Lundi, c’est déclencheurs, édition 2017

Yeepee ! Auguste lectorat, je te propose cet été encore, comme en 2012 et en 2015, d’écrire régulièrement, pour le plaisir, sur une petite contrainte qui n’est pas à prendre au pied de la lettre : c’est un déclencheur, c’est-à-dire qu’il ne sert qu’à lancer ton imagination, à la nourrir, et à te donner envie de partir là où tu le souhaites. J’ai argué que la meilleure habitude de la création consiste à toucher son projet tous les jours, un petit peu, car il me semble que la régularité est supérieure au volume – la régularité permet de conserver le lien avec son envie, son histoire, et donc d’éviter les difficultés inhérentes à la remise du pied à l’étrier. Évidemment, régularité et volume, c’est encore mieux, mais si l’on doit choisir (surtout quand on ne peut consacrer tout son temps à sa pratique créative), je pense qu’il faut pencher vers le premier. (Caveats d’usage, hein, je ne refais pas l’article.)

Donc, cet été encore, je propose la consigne suivante : vingt-cinq minutes d’écriture par semaine à partir d’une liste de dix éléments avec un thème commun. Choisissez celui qui vous parle, qui vous branche, qui vous intrigue. Combinez-en plusieurs. N’en prenez aucun mais partez sur une tangente qui vous amuse. Tirez-en un avec un dé à dix faces. Combinez-les tous. Peu importe.

L’idée, c’est d’écrire de façon décomplexée, sans interruption, sans correction, sur un laps de temps de taille raisonnable (il n’est pas question d’écrire une décalogie ni même une histoire complète). Les plus attentifs parmi vous auront reconnu que vingt-cinq minutes, c’est la durée d’un pomodoro, et que vous aurez ensuite bien mérité cinq minutes de pause… pour continuer ensuite, peut-être, pourquoi pas ? Le prix Nobel de littérature est au bout de la route. (Promesse non contractuelle.)

On ne commence pas encore cette semaine, car cette semaine, auguste lectorat, tu as un exercice à faire. Tu dois regarder ton emploi du temps et tu dois trouver un créneau avec ces vingt-cinq minutes dans la semaine pour le consacrer à ton écriture. Tu éteins le chien et les enfants, tu dis à ton téléphone d’aller jouer dans le jardin. Si ton désir d’écrire est sérieux et authentique, tu trouveras ces vingt-cinq minutes, et tu en feras un espace sacré. Je sais, ça fait peur, mais rien ne s’écrira tant que tu ne mettras pas tes doigts sur le clavier pour faire quelque chose. On s’en fout que ce soit génial, ça ne le sera pas, les premiers jets ne le sont quasiment jamais. Il s’agit de faire, de se connaître, de se comprendre, de chercher l’inspiration, le plaisir, de se lâcher. Il faut se mettre au boulot, et tu n’as pas le droit de dire que tu n’as pas le temps.

Parce que ce n’est pas que tu n’as pas le temps : tu as peur. Je comprends. Je vais te dire un truc : nous avons tous peur. (Quasiment tous. Il y a aussi des fous. Enfin, des plus fous encore. Ou moins ? Je ne sais plus.) C’est pour ça que je te laisse une semaine pour te retourner, prévenir ta famille que non tu n’es pas mort si tu ne réponds pas dans la minute à tes messages Facebook. Tu fais un truc méga plus important : tu travailles pour toi.

Alors, va définir ton espace, acheter ton Moleskine préféré, acheter ce stylo plaqué titane de carbone dont tu as tellement envie, et on se retrouve lundi prochain pour bosser.

Quoi ? Qu’est-ce que c’est… ? « Oui, mais… » Non. Il n’y a pas de mais. Fais-le, ou ne le fais pas. Il n’y a pas d’essai.

2017-07-09T12:00:23+02:00lundi 10 juillet 2017|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2017

Procrastination podcast ép. 20 : « Promesses et paiements »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Promesses et paiements« .

Dans cet épisode de Procrastination, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust explorent l’exigence de cohérence narrative à travers la règle dite du fusil de Tchekhov. Dans une fiction, le lecteur s’attend à ce que toute cause entraîne une conséquence – comment servir ce parti-pris, et surtout, comment peut-on s’en détourner pour créer la surprise ?

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2019-05-04T18:47:14+02:00lundi 3 juillet 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast ép. 19 : « Pourquoi un éditeur »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Pourquoi un éditeur« .

Avec les évolutions du marché du livre, l’échelon de l’éditeur n’est plus nécessaire pour être publié, ce qui amène un certain nombre de mutations. Dans cet épisode, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust se penchent sur les rôles traditionnels de l’éditeur en tant que chef d’orchestre du livre. À quoi sert un éditeur (et pourquoi en ont-ils tous un, voire plusieurs) ? Qu’attendre de lui concernant les versants artistiques et économiques de la production d’un livre ?

Références citées
– John Scalzi, What Publishing Is, http://whatever.scalzi.com/2005/03/18/what-publishing-is/

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2019-05-04T18:47:15+02:00jeudi 15 juin 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

Doutez de tout, y compris de ce que je vous dis

Celle-là, je l’ai évidemment piquée à Bouddha, hein. (Elle a longtemps été accrochée dans mon bureau.)

Petit article de mise au point général sur le blog et notamment ce qui s’y trouve concernant la technique d’écriture, afin de clarifier, voire répondre à certaines critiques qui peuvent revenir à mes oreilles. Ces articles sont toujours plus fréquentés, ce qui signifie que de nouveaux visiteurs découvrent toujours davantage l’endroit, ce qui me fait grand plaisir (bienvenue). En revanche, le problème d’un blog, c’est que la discussion se déroule sur la durée (en l’occurrence, depuis des années), et que le ton peut parfois surprendre les nouveaux arrivants, ou, tout simplement, les visiteurs occasionnels peuvent se méprendre sur le discours.

Cet endroit serait un livre, une introduction en clarifierait les présupposés, mais comme on est sur le web, je ne peux guère que consigner tout ça dans un article et m’efforcer de le rendre visible au maximum. Et je me suis rendu compte à ma grande surprise que je ne l’avais jamais vraiment fait ici.

L’approche technique de l’écriture

Ce blog parle entre autres de la technique de l’écriture. Ces articles sont écrits dans une seule optique, qui s’enracine dans leur genèse.

Quand j’aspirais à faire mes premières armes professionnelles, autour de l’an 2000, je ne savais absolument pas par quel bout prendre le travail titanesque que représente un roman. Je pensais qu’il devait bien y avoir des bases techniques qu’il était possible d’acquérir (comme les principes de la perspective pour le dessin, ou de l’harmonie pour la musique, par exemple), et j’en ai trouvé, mais presque tout se trouvait en langue anglaise, rédigé par des Américains. J’ai ruminé, testé cette matière, qui a structuré mes idées, m’a guidé dans certaines voies plus ou moins fécondes, mais j’en ai toujours retiré des leçons (ne serait-ce que : ça ne marche pas pour moi, et j’ai compris pourquoi).  Selon le principe que dans les métiers de création, on ne peut que rarement renvoyer l’ascenseur à ceux qui vous ont mis le pied à l’étrier (car ils restent toujours plus expérimentés que vous), on ne peut payer sa « dette karmique » qu’en s’efforçant de hisser ceux qui viennent après nous. (« You can never pay back, only pay forward. »)

Je m’efforce donc de proposer ici ce que j’aurais aimé trouver quand j’ai commencé. 

