Parlons technique d’écriture et Procrastination (le podcast) : live ce vendredi à 18h

La super chaîne et communauté DoctriZ (YouTube, Twitch), qui parle d’imaginaire sous toutes ses formes avec un petit angle recherche, réalise ce mois-ci un cycle sur les podcasts.

Vendredi, 18h, Mélanie Fazi, Estelle Faye et moi aurons le plaisir d’être soumis à la question autour de Procrastination – qui bouclera (déjà !) sa cinquième année en juillet. On va certainement parler de la genèse de l’émission, mais il est presque sûr que l’on va déborder sur des questions de technique d’écriture et surtout de la divergence de nos trois approches, comment on se promet sans cesse du clash tout en arrivant toujours à disconvenir de façon civile – c’est vraiment désespérant.

Venez en masse ! Pas besoin de compte pour regarder (il faut juste un si vous souhaitez interagir en direct) :

➡️ Vendredi, 18h, https://www.twitch.tv/doctriz

2021-04-13T09:53:09+02:00mardi 13 avril 2021|À ne pas manquer|4 Commentaires

Mise en ligne de la table ronde auteurs du colloque des Imaginales sur Game of Thrones

Malgré la pandémie, les Imaginales ont maintenu un maximum d’activités en ligne (et gloire à l’organisation d’avoir réussi avec brio un virage difficile et serré !). Tout particulièrement le colloque universitaire, dont le thème était « Game of Thrones, nouveau modèle pour la fantasy ? »

Le colloque s’est terminé le mois dernier avec une table ronde auteurs à laquelle j’ai eu l’honneur de participer, avec Emmanuel Chastellière, Silène Edgar, Estelle Faye et Aurélie Wellenstein. Animé par Stéphanie Nicot, le débat traite de l’influence et de l’importance de l’œuvre de Martin dans le domaine de la fantasy, et de notre rapport (ou absence d’icelui) avec elle dans notre propre travail.

À découvrir ci-dessous, et merci à toute l’équipe du festival et au public !

(Vous pouvez constater en passant que j’habite à la Loge Noire de Twin Peaks, ce qui explique peut-être des choses.)

2023-02-04T07:06:18+01:00mercredi 8 juillet 2020|Entretiens|2 Commentaires

Assistez à la table ronde virtuelle “Game of Thrones, modèle ou inspiration ?” [Colloque virtuel Imaginales]

Table ronde is coming :

Dans le cadre du colloque universitaire « Game of Thrones : nouveau modèle pour la fantasy ? », organisé par les Imaginales, une table ronde se déroulera sous forme d’une session Zoom, le jeudi 11 juin à 18h30, et sera animée par Stéphanie Nicot, avec Emmanuel Chastellière, Silène Edgar, Estelle Faye, Aurélie Wellenstein et moi-même, sur le sujet de l’influence que la célèbre saga peut avoir sur le genre, notamment en France. Très honoré (et hâte) d’y participer en direct de mes rideaux Twin Peaks !

Il est possible d’y assister en direct, jusqu’à concurrence de 100 personnes : suivez ce lien pour vous inscrire !

2020-06-10T18:54:28+02:00jeudi 4 juin 2020|À ne pas manquer, Entretiens|Commentaires fermés sur Assistez à la table ronde virtuelle “Game of Thrones, modèle ou inspiration ?” [Colloque virtuel Imaginales]

Procrastination podcast S04E01 : “S’inspirer des autres médias”

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C’est la reprise ! Le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “S’inspirer des autres médias“.

