Des changements dans le podcast Procrastination

Trois saisons, déjà ! Quand nous avons lancé l’émission avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort, grâce au soutien logistique d’Elbakin.net, nous l’avions un peu fait aussi à titre d’expérience, pas complètement certains que cela pourrait intéresser du monde. Trois ans plus tard, nous sommes ravis, honorés et même un peu ébaubis, pour tout dire, du succès que rencontre l’émission, et surtout touchés de tous les retours enthousiastes, des partages constructifs qui sont nées autour de ce podcast au nom imprononçable1. Merci !

Il y a un mois, j’annonçais les sujets de la fin de la saison 3 et du début de la saison 4 ; ces émissions sont bien programmées, mais l’ordre va être un peu chamboulé.

Suite à divers changements dans notre organisation à tous compliquant un peu l’enregistrement en présence les uns des autres (un aspect auquel nous tenons), Laurent Genefort, tel le gentleman qu’il est, a proposé de se mettre en retrait de l’émission pour faire la place à une nouvelle voix.

Je tiens vraiment à dire un immense MERCI à Laurent, qui m’a fait confiance quand je suis venu le chercher dans cette aventure – mais surtout pour nous avoir apporté pendant plus de 60 épisodes son regard érudit et son immense expérience de la science-fiction comme de l’écriture et de l’édition. Avec sa gentillesse et son savoir, il forme un pilier qui a contribué à hisser l’émission à un niveau dont nous pouvons être fiers. Par ailleurs, Laurent ne disparaît pas entièrement, heureusement ; nous comptons bien le conserver dans notre puits gravitationnel et le débaucher à nouveau pour profiter de son regard dans de futurs épisodes ! (Mais peut-être plus ponctuels.)

Nous sommes ravis d’accueillir donc une nouvelle voix régulière, avec la photo d’autrice la plus cool de ce côté-ci du Tennessee… (Le saviez-vous ? On se trouve toujours d’un côté du Tennessee.)

Bienvenue dans Procrastination à Estelle Faye !

En plus d’être une autrice hors pair qui navigue aussi bien dans la fantasy que la SF, Estelle écrit aussi bien pour la jeunesse que les adultes, et est également scénariste et ex-comédienne. Nous sommes absolument ravis de la voir rejoindre l’équipe, déjà parce qu’elle va pouvoir nous apprendre plein de trucs qu’on sait pas avec son parcours différent de Mélanie et moi, mais surtout, bien sûr, parce que c’est quelqu’un d’une grande générosité, avec une énergie positive que vous ne pourrez qu’entendre à l’antenne.

L’antenne. Genre, comme si on était en 1970. Ah, mais non. L’antenne 4G, bien sûr. Voulais-je dire. Bientôt la 5G, d’ailleurs. Bref.

Le planning de la saison 3 est donc quelque peu rajusté car nous avions déjà commencé l’enregistrement de la saison 4 avec Laurent. Ces deux premiers épisodes clôtureront la 3 au lieu de débuter la 4, ce qui donne :

  • s03e19, 15 juin : Le personnage comme incarnation de l’auteur
  • s03e20, 1e juillet : Retours des poditeurs 04… le retour
  • s03e21, 15 juillet : Séparations et relations entre littératures générale et de l’imaginaire
  • s03e22, 1e août : Les ateliers d’écriture

La saison 4 commencera quant à elle le 15 octobre (un mois plus tard que d’habitude), le temps pour nous de commencer à travailler avec Estelle, et comptera 18 épisodes, ce qui nous fera retomber pour la saison 5 sur le rythme habituel. Bref, j’ai l’impression de faire très compliqué pour dire un truc assez simple en fait.

Merci à Estelle d’avoir accepté notre invitation ! Nous espérons que vous lui ferez le meilleur accueil, et nous avons hâte de commencer l’enregistrement et de découvrir notre nouvelle dynamique !

  1. Ça, c’est ma faute.
2019-06-08T14:51:16+02:00mardi 11 juin 2019|Technique d'écriture|6 Commentaires

En mars : stage d’écriture intensif sur le conflit en narration

Auguste lectorat, fin mars (les 30 et 31), j’aurai le plaisir de proposer une nouvelle édition d’un stage intensif d’écriture qui me tient particulièrement à cœur, car il porte sur (à ce jour) un des outils les plus précieux à mon sens pour raconter une histoire, et c’est la notion de conflit. Le conflit ne recouvre pas, contrairement à ce que l’on peut croire, une simple notion hollywoodienne d’affrontement ; ça n’en est d’ailleurs que la version la moins intéressante. Le conflit, au sens narratif, est ce qui fait l’essence même d’une histoire : la raison pour laquelle on la raconte, et ce qui fait même ce que l’on va en raconter. Tous les personnages affrontent un conflit, de Frodon à Emma Bovary, et le cerner tient du super-pouvoir permettant, à tout le moins, de comprendre les points saillants de son récit – et donc, de moins lutter pour l’écrire. (J’ai dit “moins”, pas “plus du tout”, je ne suis pas JÉSUS NON PLUS HEIN, j’ai plus les cheveux, de toute façon.)

Cela se déroulera sur trois demi-journées intenses à l’excellente l’école Les Mots, à Paris.

Pour une bafouille plus officielle :

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque.

