Ça sent la fin pour World of Warcraft (du syndrome Dragon Ball Z)

Je ne joue plus à WoW depuis environ 2009 (j’ai publié mon premier roman en 2010, coïncidence ? je ne crois pas) mais je garde une tendresse spéciale qui ne peut être due qu’à un syndrome de Stockholm avancé en repensant au farm des feux élémentaires pour les potions de résistance nécessaires pour Molten Core, surtout quand je constate que mon cerveau a totalement effacé la géographie d’Azeroth que je connaissais pourtant autrefois mieux que le topologie de ma propre rue, de la même façon que j’ai oublié comment diagonaliser une matrice au lendemain des concours d’école d’ingénieur. Tendresse, donc, et (merci Topa pour l’info), Blizzard prépare la dixième extension de WoW, intitulée The War Within, première d’une trilogie formant une seule et même saga.

Si vous ne suivez pas le lore de WoW, c’est un joyeux foutoir à base de voyages interplanétaires et interplanaires où, dans les dernières additions, on combat même la mort (car même la mort peut mourir, disait l’autre), et d’ailleurs, les orcs ne sont pas des méchants, mais en réalité des extraterrestres (je suis sérieux). Dernièrement, il semble qu’on apprenne que les planètes sont en réalité des titans (ouais, bon, des dieux) en devenir et le dieu méchant (Sargeras) veut tuer la planète, une idée qui me rappelle un peu perso les réacteurs Mako de FF7 mais bon, c’est compliqué d’inventer un grand concept qui puisse se prêter à du loot épique. J’ai l’air chafouin comme ça mais pas du tout : j’ai une sincère affection pour le lore de WoW justement parce qu’il part dans tous les sens et il est réellement difficile de menacer la planète tous les ans pour intéresser les joueurs à la prochaine chasse à l’arme violette. Et puis, allez résumer trente ans de background en un seul paragraphe. Donnez-moi une cassure.

Bref. Sargeras, c’est le grand méchant de l’univers depuis littéralement le début, et on entre comme qui dirait dans l’échelle épique, à ce stade : quand on commence à péter des planètes entières, on s’approche dangereusement d’une inflation des enjeux que j’appelle personnellement le syndrome Dragon Ball Z. Lequel est caractérisé par une démesure tellement exponentielle de la puissance des personnages et/ou des enjeux qu’ils en deviennent paradoxalement abstraits, risquant un dangereux désengagement du lecteur ou spectateur. Pour le dire autrement : quand on commence à dézinguer des planètes, on n’a plus beaucoup de marge de progression à part dézinguer des systèmes solaires, puis des galaxies, puis on entre dans les délires des multivers et là, l’exemple des super-héros nous montre bien qu’on commence à coincer et que, pour le dire poliment, ça devient du gros nawak dont on se bat les gonades.

Pourquoi les films et comics de super-héros reviennent-ils toujours à l’origin story et nous la remixent-ils cent douze fois plutôt que de remixer l’arc où la version Vega-9000 d’Iron Man en ascension céleste a sauvé trois univers parallèles ? Parce qu’en imaginaire, nous avons besoin de deux dimensions potentiellement opposées : les enjeux, que nous tendons à vouloir cosmiques (on écrit de l’univers aussi pour pouvoir péter des planètes, hein) et l’attachement aux personnages, qui s’appuie à l’inverse sur l’intime. Et l’on n’est jamais aussi bon que quand on arrive à relier l’un à l’autre, ce qui passe souvent par l’implication de l’intime dans la destruction desdites planètes, mais ça n’est pas toujours facile à naviguer.

Les développeurs de WoW ont déclaré en toutes lettres que non, ça n’était pas la fin du jeu, qu’ils avaient encore dix extensions en stock, et je veux bien les croire en termes de gameplay, tout comme il leur est bien évidemment impossible de déclarer quoi que ce soit d’autre, que ce soit pour l’implication des joueurs dans le jeu que pour la valeur des actions d’Activision-Blizzard. Mais quand même, je suis forcé de m’interroger : après avoir vaincu littéralement la mort et peut-être flingué Sargeras, la cause première de Tout Ce Qui Déconne™ dans cet univers, où la narration pourra-t-elle bien aller ? Qu’est-ce qu’on peut bien faire après ? Personnellement, je trouverais intéressant de varier les plaisirs et de revenir à quelque chose de plus intime, mais je ne crois pas un seul instant que la fanbase s’intéresse à WoW : Mon Petit Commerce De Proximité™ après avoir probablement tué Sargeras à coup de tétralaser multimagique dans un Goldorak spatial alimenté par trois Naaru, le sacrifice de Sylvanas Coursevent et l’esprit d’Arthas Menethil revenu une énième fois pour un cameo.

