Twitter fait des trucs intéressants en ce moment

L’équation du Mal qui régit toute entreprise de réseau social (donc commercial) est la suivante :

  • Un réseau est attractif dès lors qu’il fédère un nombre d’utilisateurs suffisant pour lui donner de l’intérêt ;
  • Sachant que les gens ne sont pas dans l’ensemble prêts à payer pour un tel produit, cela pousse à le rendre gratuit ;
  • Sauf que ces serveurs pour héberger statuts, photos et vidéos et ne se paient pas d’amour et d’eau fraîche ;
  • Il faut donc rentabiliser (et faire croître) l’entreprise par de la pub, ce qui ouvre la porte à
    • tous les abus possibles concernant la vie privée pour cibler les utilisateurs ;
    • toutes les techniques les plus nocives pour les conserver sur la plate-forme en stimulant l’engagement (soit : le stress né de la captivité).

Exhibit A : Facebook. (Sérieusement, jetez un œil à cette page Wikipédia, ça vaut son pesant de likes.)

La capitalisation boursière et le fonctionnement de ces entreprises les rendent par-dessus tout captives de l’engagement. Je n’exonère personne, Hannibal Lecter aussi pourrait plaider qu’après tout, il avait seulement faim (juste, change de régime, mec ?), c’est seulement ce qui se trouve au cœur de toute cette toxicité.

C’est pour ça que je trouve que Twitter, après de longues années de complète apathie, tente en ce moment des trucs intéressants. Twitter Blue propose un abonnement optionnel (encore à l’état d’expérience) : puisque si c’est gratuit, c’est vous le produit, alors si c’est payant, c’est peut-être moins méchant (euh, j’improvise). Mon indécrottable optimisme me fait dire qu’il y a peut-être dans les hautes sphères de la boîte un constat productif :

  • Twitter sera toujours plus petit, car plus volatile que Facebook, donc un éternel second ;
  • Il faut donc cesser d’essayer de rivaliser sur le modèle économique et se différencier (timidement) sur le plan du modèle économique même (lequel va bien finir par péter, que ce soit à coups de lois ou de ras-le-bol des utilisateurs) (c’est entre autres pour ça que Mark Zuckerberg veut se racheter une virginité à coup de métavers et de rebranding) (jamais, Mark, jamais, tu m’entends ?)

Par conséquent, on pourrait voir dans Twitter Blue une tentative de s’extraire du marais puant de l’engagement ; si assez de gens paient, peut-être que l’entreprise pourrait s’arracher un peu au diktat du financement publicitaire, et donc proposer un fonctionnement d’un peu plus vertueux. (Maintenant, comme je l’ai lu, qui diantre accepterait de payer pour se faire agonir d’injures H24 ? Parce que Twitter, c’est aussi ça, et c’est une excellente question, mais c’est aussi une autre question.) (On pourrait aussi dire que rien ne changera et que ce sera juste une manière supplémentaire d’engranger du CA. Oui.)

Il y a aussi dans les cartons de Twitter l’initiative Bluesky, dont on ne sait à peu près rien, si ce n’est la promesse d’outils décentralisés revenant peut-être aux idéaux ouverts du web d’origine, ce qui est forcément sympathique. En tout cas davantage que ce qu’envisageait Facebook dans le même temps, entre autres un Instagram pour enfants (toi aussi, construis ton malheur dès le primaire). Le réseau a aussi reconstruit tout son écosystème programmatique pour que des applications tierces puissent proposer des expériences alternatives à la plate-forme officielle. En clair, vous pouvez utiliser Twitter avec d’autres clients que l’officiel : Twitterrific et Tweetbot, par exemple, pour personnaliser votre expérience. C’est totalement impossible avec Facebook.

Le problème avec Twitter, c’est que ça reste quand même géré avec davantage d’inertie et d’incompétence que de réelle volonté, mais dans le monde des réseaux, c’est toujours mieux qu’une volonté maléfique délibérée, hein. (Mon dieu, la barre est tellement basse.) Tout ça peut donc parfaitement n’aboutir nulle part, mais même en termes purement économiques, chercher à se désolidariser des mécanismes mêmes dans lesquels le principal concurrent s’est pris les pieds a un réel sens.

