Une toute nouvelle retraite créative pour « Bâtir sa fabrique à histoires » (24-28 mars)
Je suis hyper hypé (c’est vous dire) à la perspective de proposer une toute nouvelle retraite créative / stage intensif sur une semaine en 2025, sur un sujet que je ne crois pas avoir beaucoup vu enseigné en France, et pas du tout dans la sphère littéraire : organiser de A à Z son système créatif, mêlant idées, savoir, construction et production.
« Comment organiser mes idées ? Par quel bout prendre mon histoire ? Comment capturer tous les projets que je voudrais faire sans me noyer ? »
Ces questions animent quantité d’auteur·ices à tous niveaux d’expérience. L’esprit est une formidable machine à imaginer, mais mettre en ordre ses idées pour les concrétiser est beaucoup plus anxiogène. Heureusement, il existe des outils et des méthodes pour cela : le découvrir, les apprivoiser et, surtout, se les approprier forment l’objet de cette retraite, et ce sur la base des projets de chacun·e.
En gros, c’est la mise en pratique de tout ce que j’accumule sur ce sujet depuis cinq ans, partant de méthodes anciennes et analogiques comme le Zettelkasten, transformées et appliquées aux besoins de la création, et confiant aux outils modernes la plupart de la maintenance. L’idée, c’est de proposer des approches pratiques et simples pour, en un mot comme en cent, vaincre l’angoisse de la page blanche, gérer des projets de toute taille, et donner à ses envies créatives le maximum de liberté d’expression. On peut tout porter avec ces méthodes, de la courte nouvelle à la saga de la complexité de « Les Dieux sauvages » et d’Évanégyre au sens large. (Testé et raffiné au quotidien.)
Mais, contrairement à l’énorme complexité qu’on peut porter avec ces approches, la retraite et les méthodes proposées sont extrêmement simples : pas d’angoisse là-dessus. Je ne vous donnerai pas « la » parole et « la » façon de faire pendant cette retraite, mais les raisons pour lesquelles on peut se noyer dans sa création, au point de la fuir avec angoisse (been here, done that) et comment on peut y remédier avec des approches simples à la puissance décuplée par l’ère numérique. C’est leur application systématique et la mise en commun de toute idée ou notion dans le même environnement qui en débloque la force. Et si je vous proposerai des outils pour commencer, le but est que vous partiez de la retraire avec des principes, personnalisables pour vous, avec les outils que vous souhaitez.
Pour le dire autrement :
- Je ne vais ❗️PAS❗️ vous vendre une vault Obsidian compliquée reposant sur cinquante requêtes Dataview et la nécessité d’apprendre le CSS et MySQL. Faut arrêter avec ça.
- Je vais vous exposer un tas d’idées simples, qu’on va mettre en pratique certes à l’ordinateur parce que c’est plus pratique, mais que vous pouvez appliquer avec des carnets et un crayon sans jamais toucher un clavier1.
Et cela se déroulera dans un cadre fantastique, chez Parenthèse Tiny House, en forêt d’Orléans, au vert et au calme, pour une semaine à consacrer exclusivement à son art (bon, et à aller donner à manger aux moutons aussi parfois, si on veut) dans une tiny house rien que pour soi. Les journées se dérouleront de la façon suivante :
- Un matin avec présentations des notions et méthodes et/ou travaux pratiques en commun
- Une après-midi avec un exercice long de mise en pratique et de réflexion
- Un temps de débriefing le soir sur les leçons de la journée.
Et plus en détail :
Attention, la retraite est strictement limitée à dix places. Ne tardez pas pour vous inscrire : il nous a fallu refuser du monde sur toutes les retraites précédentes…
➡️ Le programme détaillé avec les infos logistiques
➡️ En savoir plus sur Parenthèse Tiny House
- Alors oui, on utilisera Obsidian, mais pas tous les jours et uniquement dans sa version de base, pour deux raisons pratiques qui n’ont rien à avoir avec l’app : pour que tout le monde utilise le même environnement pendant la retraite, et parce que c’est gratuit. ↩
Ce dimanche à 10h : Lectures et conversations en ligne autour du fantastique
Dimanche 24 novembre se tiendra une chouette journée de tables rondes en ligne intitulée « Songes d’un jour de pluie », mutation du festival Nice Fictions, autour du fantastique. Un festival directement chez vous, c’est plutôt sympa !
