Procrastination podcast ép. 11 : “Les logiciels d’écriture”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Les logiciels d’écriture“.

Quantité d’outils informatiques promettent de faciliter ou d’accélérer la création littéraire. Qu’en est-il vraiment ? L’investissement vaut-il la peine, et le cas échéant, quelles qualités faut-il rechercher dans un tel logiciel ? En quoi l’informatique a-t-elle changé le rapport au texte et à sa création ?

Repentirs : en raison du format, nous sommes passés rapidement sur quelques points et de petits compléments ou précisions s’imposent a posteriori :
– Entre LibreOffice et OpenOffice, il vaut mieux préférer le premier, plus régulièrement mis à jour et donc plus avancé ;
– Word dispose d’une version mobile utilisable sur tablettes et téléphone, mais nécessite un abonnement Office 365 ;
– Depuis l’enregistrement de cet épisode, la version iOS de Scrivener est disponible.

Logiciels cités (sites éditeur) :
– Microsoft Word https://products.office.com/fr-fr/word
– LibreOffice https://fr.libreoffice.org
– OpenOffice http://www.openoffice.org
– Ulysses https://ulyssesapp.com
– Evernote https://evernote.com/intl/fr/
– Scrivener https://www.literatureandlatte.com (articles détaillés et astuces sur http://lioneldavoust.com/item/scrivener/ )
– yWriter http://www.spacejock.com/yWriter5.html
– Writer’s Café http://www.writerscafe.co.uk
– Liquid Story Binder XE http://www.blackobelisksoftware.com
– Final Draft http://www.finaldraft.com

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:48:39+02:00mercredi 15 février 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|2 Commentaires

Vaincre l’angoisse de la page blanche avec la méthode Pomodoro

Dennis “DieTa” Klein

OK. Comme je reprends l’écriture pour attaquer le volume 2 de « Les Dieux sauvages », le moment me paraît très bien choisi pour parler de cette astuce / technique (déjà évoquée lors de l’été de la productivité en 2013) qui, semble-t-il, a sauvé bien des étudiants en retard sur leurs mémoires et qui m’a permis, en 2016, d’écrire très régulièrement 20 000 signes par jour : la méthode Pomodoro.

La méthode

Pomodoro signifie “Tomate”. (La méthode Tomate, c’est le meilleur nom du monde.) La légende voudrait que son inventeur, Francesco Cirillo, ait fait partie de ces étudiants en retard sur un mémoire à produire ; il ne savait pas par quel bout prendre la chose et, en conséquence, procrastinait terriblement tandis que la date de remise approchait. Pressé par l’urgence, il a fini par se dire : “OK, je n’arrive pas à attaquer, mais je peux bien travailler dix minutes concentré dessus, non ? Et après, je m’octroie une pause ; mais travailler dix minutes, ce sera déjà mieux que rien.”

Lo and behold, Cirillo a été productif, et a réussi à enchaîner les sessions de travail courtes sur la promesse de cette pause, ce qui lui permettait d’avancer sur ses projets. À force d’essais / erreurs, il a cerné que la bonne alternance était : 25 minutes de travail, 5 minutes de pause (suivies avec un minuteur de cuisine en forme de tomate, d’où le nom).

Le contrat est le suivant : 25 minutes de travail concentré, sans interruption aucune, pour 5 minutes de totale liberté.

Application à l’écriture

Un livre est un immense édifice qui prend des mois, des années à se rédiger, sans parler de la construction. Par définition, la tâche est sans forme, donc plutôt intimidante, et certains auteurs – surtout les structurels, me semble-t-il – peinent tout autant à savoir par quel bout prendre le projet ; des tas d’angoisses inconscientes peuvent venir se greffer là-dessus, comme la nécessité d’être productif et d’être bon – deux impératifs profondément anti-sexe pour la liberté présidant à la créativité. (C’est en tout cas mon expérience, surtout quand j’ai une date de rendu qui s’approche.)

Du coup ? On procrastine.