J’aimerais donc bien que ça donne quelque chose, parce que ce monde en a terriblement besoin.

2021-11-23T18:23:03+01:00lundi 29 novembre 2021|Humeurs aqueuses|2 Commentaires

Si vous pensez que les vaccins sont inutiles car ils n’empêchent pas la contamination, veuillez retourner en Troisième

Car je crois que c’est là qu’on apprend les mécanismes des proportions et des pourcentages.

Jamais, de toute l’histoire d’Internet, n’aura-t-on vu plus gros lot de conneries proférées dans les sections commentaires de la presse, pourtant un lieu de choix pour le gourmet soucieux de travailler sa pression artérielle. Alors maintenant, rapidement, rappelons quelques évidences.

En effet, les vaccins contre le Covid n’empêchent pas intégralement de tomber malade – il reste environ 5% de chances de l’attraper avec Pfizer, à la louche. Ce qui est quand même, genre, une amélioration considérable par rapport à Jean-Eudes Antivax qui croit que le jus de citron suffira à travailler ses défenses immunitaires. C’est là qu’intervient la notion de proportion : dans un domaine biologique tel que celui-ci, où les chiffres sont colossaux (on parle de l’intégralité de la planète), il y a nécessairement des échappements. Or la question est déjà d’éteindre le feu de la pandémie, et ensuite, de réduire l’impact de la maladie si on la chope quand même ; de contenir la contamination ; et d’échapper aux formes graves de la maladie, dont la plus sérieuse, hein, c’est quand même le décès pour cause de trépas.

C’est quand même marrant que quantité de personnes qui « ouaiiiis ne sont pas sûres pour le vaccin » se prennent sans aucun problème de l’Aspirine ou du Paracétamol, certainement sans avoir jamais lu la liste des effets secondaires : tout médicament, même en vente libre, comporte une liste effrayante d’effets secondaires possibles énoncés sur la notice, mais leurs chances de se réaliser sont abyssales, c’est pourquoi la plupart des gens prennent ces molécules sans y penser un seul instant.

Encore une fois, c’est compliqué de se dire qu’il faille rappeler des trucs aussi évidents, mais il y a un monde entre « tout » et « rien ». Le fait que quelque chose puisse se produire ne signifie pas qu’il se produit à tous les coups, hein, on est d’accord ? La question, ici, c’est dans quelle proportion, soit : de circonscrire la pandémie et de sauver des vies, et ça ne fonctionne pas de façon aussi simple qu’avec un interrupteur. C’est exactement le même mécanisme derrière le fait que 40% des nouveaux cas en Israël sont vaccinés – la majorité des Israëliens l’étant, et comme il existe un léger échappement au vaccin, c’est juste putain de normal. 40% des nouveaux cas, ça n’est pas 40% de la population. Une proportion est relative, ce n’est pas un chiffre absolu. Si 100% de la population était vaccinée, 100% des nouveaux cas seraient vaccinés, okay ? Donc arrêtez d’employer cet argument pour avancer « un doute ». Vous passez juste pour de grosses buses. (Et sur un autre sujet, j’ai une Tour Eiffel à vous vendre.)

Aujourd’hui, la vérité brute est que la pandémie touche principalement les non-vaccinés, soit les populations qui n’ont pas accès au vaccin, soit qui refusent d’y avoir accès dans le monde développé. Le premier cas est une tragédie, le second une putain de disgrâce.

Je crains que ce GIF me fasse encore beaucoup d’usage.
2021-09-26T11:30:01+02:00lundi 27 septembre 2021|Humeurs aqueuses|3 Commentaires

Où, dans le scandale Facebook de la semaine, on découvre que l’entreprise tolère tout à fait les petites annonces pour du trafic humain

Il y a un truc ironique sur le fait que la plupart des réseaux conspirationnistes se retrouvent sur Facebook, c’est que franchement, s’il devait exister un reptilien, un Illuminati ou un démon majeur ayant revêtu un costume d’être humain, c’est assurément Mark Zuckerberg tellement son entreprise semble s’ingénier à absolument tout faire pour incarner une force maléfique de premier plan à notre époque.

