Créer un monde imaginaire : techniques avancées [tout nouveau stage intensif chez Les Mots]

Après avoir proposé pendant plusieurs années un stage intensif sur la création de monde imaginaire à l’école Les Mots, je me suis rendu compte d’un truc : il y a certainement de la place – et apparemment de l’intérêt – pour une plongée avancée dans ces techniques. Des choses destinées à des auteurs et autrices qui connaissent déjà extrêmement bien l’imaginaire, l’aiment, sont familiarisé·es avec ses défis et ses difficultés, et veulent trouver de quoi les appréhender et peut-être les franchir. Bref, pour une conversation pointue où l’on se demande comment établir de la meilleure manière les règles de son monde imaginaire, comment l’environnement nourrit et influence la narration, et où l’on réfléchit à ce qui constitue du carburant à histoires et des éléments d’atmosphère (sachant que c’est bien aussi, l’atmosphère).

Bon, tu te doutes, auguste lectorat, que si j’en parle, c’est que… 

… ce stage est maintenant prévu, et il se déroulera les 4 et 5 septembre prochains à l’école Les Mots (4 rue Dante, Paris) ou en visio.

Qui ne connaît pas le célèbre « Luke, je suis ton père », le pouvoir terrifiant de l’Œil de Sauron ou encore que Winter is coming ? Des succès planétaires de « Star Wars » au Seigneur des Anneaux, de « Game of Thrones » à Harry Potter, l’imaginaire forme la première culture mondiale, transcendant les générations et les nationalités. 

Parler des « littératures de l’imaginaire » est en réalité un raccourci pour désigner les littératures des mondes imaginaires. Ces réalités fictionnelles peuvent être proches de la nôtre dans le cadre du fantastique ou de la fantasy urbaine, ou bien totalement disjointes comme dans le cas de la Terre du Milieu ou de Westeros. Ce qui régit ce monde, qu’il s’agisse de l’horreur indicible des Grands Anciens de Lovecraft, des systèmes magiques extrêmement poussés et complexes de Brandon Sanderson ou de la science du voyage spatial et des relations entre espèces extraterrestres dans « Star Trek », constitue ce que l’on peut appeler « l’hypothèse de monde » imaginaire. 

Or la construction d’un monde imaginaire est une entreprise créative à part entière, mais pour laquelle l’auteur ou autrice doit ménager un équilibre délicat : proposer une réalité complexe, tangible et intéressante, sans pour autant ensevelir l’intérêt de son récit sous l’exposition. 

Cet atelier vise à explorer les difficultés spécifiques de cette approche à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants. 

Il n’est pas nécessaire d’avoir assisté à l’atelier « Créer un monde imaginaire » pour suivre celui-ci, même s’il y forme une bonne introduction. Il est en revanche indispensable : 

– de posséder une familiarité de base avec l’imaginaire et ses genres (science-fiction, fantasy, fantastique), que ce soit sous forme littéraire, cinématographique et/ou ludique ; 

– d’arriver à l’atelier avec une proposition succincte d’hypothèse de monde imaginaire (une demie-page minimum définissant les grandes règles du fonctionnement de la réalité fictionnelle en question selon les intérêts de l’auteur ou autrice : réalité géographique, physique, magique, ou bien sociale, ou encore un peu de tout cela à la fois). Elle servira de base au travail du stage. 

J’insiste spécialement sur les prérequis – bon, normalement, si vous avez l’info ici, ça ne devrait pas vous faire peur. À vue de nez, je mettrai pas mal l’accent sur l’embûche principale de l’imaginaire à mon sens, c’est la présentation du monde. (Protip : ça ne se présente pas. Enfin pas vraiment. Enfin vous verrez. Ha.)

Les places sont limitées à 10, mais l’atelier ne se tiendra qu’à 7 participants inscrits, donc ne tardez pas !

