Humide si mouillé

Aaaah, panneaux de sécurité dans les pays anglo-américains, mes amours contrariées, destinées plus à la protection juridique qu’à la protection des personnes.

Or doncques :

slippery_1

D’accord. Okay. Oui, c’est, heu, c’est vrai.

… mais, attends, recule :

slippery_2

ATTENTION LA DOUCHE PEUT PROJETER DE L’EAU QUI FINIRA SOUS TES PIEDS SI ELLE VIENT SUR TA TÊTE.

Newton approuve.

Difficile de ne pas penser à ce grand classique.

2014-08-19T11:42:16+02:00mercredi 20 août 2014|Expériences en temps réel|5 Commentaires

Pizza lifehacking

Voici ma vie :

« Bonjour, je voudrais commander deux pizzas, au nom de Davoust.

— D’accord, monsieur Badouste.

— Non, Davoust.

— Pardon, Pavouste ?

— Non, Davoust.

— Ah, Labrouste.

— Non, Davoust.

— Ah OK, Ladouste.

— Non, Davoust.

— Ah d’accord, Sabouste.

— Vous savez quoi, laissez tomber. Mettez plutôt… »

bobby_pizza

Haaaah.

2014-07-25T12:07:57+02:00mardi 29 juillet 2014|Expériences en temps réel|4 Commentaires

Un couple improbable

« J’apprécierais que tu ne profites pas de la moindre occasion pour toujours mettre en avant tes spécificités ethniques, maugréa Eladiel. Il me semble que la situation est largement plus grave. La solution à tous les problèmes ne passe pas forcément trente mètres sous terre.

— Je ne ramène rien du tout ! » protesta Balwina. Elle se gratta la barbe où subsistaient encore des miettes de pain de voyage et pointa l’horizon du doigt. « Tu sais pourquoi on appelle cette forêt la Forêt Sans Retour ? Tu t’en doutes, de l’explication, ou te faut un poème, des choristes et trois joueurs de harpe ? »

Eladiel plissa son nez au profil parfait et la tristesse traversa ses yeux verts.

« Ce n’est pas la peine de ramener cette vieille histoire, murmura-t-il. C’est du passé.

— Le passé, mes fesses. Maman ne t’a jamais pardonné. Si j’y réfléchis bien, c’est probablement là que tout a commencé à dégénérer entre nous. Le jour même de notre mariage ! C’est qui qui la ramenait avec ses spécifictés ethniques ? » La naine secoua la tête. « Elle m’avait prévenue, pourtant. Pauvre maman. J’aurais dû l’écouter.

— Tu l’as si bien écoutée que tu t’es laissée convaincre qu’un elfe et une naine n’avaient rien à faire ensemble ! » Eladiel avait des trémolos dans la voix.

« Et allez, c’est reparti, grogna Balwina en levant les yeux au ciel.

— Reparti ? Vraiment ? Parlons-en, de repartir. Si je t’insupporte tant, pourquoi es-tu venu me chercher ? Tu n’avais pas d’autres… » Ses lèvres bougèrent un instant sans qu’aucun son n’en sorte. « D’autres camarades de beuverie à emmener ? Vous auriez été bien, entre vous, à comparer des plans d’excavation et à aiguiser vos pelles ! Pour ce que tu m’en roulais, de toute façon ! »

Eladiel ouvrit de grands yeux, choqué par son propre accès de colère. Balwina elle-même le regarda d’un air nouveau, pas tant heurtée par la formulation que par le fait qu’elle ait pu franchir les lèvres de son ex-mari.

« Tu vas pas pleurer, quand même ? » fit Balwina.

Eladiel renifla, les yeux rouges.

« Nan. »

La naine poussa un long soupir.

« Ca te ferait plaisir qu’on passe par la forêt ? »

L’elfe acquiesça, puis détourna la tête en contrôlant sa respiration pour masquer son émotion. Balwina leva les yeux au ciel et rectifia la position de sa hache sur son épaule.

« Allez. Passe devant. »

Déclencheurs : 20′ d’écriture, 

exposer des informations par le dialogue entre un elfe et un nain, 

sachant que le nain veut passer par la montagne, et l’elfe par la forêt. 