Le Wall Street Journal rassemble des dossiers accablants (et ça n’est pas une figure de style : c’est littéralement un panégyrique avéré du capitalisme dans tout ce qu’il a de plus sociopathe) sur le réseau qui commence par F comme Fuck You, et la dernière en date mérite une action en justice devant la Cour Pénale Internationale :

Scores of Facebook documents reviewed by The Wall Street Journal show employees raising alarms about how its platforms are used in developing countries, where its user base is huge and expanding. Employees flagged that human traffickers in the Middle East used the site to lure women into abusive employment situations. 

En gros, il est (était) possible de trouver à employer des femmes de ménage taillables et corvéables à merci, sans contrat, avec confiscation du passeport au passage, et la réponse de Facebook a été spectaculairement tiède.

Une entreprise qui monétise votre attention et votre temps pour vous captiver en fomentant des conflits alimentés par algorithmes, qui siphonne vos données par tous les moyens possibles et imaginables, qui s’en tape totalement de la santé publique, de la démocratie, de la raison tant que ça vend de l’espace aux annonceurs, et qui fait tout ce qu’elle peut pour éviter de se soucier des dignités humaines les plus fondamentales parce que TU COMPRENDS LES CARTELS AUSSI PEUVENT ÊTRE INTÉRESSÉS PAR NOS PUBS DE TONGS, franchement, je dois sur-réagir, je ne vois que ça.

2021-09-18T16:21:02+02:00mercredi 22 septembre 2021|Humeurs aqueuses|3 Commentaires

« Oh bordel de Dieu, faites-vous enfin injecter ce putain de vaccin, bande de branlous merdeux »

Où l’on conduit une expérience linguistique absolument fascinante sur les non-équivalences de certains registres linguistiques entre langues, comme celui de l’insulte et de l’énervement :

The fucking vaccine will not make you magnetic. Are you fucking kidding me? It just fucking won’t. That’s not even a fucking thing, and that lady who tried to pretend the vaccine made her fucking magnetic looked like a real fucking fuckwad and a fucking idiot, so get fucking vaccinated. Jesus. Fuck.

Wendy Molyneux

Ce qui pourrait se traduire à la louche par :

Ce putain de vaccin ne vous rendra pas magnétique. Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Non, bordel. Ça n’existe juste pas, putain, et la connasse qui a prétendu le contraire est passée pour une énorme bestiasse, un putain de désastre intellectuel, alors faites-vous vacciner, merde de merde. Bon Dieu. Chié.

Constatons ainsi, au titre de l’exercice, que l’anglais reste quand même assez limité dans le registre de sa vulgarité, où « fuck » incarne l’ultime forme de l’agacement et de l’insulte ; ceci étant aidé par la manière fortement satisfaisante dont le mot peut être craché avec sa sonorité sèche et agressive. D’autre part, l’anglais, langue classiquement agrégative, peut jouer sur la construction de termes nouveaux et tolère bien mieux la répétition que le français, qui au contraire, compte parmi ses forces la complexité courante de ses champs lexicaux. Il est également aidé par ses ascendances latines, où le registre de l’insulte est évidemment sans bornes. D’ailleurs, on pourrait sans nul doute discuter à l’envi des connotations et des choix (mon humble tentative ayant été hâtivement réalisée en deux minutes sur un coin de blog). Si je donnais encore des ateliers de traduction, ça aurait pu être rigolo de donner ce texte en entier.

Parce que, hein : fucking vaccinez-vous, yes ?

2021-09-07T17:30:20+02:00lundi 6 septembre 2021|Humeurs aqueuses|4 Commentaires

Les yeux à leur place

L’Oscar de la décision sexiste de la semaine est remporté par la Fédération européenne de handball, qui vient de sanctionner l’équipe de beach handball norvégienne d’une amende de 1500 € parce que, scandale, elles ont osé porter un short plutôt qu’un bas de bikini qui leur couvre au maximum 10 cm des fesses (ah oui mais c’est dans le règlement international, que voulez-vous qu’on vous dise).

