Antidote est-il bien cet outil ultime (mais cher) d’aide à la correction ? [la boîte à outils de l’écrivain]

Il y a des synchronicités curieuses sur les réseaux, et en ce moment, cela tourne beaucoup autour des outils d’aide à la correction (et donc, par rebond, à la rédaction). À savoir : existe-t-il un logiciel qui me permettrait de détecter mes erreurs de frappe ou de conjugaison, qui pourrait m’orienter sur la qualité de mon texte, qui me donnerait un dictionnaire de qualité, le tout sans nécessiter le réseau de neurones d’un Terminator parce que j’ai pas envie qu’on m’abatte à ma première erreur d’accord de participe passé ?

Ou bien – c’est la question inverse : j’ai entendu parler d’Antidote. Est-ce que ça vaut le coup ?

La machine à tout faire

Antidote est probablement le plus connu, mais aussi l’un des plus chers des logiciels de correction : dans les 90 € pour la version de bureau. Nous avons une belle langue, mais complexe, et ses pièges sont multiples ; aussi la promesse d’un logiciel qui pourrait réellement aider à traquer les fautes et les impropriétés est-elle tentante, mais vu le prix (le double d’un Scrivener, par exemple), on peut raisonnablement se demander ce que cache Antidote, et s’il remplit ses promesses.

Le logiciel s’organise principalement selon deux axes : des références et un correcteur.

Les références sont la partie émergée de l’iceberg, la plus simple d’emploi et la plus aisément compréhensible : un ensemble de dictionnaires allant du simple au complexe – définitions, synonymes bien sûr, mais aussi conjugaison, étymologie et même citations. Bien sûr, ces dictionnaires sont extrêmement fournis, et rivalisent sans mal avec les références du domaine, voire dépassent le Petit Larousse ou Robert standards ; on y ajoute l’équivalent d’un Bescherelle, d’un dictionnaire visuel, le tout facile à emporter dans son ordinateur – et l’on pourrait arguer que l’investissement égale sans peine l’équivalent en livres papier.

Un dictionnaire analogique de qualité…
… et de nombreux guides de rédaction.

Bon, OK, mais si j’ai déjà ces bouquins, ça vaut peut-être pas le coup, non ? D’accord, la consultation en dématérialisé, c’est pratique, mais j’ai pas cent balles à coller tous les jours dans du logiciel. Je fais quoi, je rentre chez moi ?

Eh bien, auguste lectorat, tu peux, et à un moment, il faudra, parce qu’il se fait tard à force, mais si tu m’écoutais un peu, tu saurais que j’ai parlé de deux versants, alors tiens, prends donc cette camomille, stay a while and listen.

Antidote intègre une fonctionnalité de tueur, et c’est son moteur de correction. Dans les applications compatibles (et il y en a beaucoup), Antidote peut analyser le texte qu’on lui soumet et fournir davantage d’outils d’analyse et de rectification qu’on pourrait décemment en demander. Repérage des adverbes, des termes sémantiquement faibles, des phrases longues, de verbes faibles, des répétitions, il fait tout et de manière impressionnante. Surtout, Antidote a l’extrême intelligence de ne jamais partir du principe qu’il sait (contrairement au correcteur grammatical grotesque de Word) : à moins d’une erreur flagrante, dans 2/3 des cas, il se contentera de souligner en orange une possible erreur et – c’est là qu’il est extrêmement précieux – d’expliquer le problème qu’il a repéré. À l’utilisateur de décider en son âme et conscience d’une éventuelle correction à apporter à son texte, et surtout, il en ressort en ayant appris quelque chose. Et ça, c’est assez génial.

Je fais, parfois, ici, c’est vrai, des ruptures de construction.
Répéter le mot « répétition », est-ce se répéter ?

Rien que le module de détection des répétitions vaut son pesant d’or. Et administre à chaque utilisation un grande leçon de modestie : on est persuadé d’avoir nettoyé son texte… mais Antidote découvre toujours quelque chose de putain de FLAGRANT, et pousse l’auteur à se flageller en psalmodiant « I’m not worthy« . C’est sérieusement renversant.

Faut-il avoir Antidote ?

C’est toute la question, hein ? À lire visiblement le bien que j’en pense, on pourrait parier que la réponse serait oui, grave, casse ta tirelire.

Eh bien, je suis un peu modéré là-dessus. Déjà, Antidote est tellement puissant qu’il est facile de le sous-exploiter, en fait. De plus, même s’il fait très bien son boulot, j’ai tendance à militer pour un apprentissage actif de toute technique artistique, et je pense qu’il est meilleur, à long terme, pour un auteur de se discipliner à corriger lui-même toutes les failles qu’un Antidote repère : répétitions, verbes faibles, etc. Cela aiguise son regard, le pousse à davantage d’exigence et, au bout du compte, à produire plus vite des textes qui sont d’emblée de meilleure qualité. C’est un peu comme la différence entre apprendre les règles de la perspective et décalquer une photo en apprenant à reproduire ; le premier est plus long et laborieux, mais donne, au bout du compte, davantage de liberté créative1.

Après, une fois cette passe personnelle faite, cela n’empêche pas de passer un coup d’Antidote pour enlever les dernières scories, bien évidemment.

Bon, ceci dit, bien évidemment, tous les auteurs pros ou presque ont un Antidote, tous les éditeurs ont un Antidote, j’ai moi-même un Antidote d’où je sors mes captures d’écran, donc on peut arguer que c’est aujourd’hui dans la profession un outil aussi fondamental qu’un dictionnaire, et c’est probablement vrai. Je m’en sers une centaine de fois par jour rien qu’à travers son intégration avec Alfred, qui me permet de chercher des définitions et des synonymes d’une simple combinaison de touches (parmi les innombrables gains de temps formidablement précieux que j’ai découverts en passant sous Mac).

