Petit entretien autour des méthodes d’écriture

Jan Kahánek

Pour ce jeudi, un autre petit entretien demandé par courriel, par deux lycéennes s’interrogeant sur l’écriture et l’apprentissage qui va avec.

Racontez-nous quelles étapes vous avez franchies pour en arriver où vous en êtes aujourd’hui dans votre métier d’écrivain.

Comme dans beaucoup de métiers de la création, j’ai simplement franchi les étapes au fur et à mesure de l’apprentissage et des occasions qui m’ont été fournies. J’ai commencé, autour des années 2000, par participer à une revue amateur, Proscrit, ce qui m’a permis de rencontrer les acteurs du milieu de l’imaginaire, notamment Stéphanie Nicot, qui m’a mis le pied à l’étrier en me faisant entrer dans l’équipe de sa revue, Galaxies, comme critique puis traducteur littéraire (sous la houlette de Jean-Daniel Brèque). Même s’il ne s’agissait pas d’écriture à proprement parler, cela m’a fourni une approche professionnelle de l’écrit extrêmement précieuse. J’avais toujours en tête l’idée et l’envie d’écrire ; je me suis attelé à travailler mes textes, et j’ai commencé à publier professionnellement des nouvelles en 2004. De là, je n’ai pas cessé de chercher à élargir ma palette d’expression et mes outils, apprenant notamment le métier du roman (qui est très différent de la nouvelle), au fil des ans.

A quoi ressemblaient les premières versions de vos œuvres ? Quelles ont été les évolutions pour arriver au résultat final ?

L’écriture est un mélange d’une dizaine de « compétences » fondamentales à apprendre pour fournir un texte à peu près finalisé (au moins sur le plan de l’exécution ; la richesse des idées et de l’émotion relève d’un autre aspect, plus instinctif et aléatoire). Il y a par exemple les dialogues, la description, le rythme… Ces « compétences » pourraient s’apparenter en peinture au choix des couleurs, à la maîtrise de la perspective, de l’anatomie… Les connaître ne garantit pas qu’on sera un bon peintre, mais cela aide à ne pas être mauvais, en tout cas. Mon apprentissage s’est fait (et ne cessera jamais de se faire) sur le plan de la technique comme sur celui de l’écoute de l’instinct, des merveilleux hasards de la création, ce qu’on peut appeler, faute de mieux, l’inspiration.

Avez-vous écrit des brouillons ? Si oui, avez-vous changé votre objectif ?

Je fais un énorme travail préparatoire de plans, de fiches, de réflexions en amont ; je sais toujours comment se terminera un récit avant d’en écrire la première ligne. Sinon, je ne peux pas attaquer ; pour écrire quelque chose, j’ai besoin de savoir un peu à l’avance ce dont il s’agit. (Je suis ce qu’on appelle communément « structurel ».) Mon premier jet est donc assez abouti, puisque j’ai élucidé un certain nombre de questions préparatoires avant même d’attaquer la rédaction. Mais bien sûr, il y a toujours une phase de corrections, pour « resserrer » la mécanique. Et puis, ces derniers temps, j’essaie de lâcher un peu prise sur la structuration à l’avance pour laisser parler davantage les envies et la découverte au fil de l’écriture.

Quel est votre point de vue sur le fait de prévoir ou non le thème principal de l’histoire ? Pensez-vous qu’on peut vraiment écrire une histoire sans connaître le thème ?

Oui, car l’inconscient, quand on le laisse s’exprimer (et je pense qu’on doit) révélera toujours des détours et des chemins de traverse inattendus. L’écriture est un jeu de funambule entre le contrôle conscient de l’auteur et les dimensions parfois inattendues qui peuvent émerger de son inconscient. On peut tout à fait prévoir un thème avant d’écrire, se fixer une trajectoire, mais il faut avoir conscience (et accepter) que le récit final ne parlera jamais « que » de ça. Il parlera de cela, ainsi que d’autre chose de totalement inattendu, mais qui émergera organiquement du récit.

Des événements extérieurs vous auraient-ils influencés durant l’écriture de vos manuscrits ?