(Erreur dans la légende du post, c’est bien de beach handball dont on parle.)

À un moment, hein, ça va se voir, le male gaze. Même si quelqu’un de normalement constitué saisira immédiatement l’aspect tant discriminatoire que complètement con d’une telle décision, décortiquons-la deux secondes. La tenue correcte de l’athlète sur le terrain, l’étiquette de l’uniforme pour le respect de la discipline, OK, je veux bien, mais franchement, qu’on ose soutenir que les tenues des athlètes ci-dessus manquent de respect à qui que ce soit ? Personnellement, alors que je n’ai rien contre les jolies filles en maillot dans l’absolu, je trouve ça surtout méga malaise, la tenue officielle imposée. Imposée : c’est tout le nœud du problème.

Évidemment, y en a pour chouiner en râlant que ça devient interdit de mater de jolies filles. Alors, un petit enfonçage de portes ouvertes : le beach handball, le but, rappelez-moi, c’est de la compétition sportive, ou bien c’est mater des jolies filles pour satisfaire le regard masculin ? Non parce que là, d’un coup, on peut se poser la question de la finalité du truc, vous comprenez.

Personne n’interdit à personne l’activité du plaisir esthétique scopique (visuel) (et d’ailleurs, il est grand temps que l’on diversifie ça ; la fiction cinéma / télé actuelle s’y emploie – heureusement pour la santé mentale collective de notre espèce qu’on commence à montrer aussi des corps masculins sympas à regarder, et aussi, mais c’est un autre sujet, des corps de tous horizons un peu plus proches de la normale courante), mais – et j’arrive encore une fois pas à croire que je doive écrire ça – il y a des contextes pour ça, où se situe la notion centrale de consentement. Les athlètes disent qu’elles « se sentaient nues » dans la tenue obligatoire, et franchement, on les comprend : il est où, le bien-fondé de la règle ? C’est un match sportif ou un défilé de Victoria’s Secret ? Si elles étaient OK pour la tenue courte, pas de problème, more power to them ; en revanche, ce genre de règlement ne devrait juste pas imposer la surface de peau qu’on doit voir, surtout dans ces zones-là (et encore une fois, voyez mon expression ahurie devant le fait de devoir taper ça en 2021).

À tous les mecs en chien qui râlent : comprenez que vous IMPOSEZ votre regard comme une relation de pouvoir basée sur la possession (c’est la fondation du male gaze) et ça n’est juste pas tolérable. Personne ne vous interdit dans l’absolu de regarder, de désirer, de fantasmer, voire d’avoir des relations de pouvoir dans l’intimité, de réifier vos partenaires si c’est votre truc, mais juste, vous faites ça avec les gens qui sont d’accord et qui ont les mêmes trips que vous. Ou qui n’ont pas de problème pour se montrer ; tout ça existe, le monde est vaste.

Juste, pas au cours d’un match de beach handball, bande de braques à bras.

2021-07-28T16:30:14+02:00mardi 27 juillet 2021|Humeurs aqueuses|3 Commentaires

Pleinement vacciné

Et voilà, ma semaine est passée. Liberté et sérénité !

Faites-vous vacciner, bon dieu. La Cour Européenne des Droits de l’Homme dit elle-même que la vaccination obligatoire est une nécessité dans une société démocratique. Il est ubuesque qu’on « laisse le choix » sur un dossier aussi grave par crainte de froisser des croyances antivax totalement absurdes ou des « sensibilités ». Tout cela n’a strictement aucun fondement scientifique. Ce qui en a en revanche bel et bien, ce sont les QUATRE MILLIONS de morts (et ce n’est hélas pas fini), les vies détruites par la crise économique, l’impact des restrictions sur la santé mentale collective.

Je ne cesse de penser à tous les pays qui cherchent des doses qu’ils n’arrivent pas à avoir. Ici, globalement, nous en avons, maintenant. En plein milieu d’une pandémie, la vaccination obligatoire ne semble même pas être une question de bon sens, mais de survie.

