Donc, j’ai récemment quitté les réseaux commerciaux, redécouvrant il y a quelques années le plaisir de contrôler mon information, mes sources, mes intérêts au lieu d’avoir Facebook et Twitter qui cherchent à me faire réagir parce que « machin a liké ça » et « truc a commenté ceci ». Pour mémoire, ce que vous montrent les réseaux n’est pas calibré sur ce qui vous intéresse, mais sur ce qui vous fera réagir ; le but de ces entreprises, c’est de vous conserver le plus longtemps possible sur leur plate-forme, afin de vous montrer de la publicité.
Heureusement, il existe une meilleure manière de faire. En fait, elle existe depuis très, très longtemps, faisant partie des premières technologies du web : le RSS (pour Really Simple Syndication) est un protocole âgé de plus de vingt ans, mais toujours bien vivace, qui permet de suivre les sources d’information et les sites que l’on choisit, sans aucun autre algorithme que son libre arbitre et son goût personnel.
Le principe du RSS
C’est tout simple. Un site (comme celui-ci même, fantastique et merveilleux) propose un flux compatible. Tous les sites de bon goût, surtout de nos jours, en sont équipés.
L’utilisateur (c’est vous, c’est moi, c’est nous) s’abonne avec un service compatible, un « agrégateur de flux », qui garde la trace de tous les sites auxquels il ou elle s’est abonné.
Dorénavant, chaque mise à jour de tous les sites auxquels on s’est abonné apparaît dans l’agrégateur. Dès lors, il est possible de lire l’article si ça semble prometteur, de l’écarter dans le cas contraire, de l’exporter ailleurs pour le lire plus à son aise, etc. Car le RSS est un protocole standard.
Évidemment, tous les abonnements (tous les « flux » auxquels on s’est abonné) peuvent être organisés et classés comme on le souhaite : pour ma part, j’ai par exemple un dossier pour les actualités technologiques, un dossier pour les actualités littéraires, un dossier pour les blogs des copains, un dossier pour les sites débiles qui vident agréablement le cerveau, etc.
Une beauté de la chose est que tous les articles publiés ainsi sur les flux ont une date d’expiration : vous ne serez jamais submergé•e par 12000 mises à jour non lues, car les vieilleries disparaissent automatiquement (après un délai raisonnable, fixé en moyenne à 30 jours).
En gros : ça se consulte comme Twitter, mais avec vos sources, vos décisions, et sans personne qui vous engueule.
Comment ça marche ?
Eh bien, Jérôme Bonaldi1, c’est très simple. Certains navigateurs, comme Firefox, proposent une implémentation rudimentaire du RSS, mais je recommanderais, pour être à l’aise et apprécier la chose, de s’inscrire à un vrai agrégateur offrant moult avantages et fonctionnalités confortables pour bien profiter de l’expérience. Voici ce dont vous aurez besoin :
- Vous inscrire à un agrégateur de flux RSS (nécessaire, mais gratuit)
- Un chouette lecteur de flux (optionnel, payant, mais confortable)
L’agrégateur est donc la plate-forme qui collationnera tous vos abonnements, les ordonnera selon vos goûts, et interrogera les sites pour vous. Il fournira ensuite ces données selon une forme (assez) standard, lisible dans une application compatible. Mais comme les choses sont plutôt bien faites, la plupart des agrégrateurs fournissent aussi un environnement de lecture intégré, donc l’étape 2. n’est pas nécessaire en toute rigueur.
Le service gratuit le plus populaire dans ce domaine est Feedly. Le compte gratuit de base est extrêmement généreux (100 abonnements inclus), et l’agrégateur fournit des applications de lecture sur presque toutes les plate-formes. Si vous découvrez le système et voulez commencer à jouer avec, c’est le point de départ idéal.
Commencez par vous inscrire :
➡️ https://feedly.com/i/welcome
Et ajoutez par exemple votre premier flux, trop génial par essence :
➡️ https://lioneldavoust.com/feed
Vous consultez compulsivement des sites à la recherche de leurs nouvelles actualités ? Mettez-les dans Feedly. C’est exactement pour cela que ça a été conçu. Vous êtes à l’affût d’infos sur ce groupe moldovalaque qui produit un single tous les cinq ans ? Idem. Toutes les mises à jour se retrouvent au même endroit sans avoir à chercher partout.
Petite astuce : les flux des sites se trouvent en général toujours à la même adresse : http://nom-de-domaine.com/feed ou /rss. Et le plus simple, évidemment, consiste à rechercher l’icône du RSS sur le site d’intérêt (ci-contre) et cliquer dessus.