Cependant, j’écris nécessairement de mon propre point de vue, et si je crois à une approche plutôt opérante de l’écriture (étant en cela orienté par mes propres présupposés d’écrivain structurel), elle n’est en aucune manière la seule. Le seul principe gouvernant la recherche de l’écriture, par lequel je commence toujours toute intervention, c’est : apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître. Il vaut mieux travailler dans le sens qui nous convient qu’à rebrousse-poil (duh). Sachant par ailleurs que cette cible – se connaître – est nécessairement mouvante ; avec le temps, avec les situations, avec les parcours personnels. La façon de travailler, ce que l’on souhaite aborder, traiter, suivre, les thèmes qui émergent, le rythme, tout cela est gouverné par un seul but : faites ce que vous voulez tant que vous obtenez un livre dont vous soyez content.

La technique ne fera pas de vous un bon écrivain, mais elle peut éventuellement vous garder d’être mauvais. La technique, à force de persévérance, pourra peut-être vous permettre de terminer une histoire ; en débordant sur le développement personnel et la psychologie, elle pourra peut-être vous aider à appréhender ce qu’il y a en vous pour faire apparaître vos motivations au grand jour ; elle peut peut-être simplement constituer un parcours d’introspection constant (c’est mon cas) ; mais elle ne garantit en rien que votre travail soit intéressant ni publiable d’entrée, et je ne vous fais certainement pas cette promesse. En revanche, elle peut peut-être vous éviter un certain nombre de pièges « connus », vous permettre de décoder les conventions acquises par des siècles d’évolution littéraire, prendre de la hauteur, et vous mettre le pied à l’étrier ne serait-ce qu’en vous proposant une direction à essayer, ce qui constitue une amélioration par rapport à pas de direction du tout. (Je reprends ici pas mal ce que j’ai déjà dit dans le tout premier épisode de Procrastination.)

Ce site est un blog

Ce site n’est pas un livre, un manuel, des tablettes gravées dans le marbre où Ma Parole A Force De Loi. C’est un blog, où je ne fais que proposer, diffuser, des réflexions parfois bien abouties (jusqu’à ce qu’elles changent), parfois moins. Parfois, c’est écrit un peu vite parce que je me suis promis de publier un article et je ne les relis pas autant qu’un roman ou une nouvelle (la création de fiction restant mon travail principal). Parfois, je suis au taquet, ravi d’une découverte ou d’un mécanisme que j’ai fini par élucider, et je meurs d’envie de partager mon enthousiasme avec le vaste monde. Cela peut sembler péremptoire. Je le répète : c’est un blog. C’est parfois émotionnel. Je n’écris pas un roman ni un manuel, je lance des os à ronger. Rongez-les – ou pas. Tout ce que je dis est écrit de mon point de vue, et le but, c’est de stimuler la réflexion chez les auteurs, notamment ceux qui se forment (parce que les pros ont déjà leurs outils, même si nous apprenons tous, je crois, toute notre vie).

Derrière toute affirmation, gardez à l’esprit que c’est toujours écrit par une personne avec une approche donnée, en construction perpétuelle comme l’est toujours la création, que les outils d’hier peuvent être dépassés demain (tout comme vous ne vous récitez pas l’alphabet en lisant ceci ; vous avez intégré l’écrit au point de devenir un réflexe), et qu’il serait juste un peu ridicule d’écrire à chaque fois « à mon avis personnel de moi-même et écrit simplement de mon point de vue dont voici l’historique [insérez ici cinquante pages biographiques] ». Je m’efforce de rester dans la proposition et non le finalisme, mais je compte bien conserver une grande liberté de ton (c’est une des raisons pour lesquelles, après environ dix ans de blogging, ça continue à m’amuser), et donc, ayez l’amabilité de faire la part des choses, le cas échéant, en vous rappelant l’esprit dans lequel c’est écrit, et gagnons du temps ensemble.

Rapport de transparence

Il m’est revenu que ce blog, en filigrane, n’était qu’une plate-forme pour me permettre de refourguer des activités commerciales, notamment des interventions. J’avoue que je le prends très mal. Je consacre beaucoup d’énergie à essayer de trouver des solutions équitables, win-win en bon langage de marketeux, qui permettent de proposer du contenu de qualité, tout en rentabilisant un peu l’endroit, sans conflit d’intérêt, sans entacher la confiance que nous avons établie. Car je pourrais consigner tous les jours, auguste lectorat, le temps que je passe ici au lieu de faire des choses qui me rapportent vraiment de l’argent, mais je ne vais pas entrer là-dedans ; sache simplement que c’est : trop.

Dans l’intérêt de la transparence, je vais donc dévoiler totalement ce que je retire, de près ou de loin, de ces articles et du blog en général.

Du plaisir et du karma. Alors déjà, oui, j’aime bien faire mumuse sur Internet. Et surtout, il y a l’aspect dette karmique cité plus haut : je n’ai pas le temps de lire les textes des jeunes auteurs, par exemple. Alors je m’efforce plutôt de proposer des choses, publiquement et librement, qui puissent toucher le plus grand nombre.

Une forme de fidélité. Ce n’est pas nouveau : c’est en toutes lettres dans la charte des commentaires. L’idée, c’est que si vous aimez ce que vous lisez ici, peut-être aurez-vous envie d’essayer un bouquin un jour, et ça me permet de continuer à faire tourner la boutique. Mais rien n’est obligatoire, je ne place aucun contenu derrière une inscription obligatoire à une liste de diffusion, un paywall ou toutes les pratiques modernes d’Internet. Je ne crois pas vous noyer de « hé j’ai sorti un nouveau livre RT plz plz plz » : je pars du principe que si je propose des trucs intéressants, qu’il m’intéresse aussi de traiter, vous resterez, et on sera tous contents (win-win). Je ne retiens personne, je n’oblige personne à venir lire ou commenter. J’observe une grande liberté de parole ici et ça comporte un double tranchant : vous pouvez aussi trouver que je suis un gros connard et jurer de ne jamais me lire. C’est la vie. Au moins, je m’efforce d’être sincère, y compris dans mes erreurs, et d’admettre quand j’ai tort, voire de m’en excuser (c’est arrivé plusieurs fois et ça se reproduira)1.

