Faut qu’on m’explique

Je connaissais le numérique plus cher que le physique, les frais d’envoi délirants du physique, les DRM qui t’empêchent de lire ce que tu as acheté, les achats qui sont en fait des licences révocables… mais là :

mp3_price

Tu peux acheter un truc cher, ou bien acheter un truc moins cher et on t’offre le truc cher avec.

21e siècle, rentre chez toi, t’es bourré.

2014-01-02T10:16:30+01:00jeudi 2 janvier 2014|Expériences en temps réel|7 Commentaires

Albator : le film (chronique sans spoilers)

albator_lefilmIl sort le 25 décembre, tout vêtu de cuir, avec un ballon de cognac, assis sur un trône qui ressemble à celui du Roi-Liche, il possède un vaisseau à la symbolique suspecte notamment dans son rapport intime à l’éperonnage, c’est bien sûr Albator (le ca-pi-taine-cor-saire-ta-dadaaa), ou Harlock en V.O.

Le film est passé en avant-première (une sacrée avant-première) aux Utopiales cette année, un superbe cadeau pour les visiteurs. Adoptant la 3D, l’image de synthèse, le format long-métrage, est-ce que cet Albator vaut le déplacement, retrouve-t-on l’esprit de la série original mis à jour au XXIe siècle, Albator est-il encore plus sombre que jamais ? (Est-ce que cet article a un sens quelconque sachant que vous irez de toute façon de le voir ?)

Tout commence sur une planète perdue, où Yama attend désespérément le passage de l’Arcadia, le mythique vaisseau du corsaire de l’espace, afin de se faire recruter à son bord. Albator est un renégat, un hors-la-loi dont la tête est mise à prix ; en effet, il s’oppose seul à la coalition Gaia, une organisation qui protège, et interdit tout accès à, la Terre. Car, au terme de son expansion dans l’univers, l’humanité, avide de retrouver ses racines, est revenue en masse vers la planète bleue, au point de s’étriper dans une guerre sans précédent afin de se l’approprier. Les hostilités n’ont pu cesser qu’avec l’instauration de la coalition Gaia, qui fait de la planète un sanctuaire interdit. Mais Albator est décidé à rendre la Terre aux siens…

Sauf que Yama comme Albator cachent bien des secrets, et ni l’un ni l’autre n’est ce qu’il prétend être.

Le facteur “wouaaaah” est définitivement présent dans cet Albator ; l’animation, les modèles sont de toute beauté (on est peut-être au-dessus de Final Fantasy : Les Créatures de l’Esprit), en particulier les scènes spatiales, qui sont à basculer de son siège en bavant d’extase. Le film réussit la prouesse de restituer le côté totalement baroque du design spatial d’Albator, en particulier l’Arcadia qui est simplement sublime, mais dans un espace dont on sent l’immensité, la froideur et l’indifférence.

Tous les personnages sont là, fidèlement restitués : l’énigmatique Miimé (Clio en VF, l’extraterrestre verte sans bouche), Kei (Nausicaa), la seconde d’Albator, Yattaran (Alfred, le gros pirate), et bien sûr Albator, plus emo que jamais, avec une grosse voix en japonais qui vous prend aux tripes pour vous murmurer : “tu as vu comme je suis classe ?” Le scénario, sans bouleverser les canons du genre (on voit venir un renversement de la fin dès les dix premières minutes), tient debout, avec des personnages doubles et un peu tourmentés, des coups de théâtre prévisibles mais espérés, et les messages d’espoir, au milieu de toute cette mort, qui vont bien. Et en même temps, c’est ce que l’on attend d’un Albator. 

Alors, Albator : le film, chef-d’oeuvre, hein ?

Eh bien… j’aimerais bien, mais non.

J’ignore si c’était dû aux sous-titres de la projection, provisoires et visiblement incomplets (à ce que j’en sais dans les passages en anglais), mais, si cet Albator adapte avec fidélité mais aussi créativité l’univers 2D des séries, il lui manque totalement deux facettes qui, à mon sens, faisaient toute la profondeur d’Albator 78. 

La première, c’est la dimension politique. Il faut revoir (si on supporte l’animation en 3 images / seconde et le dessin daté) Albator 78 aujourd’hui pour constater – avec un ahurissement certain – combien Matsumoto était subversif à l’époque. La Terre qu’il y dépeint, et qu’Albator combat, est un ramassis de politiciens véreux et incompétents plus intéressés par leur prochaine élection et la partie de golf en cours que par le sort de l’univers. La population est esclave des médias, toute pensée critique est découragée, et c’est contre ça, c’est avant tout pour restaurer une part de rêve, qu’Albator se bat. Cette dimension, assez impressionnante dans une oeuvre pour la jeunesse (et encore plus à l’époque), est parfaitement absente du film, et on regrette ce manque de profondeur, qui, pour moi, fait l’âme de l’oeuvre.

