Écrire en musique : State Azure

Écrire en musique ou pas est un sujet propre à déchaîner les passions du métier, juste après le fait de compter la longueur des textes en signes ou en mots (c’est en signes. Arrêtez de débattre là-dessus). Trouver la bonne ambiance est difficile – juste assez pour porter le flow, pas trop intrusive ni hors de propos pour l’étrangler (pas sûr qu’on puisse écrire une tendre scène romantique au son de Who’s that Chick).

À la liste des possibilités, je soumets à la sagesse collective State Azure, artiste d’ambient intéressante, c’est-à-dire qui trouve l’équilibre délicat entre texture et évolution – pour le dire autrement, il se passe assez de choses pour ne pas qu’on s’emm s’endorme. Sa chaîne YouTube propose des tas de mixes durant plusieurs heures très joliment filmés, les services de streaming et son Bandcamp comportent des tas d’albums, et il a un goût extrêmement sûr, comme en témoignent les reprises qu’il réalise, dont cette version de Ricochet. Je suis encore en train de tout explorer, parce que je déguste. (Dans le bon sens du terme…)

2024-01-29T01:20:48+01:00mercredi 31 janvier 2024|Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : State Azure

Ces remixes lo-fi de Diablo sont la musique qu’il vous faut pour écrire de la dark fantasy

Personne n’en avait rêvé, mais Blizzard l’a fait de façon tout à fait officielle, et c’est génial :

Je veux dire, Y A MÊME DECKARD CAIN (Deckard Cain – nous n’oublierons jamais) DANS LE RÔLE DE L’ÉTUDIANTE qu’on voit dans toutes les vidéos lo-fi – le degré de finition et l’humour au douzième degré de cette initiative est juste réjouissant. Et en plus, c’est vachement bien : six remixes savoureux qui durent 3h chacun comme il se doit, qui sont parfaits pour écrire de la dark fantasy. (Je suis juste un peu circonspect sur le premier mix qui utilise, comme il se doit, le thème immortel de Tristram, mais il est justement trop connu à mon goût, même si le solo de piano jazzy qui va dessus me donne la banane à chaque fois.) Je corrige en ce moment La Succession des Âges au rythme du deuxième (Lofi Beats to Treasure Hunt to), si vous voulez tout savoir.

Et dans les curiosités officielles du même tonneau, y a aussi un remix synthwave de World of Warcraft, qui est excellent, la vidéo me fait glousser, mais là ça sera plus pour coder qu’écrire. (À moins que…)

2023-10-27T08:15:10+02:00mardi 31 octobre 2023|Décibels|Commentaires fermés sur Ces remixes lo-fi de Diablo sont la musique qu’il vous faut pour écrire de la dark fantasy

Live report : Spiritbox

J’ai vu Ghost à Rennes il y a trois semaines, et si je suis là aujourd’hui dans vos esprits par le truchement du langage et des autoroutes de l’information, ce n’est pas pour vous parler d’eux, mais de la deuxième partie, Spiritbox, qui était la sacrément bonne surprise de la soirée (même si Ghost était évidemment super).

À vue de nez, Spiritbox ferait partie du métal indus, mais offre un mélange subtilement et délicieusement malaisant sur scène entre boucles à la limite du bruitiste, une section rythmique d’une lourdeur de plomb, et un chant féminin très mélodique qui plane haut au-dessus de cette noirceur – pour basculer sans prévenir dans growls et screams torturés. Personnellement, j’ai eu l’impression de me retrouver dans une ambiance à la Twin Peaks passée à la moulinette du boucan, et cela est juste et bon.

Comme souvent, les versions studio des morceaux ne parviennent hélas pas à capturer toute l’énergie et la violence de la formation sur scène, mais ça tient quand même bigrement la route, et ça vaut, à défaut d’un concert live, une écoute très attentive si c’est votre truc. On retrouve dans le timbre de Courtney LaPlante des échos du Garbage du tournant des années 2000, mais poussé jusqu’à onze, tout comme pour les riffs qui décoiffent, et je vous prie de croire que dans mon cas, c’est pas facile. Après plusieurs EP, leur album Eternal Blue est sort en 2021.