➡️ Infos et inscriptions

2021-06-23T10:56:31+02:00lundi 5 juillet 2021|À ne pas manquer|2 Commentaires

L’atelier « Créer un monde imaginaire » chez les Mots est complet

Et comme il était question hier du podcast Assez parlé ! des Mots, surprise : l’atelier « Créer un monde imaginaire » des 8-9 mai organisé avec l’école est complet. Merci à toutes et tous pour votre confiance ! On se retrouve là-bas ou en virtuel, comme nos existences sont actuellement plutôt désincarnées, pour construire vos réalités parallèles.

Sauf celle-là.

(Le cas échéant, en revanche, je crois qu’il reste quelques places à la Masterclass des Imaginales d’octobre, sur la correction de manuscrits et les relations avec le monde éditorial.)

2021-04-15T11:15:49+02:00mardi 20 avril 2021|Journal|Commentaires fermés sur L’atelier « Créer un monde imaginaire » chez les Mots est complet

Créer un monde imaginaire ! (Stage en présence et à distance les 8-9 mai)

Eeeet ce n’est pas parce qu’on peut à peine sortir, seulement quand le soleil est levé, tels des anti-vampires, qu’on ne peut pas faire d’atelier d’écriture, et même – cela fait le plus grand bien de travailler ce qui nous est cher quand le monde est morose (prends-toi en main, c’est ton destin).

Les 8 et 9 mai, je proposerai une nouvelle session de l’atelier Créer un monde imaginaire à l’école Les Mots. Selon la situation, l’atelier se fera en présentiel et/ou à distance, puisqu’il est maintenant possible de suivre les ateliers par visioconférence si vous ne pouvez pas (ou même ne voulez pas) être sur place. (Ou que nous sommes toutes et tous à nouveau assigné·es à domicile.)

De la Terre du Milieu du Seigneur des Anneaux à la luxuriance de la planète Pandora dans le film Avatar, la création de nouveaux espaces géographiques, de nouvelles règles du monde, constitue depuis toujours une des caractéristiques définissant les littératures de l’imaginaire (fantasy, science-fiction, fantastique). 

À la fois terrain de jeu sans bornes et exercice intellectuel où la rigueur doit organiser et cadrer ce foisonnement, la création de mondes imaginaires constitue peut-être la forme suprême de créativité littéraire, où toutes les libertés sont accessibles, et dont l’héritage remonte aux grandes mythologies. Ces mondes différents entraînent le lecteur dans une évasion sans précédent, tout en l’invitant à s’interroger sur sa propre humanité, sa vision du monde. Véritables paraboles modernes, ils permettent de s’affranchir des a priori culturels et historiques pour aborder d’un œil neuf des problématiques potentiellement graves comme la guerre, l’écologie, le pouvoir, tout en préservant la dimension épique d’une aventure romanesque. 

Créer de nouvelles règles du monde selon ses envies profondes ; en dérouler les conséquences naturelles, sociales, technologiques ; ménager l’équilibre entre cohérence et étonnement ; introduire ce contexte puis, enfin, le mettre au service d’une bonne histoire, tels sont les outils auxquels cet atelier se propose de sensibiliser ses stagiaires. 

Car, comme le dit G. R. R. Martin, l’auteur célèbre de Game of Thrones : « ce qui m’intéresse dans l’Histoire, ce sont les histoires » ; si le monde représente l’outil central de l’imaginaire, il ne saurait être le seul, et surtout, il ne saurait prendre l’ascendant sur l’impératif de narration indispensable à une lecture agréable. 

En utilisant la forme familière des récits de voyage, laquelle croise une multiplicité d’éclairages, les participants disposeront des premières briques d’un canevas narratif unique qu’ils pourront par la suite explorer à l’envi, que ce soit en approfondissant ses mécanismes, ou bien en y situant une, ou plusieurs histoires originales. Et, même s’ils choisissent de ne pas poursuivre ce voyage, ils se confronteront à une technique fondamentale de l’écriture : la maîtrise et la mise en scène du temps et de l’espace fictionnels.

Ce cours est idéal pour vous si :

– Vous avez envie de sortie de votre zone de confort et aimez l’inattendu !

Méthodologie :

– Cet atelier propose des exercices différents à chaque séance pour s’entrainer et découvrir ! 