Le cas des interventions / du coaching etc. Je n’ai aucune structure pour réaliser des ateliers d’écriture, des interventions, des masterclasses. Je ne démarche pas pour cela, et je mets presque un point d’honneur à ne pas le faire, justement parce que je ne souhaite pas que le blog devienne une forme de « produit d’appel ». Pour cette raison, j’en fais moins d’une demi-douzaine par an. Ce n’est donc pas une source principale de revenu (même si elle existe et que je ne crache pas dessus). La façon dont le marché de ces interventions fonctionne, auguste lectorat, est le suivant : je pourrais très largement mieux gagner ma vie en laissant tomber le blog et en animant des ateliers dans ma ville. Je pourrais faire du coaching littéraire – certains collègues le font et gagnent leur vie avec (et très bien pour eux) – pour ma part, ainsi que je l’ai  annoncé, je ne le fais pas, malgré des demandes régulières. Parce que je considère – mais c’est ma réponse, pas celle du voisin – que mon métier reste de créer. Je crois qu’on me demande des interventions parce que, tout simplement, je peux avoir une pensée construite sur l’écriture, et que cela intéresse des gens qui se trouvent être des commanditaires. Mais ça n’est en aucun cas calculé. Je te parle à toi, auguste lectorat, pas à des commanditaires.

Les liens affiliés. À travers la boîte à outils de l’écrivain, je touche une commission sur certaines commandes de logiciels recommandés. Je m’en suis longuement expliqué ici, mais le raisonnement est le suivant : j’écris de toute façon des tests de logiciels qui m’aident dans le boulot, donc, si vous êtes convaincu.e, autant que je touche quelques dollars au passage, ce qui ne vous coûte rien de plus, et qui, moi, m’aide à payer l’hébergement et à continuer à traiter ces outils en profondeur avec des trucs, astuces, cas d’usage et à légitimer un tant soit peu le temps déraisonnable que je passe ici. Win-win. 

J’ai un site depuis plus de dix ans et il n’y JAMAIS eu de bouton « donation », JAMAIS eu de pubs (et là aussi, des offres, j’en reçois). Je voudrais monétiser cet endroit, oh, je pourrais parfaitement le faire, surtout à plus de 10 000 lectures uniques par mois. Mais ça n’est pas l’esprit du lieu, je ne veux pas que ça le devienne, ce n’est pas ce que je veux créer et c’est pour ça que globalement, on s’y sent tous à peu près bien, enfin, je crois.

Je ne vous retiens pas

Ce n’est pas dit de manière agressive. Je l’ai dit, je le répète, tout ceci est subjectif, et lisez toujours les articles, tout particulièrement sur la technique littéraire, avec le grain of salt – la mesure de prudence – qu’il est, de toute façon, toujours de bon aloi d’observer dans ce genre de situation. La majorité de ceux qui vous disent qu’il y a une seule et unique manière de faire veulent vous vendre quelque chose. Qu’il soit dit ici et une fois pour toutes que s’il y a « une » manière de faire, c’est pour moi seulement (et encore, ça évolue avec le temps) ; que je pense qu’un certain nombre de conseils peuvent bénéficier à un grand nombre, mais il y a toujours le contre-exemple, et c’est peut-être vous. Très bien. À vous de voir, vous êtes vous, j’en sais rien, moi.

Tout ce que vous devez faire, c’est : tester, essayer, garder une attitude proactive vis-à-vis de votre pratique créatrice. N’importe quoi tant qu’il y a un résultat dont vous êtes content. C’est la seule chose à faire. Ou pas de résultat, même, si vous ne voulez pas de résultat, vous faites ce que vous voulez, hein.

Bref, le reste n’est que des moyens. Les moyens ne sont que des indications, envers lesquels il s’agit de conserver le juste mélange, propre à chacun, d’assurance (« non, ça ne me va pas, à moi ») et d’humilité (« je ne sais pas, alors je vais écouter avant de juger »).

Le stylo est, et a toujours été, dans votre camp.

Bonne écriture ! 

  1. Il y a certains articles notamment politiques, avec le recul des années, dont je regrette la forme. Ils sont toujours dans les archives, parce que je ne vais pas vous raconter combien je suis lisse et parfait, né hier soir, avec tout le passif et les leçons données par l’existence.
2019-06-04T20:32:59+02:00mardi 13 juin 2017|Technique d'écriture|14 Commentaires

La photo de la semaine : Crépuscule à l’iPhone

Donc, l’iPhone est un super appareil photo, mais faut pas trop non plus compter dessus pour des trucs avancés, genre recomposition HDR en basse lumière : la tentative prise ce soir-là s’est avérée un échec, alors c’est un traitement différent d’un cliché unique.

iPhone sunset

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2017-06-08T10:06:53+02:00vendredi 9 juin 2017|Photo, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : Crépuscule à l’iPhone

La seule habitude indispensable de toute pratique créative

On entend régulièrement dire que l’écriture est un muscle qui se travaille. On entend toujours dire qu’il est difficile de trouver du temps pour s’y consacrer avec les impératifs du quotidien. Il semble que la plus grande difficulté pour une majorité d’auteurs, quel que soit leur niveau d’expérience, leur habitude, leur facilité, reste toujours de rassembler la volonté d’affronter ce qui, par nature, est anxiogène : une page où il n’y a rien, un parcours inconnu et incréé, où il faut tracer un chemin unique, imparfait, qui sera appelé en plus à quantité de corrections ultérieures. (On a parlé récemment de l’angoisse de la page blanche dans Procrastination, d’ailleurs.)

Je veux dire, y a de quoi déprimer. Et pourtant, quelle joie dans les moments de fulgurance, et même hors de cela, quel sentiment de nécessité et de justesse une fois une scène, un chapitre, un livre achevés au mieux de ses efforts.

Il est temps pour un aveu (que je ne suis pas le premier à faire) : c’est une situation contre laquelle j’ai toujours lutté, et qui n’a d’ailleurs fait qu’empirer au fil du temps, à mesure que les enjeux s’accentuaient (ce dont je suis immensément reconnaissant, bien sûr !). Bien qu’étant à plein temps sur les métiers de création, l’écriture en tête, j’ai longtemps ressenti cette appréhension désagréable le matin au moment de me replonger dans un manuscrit, plus encore après une coupure de quelques jours (pour un festival ou même, bêtement, pour un week-end). Que vais-je y trouver que j’aie pu oublier ? À quel point vais-je tout devoir refaire parce que les idées d’hier qui semblaient géniales apparaîtront en fait pourries trois jours après ? (J’étais en général plutôt positivement surpris, mais la seule appréhension de poser les yeux sur le travail de la veille pouvait me faire tomber dans des stratégies élaborées de procrastination.) Je finissais toujours par avancer, par remplir mon quota de signes, et je lisais partout que je n’étais pas seul dans cette galère – quantité d’auteurs, les pros en particulier, décrivent ce mécanisme. Dans les mots de William Gibson : « I very much enjoy the state of having written« .

C’était donc, me disais-je, une composante du métier, un mal nécessaire avec lequel s’arranger, pour lequel – très important – il ne me fallait ressentir aucune culpabilité, aucun syndrome de l’imposteur. Difficile quand on est seul face à son manuscrit pendant des mois, plus difficile encore quand on voit, de loin en loin, des auteurs quasiment qualifiés de graphomanes, qui professent n’éprouver aucune difficulté à attaquer leur manuscrit, qui volent le moindre instant pour écrire ne serait-ce que deux lignes. J’ai vu Brandon Sanderson dans un court voyage en train dégainer son ultraportable et se mettre à écrire avec abandon. J’ai vu des auteurs américains aux Utopiales profiter d’un trou dans leur emploi du temps pour retourner écrire à l’hôtel. J’ai entendu dire qu’Isaac Asimov s’était fait fabriquer une paire de bretelles spéciales pour transporter sa machine à écrire dans les voyages en voiture et ne pas perdre ce temps d’écriture-là. Quels héros ! Quelle chance ! Différence de constitution, me disais-je. Je professe toujours qu’apprendre à écrire, c’est apprendre à se connaître : moi, j’éprouve cette angoisse existentielle à chaque manuscrit, c’est comme ça, l’écriture me sera toujours partiellement douloureuse, embrasse la douleur, mec, apprends à l’aimer mode G.I, crie « oh oui, livre, fais-moi du mal » et avance avec un sourire un peu halluciné, la sueur au front. Tant pis ; c’est comme ça.