J’aurai le plaisir de participer au lancement à 10h, pour un échange et des lectures avec Stéphane Croenne, Anouchka Labonne, Chantal Robillard et Ketty Steward. Animation : Cenlivan·e.
À suivre en ligne ou bien ci-dessous :
Bien sûr, allez consulter le programme de toute la journée « Songes d’un jour de pluie » pour passer la journée au chaud avec un chat d’Ulthar sur les genoux et rêver à R’lyeh l’endormie.
Procrastination podcast s09e05 – En public avec vos questions à l’Ouest Hurlant – partie 2
Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e05 – En public avec vos questions à l’Ouest Hurlant – partie 2« .
Le festival des cultures de l’imaginaire l’Ouest Hurlant à Rennes reçoit toute l’équipe de Procrastination et surtout VOUS : l’invité du podcast sur cette saison, c’est vos questions, vos interrogations, avec trois réponses contradictoires pour le prix d’une !
Merci à l’Ouest Hurlant et toutes ses équipes de nous avoir invité·es et de nous avoir donné une salle et une heure pour rendre ces conversations possibles. C’est un splendide festival qu’on vous encourage à suivre !
- https://www.ouest-hurlant.com/
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- http://ouesthurlant.lepodcast.fr pour retrouver les tables rondes des éditions passées !
À présent, nous parlons d’organisation de notes, de recherches et de leur mise en action : applications, ressources et carnets.
Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :
Bonne écoute !
WordPress permet maintenant le microblogging ? + partage sur Bluesky
1. Jetpack est maintenant compatible Bluesky
Alleluia, les dieux obscurs et fantaisistes du développement web nous ont entendus :
Bluesky, qui est l’anti-Twitter/X/Shitter en ce sens qu’on y trouve toutes les fonctionnalités qu’on aime (l’immédiateté, l’interaction) et aucune de celles qu’on déteste (Elon Musk, un algorithme de merde), a vu sa fréquentation jaillir depuis le funeste mardi dernier :
Si vous avez le plugin officiel WordPress Jetpack, il est maintenant possible de partager nativement ses articles sur Bluesky en plus de tous les suspects habituels (Facebook, Instagram, Threads, Mastodon…). J’ai testé dans l’intervalle des tas de solutions tierces, mais franchement, leur fiabilité était douteuse ; la seule manière fiable que j’ai trouvé pour relayer automatiquement le blog sur le papillon était jusqu’ici un bot tournant sur le Docker de mon NAS, ce qui n’est pas spécialement une solution grand public.
Jetpack est malheureusement très vite payant (et cher), mais j’apprécie de pouvoir arrêter de me prendre la tronche (et de pouvoir arrêter Docker, qui ne servait qu’à ça sur mon NAS). Et puis, en Australie, ça entre dans les frais professionnels, donc j’ai accepté de cracher au bassinet.
2. WordPress comme solution ultime de microblogging ?
Corollaire, l’autre jour, j’ai découvert ça :
Jetpack a ajouté une fonctionnalité (toujours en bêta) appelée Social Notes. Ce sont des micro-messages, des articles sans titre, revenant à des tweets ou des posts Facebook, mais que l’on poste sur son blog. Là où c’est simple et génial, on peut évidemment les programmer et les partager sur les réseaux susnommés, soit : on a le meilleur des deux mondes, on reste en possession de son contenu, tout en interagissant avec les utilisateur·ices des réseaux en question. Pour être juste, on pouvait sans doute déjà faire ça avec des plugins ou des custom post types, mais là c’est tout simple et spécialement prévu pour.
La fonctionnalité est encore assez brute de décoffrage (pas d’intégration dans l’app mobile Jetpack, par exemple) et je n’ai pas encore trouvé comment entremêler ces notes avec le blog ; pour l’instant, elles sont archivées dans une catégorie à part.
L’idéal est donc de poster ses nouvelles sur son site, et que ça soit relayé sur les réseaux, de manière à utiliser ceux-ci comme tête de pont et non comme prison, ce qui devrait être l’attitude raisonnable en 2024 face aux multiples exemples de Facebook et de Shitter.