Bienvenue à Estelle Faye qui rejoint l’équipe de l’émission ! Pour entamer cette saison, une réflexion sur la pollinisation croisée entre les médias narratifs (roman vis-à-vis du cinéma, théâtre, manga, jeu de rôle, jeu vidéo…). Mélanie (qui a des expériences en manga, écriture de pièces radiophoniques et chansons) s’en réjouit, car cela contribue à la richesse de l’inspiration. Lionel approuve, avec l’avertissement que les grammaires narratives sont différentes (en utilisant les exemples du jeu – de rôle, et vidéo). Estelle, également scénariste, livre précisément en quoi, notamment à travers sa propre expérience d’adaptation d’un de ses propres livres vers le scénario, en balayant les contraintes que cela implique, notamment par rapport à la temporalité.

Références citées

– Clive Barker, Hellraiser

– David Lynch, Dune

– Stanly Kubrick, 2001, L’Odyssée de l’espace

– Arthur C. Clarke, « La sentinelle » (et 2001)

– Alejandro Jodorowski

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:37:32+02:00mardi 15 octobre 2019|Procrastination podcast|2 Commentaires

Procrastination saison 4 : date de diffusion et premiers thèmes

Hier, nous avons bouclé une deuxième session d’enregistrement de la saison 4 de Procrastination. Estelle n’a pas l’air trop malheureuse d’avoir rejoint l’émission. Je pense. Enfin, j’espère. Je vous laisse juger.

SCANDALE DÉVOILÉ : Procrastination est enregistré par des orques en peluche utilisant des êtres humains en guise de marionnettes #NousSachons

Nous avons hâte de vous proposer cette nouvelle saison, et nous remercions grandement Estelle qui lève le rideau avec cœur et sincérité sur sa propre pratique ainsi que bien des aspects de l’écriture qu’on évoque parfois trop peu… Nous comptons sur vous pour lui faire le meilleur accueil !

La saison 4 comptera 18 épisodes (et non 20, pour compenser les deux surnuméraires de la saison 3) et le premier sera donc diffusé le 15 octobre. Voici le programme des douze (oui, douze) premiers épisodes de cette saison :

  • s04e01 – S’inspirer des autres médias
  • s04e02 – Le rapport signal/bruit des dialogues
  • s04e03 – Faire original
  • s04e04 – Les clichés
  • s04e05 – Retours des poditeurs 05
  • s04e06 – Le syndrome de l’imposteur
  • s04e07 – Pitcher / faire un synopsis
  • s04e08 – Ce qui se passe en festival
  • s04e09 – Narrer la non-fiction
  • s04e10 – Retours des poditeurs 06
  • s04e11 – Les arcs narratifs (partie 1)
  • s04e12 – Les arcs narratifs (partie 2)
2019-09-27T09:59:22+02:00mercredi 11 septembre 2019|À ne pas manquer|11 Commentaires

Des changements dans le podcast Procrastination

Trois saisons, déjà ! Quand nous avons lancé l’émission avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort, grâce au soutien logistique d’Elbakin.net, nous l’avions un peu fait aussi à titre d’expérience, pas complètement certains que cela pourrait intéresser du monde. Trois ans plus tard, nous sommes ravis, honorés et même un peu ébaubis, pour tout dire, du succès que rencontre l’émission, et surtout touchés de tous les retours enthousiastes, des partages constructifs qui sont nées autour de ce podcast au nom imprononçable1. Merci !

Il y a un mois, j’annonçais les sujets de la fin de la saison 3 et du début de la saison 4 ; ces émissions sont bien programmées, mais l’ordre va être un peu chamboulé.

Suite à divers changements dans notre organisation à tous compliquant un peu l’enregistrement en présence les uns des autres (un aspect auquel nous tenons), Laurent Genefort, tel le gentleman qu’il est, a proposé de se mettre en retrait de l’émission pour faire la place à une nouvelle voix.