Ma petite voix obsédée par la productivité et l’optimisation ne pouvait s’empêcher de se dire : il doit exister un meilleur moyenTu as publié plus de trente nouvelles, tu vas approcher de la barre des dix bouquins, donc tu dois commencer à savoir un minimum où tu vas, alors : trouves-tu normal d’avoir l’impression de labourer un champ de cailloux avec ton cerveau tous les matins ? Peux-tu conserver l’exigence et la méthode tout en abaissant le seuil de l’anxiété ? Est-il possible de pouvoir se mettre à écrire dans la moindre fenêtre de temps libre sans avoir besoin de deux heures pour entrer en état de flow ? Au-delà de ça : est-il bien professionnel de vivre cette tension au quotidien quand tes facultés, ta créativité, sont tes outils de production principaux (au sens très basique de la manufacture industrielle) ?

Non, évidemment.

Il doit exister un meilleur moyen. 

Il y en a un, évidemment, sinon je ne raconterais pas tout ça, et attention, je n’ai inventé ni l’eau tiédasse ni le fil à couper le beurre fondu : c’est un conseil ancestral qui est régulièrement donné de loin en loin, mais qui me paraît mal exprimé, et surtout mal démontré ; il a seulement l’air d’une formation à l’état d’esprit, un tremplin pour les auteurs faisant leurs premières armes. Mais il est excellent, si on prend le soin de se l’approprier et d’y ajouter rien qu’une composante pourtant évidente.

Voici le raisonnement. Attendu que l’écriture est un muscle, ce qui concerne :

  • La pratique de l’écriture pure (la narration, le style, formuler simplement des phrases les unes après les autres) – la simple technique de l’artisan ;
  • L’immersion dans un projet : l’élan de l’histoire, la connaissance intime des personnages, le maintien délicat des équilibres, la préfiguration de ce qui vient.

Il faut travailler le muscle tous les jours. Duh.

Il faut écrire tous les jours, mais attention : pas n’importe quoi, et pas dans n’importe quelle condition. L’idée m’a été inspirée par Kourosh Dini dans Creating Flow with OmniFocus (on a parlé d’OmniFocus ici) qui évoque son prof de piano, lequel lui donnait une seule et unique recommandation à ne jamais briser : touche le clavier tous les jours. C’est-à-dire, fais la démarche d’aller devant le piano, de ne jouer peut-être que trente secondes, mais fais-le. Cela envoie un signal fort à ta psyché :

  • Ceci est une priorité absolue de ton existence à laquelle tu ne déroges jamais ;
  • Le seul effort sur lequel tu te concentres, c’est créer le contexte de ta pratique ;
  • Tu n’as aucune obligation de résultat, seulement une obligation de moyens : te mettre devant le clavier.

En conséquence, ce principe transposé à l’écriture devient :

Touche ton histoire tous les jours. 

Parce qu’il ne s’agit pas d’écrire n’importe quoi – et c’est là que l’idée d’écrire tous les jours est incomplète. On peut procrastiner sur l’écriture d’un récit en écrivant simplement autre chose. Non : il s’agit de toucher son manuscrit, et là, peu importe la tâche : construire une scène, en corriger une précédente, et évidemment progresser dans l’histoire. Pour ma part, je me fixe en déplacement, tout particulièrement en festival (où, en général, je n’ai pas une seule seconde pour souffler) une règle très simple : écrire une phrase par jour.

Une phrase par jour, c’est une poignée de secondes. Je peux bien trouver une poignée de secondes, non ? Eh, toi, là, derrière ton écran, ne me dis pas que tu ne peux pas trouver une poignée de secondes. Je ne déroge jamais à cette règle, et aussi simpliste que ça paraisse, cela a des effets prodigieux sur mon état d’esprit, ma disponibilité, ma capacité à progresser. Toute l’idée n’est pas dans cette phrase rédigée, mais dans la démarche mentale de conserver, toujours, un lien avec mon projet, quelle que soit ma surcharge de travail, y compris et notamment dans les déplacements. Et quelle que soit l’heure. (En Islande, bien que tombant de sommeil un soir, j’ai allumé le MacBook à 23h30 dans mon lit, allumé Scrivener, écrit ma phrase, et l’ai éteint. J’étais content. Rentré à deux heures du matin de Saint-Malo samedi soir, j’ai néanmoins lancé Scrivener et travaillé dix minutes.)

La preuve ? Quand nous avons donné la masterclass des Imaginales avec Jean-Claude Dunyach cette année, nous avons proposé aux stagiaires quelques petits exercices d’écriture d’une dizaine de minutes. Dans ces dix minutes, j’ai dégainé mon iPad et écrit (suscitant la fascination des stagiaires). Il y a quelques semaines, pendant une séance de dédicaces un peu molle, lors d’une accalmie du public, j’ai dégainé mon iPad et écrit (suscitant la stupéfaction de mes collègues). Je peux rentrer ainsi 5 000 signes sans les voir passer. La barrière d’entrée s’est prodigieusement abaissée parce que je ne perds plus jamais le contact avec mon projet, ce qui était le cas quand je ne pouvais pas écrire pendant quelques jours (lors des salons, dédicaces, ou simplement parce que les tâches administratives s’imposaient pendant un jour ou deux) et rendait la remise au boulot difficile. Un train, un avion – même une course en ascenseur – je peux sortir mon iPad, mon iPhone, écrire une phrase.

C’est très étrange : je suis devenu l’un de ces auteurs graphomanes que j’admirais et enviais secrètement, et je comprends à présent le mécanisme fondamental de cette graphomanie – on ne le fait pas parce qu’on est graphomane, on le fait parce qu’on a peur de ne plus pouvoir l’être si on s’arrête. Voilà le secret, auguste lectorat.

Si tu dois changer une seule chose dans tes habitudes, si tu dois suivre un seul, un unique de mes conseils sur ce site, crois-moi, je t’en prie, fais cette expérience transformative – je me sens tellement stupide de ne pas avoir essayé plus tôt, j’ai presque honte de l’écrire, mais je me dois de le partager tant c’est fondamental : touche ton histoire tous les jours.

Aucune, AUCUNE dérogation.

Cela changera ton approche de l’écriture et la joie de ta pratique. Je te le promets.

2019-11-28T22:02:41+01:00jeudi 8 juin 2017|Best Of, Technique d'écriture|39 Commentaires

Procrastination podcast ép. 18 : « Less is more »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Less is more« .