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur.

L’atelier s’organisera en temps d’écriture et de discussion (six exercices avec contrainte suivant un chemin qui se veut pédagogique, car je suis comme les Cylons, I HAVE A PLAN).

Pour en savoir plus et s’inscrire, rendez-vous sur la page dédiée de l’école ; attention, il ne reste déjà plus qu’une poignée de places, donc ne tardez pas si le stage vous intéresse.

2019-02-25T06:39:57+01:00lundi 18 février 2019|À ne pas manquer|6 Commentaires

À découvrir : une sélection des meilleurs podcasts sur l’écriture par la Guilde française des Scénaristes

Huit podcasts sur l’écriture et la narration, pas un de plus (ou peut-être un ou deux, allez, à mesure que cette page sera mise à jour, mais c’est pour dire que d’une, il y a une sélection, et de deux, ce qui suit est donc un insigne honneur) : c’est ce que propose la Guilde française des scénaristes sur cette pageProcrastination y figure (merci !), aux côtés par exemple de Jeff Goldsmith, ce qui est un insigne honneur, mais ça, vous le savez déjà, si vous n’êtes pas du genre à sauter ce qui a écrit dans les parenthèses.

Merci, donc ! 

La sélection de podcasts sur l’écriture et la narration par la Guilde française des Scénaristes

2018-09-23T15:04:30+02:00mardi 25 septembre 2018|Technique d'écriture|2 Commentaires

Tour d’horizon des principaux logiciels d’écriture dédiés (édition 2018)

BORDEEEL je sais bien que j’avais eu une super idée un jour, mais où… (Photo Joao Silas)

La situation a bien évolué en sept ans, époque où j’ai proposé un premier tour d’horizon des principaux logiciels d’écriture dédiés. Le marché était bien plus diversifié, proposant des tas de paradigmes différents pour rédiger une histoire ; des usines à gaz, des environnements tout zens, et puis des solutions robustes, bien sûr, le tout en plein foisonnement. Aujourd’hui, le marché s’est hyper contracté et resserré autour de solutions à peu près toutes comparables. Et cette solution, c’est celle que propose Scrivener depuis vingt ans : un environnement d’écriture hiérarchique, où l’on peut conserver à la fois notes de création et texte proprement dit, où l’on peut structurer son récit au fur et à mesure en développant ses chapitres et ses scènes dans l’ordre que l’on souhaite, avec une vue d’ensemble qui permet de constater à chaque instant à quoi ressemblent rythme et ambiance. Un peu comme si l’explorateur Windows, ou le Finder de macOS, ne contenait que des fichiers texte que l’on peut bouger à son gré – le tout formant, d’un côté, la nouvelle ou le roman, de l’autre, les notes ayant servi à l’élaboration. (Voir les ressources reliées à Scrivener pour plus de détails.)

Cependant, ce paradigme connaît plusieurs approches très diverses, qui n’est plus – et depuis longtemps – limité aux seuls logiciels professionnels d’aide à l’écriture. Déjà, écartons tout de suite l’évidence avant de recevoir la visite de la police de la pensée : aucun de ces outils n’est indispensable pour écrire un bon livre ; ils aspirent juste à aider l’auteur à structurer ses idées et à lui faire gagner du temps, pour peu que l’on soit sensible à ce genre d’approche. D’autre part, un bon vieux traitement de texte des familles convient parfaitement, comme l’ont exposé mes camarades Mélanie Fazi et Laurent Genefort dans Procrastination (s01e11, les logiciels d’écriture). On parlera ici d’outils dédiés qui prétendent aider l’auteur à réaliser son œuvre (romanesque – les logiciels d’écriture de scénario étant un autre genre d’animal).

Ce qu’on veut, et pas

Les recommandations de 2011 tiennent à peu près, mais on va y ajouter quelques avertissements, mentionnés dans la conférence sur les logiciels d’aide à l’écriture (diaporama en accès libre ici). Pour récapituler, on veut un outil non-intrusif, qui sache s’adapter à la manière de travailler ; qui fournisse à la fois des outils puissants d’organisation, de rédaction, mais sans enfermer l’utilisateur dans une structure qui tue la spontanéité.

Cela signifie notamment que tous les logiciels basés sur des “formules” ou des banques de données de scénarios, situations, personnages sont disqualifiés d’entrée car la créativité ne repose pas sur un inventaire de questions (“Comment s’appelle ton personnage principal ?” “Quel est son problème ?” “Qui est sa famille ?” “Maintenant, passons au méchant” etc.) mais au contraire, pour l’immense majorité des gens, sur un fonctionnement analogique (le nom de mon personnage principal me fait penser à son origine sociale qui me fait penser à sa famille qui me fait penser au contexte de l’époque qui me fait penser aux pouvoirs en présence qui…)

L’idéal est de pouvoir construire autant, ou aussi peu que l’on veut selon qu’on est structurel ou scriptural, en disposant dans un même outil de toutes ses références (personnages, descriptions, lieux etc.). Que le logiciel s’efface en abaissant au maximum la barrière pour l’auteur entre sa pensée et la réalisation de celle-ci. 

Que ne sont-ils pas devenus ?