La méthode Pomodoro vient alléger ces craintes en n’imposant qu’un seul impératif : “coucou, cerveau, on passe un contrat, toi et moi : tu dois travailler là-dessus 25 minutes, sans interruption mais sans impératif autre que de rester concentré, et après tu auras cinq minutes totalement libres pour lire les dernières rumeurs sur d’éventuels futurs Mac Pro”.

En général, tout ce qui manque à une bonne session d’écriture, c’est de s’y mettre pour lancer les idées, pour créer les conditions présidant à l’état de flow ; en supprimant les tergiversations, en se donnant une obligation de moyens plutôt que de résultats, on libère l’esprit – et c’est exactement ce dont il a besoin pour fonctionner. (Robert Sheckley avait une méthode très personnelle pour régler ce problème.)

C’est pour cela que le minuteur est un outil nécessaire de la méthode. Il y a une forme de validation du contrat dans le fait de l’actionner manuellement qui ne s’émule pas rien qu’en regardant une horloge et en se disant “je fais ma pause à 16h47”. Pour ma part, je préfère un truc silencieux (un chronomètre de montre fonctionne très bien) mais j’ai récemment passé mes Pomodoros sous l’application Due, qui présente l’avantage de disparaître de mon champ de vision une fois le compte à rebours lancé, et ne se signale qu’à son terme avec une notification.

Cela ne fonctionne évidemment que si le contrat est respecté. Si un Pomodoro est interrompu, il reprend à zéro, et la pause doit bien durer 5 minutes, pas plus. Je ne développe pas davantage, on en avait parlé ici.

Adaptations à l’écriture

Mais attention : écrire un livre est une tâche plus agréable et amusante que remplir sa déclaration d’impôts (normalement – le contraire pourrait indiquer un problème plus grave). Le but de la méthode Pomodoro est d’obtenir, au pire, 25 minutes de productivité en cas de difficultés. Pas seulement 25 minutes. C’est une sorte de starter de la créativité, un hack pour accélérer l’entrée en flow1, pas une fin en soi, et surtout, les pauses ne doivent pas (trop) sortir l’esprit du projet en cours. J’ai développé l’année dernière quelques stratégies supplémentaires fondées sur le travail de Cirillo (et cette série d’articles de Kourosh Dini) pour adapter la méthode au cas particulier d’un travail de création, et voici donc quelques petites recommandations pour faire fonctionner la chose :

Ne respectez pas le moment de la pause avec une obsession procédurière. La pause fait 5 minutes, pas plus, mais le Pomodoro fait 25 minutes au moins. C’est très important : si vous êtes en état en flow, que ça fonctionne bien, que l’écriture a décollé, ne vous arrêtez pas en pleine envolée lyrique (ou même en pleine phrase) juste parce que l’heure de regarder des chatons sur YouTube a sonné. Ne cassez pas cette concentration si durement acquise ; finissez à tout le moins votre phrase, voire votre scène si c’est bien parti ; ne vous laissez pas obligatoirement interrompre. (Il m’arrive régulièrement d’être tellement pris par ma tâche que j’en oublie de prendre la pause, et c’est la situation idéale.) Reconnaissez seulement qu’au prochain coup de mou, vous aurez gagné une pause. Et peut-être sera-t-elle plus longue, même, si vous avez bien avancé. L’humain n’est pas une machine, soyez attentif.ve à vos rythmes et respectez-les. Le but est de démarrer.

N’invitez pas l’inconnu dans la pause. (Formulation piquée à Kourosh Dini.) La concentration est fragile, donc ne profitez pas de la pause pour faire quelque chose qui vous sortirait complètement de la tâche en cours. Cela veut notamment dire (je sais, c’est dur, on n’a pas une vie facile) : pas de mails ni de Facebook. Les mails contiennent des tâches à faire et donc du stress, Facebook peut entraîner l’envie de répondre à ses notifications, messages etc. et (d’expérience) cela prend bien plus de cinq minutes. (Twitter, je trouve, passe encore en raison de la brièveté et de la volatilité du contenu.). A la place, allez aux toilettes, faites-vous un thé, méditez deux minutes, marchez un peu, rafraîchissez ce fil RSS qui vous passionne tant à condition qu’il n’y arrive pas quinze articles par demi-heure, mais, en gros : faites ce qui vous permet de poser le cerveau sur la table et qui n’invite pas du stress dans votre pause, au risque de flinguer la concentration.