Derrière l’injonction « less is more » se cache la question de la concision. Qu’entend-on par la concision dans la narration, en quoi est-ce important ? Probablement parce que ramasser l’énergie d’un texte, c’est en augmenter la force et la puissance évocatrice… tant qu’on en conserve toute la richesse du sens, bien entendu.

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2019-05-04T18:47:15+02:00jeudi 1 juin 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 18 : « Less is more »

La boîte à outils de l’écrivain : OmniFocus, la meilleure solution de gestion de tâches et projets

Auguste lectorat, j’ai voyagé loin, lu beaucoup, j’ai plongé dans les abysses du désœuvrement et tenté par mille moyens de créer de l’ordre à partir du chaos. Persuadé qu’il existait de meilleures manières de travailler que les miennes, j’ai beaucoup échoué, jusqu’à, la tête baissée en signe de contrition, suivre à la lettre les commandements de David Allen et voir la lumière. J’ai dénudé ma vie même devant les mânes de Google et d’Apple, portant la marque d’un fichage irréversible à la NSA. De retour de ce voyage dans l’au-delà du trouble obsessionnel compulsif, je peux te l’annoncer, auguste lectorat, j’ai cerné l’outil idéal pour la gestion personnelle de la productivité.

Et, comme beaucoup, je vais te répondre : OmniFocus.

Mais pas aveuglément.

Mille outils estampillés « GTD »

Si l’on cherche les outils de « to do list », « productivité », « gestion de projets » ou « GTD » dans n’importe quel magasin logiciel, on tombe sur une véritable galaxie d’outils qui se prétendent tous magiques, qui te promettent de récupérer 4h de travail dans la journée, qui te rendront CEO du monde et te laisseront encore assez de temps pour apprendre trois langues étrangères en une semaine. Et il faut dire la vérité, si l’on se penche sur des outils plutôt matures, la plupart se valent. Ils ont tous le minimum requis : des outils de capture plutôt pas trop mal fichus, une hiérarchie de projets et de tâches, des mots-clés pour différencier les contextes (je te renvoie à nos discussions sur GTD, auguste lectorat, si tu découvres ces notions). Chacun a son propre paradigme un peu différent du voisin, sa propre interface graphique, son adhésion plus ou moins stricte aux saints préceptes de GTD, qui peuvent séduire un utilisateur donné.

Pour ma part, au fil des cinq dernières années, j’ai essayé sérieusement à peu près tous les ténors du genre : Remember The Milk, Todoist, Nirvana, Zendone, 2Do, FacileThings, Things, The Hit List, Doit.im, et j’en oublie. Je me suis éloigné d’OmniFocus pendant un temps, mais j’ai fini par y revenir pour de bon durablement, et par cesser ma quête incessante de l’outil de productivité idéal : c’est lui, et quand il m’y manque quelque chose, c’est probablement moi qui ne me suis pas posé les bonnes questions.

Mais je mets la charrue avant les bœufs.

Pourquoi OmniFocus

Alors, déjà, oui, disons-le tout de suite, OmniFocus n’existe que chez Apple (pour les utilisateurs Android, on lui préférera 2Do, à qui une grande part de cet article peut s’appliquer, mais en « un peu moins bien »). Mais il fait partie de cette vingtaine d’applications qui rend la vie incomparablement différente du côté aluminium brossé de la force à ce qu’on trouve ailleurs.

En surface, OmniFocus est extrêmement simple, presque décevant, même. Une liste de tâches, des projets hiérarchiques, une interface sobre à la limite de l’austère, un contexte par tâche, et un prix qui fait frémir par rapport aux usages habituels en la matière. Plus un achat intégré « pro », assez coûteux aussi, qui débloque un certain nombre de fonctionnalités qui, à l’usage, sont indispensables…

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Qu’est-ce qui rend donc OmniFocus différent de la concurrence, alors ?

Le diable est dans les détails. Si le but d’un système de productivité personnel est de fournir à la fois une vision panoramique des tâches et de soutenir le travail sans obstruction, alors OmniFocus est le plus abouti de tous. Le moindre champ, le moindre bouton, tout est conçu pour que l’utilisateur passe, en fait, le moins de temps possible dans l’application pour se concentrer sur ce qu’il fait. OmniFocus est puissamment intégré au système et incroyablement extensible, ce qui signifie que 75% de sa puissance est « cachée » à l’utilisateur lambda qui n’en a pas besoin. Ce n’est pas un hasard si aucune autre application de gestion personnelle n’a généré autant de livres, essais, manuels, séminaires, cours en ligne : OmniFocus est, à bien des titres, le Photoshop de la productivité. Oui, n’importe qui peut tirer de Photoshop un vague dessin mal foutu, mais si c’est pour l’utiliser comme Paint, quel intérêt ?

OmniFocus nécessite un investissement de l’utilisateur, non seulement pour s’en servir à pleine puissance, mais surtout – et c’est la raison pour laquelle, à mon sens, il peut être difficile d’approche – de sa part, pour réfléchir à la manière dont il travaille et ce dont il a besoin. OmniFocus peut devenir à peu près n’importe quoi et s’adapter aux besoins d’un PDG de multinationale comme à ceux d’un créateur indépendant jonglant constamment avec dix projets en parallèle (coucou salut).

Le coup de génie d’OmniFocus est de fournir à l’utilisateur seulement les tâches qu’il a besoin de voir dans un moment ou un contexte donné. À l’aide d’une fonctionnalité « pro » (mais indispensable à mon avis), les Perspectives, OmniFocus propose à l’utilisateur de filtrer ses tâches de manière extrêmement fine selon une dizaine de critères, comme la date limite, le contexte, la date de début d’une tâche, la durée…

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… et cache le reste. Ce qui assure que, des 200 tâches en souffrance, on n’en voie que les 5 réalisables dans l’instant donné. (C’est en cela que l’utilisateur doit réfléchir à son mode de travail : il lui faut construire les perspectives correspondant à sa vie et son usage.)

Quelques exemples personnels vécus :

  • Mon travail s’articule beaucoup autour de longues plages horaires ininterrompues pour l’écriture. Mais je m’arrête toujours 15 à 30 minutes avant de faire une pause déjeuner, de partir en rendez-vous, etc. de manière à m’assurer de bien « sortir » mentalement de l’histoire et, le cas échéant, de me noter de côté d’éventuelles idées pour la suite qui viennent parfois après avoir cessé d’écrire (comme si le cerveau avait du mal à freiner). En attendant, que faire de ces 15 à 30 minutes ? J’ai une perspective me proposant uniquement les tâches de cette durée ou inférieures, ce qui me permet de tirer avantage de cette petite fenêtre de temps au lieu de la gâcher à glander sur Facebook ou de rafraîchir mon courriel. Un colis à envoyer, un formulaire à remplir, tout cela m’attend sagement pour ces petites fenêtres où cela a du sens.
  • Je suis dans une salle d’attente ou sur un quai attendant un train qui partira sous peu. Chargé de bagages, je n’ai que mon iPhone à portée de main et pas envie de déballer plus gros. Un simple clic sur le contexte « iPhone » ou, à défaut « Internet » d’OmniFocus me donne toutes les tâches disponibles sur mon téléphone et que je peux exécuter facilement (une réponse rapide à un mail, une lecture rapide, la recherche d’une information simple…)

Les Perspectives sont ce qui rend OmniFocus quasiment impossible à mettre en défaut. Même avec 500 projets, il est toujours possible de les filtrer intelligemment – à condition que l’utilisateur ait fait ce travail de réflexion en amont, bien sûr. Quelle que soit la quantité de choses à faire, le nombre de responsabilités, OmniFocus peut s’adapter finement et facilement, quand les autres applications, quand elles le font, ne sont pas aussi pointues, subtiles, et malléables. J’ai appris en début d’année une leçon ironique en voulant remplacer OmniFocus par 2Do, le croyant plus puissant à tort : je n’avais pas encore passé suffisamment de temps et d’énergie à m’approprier le premier, après un an d’usage pourtant quotidien. Si je crois qu’OmniFocus ne sait pas faire quelque chose, en général, c’est faux – c’est moi qui ne sais pas comment m’en servir.