Passer power user
Maintenant, si l’on veut aller plus loin, le RSS un outil que l’on peut pousser et personnaliser de manière extrêmement puissante, jusqu’à construire une veille poussée, quel que soit le domaine. Feedly et ses concurrents (j’utilise pour ma part Inoreader) proposent tous des paliers d’abonnement payants (mais restant raisonnables à l’année) ajoutant quantité de fonctionnalités très puissantes. Par exemple, mon abonnement à Inoreader me donne, entre autres :
- La possibilité de programmer des recherches automatiques de termes sur tous mes abonnements (si je surveille un sujet ou un produit précis, par exemple) ;
- La possibilité de brancher des sites dans l’agrégateur même s’ils ne sont pas compatibles RSS ; il est ainsi possible de suivre des comptes Twitter de l’extérieur sans être membre de Twitter soi-même (intéressant pour les sites d’information… et les photos de chats) ;
- La possibilité de renvoyer ses newsletters à son agrégateur, pour éviter d’encombrer sa boîte mail et centraliser davantage les informations qu’on survole ;
Et j’en passe.
L’autre possibilité pour améliorer son expérience, évoquée plus haut, consiste à utiliser un lecteur de flux dédié, qui offre un confort de lecture souvent meilleur que les applications des agrégateurs (dont ce n’est pas la priorité : leur priorité, ce sont les fonctionnalités de veille). Cherchez « RSS reader » dans votre App Store préféré et vous tomberez sur des dizaines d’applications compatibles.
Pour ma part, sous iOS et macOS, j’utilise Reeder, qui n’est pas la plus puissante ni la plus jolie, mais elle offre l’énorme avantage de ne pas avoir succombé aux sirènes de l’abonnement. Pour un achat unique sur Mac et iOS, j’ai une application robuste, raisonnablement puissante et agréable qui me permet de consulter mes flux sur n’importe laquelle de mes plate-formes avec des repères identiques. Comme on dit au Québec, ça fait la job, et ça la fait bien.
Révoooolte
En ces temps où il est avéré que les réseaux monétisent nos données et manipulent l’opinion, et où, surtout, on se colle la rate au court-bouillon avec des inconnus pour une virgule de travers, les flux RSS offrent un merveilleux espace de silence et de libre-arbitre. Personne ne consulte à quoi vous vous abonnez et vous conservez le total contrôle de votre information. En résumé, le RSS, c’est le même plaisir de silence et d’espace mental que lire un bon livre, adapté au web.
- Pfiou le vieux. ↩
J’attends maintenant avec impatience l’article sur Usenet !
Blague à part, je ne comprends même pas comment on peut se passer de RSS.
J’ajouterais un petit truc sympa pour récolter à la volée des flux RSS. Un petit outil qui s’appelle feedhawk (sur iOS) et qui va chercher pour vous où sont les adresses des flux RSS., pour vous y abonner dans l’agrégateur de votre choix.
Haha, tout le monde sait que le seul vrai navigateur, c’était Lynx 😁
L’expérience m’a montré à mon grand étonnement que le RSS était souvent inconnu des vingt et trentenaires, qui comptent plutôt sur Facebook et Twitter. Alors que je suis bien d’accord, le RSS est mon mode de consultation primaire d’Internet !
Et merci pour le rappel de Feedhawk, hyper pratique en effet.
J’ajouterai simplement que les flux RSS peuvent aussi remplacer les réseaux commerciaux en permettant de suivre les commentaires publiés sur un article en particulier ou tout un site.
Il suffit, par exemple, d’entrer par exemple https://lioneldavoust.com/comments/feed pour suivre tous les commentaires de très haute tenue d’un site non moins exceptionnel.
J’ai ainsi commencé un petit réseau social personnel dont je maîtrise absolument tout…
C’est beau ! merci pour le tuyau !
Complètement, Germain, et merci pour le rappel. Je salue par ailleurs ton goût extrêmement sûr, preuve d’une appréciation certaine des réels plaisirs de la vie.
Suite d’une conversation orléanaise…
Je pose ça en commentaire de ton dernier article Geek, car tu n’as pas … encore… fait la pub de TBox. Bernstein organise un meetup virtuel le 29 août sur TB et le zettelkasten!
https://forum.eastgate.com/t/next-zoom-meetup-2020-08-29/3530
Merci d’avoir suivi la conférence sur la procrastination et d’être venu à la convention, et ravi qu’on ait pu discuter un peu outils ! Je n’ai pas encore parlé de TBX car je ne me sens pas encore suffisamment expert, mais je suis en train de le creuser pour organiser le dénouement très complexe de L’Héritage de l’Empire et je l’apprécie de plus en plus. Merci d’avoir posté le lien ! Très curieux de voir ce que ça va donner.