Respectez le format préconisé par Cirillo. Pourquoi 25/5, vous demandez-vous ? (Vous ne vous le demandiez pas ? Allez, faites un effort, sinon je passe pour un crétin.) Cirillo dit que c’est, à l’usage, le bon format (qui compose, en plus, des heures complètes). J’ai tenté de faire plutôt 50/10 pour rester concentré plus longtemps – après tout, c’est la même chose, non ? Eh bah non. S’engager à plancher 50 minutes quand on est en difficulté, psychologiquement, ce n’est pas 25, c’est presque une heure ; et quand on a l’esprit dans la choucroute, ça ne fonctionne pas. 10 minutes de pause, c’est encore pire : cela laisse amplement le temps à l’esprit de sortir du projet et s’y remettre est bien plus difficile. 5 minutes est le bon format pour éviter de divaguer, tout en se donnant un réel moment pour souffler.

À mesure que je m’engage dans l’écriture de La Fureur de la Terre, donc, mes Pomodoros sont prêts, et je commence à pratiquer suffisamment la méthode pour que mon inconscient sache que je respecte ses envies de divaguer, et nous travaillons donc lui et moi en bonne intelligence. Il sait que je ne lui demande pas de produire quelque chose de génial d’emblée, juste de rester concentré sur des tranches raisonnables et qu’il aura le loisir de se reposer régulièrement, de procrastiner à loisir pour satisfaire son petit syndrome de déficit de l’attention. Et depuis, lui et moi, nous avons une relation bien plus harmonieuse et, paradoxalement, productive, parce qu’il est sait quand travailler et quand se reposer.

  1. En maximisant le ROI sur un cash-flow de la timeline buffée du computer online, évidemment.
2019-06-04T20:29:37+02:00mardi 14 février 2017|Best Of, Technique d'écriture|14 Commentaires

La boîte à outils de l’écrivain : minimiser les distractions avec Fluid

Bientôt un an que j’ai (re)mis le doigt dans les produits Apple – après avoir été aussi farouchement que stupidement réfractaire – et que j’ai vu ma productivité s’envoler littéralement, sans parler du plaisir que j’ai retrouvé à utiliser un ordinateur (plaisir disparu depuis longtemps avec mon utilisation de MS-DOS 6 – oui madame – où j’avais toujours eu la sensation de lutter contre mon ordinateur au lieu qu’il m’aide et soit mon fidèle compagnon). Je découvre encore aujourd’hui de petites merveilles d’automatisation, d’optimisation, de nouvelles applications qui me font gagner un temps fou.

Fluid est l’une de ces gemmes. Très simplement, Fluid permet d’encapsuler un site web dans une application autonome. C’est une sorte de “super-signet” qui se lance indépendamment du navigateur et offre la possibilité d’employer le site concerné de façon séparée.

À quoi ça sert ? À réduire les distractions, pardi. La limite entre les applications et le web purement informatif s’amincit toujours davantage. Accéder à une application web sur le navigateur, c’est s’exposer à tous ces onglets laissés ouverts qui réclament l’attention, c’est se tenter avec Facebook ou YouTube au lieu d’écrire (ou autres). Fluid transforme un site en application séparée, ce qui change l’état d’esprit : on utilise le service comme un programme réel, dans une fin précise, au lieu d’ouvrir la boîte de Pandore des autoroutes de l’information multimédia 2.0 participatives et citoyennes.