2021-07-22T17:24:44+02:00lundi 26 juillet 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Pleinement vacciné

Il n’y a qu’une seule bonne raison de ne pas se faire vacciner

Et c’est : si vous avez une contre-indication médicale très, très spécifique qui vous place déjà dans quantité de situations à risques depuis le début de votre vie (et c’est sacrément emmerdant, et vous le savez, et vous aimeriez justement bien pouvoir avoir des vaccins, parce que vous comprenez mieux que personne la bénédiction qu’ils représentent).

Autrement, si vous êtes en mesure de vous faire vacciner contre le Covid, vous devez le faire. « Oui mais… » NON. « Mais imaginons que… » NON NON. « Non mais et si… » TUT TUT NON DÉSOLÉ MAIS QUE DALLE.

Il n’y a pas de conspiration, pas de machination mondiale, pas de puce 5G, et vous faites tous les jours des trucs un million de fois plus risqués que prendre un vaccin contre le Covid (surtout concernant une maladie qui circule énormément et qui peut, genre, vous tuer ?). Dans les mots de Linus Torvalds (connu pour ses coups de gueule, mais pour une fois qu’il en pousse un à bon escient, ça vaut le coup de le signaler) :

Les vaccins ont sauvé les vies de dizaines de millions de personnes. […]

Ne vous imaginez pas tranquille et bien au chaud parce que les cas de Covid ont grandement chuté autour de vous. Oui, toutes les personnes vaccinées de votre entourage vous protègeront, mais s’il y a une autre vague, potentiellement due à un variant bien plus transmissible, vous et votre famille encourrez un risque largement supérieur aux personnes vaccinées, tout cela à cause de votre ignorance et de votre mésinformation.

Vaccinez-vous. Arrêtez de croire les mensonges des antivax.

Ne pas se vacciner, c’est en plus mettre en danger les personnes qui ne peuvent être vaccinées pour diverses raisons d’intolérance ou qui sont immunodéprimées, et qui ne vous ont fucking rien demandé – non seulement vous risquez, encore davantage avec le variant Delta, de développer une forme grave et fatale de la maladie, mais vous pouvez la transmettre autour de vous, vous conduisant, indirectement, à peut-être tuer quelqu’un.

Si, à l’heure actuelle, vous refusez de vous vacciner et qu’en conséquence vous le chopez (et que vous développez une forme grave et que vous y restez), déjà, c’est vraiment très con. Mais ça, c’est littéralement criminel.

Les cas ont décru récemment avec la combinaison des mesures d’isolement mais aussi avec la croissance de la vaccination. Si vous croyez le contraire, ma foi, ouvrez un journal scientifique au lieu de Facebook où « quelqu’un qui sait » vous assure que « quelqu’un qui travaille à l’hôpital de Plan-de-Cuques » a juré sous le sceau du secret que le vaccin allait vous transformer en jaune d’œuf. Nous avons la chance en Occident d’avoir des doses, et y en a encore pour faire la fine bouche ! Si c’est pas du first world problem, ça, bon dieu.

Il y a des rendez-vous partout en ce moment. Vous pouvez vous faire vacciner sur votre lieu de vacances. C’est gratuit. Si vous êtes en mesure de le faire, vaccinez-vous ; si vous ne le faites pas, franchement, à ce stade, vous faites le choix délibéré de vous mettre en danger comme de mettre en danger autrui, et ça commence à devenir difficile de trouver de la compassion.

Vivez, et faites vivre les gens autour de vous, connus ou inconnus.

Ce. N’est. Pas. Compliqué.

2021-07-08T10:48:54+02:00lundi 12 juillet 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Il n’y a qu’une seule bonne raison de ne pas se faire vacciner

Stéphane M. est écarté de ses fonctions

Selon les mots de Mediapart ; lire aussi l’article d’Actualitté et la brève d’Elbakin.net, qui sont en accès libre.

C’est une grande victoire pour les victimes, et un signal fort, profondément réjouissant, que non, on ne tolérera pas davantage ce genre de comportements dans l’édition ; que les professionnels doivent se comporter en tant que tels et que, surtout, les gens de façon générale doivent se comporter, oserais-je dire – avec humanité et respect ?