La Succession des Âges continue d’approcher… mais pas tout à fait encore – point d’étape
Bon, hélas, j’ai (encore) une mauvaise nouvelle, mais je crains que La Succession des Âges ne puisse pas encore tout à fait sortir au printemps 2025. J’ai arrêté de promettre mes grands dieux – « cette fois, c’est sûr, ça sortira à l’automne 2024 ! » – parce que l’envergure de l’engin dépasse tout ce que j’ai pu faire / imaginer. Je constate, avec recul, que je suis en train de faire le boulot d’une trilogie à part entière dans un seul roman. Et en termes de taille, je suis incapable de vous expliquer la forme physique que ça prendra. À ce stade, je suis obligé de me détacher de toute considération de fabrication ou de calibrage pour tenir sur la durée et : réaliser cette histoire de la meilleure façon possible, telle que je crois qu’elle doive exister.
On verra ensuite ce qu’on peut faire, et j’ai la chance immense d’avoir une maison d’édition formidable qui m’accompagne dans mes délires. (Le fait que vous aimiez et attendiez cette série en masse aide énormément aussi – ça nous aide à avoir un peu de marge de manœuvre pour tenter des trucs un peu fous. Merci.)
Parce que. Bon. Voilà.
Plutôt que vous faire encore des promesses, je vous propose qu’on fasse le point sur ce qui se passe en toute transparence. Note en passant : je travaille à plein temps sur ce bouquin, mais ma vie perso a exigé régulièrement plusieurs mois d’une attention soutenue pour : me marier, réaliser les démarches complexes de mon émigration en Australie, organiser et réaliser le tri des affaires d’une vie pour les envoyer là-bas, et m’établir ici. On ne soupçonne pas la quantité de choses qu’on peut pour acquises quand on est installé dans sa vie, du genre : avoir le bon câble de charge pour tel appareil (l’Australie utilise les prises de courant chinoises…), savoir comment l’on réalise telle démarche administrative, etc. Le bouquin a subi des retards à cause de ça aussi, mais à un moment, malgré mes meilleurs vœux, je ne suis pas énergie pure, et la vie doit vivre.
Donc, sous vos yeux ébahis, voici un aperçu du classeur Scrivener de « Les Dieux sauvages ».
La réalisation d’un texte de cette envergure passe environ par trois grandes étapes :
- La production du texte à proprement parler (duh), ce qui passe par l’idéation (on fait quoi ?), la construction (on le fait comment ?) et évidemment la rédaction.
- Les corrections personnelles : je reprends et évalue ce que j’ai fait, et lui donne une forme aussi finale que possible, avec intégration des retours des bêta-lecteurs.
- La correction éditoriale : j’ai accompli le meilleur effort possible, je passe maintenant ça à ma fantastique directrice d’ouvrage, Florence Bury, avec qui nous porterons le tout plus haut encore ensemble.
La Succession des Âges comporte 8 gros actes projetés. Pour pouvoir commencer à alimenter Florence en amont en raison de l’envergure invraisemblable du travail, j’ai fait une pause dans la rédaction à la fin de l’Acte VI pour effectuer mes corrections personnelles et terminer la rédaction en parallèle du retravail éditorial (ça paraît de la haute voltige comme ça, mais on l’a fait sur tous les tomes à partir du 2. C’est plus efficace comme ça). J’en suis là :
Les Actes I à V ont été rédigé et corrigés (étapes 1 et 2). Dans ce processus, le manuscrit a perdu près de 500 000 signes, soit l’équivalent de la moitié du tome 2, alors que j’ai rajouté des scènes… Un colossal travail de dégraissage, de concision, d’efficacité, de recentrage de l’énergie de l’intrigue. J’avoue que je ne suis pas peu fier d’avoir réussi ça.
L’Acte VI est rédigé, je dois le corriger (étape 2 en cours). C’est l’un des plus gros du bouquin à ce stade, et je sais qu’il a besoin de coupes et de recentrages sur les enjeux. Je sais aussi globalement où, donc y a pu qu’à.
Les Actes VI, VIII et les épilogues doivent encore être rédigés (étape 1). Sachant que, bien évidemment, je sais ce que je vais y faire… J’arrive à la fin que j’avais envisagée dès mes premières réflexions sur cette saga en… 2016. La majeure partie des fils possède déjà son architecture de détail, je sais l’ambiance que je vise, il reste des points de logistique à organiser, mais globalement, je vais surtout avoir affaire à une longue phase de rédaction finale (puis de correction personnelle).