Le premier matériau d’un auteur, c’est forcément lui-même ; s’il est capable de se projeter dans d’autres destins et d’autres époques, il part forcément de lui, c’est-à-dire des questions qu’il se pose, des révoltes qu’il peut avoir, etc. Donc, le vécu de la personne – soit, l’extérieur – influence forcément un auteur. Pour ma part, ce n’est pas tant l’actualité immédiate que les grandes questions qui me démangent, les motifs historiques que l’on retrouve à peu près à toutes les époques de l’humanité. C’est ce que j’ai envie de traiter, mais sans forcément de référence particulière et précise à des événements de l’actualité récente.

Faites-vous des plans pour organiser vos idées (personnages, structure…) ? Et est-ce que vous vous y tenez ?

Comme je le disais plus haut, je suis structurel. Mais je ne me tiens pas à mes plans de façon rigoureuse, au contraire. De plus en plus, il m’apparaît que les plans sont un échafaudage qui me permet de faire connaissance avec mes personnages, mon scénario, mon monde, et que cette connaissance intime me libère ensuite, au fil de l’écriture, pour prendre les chemins de traverse qui se présentent, pour réagir aux imprévus fournis par l’histoire, avec liberté et sans crainte de m’égarer car, en cas d’impasse narrative (événement inintéressant, incohérence…), j’ai toujours une trajectoire sûre sur laquelle me rabattre.

Propos recueillis par Océane Déqué et Caroline Saminadin. 

2019-06-04T20:30:13+02:00jeudi 23 février 2017|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Petit entretien autour des méthodes d’écriture

“On est une goutte d’eau dans l’océan” – sur l’humilité et l’écriture, entretien par Justine Carnec

Justine Carnec, étudiante en journalisme, m’a proposé cet entretien dans le cadre de ses travaux personnels après avoir découvert et aimé Port d’Âmes (gloire à elle !). Parce qu’elle avait d’excellentes questions, qu’elle a fait un excellent travail de synthèse dans une discussion qui partait dans tous les sens, et afin qu’il en subsiste une trace, le voici – ça parle de sujets peu courants, comme la postérité et l’impact de la littérature. Pour une lecture à tête reposée, l’entretien est également disponible mis en page en PDF.


« On est une goutte d’eau dans l’océan »

Interview : Justine Carnec

Amoureux de l’écriture et de science-fiction, dont ses parents sont friands, il écrit sa première nouvelle à six ans. Mais, passionné par la mer, les orques et les dauphins, il décide de faire des études d’agronomie, pour devenir biologiste marin. Après l’obtention de son diplôme, il revient finalement à la littérature, à laquelle il se consacre entièrement depuis 2001. Avec humour et humilité, il raconte pourquoi ses romans lui permettent à la fois de raconter des histoires et de contribuer aux questionnements du monde.

Où êtes-vous né ?

Ah ! (rires) Je suis né en région parisienne, ça arrive à des gens très bien !

Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de venir vous installer en Bretagne ?

J’ai toujours été attiré par la mer, et je venais en Bretagne jeune. Quand j’avais 18 ans, je suis venu faire mes études d’agronomie à Rennes, car c’était là qu’était la seule école qui avait une spécialité en rapport avec la mer. J’ai ensuite décidé de tenter ma chance dans le domaine de l’écriture, et comme j’étais bien là où j’étais, je ne suis jamais reparti.

Quand avez-vous commencé à écrire ?

J’ai commencé à six ans. Quand, gamin, j’ai découvert ce qu’était l’écrit, j’ai trouvé ça génial. Alors j’ai bassiné ma mère pour apprendre à écrire, et, gloire lui soit rendue, elle m’a pris une répétitrice. C’est comme ça que j’ai appris à lire et à écrire avant d’entrer en primaire. Et je pense que j’ai toujours eu envie d’écrire des histoires.

Quelle a été la réaction de vos parents quand ils ont appris que vous écriviez ?

