Léa Silhol et la fin de l’Oxymore (2006)

Dix-sept ans se sont écoulés depuis la publication de cet article, sous la plume de nulle autre que Léa Silhol, qui avait fait grand bruit à l’époque de par son côté politiquement très incorrect, et il l’est encore un peu, mais plus tant que ça en 2023 justement parce qu’il est toujours actuel (convertissez juste quelques détails pour 2023, comme “forums” par “réseaux commerciaux”).

Justement, comme il est probablement inconnu des nouvelles générations, il est à relire et réfléchir à l’heure où les éditions ActuSF sont forcées de mettre un point final à leur histoire.

➡️ Happiness in Slavery – La philosophie dans le foutoir

Pour mémoire, “réfléchir” ne signifie pas “adhérer sans réserve”, et je ne fais aucun parallèle entre la situation des deux maisons – je n’en sais rien, je ne suis dans le secret ni de l’une, ni de l’autre ; il est simplement intéressant de lire des mots non mâchés sur un métier dont les difficultés semblent avoir fort peu évolué de manière générale (si ce n’est en mal).

2023-10-09T08:16:02+02:00mardi 10 octobre 2023|Le monde du livre|1 Commentaire

Procrastination podcast s07e12 – Faire monter la pression

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e12 – Faire monter la pression“.

Comment faire monter la pression sur les personnages ? Comment faire de leur vie un enfer, jusqu’à peut-être les pousser à dérailler – et ce faisant, stimuler la peur du lectorat pour elles et eux ?
Estelle dévoile deux volets cruciaux : d’une part une progression dramatique logique et cohérente, de l’autre des points de non-retour dans l’action avec leurs conséquences.
Mélanie renchérit sur la résonance dans le fantastique entre les événements et les éventuels traumatismes ou craintes du personnage. Toutes d’eux s’accordent sur l’empathie à placer au centre de la narration.
Lionel propose une grille de lecture recouvrant les mêmes notions mais avec une approche différente, selon la proximité avec le personnage et la difficulté de traitement des grandes catégories d’enjeux humains.

Références citées

  • Crazy Kung-Fu, film de Stephen Chow
  • Marcel Proust
  • Thelma et Louise, film de Ridley Scott
  • Dark Water, film de Hideo Nakata
  • Darkness, fim de Jaume Balagueró
  • Les Lions d’Al-Rassan, Guy Gavriel Kay
  • Elizabeth George, Mes secrets d’écrivain

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-03-15T00:10:16+01:00mercredi 1 mars 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e12 – Faire monter la pression

Procrastination podcast s07e05 – Commercialisation et promotion dans l’autoédition, avec Morgan of Glencoe

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e05 – Commercialisation et promotion dans l’autoédition, avec Morgan of Glencoe“.

Deuxième volet de la conversation au long cours de Procrastination avec l’autrice et musicienne Morgan of Glencoe autour de l’autoédition. La saga de Morgan, « La Dernière Geste », a commencé sa vie en autoédition avant d’être reprise en édition traditionnelle chez ActuSF. Mais Morgan continue de s’autopublier, lui donnant une perspective unique sur les deux mondes. Dans cet épisode, elle expose le défi que représente la nécessité de faire connaître son travail quand on est autoédité·e, parle des différents canaux disponibles et de l’attitude à adopter.

Références citées

  • Bookélis https://www.bookelis.com
  • Amazon https://www.amazon.fr
  • Mark Danielewski, La Maison des feuilles
  • Les éditions ActuSF et le label Bad Wolf
  • Ameylia Saad Wu
  • Audrey Alwett

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2022-11-30T08:12:46+01:00mardi 15 novembre 2022|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e05 – Commercialisation et promotion dans l’autoédition, avec Morgan of Glencoe

Vous voulez écrire de la SF ou de la Fantasy ? Attention à ces pièges

… est le titre de l’article réalisé par Marcus Dupont-Besnard pour Numerama, qui synthétise (car je parle beaucoup trop si on me laisse faire) un très long et chouette entretien autour de Comment écrire de la fiction ? et des particularités de l’écriture d’imaginaire :

Ces genres ont-ils une particularité dans le domaine narratif ? « On ne peut pas imaginer un bon roman d’imaginaire qui ne soit pas un bon roman tout court  », prévient Lionel Davoust. « Mais l’imaginaire ajoute des difficultés techniques supplémentaires. » Nous lui avons demandé s’il existait des pièges et idées reçues spécifiques à ces genres, que les jeunes auteurs et autrices devraient soigneusement éviter dans l’écriture d’un manuscrit.

