Qu’il est beau

Hé yeah, j’ai reçu mon exemplaire de l’artbook tiré du jeu de plateau Abyss, spendidement illustré par Xavier Collette, où figure la nouvelle courte « Obsessions« , et qui propose un très joli sommaire (David Calvo, Mathieu Gaborit, Thomas Hervet, Rozenn Illiano et donc ton humble serviteur, auguste lectorat) :

artbook_abyss

Superbe objet, et c’est vraiment très agréable de pouvoir admirer le travail splendide de Xavier, qu’on apprécie déjà dans le jeu, en belle taille. Je suis vraiment ravi d’avoir participé à cette expérience un peu différente.

La prochaine actu, c’est… ma participation à l’anthologie des Imaginales, dirigée cette année par l’illustre Jean-Claude Dunyach. Les infos sont déjà disponibles en ligne, pour qui sait chercher, mais je vais faire durer le suspense, comme ça, parce qu’en réalité, j’ai un mauvais fond.

2015-03-27T17:23:31+01:00mardi 31 mars 2015|Journal|1 Commentaire

Work in progress

Alors qu’avril frappe à nos portes, nous enjoignant de ne pas nous découvrir d’un fil (mais qui s’habille de fils ?), je voyage vers le Port d’Âmes, autrefois nom de code supertanker, plongeant dans le manuscrit et l’amenant à mes exigences actuelles de qualité et de narration, car ce fut une longue écriture, sur plusieurs années.

port_dames_manuscrit

C’est un vache de gros bestiau, à peu près de la taille d’un volume de Léviathan. Trop gros, d’ailleurs, à mon goût, pour cette histoire-là, et mon travail va principalement consister à couper, couper, couper, sans pitié et même avec joie, car je crois toujours davantage à l’efficacité d’un récit par la concision. C’est amusant, on constate assez souvent une évolution classique chez les auteurs, mentionnée par Zelazny lui-même : quand on fait ses premières armes, on redoute avant tout de ne pas être clair ou compris, et l’on termine par donner mille précisions, souvent toutes inutiles, quand l’essentiel demeure passé sous silence. Avec l’expérience – c’est en tout cas humblement mon impression – on sabre toujours davantage pour ne donner que le vrai signifiant. En un mot comme en cent, on lâche prise sur son récit. Car on fait confiance au lecteur pour établir la connivence – on lui donne seulement les éléments vitaux, et on lâche prise, ayant compris que l’histoire qu’il recréera dans son esprit sera forcément différente de celle qu’on imagine, et que, dès lors, le travail de l’auteur ne consiste pas tant à prêter à voir, qu’à donner à rêver.

2015-03-27T17:32:01+01:00lundi 30 mars 2015|Technique d'écriture|5 Commentaires

La photo de la semaine : jeunes cygnes

Cygnus chicks

Cliquez pour agrandir

Que disent deux oiseaux de cette espèce en couple ? « Fais-moi un petit cygne. »

Ne me cherchez pas, je suis déjà sorti.

(Pris sur la côte de l’île de Mull, dans les Hébrides.)

2015-03-26T10:43:30+01:00vendredi 27 mars 2015|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : jeunes cygnes

Débat aux Oniriques 2015 : Verne sous la mer

oniriques

Ce débat modéré par Spooky, avec Nicolas Le Breton, Xavier Mauméjean et moi-même traitait de l’imaginaire maritime en lien avec l’oeuvre de Jules Verne. Il s’est déroulé aux Oniriques 2015, et la captation réalisée par ActuSF est disponible ici.

2015-03-17T20:00:29+01:00mercredi 25 mars 2015|Entretiens|Commentaires fermés sur Débat aux Oniriques 2015 : Verne sous la mer

Un message du ciel

Or doncques, l’Église me spamme ma boîte aux lettres (je ne fais pas mystère du peu de cas que j’accorde à ses missives, ce qui se couple ici à l’agacement de vivre en principe dans une résidence fermée et donc inaccessible aux fâcheux).

Cela dit, je remercierai ici la Providence, car, visiblement, le bon ecclésiastique avait un nom prédestiné pour charger les boîtes aux lettres :

pouriel_eglise

Alléluia !