Qu’est-ce qu’on retire de ça ? Un bouquin n’est pas un jeu vidéo et dans un jeu, le lore est secondaire au gameplay ; les délires multiplanaires n’ont pas dérangé D&D et Magic: the Gathering supporte visiblement les hybridations les plus invraisemblables.

Je n’ai pas joué à Magic depuis le lycée, mais j’ai un énorme man crush sur David Tennant, et je suis faible

Un roman ou un série, en revanche, n’ont que leur histoire, duh. Et du coup, on en retient une leçon pour nous : l’importance des enjeux n’est pas directement corrélée à leur envergure. Ce qui compte, c’est leur importance pour les personnages. Et c’est avant tout là que l’on peut mettre à profit narrativement l’une des plus vieilles stratégies de survie du monde animal : l’empathie pour nos semblables, qui véhicule alors le sentiment, laquelle entraîne l’implication.

2023-11-13T07:17:43+01:00lundi 13 novembre 2023|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Les créateurs de Scrivener préparent une nouvelle app minimaliste

Scrivener c’est le bien, c’est le Graal, c’est ce qu’est le sabre laser au blaster (une arme noble pour une époque civilisée) ; ses créateurs ont aussi fait Scapple, qui est vachement cool aussi, alors imaginez-moi tel un lapin sautillant sur place en apprenant qu’ils mijotent un nouveau projet, et qu’en plus c’est une nouvelle app d’écriture.

La page du projet annonce la recherche de bêta testeurs, et vous pouvez imaginer que j’ai entré mon adresse plus vite qu’on ne peut taper TextExpander. En quelques mots, et en complétant de ce que j’ai suivi des défis technologiques rencontrés par les développeurs sur les forums, cette app n’est pas Scrivener 4, c’est une app légère, disponible sur ordi comme sur mobile, qui proposera des fonctionnalités plus basiques : le texte, une vue hiérarchique, et la possibilité de conserver ses notes à côté de son manuscrit, soit les fondamentaux de Scrivener. J’ajouterais : comme Ulysses, mais sans le Markdown (cette app utilisant plutôt l’approche de la feuille de styles).

Ce qui permettra à cette app de se synchroniser ENFIN via iCloud sur mobile. Scrivener en est incapable pour deux raisons : d’une, pendant très longtemps, iCloud ne gérait pas correctement le format de projet employé par Scrivener ; de deux, Scrivener peut gérer des GROS projets (toute la série « Les Dieux sauvages » représente un seul projet de plus d’un 1 Go) et pour cela, le code emploie des tas d’optimisations pour ne pas flinguer la machine sur laquelle il tourne, ce qui est là aussi incompatible avec iCloud, et nécessiterait une réécriture de tout le modèle de données. Le développeur n’exclut pas de le faire un jour, mais là, il est occupé.

Honnêtement, je redoute que cette app ne soit pas assez puissante à mon goût, mais comme j’ai tendance à garder de moins en moins mes notes dans mes projets d’écriture au profit d’un environnement plus adapté à celles-ci, comme Obsidian, je ne serais pas contre bénéficier d’une approche à la Scrivener plus légère sans les désavantages d’Ulysses. Et si la complexité de Scrivener vous a découragé.e et que le Markdown vous hérisse (ne vous cachez pas, je vous vois), c’est peut-être à surveiller.

Parce que, mes amis, je m’inquiète sincèrement pour vous. C’est pour votre bien. Il faut arrêter d’utiliser Word.