La plupart des grands acteurs de 2011 sont moribonds aujourd’hui, et je ne saurais les recommander davantage. À l’heure où j’écris ces électrons, au milieu de l’année 2018 :

  • Une nouvelle version de Writing Outliner doit arriver depuis des années, mais toujours rien ; le blog est mis à jour une à deux fois par an, et l’ancien n’est pas compatible au-delà de Word 2013 – il est donc inutilisable.
  • Liquid Story Binder XE est toujours disponible, mais les dernières nouvelles datent de… 2011, justement. Je pense qu’on peut dire que l’application est abandonnée.
  • Writer’s Café a été bizarrement mis à jour en 2017, alors que la dernière version datait de… 2009. C’est donc peut-être le moins mort des trois, mais ça ne vaut quand même probablement pas la peine d’y aller, à moins de débuter totalement (l’application est particulièrement bien pensée pour un auteur débutant).

Cependant, il y a de nouveaux acteurs, et surtout de nouvelles approches sur le domaine. Les deux ténors de l’écriture sont aujourd’hui Scrivener – et Ulysses.

Scrivener et Ulysses, deux approches pour les pros du texte

Scrivener et Ulysses sont les rois du traitement de texte hiérarchique, le paradigme dont je parlais plus haut. Ce sont à mon sens les deux leaders du marché, qui offrent chacun leur version très mûre et réfléchie d’un outil d’écriture non-intrusif, flexible et puissant.

Scrivener…

Scrivener est indubitablement le plus puissant des deux, mais cette puissance intimide parfois les nouveaux utilisateurs. Qu’on se rassure : les fonctionnalités sont commodément cachées si l’on ne souhaite pas s’en servir, mais en contrepartie, comme je l’ai martelé partout, le didacticiel est INDISPENSABLE pour comprendre ce que Scrivener peut apporter. Soit : la capacité de gérer des projets d’écriture d’un immense complexité, avec des méga-octets de références, de pages web archivées, de photos, de fichiers PDF et que sais-je encore, avec la capacité de construire une véritable bible pour une série ou un univers. J’écris « Les Dieux sauvages » sous Scrivener, avec les archives des deux volumes précédents, toutes les notes de la suite, le manuscrit du volume en cours d’écriture, le tout dans un même projet qui pèse actuellement 550 Mo, et le logiciel est juste d’une robustesse à toute épreuve. Il est disponible sous Mac, Windows et iOS, ce qui me permet d’écrire partout, avec mon iPhone ou mon iPad, avec mes livres parfaitement synchronisés. Je n’hésite pas à dire que Scrivener a représenté un tournant majeur dans ma carrière d’auteur : c’était comme si j’étais un charpentier qui s’était enfin acheté des outils convenables. J’écris avec plaisir et sans (trop) de difficultés des livres actuellement très complexes (six à huit points de vue en fonction des volumes) en conservant une vue d’ensemble qui me paraît tout bonnement impossible dans un traitement de texte classique.

… et Ulysses.

En revanche, Ulysses est une sorte de version dépouillée, zen de Scrivener. Seulement disponible sous l’écosystème Apple (Mac et iOS), Ulysses cache encore davantage ses fonctionnalités, ce qui implique une puissance en retrait, mais bien davantage de simplicité. Ce qu’offre principalement Ulysses, c’est une expérience d’écriture à la fois ultra-dépouillée et immédiatement accessible ; on sent que chaque outil a été longuement soupesé avant d’être ajouté à l’ensemble, de manière à ne fournir que le nécessaire, et rien de plus. Là où Scrivener propose l’expérience la plus complète, Ulysses fournit l’expérience la plus minimale.

À vous de tester les deux et de vous faire votre avis (ou de lire le comparatif détaillé ici), mais pour ma part, ma préférence – pour le roman et la nouvelle – va à Scrivener, de très loin. Il m’offre simplement toute la puissance que je souhaite si j’en ai besoin, et a un avantage net : le prix. Scrivener est un achat une fois pour toutes (enfin, une fois sur Mac, une fois sous iOS), quand Ulysses et passé à l’abonnement tant honni, ce qui le rend drôlement plus cher (Mac, iOS).

On m’a également beaucoup parlé au fil des ans de yWriter, qui est une alternative à Scrivener, en plus léger (à mon sens) et avec une approche légèrement différente. Une version 7 est en développement actuellement (et il est gratuit). À mon humble avis, vu que Scrivener n’est pas hors de prix (toujours autour d’une cinquantaine d’euros), on aurait plutôt intérêt à aller s’y former, mais yWriter a des passionnés, et je m’en voudrais de ne pas le citer.

Des applications d’écriture qui ne disent pas leur nom

Depuis plusieurs années, un type d’application a fait florès, et ce sont les PIM (persona information managers), ou, plus prosaïquement, les applications de prise de notes. Des outils qui se proposent de conserver l’intégralité de vos données pour, à l’aide du cloud, vous les fournir où que vous soyez. Evernote a été le pionnier du genre (TreePad son ancêtre), mais depuis, il y a OneNote, Bear, DEVONthink continue son petit bonhomme de chemin… L’intérêt de ces applications est double : leur ubiquité (une application de notes n’a de sens que si vous pouvez y accéder partout) et le fait qu’elles émulent presque toutes le paradigme du traitement de texte hiérarchique (à la Scrivener / Ulysses). On peut parfaitement écrire un livre sur ces applications : beaucoup, d’ailleurs, l’ont été sous Evernote (plutôt pour de la non-fiction, cela dit). Si vous utilisez déjà ce genre d’outil au quotidien, n’hésitez pas à le regarder sous un autre angle : “puis-je écrire un roman avec ce truc” ?