Ce qui sépare OmniFocus de la concurrence

Donc, certaines de ces fonctionnalités existent dans certaines applications concurrentes, oui. Mais, comme dit précédemment, aucune n’a l’élégance et le degré de finition d’OmniFocus. Pour les utilisateurs à la recherche d’une réelle puissance, l’application offre en plus quantité de fonctionnalités (très) avancées qui la rendent définitivement incomparable avec la concurrence.

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Révision. OmniFocus est l’une des seules applications à consacrer un volet entier à la revue hebdomadaire (weekly review) qui forme la clé de voûte de GTD. Chaque projet présente un intervalle de révision paramétrable (de la journée à l’année) et l’utilisateur est fortement invité à les passer en revue à échéance. On peut bien sûr le faire à la main, mais c’est très pratique de pouvoir repousser la revue même d’un projet dont on sait qu’on ne peut agir dessus pendant des mois (est-il bien utile de voir chaque semaine de l’été, de l’automne et de l’hiver le projet repoussé au printemps prochain intitulé « Faire ma déclaration d’impôts » ?)

Liens internes. Tout dans OmniFocus peut être référencé avec un lien : un projet, une perspective. Cela permet de construire des tableaux de bord complexes où des tâches de niveau supérieur peuvent lier à des projets individuels, des perspectives, etc. Par exemple, une perspective « Communications » peut récapituler l’ensemble des mails à rédiger, et une liste de tâches quotidienne peut inclure un lien vers cette perspective sous le titre générique « Écrire mes mails », ce qui allège et simplifie le coup d’œil des tâches de la journée1.

Intégration. Corollaire, OmniFocus parle à à peu près toutes les applications importantes à travers des liens d’application à application. Pour faire clair, un exemple : je reçois un mail nécessitant une réflexion et une réponse longue. Grâce à Airmail, je lie le message à une nouvelle tâche dans OmniFocus décrivant ce qu’il me faut faire sur ce message. Je peux maintenant archiver le message hors de ma boîte de réception (réduisant le stress de voir à chaque fois la même chose à chaque vérification de mon courrier), sachant que la tâche a été identifiée et que j’y reviendrai quand le moment sera venu : ma tâche OmniFocus contient un lien retour vers le message dont il est question, me permettant de poursuivre la conversation.

Automatisation. C’est la version avancée des deux points qui précèdent : OmniFocus est presque entièrement scriptable, ce qui permet de créer des modèles de projets. Exemple : la production d’un épisode de Procrastination nécessite plus ou moins toujours les mêmes étapes (production sonore, rédaction des notes, soumission à mes camarades pour validation, etc.) D’un clic sur un modèle réalisé dans Editorial sur mon iPad, j’ai un nouveau projet tout neuf contenant les dates-butoir adaptées en fonction de la date de publication de l’épisode en question.

Apple Watch. J’ai une Apple Watch depuis six mois (ça aussi, j’en reparlerai) et l’application OmniFocus pour l’appareil est simplement parfaite, pourvu, là encore, qu’on prenne le temps de réfléchir à ses besoins. C’est, très sérieusement, la meilleure intégration que j’aie vu d’une liste de tâches à ce petit bidule. J’ai mes tâches en permanence accessible à mon poignet, tout particulièrement intéressant quand je suis en vadrouille, sans avoir envie de sortir mon iPhone.

Omniprésence. OmniFocus utilise une solution de synchronisation maison, gratuite, qui est incroyablement rapide et fiable – même avec mes 200 projets, je n’attends jamais plus de quelques secondes la mise à jour de ma base sur un appareil que je n’ai pas utilisé depuis longtemps. L’application est disponible sur Mac, iPhone, iPad et Watch, avec, notamment, une quasi-parité de fonctionnalités entre Mac et iOS (et les développeurs ont promis d’accentuer encore la similitude en 2017), ce qu’il faut signaler.

OmniFocus a toutefois trois défauts (à vous de voir si c’est important)

Maintenant, l’honnêteté me dicte de te prévenir, auguste lectorat, utilisateur putatif, que l’application a trois réels défauts dont il faut tenir compte (mais l’un d’eux promet de disparaître en 2017).

Le premier, et pas des moindres, a déjà été évoqué : OmniFocus, c’est Photoshop. Au-delà de la marche d’apprentissage et de l’austérité de l’application, elle place très clairement l’utilisateur dans une situation potentiellement anxiogène qui est de devoir affronter non seulement l’intégralité de ses engagements, mais de réfléchir à la manière dont il travaille réellement et même à la façon dont il vit. Ce qui pousse à un certain nombre de questions pas toujours confortables (mais salutaires, je pense) sur l’existence – c’est un des effets promis par David Allen dans GTD, d’ailleurs. Gérer une vie relativement simple avec OmniFocus est extrêmement facile ; gérer une vie compliquée n’est pas beaucoup plus dur – ce qui le sera, ce sera d’affronter la réalité de cette vie et ce qu’elle implique quand l’outil, neutre, aura fourni à l’utilisateur une vision panoramique de sa propre folie…

Pas de collaboration. OmniFocus ne propose rien pour ça, point. C’est un outil personnel. Pour de la gestion d’équipe, il faut aller voir ailleurs des outils comme Asana.

Contextes uniques (mais ça va changer). Une tâche ne peut avoir qu’un seul contexte, ce qui devient un peu agaçant dans notre époque où les outils de travail sont quasiment omniprésents. Les utilisateurs réclament depuis des années un système de mots-clés plutôt que de contextes uniques (ce dernier parti-pris adhérant au canon de GTD), et les développeurs ont promis que cela venait enfin cette année.

OmniFocus est bon pour la santé

Ouais, bon, j’abuse un peu. Mais pas tant que ça. Comme dit plus haut, OmniFocus est une malédiction et une bénédiction à la fois : il donne à l’utilisateur, vraiment, toutes les armes pour gérer ce à quoi il tient au quotidien comme à long terme. Ce qui peut le plonger, pas si étrangement que ça, dans des abîmes de perplexité, d’introspection, de questionnements sur ses envies, ses désirs, à un point qui peut friser le métaphysique. Mais après tout, ne vaut-il pas mieux se poser toutes ces questions plus tôt que plus tard ? GTD a fait clairement évoluer ma vie de manière très intéressante, m’a rendu moins stressé, plus productif et plus réfléchi ; OmniFocus s’est révélé le compagnon idéal. C’est un peu le Scrivener de la productivité (et si tu suis cet endroit depuis un moment, auguste lectorat, tu sais combien c’est pour moi un compliment). Il fait assurément partie des composants qui me tiendront fermement ancré dans l’écosystème Apple et sans qui je ne m’imagine plus travailler.