(Pour un clip plus malaisant, allez ici.)

2023-06-19T08:37:17+02:00mercredi 21 juin 2023|Décibels|Commentaires fermés sur Live report : Spiritbox

De la musique pour écrire : Carbon Based Lifeforms

Il y a parfois des formations dont on se dit : QUOI MAIS COMMENT N’AI-JE POINT CROISÉ CETTE ROUTE PLUS TÔT genre en 1882, date de l’invention du synthétiseur à pédales, entraînant la mort de son inventeur lors d’un concert marathon à New Hampshidlefrugedlewock, bref

Carbon Based Lifeforms en fait partie : on est à la limite de l’ambient, mais tout juste – des lignes rythmiques subtiles mais présentes évitent l’endormissement dans des paysages sonores riches en nappes et pads atmosphériques dont la reverb va à vue de nez jusqu’à Saturne. C’est beau, la bande son parfaite pour regarder se développer l’univers en accéléré au planétarium ou pour sonoriser des paysages de fonds marins à l’infini. Et évidemment pour écrire aussi, si vous en avez marre de Focus@Will, EoN et autres programmes de musique semi-générative. Par contre, pas dit que ça marche pour les scènes de baston.

2023-02-09T00:58:22+01:00jeudi 9 février 2023|Décibels|7 Commentaires

La bande originale du Trou Noir dispo sur les services de streaming

Le Trou Noir (The Black Hole, 1979) est une étrangeté cinématographique – un film de SF produit par Disney pour rivaliser avec Star Wars (à l’époque où ils ne possédaient pas la licence, vous vous rappelez ?), qui mélange des robots rigolos pour plaire aux enfants et une atmosphère absolument pas rigolote du tout, où on cite L’Enfer de Dante face aux phénomènes cosmiques, où la lenteur et le danger de l’espace oppressent nettement, et où quelques gentils meurent même au passage de manière un peu violente. (Si vous ne l’avez pas vu, que vous appréciez le vieux cinéma de SF et que vous ne redoutez pas une fin un peu vaseuse, allez-y : la pesanteur – HA – de l’atmosphère vaut le détour. Le film est apparemment dispo sur Disney+.)

Une des particularités du Trou Noir est d’avoir voulu assembler une équipe de première catégorie, avec quand même entre autres Anthony Perkins, Ernest Borgnine et Yvette Mimieux au casting, et nul autre que John Barry (compositeur du célèbre thème de James Bond) à la musique. Je cherchais de loin en loin, mais je suis ravi d’avoir découvert qu’une version digne de ce nom de ladite bande originale est enfin disponible sur les services de streaming. Sa valse stellaire à la limite du dissonant forme une sorte de réponse ténébreuse au Beau Danube Bleu employé de façon solaire dans 2001, et a hanté tous les gamins qui ont vu ce film un peu trop adulte pour leur âge.

2022-11-21T07:17:11+01:00jeudi 24 novembre 2022|Décibels|Commentaires fermés sur La bande originale du Trou Noir dispo sur les services de streaming

Écrire en musique : Eōn, musique procédurale par Jean-Michel Jarre

Je trouve qu’écrire en musique représente toujours un dilemme : d’un côté, le son distrait la part anxieuse de l’esprit, envoie la part critique s’occuper dans son coin à l’écart de la part créative pour ne pas l’étouffer – c’est un des principes derrière mon bien aimé Focus@Will. Mais de l’autre, très rapidement, la musique dans les oreilles couvre celle des mots et il devient difficile de s’entendre penser. D’où la quête sans fin pour écrire en musique (avec des tas de recommandations passées dans les archives) : il en faut juste assez pour apaiser l’esprit.