Evernote (et ses vertes notes).

À titre personnel, je recommanderais de chercher toutefois deux critères : la possibilité de hiérarchiser les notes / documents (un livre n’a de sens que si les scènes sont le bon ordre) et la possibilité d’y accéder même hors ligne (à mon humble avis : outil cloud exclus) car l’inspiration ne frappe pas seulement quand on a de la 4G pleine balle. Ce qui, à mon avis, exclut d’entrée Evernote (car l’application est connue pour refuser de laisser l’utilisateur ordonner ses notes comme il le veut) et OneNote (car le moteur de synchronisation et d’accès aux données sur terminaux mobiles est juste catastrophique). Cependant, comme je viens de le dire, des livres ont été écrits avec Evernote. C’est bien que c’est possible.

And the winner of 2018 is…

Le gagnant sera toujours l’outil qui stimulera votre créativité et vous permettra de produire le livre que vous souhaitez avec autant d’aisance que possible. Cependant, s’il me faut désigner un choix, c’est (et cela ne surprendra pas les lecteurs de longue date de ce blog) donc Scrivener. Je ne vois pas de raison (à part si l’on a un terminal Android, et encore, on peut synchroniser Scrivener avec Android) de ne pas s’y investir : il est abordable, puissant, présent sur presque toutes les plate-formes majeures.

Si l’on a déjà des habitudes bien ancrées avec des logiciels de prise de notes et qu’ils sont adaptables sans mal à l’organisation des idées et de fragments en cours de rédaction, on gagnera dans un premier temps à creuser dans cette direction pour plier l’outil à sa convenance (il est généralement préférable d’éviter la multiplication des outils, car cela entraîne la fragmentation des idées), jusqu’au moment où l’on attaquera la mise en ordre. En revanche, le logiciel qui me semble surévalué, du moins tant qu’on n’est pas professionnel et qu’on peut justifier la dépense supplémentaire pour des usages bien précis, est Ulysses. L’application est agréable et bien conçue, mais l’abonnement est exorbitant pour un jeu de fonctions que l’on trouve, encore une fois, dans Scrivener.

De manière générale, si l’envie d’acheter ces outils (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2019-06-01T14:39:51+02:00mardi 31 juillet 2018|Best Of, Technique d'écriture|5 Commentaires

Aeon Timeline, le meilleur outil de gestion de chronologies, maintenant disponible en version mobile

Alors ça c’est le bonheur : Aeon Timeline, dont j’ai déjà dit grand bien ici, est sorti sous iOS (ouais, pas de version Android encore, désolé). Aeon Timeline fait partie de ces outils ultra-spécialisés, pas le couteau suisse qui fait tourner la boutique au quotidien (pas Scrivener, quoi) mais dont on est merveilleusement content qu’il existe quand on a précisément besoin de son jeu de fonctionnalités, parce que ce qu’il fait, il le fait très bien. La phrase qui précède est vraiment mal fichue, mais j’avoue qu’il est 21h58 au moment où j’écris ça et plus tellement de cerveau.

La vue grille, qui ne cesse de m’impressionner. Cliquez pour agrandir.

Bref, Aeon Timeline gère des chronologies, donc. Mais à n’importe quelle échelle, de l’heure jusqu’aux ères géologiques ; et pour les écrivains d’imaginaire, il a le bon goût de prévoir les calendriers fictifs. Un système extrêmement puissant (mais qui nécessite un peu d’apprentissage) permet de suivre des relations entre à peu près n’importe quoi dès lors que ça s’organise temporellement : classer des événements, suivre qui était à quel endroit et à quel moment, retrouver les participants à un fait donné, Aeon Timeline est d’une flexibilité extrême et permet même à l’utilisateur de définir toute la sémantique de ses données – fils narratifs, personnes, lieux marquants, tout ce que vous pouvez imaginer. Autant dire que c’est du pain bénit pour la construction de monde imaginaire et de scénario complexe à plusieurs arcs (je m’en sers beaucoup pour « Les Dieux sauvages »), surtout qu’il peut se synchroniser avec Scrivener (en version de bureau).

Autant que je puisse en juger, la version mobile est à parité avec la version Mac / Windows. À un détail près – impossible au logiciel de montrer l’intégralité des entités d’une frise (comme des fils narratifs) sur un même écran pour des raisons de place, disent les développeurs, condamnant l’utilisateur à les voir une à une. Un petit regret pour ma part parce que c’est la vue dont je me sers le plus souvent (et que je ne vois pas trop ce qui empêchait cette fonction sur iPad, en réalité : on peut bien faire défiler la vue). Mais je ne crache absolument pas dans la soupe : c’est une des applications dont je me sers régulièrement qui rejoint l’arsenal iOS et rend le travail en complète mobilité encore un cran plus facile. Surtout que faire défiler sa frise et manipuler ses événements sur une interface tactile s’avère particulièrement intuitif. Bien plus qu’avec une souris.

Cliquez pour agrandir.