C’était un peu de leur faute ! C’étaient tous les deux des grands lecteurs de science-fiction. Forcément, ça a déteint sur moi. J’ai déclaré que je voulais tenter ma chance quand j’ai fini mes études. Mais j’avais déjà écrit un bouquin, des nouvelles ici et là, je m’impliquais de plus en plus dans le milieu de la SF et de l’imaginaire… Donc c’était un peu une évolution naturelle. Mon père, qui est dans le domaine de l’édition musicale, a accueilli ça en disant : « Écoute, t’as un diplôme, tu peux tenter ta chance pendant un certain temps et voir ce que ça donne. ». Rétrospectivement, je pense que j’ai eu la chance des inconscients, parce que je ne me rendais pas compte à quel point c’était dur.

Commencer à écrire à 6 ans, c’est un peu une vocation… Pourquoi avez vous décidé de faire des études en biologie marine ?

Je ne sais pas si c’est une vocation. J’ai découvert ce truc-là, ça a pris toute la place dans ma tête, et je n’étais plus capable de faire autre chose. Mais j’étais aussi passionné par la mer, les dauphins, les baleines… J’étais totalement dans la génération Grand Bleu. Et puis, il fallait quand même avoir un diplôme sérieux, histoire d’assurer les arrières. Mais en fait, je me suis rendu compte, une fois que j’ai eu le diplôme en poche, que la recherche était exactement ce qui ne m’amusait pas, et que tout le côté romantique du commandant Cousteau, qui passe sa vie sur les bateaux pour aller voir les dauphins, ça représentait un à deux mois de travail dans l’année. Moi, je voulais entrer là-dedans pour le côté rêve ; je ne me rendais pas compte. J’étais un peu candide par certains côtés. (rires)

Qu’est-ce qui vous a poussé à laisser la biologie marine de côté pour vous consacrer à la littérature ?

C’est vrai que la question s’est posée de rester dans ce domaine, mais je me suis vite rendu compte que c’était soit la recherche, soit travailler en zoo marin, avec, des deux côtés, les problèmes que ça peut entraîner. Mon truc, c’était le terrain : je préférais mille fois récurer les bassins que de faire des analyses statistiques. Or, une façon de retrouver ça, c’était de parler de l’émerveillement que ça causait chez moi, dans des bouquins. Et puis, j’ai gardé contact avec ce domaine-là en partant de temps en temps en volontariat. Paradoxalement, en écrivant et en allant aux salons littéraires, j’ai été beaucoup plus amené à parler de biologie marine que je l’aurais probablement fait si j’avais été chercheur. J’ai même eu des contacts avec des éditeurs pour faire des livres de vulgarisation sur ce genre de sujets. Je ne pense pas que j’aurais eu cette chance là en restant dans le milieu de la recherche. C’est assez paradoxal : j’écris des romans, et on dirait que ça me donne un crédit meilleur à celui de chercheur. (rires)

Comment en êtes-vous venu à faire de la traduction ?

Mes parents m’ont mis au jardin d’enfant en anglais quand j’avais 6 ans, ce qui fait que j’ai appris l’anglais avec très peu de retard par rapport au français. Aujourd’hui, je suis bilingue. Et puis, quand j’ai décidé que je voulais écrire, j’ai voulu essayer un maximum de trucs. À l’époque, Stéphanie Nicot m’avait fait rentrer dans Galaxies (revue de SF, ndlr) en tant que critique littéraire, et j’ai rencontré Jean-Daniel Brèque, grand traducteur de l’imaginaire, qui s’occupait des fictions anglophones. Je lui ai dit que je tenterais bien la traduction, et il a considéré que mon début n’était pas trop mauvais, donc j’ai continué. Je me suis assez vite rendu compte que ça me permettait d’affiner ma plume, en me coulant dans celle d’un autre. La traduction m’a appris à considérer l’écrit comme un matériau entièrement plastique. Tout l’aspect « technicité » de l’écriture, c’est en grande partie la traduction qui me l’a enseigné.

Ancien biologiste marin, traducteur, écrivain, auteur de jeux de rôles, vous réalisez même des podcasts et animez des ateliers dans des salons littéraires, ça fait beaucoup de métiers… Comment vous imaginiez-vous, enfant ?