Je m’en sers tout le temps pour Focus@Will, par exemple, avec lequel je t’ai rabâché les oreilles (ce qui est paradoxal) (si tu ne comprends pas la blagounette, voir ce dont il s’agit), auguste lectorat. Bien que ce soit un site web, Focus@Will trône dorénavant comme une application indépendante dans ma barre de menu, lancée au démarrage de mon Mac, avec une jolie icône, ce qui me dispense de chercher Safari parmi toutes mes applis ouvertes pour trouver le contrôle de lecture. À la manière d’iTunes, je peux lancer et arrêter la musique à mon gré :

Créer une application Fluid est d’une simplicité absolue, il suffit d’entrer l’adresse du site web, de laisser le truc mouliner, et l’on dispose d’une application toute neuve à placer où l’on souhaite :

Cliquez pour agrandir

Utilisant l’adresse du lecteur de Focus@Will, j’obtiens très simplement ce résultat, qui n’est pas une capture d’écran de mon navigateur mais bel et bien le résultat de l’application “Focus@Will.app” que je viens de créer en deux clics :

Et, depuis le menu de mon application, je peux la réduire simplement dans la barre supérieure, comme un simple tableau de bord système :

Fluid a toutefois un petit défaut : jusqu’ici, je n’ai pas réussi à l’obliger à retenir mes informations de connexion concernant un site donné ; à chaque rallumage du Mac, par exemple, je dois entrer à nouveau mon mot de passe dans la fenêtre de mon application Focus@Will. J’ignore si c’est un bug de l’application ou moi qui n’ai pas trouvé la bonne option, mais je ne me soucie guère de ces quelques secondes perdues par rapport à l’efficacité que je retire de l’astuce.

Fluid est gratuit à l’essai (et propose déjà beaucoup de fonctionnalités), la version complète coûte seulement 4,99 $. Je n’ai pas hésité une seule seconde en voyant tout le potentiel du principe ; en fonction des besoins de chacun, je suis sûr qu’il existe des centaines de petites astuces et d’utilisations productives à trouver pour minimiser les distractions.

C’est pour ce genre de gemmes et d’optimisations magiques que je ne regrette pas un seul instant d’être passé sous Mac. Certes, l’achat m’a fait mal au portefeuille, mais je considère que la différence d’investissement m’a déjà été remboursée avec ce que j’ai gagné en plaisir et en efficacité au quotidien.

[Site web de Fluid]

2019-06-04T20:29:30+02:00jeudi 9 février 2017|Best Of, Technique d'écriture|7 Commentaires

Apple, six mois plus tard

goinfre_for_a__productive_day_of__writing___brainstorming_for_the_new_series-__amwriting__fantasyOu presque. En avril, je faisais un coming-out entamé secrètement un peu plus tôt, après vingt-cinq ans de travail et d’optimisation sous Windows allant jusqu’à l’adoption de la tablette Surface : je retournais chez Apple. Après avoir mis le petit doigt dans l’engrenage, j’ai recyclé tout mon vieux matériel informatique, téléphones etc. et suis passé entièrement sous Mac et iOS (iPhone, iPad). C’est une discussion qui apparaît parfois au détour d’un salon, donc, six mois plus tard : que donne la transition ?

Je ne reviendrais pour rien au monde en arrière. 

J’ai encore un unique PC Windows à la maison (une machine de jeu vieillissante) et la prendre en main me provoque à chaque fois des bouffées d’hostilité. Cette interface atroce, mal pensée, hideuse, qui plante une fois par semaine sans raison, me paraît sortir tout droit des années 80. Sérieusement : j’éprouve le même fossé entre Windows 10 et mon Mac qu’entre Windows et le DOS.

Pourquoi, me diras-tu, auguste lectorat ? Après tout, les Mac c’est cher, après tout, Apple fait une marge de dingue, après tout, Apple c’est verrouillé. Je le sais, j’ai tenu moi-même ces arguments.