– Cet atelier ne requiert pas d’arriver avec une histoire en tête ou des éléments narratifs déjà construits.

Les places sont limitées à 12, donc ne tardez pas si vous êtes intéressé·e.

➡️ Plus d’informations et inscriptions

(Et c’est le moment de rappeler que demain soir, Morgan of Glencoe et moi causerons d’écriture et d’édition professionnelle en live sur sa chaîne Twitch, et que nous répondrons à toutes vos questions.)

2021-04-15T09:49:22+02:00jeudi 25 février 2021|À ne pas manquer, Technique d'écriture|4 Commentaires

Il reste quelques places à l’atelier à distance “Le conflit narratif” de ce week-end

Tout est dans le titre ; les ateliers brefs donnés par l’école Les Mots se font habituellement en présentiel, mais la situation dicte évidemment un changement de fonctionnement. C’est une occasion unique d’assister à ces ateliers si vous n’êtes pas en région parisienne. Et le conflit, c’est la brique fondamentale de toute narration : vous voulez raconter des histoires, vous devez comprendre ce qu’apporte la notion de conflit narratif.

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

➡️ Inscriptions et tarifs (28-29 novembre toute la journée)

2020-11-22T11:09:35+01:00mardi 24 novembre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Il reste quelques places à l’atelier à distance “Le conflit narratif” de ce week-end

L’atelier sur le conflit est MAINTENU à DISTANCE

Donc, tandis que nous nous adaptons à cette nouvelle période (Netflix, Disney+, whisky), une info brève mais importante :

L’atelier réalisé pour les Mots sur la notion de conflit en narration est MAINTENU (28-29 novembre). Il se fera en virtuel, via Zoom, comme toutes nos vies en ce moment.

Nous avons testé la formule lors du premier confinement au printemps et cela marche réellement bien. À tout prendre, si vous n’êtes pas à Paris, c’est même l’occasion d’en profiter.

2020-11-02T11:31:22+01:00mercredi 4 novembre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur L’atelier sur le conflit est MAINTENU à DISTANCE

Les Utopiales sont annulées (+ infos sur le mois de novembre)

Si près, bordel. Si près.

Bon, ben voilà, hélas, vous vous en doutez après les annonces d’hier, hélas on ne se verra pas ce week-end à Nantes. À littéralement trois jours près.

J’ai une immense pensée pour toute l’organisation qui a tout, mais alors TOUT fait pour que cela se tienne contre vents et marées. Merci à eux et elles d’avoir eu la foi jusqu’au dernier moment, alors que les installations commençaient déjà… Bref, je n’insiste pas dans le mélo, c’est déjà assez douloureux comme ça. Vous m’avez compris.

Je vous avoue que du coup c’est un peu la panique temporaire sur la passerelle par rapport à ce qui était prévu ce mois-ci, d’où un message un peu décousu, je suis désolé, je fais au plus vite :

L’atelier aux Mots sur le conflit (28-29 novembre) a toute les chances d’être maintenu en virtuel à distance ; on l’avait déjà fait au printemps pour celui sur la scène d’action. Confirmation à venir certainement très vite.

L’Héritage de l’Empire était prévu pour le 20 novembre. Qu’arrive-t-il ? Je ne sais pas, mais cela va décider rapidement. En gros : si les circuits de distribution de la chaîne du livre fonctionnent, la sortie du livre devrait pouvoir se maintenir, mais cela va dépendre des capacités de commercialisation et de promotion. Un si gros machin (et très attendu – merci à vous) jeté dans l’arène sans chance de se faire sa place sur les rayons, ça va un peu nous fendre le cœur à tous (moi le premier, hein). Et économiquement, on ne va pas se mentir, c’est pas idéal non plus, on ne fait pas des métiers très solides par les temps qui courent. Il n’est pas exclu qu’on décale de quelques semaines. Ou pas. Plus d’infos dès que j’en ai.

D’ici là, prenez soin de vous, et pensez à votre santé mentale aussi, en plus de la physique. Vous avez le droit de lâcher des trucs qui vous pèsent. Courage, on sortira de cette histoire.