Donc oui, à un moment, faut y passer. Et d’ailleurs, l’on écrit du texte scientifique ou technique où les tournures fleuries n’ont pas leur place, l’achat me semble prodigieusement indiqué pour gagner du temps. En revanche, pour un jeune auteur aspirant à une maîtrise poétique et stylistique, j’aurais curieusement tendance à dire de retarder un peu l’achat pour acquérir de la hauteur sur son art. De toute façon, je crois qu’il y a des outils plus pressants quand on veut se lancer sérieusement dans l’écriture de fiction : un outil d’écriture, un outil de prise de notes, à tout le moins. Antidote est un outil de référence mais aussi de correction et, par définition, avant de corriger, il faut avoir appris à produire un peu.

La page d’Antidote sur le présent site. Le logiciel existe en version de bureau (Mac, Windows et même Linux !) ainsi que mobile (iOS, ce qui s’associe très bien avec – vous l’aurez deviné – la version iOS de Scrivener).

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. Je dis peut-être n’importe quoi en dessin, je suis une quiche au thon en dessin, mais bon, vous voyez l’idée, nesse-pa ? Antidote has quit: non, là, faut pas abuser non plus.
2019-06-01T14:38:18+02:00lundi 20 août 2018|Best Of, Technique d'écriture|10 Commentaires

Un panorama sur la traduction de l’imaginaire [entretien]

Je reçois de loin en loin quelques questions sur le métier de la traduction, et je voudrais remercier Marielle Carosio, qui termine son parcours en métiers du livre, pour les siennes, excellentes et qui m’ont donné l’occasion de faire ce que j’avais envie de faire depuis un moment : proposer un petit tour d’horizon de là où j’en suis arrivé dans mes réflexions sur le métier sur son approche et sa technique, pour servir, eh bien, à qui cela pourra servir, surtout à un moment où je traduis de moins en moins et viens de mettre un terme à la majorité de mes interventions extérieures en M2 à la fac d’Angers (on peut pas tout faire, ma bonne dame. Je vous parle beaucoup sur ce blog, ma bonne dame, il faudra quand même que je vous rencontre un jour.)

Cet entretien a initialement servi à un dossier d’études. L’expérience prouve que les questions qu’une personne pose à voix haute, dix personnes se les posent tout bas.

Fi de cette introduction somme toute assez maladroite (« eh, on m’a interviewé, voilà le résultat, c’est cool »), passons au « contenu », pour reprendre l’expression chère à Fleur Pellerin.

Comment en êtes-vous arrivé faire de la traduction (et à l’enseignement de la traduction) ?

Je suis ingénieur halieute à la base et quand j’ai décidé de faire de la littérature mon activité professionnelle principale, j’étais avide d’expériences et d’apprentissages en tout genres. Je travaillais comme critique pour la revue Galaxies dans les années 2000, et j’ai demandé à Jean-Daniel Brèque, à l’époque responsable des fictions anglophones, s’il pouvait me faire passer un test. Il a trouvé que j’avais du potentiel, et je me suis retrouvé à traduire pour la revue. C’est une activité que je n’ai cessé de développer par la suite, à la fois par goût et aussi, très honnêtement, parce que j’ai découvert que c’était la plus rémunératrice à ma portée à l’époque.

J’ai récemment mis fin à mes activités d’enseignement dans le domaine après huit ans de bons (j’espère) et loyaux (ça c’est certain) services. Je m’y suis retrouvé par le plus drôle des concours de circonstances. À la suite d’une empoignade absurde sur la liste de diffusion de l’Association des Traducteurs Littéraires de France, je m’étais laissé aller à frapper du poing sur la table pour rappeler les règles de base d’Internet et l’usage de ses outils et défendre le travail des modérateurs. Une traductrice m’a alors approché car elle cherchait quelqu’un qui s’y connaisse dans le métier ET ait un solide bagage en informatique… (ce que je venais de démontrer avec ma gueulante) car elle cherchait un successeur pour le cours qu’elle enseignait, lequel s’appelait Outils informatiques du traducteur. À partir de là, au fil des ans, j’ai pris quelques responsabilités de plus à l’université, comme des conférences ponctuelles et des ateliers.

Faites-vous partie d’une « école » de traduction ? Si oui, laquelle et pourquoi ?

Si vous faites référence au vieux débat entre sourciers et ciblistes, je crois que la question est résolue dans la littérature moderne : l’école de pensée qui domine actuellement est celle des ciblistes. À savoir, s’il faut faire un choix, privilégier la fidélité au sens et aux intentions plutôt qu’à la lettre dans le cadre de la fiction. Donc : adapter les blagues, les références culturelles quand c’est possible et transparent pour le lecteur, évidemment sans jamais trahir l’esprit, mais mettre l’accent sur l’expérience de lecture française plutôt que sur une fidélité obsessionnelle et aride à la lettre qui desservirait la vie du texte. C’est en tout cas ma position.

Quelles difficultés rencontrez-vous lors de vos traductions ? Comment vous en sortez-vous ?

Chaque traduction pose son lot de difficultés inédites et uniques, je pense. Mais j’en vois principalement trois : les références, les créations et les textes traîtres.

Les références culturelles sont probablement la difficulté la plus évidente : l’original contient une citation, une marque, une référence qui sera transparente pour le lecteur de la langue source mais pas pour le lecteur francophone. Dès lors, on a trois tactiques possibles : expliciter (rajouter un tout petit morceau de phrase pour éclairer ce dont il s’agit, sans recourir à la note de traducteur honnie) ; adapter (convertir une référence en une autre, équivalente au niveau du sens mais transparente pour le lecteur francophone) ou glisser (placer une référence équivalente, différente, non loin de là – c’est une tactique courante pour une blague intraduisible).

Vient ensuite la création, qui est une difficulté quasiment exclusive, je pense, aux littératures de l’imaginaire. Avec la création de mondes fictifs viennent généralement tout un vocabulaire, une toponymie, des cosmologies et autres règles naturelles différentes de notre réalité, et il faut transcrire cette terminologie d’une manière transparente et significative pour le lecteur francophone (exemple très simple : lightsaber devenant « sabre laser », ce qui comporte aussi une part d’adaptation, puisque lightsaber est, en toute rigueur, un « sabre-lumière »).