La deuxième, c’est l’ambiguïté amoureuse / sexuelle. Les rapports d’Albator avec les femmes de son équipage, Kei / Miimé sont notamment troubles1, ne sont jamais vraiment élucidés (à ma connaissance) et c’est tant mieux, parce que cela place sur le spectateur la responsabilité de toutes ses interprétations ambiguës, et cela participe du mystère du personnage. (« Heuuuu… il a bien voulu dire ça ? Ou c’est moi qui ai l’esprit mal tourné ? » se dit-on plus d’une fois devant la série.) Or, rien de tout cela dans cet Albator-là. Du statut d’icône charismatique, sombre et sexy, il devient juste une figure archétypale, à la fois trop torturée et trop tranchée moralement, et finalement trop propre. Alors okay, on voit Kei à poil faire un salto dans sa douche anti-gravité, mais WTF ? C’est LA scène de fan service du film que je n’hésiterai pas à qualifier d’honteuse et d’idiote (comme il n’était pas nécessaire, très franchement, de lui faire gagner une ou deux tailles de bonnet). Cette pauvre Kei, femme forte et volontaire dans la série, qui tient son équipage de malfrats avec fermeté et tact, ne devient guère plus dans ce film qu’une bimbo qui passe la moitié de son temps à battre des cils comme une sotte devant un Albator qui ne la calcule pas, et c’est vraiment dommage, et même rageant, d’avoir réduit le personnage ainsi.

Donc : film à revoir, peut-être avec des sous-titres définitifs. En l’état, il ne faut quand même pas bouder son plaisir. Cet Albator offrira des images à couper le souffle, un capitaine Harlock au sommet de sa badass attitude, parmi les plus belles scènes spatiales du cinéma (sense of wonder, nous sommes là), un scénario comme on l’attendait. Il vaut définitivement le coup d’être visionné sur grand écran. Mais il manque d’un tout petit supplément d’âme pour emmener avec une vraie fidélité la licence dans le XXIe siècle. On peut s’attendre à être transporté, à en prendre plein les mirettes, à repérer une foule de détails fidèlement retransmis, à s’accrocher au siège de joie en voyant l’Arcadia pour la première fois. Mais pour la transcendance, ce ne sera quand même pas, hélas, pour cette adaptation.

  1. Et même, certains dialogues avec Mayu / Stellie, la gamine qu’Albator protège dans 78, m’ont, pour le coup, notablement mis mal à l’aise.
2013-12-10T10:22:53+01:00mardi 10 décembre 2013|Fiction|21 Commentaires

Charte de la laïcité, dieux de porcelaine

moral-choiceOmagad ! L’État rappelle le principe de laïcité dans les écoles ! Les religieux se sentent visés ! Tout cela est encore une attaque des vilains athéistes pour détruire la foi et la morale (et les musulmans, qui se sentiraient visés d’après cet article).

On se calme.

Qu’on aille la lire, cette charte de la laïcité à l’école, dévoilée hier par Vincent Peillon. C’est facile, c’est une liste à puces d’une demi-page, et elle se lit ici.

Qu’est-ce qu’elle met en avant ?

  • Que toutes les croyances sont respectées. (Justement.)
  • Mais que la croyance est une affaire personnelle à l’école, et non de prosélytisme. Qu’il s’agisse des élèves comme des personnels.
  • Que filles et garçons sont sur un pied d’égalité.
  • Que l’enseignement est le même pour tous, convictions personnelles ou pas. (Ça s’appelle une culture commune, et c’est fondateur d’une société.)

(Oui, elle mentionne également la loi sur les signes religieux ostentatoires. Sachant que c’est dans la loi, c’est difficile de le passer sous silence. Laissons ce point de côté.)

Pourquoi, grands diables, les religieux se sentent-ils autant menacés par des principes que – au XXIe siècle – on pourrait quand même considérer comme relevant du bon sens ? 

Pourquoi laisser entendre que la foi est une expérience intime constitue-t-il une telle injure alors que tout système de croyance fondé sur l’idée de révélation personnelle le soutient activement ?

Et l’égalité des sexes ? Est-ce un principe si délirant ?

La religion, la croyance est une affaire personnelle. La relation que l’on a avec dieu (ou l’absence d’icelui), le grand architecte, le grand tout ou le PDG de l’univers, quel que soit le nom qu’on lui accorde, est une affaire de foi, et la foi est par essence incommunicable. Un système, un ensemble de rituels, une culture de croyance se partage certes avec une congrégation, mais pas l’expérience du sacré (le numineux) ; la culture religieuse peut toutefois viser à guider l’adepte vers cette expérience.

