équation, mes Hendrix, ce sont mes idoles, Vian, Zelazny, Le Guin, Danielewski, etc. En comparaison, disons que je suis l’équivalent d’un guitariste de métal qui sort des albums et tourne régulièrement : c’est-à-dire un acteur d’une scène underground, et ne vous méprenez pas, je suis incroyablement reconnaissant (et toujours un peu éberlué) d’avoir l’occasion de continuer à tourner et sortir des albums (heu, tout ça devient confus, mais vous suivez). Mais devant la page, chaque jour, il n’y a qu’une seule vérité : mon clavier, moi, et l’attitude que je vais avoir. Personne ne sait s’il ou elle sera Hendrix. Et au final, ça n’a aucune importance. On est uniquement ce qu’on est au moment d’écrire la phrase qui vient.

Et oui, bien sûr qu’on peut discuter de comment l’écrire du mieux possible. Et bien sûr qu’on peut s’écouter ensemble, réfléchir, expérimenter – et, au final, décider.

2022-02-24T10:42:26+01:00jeudi 24 février 2022|Best Of, Technique d'écriture|11 Commentaires

Procrastination podcast S06e05 – Lire quand on écrit

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « S06e05 – Lire quand on écrit« .

Est-il encore possible d’être candide quand on s’intéresse suffisamment à un art pour en apprendre, puis en pratiquer les techniques et les ficelles ? Pratiquer l’écriture vous condamne-t-il à vous éloigner du plaisir de lire ? D’abord, il est question de rappeler l’importance de la lecture ! Mélanie parle de l’élargissement des horizons et des possibles qu’elle suscite ; pour Estelle, c’est la première école, et une manière d’apprendre tant les tropes que le paysage éditorial. Lionel insiste sur l’aspect du plaisir que l’on est censé éprouver à recevoir l’art que l’on pratique. Il est ensuite question de l’évolution du goût avec l’apprentissage de la technique, et des nouveaux plaisirs qu’elle ouvre.

Références citées

– Gabriel Ariñ-Pillot

– Johnny Hallyday, Allumer le feu

– Manon Fargetton, Tout ce que dit Manon est vrai

– Floriane Soulas, Les Oubliés de l’amas

– Les éditions du chat noir, Dawn Kurtagich

– Hellblade, Senua’s Sacrifice (Ninja Theory)

– Outer Wilds (Mobius Digital)

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2021-12-01T18:09:54+01:00lundi 15 novembre 2021|Procrastination podcast|2 Commentaires

Création produit > identité de marque

Histoire d’être plus rigolo et parce que cela rejoint ce dont on a déjà parlé sur le mythe des réseaux pour se faire connaître où j’ai pu constater des opinions divergentes, je vais commencer par vous en raconter une (d’histoire).

C’est (donc) l’histoire (ben oui, suivez) de quatre-cinq gugusses (et à un moment, une gugussette) de 20 ans fraîchement inaugurés qui se mettent dans la tronche qu’ils vont devenir le nouveau Nightwish / Dream Theater / Cradle of Filth / Muse (il y a un intrus dans cette liste, sauras-tu le retrouver ?) selon leurs fantasmes personnels (et on voit tout de suite que ça va déconner, mais un peu de clémence, les gugusse·ette·s – orthographe inclusive FTW – n’avaient donc que 20 ans tout mouillés, donc). Donc ils font des répétitions, commencent à composer, à un moment quand même boivent plus de bière au bar que composer, mais ils sont des pros, tu comprends, donc ils savent ce qu’ils font – ouais, c’est l’équivalent métal du type à cheveux longs qui glande au Starbucks avec un MacBook Air couvert d’autocollants qui va écrire le prochain grand roman social, promis juré, mais demain.

Bon, alors, avant que ça râle, au cas où ça n’aurait pas suivi, j’étais évidemment un des gugusses en question, hein, avec mes cheveux longs et mes doigts gras sur mes synthétiseurs (sachant qu’il aurait parfois mieux valu que je laisse jouer les arpégiateurs, c’est pas par hasard que je produis depuis en différé), et j’étais pas le dernier quand il s’agissait d’imaginer les concerts de cent mille personnes où même le tout-Paris s’étonne en pensant qu’il existait une alchimie secrète convertissant la bière en bonne musique. (Résistance, quand tu nous tiens.) Donc, je dis ça avec la tendresse qu’il faut avoir envers les ambitions qu’on a à vingt piges (à cet âge-là, j’ai aussi fantasmé un monde imaginaire qui se déclinerait en nouvelles et sagas sur des années de création avec un énorme plan maître et on va dire que ça s’est beaucoup mieux passé, donc bon, faut surtout pas avoir peur de rêver). (Incidemment, tout ça pour dire : être wannabe, je sais ce que c’est, j’en rigole ou cringe selon les jours et quand je parle de la quantité de boulot à investir dans son art, c’est pas pour emmerder le monde, c’est que je sais beaucoup trop bien.)