2015-03-16T21:30:51+01:00lundi 23 mars 2015|Expériences en temps réel|3 Commentaires

Le CNL imposera la rémunération des auteurs en dédicaces : pourquoi c’est une catastrophe (MIS A JOUR)

ERRATUM et MEA CULPA – si l’argumentation ci-dessous reste valide, les subventions ne concernent pas les dédicaces mais les animations. Cependant, cela pose un vrai problème dans le cadre de tables rondes / cafés littéraires / débats qui sont à distinguer des conférences. Un débat entre auteurs ne nécessite guère de préparation, puisque c’est le modérateur qui s’en charge. Là encore, ceux qui bénéficieront de l’exposition seront les mêmes. Voir les conditions ici. Merci à ceux qui ont corrigé sur Twitter ; et au temps pour moi, toujours retourner à la source (que j’ai, pour ma défense, cherchée mais sans trouver).

Hier, il était question de défraiement. Aujourd’hui, plus grave, une information qui semble être passée sous le radar collectif et qui est pourtant d’une importance primordiale : sous un an – soit demain, pour un événement culturel – le Centre National du Livre ne subventionnera plus que les événements prévoyant une rémunération pour les auteurs venant en dédicace.

Alors, quoi ? Champagne, festoyons, on se préoccupe enfin de la condition des auteurs ?

Non. C’est une catastrophe.

Organiser un festival littéraire est un événement coûteux, lourd, complexe. En général, les fonds proviennent de deux sources : de l’État (collectivités locales, structures comme le CNL) et/ou du festival lui-même (soit, en général, un prix d’entrée, mais aussi, par exemple, la location des stands).

Dans un cas comme dans l’autre, la renommée et la pérennité d’un festival est, quand même, en corrélation directe avec son succès (salut à toi, porte ouverte). Et comment faire venir du public à mon festival ? Avec une programmation qui fait envie, bien évidemment, soit des grands noms, des auteurs connus du plus grand nombre. Comme dans l’édition, on panache des oeuvres à public plus restreint avec des « locomotives ». C’est une saine gestion qui équilibre impératifs financiers et mission culturelle.

Mais, dès lors que, pour toucher les (vitales) subventions du CNL, un événement se doit de rémunérer les auteurs, cela entraînera mécaniquement et paradoxalement une réduction de son enveloppe budgétaire1. Entraînant des conséquences comme :

  • Une augmentation du prix d’entrée (voire un passage du gratuit au payant) – en une époque qui s’efforce de promouvoir la lecture, hausser le prix du ticket d’entrée est une tragédie pour les plus démunis ;
  • Surtout, des choix bien plus draconiens et sans risque sur les auteurs au programme.

En d’autres termes, qui va-t-on préférer, favoriser ? Les grands noms, les auteurs très grand public, les coups éditoriaux – contribuant par là-même (et sous la contrainte !) à réduire la diversité culturelle, à contracter toujours davantage le paysage éditorial vers la sécurité, à creuser le fossé entre les très gros vendeurs et les auteurs plus confidentiels ou exigeants, et entre les marchés (roman sentimental contre poésie, par exemple). En outre, ces auteurs à grand succès n’ont probablement guère besoin de ce genre de rémunération, par opposition à un auteur confidentiel ! De plus, quel festival soucieux de sa survie ira parier sur un auteur débutant, sur une jeune maison d’édition, sur un premier roman – alors qu’une certaine diversité règne encore, quand même, dans le paysage des événements en France ? Qui donnera au jeune auteur cette chance supplémentaire de percer, de rencontrer son public ?