Je tiens vraiment à dire un immense MERCI à Laurent, qui m’a fait confiance quand je suis venu le chercher dans cette aventure – mais surtout pour nous avoir apporté pendant plus de 60 épisodes son regard érudit et son immense expérience de la science-fiction comme de l’écriture et de l’édition. Avec sa gentillesse et son savoir, il forme un pilier qui a contribué à hisser l’émission à un niveau dont nous pouvons être fiers. Par ailleurs, Laurent ne disparaît pas entièrement, heureusement ; nous comptons bien le conserver dans notre puits gravitationnel et le débaucher à nouveau pour profiter de son regard dans de futurs épisodes ! (Mais peut-être plus ponctuels.)

Nous sommes ravis d’accueillir donc une nouvelle voix régulière, avec la photo d’autrice la plus cool de ce côté-ci du Tennessee… (Le saviez-vous ? On se trouve toujours d’un côté du Tennessee.)

Bienvenue dans Procrastination à Estelle Faye !

En plus d’être une autrice hors pair qui navigue aussi bien dans la fantasy que la SF, Estelle écrit aussi bien pour la jeunesse que les adultes, et est également scénariste et ex-comédienne. Nous sommes absolument ravis de la voir rejoindre l’équipe, déjà parce qu’elle va pouvoir nous apprendre plein de trucs qu’on sait pas avec son parcours différent de Mélanie et moi, mais surtout, bien sûr, parce que c’est quelqu’un d’une grande générosité, avec une énergie positive que vous ne pourrez qu’entendre à l’antenne.

L’antenne. Genre, comme si on était en 1970. Ah, mais non. L’antenne 4G, bien sûr. Voulais-je dire. Bientôt la 5G, d’ailleurs. Bref.

Le planning de la saison 3 est donc quelque peu rajusté car nous avions déjà commencé l’enregistrement de la saison 4 avec Laurent. Ces deux premiers épisodes clôtureront la 3 au lieu de débuter la 4, ce qui donne :

  • s03e19, 15 juin : Le personnage comme incarnation de l’auteur
  • s03e20, 1e juillet : Retours des poditeurs 04… le retour
  • s03e21, 15 juillet : Séparations et relations entre littératures générale et de l’imaginaire
  • s03e22, 1e août : Les ateliers d’écriture

La saison 4 commencera quant à elle le 15 octobre (un mois plus tard que d’habitude), le temps pour nous de commencer à travailler avec Estelle, et comptera 18 épisodes, ce qui nous fera retomber pour la saison 5 sur le rythme habituel. Bref, j’ai l’impression de faire très compliqué pour dire un truc assez simple en fait.

Merci à Estelle d’avoir accepté notre invitation ! Nous espérons que vous lui ferez le meilleur accueil, et nous avons hâte de commencer l’enregistrement et de découvrir notre nouvelle dynamique !

  1. Ça, c’est ma faute.
2019-06-08T14:51:16+02:00mardi 11 juin 2019|Technique d'écriture|6 Commentaires

Le Dictionnaire de la fantasy d’Anne Besson lauréat du prix Imaginales ! [Liste complète]

Splendide ! Comme tous les ans, bien sûr, le prix Imaginales récompense des œuvres particulièrement marquantes de la fantasy parues au cours de l’année passée. Félicitations à tous les lauréats et lauréates (ça me fait notamment très plaisir pour les camarades Estelle Faye et Robert Darvel !).

Et je veux saluer à nouveau le travail titanesque, à la fois d’une grande intelligence et très accessible, réalisé par Anne Besson pour le Dictionnaire de la fantasy publié chez Vendémiaire. J’ai déjà gauchement dit tout le bien que je pensais de son approche (gauchement parce que j’ai contribué quelques articles, alors on pourrait me targuer d’autocongratulation partielle, mais ce serait quand même me donner une importance absurde), cependant, vraiment : cet ouvrage a pour moi deux immenses qualités que j’aimerais bien retrouver davantage ailleurs, quel que soit le domaine.