Pour l’approcher correctement et accompagner ce questionnement, bien des auteurs ont écrit bien des livres, mais je ne recommanderai qu’un (dont je reparlerai), Kourosh Dini avec Creating Flow with OmniFocus, qui joue à la fois le rôle de didacticiel, référence et réflexion sur le travail et la création autour d’OmniFocus.

Dans l’intervalle, pour acquérir OmniFocus, rendez-vous ici pour la version iOS, et là pour la version MacDe manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci !

(Et si vous avez des questions, n’hésitez pas, comme d’habitude, les commentaires sont ouverts pendant quinze jours.)

  1. Un certain nombre d’idées présentées dans cet article sont inspirées ou prises dans l’excellent ouvrage de Kourosh Dini, Creating Flow with OmniFocus (lien affilié), dont je parle en détail ici.
2019-06-04T20:32:14+02:00mardi 30 mai 2017|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La boîte à outils de l’écrivain : OmniFocus, la meilleure solution de gestion de tâches et projets

Il fabrique des archets, et ce qu’il a à dire concerne tous les créateurs

(C’est bon, j’ai mon diplôme en titre Internet… ?)

Blague à part, c’est vrai. Et c’est bien parce que les paroles d’Éric Grandchamp sur la création au sens large, sur la passion me semblent universelles que je voudrais les partager. Justine Carnec, étudiante en journalisme, m’avait déjà proposé un entretien en février, et elle a réalisé par la suite un entretien avec cet archetier (artisan qui fabrique des archets), Meilleur Ouvrier de France, lequel est passionnant, et dont la lecture me semble pouvoir profiter aux écrivains comme aux créateurs de tous horizons. J’avais donc envie qu’il puisse être disponible au moins quelque part plutôt que de disparaître, et je suis honoré de pouvoir le publier donc, avec l’autorisation de Justine (si tu préfères, auguste lectorat, voici le lien vers l’entretien direct en PDF).

Il habite la grande maison jaune qui donne sur la Baie de Morgat, en Presqu’île de Crozon. Vêtu d’un grand tablier, il ouvre sa porte, le sourire aux lèvres, et nous emmène au deuxième étage. C’est son atelier. Sous la charpente, des machines, des outils, des morceaux de bois… Et un petit établi, face à la fenêtre ouverte sur la mer. Ses mains reprenant vite la pièce qu’il réalisait avant d’être interrompu, Éric Grandchamp, un des meilleurs archetiers au monde après quarante ans de métier, raconte son histoire et son goût pour son métier ; la fabrication d’archets.

Où êtes-vous né ?

Je suis né en Bourgogne, à Alise Sainte Reine. C’est le nom du village où a eu lieu Alésia, la bataille avec Vercingétorix.

Que faisaient vos parents ?

Mon père était ouvrier dans une société métallurgique qui faisait des pièces de très haute précision. Ma mère était femme au foyer, mais elle avait fait un apprentissage de couture. Elle aussi était extrêmement habile manuellement. Comme ils travaillaient beaucoup de leurs mains, tous les vêtements étaient faits à la maison, et une partie des jouets aussi.

D’où vous est venue cette passion du travail manuel ?

Je bricolais souvent dans l’atelier de mon père, à la maison. Et puis, il y avait un ébéniste qui habitait juste en face de chez moi, et il m’arrivait très fréquemment de traverser la rue pour aller dans son atelier, jouer avec les chutes de bois qu’il jetait dans des grosses caisses. Et puis, un Noël, je devais avoir cinq ou six ans, on m’a offert toute une panoplie avec un marteau, une scie, un étau, etc. Je m’en suis énormément servi. Arrivé à l’âge de neuf ans, j’ai commencé à faire de la sculpture tout seul. Vers mes 12 ans, j’ai rencontré une artiste qui n’habitait pas très loin de chez moi. Je pouvais passer tout l’après-midi dans son atelier, à sculpter avec elle. Elle m’a appris les rudiments esthétiques et m’a donné une certaine culture artistique.

Comment vous est venue l’idée de vous lancer dans l’archeterie ?

Je savais déjà depuis tout petit que j’allais travailler dans le bois et de mes mains. C’est une nature, et c’est aussi vital pour moi de travailler de mes mains que de respirer. Je suis allé en colonie de vacances, où j’ai rencontré un violoncelliste, et je suis tombé sous le charme de ses instruments. Je ne connaissais pas du tout le milieu de la musique, mais, à partir de là, il m’est venu plein d’idées. Dès que je suis rentré de vacances, je suis allé à Dijon, rencontrer un luthier. Il m’a consacré un après-midi entier. Il m’a expliqué les métiers de luthier et d’archetier, et il m’a dit « Si tu veux revenir et avoir quelques explications supplémentaires, n’hésite pas à refrapper à ma porte. »

Et ensuite ?

J’étais plus intéressé par le métier d’archetier que de luthier, parce qu’il y a énormément de matériaux différents, un aspect mécanique, et puis un aspect esthétique et sonore qui en font un champ d’expression très large. Là, j’avais 14 ans seulement. J’ai passé ma troisième, et j’ai tenté le concours de l’école nationale de lutherie de Mirecourt. À l’époque, il y avait six cent candidatures pour trois places de luthier et trois places d’archetiers. Mais ça, je ne le savais pas quand je l’ai passé, j’y allais comme un gamin, la fleur au fusil. (rires) Et j’ai eu beaucoup de chance, car j’ai été intégré dès la première année.

Ce violoncelliste, ce luthier, tous ces ateliers, ça vous a donné envie ?

Oui. Je pense que si l’environnement ou les parents n’ont pas éveillé la curiosité chez l’enfant, c’est très compliqué pour lui d’aller se former. Ce qui est regrettable, c’est qu’aujourd’hui, il y a trop d’interdits. On ne devrait jamais hésiter à frapper à une porte et dire « Je suis curieux, est-ce-que je peux voir ? ». J’ai toujours accepté que ceux qui en avaient envie vienne voir mon atelier, même si ce n’est pas toujours évident de consacrer du temps à chacun. Parce que, si l’ébéniste en face de chez moi m’avait dit « Non, c’est interdit aux enfants », si mon père m’avait dit « L’atelier c’est trop dangereux », ou si le luthier m’avait dit « J’ai plein de travail je ne peux pas te recevoir », je n’aurais jamais fait ce métier. C’est très important d’offrir la possibilité à des gens curieux de découvrir d’autres choses.

Y a-t-il une relation, un lien particulier qui se crée entre l’archet et celui qui le fait ?