Oui, le défraiement est un minimum, mais forcer les festivals à rémunérer pour obtenir les précieuses subventions n’entraînera que l’effet contraire à celui escompté : favoriser toujours la sécurité et faire de la littérature une affaire, soit d’écrivain rentier, soit de très, très grand public. À accentuer l’écart entre le mass media et les niches. Établir une forme de rémunération en échange du temps passé, admettons ; mais pas ainsi, pas sur cette enveloppe déjà serrée, surtout pas, alors que les temps sont durs pour tous ! À moins que le CNL ne prévoie un dispositif garantissant la diversité des invités, mais sur quelle base ? Et surtout, quel champion international d’échecs aura la puissance mentale pour mettre sur pied un système dont la lourdeur de gestion ne siphonnera pas toutes les économies réalisées ? Et quid des auteurs étrangers ? S’ils sont exempts de ce système, ne les invitera-t-on pas davantage – mais oui, très bien ; la langue anglaise a bien besoin qu’on la promeuve un peu plus2

Sous couvert de protéger les auteurs, cette réforme est une catastrophe pour la diversité du paysage éditorial, la lecture et son public. Pour une analyse plus poussée et plutôt bien équilibrée du problème, lire cette lettre ouverte de Lionel Destremau, directeur de Lire en Poche (Gradignan).

  1. Bien sûr, tout cela ne concerne pas les conférences, ateliers, animations et autres interventions nécessitant une préparation en amont, qui représentent un travail différent et valent donc une rémunération séparée, comme exposé hier.
  2. Ceci étant dit sans aucune animosité pour les auteurs étrangers, étant traducteur par ailleurs ; mais je constate justement tous les jours ou presque les dommages sur le français de l’acculturation anglo-américaine.
2015-03-18T10:36:37+01:00mercredi 18 mars 2015|Le monde du livre|3 Commentaires

Annonce de service : événement rime avec défraiement

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Auteur forcé d’improviser pour se rendre à un salon qui ne défraie pas (allégorie)

Bon, encore une petite note destinée à être conservée de côté, de manière à pouvoir m’y référer plus tard le cas échéant. Et cela, également, dans le but de faire gagner du temps à tout le monde.

Je suis ravi d’aller en salons, en festivals, et plus encore quand il s’agit d’événements que je ne connaissais pas, dans des lieux que j’ignorais ; j’aime le milieu de l’imaginaire, mais c’est très intéressant de voir parfois autre chose. En revanche, pour le dire sans détours : je demande toujours le remboursement des frais engagés, et je suis désolé mais cela conditionne toute participation.

Déjà parce qu’un événement, c’est un plaisir, c’est la possibilité de rencontrer des lecteurs, anciens et nouveaux, c’est la possibilité de parler de son travail, oui, mais c’est aussi du boulot. Les livres sont mon plaisir, mais ils sont également mon métier : quand je prends un week-end pour aller sur un salon, c’est autant de temps, par exemple, que je ne passe pas avec mes proches (ma compagne, mes parents, mes amis, ma PS4). Encore une fois, c’est une chance et j’en ai bien conscience, mais, si c’est une sortie pour les visiteurs, pour moi c’est travailler : c’est être souriant, réveillé, attentif, et ce même si j’ai passé une semaine pourrie, que j’ai mal au pied et que mon poisson rouge est mort hier – parce que vous n’avez pas à savoir ça. Ça n’est pas vos oignons, vous venez voir un mec sympa et ouvert, dans le cadre d’une manifestation (pour laquelle vous avez peut-être payé une entrée), pas un type qui fait la gueule. Si je ne suis pas pleinement disponible, alors autant que je reste chez moi. Quoi que dise la légende, quand on signe, on n’est pas là pour boire des coups toute la journée1, on bosse, dans la bonne humeur, mais on bosse.

Mais surtout parce que les auteurs gagnent peu sur les livres (10%, comme on l’a vu) et qu’à partir de là, le calcul est très simple : l’opération devient, pour moi, déficitaire effroyablement vite. Si je claque 200 € en déplacements, hôtel et call girls, c’est vite vu : je suis dans le rouge. Et il se trouve que, comme tout le monde, je n’aime pas tellement travailler à perte.