D’une, il s’attache d’abord aux mouvances plutôt que de noyer le lecteur sous un torrent d’œuvres et d’auteurs, ne gardant que les grands repères. Il fait tout cela sans sacrifier la profondeur de contenu, ce qui en fait une compilation de connaissances parfaite pour les érudits comme pour ceux et celles qui souhaitent découvrir le genre avec des repères solides. D’autre part, Anne Besson a parfaitement intégré l’aspect vivant et populaire de ces cultures (dont elles sont indissociables, en vérité) et a établi un pont avec les acteurs du domaine : on y retrouve beaucoup d’articles rédigés par les membres d’Elbakin.net et – initiative extrêmement rare – des points de vue d’auteurs en exercice sur certaines thématiques majeures, du côté cette fois de l’imagination et de l’inspiration. Merci, Anne, d’avoir fait dialoguer tous les acteurs du monde du livre, du chaos créateur jusqu’à l’analyse rigoureuse universitaire, et félicitations !

Les lauréats :

  • Roman francophone : Robert Darvel, Femmes d’argile et d’osier, Les Moutons Électriques
  • Roman étranger traduit : Dmitri Lipskerov, Le Dernier rêve de la raison, Agullo Editions, traduction de Raphaëlle Pache
  • Jeunesse : Estelle Faye, Les Guerriers de glace, Éditions Nathan
  • Illustration : Daniel Egnéus, Le Dogue noir, de Neil Gaiman, Au diable vauvert
  • Nouvelle : Neil Gaiman, Signal d’Alerte, Au diable vauvert
  • Prix spécial du Jury : Anne Besson, Dictionnaire de la Fantasy, Vendémiaire

[Source]

2019-05-20T09:19:35+02:00mercredi 8 mai 2019|À ne pas manquer|1 Commentaire

Les écrivains les plus riches ne sont pas français, parce que… 

En un beau matin, de juillet, Robert G. Forge pose une fort bonne question, née de la lecture d’un article d’Atlantico avec un titre qui fâche :

Après quelques échanges sur Twitter, je me dis que la question vaut peut-être un fromage, sans doute, ou de développer un peu plus ce dont il est question. L’article d’Atlantico, ici, fait intervenir Mohammed Aïssaoui, journaliste au Figaro littéraire, et Antoine Bueno, écrivain et enseignant à Sciences Po. Et si globalement on y trouve des idées qui me semblent assez justes, mon humble point de vue avoué de “raconteur d’histoire” a envie de discuter un peu le bout de gras.

Pourquoi aucun des seize romanciers les plus riches du monde n’est-il français ? Parce que les Américains tiennent le haut du pavé. Pourquoi les Américains tiennent-ils le haut du pavé ? Parce que les Américains : domination culturelle mondiale, avantage de parler (et écrire) la langue que le monde entier lit, et donc peut acheter et faire traduire (voir les problématiques de traduction vers l’anglais). 250 millions d’Américains contre 65 Français (millions, hein, pas 65 tout court, hein), tu peux pas test. L’impact de la francophonie, dans le domaine du livre, reste une illusion, en tout cas dans l’imaginaire : à part en Belgique et en Suisse, nous nous exportons peu. Nos amis québécois nous lisent, mais avec plusieurs mois de retard sur les sorties, la faute au coût du transport (la mer, c’est moins cher). Quant aux marchés africains, ils sont presque inexistants.

Pour moi, on pourrait s’arrêter là, mais l’article continue sur une argumentation qui me paraît s’enliser sur les différences d’approches entre la narration à l’Américaine, qui serait efficace, technique, et l’école française d’atmosphère, existentielle, sociale. Rendons hommage à Antoine Bueno qui cite la SF et la fantasy parmi les littératures de genre ; mais opposer les deux me paraît passablement risqué, et passe surtout sous silence ce que l’imaginaire fait à peu près depuis toujours, surtout la science-fiction – à savoir : unir les deux. Si 1984 ou Le Meilleur des mondes ne parlent pas de société, tout en racontant une histoire, je veux bien qu’on me coupe l’Apple Pencil. Et, diantre, leur statut de classique ne serait-il pas dû au fait que, tiens, ces romans sont capables de porter un discours à travers une narration ?