Question fichiers, la version mobile d’Aeon Timeline se synchronise tout simplement grâce à l’application Fichiers d’iOS 11, et permet d’utiliser iCloud ou Dropbox. Il faudra d’abord mettre à jour l’application de bureau et sauvegarder ses frises au nouveau format, mais l’opération est triviale (attention à ne pas en ouvrir plusieurs à la fois cependant, cela ayant fait systématiquement crasher l’application chez moi).

Certains tiqueront sur le prix un peu élevé pour une application mobile, mais les développeurs doivent bien rentabiliser leur travail, et pour ma part je l’ai payé les yeux fermés, comme pour tout outil de travail qui m’est nécessaire. Pour découvrir Aeon Timeline sur l’App Store, c’est ici.

(De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci !)

2019-06-04T20:26:06+02:00jeudi 17 mai 2018|Best Of, Technique d'écriture|7 Commentaires

Nouvelle bande-annonce pour Psycho Starship Rampage !

Et elle est belle, et elle inclut un peu d’histoire…

Le jeu vient de passer en beta – toutes les fonctionnalités de base sont incluses, il s’agit à présent d’ajouter du contenu, plein de contenu, et notamment musique et effets sonores pour ma part. Je travaille surtout sur les seconds, n’étant pas entièrement installé commodément pour poser les morceaux qui me trottent dans la tête, mais j’y reviendrai sous peu. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site voisin, et dans l’intervalle, si vous connaissez des joueurs en de manque de shoots à l’ancienne qui ajoutent une composante jeu de rôle, n’hésitez pas à faire circuler ! Le jeu sortira fin septembre sur Steam. 

2015-07-22T13:26:26+02:00jeudi 23 juillet 2015|Alias Wildphinn, Non classé|Commentaires fermés sur Nouvelle bande-annonce pour Psycho Starship Rampage !

Faut se servir de ses mains

(clickbait clickbait clickbait, bande de dégoûtants)

Souvent, les logiciels d’aide à l’écriture font gagner un temps fou et je m’en fais l’avocat : ils offrent en plus l’avantage de la mobilité (plus facile de se balader avec un ordi que douze chemises de notes). Mais parfois, le cerveau, en tout cas le mien, a besoin de jouer aux Lego, de construire avec ses mains quelque chose de physique pour sentir la dynamique d’une idée.

refonte_OK

Ici la refonte et surtout la compression d’une part importante de Port d’Âmes, afin de dynamiser le récit et d’évacuer un bon tiers de superflu. Je crois fermement que, même dans un récit psychologique, le contrôle de la tension narrative prime sur toute autre considération. Je crois également qu’il n’existe pas de scènes d’atmosphère ou d’exposition : ce sont des excuses pour faire passer au lecteur des informations qu’on n’a pas trouvé comment glisser autrement et je m’emploie à les traquer sans relâche, n’en gardant au maximum qu’un couple dans un zoo pour l’étude de l’espèce.

2015-04-14T10:55:21+02:00mercredi 15 avril 2015|Technique d'écriture|66 Commentaires

Tour d’horizon des principaux logiciels d’écriture dédiés

NOTE :

UNE VERSION MISE À JOUR DE CET ARTICLE EST DISPONIBLE ICI

Tour d’horizon des principaux logiciels d’écriture dédiés, édition 2018

C’est une question qui revient assez souvent en atelier mais aussi en ligne : à partir du moment où l’on accepte que l’écriture d’un roman doit comporter un minimum de planification (d’une page de notes pour un scriptural à des dossiers entiers pour un structurel comme yours truly), que cette construction est un métier très particulier qu’il faut apprendre en partie par soi-même, quels outils peut-on employer pour se faciliter la tâche ?

L’ordinateur offre évidemment des facilités de classement, d’archivage et de traitement du texte uniques, aussi des logiciels d’aide spécialisés sont-ils apparus, avec des intérêts très inégaux.

Exigences

L’écriture doit, à mon sens, ménager un juste équilibre entre spontanéité et rigueur de construction ; une intrigue qui avance est une intrigue qui fait des choix, et les assume dans leurs ramifications. Mais, dans le même temps, la créativité de l’auteur ne doit pas être corsetée ni orientée vers un chemin qui lui déplaît intuitivement. Ménager cet équilibre est une condition indispensable de tout logiciel d’écriture.

Pour mériter cette appellation et être un minimum utile, un logiciel d’écriture doit offrir à l’auteur un environnement centralisé pour la construction de son récit, soit, principalement, deux versants :

  • La collecte de réflexions préparatoires, puis leur archivage pour s’y référer ultérieurement (Bob avait-il les yeux bleus ou noirs et était-il né en 784 de l’ère du Chaudron ou en 835 de l’éon de la Chaussette ?)
  • La construction du scénario proprement dit, c’est-à-dire le recueil des scènes et leur agencement progressif vers l’ordre final du récit.

Je suis loin d’avoir tout testé (même si j’en ai testé un certain nombre), et, ces exigences à l’esprit, j’aurais tendance à recommander l’un des quatre suivants, chacun assez flexibles pour convenir à diverses manières de travailler, tout en organisant les informations de façon puissante.

Quarté+

Scrivener

[Mise à jour de 2015 : Scrivener sous Windows est à présent mûr, pleinement fonctionnel et, à mon sens, le logiciel roi des studios d’écriture. Plus d’informations ici.]