On pourra répondre « ouiii mais l’exposition ! les rencontres ! tu es rémunéré en pub ! » Déjà, consulter ce graphe de décision concernant cet argument, ensuite : j’y ai cru, oui, quand j’étais jeune et chevelu, mais c’est une grossière erreur. La ressource principale d’un créateur, c’est son énergie (donc son temps) et un bon gestionnaire va donc décider où l’investir. Nous avons tous un temps limité en ce bas monde. Or, le bénéfice retiré d’un salon à fonds perdus est clairement inférieur à un temps consacré, par exemple, à produire du contenu nouveau, ce qui est quand même le coeur du métier…

Donc, dans l’intérêt de faire gagner du temps à tout le monde, pour éviter les questions qui fâchent, je résume : je suis ravi de participer aux événements auxquel on m’invite, mais une invitation, justement, signifie prise en charge des frais. Ce qui inclut, sans se limiter à, l’hébergement et les repas s’il y a lieu, et surtout le déplacement2. Si vous ne pouvez pas, ou ne voulez pas, proposer ces conditions, je ne vous en veux pas, il n’y aucun problème, je suis très content que vous ayez pensé à moi, mais je suis navré, je déclinerai et ce presque à coup sûr. (Je dis « presque » parce que si le comité du prix Nobel ne défraie pas, OK, d’accord, je ferai un effort, mais c’est bien parce que c’est des Suédois et qu’ils ont inventé Ikea et le surströmming.)

Et puisqu’on est sur le sujet, toute intervention supplémentaire nécessitant une préparation (comme un atelier d’écriture) nécessite une rémunération séparée, parce que ça ne s’invente pas si on veut le faire avec sérieux (et c’est le but, non ?).

Voilà, navré d’avoir à le préciser, mais ça fera gagner du temps à tout le monde. Fin de l’intermède pénible, et que soient remerciés, en passant, tous les événements géniaux (et ils sont nombreux – il y a eu par exemple les Oniriques et Rue des Livres rien que ces dix derniers jours !) pour qui tout ce que je viens de dire est une telle évidence qu’ils risquent de se sentir insultés (pardon, ce n’est pas le but !).

  1. Enfin, pas que.
  2. Au-delà de 50 km de Rennes, à la louche.
2015-03-17T11:10:04+01:00mardi 17 mars 2015|Le monde du livre|6 Commentaires

Ce qu’on fait en café littéraire

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Entrez entrez, mesdames et messieurs, entrez et contemplez ce spectacle pas du tout unique au monde : un auteur qui va répondre à une question pour laquelle il n’est pas sûr d’avoir la réponse :

[Je viens d’être publiée et serai] conviée à des tables rondes… Et… Je me demandais si c’était possible que vous m’expliquassiez en quoi ça consiste exactement une table ronde… (à part que c’est un meuble relativement rond et relativement horizontal) Paske ça me stresse à mort et que je trouve personne capable de me répondre autre chose que « ben… c’est… Un truc… avec des auteurs. »

Déjà, félicitation pour la publication, et pour votre toute première table ronde, où vous pourrez montrer, devant un public ébahi et curieux, toute l’étendue de votre magique magnifique magnificence !

Alors, qu’est-ce qu’on fait en table ronde / café littéraire / panel etc. ?

J’ai une mauvaise nouvelle : c’est un truc avec des auteurs.

Mais en fait, ce n’est pas tellement une si mauvaise nouvelle que ça. De quoi parlent des auteurs quand on les met autour d’une table ? (En public. En privé, on sait bien que les auteurs ne parlent que de deux choses : d’argent et d’alcool.) Ils tendent à parler, en fait, là aussi de deux choses : mais – de ce qu’ils font et de ce qu’ils pensent.

Les « débats » (car une table ronde, c’est, en fait, un débat) sont en général de deux natures : parler autour d’un thème (parce que vous semblez vous y connaître un peu) et/ou parler autour d’un thème en relation avec vos livres (parce qu’en principe, vous vous y connaissez beaucoup). Il y a un aimable modérateur qui a préparé son sujet, lu autant que possible votre travail (s’il a eu le temps et les livres, les délais étant parfois très courts), et pose aux auteurs des questions qui sont, en réalité, plutôt des prétextes pour que vous permettre de dire ce vous pensez intéressant, voire ce qui vous tient à coeur. Bref, c’est une émission littéraire en live. Mais vous le savez déjà, n’est-ce pas – vous avez dû aller en salon littéraire et donc voir des tables rondes.

Des astuces pour réaliser cet exercice ?