➡️ Page de description du projet

2023-11-02T07:38:43+01:00mercredi 8 novembre 2023|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Les créateurs de Scrivener préparent une nouvelle app minimaliste

Les éditions ActuSF sont reprises, fondation des Nouvelles éditions ActuSF

Bonne nouvelle communiquée sur les réseaux, les éditions ActuSF sont reprises par le groupe éditorial Salomon-Sansonnet et Pollen Diffusion – meilleurs vœux aux Nouvelles éditions ActuSF :

Le groupe éditorial Salomon-Sansonnet et Pollen Diffusion ont le plaisir de vous annoncer la reprise des éditions Actusf, spécialisées dans les littératures de l’imaginaire.

Deux mois après leur dépôt de bilan, le tribunal de commerce de Chambéry a choisi cette offre pour la continuité de leurs activités.

Nous allons tout de suite nous mettre au travail pour créer la société “Les nouvelles éditions Actusf” et pour que les livres soient de nouveaux disponibles en librairies le plus rapidement possible, en concertation avec les auteurs et les autrices. Nous sommes déjà en train de réfléchir à un programme éditorial pour de nouveaux titres au printemps 2024, en concertation avec Jérôme Vincent qui est associé à notre projet.

La distribution sera assurée par Pollen et la diffusion par CED.

Le groupe éditorial Salomon-Sansonnet vient de voir le jour, après la reprise par ses deux fondateurs, Laura Salomon et Nicolas Sansonnet des éditions La Part Commune.

Pollen Diffusion investit pour la première fois dans une maison d’édition, en cohérence avec les valeurs de soutien et de défense de l’édition indépendante. Pollen Diffusion assure la distribution d’éditeurs indépendants depuis 2004.

S’ouvre désormais une phase de reconstruction, d’échanges et de cogitations. Nous sommes toutes et tous très enthousiastes face à ce nouveau défi.

A très vite pour de nouvelles informations.

Laura Salomon, Benoît Vaillant, Nicolas Sansonnet, Caroline Hermoso, Jérôme Vincent

Communiqué de presse

Hélas, d’après les commentaires dudit article, il semble que seul Jérôme Vincent puisse faire partie de cette aventure. Or une maison d’édition, c’est aussi celles et ceux qui la font tourner et la construisent au quotidien : un très grand merci à toute l’équipe historique, et vœux et soutien, tout particulièrement, à eux et elles.

En ce qui me concerne, j’ai signé une continuation de contrat avec la nouvelle structure, ce qui signifie en particulier que Les Questions dangereuses sous le label Hélios et L’Importance de ton regard en numérique resteront disponibles.

2023-11-02T08:13:17+01:00lundi 6 novembre 2023|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Les éditions ActuSF sont reprises, fondation des Nouvelles éditions ActuSF

Procrastination podcast s08e04 – Faire la chronologie d’un récit

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e04 Faire la chronologie d’un récit“.

Cette quinzaine, Procrastination rentre dans le détail technique de cet outil fréquemment recommandé : quels outils, quelles méthodes pour construire la chronologie de son récit ? Lionel (qui essaie très fort de ne pas transformer l’épisode en panégyrique pour Aeon Timeline) propose de l’utiliser pour la construction a priori, tant que pour vérifier la cohérence des fils narratifs a posteriori. Estelle ajoute à cela les ruptures intéressantes que le récit peut proposer, comme les retours en arrière et sauts en avant ; la chronologie peut ainsi s’avérer un outil précieux pour dynamiser sa narration. Mélanie rappelle qu’on peut aussi toujours écrire des récits qui permettent de faire l’abstraction de tout ce bazar !

Références citées

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-11-15T08:10:21+01:00mercredi 1 novembre 2023|Procrastination podcast|2 Commentaires

Procrastination podcast s08e03 De beaux sentiments sans tomber dans les bons sentiments

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e03 De beaux sentiments sans tomber dans les bons sentiments“.

Une certaine concentration actuelle des attentes du marché sur la tension narrative, le conflit, le rythme peut faire crainte la difficulté d’écrire des relations peut-être saines ou pacifiques entre personnages. Peut-on le faire ? Comment écrire de l’enjeu et de la tension sans tomber dans la cruauté et la violence ? Pour Estelle, justement, un premier levier consiste à prendre conscience que celles-ci ne sont pas obligatoires ; au contraire, s’en abstenir permet de marquer du contraste. Ensuite, il convient d’accepter que dans un monde sombre aux événements âpres, les relations ne sont pas forcées de suivre le même motif. Mélanie souligne justement, exemples et choix de narration à l’appui, la puissance que ce contraste entre normalité et cruauté peut acquérir dans un récit. Pour Lionel, la difficulté s’enracine dans une compréhension restrictive ce qui fait un conflit narratif et sa tension, lesquels peuvent sortir du modèle frontal, interpersonnel et intense pour aborder quantité d’autres façons de raconter.