Eh bien, c’est peut-être idiot, mais travailler sur un Mac est à la fois productif et extrêmement agréable. C’est bien simple : en prenant en main mon iMac, je me suis aperçu que je pouvais prendre un plaisir sincère à travailler sur un outil informatique, quand je me “contentais” de travailler depuis vingt-cinq ans sous Windows. Et mine de rien, la plupart d’entre nous passent à présent 80% de leur temps de travail devant des écrans (encore plus vrai pour les indépendants) : ce facteur n’est clairement pas à négliger. Les écrans Retina (tout en n’étant qu’une appellation commerciale, je sais) sont d’une précision ahurissante qui donne aux caractères une réelle finesse et une lisibilité incomparable. Même l’Arial est beau avec, c’est dire. (Après, c’est peut-être le cas sur tous les écrans haute résolution, mais je n’ai pas eu la même expérience sur la Surface Pro par rapport à l’iPad, par exemple.)

https://www.instagram.com/p/BLIlxeMB6jp/

Mais surtout, comme le dit l’adage, sans maîtrise, la puissance n’est rien. Que m’importe une machine prodigieusement puissante si le système d’exploitation rame à s’en servir et s’il faut un refroidissement de centrale nucléaire pour le faire tourner sans risque ? J’ai un Macbook Air tout pourri (vraiment, 4 Go de RAM, c’est la misère de nos jours) qui fait pourtant tourner sans sourciller une machine virtuelle Windows avec des dictionnaires à côté des applications Mac habituelles. Mon iMac rigole quand je lance Ableton Live avec synthés virtuels lourds et instances multiples de Kontakt.

La seule fois où j’ai réussi à approcher du plantage, c’est quand j’ai voulu mettre la machine en veille alors qu’il ne restait plus de place sur le disque système. Quand Windows aurait gelé voir craché un écran bleu, le Mac a figé les applications, mais m’a conservé parfaitement la main sur le système, me laissant libre de quitter de force ce que je souhaitais, et de redémarrer proprement. Ma machine virtuelle Windows se met à jour à chaque démarrage ou presque. Le Mac, jamais, et, le cas échéant, il me demande poliment mon avis, sans jamais rien m’imposer.

Je reste pantois de jour en jour devant la quantité d’optimisations et de raccourcis qu’on mettre en place sous un Mac. On reproche à Apple ses systèmes fermés, mais, dans la pratique, c’est tout le contraire. MacOS et iOS se scriptent aujourd’hui avec une profondeur et une puissance que je n’imaginais possible que sous Linux (et avec une bonne maîtrise de la ligne de commande1). J’ai personnalisé mes outils d’une façon que je n’imaginais même pas possible de nos jours. D’un ensemble de raccourcis clavier, je lance en une fraction de seconde des opérations qui m’auraient nécessité une dizaine de clics de souris sous Windows ; et bien d’autres choses se font toutes seules, juste parce que j’ai pris le temps de les configurer (et de me renseigner, aussi).

Hazel surveille mes dossiers et automatise tout un tas d’actions répétitives. Par exemple : je reçois un justificatif SNCF à me faire rembourser. Il me suffit de le télécharger : Hazel entre alors dans le fichier PDF, reconnaît le trajet et la somme, me lance l’impression et me renomme ensuite le fichier classé dans un dossier à date. Sans intervention de ma part. 

Alfred lance mes applications, recherches Google, sert de calculette, va fouiller mes sites web favoris (dictionnaires en ligne, etc.), conserve l’historique de mon presse-papiers et effectue même mes opérations système (mise en veille, etc.) sans que j’aie besoin de toucher la souris.

Deux minutes passées à construire la requête pour une opération que j'effectue 50 fois par jour.

Deux minutes passées à construire la requête pour une opération que j’effectue 50 fois par jour. (Pas précisément sur ce mot-là, hein.)

BetterTouchTool me permet de programmer sur ma souris des dizaines de gestes tactiles qui en rendent l’utilisation plus rapide que jamais.

Keyboard Maestro automatise tout et même le reste : si on peut interagir avec le système, Keyboard Maestro s’en souvient et le refait à la place de l’utilisateur.

TextExpander (Mac, iOS) a augmenté de moitié ma vitesse de frappe et éliminé les casse-têtes relatifs aux liens, messages, noms qu’il me faut taper régulièrement (à commencer par mes propres titres, et quand on a eu la bonne idée d’intituler une nouvelle « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse », je vous jure que ce n’est pas du luxe).

Omnifocus (Mac, iOS) est la Rolls des applications de productivité, avec laquelle personne ne peut rivaliser. C’est la solution GTD ultime (et je les ai à peu près toutes testées).