Je pensais que je serais un commandant Cousteau. Mais il y avait aussi le côté « Ah, j’aimerais bien écrire des livres, raconter des histoires… ». Je travaillais à l’école dans ces deux buts, mais au collège, les cours de français m’ont complètement cassé les jambes. C’est en Troisième que ma prof de français, gloire lui soit rendue, m’a mis Boris Vian entre les pattes, et que j’ai découvert qu’on pouvait faire des trucs fun avec la littérature « sérieuse » (je lisais de la SF, mais tout le monde sait que c’est pas de la vraie littérature, hein). Et, voilà, je m’imaginais entre les deux, peut-être à écrire des bouquins tout en allant étudier les dauphins dans mon zodiac. (rires) Bon, j’étais gamin, ce n’est pas ma faute.

Aujourd’hui, comment vous définiriez-vous ?

J’essaye de ne pas définir les trucs, à commencer par moi-même. Définir, c’est déjà un peu enfermer. J’essaye de faire des choses qui ont du sens, d’une manière qui ait du sens. L’un étant aussi important que l’autre. Je n’écris pas des bouquins pour passer un message, mais pour raconter une bonne histoire, et pour essayer de contribuer de manière anonyme aux questionnements du monde. « De manière anonyme », ça paraît bizarre, parce que mon nom est sur la couverture. Mais il y a un truc que j’ai réalisé il y a quelque temps, c’est qu’aucun auteur vivant et travaillant aujourd’hui n’atteindra la postérité. Mais ce n’est pas grave. D’ailleurs, on se rend compte en regardant les choses en détail, que ce que la postérité conserve, c’est aussi en grande partie une question de circonstances. Il y a beaucoup d’auteurs moins connus que les classiques très célèbres, qui sont aussi intéressants, voire davantage, ne serait-ce que dans le cadre de la littérature de l’imaginaire. Par contre, on est lus, et ce n’est pas que notre parole n’a aucune valeur et qu’on prêche dans le désert, mais… On est une goutte d’eau dans l’océan. Ça ne veut pas dire que ce qu’on fait ne sert à rien et n’a pas de sens. Ça veut dire que ce qu’on fait à un moment va peut-être pouvoir résonner avec une, dix, cinquante personnes avec de la chance, et que ça va peut-être contribuer à faire avancer une réflexion. Tout ça, c’est une goutte d’eau dans l’océan, même si chaque goutte est importante. Je le fais moins maintenant, mais, quand je partais en volontariat, j’avais l’habitude de dire que c’était un truc que tous les auteurs devraient faire. On arrive dans un endroit perdu au bout du monde, où tout le monde s’en fiche de vos activités. Et c’est très bien. Je pense qu’il y a beaucoup d’auteurs à qui ça ferait beaucoup de bien de réaliser que ce qu’on fait est important pour soi avant toute chose, mais qu’il ne s’agit pas du centre du monde.

Je suis allé loin, là… Je ne sais pas si j’ai répondu à la question. (rires)

Vous n’aviez pas trente ans quand vous avez commencé à publier des nouvelles. Quand avez-vous commencé à vous dire « Ça y est, je suis écrivain » ?

C’est un truc que j’ai toujours essayé d’éviter de me dire. Quand on me demande ce que je fais dans la vie, je réponds « J’écris des bouquins. ». Ce n’est pas que j’en aie honte, mais le fait de dire « Je suis écrivain », même si c’est une description juste de mon activité, ça va projeter dans l’esprit des gens une image préconçue que je n’ai pas forcément envie de projeter. Je préfère donc dire que j’écris des bouquins. Mais, pour ce qui est de savoir à partir de quand j’ai commencé à me dire que je savais ce que je faisais, eh bien, à chaque livre, j’ai l’impression que j’en sais un peu plus. Quand j’ai eu un certain nombre de nouvelles derrière moi, qu’on commençait à me payer régulièrement pour ça, et qu’on m’en demandait, je suis dit que, peut-être, je n’étais pas complètement un imposteur. Mais ça ne va pas beaucoup plus loin que ça. J’écris des bouquins, je fais de la traduction, je compose un peu de musique pour les jeux vidéo, et puis voilà.