2014-07-03T09:46:39+02:00jeudi 3 juillet 2014|Expériences en temps réel|3 Commentaires

Deux-Souris l’émissaire

La foule était dense sur la place du village. Les corps massés autour de la tribune dégageaient presque une vapeur visible dans la lueur des torches et le froid de l’hiver, semblables au bestiaux vendus le dimanche au marché.

« Moi, je dis qu’il faut surtout pas bouger! » proclama une voix en colère dans l’assemblée. Dirk, le forgeron, un solide gaillard curieusement pusillanime pour quelqu’un dont le métier consistait à battre le métal. « La troupe de Jorad-n’a-qu’un-oeil n’attend qu’une chose, qu’on les provoque. Qu’ils aillent piller les voisins. On n’a rien à faire avec eux!

— Ces voisins sont vos camarades, vos amis, vos partenaires de commerce! s’écria le gamin sur la tribune. Vous voulez les laisser sans aide? »

Sa voix déjà grave démentait son allure d’enfant, sa petite taille et ses membres grêles, ses joues piquetées de taches de rousseur qui lui donnaient plus une allure de sale gosse chipant des parts de tartes que d’adolescent prêt à apprendre un métier utile pour la communauté. A supposer que quelqu’un aurait accepté de le prendre en compagnonnage; en général, Deux-Souris attirait plus d’ennuis qu’il n’était adroit.

Une rumeur méchante enfla dans la foule et le maire, qui l’avait fait monter sur la tribune avec lui, haussa le ton pour réclamer le silence.

« Quand Trou-au-canards a été attaqué l’an passé, les gars de Mojelle y sont allés, renchérit une autre voix dans la foule, féminine celle-là. Non seulement ils se sont faits massacrer, mais la troupe de N’a-qu’un-oeil a incendié toutes les maisons de Mojelle jusqu’à la dernière. C’est plus qu’un tas de cendres. J’ai perdu ma soeur et mes n’veux là-bas. Pas envie que ça nous arrive ici! »

Des murmures d’assentiment effrayés circulèrent parmi la foule.

« Et qu’est-ce qui empêche N’a-qu’un-oeil de venir ici quand même? De nous voler, de nous piller? Vous croyez qu’en restant sans rien faire, ça fera partir le problème? »

— On a au moins une chance qu’ils nous laissent tranquille! » cria quelqu’un.

Nouvelle approbation

« Et qui nous défendrait, de toute façon? rétorqua Dirk, le forgeron. Toi, Deux-Souris? On t’a fait chevalier, déjà? On a raté quelque chose? »

Des rires gras circulèrent parmi l’assemblée.

« Si on s’unit et qu’on se bat ensemble, on peut y arriver! s’indigna l’adolescent d’une voix qui montait dangereusement vers les aigus criards.

— Comme la fois où tu nous a persuadés d’aller présenter nos doléances au duc? Rappelle-nous comment ils nous a reçus, déjà? »

Les rires retombèrent – tout le monde souffrait encore du doublement des impôts dont le village avait écopé pour son insolence. La rumeur se teintait à présent d’agressivité – les villageois avaient peur, et cette peur nécessitait un exutoire – si possible le gamin roux, synonyme de problèmes avec son attrait pour l’héroïsme, sa fascination pour la chevalerie et sa tendance néfaste à se mêler de ce qui ne le regardait pas.

Le maire, Moguel, leva la main pour réclamer le silence. Il ne tarda pas à se faire; le vieux était respecté, lui. Il savait toujours régler un problème, trouver les mots qu’il fallait pour apaiser deux voisins en colère pour une histoire de clôture mal placée.

« Nous ne pouvons laisser nos camarades sans aide. Mais nous sommes dépourvus, ici. Impossible de priver le village de ses hommes. Nous ne sommes pas des guerriers. »

La foule hocha la tête avec conviction.

« Deux-Souris ira demander l’aide du duc. Seul. Ce sont ses terres après tout. A lui de convaincre. »

Exercice réalisé pendant la Masterclass 2014 des Imaginales

20 minutes d’écriture. Contrainte : écrire une scène unitaire.

Déclencheurs : Personnage = Rêveur insatiable / Motivation = Justice / Conflit = Personne ne m’écoute jamais. 

