À Bordeaux en colloque, à Lannion ce week-end

kitten-is-in-your-calendarOn the road again! Cette fin de semaine, auguste lectorat, je viens dans ta ville. Ou celle de ta mère. Ou de ton cousin. Ou de ton pote. Mais en tout cas la ville de plein de monde. Peut-être pas toi, en fait. Mais il y aura des gens. Enfin, j’espère.

Je suis donc

  • En fin de semaine pour un colloque sur l’hybridation des genres,
  • Ce week-end à Ploërmel pour le salon Brocéliande Fantastic.
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janvier

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2014-10-13T16:18:18+02:00mardi 14 octobre 2014|À ne pas manquer|6 Commentaires

Question : donner des noms… ou ne pas y arriver

Petit retour des questions sur le métier de l’écriture, avec un suivi sur ce premier article, qui parlait déjà du crucial problème de nommer personnages et lieux.

Mon problème n’est pas tant *comment* choisir un nom (que ce soit de personnage ou de lieu, d’ailleurs) ; je crois que j’y attache une telle importance symbolique que j’en suis tout bonnement incapable. […] J’ai l’impression que si je leur donne un prénom courant, chaque lecteur potentiel (moi y compris) va y projeter ce que lui inspirent les personnes qu’il a connues sous ce nom, et ça me bloque. […] Curieusement, je trouverais plus facile de donner des noms à consonance anglo-saxonne ; c’est sûrement parce que je me gave de séries british et américaines, du coup j’ai l’impression qu’un nom français fait tout de suite « Plus belle la vie ». Sauf que dans une histoire qui se passe en France, une galerie de prénoms ricains, ça fait tout de suite beauf. Au secours ! […] Et pour les noms de lieux, c’est encore pire (bis)… comment en arrive-ton à imaginer Évanégyre, Azeroth, R’lyeh, Telara, que sais-je encore ?

Merci pour Évanégyre !

Ma foi… peut-être en acceptant qu’écrire, c’est choisir.

Les possibilités sont immenses dans l’écriture ; des milliers de choix se présentent à chaque instant, dans la construction de l’intrigue, les caractères des personnages – des choix plutôt conscients si l’on est structurel, plutôt inconscients si l’on est scriptural. Mais néanmoins toujours présents. Chaque définition d’un aspect de l’histoire, du décor, des personnages, que ce soit lors de la construction ou de l’écriture proprement dite, conduit à l’abandon de potentialités, de routes qu’on ne parcourra jamais car, hors formes expérimentales, la littérature est linéaire. Les noms ne font pas exception ; vient un moment où l’on est conduit à ce choix, et tout comme des aspects du décor, de l’intrigue vont résonner différemment en chacun, les noms sont porteurs de connotations.

Qu’en faire ? Commencer donc, peut-être, par les assumer. Puis, au lieu de les subir, en jouer ; choisir ces connotations par rapport à ce qu’elles nous évoquent et par rapport au but visé. L’inconscient associe fortement certains phonèmes à certains traits : il y a les sons durs, k, x, r ; les sons plus doux, a, i, l, les premiers appelant les archétypes correspondants d’âpreté, vaillance, courage ; les seconds plutôt dans l’harmonie, le calme, la beauté. (Ce qui explique que tant de noms féminins terminent en a.) Plutôt que de s’inquiéter du passé du lecteur avec certains noms, je crois – en particulier en fantasy – qu’il faut les déconstruire, se plonger dans l’étymologie et la psychologie associée aux phonèmes, pour les choisir en connaissance de cause.

Et d’ailleurs, quelle importance que le lecteur ait du passif avec certains noms ? Le personnage, s’il est bien campé, cohérent, humain, va venir remplacer les associations du lecteur. Il va prendre vie, et il ne sera plus une effigie en carton sur laquelle on viendra plaquer tous les Isidore de son passé ; il sera cet Isidore-là, avec sa vie, ses buts, son existence. S’il prend son envergure, bien entendu.

À moins d’avoir grandi dans un environnement bilingue, quelle que soit l’affinité ou la maîtrise qu’on en a, la langue anglaise n’est pas la nôtre. Elle est donc plus libre de ces connotations – pour nous. L’effet d’étrangeté, de différence, et surtout le fait que la culture anglophone domine la planète ajoutent au « cool », mais en vérité, ces même connotations existent pour les natifs de la langue et l’effet « cool » ne vaut que parce que nous sommes extérieurs – même avec une forte maîtrise de la langue. Il est intrigant de constater que tu regrettes les connotations de ta langue, mais n’as aucun problème à envisager l’anglais, malgré toutes les séries dont tu te gaves – et où, donc, les connotations sont forcément fortes. Le problème ne se situe-t-il justement pas au niveau de ton rapport à ta propre langue ? À tes personnages ? S’ils sont bien campés, si tu joues sur les phonèmes comme proposé précédemment, alors ils vont prendre l’ascendant sur ton vécu et ceux de tes lecteurs. Cet Isidore-là deviendra lui-même, il s’appropriera son prénom, au lieu d’être un chat orange citadin qui crie victoire. On peut voir un choix comme l’abandon de possibilités, mais je crois plutôt qu’il est le moteur de l’action. Sans choisir, on reste dans l’indéterminé, à contempler ce qui pourrait être ; mais rien ne se produit, alors qu’un choix volontaire – quel qu’il soit, bon ou mauvais – est le premier moteur, l’avancée sur un chemin dont on ne pourra déterminer qu’après coup s’il était bon, s’il a rempli les espoirs qu’on plaçait en lui. Je ne crois qu’on ne parvient à rien en ne faisant que réfléchir. Quelle que soit la préparation, vient un moment où il faut se lancer sur ce chemin, tester les situations, les rajuster si nécessaire ; et c’est le cas pour tout choix d’écriture, il me semble, intrigue, décor… et noms.