Reférences citées

  • L’Armée des ombres, film de Jean-Pierre Melville
  • The Last of Us, série de Neil Druckmann et Craig Mazin
  • Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur
  • J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux
  • Star Trek, série créée par Gene Roddenberry
  • Ted Lasso, série de Bill Lawrence, Jason Sudeikis, Brendan Hunt et Joe Kelly
  • Doctor Who, série créée par Sydney Newman et Donald Wilson

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Bonne écoute !

2023-11-01T08:17:00+01:00lundi 16 octobre 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e03 De beaux sentiments sans tomber dans les bons sentiments

Léa Silhol et la fin de l’Oxymore (2006)

Dix-sept ans se sont écoulés depuis la publication de cet article, sous la plume de nulle autre que Léa Silhol, qui avait fait grand bruit à l’époque de par son côté politiquement très incorrect, et il l’est encore un peu, mais plus tant que ça en 2023 justement parce qu’il est toujours actuel (convertissez juste quelques détails pour 2023, comme “forums” par “réseaux commerciaux”).

Justement, comme il est probablement inconnu des nouvelles générations, il est à relire et réfléchir à l’heure où les éditions ActuSF sont forcées de mettre un point final à leur histoire.

➡️ Happiness in Slavery – La philosophie dans le foutoir

Pour mémoire, “réfléchir” ne signifie pas “adhérer sans réserve”, et je ne fais aucun parallèle entre la situation des deux maisons – je n’en sais rien, je ne suis dans le secret ni de l’une, ni de l’autre ; il est simplement intéressant de lire des mots non mâchés sur un métier dont les difficultés semblent avoir fort peu évolué de manière générale (si ce n’est en mal).

2023-10-09T08:16:02+02:00mardi 10 octobre 2023|Le monde du livre|1 Commentaire

Les éditions ActuSF mettent un point final à leur histoire

La nouvelle est tombée pendant ma longue déconnexion d’été, et c’est important de s’en faire l’écho.

Les éditions ActuSF étaient un repère majeur du paysage de l’édition français : vingt ans d’existence, construites autour du site du même nom, qui ont sans relâche poussé la fiction francophone (Morgan of Glencoe, Estelle Faye, Isabelle Bauthian, Katia Lanero Zamora et tant d’autres) tout en réalisant un énorme travail patrimonial (Je suis Providence, l’énorme biographie de Lovecraft par Joshi ; les actes des colloques universitaires des Imaginales…) et de traduction (Aiden Thomas, Robert Heinlein, Megan Lindholm, G. R. R. Martin hors « Game of Thrones »…)

Les formules habituelles couramment employées dans ce genre de situation, « tragédie », « séisme », bien que totalement vraies, ne peuvent rendre justice à la chose ; ActuSF, c’est de la fiction adulte, jeunesse, et young adult, des essais, des anthologies mais aussi tout un volet de la collection poche Hélios, presque1 400 titres. Toute une équipe éditoriale et toute une écurie d’auteurs et autrices, à qui j’exprime bien évidemment tout mon soutien, mais on va être clair, ça doit leur faire une bien belle jambe, parce que fait chier.

La fermeture d’ActuSF met en exergue les profondes difficultés de notre secteur – l’édition francophone indépendante d’imaginaire. Quand on explique que l’édition peut être très difficile, que quand on en parle, il faut distinguer les groupes multinationaux des indépendants, voici pourquoi c’est important. Quand on milite pour défendre la littérature francophone et donc évidemment les maisons indépendantes qui la promeuvent, voici pourquoi c’est important. ActuSF faisait partie des maisons qui donnaient régulièrement leur chance à de jeunes auteurs et autrices, à des projets sortant des sentiers battus.

C’est aujourd’hui un bastion d’une création vivace et originale qui s’éteint.

Je suis très triste, mais je vous avoue que je suis aussi en colère quand je pense aux réflexions ignares qui passent constamment sur les réseaux concernant par exemple les réalités de nos métiers ou l’exigence que représente la défense d’une littérature francophone originale. Voici. Pourquoi. C’est. Important.