Retour sur expérience1 : Honnêtement ? Pas satisfait. La scène tient debout, mais elle est d’un classicisme consommé (le gamin mis au ban du village, qu’on imagine courageux, et qui sauvera peut-être ses camarades d’eux-mêmes, on a vu ça cent fois, et, à titre personnel, j’ai toujours eu du mal avec l’idée d’un gosse qui sauve le monde) ; j’avoue avoir manqué de temps pour réfléchir à plus original, et, à défaut de trouver une idée renversante, je me suis appliqué à essayer de faire bien une idée un peu courue. J’aime toutefois une chose dans cette scène : le thème de l’individualisme des villageois, que j’aurais envie de creuser pour parler de coopération et d’union. Si je devais insérer cette scène dans un contexte plus long, je m’assurerais de donner tout spécialement de la substance aux personnages en amont, notamment Deux-Souris, pour aller chercher là l’intérêt du lecteur et une originalité que l’histoire, telle qu’elle est partie, ne semble pas avoir.

  1. Je me dis qu’après coup, avoir le retour sur expérience de la scène réalisée sous contrainte et avec un temps limité peut être instructif afin d’insérer ces exercices dans un cadre plus vaste et potentiellement utile pour les jeunes auteurs.
2014-06-24T18:40:02+02:00mercredi 25 juin 2014|Expériences en temps réel|3 Commentaires

La sécurité à la sud-coréenne

Samsung veut mon bien, Samsung prend soin de moi, Samsung prévoit tellement de cas particuliers que ça m’inquiète un peu :

  1. Pourquoi, il y a une alarme ?
  2. Euh, je ne veux surtout pas savoir à quoi vous pensez.
  3. Mais pourquoi faire ? Et surtout, comment faire ?

consignes_spen

2014-06-12T10:34:53+02:00mercredi 18 juin 2014|Expériences en temps réel|9 Commentaires

Un réveil difficile

Mes pensées sont remontées à la surface de ma conscience comme une sangsue affleurant dans un marais. Exactement pareilles : aussi poisseuses, aussi puantes. J’avais l’impression qu’un troupeau d’antirochs m’était passé dessus. Et je ne savais pas où j’étais, mais j’ai dû respirer par la bouche jusqu’à maîtriser mon estomac qui essayait de rendre un petit-déjeuner imaginaire. Ça sentait comme les abattoirs de Lochmeria en été – quand le soleil fait cuire la viande juste à souhait pour le goût des mouches. Mon dernier repas, lui, il remontait à mes derniers instants de conscience. Mais qui pouvait savoir combien de temps il s’était écoulé depuis l’embuscade ?

J’ai ouvert les yeux.

Le noir.

J’ai cillé, pourtant. Cligné des yeux comme une poule stupide jusqu’à ce que, par une quelconque magie, le monde s’éclaire autour de moi. Mais je savais trop bien ce que ça signifiait, et cette compréhension m’est redescendue dans les tripes aussi vite que ma sangsue effrayée par un varan.

Je me suis levé et mes pieds ont dérangé un tas de paille humide contre mes tibias nus. Je portais toujours ma jupe de gladiateur. Que s’était-il passé, après les combats… ? Nous avions fêté nos victoires, et puis… plus rien. En un pas, j’ai atteint le mur. La pièce n’était pas grande. La pierre suintante était tiède. J’ai continué, longé les angles – deux pas de largeur, deux pas de longueur – jusqu’à atteindre de solides barreaux d’acier.

Aucun cachot n’est tiède. Pas ceux que je connais, en tout cas.

Seuls les mages enferment leurs prisonniers dans leurs tours, là où il fait plus chaud qu’au fond de la terre. Et seuls les mages noirs maîtrisent la drogue d’Ellebia, qui rend aveugle sa victime pour une durée indéterminée.

Seuls les mages noirs torturent, puis oublient leurs victimes dans leurs cellules.

J’étais dans un sacré pétrin. Je n’allais probablement jamais revoir la lumière du jour – de façon très littérale. Et le seul truc auquel je pouvais penser, c’était ce grand jour, justement. J’imaginais un couloir percé de fenêtres donnant sur la ville, laissant entrer le joyeux soleil de la province. Et j’ai nourri une rage immense contre celui qui me privait de lumière.

Consigne : 20′ d’écriture, décrire une pièce les yeux bandés (exercice donné aux stagiaires de la Masterclass Imaginales 2014)

2014-06-13T01:10:30+02:00mardi 17 juin 2014|Expériences en temps réel|3 Commentaires
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