Je sens aujourd’hui très clairement ce que j’appelle « l’appel d’air de la fin ». C’est-à-dire : la majeure partie des choses sont à présent décidées et figées ; la rédaction a depuis longtemps franchi le point de bascule où elle s’entraîne avec son propre élan. À l’échelle d’un projet aussi dingue, ça n’est pas aussi simple que laisser filer l’écriture – I wish – mais assurément, la dynamique du projet est dans sa phase de descente et d’atterrissage. La ligne d’arrivée, bien que lointaine, est en vue ; la complexité s’est suffisamment réduite pour pouvoir commencer à habiter tout entière dans ma mémoire de travail. Et, après le travail invraisemblable de ce livre et l’épuisement qu’il a déclenché en 2021, je vous avoue un immense soulagement.
Et donc, on continue.
Le monde est différent. Nous pas.
Well, fuck.
John Scalzi
Je ne vais pas prétendre que j’ai une grande analyse profonde à vous proposer alors que le monde entier a la gueule de bois, que nous sommes innombrables à être terrifié·es du monde dans lequel nous nous réveillons aujourd’hui et de ce qui nous attend pour les quatre ans à venir.
Une pensée cruciale, cependant : il est indispensable de ne pas baisser les bras. Je sais qu’on en a tou·tes gros sur la patate, que le monde est vraiment très très compliqué, est-ce qu’on pourrait calmer un peu le manège un moment s’il vous plaît – il est sain et normal de se poser un peu avec ses émotions, d’accepter qu’on vient de prendre une brique sur le coin de la gueule et que ça fait mal, deux secondes, je dis aïeuh, je suis à vous dans un instant.
Cependant, la vie n’est pas finie, la civilisation n’est pas vaincue, le monde n’est pas mort. Je sais que c’est extrêmement tentant de penser ou de parler ainsi, parce qu’on en a marre, mais les mots ont du pouvoir, et si nous commençons à les dire, même de dégoût, ils finiront, à force, par prendre de la réalité. Nous créons notre environnement autant qu’il nous façonne.
That is very much how autocracies take hold. People get tired of fighting. Mass withdrawal from the public sphere is the foundation of autocracy.
https://talkingpointsmemo.com/edblog/status-check-before-midnight – emphase de mon fait
L’avenir peut sembler bouché, le monde épouvantable, et ils le sont à bien des degrés. Les droits de tout ce qui n’est pas hétéro, cis, homme, blanc et riche, l’équilibre géopolitique, le climat, tout ça se trouve en très réel danger. La colère envers les irresponsables qui ont voté pour un criminel fasciste est légitime. Mon cœur saigne pour tous les amis qui se trouvent là-bas et les innombrables personnes qui ne voulaient pas de lui.
Pour essayer de nous donner une lueur d’espoir, rappelons-nous que :
- Dans les années 1950, le McCarthysme battait son plein avec l’existence d’un comité jugeant les activités anti-américaines (HUAC).
- Dans les années 1960, la crise de la baie des Cochons a amené le monde au bord de la Troisième Guerre Mondiale.
Le monde a survécu, et ce qui passe pour notre civilisation aussi.
Ce n’est absolument pas pour minimiser et dire que tout ira bien – non, parce que l’élection de Trump et ses doctrines vont faire, et font déjà plus que ravages : des morts. Et ça n’est que le début. Mais sa présence n’est pas une fatalité, un signal d’extinction. L’humanité a déjà connu des crises graves, et elle est encore là, grâce à la décence, aux bonnes volontés, aux personnes courageuses qui ont gardé un compas moral.
La seule véritable catastrophe consiste à jeter l’éponge. Ne le faisons pas, où que nous soyons. Tou·tes, à notre échelle, nous devons résister, par la pensée, la parole et l’acte.
Et, en passant, l’une des leçons les plus immédiates et tellement faciles à retirer pour nous dans le reste du monde, c’est qu’il faut voter. Les extrémistes vont toujours aux urnes, et quelle que soit l’opinion qu’on pouvait avoir de Kamala Harris, la situation était claire : dans un cas, il y avait une candidate respectueuse du processus démocratique, des institutions de son pays, dans l’autre, un autocrate avéré, condamné plusieurs fois, leader d’une insurrection, qui cite Hitler tranquille.
Ce n’est pas la même salade. Du tout. Et si la France ou d’autres pays se trouvent confrontés à ce même genre de situation, j’espère que nous aurons collectivement la clairvoyance de le constater, quelle que soit l’opinion qu’on peut avoir de « l’alternative ».