Tous ceux (parce que ce sont dans leur vaste majorité des « ceux ») qui déplorent aujourd’hui la victoire d’une « vindicte populaire » (les chevaliers de forums et de réseaux courageusement cachés derrière leurs pseudos) sont à côté de la plaque pour beaucoup trop de raisons, mais essayons quand même.

Tout d’abord, comme dit la dernière fois, le système est lourdement biaisé contre la parole des victimes ; si l’on tient à s’indigner de l’absence d’intervention de la justice dans cette histoire (même si c’est fallacieux, voir le second point), qu’on s’indigne donc de l’absence d’intervention de la justice dans toutes les histoires de ce genre, et de son inaction (ou impuissance, éventuellement, selon les cas et la manière dont on veut le voir). En d’autres termes, elle n’intervient pour ainsi dire jamais, et c’est ça le vrai problème de fond, dont le cas Stéphane M. représente hélas un symptôme parmi bien d’autres ; dans la situation encore actuelle des institutions, seul un privilégié peut clamer confortablement à la présomption d’innocence et l’appel de la justice, car il demeure un biais bien commode – les deux demeurent, encore, en faveur du privilège.

En outre, l’article de Mediapart révèle des pressions internes à l’entreprise pour faire changer les choses, sans rapport avec une quelconque « vindicte populaire ». Le 30 avril, le comité social et économique de l’entreprise votait, à plus des deux tiers, une résolution exprimant son soutien aux victimes de harcèlement, mais c’est le silence que Stéphane M. a choisi. En d’autres termes : les forces du changement étaient déjà à l’œuvre en interne ; l’indignation publique et les démarches des autrices ont favorisé un mouvement désiré au sein de Bragelonne même.

La « terreur » qui saisit certains espaces de parole est mystérieuse au sujet des affaires de ce genre (« on peut plus rien dire, plus rien faire ! » – et vous voudriez dire et faire quoi, exactement ?) car un truc n’est pourtant pas bien difficile à comprendre dans toutes ces histoires : il s’agit juste, qui qu’on soit, de se comporter décemment avec les gens. Et plus encore quand on est dans une situation d’autorité professionnelle. Soyez décents, c’est tout ce qui vous est demandé ; soyez-le et vous n’aurez rien à craindre, car c’est avant tout la somme de ses actes qui dessine quelqu’un, à l’instar du cas présent. Paraît même qu’on appelle ça le karma.

2021-07-07T15:26:29+02:00mercredi 7 juillet 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Stéphane M. est écarté de ses fonctions

Ding, dong, Twitter is dead

J’ai été surpris lors de mon dernier passage mensuel sur Twitter de voir que mes derniers tweets dataient du premier semestre 2020 ; sans même compter la curieuse distorsion du temps liée à la situation actuelle tout ça vous voyez quoi hein, cela fait pour moi bien plus longtemps que je me suis libéré mentalement de cette pression.

Après avoir passé mon compte en privé depuis l’été dernier, la suite logique consistait à le supprimer pour de bon, et j’ai quand même hésité un moment, mais à chaque fois que je passe rapidement dessus en me demandant si, quand même, je ne ferais pas un peu mon luddite, je vis la même expérience que jadis sur Facebook. Tout le monde est malheureux, en colère, et se saute à la gorge sans nuance aucune, quelle que soit la gravité du sujet. (Il est pertinent de se sauter à la gorge pour un sujet grave, mais pour quelque chose de secondaire, franchement ? Ah oui, mais qui décide de ce qui est secondaire ? TOI PEUT-ÊTRE ? ESPÈCE DE TOTALITAIRE QUI NE RESPECTE RIEN, etc., et c’est ainsi que ça commence.) Je vois même des gens profondément conscients du mécanisme et qui prennent toujours soin de désamorcer les conflits se laisser progressivement ronger par la toxicité ambiante, et ça me fait de la peine.