Un débat, c’est avec un public, donc c’est pour le public. Des gens viennent vous voir, donc il s’agit qu’ils n’aient pas l’impression de perdre leur temps. Et comment fait-on cela ? Ma foi, c’est comme pour la formule d’un best-seller : on cherche toujours. Cela dit, des débats littéraires, vous en avez vu, donc, au-delà d’avoir une idée de ce que c’est, vous devez avoir une idée de ce qui vous a ennuyée ou intéressée. Que vous avez trouvé tel auteur antipathique ou sympathique (parce qu’il faisait des blagues ou au contraire restait sérieux, ou qu’il était didactique ou au contraire très pointu, etc.). Comme en écriture, je pense bêtement que la réponse se trouve dans votre sensibilité. Qu’avez-vous voulu faire passer dans vos livres, pourquoi, et donc, que voulez-vous faire passer de visu ? Qu’auriez-vous d’intéressant à apporter ? Comment ajouter de la « valeur » à l’échange ?

Et bien entendu, c’est aussi, clairement, un exercice théâtral, pour ce qui concerne l’expression, l’articulation, la voix – parler d’une voix monocorde en baissant les yeux avec un « heu » tous les trois mots captive moins l’auditoire qu’un orateur correct, c’est une évidence. Le cas échéant, faire une petite année d’improvisation théâtrale pour se rendre compte que parler en public, c’est bien moins impressionnant qu’il n’y paraît, peut aider. (Enfin, dans mon cas, il en fallu quinze, et je continue.)

À moins d’être un orateur né, on ne gagne pas cette assurance et cette habitude instantanément. Comme tout le reste, apprendre à être ce qu’on appelle dans le jargon « un bon client » et surtout à gagner suffisamment d’assurance pour, paradoxalement, réussir à le faire avec sincérité et honnêteté se fait sur la durée. Nulle autre que vous ne sait ce que vous voulez présenter au monde, et la réponse se trouve en partie dans la même question que pour la littérature. Je prends mon livre : je le lis, est-ce que moi, j’aimerais trouver cela, est-ce que j’aurais plaisir à le lire ? De même, est-ce que je suis honnête avec moi-même ET est-ce que j’aurais un plaisir sincère à me découvrir ? (L’un entraînant en principe l’autre, si l’on n’est pas un sociopathe mangeur d’enfants.) Cela peut sembler évident, mais, quand on est timide et/ou introverti, il est difficile de franchir ses propres barrières.

Un petit mot d’avertissement tout de même qui ne concerne que moi, mais quand même : je pense que la plus grande qualité d’un auteur en public est l’humilité, et son péché cardinal la prise au sérieux. Non pas la fausse modestie du genre « non mais vous voyez, je n’ai aucun mérite à avoir écrit cette décalogie philosophique, vous savez, il m’a suffi de faire trois thèses sur le néoplatonicisme appliqué à la théorie des quartiers étanches dans l’urbanisme nord-américain, tout le monde en est capable, olol » mais ne jamais oublier que nous écrivons des livres, soit la chose la plus importante (car il y a des idées dedans et une histoire qui donne du plaisir à des lecteurs) mais aussi la plus futile (c’est du divertissement et – il faut en être conscient – la postérité nous oubliera ; de toute façon, on ne sera pas là pour le voir). Bref, même si, comme pour tout le monde, notre sujet de discussion favori est nous-mêmes (davantage encore sachant que nous sommes des auteurs et donc des gens égocentriques – je vous assure, c’est dans la fiche de poste), je crois que la dernière chose qu’on veut entendre, c’est votre vie sans perspective. En revanche, s’appuyer sur là d’où vous venez et de vos livres comme un prétexte pour élever la discussion et ouvrir toujours davantage les réponses et les horizons, pourquoi pas ! Mais, entre un orateur passionné et imbu de lui-même, la différence peut être ténue – personnellement, c’est ma hantise.

Bref, à vous de donner le meilleur de vous-même pour proposer, à votre tour, au public un moment qui vous aurait intéressée vous. Bonne chance !

2019-08-28T21:38:12+02:00vendredi 13 mars 2015|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Ce qu’on fait en café littéraire
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