À vrai dire, ces deux-là ne sont pas tant des « difficultés » pour moi que des aspects fondamentaux du métier, des jeux enthousiasmants au même titre que le seraient des énigmes à résoudre. Pour moi, la véritable difficulté, c’est le texte traître.

Ce que j’appelle un texte traître est un texte dont la maîtrise narrative est flottante : il peut présenter des imprécisions, des raccourcis, de sévères implications voire des erreurs littérales. Ce genre d’occurrence peut exploser en contresens ou en absurdité à la traduction en raison du jeu des connotations, qui ne sont évidemment pas les mêmes d’une langue à l’autre. Il faut alors contrôler à chaque phrase les interprétations possibles de chaque tournure, vérifier que toutes les informations sont convenablement présentes et, le cas échéant, reformuler de manière à lever toute ambiguïté possible, mais toujours en prenant garde de ne pas traduire l’esprit et les intentions. C’est un travail de minutie au long cours qui peut être harassant ; le danger est que l’on ne peut jamais « se reposer » sur l’original.

Avez-vous vu une évolution dans votre pratique de la traduction ou de votre exercice de la traduction ?

Comme toute pratique d’écrivain, c’est un apprentissage sans fin. Je n’ai pas changé subitement mon fusil d’épaule à la suite d’une épiphanie de théorie ; en revanche, je n’ai jamais cessé d’apprendre, et je veux glisser un mot pour mon autre maître à penser, Pierre Michaut (l’Atalante) qui m’a énormément appris à travers les corrections de mes travaux (et cela a aussi énormément influencé ma rigueur d’auteur).

La traduction, je pense, est une vaste affaire de pratique, tout comme l’écriture. Mon passage dans l’enseignement m’a permis de rendre conscientes certaines choses, de me les expliquer clairement pour les transmettre ensuite. Mais, dans l’ensemble, je m’efforce juste de faire au mieux ce qu’un livre exige.

Quels sont vos outils pour exercer la traduction dans votre domaine ? Avez-vous des conseils à donner ?

Les outils sont assez simples : un bon traitement de texte (à titre personnel, je déteste Word et lui préfère à peu près n’importe quoi d’autre, de préférence Scrivener ou Ulysses en fonction de la longueur des projets), de bons dictionnaires (bilingues et unilingues), une bonne connexion Internet (pour 98% des recherches) et une bonne bibliothèque accessible (pour les 2% restants). Pour la traduction littéraire, surtout PAS de mémoire de traduction type Trados ou Wordfast – il n’y a rien de plus sûr pour tuer toute vie dans un texte de fiction.

Au niveau des conseils : passion, volonté, persistance. Et compétence, évidemment, mais c’est censé être la base. Au cours de mes années d’enseignement à la fac, j’ai vu tous les ans des étudiants qui suivaient cahin-caha leur cursus comme s’ils étaient toujours au lycée, bossant correctement, mais n’allant jamais au-delà, n’interrogeant jamais leur parcours, leur passion, n’allant jamais s’intéresser à un champ de connaissance dans le but, peut-être, d’y apporter ensuite leur contribution. Et les profs sont dans l’ensemble un peu perdus aussi face à la complexité des activités de la création (au sens large). Or, il faut s’investir, il faut aller au-delà du travail purement scolaire, il faut se plonger dans le champ qui reflète sa passion et apprendre à le connaître – en un mot, et j’ai toujours détesté ce terme, mais il dit bien ce qu’il veut dire : il faut de la proactivité. L’édition n’est généralement pas un domaine où l’on trouve du boulot en répondant à des petites annonces, mais en montrant sa passion, en allant sur le terrain, en rencontrant du monde, peut-être même des mentors, et en cherchant à comprendre comment ça « marche ». Ce n’est pas un champ pour ceux qui veulent des horaires confortables et balisés – comme pour tous les indépendants, il réclame de savoir un peu tout faire (lire un contrat, se promouvoir, réparer son ordinateur en rade, etc.) et d’avoir, eh bien, la niaque.

Sur quelles sources vous appuyez-vous ? Où allez-vous chercher vos informations ?

Comme je le disais, Internet répond à 98% des questions aujourd’hui (mais il est important de savoir repérer les 2% où seule une bibliothèque fournie pourra répondre). Donc, je vais n’importe où qui me donnera la réponse juste, avec un Google-fu le plus entraîné possible. Chaque traduction est différente et chaque livre pose ses propres défis, donc au-delà des références évidentes (Wikipédia pour débroussailler un sujet, urbandictionary pour l’argot, le TLF pour le dictionnaire français, la BNF pour le patrimoine et le catalogue du dépôt légal, les boutiques d’ouvrages électroniques pour récupérer rapidement un ouvrage pour une citation ou référence, etc.), on va là où il le faut.

Selon vous, à quoi sert la traduction ? Est-ce que cela influe sur votre vision du monde ?

Je crains d’enfoncer une porte ouverte, mais la traduction rend accessible tout un patrimoine étranger à d’autres locuteurs. Elle est donc fondamentale : elle propose toute une manière de penser, toute une histoire, tout un regard étranger à d’autres peuples. C’est un pont capital jeté entre les cultures, entre les idées, et elle permet à chacun de s’enrichir par la confrontation à des points de vue inédits dans sa langue. Et cela vaut pour les essais, la littérature, jusqu’à la fiction de genre : même le divertissement le plus pur comprend une part de différence, un regard autre, qui enrichit celui qui le reçoit et l’incite à élargir ses horizons. Louerait-on, par exemple, l’humour anglais sinon ?