Merci à Marcus et à Numerama pour leur intérêt envers ce livre, et envers ce que je crois avoir appris au bout de beaucoup trop de temps passé à faire ce métier forcément malhonnête.

➡️ Lire l’article – entretien de Numerama sur Comment écrire de la fiction ?

2021-08-26T16:35:30+02:00lundi 30 août 2021|Best Of, Entretiens, Technique d'écriture|6 Commentaires

« Les Dieux sauvages », de l’intention à la réalisation au long cours [entretien vidéo avec ActuSF]

Aux Imaginales, Estelle Hamelin, pour le site de référence ActuSF, m’a fait le plaisir d’un entretien sur « Les Dieux sauvages », des intentions à la réalisation d’une saga sur plusieurs années – et elle a eu la gentillesse de me laisser causer librement, ce qui est toujours un peu périlleux, car je peux être très bavard si on me laisse faire… Merci !

L’entretien vidéo dure une vingtaine de minutes et est disponible ci-dessous (où l’on aura la preuve, avec mes grimaces à cause du soleil et mes reflets violets, que je suis en réalité le cousin d’Edward Cullen – démasqué, damned !).

2019-08-02T17:31:45+02:00mardi 6 août 2019|Entretiens|Commentaires fermés sur « Les Dieux sauvages », de l’intention à la réalisation au long cours [entretien vidéo avec ActuSF]

L’impact du Trône de Fer sur la fantasy, depuis 20 ans ou presque [Entetien]

L’œuvre de Martin a-t-elle eu un impact sur votre manière d’écrire ? Sur les thématiques que vous abordez dans vos livres de manière plus générale ?

J’ai eu la chance d’interviewer Martin en 2003 (si ma mémoire est bonne) pour un dossier spécial dans la revue Asphodale, que je dirigeais à l’époque, et il m’a expliqué – ce qui est largement connu aujourd’hui – ses influences principales, notamment Maurice Druon avec Les Rois maudits.

La Garde de Nuit est l’un des plus grands sites et associations français consacré à l’univers célébrissime de “Game of Thrones”.

Dans le contexte des dernières Imaginales, l’association a établi un panorama de l’influence de l’œuvre de G. R. R. Martin sur la fantasy à travers des entretiens réalisés avec des auteurs français : j’ai eu le plaisir de me prêter à l’exercice. On y parle de construction de saga, de leur lenteur d’écriture, de la série télé et de sa conclusion : c’est à découvrir ici. Merci à la Garde de Nuit !

2019-07-11T09:20:22+02:00mardi 16 juillet 2019|Entretiens|4 Commentaires

Un petit retard, avec mes excuses

Bon, c’est un article difficile à écrire, le genre qu’on n’aimerait ne jamais devoir écrire – et c’est pourquoi, d’ailleurs, j’ai longtemps conservé un secret quasi-obsessionnel et maladif sur mes activités. Mais ce n’est pas jouable non plus. Or, malheureusement, je reste humain (trop humain) et il arrive, dans des domaines aussi chaotiques que la création, qu’on rencontre des difficultés. Alors j’espère arriver à faire amende honorable, et expliquer ce qui s’est passé, histoire que la mésaventure puisse au moins servir de leçon.

D’abord, l’aveu désagréable : La Fureur de la Terre (« Les Dieux sauvages » volume 2) aura un peu de retard par rapport à la date prévue. (Et, par voie de conséquence, L’Héritage de l’Empire aussi.) Alors, rien de bien drastique :  ce sera quelques mois, mais le livre ne sortira pas à l’automne comme je l’espérais initialement. Ce sera néanmoins moins d’un an après la sortie de La Messagère du Ciel. Je me suis engagé à une sortie rapide des suites – je suis lecteur aussi, je râle aussi quand un auteur est en retard sur sa série – et je le ferai. Mais là, si je veux survivre à l’écriture, il faut que je lâche un peu de lest, notamment pour finir le volume 3 dans de bonnes conditions (lequel sortira donc un peu plus tard lui aussi, mais lui aussi moins d’un an après le volume 2, c’est promis juré).

Je vous présente toutes mes excuses pour mon ambition un peu trop prononcée. Ce n’est pas que l’histoire n’est pas prévue, je sais parfaitement où cela va jusqu’à la fin, mais, justement, la série prend une ampleur que je n’avais pas forcément soupçonnée au début.

Donc, parlons des raisons.