Scrivener a longtemps été une exclusivité Mac, mais une version Windows est en préparation (version beta téléchargeable et gratuite) pour sortie probable vers la fin de l’année. Le logiciel se présente plus ou moins comme un traitement de texte hiérarchique : un volet à gauche se comporte comme un classeur à intercalaires, chacun pouvant contenir un nombre illimité de fiches, qui peuvent aussi bien être des notes (personnages, lieux…) que des chapitres.

Ainsi, l’auteur effectue tout son travail dans Scrivener, de la préparation à la rédaction proprement dite. Pour l’organisation des scènes, le logiciel propose une vue “tableau en liège” où chacune se trouve punaisée virtuellement à la façon d’une fiche bristol, qu’il est ensuite possible de réarranger de manière à déterminer le meilleur ordre. Il sait également archiver plusieurs versions de la même scène, du premier jet à la version définitive, pour restaurer d’éventuels changements malencontreux.

À la fois puissant et très flexible, Scrivener associe le confort des outils dédiés à l’écriture à une grande fluidité d’usage, ce qui devrait lui permettre de s’adapter à tous les modes de travail. Deux regrets cependant : le traitement de texte est vraiment basique (il ne gère notamment pas les particularités de la typographie française et il sera très difficile d’y intégrer un pack de correction externe type ProLexis ou Antidote) et la beta sous Windows semble encore assez instable.

Writing Outliner

Writing Outliner est presque une honte tant c’est une repompe éhontée de Scrivener : interface semblable, mêmes bonnes idées, on retrouve un grand nombre de fonctionnalités. Cependant, Writing Outliner est construit comme une surcouche à Word : lancez le traitement de texte, un projet Writing Outliner, et vous avez les fonctionnalités puissantes de l’un avec les particularités de l’autre. Pour cette raison, Writing Outliner aurait ma préférence, car l’on peut continuer à employer tous ses autres logiciels complémentaires (packs de correction), la typographie sera correctement gérée, etc.

Site officiel

Liquid Story Binder XE

Attention, on entre dans du très lourd. LSBXE (pour les intimes) constitue à peu près l’accouplement contre nature d’un logiciel d’écriture avec une centrale de contrôle de silos à missiles atomiques. C’est la Rolls, le logiciel ultime, qui sait tout faire, d’archiver la moindre de vos réflexions à minuter à la seconde près l’emploi du temps des personnages, en passant par la diffusion automatique de musiques d’ambiance pendant votre rédaction. LSBXE regorge littéralement de modules dans tous les sens pour accomplir des tâches auxquelles vous n’aviez peut-être même pas pensé.

LSBXE a juste un léger problème : il est parfaitement incompréhensible.

Du moins, tant qu’on n’est pas prêt à investir un temps certain pour l’apprivoiser (je ne parle même pas de créer avec). La prolifération des modules, une aide très fonctionnelle mais qui n’aide pas à comprendre comment on est véritablement censé s’en servir, des partis pris d’interface inhabituels qu’on croirait hérités d’un logiciel Adobe en font une usine à gaz très jolie (du moins sur les captures d’écran) mais avec une courbe d’apprentissage sacrément raide. Écrire un roman avec ça me fait l’effet de dresser la comptabilité du foyer avec R : on peut, mais ce serait tellement plus simple avec Excel. Je le mentionne parce que LSBXE a ses fans inconditionnels et que le logiciel reste d’une énorme puissance. Tant qu’apprendre à s’en servir ne constitue pas une forme particulièrement retorse de procrastination…

Site officiel

Writer’s Cafe

S’il y a  LSBXE à l’extrémité hardcore du spectre, alors Writer’s Cafe se trouve à l’autre (avec Scrivener quelque part au milieu) : simple d’usage, un look un peu Fisher Price sur les bords, plein de messages positifs et de citations d’encouragements d’auteurs connus, W’sC se veut volontairement rassurant pour l’auteur un peu incertain qui cherche à donner une forme à la myriade d’idées qui lui bouillonnent dans la tête. Et, franchement, ce n’est pas un mal.

W’sC veut recréer tout un environnement de travail unique pour l’écriture, un « bureau dans le bureau », proposant ses modules comme autant d’applications séparées, dont, avouons-le, un certain nombre fait un peu gadget (un générateur de noms pas bien transcendant, un répertoire de citations d’encouragement – sympa mais pas indispensable -, etc.). Il propose tout de même un journal, un carnet pour les réflexions en vrac, etc. En fait, W’sC montre plutôt quelle devrait être la méthodologie d’un auteur moderne, mais c’est un encouragement à trouver de meilleurs outils pour chaque tâche proposée.

Cependant, W’sC vaut son prix pour un seul et unique module, Storylines (en capture d’écran). C’est l’outil dédié le mieux conçu que j’aie essayé pour l’organisation d’un scénario. Chaque personnage ou ligne narrative est représenté physiquement sur le tableau ; chaque carte représente une scène, ou un chapitre, avec détails, lieux, etc. Très simple d’emploi mais très bien pensé, ce module permet de jeter à plat les idées d’une intrigue complexe pour les trier et les ordonner d’une façon très confortable, tout en orientant subtilement l’auteur pour se poser les bonnes questions. Encore une fois, le traitement de texte ne peut pas lutter avec un Word, mais, pour l’organisation de récits complexes à points de vue multiples, c’est un outil de débroussaillage à ne pas négliger. On peut aussi le recommander à l’auteur qui ne s’est jamais essayé à de tels outils, au jeune auteur qui cherche à se cadrer, avant de passer à Scrivener ou Writing Outliner.