Pour ma part, pratiquer deux langues à parts quasi-égales (plus quelques autres pour lesquelles j’ai des notions) a clairement contribué à élargir ma vision du monde, je pense ; on découvre des mots, des tournures pour des notions qui n’existent pas dans sa langue maternelle. C’est comme si des zones inédites du cerveau s’ouvraient avec le bon sésame, révélaient des territoires de pensée auxquels on ne pouvait accéder précédemment parce qu’il manquait les bons mots pour désigner les choses. J’ai commencé l’anglais très tôt donc j’ai du mal à m’imaginer sans, mais j’espère que cela me rend plus ouvert au monde, plus bienveillant envers des points de vue étrangers. Et le simple exercice de la traduction m’a aussi énormément appris sur l’écriture, en me faisant travailler toujours davantage mon style, l’adéquation entre les mots sur la page et la pensée que l’on s’efforce de transcrire, que ce soit celle d’un autre ou la sienne.

Combien de temps par an consacrez-vous à la traduction ?

La réponse a énormément évolué au fil des ans et ne reflète pas forcément grand-chose. Quand j’ai commencé, comme tous les débutants, je cherchais évidemment des contrats, et je consacrais au domaine peut-être un ou deux mois dans l’année, mais j’aurais bien voulu faire davantage ! Au maximum de mon temps dans cette activité, elle occupait peut-être dix mois par an ; je faisais deux gros romans à cette époque. Aujourd’hui, me consacrant davantage à l’écriture et l’expérience aidant à l’efficacité, je ne fais plus qu’un roman de taille moyenne par an, ce qui me prend entre deux et quatre mois en fonction de la difficulté du travail.

2018-05-09T11:30:49+02:00mercredi 9 mai 2018|Entretiens, Le monde du livre|6 Commentaires

Évolutions de la lettre d’informations (KWI) – important pour vos abonnements

Petite annonce de service et de maintenance : j’en parlais depuis un moment, et mes idées se sont à peu près décantées. Il est temps que la lettre d’informations du site (KWI) évolue… et surtout se simplifie grandement. Et après avoir réfléchi et regardé un peu ce qui se faisait ailleurs, je crois être parvenu à une solution convenable.

La situation actuelle (et pourquoi elle est confusante1)

La situation actuelle, disons-le franchement, est à peu près incompréhensible pour tout le monde. Actuellement, la lettre d’informations connaît deux « étages » :

  • Toutes les semaines, un résumé automatisé de l’activité du blog est envoyé à tous les abonnés ;
  • De temps en temps, j’envoie en plus une lettre personnelle pour signaler un événement majeur (la parution toute récente de Le Verrou du Fleuve, par exemple).

Or, on peut être abonné à l’un, l’autre, les deux, et typiquement, si on est abonné au premier, on l’est au second, mais pas inversement. Bref, on n’y pige rien, et je constate que pas mal d’abonnés à la liste s’en retirent deux semaines plus tard, probablement parce que les messages automatisés les gonflent, et je comprends tout à fait.

C’est un vieil héritage des toutes premières versions du site où j’offrais de suivre l’actualité des publications et/ou les expériences en temps réel du blog, pensant que si l’on était intéressé par les secondes, on l’était par les premières mais que l’inverse était certainement faux. Des années de blogging et aussi, il faut bien le dire, l’évolution de mon activité d’auteur m’ont donné tort – on est très rarement intéressé par les premières seules.

Donc, on va simplifier tout ça.

My Master Plan

M’inspirant fortement de ce que fait David Sparks, je projette d’unifier ces deux contenus en une seule lettre mensuelle plus personnelle. Elle proposera deux choses :

  • Un aperçu un peu plus détaillé de ce sur quoi je travaille, de l’endroit où je me trouve, etc. Des choses que je partage assez rarement sur le site, finalement, mais que je me sentirais plus à même de partager dans le contexte un peu plus personnel du courrier électronique. Une sorte d’aperçu des coulisses, en gros – si vous me faites le plaisir de vouloir recevoir mes actus dans votre boîte de réception, le moins que je puisse faire, c’est ajouter un peu de valeur !
  • Un résumé mensuel des articles les plus importants du blog, pour vous assurer que vous n’ayez rien raté (avec les vicissitudes des réseaux sociaux).

Et si je veux continuer à recevoir le blog plus régulièrement ?

Ma foi, vous avez bien raison, et tout le monde devrait suivre votre exemple. Vous êtes certainement très beau ou belle. Choisissez, je suis pas sectaire. Bref.

Il existe déjà moult canaux pour ce faire :

  • La page Facebook, évidemment – pour bien recevoir les notifications à l’heure, n’oubliez pas de cocher « Voir en premier » dans les paramètres de votre abonnement à la page (voir ci-contre) ;
  • Twitter – mais c’est volatil, je sais ;
  • Le flux RSS – oui, ça existe toujours et c’est vachement pratique ; je m’y suis récemment remis et je prépare une petite série d’articles sur les chouettes manières de s’en servir pour rester informé sans la bulle de filtrage des réseaux sociaux.

Et si vous voulez continuer à recevoir le blog par mail ? Je sais que quelques personnes sont attachées à cette fonctionnalité, or il me semble que ce sont plutôt des personnes douées techniquement. La solution consiste typiquement à convertir le flux RSS du site ( http://feeds.feedburner.com/lioneldavoust ) en alertes courriel. Deux solutions pour ce faire :

  • Utiliser un service type Blogtrottr (entrez l’adresse du flux à gauche, votre adresse à droite, et c’est parti) ;
  • Ou, plus technique, un service type IFTTT / Zapier (justement pour les plus technophiles d’entre vous) qui fasse la même chose (des tas de recettes disponibles peuvent même brancher le flux directement sur votre plate-forme de lecture préférée, type Instapaper ou Pocket par exemple).

J’espère que cela rendra les choses plus simples et intéressantes pour tout le monde. Mais n’hésitez pas, si ces perspectives vous hérissent, à le signaler en commentaires. Rien n’est fait, et si ça ne plaît à personne, je ne fais rien, hein (une activité toujours séduisante, bien entendu).

  1. Du verbe confuser. Ben quoi ?
2018-03-25T19:51:13+02:00lundi 26 mars 2018|À ne pas manquer|2 Commentaires

Annonce de service : je ne peux garantir le support technique sur la boîte à outils de l’écrivain

La boîte à outils de l’écrivain s’étoffe au fil des mois et je suis content car ces articles reçoivent de plus en plus de visites, signifiant que le pari lancé à l’origine est réussi : proposer davantage de contenu fouillé sur ces aspects, générant pour le site un petit revenu qui permet de justifier le temps que j’y passe.