Dans ce voyage, l’une des découvertes qui m’a certainement le plus convaincu est l’application Eōn, conçue par Jean-Michel Jarre, sortie il y a quelques années. J’étais assez méfiant du principe : des algorithmes génèrent une musique continue et procédurale, accompagnée de visuels évolutifs, le tout fondé sur des séquences conçues par le maître. Si vous utilisez des services de ce genre, vous connaissez le problème : ça finit par tourner en rond à force d’usage intensif, quand le but est justement d’occuper l’esprit sans lui donner d’accroche reconnaissable. Du coup, si ça se répète, c’est loupé. Et quand ça ne se répète pas trop, la musique associée est souvent trop aléatoire, c’est-à-dire moche et dissonante (je n’arrive à me faire à Endel, par exemple).

Eh bien justement, dans ce style, Eōn est spectaculaire. Cela aurait pu être un jouet coûteux et extrêmement limité vendu sur la réputation de Jarre, c’est tout le contraire. Après plus d’une centaine d’heure à utiliser l’application, j’ai éprouvé une familiarité passagère une poignée de séquences vraiment typées, et les combinaisons sont si nombreuses que ça n’est pas vraiment gênant. Toute l’idée de l’app est de ne jamais se répéter tant sur le plan visuel qu’auditif, les combinaisons de séquences étant virtuellement infinies (et toujours éphémères), et en plus, c’est extrêmement écoutable, dans le genre textural : pas de mélodie, mais de bête bruit non plus.

Bref, hautement recommandé pour les longues sessions de concentration (et ça marche évidemment sans connexion Internet). L’app coûte une dizaine d’euros, sur iOS ou Mac. Une capture ci-dessous pour se faire une idée :

2022-08-10T04:10:54+02:00lundi 15 août 2022|Décibels, Technique d'écriture|2 Commentaires

Que faire si on est manque de Jean-Michel Jarre ?

Ceci est, sans aucun doute, le titre le plus important que j’aie jamais écrit de ma carrière.

Non mais vraiment. Oui, ça fait des décennies que c’est dans l’air du temps de se moquer de JMJ et de sa harpe laser (qu’il n’a pas inventée, on sait) et de ses keytars (je persiste à dire que si la guitare est acceptable, le keytar aussi), mais il reste un monument de l’électronique à qui tous les artistes actuels doivent énormément, même si les vrais savent qu’après Chronologie, ça n’a plus été comme avant, et ça n’a rien à voir avec le fait que j’avais pile quinze ans quand l’album est sorti et que moi, j’écoutais de la musique d’esthète en laissant les grossièretés du rock (rendez-vous compte ! de la musique avec des gens qui chantent !) à mes camarades de classe.

Bref. On est tous un peu orphelins depuis Métamorphoses, et Oxygène 3, et Equinox Infinity, c’est cool, mais ça ne suffit pas à étancher notre soif de progressif planant / d’albums concept sur l’espace et la nature au son fleurant bon le magnétophone 4 pistes. Heureusement, il y a des gens qui ont tout compris, qui font résolument vivre ce son merveilleux, et comme ça fait en plus une super musique pour écrire, papy a deux références pour toi :

MoonSatellite. MoonSatellite ne fait pas que recréer le son des années 80, il l’exécute réellement, en utilisant les mêmes machines, séquencées en sessions live comme à l’ancienne (allez voir les vidéos, à l’ère de l’informatique, maximum respect de s’enquiquiner comme ça), et propose des paysages sonores évolutifs et planants dont le son descend en droite ligne d’Oxygène et Équinoxe, mais avec une personnalité bien à part. Vous savez les pistes un peu nostalgiques à la fin de chacun des premiers albums de JMJ ? Le travail de MoonSatellite m’évoque un peu cela, mais à l’échelle d’albums entiers, sur des explorations de vingt minutes, et c’est juste du bonheur absolu. Ne vous laissez pas tromper par la maigreur de la discographie sur les services de streaming, il y a un vrai coffre au trésor à découvrir sur la page Bandcamp. C’est magnifique, ça nous rappelle tous que les années 80 sont finies, mais on en a rien à foutre, parce que grâce à MoonSatellite, non seulement elles sont toujours vivantes, elles restent d’actualité. Merci monsieur.