La première, la plus évidente, donc, c’est que cette série ne cesse de prendre de l’envergure et de l’ampleurLa Messagère du Ciel fait 1,2 million de signes, je crains que La Fureur de la Terre ne soit encore plus gros pour me permettre de tout aborder, aller partout où il faut, enquêter sur les secrets de l’univers et dévoiler ce qui se trame en coulisses (mais on verra, c’est difficile à dire parce que j’ai des tas de notes mêlées au manuscrit). J’ai laissé la Rhovelle dans une situation pour le moins compliquée à la fin de La Messagère du Ciel et il y a beaucoup à faire. Or, même si j’écris raisonnablement vite, il y a un temps incompressible pour parcourir le chemin.

La seconde, la plus retorse, c’est qu’il arrive qu’on parte sur les chapeaux de roue pour terminer dans un mur. J’ai traduit le deuxième volume de Magie Ex Libris – avec beaucoup de plaisir, notez – après le rendu de La Messagère du Ciel et j’ai sous-estimé le temps qu’il m’a fallu pour reprendre contact avec mon propre univers. J’ai écrit un certain nombre de chapitres, un gros Acte I complet, mais un fil narratif partait complètement de travers, avec une ambiance que j’en suis venu à détester, qui ne sonnait absolument pas juste et qui ne rendait pas justice aux personnages ni à ce qui me faisait justement plaisir dans le livre précédent. J’ai remis à plat ce fil, l’ai réécrit de fond en comble pour remettre le livre sur les rails, mais cela m’a pris du temps pour retrouver, à force, l’élan que je désirais. (C’est en partie de cette réflexion qu’est née mon habitude de toucher mon histoire tous les jours, même au milieu d’autres projets.) Ce n’était pas une question de scénario, mais d’attitude, d’ambiance, de volonté – de cœur, en un mot. Et réécrire, rajuster des passages déjà écrits, en soupesant chaque choix de mot pour s’assurer qu’il convienne bel et bien à ce qu’on souhaite est un travail à peu près aussi agréable que s’arracher de la plante des pieds les épines du chardon sur lequel on vient de marcher : ça prend un temps dingue, c’est moche, ça fait mal, mais qu’est-ce qu’on se sent mieux quand c’est fini.

Et c’est le cas.

Donc, l’élan du livre est reparti sur les rails, et je me remets à avancer avec la même résolution que j’avais pour La Messagère du Ciel, ce qui me fait bien plaisir (et me rassure, je peux vous le dire). Le prix à payer pour moi, hélas, et encore une fois, j’en suis sincèrement désolé, c’est que le livre soit retardé de quelques mois, soit une sortie prévue pour le printemps prochain. Même si nous pensons probablement tous qu’à tout prendre, il vaut mieux un livre dont on est satisfait qu’un livre qui sort à l’heure, je tire habituellement une grande fierté de mon respect des dates que je me fixe ; aussi ne vis-je pas très bien ce retard, pour être très honnête, et tenais-je donc à vous tenir au courant très clairement et à assumer la pleine responsabilité de cet incident de parcours.

Je tiens aussi à dire un grand merci à toute l’équipe des éditions Critic pour sa compréhension. Je veux vraiment que ce volume 2 soit dans la continuité du 1, et cela va nécessiter davantage de travail que je ne l’estimais quand j’ai établi le planning initial voilà plus d’un an. Je vous remercie grandement pour votre enthousiasme sur La Messagère du Ciel, qui m’a vraiment beaucoup touché et donné énormément d’allant. J’aimerais donc vous demander, si vous le voulez bien, votre indulgence, et quelques mois supplémentaires de patience… Le volume 2 arrive, je vous le promets ! Il y aura juste un peu plus à attendre – mais pas beaucoup. Je n’ose dire je m’y engage, mais je travaille d’arrache-pied, croyez-moi, et je compte bien honorer votre confiance.

Encore toutes mes excuses, et merci pour votre fidélité !

2017-06-20T15:25:26+02:00mercredi 21 juin 2017|Journal|17 Commentaires

Écrire des histoires : devenir écrivain professionnel ? (table ronde aux Imaginales 2016)

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Photo ActuSF. Jean-Luc Marcastel, Sylvie Miller, Samantha Bailly, LD, Johan Heliot.

Et pour finir sur les captations des Imaginales 2016 (merci à ActuSF qui réalise tout ce travail), une table ronde qui portait sur l’écriture, le métier, sa technique, ses réalités… Avec quelques avertissements pour ceux et celles qui veulent se lancer dans l’aventure…

Modérée par Sylvie Miller. Avec : Samantha Bailly, Johan Heliot, Jean-Luc Marcastel et moi-même, donc. La captation est écoutable ou téléchargeable sur cette page.