Comme souvent, Bleuenn Guillou a frappé le clou sur la tête (hit the nail on the head, j’fais ce que je veux), avec un thread court qui va droit au but :

Ah ouais, et puis c’est le début du mois de l’imaginaire, là. Désolé, mais la fermeture d’ActuSF c’est la réalité du terrain ; alors on se bouge collectivement pour de belles initiatives autour de nos genres et, surtout, de la création originale en se rappelant qu’en France2, on fait de superbes choses.

Dans l’intervalle, vous avez une ultime chance d’aider les éditions ActuSF en faisant une commande massive3.

  1. Estimation réalisée sur le site, corrigez-moi le cas échéant.
  2. Je ne dis évidemment aucun mal de la fiction anglophone, vous l’aurez bien compris, mais elle n’a guère besoin qu’on la défende ; le français, oui, sur son propre territoire – et c’est pourquoi il faut se battre un peu. Ou alors on lâche l’affaire, on décide que le français est déjà du grec ancien, et pour être honnête, j’ai peur que ça ne soit déjà en cours, et c’est pour ça que je suis en colère.
  3. Ah oui, au passage, cela signifie donc que les jours de l’édition Hélios de Les Questions dangereuses, signée avec ActuSF, sont comptés. Il en va de même pour les éditions numériques de L’Importance de ton regard et de L’Opéra des serrures de Bruce Holland Rogers. Si vous les voulez, c’est maintenant.
2023-10-02T01:59:37+02:00mardi 3 octobre 2023|Le monde du livre|2 Commentaires

Procrastination podcast s08e02 – Écrire le sentiment et l’émotion

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e02 Écrire le sentiment et l’émotion“.

Écrire l’émotion et le sentiment au-delà des bouleversements et des chocs constitue un exercice délicat où l’équilibre et l’adresse sont souvent subtils. Quelles astuces et techniques pour raffiner l’aspect émotionnel de son histoire ?

Estelle remet en avant le vieil adage du « show, don’t tell », mais le pousse plus loin encore en proposant de tisser les émotions des personnages dans la narration même et la voix du récit. Mélanie aime la narration à la première personne pour l’immédiate accessibilité du sentiment, qu’elle aborde et ressent comme une actrice ; elle met par ailleurs l’accent sur l’irrationalité que peuvent présenter les réactions humaines, ce qui offre de l’intérêt et de l’inattendu. Lionel met l’accent sur l’expression personnelle du ressenti du personnage dans le moment idoine de la narration davantage que sur l’émotion ressentie elle-même, et rappelle que la dramatisaton même du sentiment peut constituer un puissant levier narratif.

Références citées

  • Flaubert, Madame Bovary
  • H. V. Gavriel
  • Star Trek: Picard, série d’Alex Kurtzman
  • Les chats

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-10-17T09:24:54+02:00lundi 2 octobre 2023|Procrastination podcast|3 Commentaires

Procrastination podcast s08e01 – La gestion d’une librairie indépendante, avec Éric Marcelin

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e01 – La gestion d’une librairie indépendante, avec Éric Marcelin“.

Pour sa huitième saison, Procrastination a le plaisir de recevoir Éric Marcelin, directeur de Critic, à la fois librairie indépendante implantée à Rennes depuis plus de vingt ans et maison d’édition d’imaginaire qui compte dans le paysage français, avec au catalogue Christian Léourier, Laurent Genefort, Lou Jan, Romain Benassaya, Marine Sivan et bien d’autres. Avec cette double casquette et l’expérience des années, Éric a un regard précieux et riche d’enseignements ; c’est notamment l’occasion de découvrir le métier de libraire, souvent mal connu des auteurs.

Dans ce premier épisode de notre conversation au long cours, Éric dévoile les mécanismes concrets du fonctionnement d’une librairie et de la distribution d’un ouvrage à partir de sa sortie de chez l’imprimeur ; la sélection des titres en rayonnage ; la gestion de l’équilibre entre nouveautés et fond ; le temps de vie d’un livre sur l’étal du libraire.