Site officiel

And the winner is…

Bon, après ce tour d’horizon, je crois que l’article ne serait pas complet si je ne précisais pas ce que j’utilise moi-même parmi ceux-là.

Réponse ? Aucun. [EDIT de 2015 : À présent, si. C’est Scrivener, haut la main.]

J’utilise un autre mélange d’outils, qui ne sont absolument pas spécialisés pour l’écriture de fiction, et l’un d’eux est tout simplement Word. Le logiciel d’écriture ne fait pas l’auteur ; c’est se connaître qui aide à canaliser sa créativité. Un soft d’écriture ne remplacera pas la pratique ni, surtout, la méthodologie qui en découle. En ce qui me concerne, j’ai retrouvé les options qui m’étaient les plus chères et le juste mélange de flexiblité et de rigueur dans d’autres combinaisons de logiciels – mais ce n’est que moi. Des écrivains plus expérimentés utilisent LSBXE, Writer’s Cafe, Scrivener au quotidien (on peut citer Michael Marshall Smith ou Holly Lisle pour ce dernier) avec profit : à vous de voir là où vous vous sentez le mieux. Tous ces logiciels proposent des versions d’évaluation : téléchargez-les et essayez-les !

Dans l’intervalle, si vous avez des logiciels préférés ou à recommander, n’hésitez pas à le faire en commentaires !

2018-07-31T09:29:11+02:00vendredi 15 juillet 2011|Technique d'écriture|17 Commentaires

Tron : un digne héritage

Tron premier du nom (1982)

Réaliser une suite à l’un des films les plus cultes des années 80, surtout à une ère où l’informatique, étant entrée dans tous les foyers avec des développements inattendus comme le Web, a quelque peu perdu son aura magique, tenait de la gageure. Et, d’ailleurs, les déceptions n’ont pas tardé à pleuvoir sur le Web, critiquant principalement la vacuité du scénario et de l’univers.

Mais posons-nous deux secondes. Qu’est-ce que Tron, exactement ?

Tron, l’original, était sorti en 1982, produit par Disney, et narrait la projection d’un jeune programmeur de génie, Kevin Flynn, projeté par accident dans le système informatique central de la compagnie qui lui a volé ses créations. Là, il rencontrait une assemblée de programmes fort humanoïdes, dominée par la toute-puissance de l’IA maîtresse, et soumise à des jeux cruels qui n’étaient autres que les jeux vidéo conçus par Flynn. L’utilisateur devenu programme s’associe alors à une poignée de programmes renégats, croyant à l’existence d’un monde au-delà du leur où les concepteurs tiennent le rôle de dieux, pour renverser l’ordre tyrannique.

Tron : l’héritage reprend avec une grande fidélité l’univers et la trame narrative pour nous placer aujourd’hui, près de 30 ans plus tard. Kevin Flynn a disparu il y a plus de vingt ans sans laisser de traces, abandonnant derrière lui un fils, Sam, qui mène une vie de dilettante casse-cou pour tromper l’absence d’autorité. Devenu l’actionnaire principal de la compagnie de son père, il se contente de vivre de rentes et de faire quelques blagues dangereuses au directoire. Mais Alan Bradley, ancien ami de Flynn senior, lui dit un soir avoir reçu un message émanant de l’ancienne galerie d’arcade de son père. Sam s’y rend, découvre les projets de Kevin… et se trouve projeté par accident dans la Grille, nouvelle version du système maître davantage inspirée d’une véritable matrice, où il découvre une assemblée de programmes placée sous la tyrannie d’un dictateur ressemblant étrangement à son vieux père. Il va lui falloir survivre dans la Grille et apprendre la vérité sur Kevin Flynn au cours d’une succession d’aventures et de dangers reprenant tous les classiques du premier volet, plus de nouvelles surprises.

Alors, qu’est-ce donc que ce Tron : l’héritage ? Un beau clip pour la superbe bande originale composée par Daft Punk ? Une galerie d’images aussi lisses et transparentes que les parois de plexiglas peuplant la capitale de la Grille ? Un blockbuster de plus servi par des wagons d’image de synthèse ?

En partie, oui. C’est vrai. Mais la question plus importante serait :

Qu’est-ce qu’on en a à faire ?

Il est tellement chic et à la mode de dénigrer les productions actuelles en érigeant les classiques de notre enfance ou adolescence comme référence, mais, dans le cas de Tron, c’est oublier clairement que, déjà, l’original était une galerie lisse et transparente d’images, un blockbuster servi par les débuts des truquages informatiques. Soyons clairs : le Tron d’origine n’avait déjà aucun scénario. Sa magie résidait principalement dans l’usage de l’informatique pour évoquer un univers étrange, différent, qui flattait le coeur des geeks alors en puissance et construisait un embryon de mythologie pour le monde numérique.