Extrait vidéo :

2023-02-04T07:07:31+01:00jeudi 16 juin 2016|Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Écrire des histoires : devenir écrivain professionnel ? (table ronde aux Imaginales 2016)

Les sept causes de la procrastination (et des pistes pour y remédier)

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Meilleure image d’illustration de ce blog, ever.

L’auteur Chris Bailey citait récemment dans un podcast le chercheur Tim Pychyl, de l’université de Carleton, sur les raisons poussant à la procrastination, et il s’avère(rait) que les causes soient en fait très simples – au nombre de sept (forcément, c’est toujours sept, ou cinq, ou trois, mais bizarrement jamais dix-neuf, un nombre beaucoup moins sexy) : une vraie petite check-list de la lose, les cases à cocher de la démoralisation, le parcours du non-combattant.

Toujours selon Bailey citant Pychyl, l’étude de l’activité neurologique d’un sujet en état flagrant de procrastination révèle une activation prononcée des zones responsables de l’émotion, prenant le pas sur les processus intellectuels plus construits. Oui, ça veut dire que la procrastination est un processus parfaitement irrationnel, on s’en doutait, mais cela permet de concevoir des tactiques pour la combattre. En un mot, pour combattre efficacement la procrastination, il convient d’aider la raison à reprendre l’ascendant ; et c’est justement ce que permettent ces sept causes fondamentales. Une fois les blocages identifiés rationnellement, il devient possible d’y remédier, en intervenant sur chacune des facettes.

Alors, quelles sont ces causes ?

Une tâche pousserait à la procrastination si elle présente un certain nombre des inconvénients ci-dessous :

  • Ennuyeuse
  • Frustrante
  • Difficile
  • Vide de sens personnel
  • Manque de récompenses intrinsèques
  • Ambiguë
  • Manque de structure

(Je trouve que 1 et 2, comme 6 et 7, se recoupent pas mal – les rassembler aurait fait cinq, ce qui est aussi un nombre cool, donc l’honneur aurait été sauf.)

On peut remarquer que nombre de tâches d’écriture peuvent rentrer dans ces cases. Écrire est souvent difficile, et peut être frustrant ; et même, parfois, manque de récompenses intrinsèques. C’est un travail au long cours dont on ne perçoit le résultat qu’au bout de plusieurs jours, voire semaines, pour détenir un ensemble de chapitres cohérents, sans parler de les partager avec des proches. Mais les plus criantes sont certainement les deux dernières, un sujet déjà abordé par la bande ici. On procrastine souvent par angoisse ou découragement face à une tâche ; si celle-ci s’intitule “écrire nouveau roman”, il y a de fortes chances qu’elle suscite les deux. Par où commencer ? Que développer en premier ? Ensuite ? Où partir ? Même un auteur qui préfère se laisser guider par sa plume tendra à cerner la direction qu’il préférera creuser, réduisant l’ambiguïté de son travail à accomplir, lui conférant une structure. Le conseil vaut encore davantage pour les auteurs qui planifient et structurent à l’avance – où il devient presque tautologique (aucun rapport avec les blagues du même nom1).

Comment les combattre ?

Gilbert Stuart a procrastiné quinze ans pour remettre ce tableau. J'espère qu'Abigail Adams n'a pas posé aussi longtemps.
Gilbert Stuart a procrastiné quinze ans pour remettre ce tableau. J’espère qu’Abigail Adams n’a pas posé aussi longtemps.

Eh bien, en parant à chaque point par son contraire, en le désamorçant précisément. Une fois une cause identifiée, il devient bien plus facile de la combattre, car on sait ce qu’on affronte.

Écriture ennuyeuse. Si l’auteur s’ennuie, il y a de fortes chances que le lecteur aussi. Arrêtez-vous tout de suite. Pourquoi vous ennuyez-vous ? Cette scène est-elle vraiment indispensable ? Ne peut-elle pas simplement disparaître ? Et si elle est indispensable, comment la rendre intéressante, tendue, drôle, imaginative – selon vos préférences ?

Écriture frustrante. Plus difficile – ça s’appelle, dans le langage secret des écrivains professionnels de haute tenue intellectuelle, “ramer sa race”. Souvent, la frustration découle d’un manque de clarification des enjeux, de la scène, des personnages, du récit. “Pourquoi” est la question la plus utile qu’un auteur peut se poser ; pourquoi êtes-vous frustré.e ? J’aurais tendance à parier que cela entraînera une autre question, plus féconde : que vous manque-t-il pour avancer ? Ce qui entraîne alors une ou des actions pour résoudre le problème.