Tout ce que cette charte affirme, c’est : l’école n’est pas le lieu du partage de cette culture. À l’école, on est républicain, parce qu’on n’est pas tout seul chez soi. Donc, chacun croit ce qu’il veut en foutant la paix au voisin, merci. Pour ma part, je suis ravi de voir qu’on tente noir sur blanc d’éviter les absurdités du créationnisme et apparentés comme aux États-Unis ; l’enseignement est le même pour tous. C’est ça, la République.

La République, en même temps, te garantit que quelle que soit ta marque de religion, on te foutra la paix, et même, on te protégera. Rappelle-toi juste que tu n’es pas tout seul, et que tu seras sympa d’être gentil avec le voisin, parce que c’est comme ça qu’on marche quand on cherche à s’entendre. À vivre en communauté. Donnant-donnant. Chacun y met du sien. On ne pique pas les cubes du voisin. Tout ça.

J’ai du mal à ne pas déduire de ces cris d’orfraie que, justement, cette charte empêche ses adversaires de conduire leur prosélytisme, de préserver l’inégalité, bref, de maintenir le citoyen sous le boisseau d’une autorité morale qu’il devrait être libre d’accepter ou non. J’aimerais comprendre comment, au XXIe siècle, dans le pays des Lumières, on peut s’offusquer de principes aussi simples et respectueux de la liberté de chacun. Si les religieux qui s’opposent à ces principes voulaient démontrer par A+B qu’ils s’opposent justement à l’égalité, au respect, à l’esprit critique, à la liberté de choisir, bref, qu’ils ont laissé leur repères moraux échoués quelque part au Néolithique, ils ne s’y prendraient pas mieux. (Et, sur d’autres fronts, il y a des éléments pour le confirmer.)

Ils ne s’y prendraient pas mieux non plus pour démontrer brillamment la terreur intime dans laquelle ils se trouvent ; celle que leurs idéaux ne puissent survivre à des principes d’égalité et de partage – pourtant curieusement écrits en toutes lettres dans quantité de leurs livres sacrés.

Quoi, pensez-vous que si vous respectez l’autre, votre dieu disparaîtra ?

Est-il vraiment si faible, si fragile qu’il ne supporte pas le partage avec autrui ? Le dialogue ? L’ouverture d’esprit ? La confrontation des opinions ? D’écouter d’autres idées, des points de vue divergents, pour apprendre l’indéniable complexité du monde ? Laquelle est certainement plus divine, car plus totale, qu’une vision étriquée, parcellaire ? Car n’y a-t-il pas dans toute divinité l’idée de totalité et d’absolu ?

S’il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable, alors il durera et vous aussi.

Rendez-vous, rendez-nous service : si vous y croyez sincèrement, à votre divinité, faites-lui confiance, pour changer.

Peut-être pourrait-elle même vous le rendre.

2013-09-12T10:17:16+02:00mercredi 11 septembre 2013|Humeurs aqueuses|27 Commentaires

Créer du lien : édition mondiale, faaaake, go pex noob & death metal cat.

Obésité et malnutrition : cette fois, voyons une carte des pays du monde pondérés par la taille de leur marché d’édition. Le jour où la Russie et l’Afrique s’éveilleront… La Chine, en revanche, c’est fait.

Puisqu’on parle d’édition, un article scientifique sur le modèle économique de Nine Inch Nails et autres groupes qui s’adressent directement aux fans. Je compte le lire de près mais il semble déjà oublier une chose : à mon sens, le succès de ces groupes dans ce business model est possible aussi parce que des éditeurs et des communicants leur ont permis d’avancer sur le devant de la scène. Je me demande si, sortis aujourd’hui de nulle part, ils fédéreraient le même public.

Il y a un sérieux problème sur les journaux scientifiques (il y a l’étude hautement contestable sur les OGM qui a été acceptée) puisqu’un papier absurde, sorti d’un générateur automatique, a été accepté lui aussi. On peut s’amuser à jouer avec les générateurs aléatoires dont il est question et briller en société (« saviez-vous, Nadine, que la closure np-complexe d’un sous-ensemble de Riemann est ductile si et seulement si sa fonction générative est bijective sur R ? »).

Absurdié alors, la connerie des Républicains ne connaît toujours pas de limite, cette fois, on accuse une candidate aux sénatoriales de jouer à WoW. La critique est d’une telle bêtise qu’elle en révèle bien davantage sur ses auteurs que sur leur cible. Alors que s’il faut brûler ladite candidate pour une raison valable, c’est d’être seulement niveau 68. Go pex, noob !

Dark Vador se balade en banlieue.

Enfin, toute compilation de liens ne serait pas complète sans une vidéo de chat.

2012-10-22T10:35:06+02:00mardi 23 octobre 2012|Juste parce que c'est cool|8 Commentaires

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