Petit effet imprévu toutefois que je n’avais pas envisagé, je reçois régulièrement des mails me demandant du support technique sur des configurations particulières ou des cas d’utilisation imprévus. Il me faut donc en dire un mot : je ne peux assurer le support technique sur les outils. Ce n’est pas mon rôle et surtout, je suis très mal placé pour : en cas de problème, mieux vaut s’adresser directement aux développeurs des logiciels idoines, dont c’est le métier.

Après, si vous avez un problème ponctuel et que j’ai la réponse, je serai ravi de l’apporter, bien entendu, et c’est à peu près toujours arrivé pour l’instant, mais je crois qu’il me faut exprimer en toutes lettres que les outils proposés ici le sont « en l’état » et que je ne peux donc garantir de vous sortir de la panade, de la capilotade ni de la tapenade.

2018-02-12T10:03:12+01:00mercredi 14 février 2018|Dernières nouvelles|11 Commentaires

En janvier, atelier d’écriture sur le conflit à Paris (et conférence)

Je m’y prends pas mal à l’avance, car les places sont parties rapidement l’année dernière : j’ai le grand plaisir de retourner en janvier à l’école d’écriture Les Mots, sise à Paris, pour proposer une conférence sur les outils numériques d’aide à l’écriture1 et, surtout, un nouvel atelier d’écriture centré sur la notion de conflit (laquelle est fondamentale, à mon humble avis, à l’écriture de toute histoire) :

Comment les outils numériques peuvent-ils soutenir l’écriture ? (conférence, 12 janvier)

L’écrit est l’une des formes de communication les plus ancestrales de l’humanité, et la fiction représente l’art narratif le plus ancien. Pourtant, pendant des siècles, la façon de créer de la littérature n’a que peu évolué, fondée sur des outils simples : du papier, un crayon. Or, avec l’explosion de l’informatique, des façons inédites d’approcher le texte, dans sa production, sa correction, sont apparues. Et avec le triomphe de l’ordinateur personnel et des terminaux mobiles, une révolution silencieuse de la création littéraire s’est opérée, fournissant des myriades d’outils novateurs à l’écrivain pour réaliser l’œuvre de ses rêves.

En se fondant sur des études récentes relatives à la créativité ainsi que sur son expérience d’auteur, Lionel Davoust propose dans cette conférence de voir comment ces nouveaux outils libèrent l’esprit pour qu’il accomplisse son meilleur travail, quels sont leurs avantages et inconvénients, et quelles sont les qualités à rechercher. Il partagera et explicitera également certaines de ses recommandations fondées sur son propre flux de travail, qui débordera vers les notions d’organisation et de productivité. Car nous vivons une ère réellement merveilleuse pour les créateurs, tandis que les outils numériques deviennent réellement, pour reprendre les mots de Steve Jobs, des « bicyclettes pour l’esprit ».

Peut-on écrire plus facilement, plus vite, et avec plus de plaisir ?

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Comment écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration ? (atelier, 13 & 14 janvier)

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque.

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur.

8 participants minimum / 12 participants maximum

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  1. Si vous étiez aux Utopiales l’année dernière ou à la Worldcon d’Helsinki cet été, c’est la même.
2018-01-08T08:42:09+01:00mercredi 25 octobre 2017|À ne pas manquer, Technique d'écriture|4 Commentaires

Vous voulez créer un logiciel d’aide à la création (écriture) ? Ayez conscience de ce qui suit

C’est intéressant : à chaque saison, à chaque année, viennent ses idées. L’année dernière, je recevais presque simultanément trois invitations ou présentations de projets de plate-formes sociales liées à la création, et j’écrivais ces recommandations. Il semble que cette année, avec deux propositions coup sur coup plus une troisième, la synchronicité soit à la création de logiciels d’aide à la création, notamment à l’écriture. Et comme je vois là aussi un certain nombre de points récurrents, peut-être est-il pertinent de balancer quelques idées dans la nature. Dont chacun fait évidemment ce qu’il veut, hein.

(Peut-être s’agit-il juste d’un biais d’observation puisque j’ai enfin – avec retard – publié le diaporama sur les logiciels d’écriture la semaine dernière.)

Déjà, un mot en passant, je suis très honoré de recevoir des invitations et des comptes gratuits, mais si vous saviez le nombre de projets en développement, ça vous ferait frémir ; je ne peux hélas pas tester tous les projets qui se montent et faire un retour détaillé – c’est un travail de consultant. Mais peut-être puis-je donner ici un avis pour servir et valoir ce que de droit, ou pas.

Bref. Super. Vous avez votre idée, votre plate-forme de développement, la passion et l’envie et plein de temps devant vous pour construire quelque chose, mettre enfin l’informatique au service du créateur et de la littérature. Discours doux à mes oreilles. Qu’est-ce que je peux dire pour éventuellement vous aiguiller ? 

Un grand classique dont je ne connais hélas pas la source.

Probablement un seul truc, mais majeur :

Ayez conscience de la concurrence existante

Il existe deux ténors sur le marché : Scrivener (pour la puissance) et Ulysses (pour la légèreté1). Ces deux logiciels – surtout le premier, je l’ai vu à la Worldcon cette année – sont appréciés et utilisés quotidiennement par des milliers d’écrivains de par le monde (ainsi que par des universitaires, essayistes, avocats, journalistes)… Ils bénéficient d’années de développement, de retours de professionnels, avec parfois plusieurs programmeurs à plein temps toute l’année dessus… Bref, ils ont de la bouteille.

Pouvez-vous rivaliser avec ces gens-là ? 