Tout ça pour en arriver à une certaine anecdote saillante (c’est de saison, l’escalade sportive était aux JO) résumant tout le bouzin : à un moment, lesdits gugusses + gugussette se sont dits, avec probablement une compo et demie dans l’escarcelle à ce stade : « hé, les gens, il faut absolument qu’on fasse un logo, et un site web pour se promouvoir ». (Il est très possible que je sois moi-même le responsable de cette connerie.)

Bon. Eh ben non, hein ? On continue à bosser, peut-être, d’abord.

Je parle de ça parce que ça m’est revenu après quelques écoutes de podcasts disparates sur l’écriture et les réseaux, et que certaines stratégies employées par des jeunes auteurs m’ont frappé comme étant, eh bien, l’équivalent 2021 du groupe des gentils couillons pensant au management avant le cœur du métier. Qui est : créer des choses de qualité, donc apprendre et améliorer son art, le travailler diligemment (et il y a fichtre de choses à apprendre, toute sa vie mais encore plus au début, forcément). Au lieu de cela, j’entends parler de « stratégies contenu » entre blog, newsletter, formations qu’on donne, comptes Instagram, communautés Discord, tweets, pages Facebook et évidemment, tout ça en parallèle12.

Bon. Heu. À ce stade, j’ai juste envie de poser une question, gentiment hein, mais le cœur du métier, c’est community manager ou écrivain·e ? Sérieusement, où diable trouvez-vous le temps d’écrire ? (J’écris à plein temps depuis plusieurs années et je n’en ai déjà fucking pas assez ! J’ai plutôt fait l’inverse : j’ai quitté tous les réseaux et tout récemment, la majorité des forums que je fréquentais aussi parce que, qui a le temps et la bande passante mentale pour ça ?)

Encore une fois, comme me le disait un de mes MJ de Donjons et Dragons dans une incarnation immortelle de tous les aubergistes du monde qui n’ont pas envie de répondre aux questions des joueurs : « chacun fait ce qu’il veut » mais j’interroge, juste, la pertinence de développer la stratégie média de la Lyonnaise des Eaux quand on n’a peut-être que quelques nouvelles publiées ici et là (ce qui est bien, hein ! on parle des à-côtés).

Ce n’est pas votre présence en ligne qui vous fera connaître, ce sont de bons textes. Mireille Rivalland l’a dit dans Procrastination, spoiler : Pascal Godbillon le dira aussi à la saison 6, et je vous invite, pour l’exercice, à aller regarder exactement combien d’auteurs et d’autrices découvert·es ou qui publient de premiers romans chez de grandes maisons ont une présence en ligne d’envergure sur les cinq dernières années. Personnellement, j’ai plutôt l’impression de constater (au doigt mouillé) une relation proportionnelle inverse entre les démarrages de carrières prometteuses et le plan média personnel de ces auteurs. Évidemment, un canal, un point d’eau (disons un site, peut-être un blog et/ou une newsletter), c’est nécessaire aujourd’hui ne serait-ce que pour qu’on sache où vous trouver et créer du lien avec votre communauté naissante (ce qui est chouette !), mais je pense que l’idée d’une galaxie média est une vache de fausse route quand on en est encore à faire ses gammes…

Alors, comme toujours, si ça vous amuse, c’est cool, et c’est autre chose. Il peut y avoir un plaisir sincère à rester sur Twitter (j’ai joué hardcore à WoW, qui suis-je pour juger des addictions des autres ?), et il y a un réel bénéfice à l’entraide des communautés en ligne. Et puis même, fantasmer sur le logo de son groupe qu’on aura en grand derrière soi sur la scène du Zénith, ce n’est pas interdit, ça fait rêver, et les rêves, c’est chouette, les accomplissements commencent toujours par là.

Mais on est d’accord, hein ? Ce n’est pas du boulot. Le boulot, c’est la création, la production. C’est là qu’on apprend et c’est là qu’on crée des choses à montrer et qu’on progresse. Le groupe de métal devra se soucier de son logo et de son site, bien sûr, mais ça vient quand on a déjà 10-15 compositions qu’on peut jouer sans pain de façon fiable et régulière (et ça n’est pas donné à tout le monde) (et non, effectivement, on n’est jamais arrivé à ce stade, vous l’aviez deviné, hein ?).