Quels sont les moments de votre vie qui vous ont le plus inspiré pour l’écriture de vos textes ?

Il y a de tout… J’ai vu un panneau qui m’a fait rire, à mettre sur la porte de bureau d’un écrivain. C’était : « Attention, écrivain au travail. Les passants innocents risquent d’être intégrés à l’histoire. ». Un auteur fait exactement ça, et le premier matériau, c’est lui-même. Par exemple, dans ma nouvelle trilogie, je traite de trucs qui me grattent et qui m’agacent depuis longtemps. Mais le lecteur devine simplement que ça me gratte et que ça m’agace. En fait, personne ne peut voir l’auteur à travers le récit. Ce qu’on peut apprendre, c’est simplement les questions qu’il se pose, pas les réponses qu’il donne. Et puis, je pense que l’écriture change l’auteur. Un auteur qui finit un bouquin n’est pas le même que quand il l’a commencé, même s’il l’a écrit sur une période courte. Et, avec l’âge, les questionnements changent. Port d’Âmes, que j’ai publié en 2015, est un manuscrit que j’avais écrit huit ans plus tôt, et que j’ai réécrit aux deux tiers. Pour moi, retravailler dessus a presque été une expérience en collaboration avec un auteur mort. C’est-à-dire que c’était moi, des années plus tôt, avec des questionnements spécifiques à cet âge-là. L’auteur que j’étais devenu, avec le savoir-faire acquis, s’est mis au service de la publication de ce manuscrit-là, auquel je tenais. C’est pour ça que je me suis vraiment vu comme mon propre écrivain fantôme. C’est un drôle de métier.

2019-08-28T21:21:43+02:00jeudi 2 février 2017|Best Of, Entretiens|Commentaires fermés sur “On est une goutte d’eau dans l’océan” – sur l’humilité et l’écriture, entretien par Justine Carnec

Procrastination podcast ép. 7 : “Décris-moi un mouton”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Décris-moi un mouton“.

Bête noire de certains lecteurs comme de certains auteurs, la description est pourtant une technique fondamentale de la littérature. En plus de distribuer l’information et de réaliser la mise en scène, elle permet de moduler le rythme, de mettre le décor en action et même de transcrire le point de vue d’un personnage. Dans cet épisode, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust proposent un rapide tour d’horizon des techniques de description, abordent leur propre approche de celles-ci, et discutent de son importance dans les genres de l’imaginaire.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:48:40+02:00jeudi 15 décembre 2016|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 7 : “Décris-moi un mouton”

Rendez-vous ce week-end aux Utopiales !

Comment, hein ? Comment encore ignorer que les Utopiales sont l’un des rendez-vous majeurs de l’année pour tout aficionado de l’imaginaire qui se respecte ? Alors viens, auguste lectorat, et sois émerveillé.

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Les Utopiales débutent donc le week-end prochain, du samedi 29 octobre au mercredi 2 novembre (attention, cela commence le week-end pour continuer sur le début de la semaine, contrairement aux années précédentes). Au programme : littérature, cinéma, débats, rencontres, dédicaces, expositions ; bref, une célébration de l’imaginaire (et surtout de la science-fiction) à ne pas louper.

J’y serai pour ma part du samedi au lundi. J’aurai le plaisir de participer à une table ronde sur le steampunk (je risque donc d’évoquer Évanégyre) et de donner un cours du soir autour de l’usage de logiciels spécialisés dans l’écriture, pour faciliter / accélérer le travail. (Spoiler : je parlerai de Scrivener, mais pas que, loin de là.)

À ce week-end !