Retrouvez la librairie et les éditions Critic en ligne et sur les réseaux :

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-10-02T09:23:01+02:00vendredi 15 septembre 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e01 – La gestion d’une librairie indépendante, avec Éric Marcelin

Les éditeurs n’ont pas pour mission de vous faire progresser

This just in, cet excellent fil sur Twix (ben quoi ?) d’absolue utilité publique :

Et qui me rappelle deux choses : d’une part, la passionnante intervention de Mireille Rivalland dans l’épisode 501 de Procrastination, où elle expliquait ouvertement que dans ses débuts à l’Atalante, elle renvoyait des retours circonstanciés pour chaque refus de manuscrit, et que les discussions sans fin qui s’ensuivaient ont fini par la dissuader de rentrer là-dedans.

D’autre part, des réflexions amères qui passent de loin en loin sur les réseaux, concernant, le fait que les maisons d’édition ne veulent pas aider les jeunes auteurs, relire des manuscrits déjà soumis auparavant, et mettent des années à répondre – insérez les frustrations courantes vis-à-vis du système.

Mes amis, je suis navré, je vais être brutal, mais les maisons d’édition n’ont pas pour vocation de vous apprendre à écrire ni de vous faire devenir de meilleurs auteurs, du moins pas tant que vous et elle ne vous êtes pas accordés un minimum sur un projet à défendre (ce qui implique un niveau basal de compétence comme de professionnalisme pour arriver à construire ladite entente), et là encore, vous n’êtes pas la finalité, c’est le projet, la finalité. (Votre apprentissage est un heureux sous-produit du processus, qui pourra être réinvesti dans tous les projets à venir, qui se conduiront à nouveau avec les mêmes équipes si tout le monde est content.) Ce sont des entreprises qui sont chroniquement en sous-effectif, noyées sous la masse des soumissions (qu’elles lisent et éclusent néanmoins parce qu’elles aiment sincèrement le livre) et dont le travail est de produire de chouettes livres pour leur public.

Pas de prendre en main votre carrière à vous. Vous êtes la seule personne à pouvoir le faire.

Encore une fois, appliquons la transformée simple qui consiste à transposer la problématique dans le domaine de la musique :

Une maison de disque n’a pas pour rôle de vous apprendre à chanter ni à jouer de la guitare, hein ? C’est absurde, on est d’accord ? Si vous présentez du potentiel, et si la rencontre esthétique / artistique se fait, alors oui, la maison va vous aiguiller et bâtir dessus. Mais il faut déjà que le potentiel soit là, et cela veut dire savoir jouer un minimum de son instrument.

C’est exactement la même chose dans l’édition littéraire, ni plus, ni moins. La difficulté inhérente à l’édition est que le langage est un outil largement plus répandu que le chant lyrique, et qu’il est donc plus ardu de voir soi-même si l’on chante juste ou pas. D’où l’importance supplémentaire du travail et, oserais-je dire, du retour critique.

Sérieusement, lisez le thread ci-dessus – chaque twix (je ne m’en laisserai pas) est un distillat d’un problème chronique dans le monde de l’édition pour les jeunes auteurs, et certaines réponses imbéciles qui y ont été faites ne viennent qu’inscrire un gros “CQFD” en lettres de feu visibles depuis Jupiter. Sur chaque point qu’adresse Bleuenn, les éditeurs pestent en coulisses depuis des années.

Maintenant, ne déprimez pas. Au contraire. Soyez malins. Revers positif de la médaille : si, sans même parler d’attitude professionnelle, vous vous comportez avec un minimum de bon sens, c’est-à-dire que vous n’arrivez pas comme un complet abruti sorti du métatarse de Jupiter, vous vous placez au-devant d’une grande masse qui, tragiquement, s’autodisqualifie. Dans votre cas, il ne restera plus qu’à parler du texte, ce qui place la conversation sur le seul domaine où, très franchement, elle devrait se tenir avant toute chose !

Les ressources disponibles aujourd’hui pour travailler son écriture sont ultra abondantes (je me contenterai de citer la nôtre et la mienne). Écrire, c’est comme un instrument de musique : ça demande autant de boulot. Alors : au travail – c’est comme toujours la seule chose que vous contrôlez. Bon courage – et bon dieu, amusez-vous !

2023-07-31T09:15:39+02:00lundi 31 juillet 2023|Technique d'écriture|2 Commentaires

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