2020-10-30T18:35:51+01:00jeudi 29 octobre 2020|À ne pas manquer|4 Commentaires

L’atelier sur le conflit est complet, mais il reste quelques places pour la scène d’action

Incroyable ! Et vraiment immensément agréable : merci pour votre confiance constante, l’atelier d’écriture à distance sur le conflit en narration est maintenant complet ! J’ai pu répéter à quel point cette notion me semble centrale à la narration (moderne, surtout) et je suis très content de pouvoir la transmettre.

Il reste par ailleurs encore quelques places pour le stage intensif sur la scène d’action, qui se déroulera sur un week-end entier à l’école Les Mots (10-11 octobre). Du duel à l’infiltration jusqu’à la bataille épique rangée, venez mettre vos personnages sous pression : ne tardez pas, l’atelier est limité à 12 participants maximum !

➡️ Infos pratiques, inscriptions, détail du déroulement

2020-08-15T21:20:50+02:00jeudi 20 août 2020|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur L’atelier sur le conflit est complet, mais il reste quelques places pour la scène d’action

Procrastination podcast S03E22 : “Les ateliers d’écriture”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Les ateliers d’écriture“.

Cercles d’écriture, de (re)lecture, une pratique ancienne du monde littéraire et prenant de plus en plus la forme d’ateliers à visée professionnalisante. Comment cela fonctionne-t-il, et que peut-on en attendre ? Après un rapide tour d’horizon de Lionel, Mélanie présente les formules, en insistant sur les différents publics auxquels elles s’adressent. Pour Laurent, le plus intéressant dans le système consiste à affronter la difficulté de produire en se confrontant au regard immédiat d’autrui.

Références citées

– L’atelier Clarion http://clarion.ucsd.edu

– CoCyclics https://cocyclics.tremplinsdelimaginaire.com

– Le club Présences d’Esprits https://www.presences-d-esprits.com

– Les Mots, école d’écriture https://lesmots.co

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:37:32+02:00jeudi 1 août 2019|Procrastination podcast|2 Commentaires

L’atelier à distance “créer un monde imaginaire” est complet

Merci à toutes et tous pour votre confiance ! Vous êtes donc une large promo, et on va s’efforcer de s’assurer que tout le monde sorte avec, au strict minimum, quelque chose pour nourrir sa pratique au long cours.

Désolé si vous n’avez pas pu avoir de place et que vous le souhaitiez. On va tous, forcément, voir comment ça fonctionne pour cette première initiative, mais si tout le monde est content, il n’y a pas de raison qu’on ne refasse pas ce genre de chose dans les années à venir !

2019-07-11T01:23:53+02:00jeudi 11 juillet 2019|Dernières nouvelles|Commentaires fermés sur L’atelier à distance “créer un monde imaginaire” est complet

Les stages d’écriture organisés aux Mots : pourquoi, comment (entretien avec Marjorie Stachetti)

Les Mots est une école d’écriture construite sur un modèle unique à ma connaissance en France, qui se rapproche un peu de l’apprentissage “à l’Américaine” (stages techniques, ateliers aux long cours visant à développer une facette du métier). Tu as peut-être vu, auguste lectorat, qu’il m’arrive d’y proposer des conférences et des stages ; notamment, il y a un mois environ, j’en proposais un sur la création de monde imaginaire.

Marjorie Stachetti y a participé et, “dans le cadre d’un projet sur les ateliers d’écriture”, recherche des “retours d’expérience des auteurs qui animent les ateliers et les stages”. Ce fut l’occasion d’une discussion pour lever un peu le voile sur la manière dont on prépare ce genre de session, et comment cela s’organise, en tout cas de mon humble point de vue. Peut-être cela vous donnera-t-il envie de vous joindre à l’aventure une prochaine fois ?

Quel est votre parcours de vie en quelques moments clés, suivant la ligne directrice qui vous a mené à l’écriture et à la publication ?