Et c’est là-dessus qu’il faut bosser, le reste viendra quand il devra venir. That’s all I’m sayin’.

  1. Je laisse de côté l’autoédition, que je connais beaucoup trop mal et qui peut nécessiter ce genre de chose, mais cela me semble ajouter à une charge de travail déjà considérable, ce qui constitue un solide argument en faveur de l’édition traditionnelle.
  2. Je laisse aussi de côté les gens qui ont des équipes pour les épauler et gérer ça pour eux.
2021-08-08T11:03:24+02:00mardi 10 août 2021|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

La naissance de Comment écrire de la fiction ? et l’existence des codes [entretien sur Elbakin.net]

Encore aujourd’hui, il est question des règles qu’il faudrait, ou pas, savoir maîtriser pour réussir à « transformer l’essai » et on rencontre toujours une certaine résistance, comme quoi, écrire, ça ne s’apprend pas. Est-ce un débat sans fin ?

Ce sera un débat sans fin tant qu’il y aura des gens pour générer de la controverse sur les réseaux commerciaux dans le seul but de se faire mousser. (J’imagine que ça veut dire oui ?) Oui, l’écriture s’apprend, la preuve : je sais d’où je viens, et j’affirme que j’ai appris.

Hou. Commencerais-je à être un peu vénère ? Mais gentiment. Pour votre bien. Tout ça. (Maman m’a dit, fais du buzz, mon fils, tu verras Montmartre.) (J’ai répondu : je veux pas voir Montmartre, maman. Le Café de Flore, ça paraît pas super bon, j’ai pas envie de boire du café fait avec des fleurs.) (Là, elle m’a collé un taquet, mais seulement parce que c’est pas au même endroit, et que ma mère est une farouche parisienne.)

Brefffff

Elbakin.net m’a tendu le crachoir à doigts (le clavier, hein) pour qu’on discute de Comment écrire de la fiction ?, d’où ça vient et pourquoi : c’est disponible ici.

2021-06-23T10:47:35+02:00mercredi 30 juin 2021|Entretiens|Commentaires fermés sur La naissance de Comment écrire de la fiction ? et l’existence des codes [entretien sur Elbakin.net]

Acquérir de l’expérience (ou pas) dans l’écriture [entretien chez Aodez Bora]

Aodez : Aujourd’hui, malgré toute ton expérience, fais-tu encore face à certaines difficultés ?

Lionel : En toute honnêteté, l’entêtement et la persistance déraisonnable commencent à montrer leurs limites après une décennie d’un tel régime. Je ne regrette pas, cela m’a permis d’apprendre beaucoup, mais je crois être parvenu à un stade où il me faut transmuter mon approche. Je ne sais pas encore la forme que cela prendra, si ce n’est que je m’imposerai certainement beaucoup moins de deadlines, voire pas du tout. Je n’en ai plus besoin pour me motiver (ou, plus exactement, cela ne me motive plus).

Merci à Aodez Bora pour son intérêt pour mon travail et ce que je peux en dire ! Un court entretien à l’occasion de la sortie de Comment écrire de la fiction ? sur le parcours de l’écriture, ce qu’on apprend (ou pas), ce qu’on aurait voulu se dire des années plus tôt, à lire sur son site, quete-ecrivaine.com.

2021-06-05T10:42:55+02:00jeudi 10 juin 2021|Entretiens|Commentaires fermés sur Acquérir de l’expérience (ou pas) dans l’écriture [entretien chez Aodez Bora]

Autour de Procrastination et de la technique d’écriture (VOD sur Doctriz avec Mélanie Fazi et Estelle Faye)

Il y a une semaine, donc, Mélanie, Estelle et moi avons eu le grand plaisir d’être invité·es à causer du podcast Procrastination sur la chaîne Doctriz : nous avons revisité la genèse du podcast et son approche, mais forcément, ça a très vite dérivé vers des questions d’approche de l’écriture comme activité et comme métier, et bien sûr, on n’était pas d’accord et c’est tant mieux.

Un immense merci à Zelda pour avoir animé la conversation, à toute la communauté de Doctriz, à toutes et tous les universitaires qui promeuvent l’imaginaire comme sujet d’étude et clarifient à nos propres yeux ce que c’est que ce boxif que nous fabriquons, et à tout le public qui est passé ! La vidéo est disponible en rediffusion sur Twitch pour quelques semaines !