Les votes comptent. Les États-Unis vont endurer quatre ans (on espère que ça se limitera à ça) très douloureux, et le monde aussi, par voie de conséquence. Qu’il le veuille ou non, ce pays montre le chemin au monde: maintenant qu’ils ont fait cette erreur colossale, ne la faisons pas à notre tour. Et ça peut être, parfois, aussi décisif que bouger son cul en nombre pour éviter qu’une pure ordure se retrouve élue par défaut.
Testons Apple Notes pour faire une base de connaissances en 2025
Le meme est connu.
Mais a-t-il une quelconque valeur ? Toujours à la recherche de l’organisation magique qui, évidemment, réglera tout problème de concentration, m’octroiera la clairvoyance ultime façon fin de 2001, et accessoirement rendra plus claires la myriade d’idées et de trucs que je garde en tête pour « Les Dieux sauvages », j’ai fini par me dire : eh ! Et si j’essayais Apple Notes ? On peut faire des liens entre notes façon wiki / Zettelkasten, maintenant…
Pourquoi c’est bien
En effet, Apple Notes offre des tas de trucs grands et petits qui rendent vraiment la vie plus facile, grâce à l’intégration profonde au système. Déjà, c’est la seule app à offrir une réelle intégration poussée entre écriture manuscrite et texte tapé. Il est facile et réellement agréable de prendre des notes à la main sur son iPad grâce à un très bon jeu d’outils d’écriture manuscrite, puis de passer sur son Mac pour les mettre en forme au clavier, et les deux types de contenu se mélangent proprement dans la majeure partie des cas. Évidemment, la reconnaissance de caractères est présente.
Je n’avais jamais vraiment essayé de mélanger les deux modes de travail, mais c’est extrêmement alléchant. La liberté offerte par la réflexion manuscrite s’allie à la tranquillité de tout retrouver au même endroit, au lieu de se trouver séparé entre apps, ce qui nuit à la distillation des idées dans leur forme définitive. Imaginez : vous griffonnez des trucs sans suite dans le même environnement où ces trucs vont peut-être donner une structure, une histoire, une saga. C’est difficile d’en revenir.
Comme mentionné plus haut, on peut aussi faire des liens entre notes (ce n’est pas nouveau, mais ça reste obscur pour pas mal de monde) : il suffit de taper >>
dans le texte et l’app suggère une liste de notes récentes, ou bien l’on peut en créer une nouvelle. Les liens sont également renommés partout automatiquement si l’on renomme la note d’origine.
Notes propose d’organiser ses données par dossier et/ou par tag, et permet même de faire des requêtes simples pour créer des vues dynamiques de ses informations (« Montre-moi toutes les notes modifiées le mois dernier dans ce dossier avec ce tag »), dites « dossiers intelligents » (comme dans Mail ou le Finder).
La capture d’idées au vol dans Notes est extrêmement rapide, intégration au système oblige, avec la fonction des « notes rapides » accessible partout dans macOS et iOS, et inclut même à présent le dictaphone ! Pour meumeumer des idées de morceaux, c’est très pratique. Et sur iPad, on peut même configurer sa tablette pour ouvrir une note manuscrite depuis l’écran verrouillé rien qu’en tapotant l’écran avec son stylet, comme un bon vieux bloc-notes analogique (ou une tablette reMarkable). Toutes ces petites fonctionnalités réduisent la friction et permettent de faire chanter l’app sous ses doigts. La la la.
Enfin, si l’on a activé la protection avancée des données, toutes les notes sont chiffrées de bout en bout.
Mais c’est encore un peu branlant
Dans ce test, je me suis dit rapidement : « yeah, mais en fait, le meme a raison : les grandes personnes utilisent Apple Notes ». Et puis… argh. La friction qu’on enlève d’un côté, d’une façon très Apple, on la retrouve de l’autre, d’une façon hélas… très Apple aussi, en tout cas l’Apple des dix dernières années qui laisse des bugs ou des oublis incompréhensibles en place pendant des années.
Déjà, et c’est l’énorme point noir, la synchro fait un peu peur. C’est iCloud, on en a parlé, et dans mes tests sous iOS 18.à et macOS 15.0, j’ai eu des notes complexes (mélangeant donc plusieurs pages d’écriture manuscrite et du texte) qui, oh ben comme c’est surprenant, refusaient de se synchroniser. Depuis les versions .1, ça semble s’être débloqué dans mes tests ultérieurs, mais j’ai toujours un peu l’impression de conduire ma vieille bagnole avec iCloud : des jours elle démarre, des jours non. Or moi, j’ai besoin d’aller quelque part.