Ecriture difficile. Malheureusement, pas cent mille détours. Inspirez à fond, bouchez-vous le nez, plongez, ménagez-vous des pauses, des récompenses en fonction de vos goûts (bonbons Haribo, heavy metal à fond les watts, verre de champ’). Mais il faut surtout reconnaître cette difficulté. Ce passage n’est pas comme les autres. Il vous faut l’accepter et vous féliciter pour tout progrès accompli. Ne pas vous astreindre au même rythme de progression que sur le reste. Considérer chaque paragraphe / phrase / mot comme une petite victoire qui rapproche du but. Courage.

Ecriture vide de sens personnel. Mêmes conseils que pour l’ennui, en plus prononcés. Si ce que vous écrivez n’a aucun sens pour vous, à quoi bon ? Il existe des métiers tout aussi malhonnêtes mais largement plus lucratifs qu’écrivain, comme trader ou avocat d’assurances. Il convient de traquer le sens originel du projet, et l’en réinvestir. Cela peut impliquer de jeter des dizaines, des centaines de pages qui se sont fourvoyées ; c’est un crève-coeur, mais cela ne vaut-il pas le coup pour retrouver la foi et l’envie ? Plutôt que de se crever le cœur à écrire des pages que l’on n’aime de toute façon pas ? (En revanche, si ce travail est un travail de commande, c’est que vous êtes déjà pro et que vous l’avez accepté en connaissance de cause ; en conséquence, vous n’avez de toute façon pas besoin de moi, débrouillez-vous.)

Manque de récompenses intrinsèques. Celui-là est difficile et j’ignore si l’on peut vraiment le résoudre ; le manque de récompenses intrinsèques provient typiquement de la lenteur du travail d’écriture. On peut arguer que l’écriture est un fin en soi, que le plaisir de découvrir son histoire constitue une récompense suffisante – c’est vrai, mais ce genre de raisonnement fonctionne surtout quand on avance bien, justement ; quand on est coincé, les récompenses et le plaisir se font évasifs. Peut-être faut-il revenir, là aussi, à l’envie, au sens personnel mentionné au point précédent, pour retrouver cette sensation d’accomplissement qui pousse à avancer. En revanche, je déconseillerais de lire les pages déjà écrites – c’est le meilleur moyen de se rendre compte de tout ce qu’il y a à corriger dessus (c’est inévitable, pour un premier jet), et de se décourager davantage. Peut-être vaut-il mieux les fantasmer. Rêver à toute la distance parcourue dans l’histoire. On corrigera plus tard, une fois le manuscrit terminé. Et si vous avez la chance d’avoir déjà terminé une ou plusieurs histoires, rappelez-vous que vous avez déjà réussi. Vous réussirez encore. Il faut juste être patient, travailler un peu tous les jours, pour avancer, peu à peu, voir les pages s’amonceler, et que la sensation de progression se fasse tangible.

Ambiguïté et manque de structure. Beaucoup plus facile : si vous ne savez pas où vous allez, mais que vous en avez besoin, interrompez la rédaction. Peut-être avez-vous besoin de faire le point sur la situation de votre récit, l’état d’esprit de vos personnages, le prochain mauvais coup du grand méchant, etc. Peut-être avez-vous besoin de beaucoup de structure pour vous tranquilliser. Nul ne reprocherait à un randonneur de “perdre” un quart d’heure pour s’orienter sur sa carte. Prenez ce temps, vous aussi, pour vous recharger l’esprit et les batteries narratives. Ne vous perdez juste pas dans la contemplation des jolies fleurs de montagne ; n’oubliez pas qu’il faut poursuivre.

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En cas d’attaque sévère de procrastination, Bailey recommande d’établir une liste de ses causes (et celle ici proposée peut servir d’amorce). Dès lors, on peut envisager de l’attaquer et de la résoudre avec des actions ciblées. L’essentiel, conseille-t-il, est de réintégrer la raison dans le processus, afin de vaincre le cerveau reptilien paralysé par l’ampleur d’un projet trop amorphe.

  1. Oui, là, sérieux, j’ai quand même un peu honte.
2019-06-07T22:47:35+02:00jeudi 19 mai 2016|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Sujet de philo à troll

Sachant que, d’après la plaisanterie, tout travail est :

  • Facile
  • Lucratif
  • Honnête

Deux possibilités au choix parmi les trois.

Et que l’écriture n’est ni :

  • Facile
  • Lucrative
  • Honnête (ça se saurait)

Peut-on en déduire que l’écriture n’est pas un travail ?

Vous avez deux heures.

2014-08-05T15:21:33+02:00mercredi 18 janvier 2012|Best Of, Technique d'écriture|14 Commentaires

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