Je crois que j’ai toujours voulu écrire. Ou que je n’ai rien su vouloir d’autre ! Quand j’ai découvert dans ma petite enfance la nature de l’écrit, j’ai trouvé que c’était le pouvoir le plus fantastique du monde : vous voulez dire qu’on peut laisser des messages à des gens, et qu’ils peuvent les recevoir en votre absence ? Rien n’est plus puissant que ça ! J’ai tanné mes parents (lecteurs d’imaginaire tous les deux, d’ailleurs) pour apprendre à lire et écrire avant l’âge légal. De là, raconter des histoires était un pas naturel que j’ai franchi très vite.

Bien sûr, il y avait tout un monde entre ces premiers récits balbutiants et l’écriture professionnelle ! J’ai toujours été passionné aussi par les grands espaces et la faune marine. Je suis devenu ingénieur agronome spécialisé en halieutique (en gros, biologiste marin) et une fois mon diplôme en poche, constatant que j’étais peut-être plus taillé pour raconter la poésie du monde que pour la quantifier, je me suis lancé (avec beaucoup d’inconscience mais aussi de bonne volonté) dans la littérature. J’ai abordé le domaine de manière systématique, puisque c’était l’approche que j’avais apprise dans mes études d’ingénieur : d’une, j’ai voulu faire tous les métiers possibles pour acquérir une vision globale ; de deux, je suis allé apprendre en ligne auprès des Américains les bases de la technique narrative (parce que, il y a bientôt vingt ans, quasiment personne en France ne s’en souciait). J’ai ainsi été un temps critique littéraire, j’ai dirigé une revue de fantasy (Asphodale), fait beaucoup de traduction littéraire (avec grand plaisir, une expérience très riche d’enseignements)… Il m’a fallu trois ans pour publier mon premier texte de manière professionnelle (« Tuning Jack » dans la revue Galaxies, en 2004). J’ai commencé à placer des nouvelles régulièrement, jusqu’à publier mon premier roman (La Volonté du Dragon, en 2010). Je me suis centré de plus en plus vers l’écriture pure au fil de ces années, et à partir de là, j’ai commencé à publier environ un livre par an, un rythme qui me convient bien.

Dans quelles circonstances êtes-vous entré en contact avec Les Mots ? Comment s’est présenté l’idée d’un atelier d’écriture ?

Une de mes anciennes éditrices, Stéphanie Chevrier, qui dirige les éditions Don Quichotte et qui a publié ma trilogie « Léviathan » (La Chute, La Nuit, Le Pouvoir), était en contact avec l’équipe fondatrice des Mots. Elle savait que je réfléchis beaucoup à la technique littéraire et à comment la transmettre : comme je le disais, quand j’ai appris les fondamentaux de la narration, autour des années 2000, on ne trouvait des ressources quasiment qu’en anglais. Sur mon blog, par des ateliers et des conférences (et plus récemment à travers le podcast Procrastination que nous animons avec mes camarades Mélanie Fazi et Laurent Genefort), je m’efforce depuis près de dix ans de transmettre en langue française ce que j’aurais aimé trouver quand j’ai commencé ce métier. Stéphanie nous a ainsi mis en relation avec Les Mots, et comme je n’habite pas à Paris, nous nous sommes efforcés de trouver un format d’intervention qui soit compatible avec un relativement bref séjour, soit celui du stage intensif.

Quels sont les ateliers et stages que vous avez animés ? Intitulé, résumé, but recherché.

J’ai proposé deux conférences aux Mots : une sur les littératures de l’imaginaire de manière générale et une sur les outils numériques d’aide à l’écriture et à la création. J’anime actuellement deux stages intensifs sur un week-end : la création de monde imaginaire (descriptif détaillé) et la notion de conflit en narration (descriptif détaillé).

Comment avez-vous préparé ces ateliers ou stages ?