Ensuite, la performance de l’app fait peur aussi. Mon iPad Pro M4 flambant neuf chauffe comme ma vieille Surface Pro quand j’écrivais à la main dessus il y a dix ans, ce qui est complètement inacceptable, et l’app iPadOS lag aléatoirement (probablement en raison de la chauffe). Quand ça marche, c’est génial. Mais des fois, comme avec iCloud, ça tousse, et si j’accepte les compromis d’une app simple, j’attends une performance impeccable (c’est ce qui me ramène toujours à Bear).
Le formatage du texte est… bizarre ? Il semble que ça soit du texte riche, l’app propose des styles par défaut, donc ça ressemble de loin à un formatage standard, mais en fait non, on se rend compte qu’on peut changer absolument tout, comme la police et la taille du texte, mais seulement sur Mac, donc il y a des styles, mais ça n’est pas aussi propre que du Markdown… Bref : c’est bizarre.
Y a des tas de petits bugs ou de petites limitations. En vrac, les trucs rencontrés dans mon usage : les notes rapides permettent d’ajouter un lien au contexte où l’on se trouve (app, page web, mail) pour y revenir ensuite mais ils sont régulièrement inexacts entre plate-formes (le lien iOS ne marche pas correctement sous Mac) ; les tags ne sont pas hiérarchiques ; commande-clic sur un lien de note ne l’ouvre pas dans une nouvelle fenêtre, ce qui est vachement important pour manipuler rapidement ses notes ; on ne peut pas mettre les dossiers intelligents dans des dossiers normaux ; l’historique Annuler / Rétablir est vidé à chaque changement de note, ce qui augmente le risque de mauvaise manipulation irrécupérable ; on ne peut pas imprimer sur Mac plus que la page 1 d’une note contenant de l’écriture manuscrite… Rien de bien rédhibitoire individuellement, mais à force, ça fait beaucoup, et c’est agaçant de trouver des portions tellement propres et léchées de l’app, des moments où l’on se dit « wahou, c’est trop bien pensé » et d’autres qui arrêtent avec un « quoi ? on peut pas faire ça ? mais what the otarie ? »
Enfin, et c’est le point le plus ennuyeux à l’heure actuelle pour une base de connaissance : Apple Notes ne propose pas de backlinks (de lien retour), c’est-à-dire une section montrant toutes les notes dont les liens pointent vers celle sur laquelle on travaille (ce qui n’est pas rigoureusement indispensable, mais tellement pratique). Il existe cependant à ma connaissance trois façons d’importer cette fonctionnalité :
- Avec les apps ProNotes ou Alto.computer (uniquement sur Mac) qui ajoutent des boutons discrets à l’interface pour proposer une liste de liens retour,
- Ou avec un Raccourci malin qui fait une recherche dans la base sur le titre de la note (je l’ai vu faire, je n’ai pas d’exemple tout fait à proposer)
Mais ça veut dire dépendre d’un outil tiers pour une fonction considérée incontournable par beaucoup… Et c’est fâcheux.
On fait quoi ?
Évidemment, les projets de développement pour cette app étant encore plus opaques que la volonté de Zeus, vous avez la totale liberté de sacrifier une biche pour lire ses entrailles et voir si Apple projette un jour de remédier à tout ça, ou bien si ça va rester en l’état pendant les douze prochaines années.
Sur le papier (électronique), Apple Notes offre ce qui s’approche le plus du Graal : une app qui fait tout suffisamment bien pour proposer un jeu de fonctionnalités cohérent, certes moins puissant que pour d’autres outils spécialisés (pas de vue graphe à la Obsidian, mais ça n’est pas l’idée), mais dont l’intégration produit plus que la somme des parties. Hélas, l’érosion de l’assurance qualité d’Apple se fait sentir assez fort ici, et le verrouillage des données sous un format propriétaire (on peut toujours exporter, mais ça n’est pas aussi portable qu’un bon vieux fichier Markdown) me rend vachement frileux.
L’année prochaine, peut-être. S’ils ajoutent les backlinks, par exemple… va falloir discuter.