Complètement. En fait, la fabrication d’un archet, c’est un peu un ménage à trois. Il y a le musicien, l’archetier, et puis tous les matériaux. La baguette est la plus importante, elle a sa propre personnalité. La première chose que l’archetier doit faire, c’est comprendre son client. À partir de là, il choisit une baguette qui va vraiment se marier à la personnalité et aux exigences de ce client. Ça peut prendre deux ou trois jours pour seulement sélectionner un morceau de bois, parce qu’on veut trouver exactement la baguette qui correspond à ce qu’on s’imagine faire pour ce musicien. Chaque morceau de bois, chaque musicien est différent, et on est obligé de changer de stratégie à chaque fois.

Que ressentez-vous quand vous réalisez un archet ou une pièce ?

Comment dire… C’est un compromis. En fait, j’ai à l’esprit une certaine idée de ce que j’ai envie de faire. Mais il faut personnifier mon morceau de bois, en lui demandant ce qu’il a envie de faire, ce qu’il est capable de faire. Et on va essayer de trouver un compromis entre les deux. On ne peut pas aller contre la nature des matériaux, donc il faut bien sentir toutes ces choses. L’archet, c’est une personne à part entière.

Vous diriez que c’est plus un métier, un travail, ou une passion ?

Ah, ce n’est pas un travail, parce que je ne suis jamais allé au travail. (rires) C’est un métier ; ça, c’est sûr. Une passion, aussi. Mais on peut souffrir, même dans une passion. Quand on a la page blanche, ou quand on a le doute, par exemple.

Ça vous arrive ?

Ça doit arriver à tout le monde. Si on est exigeant, on doit avoir cette page blanche de temps en temps. Il y a très longtemps, j’ai eu une période de doute. Je me disais que ce que je faisais n’avait aucune personnalité. Donc, je suis allé voir un très bon ami, et je lui ai dit : « Il y a un problème, j’ai l’impression que ce que je fais ne ressemble à rien. », et il m’a répondu qu’en fait, ce que je faisais était quelque chose de complètement neuf, ça ne ressemblait à rien de ce qui avait été fait jusqu’alors. Et c’est à ce moment-là que je me suis aperçu que j’avais arrêté de chercher l’originalité, pour uniquement chercher l’honnêteté. Et j’ai compris que le chemin était le bon. Il faut se laisser aller, il ne faut pas essayer de plaire ou de se plaire. Il faut être le plus honnête possible. Ça n’est pas évident d’être juste soi-même, ou d’accepter quasiment la laideur plutôt que la copie.

Dans l’art, l’inspiration, c’est très important. D’où vient la vôtre ?

De la vie. Quand on veut trouver l’inspiration, il faut se trouver des belles choses dans la vie. On peut aussi tirer des belles choses de moments qui ne sont pas nécessairement très beaux. Lorsque je vais à la pêche, en fait, je n’y vais pas réellement, je travaille. Il faut se créer un cadre, car l’inspiration vient de l’extérieur. Elle vient aussi de soi, mais si on ne se crée pas un univers tout autour, elle ne viendra pas. Ça peut être la pêche, la sculpture, la bijouterie, la rencontre avec des amis. Comme je disais, je ne suis jamais allé au travail. Ça fait partie d’une vie, quoi.

Jouez-vous d’un instrument ?

J’ai joué du violon, mais je suis un très mauvais violoniste. C’est sans doute un grand avantage.

Pourquoi ?

Parce que, quand j’essaye un de mes archets, si c’est absolument catastrophique, je vais essayer de le régler jusqu’à temps que ma pauvre technique arrive à passer certains caps. Je vais donc sans doute voir des défauts que des bons instrumentistes ne verraient pas. Je n’ai pas envie d’apprendre. Je passe déjà tellement de temps sur mes archets… Je préfère en savoir davantage sur la sculpture, la fonderie, l’art, la culture en général.

Quelles ont été les rencontres déterminantes dans votre parcours ?

Il y a une femme qui était exceptionnelle. J’étais très jeune archetier, j’avais une vingtaine d’années. C’était une Japonaise. C’est la première personne qui a eu vraiment une grande confiance en moi, et c’est elle qui m’a ouvert le marché japonais. C’est une chance inouïe. Elle fait du négoce de violon et d’archets, c’est une personne très importante au Japon.

Comment l’avez-vous rencontrée ?

C’est une histoire à la fois triste et gaie. C’était une période difficile où je n’avais plus de commandes. C’est difficile d’être installé très loin des agglomérations. C’était le mois de mai, et avant d’espérer vendre des archets, il fallait attendre la rentrée des Conservatoires, au mois de novembre. J’avais fait une exposition qui n’avait pas du tout marché dans l’hiver, et c’était la seule adresse que j’avais. Alors, je me suis décidé à la contacter, pour savoir si elle était intéressée pour voir mes archets. Et elle m’a dit oui. Je suis allé à Paris, et, pendant 20 minutes, elle n’a pas prononcé un seul mot, elle a juste regardé mes archets très méticuleusement. Enfin, elle a sorti trois d’entre eux, et m’a dit « Je vous dois combien ? ». (rires) Et elle a ajouté « Bon, c’est très bien, mais il faudrait que tu changes ceci, ceci et ceci. Dans un mois, je repasse à Paris. Tu peux me préparer trois archets comme je t’ai suggéré ? » Alors j’ai dit oui, bien sûr, et c’est comme ça qu’a commencé cette histoire avec le Japon.

Le succès, ça monte à la tête ?

Non. L’humilité est pour moi une des pièces maîtresses parmi les qualités qu’il faut avoir, dans tous les domaines. Il faut mériter tous les jours ce qu’on a acquis. J’ai accroché un seul de mes prix au mur, celui du Meilleur Ouvrier de France. Tous les autres sont dans des cartons. J’ai juste celui-là, parce que ce concours n’est pas un concours contre les autres. C’est un concours contre soi-même. On peut être trois ou quatre à se présenter, et trois ou quatre à avoir la médaille d’or. Ce prix au mur, c’est un peu comme le juge de paix, tu es obligé de le mériter tous les jours. Et en plus, la grosse tête, ça voudrait dire qu’on pose ses valises et qu’on s’arrête, qu’on ne veut plus du tout avancer. Ça ne m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est d’aller toujours plus loin.

2019-06-04T20:31:36+02:00mercredi 24 mai 2017|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Procrastination podcast ép. 17 : « L’angoisse de la page blanche »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « L’angoisse de la page blanche« .

Autre question fréquente de la création, considérée celle-ci comme une « maladie honteuse » : l’impossibilité, justement, de créer… Que sont ces blocages de l’écriture ? Peut-on y remédier ? Abordant les questions des rythmes naturels et des désirs de la création, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust proposent des pistes et leurs propres méthodes pour continuer à alimenter leurs projets au long cours.

Références citées
– Antoine Blondin, Un singe en hiver
– Eckhart Tolle, Dalai Lama, Desmond Tutu & authors, « Educating the Heart and Mind-Creativity » https://www.youtube.com/watch?v=Zb3_wqX7yNE
– Boulet, Vaincre l’angoisse de la page blanche en 40 étapes http://www.bouletcorp.com/2017/03/05/vaincre-le-syndrome-de-la-page-blanche-en-40-etapes/

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:47:15+02:00lundi 15 mai 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 17 : « L’angoisse de la page blanche »
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