Ah, je ne dis pas du tout non. Peut-être. Mais dans ce cas, c’est comme partout : il faut une vache de bonne idée (voire plusieurs), ou alors avoir identifié un manque gravissime chez la concurrence et proposer une solution tellement élégante que nul ne pourra se passer de votre logiciel au détriment de l’existant. C’est ainsi que Scrivener a balayé Word pour les auteurs, que Facebook a détrôné MySpace, Google a remplacé AltaVista, etc. Ce n’est absolument pas impossible, bien entendu ; les trois exemples précédents sont (à l’époque de leur réussite) la preuve d’une victoire de David contre Goliath.

Mais si c’est pour refaire ce qui existe déjà, ou pour proposer juste une variation trop mineure, je crains que vous n’alliez au-devant de déconvenues. Pour deux raisons :

  • Si vous débutez, vous risquez (au début) de faire moins bien ;
  • Même si vous faites aussi bien, vous n’attirerez pas les auteurs habitués à leurs outils qui marchent déjà très bien et en lesquels ils ont confiance.

Ouch, il est décourageant, le panorama. Mais pas forcément. D’une part parce que si, en vous disant ça, je vous évite de casser votre PEL dans une start-up condamnée d’avance, je crois que ça n’est pas inutile. D’autre part, se poser la question de la, ou les, grandes idées fortes de votre projet n’est absolument pas vain. Ce qui nous entraîne à la question suivante :

À qui vous adressez-vous ?

Prenons une analogie bien connue : Picasa ou Photoshop ? Ou encore : Audacity ou Ableton Live ?

Il y a tout à fait un public pour des outils simples et légers qui font très bien ce qu’ils font, sans nécessité de puissance. Pour retoucher ses images rapidement, Picasa convient très bien à beaucoup de monde. Pour retailler rapidement un fichier son, Audacity convient dans bien des cas.

Après, un pro de l’image a besoin de l’artillerie lourde (Photoshop), un pro du son a besoin de puissance (Ableton Live).

Posez la question à une salle remplie d’illustrateurs professionnels. Demandez-leur combien d’entre eux utilisent Photoshop (au moins un peu). Je pense que 3/4 des mains se lèveront. Même chose pour les musiciens concernant Ableton Live (ou Logic, ou Cubase, la concurrence est plus riche dans ce domaine).

Scrivener, c’est le Photoshop de l’écriture. Vous voulez séduire les pros, vous vous trouvez en concurrence avec Photoshop. (Du moins, ceux qui utilisent Photoshop : dans l’épisode de Procrastination sur les logiciels d’écriture, Laurent Genefort et Mélanie Fazi ont professé utiliser Word et s’en tirer, de toute évidence, très bien avec ! Tout comme Rodin se passait très bien de 3DS Max… Mais nous parlons ici de logiciels résolument spécialisés et nous nous plaçons dans le cas de leurs potentiels utilisateurs intéressés.)

Cela ne signifie pas que c’est le seul public (c’est peut-être même le public le moins intéressant : restreint, exigeant, difficile à séduire). Il y a toutes sortes d’auteurs, il y en a qui sont intimidés ou pas intéressés par la puissance de Scrivener / Photoshop.

Du coup, si vous souhaitez vous lancer dans un tel projet, la seconde question à se poser après la Grande Idée, c’est… à qui m’adressé-je ? Quel est mon public ? Comment vais-je construire mon outil pour lui parler ?

(Une part de moi peine à se dire que j’écris ça, ça me semble un peu les bases fondamentales de la gestion de projet, mais l’expérience prouve que ça reste assez mal enseigné en France, donc bon, si ça peut servir…)

Florilège de fausses bonnes idées

Vous la tenez, votre killer feature ? Le truc qui fera de votre logiciel un best-seller de l’industrie et qui vous vaudra les honneurs d’Emmanuel Macron ? Super ! Après vous avoir pété le moral avec des considérations comme le marché et le développement, je vais maintenant vous expliquer pourquoi votre idée est pourrie. Il est pas trop bien, le moment que vous passez avec moi, là ?

Plus sérieusement, tout cela est dit du point de vue, là encore, de celui ou celle qui passe la journée sur ce genre d’outil ; cf supra sur le public visé. Si je ne suis pas votre public, ce qui suit ne vous concerne évidemment pas.

Une composante sociale (réseau, discussion, échange, compétition). Personnellement, non. Déjà, voir l’article de l’année dernière sur la pertinence de créer un réseau social, mais en gros, quand j’écris, j’écris, je ne discute pas. Ça me paraît une idée terriblement mauvaise d’intégrer toutes les distractions propres à Facebook dans l’outil d’écriture. D’autre part, même si je communique parfois sur le nombre de signes que j’effectue, je ne fais pas de concours avec mes camarades sur l’instant. Ce qui compte, au final, c’est la qualité du résultat, pas le nombre de pages (dit le mec dont l’éditeur a dit un jour en rigolant : « même pour faire un retour sur une couverture, il écrit une trilogie »). Je sais cependant qu’il y en a que ça motive, que cela atténue la solitude du métier : donc, votre kilométrage peut varier. (Your mileage may vary.)

Outil en ligne, uniquement dans le nuage. Celle-là, je la vois partout. Oui, je sais que c’est vachement plus simple pour coder, ça fait une plate-forme unique dans le cloud, c’est interopérable dès qu’il y a un navigateur Internet, je fais tout ça en responsive et youpi, je travaille une fois et je touche tous les systèmes de la Terre, je le vends en disant que ça offre la sécurité des données et une sauvegarde permanente. Sauf que non, non, non. NON. Pour ma part, je passe bien deux à trois mois hors de chez moi dans l’année, dans des trains, des avions, où la connectivité Internet est aléatoire voire inexistante. Hors de question que je perde du temps précieux d’écriture à ne pas pouvoir utiliser mon outil même au fin fond de la fosse des Mariannes (où ne se trouvent pas encore de relais 4G aux dernières nouvelles) : écrire, c’est quand je veux, pas quand le réseau m’y autorise. Non. Jamais. Niet.