Encore une fois, je vous remercie, vous qui fûtes des oasis de fun et de lumière dans ce tunnel de misère. Je ne jette pas la pierre avec l’eau de la cruche : il y a eu moult moments drôles et émouvants. Mais, de façon générale, mon cerveau n’a pas besoin de s’ouvrir une lance à eau putride plusieurs fois par jour tandis que les pensées les plus secrètes et les moins reluisantes, que l’on réfléchirait probablement à taire dans la vie réelle ou même dans une correspondance plus inscrite dans le temps, se trouvent déversées sans filtre dans mon espace personnel. (Cela pèse réellement sur ma santé mentale.)

Donc, the witch is dead, et je n’ai à présent plus aucun compte social.

Est-ce à dire que je n’ai plus aucune activité sociale en ligne ? À ma grande surprise, non. En fait, j’ai retrouvé un plaisir sincère à l’interaction en ligne dans le modèle appelé de ses vœux par Jaron Lanier : des communautés plus réduites en taille et liées par a) une thématique claire, b) la possibilité d’un relatif anonymat et c) une modération claire et forte. (On en avait parlé ici.) Ce contrat clair, qui s’inscrit également davantage dans une certaine temporalité, promeut la réflexion et l’investissement personnel, au lieu de lâcher son tweet rageur comme on crache dans la rue. De quoi s’agit-il ?

Des forums à l’ancienne et des micro-communautés notamment portées par Discord, qui est pour moi le véritable héritier du forum à l’ancienne. Le succès croissant de ces modèles (notamment de Discord, que Microsoft a récemment voulu racheter pour 10 milliards, avant que l’équipe de Discord ne rompe les négociations, ce qui m’amuse énormément), la communauté extrêmement active autour de Discourse (système de forums phare… en 2021) montrent que l’avenir est peut-être au passé ; qu’une vaste catégorie de la population a soif de l’aspect social que les prétendus réseaux « sociaux » ont complètement laissé sur le bord de la route en chassant la croissance et la collecte (criminelle) de données. Un bref sondage au doigt mouillé m’a montré qu’une proportion non négligeable d’utilisateurs de ces plate-formes n’a pas, ou plus, de comptes sociaux classiques (Facebook / Twitter). Et je pense que cette diversification ne fera que s’accroître.

Bref. Je reste ici, comme depuis quinze ans, à te causer à toi, auguste lectorat, avec sérénité et dans des développements que 280 caractères interdisent, et je laisse les empoignades avec les randoms d’Internet à qui a l’estomac pour ça. Je ne l’ai pas. Et surtout, j’ai des trucs plus importants à faire.

2021-05-28T18:25:10+02:00mercredi 2 juin 2021|Humeurs aqueuses|4 Commentaires

Signal montre au public d’Instagram tout ce que Facebook sait sur eux

C’est magique.

La messagerie Signal, qui promeut une totale confidentialité (recommandée notamment par Edward Snowden) par opposition à la mainmise que Facebook a faite sur WhatsApp, s’est livrée à une expérience fortement rigolote : utiliser les données que collecte Instagram pour montrer aux utilisateurs tout ce que le réseau sait sur elles et eux. Ça donne des pubs absolument glaçantes comme celles ci-dessus.

Sans surprise, Facebook les a désactivées fissa, parce que vous comprenez, tout est bien quand ils collectent vos données en douce, et que les publicitaires peuvent s’en servir l’air de rien, mais il serait quand même inélégant que les gens puissent être au courant de l’étendue de la manipulation. Voir cet article de MacRumors.

Modération nécessaire : la prouesse technique réalisée par Signal est peu documentée et il serait bon d’en savoir davantage sur l’aspect technique, comme le pointe John Gruber, mais il reste que si Facebook les a bannies sans perdre de temps, c’est que ça pue. Comme tout ce qui a trait à Facebook.

Pour mémoire, WhatsApp va également exiger que vous partagiez vos données avec Facebook, et vous perdrez progressivement l’accès à vos données si vous refusez les nouveaux termes. Les remplacements ne manquent pas : Signal évidemment, mais aussi Telegram. Personnellement, je suis ravi que Facebook me force la main à quitter définitivement tout ce qui a trait de près ou de loin à sa toxicité.

2021-05-12T10:49:50+02:00mercredi 19 mai 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Signal montre au public d’Instagram tout ce que Facebook sait sur eux
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