La forme voulue par Les Mots s’articulait à chaque fois autour de six séances d’écriture suivies de lectures, échanges et débats sur les difficultés et réussites rencontrées lors de l’exercice. (Le tout sur deux jours.) J’ai à chaque fois en tête des notions bien précises que je m’efforce de faire passer, ou du moins manipuler aux stagiaires ; ce sont des outils que j’emploie moi-même quotidiennement dans ma pratique, que j’ai raffinés avec les ans, et qui me permettent d’avancer d’une manière qui me convient. Je construis donc mes six exercices en un parcours d’une difficulté et d’une complexité croissantes qui réutilisent à chaque fois les notions abordées aux étapes précédentes. Concrètement, j’ai une carte heuristique (« mind-map ») qui aborde le sujet par le maximum d’angles possibles et d’où découlent les consignes d’écriture que je donne aux stagiaires. Je propose également une liste de « déclencheurs » qui sont là pas des consignes, seulement des éléments facultatifs destinés à stimuler l’imaginaire pour fournir un point de départ à l’écriture (car il est difficile d’écrire sur commande).

Quels sont vos ressentis de ces ateliers ? Du travail de groupe ? De la relation avec les stagiaires ?

Excellents. Je suis souvent frappé par la maturité de réflexion qu’ont les stagiaires sur leur propre pratique et la créativité qu’ils arrivent à débloquer dans des conditions d’écriture exigeantes (dues à la forme d’un stage intensif). Je suis également très heureux de voir l’harmonie et la bienveillance entre les participants ; tout le monde offre des retours constructifs sur le travail des autres de manière à se tirer mutuellement vers le haut. C’est un vrai plaisir, qui peut aller jusqu’à une sincère émotion pour moi.

Que retirez-vous de l’expérience pour votre propre écriture ?

On raconte qu’on ne maîtrise réellement une notion qu’à partir du moment où l’on est capable de l’enseigner : réfléchir à mes propres outils de manière à les transmettre m’oblige à les conceptualiser de façon plus développée et exhaustive, ce qui contribue évidemment à faire avancer ma propre réflexion. Durant les stages, je suis très souvent réjoui par la liberté et la candeur dont les stagiaires font preuve dans leur propre entreprise de création ; quand on navigue à travers les exigences professionnelles de ce métier, c’est une fraîcheur que l’on peut parfois perdre un peu de vue. Voir le bel exemple de cette énergie, de cette audace débridée, représente pour moi un appel à me reconnecter moi-même à ces impulsions et à les nourrir dans mon propre travail avant toute autre considération.

Avez-vous déjà eu des difficultés avec un stagiaire ? De quel ordre ? Comment les avez-vous résolues ? Cela a-t-il eu une influence sur les ateliers suivants ?

Presque à chaque fois, un ou une stagiaire a abandonné presque dès le début, pour des raisons similaires : l’écriture n’arrivait pas pour un blocage ou un autre. La consigne d’un atelier représente un cadre qu’ils n’acceptent pas, ou qu’ils n’arrivent pas à adopter. Dans ce contexte, je ne peux pas faire grand-chose : les objectifs et la forme des stages sont très clairement présentés avant l’inscription. Dans tous les cas, j’ai eu l’impression que le blocage concernait de courants psychologiques profonds chez la personne, de son rapport à sa propre image, à la réalité du travail de l’écrivain ; je ne peux pas faire grand-chose là-dessus, car on n’est plus dans le domaine de l’écriture stricte. Je ne peux pas répondre à la place des gens à la question « Veux-je vraiment écrire ? Et y travailler sincèrement ? » C’est à chacun d’y répondre (si possible avant l’inscription !). Pour ma part, je me place résolument dans une optique professionnalisante – c’est-à-dire, on est là pour produire, apprendre et affronter des difficultés avant de se préoccuper de qualité ; je cherche à pousser les stagiaires à sortir de leur zone de confort pendant deux jours pour en retirer des enseignements dans leur propre pratique. Donc, oui… c’est du boulot !