Intégration d’outils tiers (dictionnaire, recherche)… Je pose une question simple : qui utilise sérieusement et uniquement les dictionnaires intégrés à… Word ? Personne. Pourquoi ? Parce qu’ils sont pourris et qu’il existe des outils cent fois meilleurs sur le marché. Quand on travaille sérieusement, on utilise les meilleurs outils disponibles. J’ai une licence d’Antidote parce que j’ai l’impression d’entendre dans mon oreille un petit diablotin m’insulter en allemand chaque fois que je voudrais presser le bouton « Vérification » dans Word. À moins de proposer quelque chose de quasiment aussi bon que les références du domaine considéré, l’outil ne sera pas utilisé. Ce qui équivaut à du temps de développement perdu. Et ça coûte cher, le temps de développement, on est d’accord, hein ?

Guider la création (avec des questions sur les personnages, la proposition de modèles de narration etc.). Du type : qui est ton héros ? Comment s’appelle-t-il ? Quelle est la couleur de ses yeux ? Non, non NOOOON cent fois non. Déjà, aucun modèle ne correspond à tout le monde. Mais surtout, la création fonctionne de manière analogique. Je pense à mon protagoniste, je pense à son histoire. Penser à son histoire me fait penser au pays d’où il vient ; à la culture où il a baigné ; à la religion qu’on y observe ; comment cela a façonné la langue ; ce qui, en retour, me donne peut-être son nom pour préciser qui il est. Je veux que l’outil capture tout ça sans broncher, saute tel un cabri ayant fait le conservatoire de danse classique d’un document à l’autre pour ne rien perdre de mon Immortel Génie™. Les logiciels qui posent ce genre de questions comme un inventaire à remplir sont aussi excitants pour la créativité qu’un premier rendez-vous romantique où la personne en face vous demande un inventaire de vos tares génétiques dans l’optique d’une compatibilité reproductive.

La marque d’un bon outil d’aide à la création est la liberté qu’il laisse à l’esprit, tout en fournissant, cachée jusqu’au moment où le besoin s’en fait sentir, toute sa puissance pour l’étayer. En le laissant nager quand il en est capable, en un sens, mais en sachant le rattraper ou le soutenir quand il part à la dérive. C’est pourquoi le crayon et la feuille blanche restent imbattables pour planifier, réfléchir, créer. Et cette même liberté, c’est ce que donnent les Photoshop et les Ableton Live de notre domaine. C’est pourquoi tant d’auteurs travaillent très bien, aussi, avec un document texte tous simple, avec Word ou encore moins puissant que ça. Parce que cela réduit les obstacles.

Voilà ce à quoi il vous faut réfléchir, ce avec quoi il vous faut rivaliser.

Tout cela étant dit, maintenant, j’ai hâte de découvrir votre Next Big Thing !

Kudos à SporadicFoobar pour les échanges qui ont permis de préciser certaines idées ici.

  1. Quoique Ulysses passant à l’abonnement, il y a peut-être un créneau à occuper, j’dis ça, j’dis rien.
2017-08-20T11:43:47+02:00mercredi 23 août 2017|Le monde du livre|3 Commentaires

« Les outils informatiques de l’écrivain » : diaporama disponible

À Helsinki, j’ai proposé en anglais la conférence inaugurée aux Utopiales 2016 sur les outils informatiques de l’écrivain, et j’ai promis de mettre le diaporama – en anglais – sur le site. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que je n’avais pas mis la version en français ! Scandale.

Je répare donc cet oubli pour commencer. En une petite heure, ce cours du soir visait à répondre à la question : peut-on écrire « mieux », avec plus de plaisir, d’efficacité, de justesse, en basculant tout ou partie de son processus de travail sur l’informatique ? Comment l’informatique peut-elle aider, soutenir, voire débloquer la créativité ? (Divulgâchage : en réfléchissant d’abord à sa manière de travailler.)

Le diaporama est disponible au format PDF et inclut, pour plus de commodité, des liens vers les logiciels traités sur le site quand cela s’applique, pour davantage d’articles de fond sur les outils. (Et des liens affiliés quand ça s’applique, car il faut bien faire tourner la boutique.)

Télécharger le diaporama « Écrire avec des logiciels »

(Ou sur la page dédiée, avec les autres présentations, notamment celles de Jean-Claude Dunyach)

2019-06-04T20:33:33+02:00jeudi 17 août 2017|Best Of, Technique d'écriture|1 Commentaire

Procrastination podcast ép. 11 : « Les logiciels d’écriture »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Les logiciels d’écriture« .

Quantité d’outils informatiques promettent de faciliter ou d’accélérer la création littéraire. Qu’en est-il vraiment ? L’investissement vaut-il la peine, et le cas échéant, quelles qualités faut-il rechercher dans un tel logiciel ? En quoi l’informatique a-t-elle changé le rapport au texte et à sa création ?

Repentirs : en raison du format, nous sommes passés rapidement sur quelques points et de petits compléments ou précisions s’imposent a posteriori :
– Entre LibreOffice et OpenOffice, il vaut mieux préférer le premier, plus régulièrement mis à jour et donc plus avancé ;
– Word dispose d’une version mobile utilisable sur tablettes et téléphone, mais nécessite un abonnement Office 365 ;
– Depuis l’enregistrement de cet épisode, la version iOS de Scrivener est disponible.

Logiciels cités (sites éditeur) :
– Microsoft Word https://products.office.com/fr-fr/word
– LibreOffice https://fr.libreoffice.org
– OpenOffice http://www.openoffice.org
– Ulysses https://ulyssesapp.com
– Evernote https://evernote.com/intl/fr/
– Scrivener https://www.literatureandlatte.com (articles détaillés et astuces sur http://lioneldavoust.com/item/scrivener/ )
– yWriter http://www.spacejock.com/yWriter5.html
– Writer’s Café http://www.writerscafe.co.uk
– Liquid Story Binder XE http://www.blackobelisksoftware.com
– Final Draft http://www.finaldraft.com

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

tumblr_n7wj8rqhsm1qenqjeo1_1280     soundcloud_logo-svg     youtube_logo_2013-svg     rss-feed
Bonne écoute !