Pour les intervenants, “ce qui, chez nous, est une niche [les genres], représente l’essentiel de la production littéraire américaine. Nos deux modèles sont tout simplement inversés.” Id est : le genre n’intéresserait pas le public français. Dans ce cas, je me demande quand même bien pourquoi les best-sellers, en France tout comme ailleurs, sont Game of Thrones, Fifty Shades, pourquoi les jeunes lecteurs se sont rués sur Harry Potter et aujourd’hui enquillent Hunger Games, Divergente, Labyrinthe. Merci aux auteurs de signaler que “nous avons d’excellents story-tellers” ! Mais on le constate, en imaginaire : les Américains dominent, encore et toujours, quand les francophones peinent à surnager (moins qu’il y a vingt ans, heureusement), et ce n’est pas faute du désintérêt de notre public pour les genres. Au contraire, leur renommée ici est écrasante, comme ailleurs. Tout le monde a entendu parler de GoT ou même de Star Wars ; je gage qu’il n’en est pas de même pour Katherine Pancol. Donc, ça intéresse drôlement du monde (et quid du jeu vidéo, vecteur de l’imaginaire par excellence ?). Cependant, merci de confirmer indirectement mon opinion volontairement provocatrice : or doncques, visiblement, le mainstream à la française ne raconte pas d’histoire. Hé, c’est pas moi qui l’ai dit.

Mais c’est surtout là que ça se gâte : les intervenants mettent en opposition la technique littéraire, laquelle s’apprend aux États-Unis, sous le terme peu flatteur de “faiseur”, soit l’auteur qui connaît les ficelles, contre le fait qu’un auteur français n’apprend pas le métier (sauf qu’il l’apprend forcément un peu, même si c’est en-dehors de circuits officiels, nonobstant l’apparition de cursus d’enseignement depuis quelques années). Selon M. Aïssaoui, « il faut nécessairement une intrigue, un suspense et des rebondissements, de manière à en faire un “film écrit” ». Cette affirmation a autant de sens que dire qu’il faut des couleurs et des formes à un tableau : c’est amusant car c’est là que l’on voit peut-être transparaître, en filigrane et involontairement, une des clés de l’attitude du mainstream, justement, envers les genres et les raconteurs d’histoires. Et en quoi la littérature, dans notre beau pays, est justement considérée différemment de toutes les formes d’art, sans raison particulière. D’abord, qu’est-ce qu’un “film écrit” ? Doit-on comprendre que le film est inférieur au livre ; ou que tous les cinéastes sont des techniciens ; qu’il n’existe pas de film d’ambiance ? (Et le cinéma… français, alors ?) Mais ne soyons pas de mauvaise foi – il s’agit là de dire “comme un film hollywoodien avec des explosions”, ce qui en dit long sur l’a priori des auteurs sur qui, exactement, domine le cinéma. Est-il nécessaire de prouver davantage l’hégémonie américaine ?

Et surtout, il faudrait nécessairement une intrigue ? Diantre, le vilain mot : est-ce à dire que la fiction devrait, eh bien, raconter une fiction ? Choc. Se pencherait-on sur le cas d’un compositeur ayant appris l’harmonie et s’interrogerait-on sur son œuvre, au titre qu’il lui faut nécessairement qu’elle sonne juste ? Se pencherait-on sur le cas d’un peintre ayant appris la perspective et s’interrogerait-on sur son œuvre au titre qu’il lui faut nécessairement réfléchir au choix des couleurs ? Alors bien sûr, on peut bafouer les règles – mais il vaut mieux connaître ce qu’on bafoue. Aucune technique artistique n’est une recette qui garantit l’efficacité et le succès : la technique consiste simplement à comprendre la grammaire de son art pour en faire ce que l’on souhaite et peut-être la repousser vers des terres encore vierges. Y avait un mec, en dessin c’était un gros tueur ; la moindre de ses esquisses était une masterclass à elle toute seule alors qu’il n’avait pas vingt ans ; et le mec, à force d’étudier son art, avec passion et investissement (il savait à peu près tout faire), eh bien il a genre inventé le cubisme, dis. On pourrait dire le même genre de chose de Bach, et tant d’autres à travers l’histoire.