[Site officiel]

pas d'événement

2016-11-08T11:26:42+01:00lundi 24 octobre 2016|À ne pas manquer|6 Commentaires

Procrastination épisode 1 : La technique en questions

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Mise à jour du lendemain : le podcast est à présent disponible sur iTunes et par flux RSS classique

Mise à jour 13h40 : l’épisode est également disponible sur YouTube

Ça y est ! Le premier épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture avec Mélanie Fazi et Laurent Genefort, est sorti ! C’est donc un rendez-vous bimensuel que nous vous donnons, le 1er et le 15 de chaque mois, pour discuter d’écriture, de narration, de technique littéraire et d’édition, et ce en quinze minutes.

Le titre de cet épisode : “La technique en questions” :

Pour ce premier épisode, Lionel Davoust, Mélanie Fazi et Laurent Genefort introduisent le projet de ce podcast sur l’écriture en discutant du rôle de la technique dans l’art, de la place à lui réserver dans la pratique et des manières de l’acquérir. À quoi sert la technique ?  Comment l’équilibrer avec l’inspiration, un bon livre est-il forcément « parfait » techniquement ? Faut-il trouver « sa » technique, et le cas échéant, comment faire ?

Le podcast est disponible sur Soundcloud (et donc ci-dessous), sur iTunes, par flux RSS classique et aussi sur YouTube :

 

2019-05-04T18:49:22+02:00jeudi 15 septembre 2016|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

Quelques idées en vrac sur les diplômes d’écriture

lolcat-relevantL’école supérieure d’art et design du Havre a lancé, à la rentrée dernière, un master de création littéraire. Je n’en ai pas parlé parce que, d’une part, j’ai eu l’info un peu tard, d’autre part, je n’avais pas forcément grand-chose à en dire. Sauf que, la semaine dernière, sur un réseau privé, une discussion s’est lancée sur le sujet en mode outré de la part de certains intervenants : keuwâh, on pourrait apprendre à écrire ? Et on donne des diplômes pour ça ? Scandale au formatage, à la mainmise de l’université sur la pensée, à l’illusion qu’on puisse prendre un léger raccourci.

Personnellement, je n’ai pas fait le master, hein, donc je m’abstiens de le critiquer. Mais puisque le débat était assez profond et bien fourni en arguments, je recopie ici mes messages, car cela déborde du cas de ce master pour aborder la notion plus globale de travail Vs. inspiration, d’artisanat Vs. art, d’apprentissage Vs. découverte, et touche finalement aussi à un de mes domaines d’intérêt : parler de technique littéraire.

My two fucking cents :

Les apprentis écrivains ne connaissent souvent pas les codes, les attentes des lecteurs, les questions d’artisanat inhérentes à tout art (car dans tout art, il y a l’inspiration, mais aussi la technique – Picasso, avant de fonder le cubisme, était un roxxor de la perspective, du fusain et de l’anatomie). Ils veulent direct casser la maison, mais sans même savoir quelle maison ils cassent, et ça donne souvent des choses bancales, ou étrangement conventionnelles.

Alors, si un Master enseigne les codes, c’est une excellente chose. Avant de s’en affranchir, avant de réinventer les règles du jeu, il faut savoir à quel jeu on joue, et c’est pour ça que les livres sur l’écriture, les formations, les blogs comme le mien et – ô surprise – le travail existent : pour *comprendre*.

Les formations en art, c’est toujours pareil. On se les approprie et on en fait quelque chose. Si on reste dans la parole imposée et la mécanique, on n’est pas un vrai créateur, on est un abruti.

Mais si cette formation propose un raccourci pour enseigner déjà les briques de base, c’est une excellent chose. Devenir un bon musicien, c’est vachement plus facile en faisant des gammes et du solfège. Devenir un bon dessinateur, c’est vachement plus facile en étudiant les principes de la composition. L’écriture, c’est la même chose. C’est seulement quand on a ingurgité assez de technique qu’elle s’efface et qu’on a la boîte à outils assez fournie pour faire quasiment tout ce qu’on veut. Et c’est le but de la manoeuvre.