Ce Tron : l’héritage fonctionne exactement sur la même recette. Il ne s’agit pas de justifier les faiblesses du second par celles du premier mais de cerner exactement ce qui a fait le succès du premier et ce qu’on peut donc attendre du deuxième : et là, le contrat est rempli bien au-delà des espérances. Les images sont époustouflantes ; le design est parfaitement actuel (en évitant la tendance blanche à la Apple, dieu merci) ; les courses de lightcycles et les combats de disque sont présents et remis au goût du jour avec tous les truquages attendus au XXIe siècle. Le scénario est toujours aussi vide et même à la limite de l’absurde par moments (la génération spontanée de formes de vie numériques est une jolie idée mais traitée complètement par-dessus la jambe, sans parler qu’on peine à voir en quoi elles pourraient, comme l’affirme Flynn père, “sauver le monde”) mais il y a malgré tout dans le domaine un effort notable (on jubilera de la gifle à peine voilée assénée à Microsoft dans le premier quart d’heure du film et du plaidoyer en filigrane pour le monde du logiciel libre). Le film tente même de très timides percées vers une amorce de philosophie sur le thème de la perfection et du virtuel, en restant à un niveau très basique, mais c’est déjà plus que n’en font la majorité des films avec un tel budget et surtout infiniment plus que n’en fait le 1 (complètement creux à ce niveau).

En réalité, s’il y a un reproche fondé à faire cette suite, c’est sa trop grande parenté avec l’original. Tous les classiques de Tron sont présents, on l’a déjà dit, mais l’obsession va jusqu’à mimer certains morceaux d’anthologie comme le passage sur le pont réseau (qu’on aperçoit à gauche sur l’affiche) : toute la quincaillerie d’origine se trouve refaite dans cette suite avec un soin presque maniaque au point de donner l’impression que cet héritage tient plus du remake moderne que de la vraie suite.

Mais, encore une fois, faut-il bouder son plaisir ? Si l’on a rêvé sur la 3D surfaces pleines de l’original, ne peut-on encore observer avec de grands yeux émerveillés la perfection lisse des plans, le côté cool des combats au disque, le tout réalisé avec le plein arsenal des moyens actuels ? J’espère bien que oui. Car Tron : l’héritage n’est rien moins qu’une déclaration d’amour à son prédécesseur. Tout fleure bon le soin maniaque et la passion investie pour ranimer, en plus fort, la magie du premier.

Et, bon dieu, ça marche. Oui, les ficelles du scénario sont grosses comme des cordes d’escalade, certaines répliques sont grotesques, Tron (le programme) est sous-exploité, mais, encore une fois, on ne demande pas à Tron d’être Inception, comme on ne demandait pas au premier volume d’être Blade Runner à l’époque. C’est beau, époustouflant, c’est super cool, et on rêve. C’est ce qu’un Tron est censé faire, et celui-là le fait génialement bien.

Il faut mentionner également les innombrables références, plus ou moins obliques (et plus ou moins volontaires ?) à la culture geek. Quantité de plans sont repiqués aux classiques : de Flynn père qui a tout d’Obi-Wan Kenobi au second de Clu qui est un clone du Zorg du Cinquième Élément, en passant par l’hommage à Jules Verne. Si l’on n’a aucune sensibilité à cette culture, on va effectivement trouver ce Tron vain et absurde, mais, encore une fois, un indice : c’est l’histoire d’un type qui rentre dans la mémoire d’un ordinateur. See what I did there ? Et malgré cela, le film parvient à éviter le clin d’oeil daté en restant suffisamment léger et universel.

En résumé, Tron : l’héritage est une grande machine à rêve et à belles images, une véritable ode à tout ce que le geekisme compte de cool, peut-être un peu trop codée pour un public généraliste mais, pour les fans, c’est carrément l’éclate. Summer Wars avait été très abusivement qualifié de “révolutionnaire” et de manifeste de la contre-culture numérique ; en ce qui me concerne, je n’hésiterai pas à dire que c’est ce Tron : l’héritage qui remplit ce rôle, tout comme le premier l’avait fait dans les années 80.

Let the games begin !

2011-02-17T18:34:53+01:00jeudi 17 février 2011|Fiction|8 Commentaires

Attention derrière toi, une chaîne de causalités

Je continue les comptes-rendus des déplacements par ce qui a constitué mon premier volet des Imaginales de cette année : l’atelier d’écriture à visée professionnelle intitulé “Comment écrire de la fantasy”. Les Imaginales, c’est le festival des mondes imaginaires d’Épinal, grand-messe à la fois conviviale et intense où, pendant quatre jours, fantasy, SF, roman historique se retrouvent dans le joli cadre des berges de la Moselle.

Cette année, le festival avait donc pris une nouvelle initiative : cet atelier, réalisé avec le soutien de la DRAC de Lorraine, dirigé par Elisabeth Vonarburg épaulée par Jean-Claude Dunyach et votre serviteur. C’est ainsi que mes Imaginales ont démarré un jour plus tôt, dans le cadre à la fois accueillant et moderne de la médiathèque d’Épinal. Au programme : interventions théoriques et travaux pratiques, featuring Elisabeth’s greatest hits (« le corps sait ») and mine (« story is will »). (suite…)

2014-08-05T15:25:51+02:00lundi 21 juin 2010|Technique d'écriture|3 Commentaires

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