LooneyJetman. Je ne peux pas imaginer que LooneyJetman ne partage pas le constat fait en début d’article : on est en manque de JMJ, on sait tous ce qu’on lui doit, et on en voudrait davantage, sauf que forcément, lui, il est parti vers d’autres cieux musicaux. LooneyJetman a commencé par faire de la trance, mais il a aussi publié deux albums de pure électro progressive / synthwave qui ne peuvent être que des hommages à des classiques de JMJ, c’est pas possible autrement. Deep Blue avec ses textures évolutives, ses synthés rétro et ses “singles” plus pêchus semble être la complétion officieuse dédiée à l’eau d’une trilogie fictive initiée par Oxygène et Équinoxe ; The Lonely Sky, avec un son très mi années 1980 et son radiotélescope en couverture, paraît le frère caché du Rendez-vous de JMJ. Site officiel.

2022-06-16T09:40:51+02:00mercredi 22 juin 2022|Décibels|6 Commentaires

Écrire en musique : First Impressions

On est mardi, et mardi c’est le jour des conseils en musique (non). Toujours un peu à la recherche de musique douce pour s’occuper l’esprit en écrivant ? First Impressions fait de la synthwave toute douce qui fleure merveilleusement bon les cassettes de l’autoradio pendant qu’on sommeille sur la banquette arrière en se faisant conduire la nuit par les parents. (Oui, j’ai connu le son à l’origine de la synthwave quand c’était simplement l’air du temps. Now get off my lawn.) Un album et un EP sont disponibles sur les services de streaming et sur YouTube, mais comme d’habitude, on trouve un peu plus de choses sur la page Bandcamp (en plus de pouvoir soutenir directement les artistes).

2022-06-10T03:51:55+02:00mardi 14 juin 2022|Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : First Impressions

Le financement participatif d’Anachronistic Hearts (reste quelques jours !)

J’avais raté cette info : le projet Anachronistic Hearts, qui mêle de façon éclatante musique classique et steampunk, a lancé un financement participatif afin de soutenir le projet (et se procurer une superbe édition collector certainement très limitée de l’album à venir).

LE BUT

Combattre les idées préconçues sur la musique classique et inviter chacun à la découvrir (ou la re-découvrir). Montrer à quel point elle est ancrée dans nos générations actuelles, d’une imagination et d’une créativité infinies.

Nos arguments : des société secrètes, des enquêtes, de l’action, de l’aventure, des créatures surnaturelles… le tout sur la musique très visuelle de Haendel.

Pour mémoire, le premier épisode ci-dessous :

➡️ Le financement participatif d’Anachronistic Hearts

2021-06-05T10:44:56+02:00lundi 7 juin 2021|Décibels|Commentaires fermés sur Le financement participatif d’Anachronistic Hearts (reste quelques jours !)

Steampunk + Haendel : Cœurs anachroniques ép. 1 disponible

Anachronistic Hearts, Les Cœurs anachroniques, c’est un projet fou et génial de rendre la musique classique accessible au plus grand nombre et de la faire aimer en utilisant les médias et les genres contemporains : une mini-série sur YouTube de pur steampunk mêlant tout ce qu’on aime – surnaturel, loups-garous et j’en passe.

J’en avais parlé et je vous en recauserai (que ça vous plaise ou non, heh) parce que l’initiative est géniale, que la qualité de la production est bluffante, et surtout parce qu’on y trouve la voix absolument renversante d’Héloïse Mas, qui occupe le rôle principal avec un réjouissant panache. Le premier épisode est enfin sorti et j’attends la suite de nageoire ferme :

Bonus : deux figures connues de l’imaginaire apparaissent dans ce premier épisode, auguste lectorat, sauras-tu les identifier sans tricher ?

2021-04-23T11:08:38+02:00mardi 27 avril 2021|Décibels|2 Commentaires

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