Quelles sont les évolutions dans vos animations de stages ? (le choix des sujets, l’organisation des séances, la gestion de l’heure, du groupe, des exercices, des retours)

J’avais déjà proposé beaucoup de stages intensifs dans d’autres cadres avant de travailler avec Les Mots, donc j’avais une certaine habitude de ce genre de formule, que je pratique depuis des années. Je m’efforce globalement de m’adapter à la dynamique du groupe dont il est question, en fait. Certains sont plus bavards (il faut limiter le temps de parole), d’autres moins (c’est à moi de proposer davantage de commentaires, de questionner le groupe). Ce qui compte, c’est que tout le monde reparte en ayant au minimum l’impression de s’être un peu dégourdi le cerveau et d’avoir relancé sa créativité ; idéalement, que les techniques vues pendant le stage s’ancrent et fassent réellement progresser la pratique. J’ai adapté au fil du temps l’équilibre des horaires pendant la journée pour réserver des horaires confortables à chaque temps (création, restitution). Il y a ensuite encore un certain nombre de sujets sur lesquels je pense pouvoir apporter de la valeur, nourris par ma pratique des littératures de l’imaginaire et de la narration populaire, qu’on mettra peut-être en place au fil du temps, si cela intéresse l’école bien entendu !

Que se passe-t-il APRES le stage ? Y a-t-il eu des contacts durables avec certains groupes ? stagiaires ? des travaux en commun ? des écrits ? des anecdotes ?

Les jeunes auteurs demandent souvent où trouver des relecteurs pour leurs écrits, et je réponds toujours : gardez le contact avec vos camarades quand vous faites des ateliers, entraidez-vous ! Un groupe notamment a fondé une liste d’échange où les nouvelles et les encouragements mutuels tournent, ce que je trouve génial. Certains auteurs font même une jolie carrière dans l’autopublication, d’autres développent romans et nouvelles, et voir ces progrès ne peut que motiver les autres à se donner le courage d’écrire, à leur tour, les histoires dont ils rêvent. C’est émouvant pour moi aussi, comme je le disais plus haut, de voir que ce que je me suis efforcé de faire passer ait pu résonner avec d’autres et les aider. Sincèrement, c’est tout ce que j’espère arriver à faire.

À quel rythme faites-vous ces formations en atelier d’écriture ? Quelle place prennent-elles dans votre vie professionnelle ? Quelles sont les sources, s’il y en a, qui vous ont aidées à animer un de vos ateliers ?

J’en donne en moyenne trois à cinq par an ; je ne veux pas en faire une activité principale. Mon métier consiste à écrire des histoires, pas à enseigner (même si j’aime beaucoup ces moments). Je m’assure donc de conserver un équilibre en faveur de la création. Je n’utilise pas de sources particulières pour créer les stages ; je m’efforce de transmettre ce que j’ai pu comprendre, de mon côté ; de partager mes propres outils. Lesquels, bien sûr, se sont construits à travers tous les livres, articles, sur le sujet que j’ai pu lire, les ateliers que j’ai pu faire moi-même il y a des années, et surtout par l’expérimentation ; mais ce n’est pas « une » vision extérieure que je transmets, c’est (et je l’exprime très clairement au début de chaque stage) la mienne, distillée à partir de ce que j’ai pu apprendre et glaner un peu partout. J’encourage les stagiaires d’emblée à la questionner, à la tester, pour décider ce qui leur convient, ou non, là-dedans ; ce n’est qu’une piste, et j’espère qu’ils distilleront, à leur tour, leur propre vision personnelle, celle qui leur permettra d’écrire, et dans laquelle je ne serai, moi aussi, qu’une influence parmi mille autres !

Avez-vous eu connaissance du retour et des avis des stagiaires sur votre atelier/stage ? Correspondent-ils à vos attentes ? Vous en êtes-vous servis pour modifier votre atelier ? Dans sa structure ? son rythme ? ses exercices ? Autres ?

Non, je n’en ai pas eu connaissance en détail, mais les quelques échos que j’en ai eus ont été très positifs. Du coup, pas de nécessité de trop changer mon fusil d’épaule, je pense ! Mais bien sûr, je suis prêt à faire évoluer les choses en fonction des demandes.

Propos recueillis par Marjorie Stachetti.

2018-10-29T15:39:59+01:00mercredi 31 octobre 2018|Entretiens|3 Commentaires

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