2019-05-04T18:48:39+02:00mercredi 15 février 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

OneNote et Evernote retirés de la boîte à outils de l’écrivain

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Quand j’ai lancé la boîte à outils de l’écrivain, avec des liens d’affiliation, j’avais fait une promesse très précise : je ne ferais la promotion que des outils dont je me sers réellement au quotidien et que je recommande donc sans hésitation.

Il est donc temps de retirer deux produits de la boîte à outils, avec l’irritation de les voir prendre un trajet regrettable, et de voir deux excellents outils s’être sabotés de manière absurde : OneNote et Evernote.

Je retire OneNote car la politique de Microsoft en terme de cloud est, au mieux, discutable. La vie privée des utilisateurs n’est pas respectée, ce qui serait un moindre mal s’il était possible sous Mac d’avoir les données au chaud sur son disque, mais Office 365 ne propose pas d’enregistrement des données en local. Dealbreaker. Pour récupérer ses données, il existe l’application Outline qui est compatible avec OneNote (versions Mac et iOS disponibles).

Je retire Evernote car, pour le dire simplement, les dirigeants ont craqué leur slip : les prix ont augmenté de 40%, ce qui est, à mon humble avis, de la folie pure quand OneNote, Google Keep, Apple Notes sont gratuits en face, et qu’Evernote n’est pas nécessairement le meilleur des quatre. Après avoir fermé un certain nombre de projets dérivés (Evernote Hello, Evernote Food), une telle augmentation dans un marché fortement concurrentiel appelle à la prudence ; l’entreprise a montré à plusieurs reprises une direction hésitante et un manque de vision à long terme. EDIT printemps 2019 : Evernote est de retour, youpi !

Le rat que je suis quitte peut-être le navire, mais il est temps d’aller chercher des cieux plus clairs et surtout plus respectueux de mes données. Pour l’heure, je suis en train de trouver mon bonheur avec DEVONthink (Mac seulement, navré), mais ce n’est pas encore une recommandation ferme – j’en parlerai, le cas échéant, après davantage de tests.

2019-05-28T15:56:59+02:00mardi 27 septembre 2016|Technique d'écriture|10 Commentaires

Entrouverture de la boîte à outils de l’écrivain

SCRIV-win-3screensLe projet que je caresse depuis quelques mois commence à devenir une réalité : proposer, en prolongement des articles sur l’écriture du site, une section « Boîte à outils de l’écrivain«  qui fournisse un éventail d’outils testés en conditions réelles, au long cours, et dont je puisse garantir l’efficacité et l’usage. Tes goûts, auguste lectorat, ne seront pas forcément les miens à l’usage ; mais au moins, je peux garantir que ça marche. Je m’en étais déjà expliqué un peu ici.

Le but sera de présenter et tester en grand détail un outil par mois, et, le cas échéant, de partager aussi avec la communauté les ressources ou personnalisations que j’ai effectuées pour le rendre plus utile (ou adapté à notre langue). C’est en cours ; pour l’instant, la section idoine est seulement ouverte avec deux produits et des descriptions squelettiques, mais cela va s’étoffer.

Scrivener

scrivener-512Scrivener est le studio d’écriture professionnel par excellence. Quand j’en parlais en 2011, la version Windows était en beta, encore instable, mais bien du chemin a été parcouru depuis. Aujourd’hui, je crois qu’il n’y a plus à hésiter : Scrivener est un monstre de puissance et de flexibilité, parfaitement adapté au travail d’un écrivain. En revanche, c’est aussi un monstre de complexité, aussi, pour tout test, il est impératif de se réserver deux à trois heures et de faire le didacticiel pour comprendre de quoi il retourne. Sérieusement. Sinon, vous passerez à côté et vous demanderez (comme moi pendant des années) ce que ce logiciel avait de si magique pour que tout le monde en parle aussi bien. Mais je l’ai définitivement adopté il y a un an et demi ; La Route de la Conquête et l’ultime version de Port d’Âmes ont été réalisés sous cet environnement. (Je dirais même que je n’aurais probablement pas pu effectuer un retravail aussi poussé, efficace et minutieux sur Port d’Âmes sans Scrivener.) Une version de démo gratuite est disponible ici pour Windows. Je prépare un test détaillé.

focus@will

FAW-Logo-horiz-smBrièvement mentionné dans l’article sur le travail des indépendants, focus@will tient de la magie vaudou. Sérieusement. Le concept paraît parfaitement fumeux (comme il m’est apparu pendant des années, là encore) : diffuser de la musique qui aide à la concentration. Truc new age pour hipsters qui mangent macrobiotique, hein ? Eh bah non. Le service s’appuie sur des recherches en neurosciences et il a réellement changé ma vie. Je me sens idiot à dire ça, comme si je répétais tous les témoignages enthousiastes des utilisateurs et rejoignais la secte, mais c’est la vérité. Au bout de dix jours d’utilisation, je crachais direct une licence d’utilisation à vie. focus@will a réglé tous mes problèmes de concentration et de motivation. Riez, tant que vous le pouvez encore. Bientôt, vous rejoindrez la secte. Là aussi, je prépare un test détaillé avec des recommandations d’utilisation.

Le but de cette boîte à outils est de proposer un contenu plus facile à répertorier et plus durable que les articles du blog, qui, au fil des années, deviennent difficiles à trier, à naviguer. J’ai aussi des projets dans ce domaine, mais ce sera pour bien plus tard. J’espère que cette initiative te plaira, auguste lectorat, et surtout qu’elle te sera utile : je pense que tout le monde y gagne – je touche une commission sur certains produits, je n’en avais pas fait mystère, mais je ne recommande rien que je n’utilise ni ne teste ; cela me permet de pérenniser et rentabiliser un peu le temps passé sur le blog, tout en évitant toute forme de monétisation intrusive.

Bien sûr, comme toujours, n’hésite pas à me faire part de ton sentiment, auguste lectorat.

2015-08-18T10:28:05+02:00vendredi 7 août 2015|Technique d'écriture|12 Commentaires
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