2021-04-23T11:07:35+02:00lundi 26 avril 2021|Entretiens|Commentaires fermés sur Autour de Procrastination et de la technique d’écriture (VOD sur Doctriz avec Mélanie Fazi et Estelle Faye)

Approche systématique et productivité dans l’écriture de fiction (podcast « Assez parlé ! »)

Si vous ne le saviez pas, ajoutez-le à votre liste : l’école d’écriture Les Mots a un podcast, intitulé Assez parlé ! et où les auteurs reviennent sur leur parcours et, surtout, leur approche et ce qui leur tient à cœur dans celle-ci.

J’ai eu le grand plaisir de me soumettre à la question pour l’épisode 16, autour notamment des approches du flow, des liens entre productivité et créativité, de l’organisation personnelle, le tout lié évidemment à l’écriture de textes de fiction dont on soit content avec le moins de douleur possible. C’est aussi l’occasion de lever un peu le voile sur Comment écrire de la fiction ? ! (Ce titre est rigolo, il me permet d’écrire en toute impunité des phrases avec des ponctuations improbables.)

Un immense merci à Lauren Malka qui crée et réalise l’émission pour son travail proprement colossal de production et pour avoir extrait d’un entretien de plus d’une heure une substantifique moelle. (Et je mesure l’envergure de la tâche, je sais combien je peux divaguer. Vous ne savez pas dans Procrastination combien je m’auto-insulte parfois quand je produis ma voix en me priant d’arriver au fait, par pitié.)

Lionel Davoust raconte la première fois qu’il a été fasciné par le pouvoir magique de l’écriture. Il revient sur toutes les embûches et surtout, il partage avec nous quelques uns des outils, découverts au fil de ses recherches et rencontres, qui lui ont permis de renouer avec cette passion et d’en faire son métier. 

Comment un biologiste marin, spécialiste des cétacés, devient-il écrivain à temps (archi-)plein ? Par quel virage à 180 degrés un jeune homme d’une vingtaine d’années décide-t-il d’abandonner une prometteuse carrière de chercheur scientifique pour se consacrer entièrement à l’invention de mondes futuristes dans le genre littéraire qu’on appelle “l’imaginaire” ? Lionel Davoust, auteur d’une trentaine de nouvelles, de près de dix livres de science fiction (dont trois sagas !) et lauréat du prix Imaginales en 2009 (avec “L’Île close”) n’est pas devenu écrivain du jour au lendemain. En bon biologiste, il a calculé sa trajectoire, étudié les plans, mesuré les risques avant de « plonger ».

Dans cet épisode, il raconte la première fois qu’il a été fasciné par le pouvoir magique de l’écriture. Il revient sur toutes les embûches qui, adolescent, l’ont empêché de retrouver ce super-pouvoir auquel il avait goûté dans l’enfance. Et surtout, il partage avec nous quelques uns des outils, découverts au fil de ses recherches et rencontres, qui lui ont permis de renouer avec cette passion et d’en faire son métier. Grand lecteur d’essais théoriques signés par des écrivains, chercheurs, psychiatres américains, hongrois, canadiens… sur la productivité, le développement de la créativité et sur l’apprentissage technique de l’écriture, Lionel Davoust livre ici des conseils précis pour s’organiser, mener à terme ses projets mais aussi pour libérer la partie du cerveau qui doit se consacrer au “flow” de l’écriture.

Quelques références à noter :

– “Flow” (En anglais : « Flow : The Psychology of Optimal Experience ».dans lequel Mihaly Csikszentmihalyi, psychologue hongrois (dont nous écorchons le nom dans l’épisode !) décrit l’état psychologique de grand bonheur dans lequel on se trouve lorsque l’on plonge entièrement dans une activité (Editions Harper and Row, New York)

– «S’organiser pour réussir” (“Getting things done”) sous titré “L’art de l’efficacité sans stress” de David Allen (théoricien américain de la productivité) qui délivre des conseils pour accomplir ses missions, s’acquitter de sa charge de travail sans se laisser déborder par elle (Leduc S. éditions)

– “Ecriture. Mémoire d’un métier”, livre incontournable de Stephen King sur l’art d’écrire

Les mois qui viennent, Lionel Davoust publiera deux livres auxquels il tient beaucoup : le cinquième et dernier tome de sa série de fantasy épique intitulée “Les Dieux sauvages” (éditions Critic). Et un essai réunissant ses conseils d’écriture : “Comment écrire de la fiction ?”, à paraître aux éditions Argyll en mai 2021.

A la fin de l’épisode, Lionel Davoust vous lance un défi et vous propose un rendez-vous (à ne pas louper) !

2021-04-15T11:15:06+02:00lundi 19 avril 2021|Entretiens, Technique d'écriture|2 Commentaires
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