Il m’a été répondu que je faisais passer l’attente du lecteur avant la liberté de l’écrivain. Sauf que :

Minute.
Si l’on écrit, avec volonté d’être lu, alors on parle à quelqu’un. Quelqu’un qu’on ne connaît pas forcément, quelqu’un dont on espère peut-être qu’il nous ressemble. Mais quelqu’un quand même. Sinon, on écrit pour son tiroir, donc sans volonté d’être lu ni compris. OK, ça existe, pas de souci. Mais si l’on veut être lu, il faut prendre en compte qu’à un moment, il y aura quelqu’un en face, et si l’on veut que l’histoire soit appréciée, il faut AUSSI lui faire plaisir. Il y a donc communication. Et s’il y a communication, il y a nécessité / volonté / devoir d’intelligibilité.

C’est à mon sens la plus grande leçon qu’enseigne la technique (ou sa pratique). Suivre son envie, sa volonté, tout en sachant la rendre intelligible aux autres. Les deux ne sont pas antinomiques, mais les concilier demande de l’apprentissage. Savoir se faire plaisir, tout le monde y arrive plus ou moins. Savoir faire plaisir au lecteur tout en se faisant plaisir à soi, c’est, je crois, ce qui fait d’un écrivain un professionnel.

Cette dernière phrase a été interprétée comme la différence entre art et artisanat. Sauf que, again :

Désolé, mais il n’y a pas d’artiste sans artisanat. L’artisanat implique la réalisation et les moyens pour y parvenir. En caricaturant à mort, je peux me déclarer peintre, mais si je n’ai pas de bras et pas de bouche pour tenir le pinceau, je ne peindrai jamais rien.

Attention, l’artisanat ne fait pas la valeur d’une oeuvre, on est d’accord : elle n’est que pratique sans âme.
Mais l’âme, sans la pratique pour lui donner forme et impact, restera mal dégrossie et donc ne prendra pas pleinement son envol et toute la force qu’elle peut véhiculer. Je ne parle même pas des aspects commerciaux ; je parle de faire les choses *bien*.

Si je n’ai pas de muscles dans les doigts et un minimum de pratique, je ne jouerai jamais Beethoven. Les avoir n’assurera pas que je le jouerai bien, mais au moins, il n’y a rien qui me retiendra.

“Sans pratique, le talent n’est qu’une sale manie.” – Brassens.

C’est tout de même amusant cette résistance à la technique, alors qu’elle est parfaitement admise dans la musique, le dessin, même la danse ou le deltaplane ; mais tout le monde est forcément écrivain. Probablement parce que bosser, c’est tout de suite plus chiant que de s’imaginer génial de base, alors on a tendance à considérer que c’est superflu… (Et c’est ainsi que des centaines d’auto-proclamés écrivains en herbe ne grattent pas plus de dix pages dans leur vie.) Le truc, c’est que même Mozart a dû un jour apprendre à lire une partoche. Faut bosser. Personne ne sait si vous êtes génial, et surtout pas vous : la seule chose que vous maîtrisiez, c’est le travail. Alors autant régler ce qu’on maîtrise. Et puis même, les récompenses, la richesse, la maîtrise, les enseignements qui viennent avec le travail sont souvent bien plus délectables que la facilité immédiate. Et voilà que je sonne comme un jésuite, merde.

2014-08-05T15:18:29+02:00lundi 7 janvier 2013|Best Of, Technique d'écriture|29 Commentaires

Tristan Klein a du mojo

Je regarde avec la plus grande suspicion les albums de guitaristes soli ; leur virtuosité les fait souvent sombrer dans des démonstrations certes ahurissantes, mais d’une platitude et d’un ennui achevés.

Et c’est justement parce qu’il ne tombe pas dans ce travers que l’album de Tristan Klein, Universal Mojo, mérite grandement qu’on parle de lui. Klein est un guitariste rennais incroyablement doué techniquement – tout l’album en atteste – mais, plus important, il montre la plus grande qualité du musicien : du goût. C’est-à-dire qu’aux antipodes de la démonstration, il fait de la musique, tout simplement, mettant l’émotion et la mélodie au premier plan qu’elle ne doit jamais quitter, son habileté les servant fidèlement et intelligemment. (suite…)

2010-04-30T18:10:53+02:00vendredi 30 avril 2010|Décibels|Commentaires fermés sur Tristan Klein a du mojo

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