Et je ne parle même pas des magnifiques romans d’ambiance de la SF et de la fantasy…

Alors ce n’est pas pour dire qu’il n’existe pas de romans formatés ; bien sûr – mais équivaloir en filigrane story-telling et livres écrits à la chaîne ; et faire reposer en partie l’inégalité des rayonnements de nos deux littératures là-dessus, non. D’une, ça n’a pas grand-chose à voir, de deux, apprendre à raconter une histoire n’est pas un péché, mais un devoir pour prendre soin de son lecteur. Sang-diable1, les contes reposent sur des motifs ancestraux qui sont là pour une raison : ils résonnent avec l’expérience humaine (voir l’épisode de Procrastination sur le monomythe, par exemple). Le savoir ne fait pas d’un auteur un tricheur desséché, mais quelqu’un qui cherche à comprendre l’outil avec lequel il travaille pour en faire quelque chose de plus.

Cet article tourne à la diatribe, et je ne voudrais pas qu’on pense que je m’en prends personnellement à MM. Aïssaoui et Bueno qui disent aussi des tas de choses fort agréables à lire sur la qualité des genres en France. Je prends ces petites phrases, que l’article a peut-être même raccourcies, pour m’envoler vers des hauteurs postillonnantes – mais il faudrait quand même qu’en France, on se débarrasse de cette opposition de façade entre le “Roman” avec une bon dieu de majuscule, et les genres : un bouquin de fiction, ça raconte une histoire, sinon c’est pas de la fiction, dammit. Et une histoire est plus ou moins bien ficelée, plus ou moins bien inventive et racontée.

Terminons donc sur deux points que j’approuve vigoureusement : oui, comme nous le répétons dès que nous en avons l’occasion avec Estelle Faye, capitalisons sur nos forces, nos spécificités, pour faire une belle et forte littérature qui a des trucs à raconter avec vigueur et créativité ! Et oui, putain2, le nouveau roman a carrément asséché la joie de vivre dans la littérature française.

  1. Ouais, je me cite si je veux.
  2. T’as vu, auguste lectorat, je suis prêt à tout pour remonter mes stats de lecture.
2018-08-02T09:08:03+02:00jeudi 2 août 2018|Le monde du livre|9 Commentaires

Mythologies [table ronde aux Étonnants Voyageurs 2018]

Ce débat aux Étonnants Voyageurs 2018 a été capté par l’organisation du festival, qui rend ses tables rondes librement accessibles (merci à eux !) et faisait participer Estelle Faye, David Vann et moi-même. Modération et animation : Claudine Glot. Il peut être écouté librement en ligne cette page ou bien ci-dessous :

 

2018-06-29T08:54:45+02:00mardi 3 juillet 2018|Entretiens|Commentaires fermés sur Mythologies [table ronde aux Étonnants Voyageurs 2018]

Fantasy épique… et vraisemblance historique [table ronde aux Imaginales 2018]

Ce débat aux Imaginales 2018 a été capté par le site de référence ActuSF et faisait participer Fabien Cerutti, Estelle Faye, Jean-Philippe Jaworski et moi-même. Modération et animation : Victor Battagion. Il peut être écouté librement en ligne ou bien téléchargé sur cette page.

En prime, un extrait vidéo :

 

2018-06-14T03:38:45+02:00lundi 18 juin 2018|Entretiens|Commentaires fermés sur Fantasy épique… et vraisemblance historique [table ronde aux Imaginales 2018]

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