Comment invente-t-on un nom comme Évanégyre ? Certains noms viennent d’ailleurs, apportés en cadeau par les dieux ? l’inconscient ? la chance ? l’alcool ? Évanégyre fait partie de ceux-là, même si j’ai depuis déconstruit le processus : je voulais le nom d’un monde vaste, de fantasy, pouvant porter magie, épopée, aventure, sur la rotation des millénaires. Mon esprit m’a répondu avec ce nom, qui est – ai-je compris – un composé entre « évanescence » (pour le côté magie, autre réalité) et « gyre » (rotation, tournoiement).

Pour chercher des noms, les construire, mon processus est souvent le même : je laisse venir à moi les premières inspirations en fonction de l’atmosphère désirée. Je construis fréquemment une grammaire de base, des syllabaires dans le cas d’une culture fantasy étrangère, en définissant des règles de construction et les connotations culturelles liées aux sonorités (en m’efforçant de ne pas trop m’éloigner des langues occidentales pour ne pas totalement déraciner le lecteur). Puis je joue avec les mots dans ce cadre (tordant les règles si nécessaires pour suivre une direction prometteuse !) jusqu’à tomber sur quelque chose de visuellement attirant, qui sonne et surtout qui résonne en moi, comme exposé dans l’article précédent.

Bon courage !

2018-07-17T16:55:57+02:00lundi 13 octobre 2014|Best Of, Technique d'écriture|3 Commentaires

Compte-rendu de la masterclass à Lyon

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Auguste lectorat, je suis actuellement dans la salle d’attente du kiné pour me faire traiter l’épaule aux ondes de choc ; au lieu donc de proposer un compte-rendu moi-même de ces trois heures de présentation sur le métier d’écrivain réalisées dans le cadre de la convention Octogônes, je vais donc te diriger sur celui, très complet, que propose le Renard Loquace. Avanti!

2014-10-13T18:43:06+02:00mercredi 8 octobre 2014|Non classé|Commentaires fermés sur Compte-rendu de la masterclass à Lyon

Deuxième aperçu de la bande originale de Psycho Starship Rampage

psr_logoRappel des épisodes précédents : sous le nom Wildphinn, je réalise la bande-originale et le sound design d’un jeu vidéo indépendant intitulé Psycho Starship Rampage. J’ai pas mal travaillé en amont cet été, et tandis que le développement avance, je suis heureux de pouvoir proposer un deuxième aperçu de la bande-son, intitulé Space Graveyard. Un hommage au cinéma de SF des années 50 – sauf que là, le méchant vaisseau de l’espace venu tuer tout ce qui bouge, c’est VOUS !

N’oubliez pas de suivre les sites correspondants : Wildphinn / Ballistic Frogs.

2014-10-01T16:17:41+02:00lundi 6 octobre 2014|Alias Wildphinn|1 Commentaire

La photo de la semaine : Séoul au crépuscule

Pris depuis les hauteurs du parc Namsan, où sa tour offre une vision panoramique de la métropole et de ses montagnes intouchées, qui surgissent dans la masse urbaine comme de patients ancêtres.

Seoul at sunset

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2014-09-30T10:45:17+02:00vendredi 3 octobre 2014|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : Séoul au crépuscule

Autour de La Route de la Conquête : long entretien sur Elbakin

elbakinLes thématiques que vous explorez dans le cadre de cette histoire sont limpides et en même temps exprimées sans manichéisme ou autre. Avez-vous particulièrement soigné cet aspect ?

Oui et non… C’est un aspect qui me tient beaucoup à cœur, car je suis moi-même un lecteur difficile à passionner. Je tiens donc à ce que le récit soit le plus clair possible, mais aussi à ne jamais prêcher. Je ne suis surtout pas là pour cela; je suis éventuellement là pour poser des questions, mais surtout pour raconter une bonne histoire. Je ne construis pas ni n’architecture spécialement l’équilibre entre les thèses des différents peuples ou personnages; je ne me dis pas « Ici, il faut que A contredise B, sinon j’ai donné trop de temps de parole à B. » Je laisse les choses émerger, organiquement, des situations. Je construis simplement personnages et civilisations de la manière qui m’intéresse, et j’essaie de comprendre ce qui les anime afin de pouvoir le représenter fidèlement. Ensuite, je les fais se rencontrer. Et si je suis fidèle aux uns comme aux autres, des événements surgissent naturellement de la vérité de chacun. Je ne fais que les suivre.

Merci à Emmanuel Chastellière et au site de référence Elbakin pour ce copieux entretien sur La Route d la Conquête, où l’on parle du retour à l’écriture d’Évanégyre, de fantasy, de crise du livre, et même de jeu vidéo avec le futur Psycho Starship Rampage !

2014-09-29T21:15:29+02:00mercredi 1 octobre 2014|Entretiens|4 Commentaires
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