Airmail (Mac, iOS) (en conjonction avec Omnifocus) m’a permis, pour la première fois de ma vie, d’être durablement à jour sur ma correspondance.

Scrivener a été conçu sous Mac et comporte des dizaines de raffinements sous cette plate-forme.

DEVONthink a éjecté bien fort Evernote et OneNote et leurs modèles commerciaux douteux.

Autant d’applications qui sont devenues littéralement indispensables à mon travail aujourd’hui, et qui ont surtout augmenté de moitié ma productivité globale en retirant simplement les petites frictions que Microsoft nous a éduqués, depuis Windows 95, à considérer comme normales au quotidien. Je pourrais encore parler du clavier Mac dix fois plus rationnel concernant les caractères spéciaux comme les majuscules accentuées, de la continuité entre appareils, Mac / iPad / iPhone, et de leur synchronisation, de la tranquillité d’esprit que m’offre Time Machine (finies les réinstallations du système et les personnalisations perdues), de l’ubiquité de Photos…

Alors oui, c’est cher. Oui, Apple fait de la marge, mais peut-on discuter de la correction des pratiques commerciales un instant ? Entre une entreprise qui me force la main pour adopter ses changements (Windows 10 qui s’installe presque de lui-même, par exemple), qui surveille mes données sur son cloud, qui s’en sert pour construire un profil commercial et me placer des publicités – Microsoft – et une autre qui réaffirme régulièrement son attachement à la vie privée de ses utilisateurs au point d’en faire un argument de vente2, et qui se concentre sur l’expérience utilisateur au lieu de son profilage – Apple – mon choix est fait. Il faut bien que l’argent vienne de quelque part : l’adage moderne dit “si c’est gratuit, c’est vous le produit“. Avec Apple, je sais ce que je paie : la recherche et développement, l’expérience utilisateur, la tranquillité d’esprit, la productivité, la vie privée (et, okay, le cours d’action de l’entreprise, mais coucou, c’est le monde dans lequel nous vivons – croyez-vous que Microsoft vous offre Windows 10 par bonté d’âme ?).

L’équation est simple, je suis prêt à payer 30% de plus pour 50% de productivité en plus et 100% de crises de nerfs en moins.

On peut, aussi et bien sûr, vivre totalement dans le monde libre avec Linux, LibreOffice etc. Mais le monde du libre conserve, quoi qu’on en dise, quantité de ces petites aspérités qui impliquent de vouloir / savoir mettre les mains dans cambouis. Pour ma part, je préfère mettre les mains dans le cambouis pour automatiser des tâches supplémentaires, que pour obtenir de la machine qu’elle fasse la base que je lui demande : fonctionner vite et proprement avec les applications nécessaires à mon travail (et la MAO sérieuse sous Linux, on oublie).

Je l’ai dit et je l’affirme plus fermement encore après six mois : travailler vingt-cinq ans sous Windows a probablement représenté pour moi une perte sèche de temps. J’ai lancé la boîte à outils de l’écrivain alors que j’étais sous mon ancien système et, pour cette raison, quelques applications sont encore multi plate-formes, mais je t’annonce, auguste lectorat, que je suis navré : ayant pris l’engagement de ne recommander que des outils que j’utilise au quotidien, les applications risquent de dévier fortement vers les sphères Mac et iOS.

Mais si tu travailles en indépendant, sérieusement, arrête de te tirer une balle dans le pied comme je l’ai fait pendant vingt-cinq ans. Mets tes préjugés de côté. Tente réellement et honnêtement, et fais l’effort d’apprendre comment cela fonctionne de l’autre côté de la barrière. Tu vas voir que tu peux travailler comme tu ne l’as jamais fait. Et c’est un anti-Apple de longue date qui te dit ça. Come to the d… erm, to the brushed aluminium side.

  1. Sachant que macOS est un Unix à la base, ceci explique quand même cela.
  2. Apple a d’ailleurs annoncé le démantèlement de sa régie publicitaire, iAd
2016-10-04T15:35:44+02:00jeudi 6 octobre 2016|Humeurs aqueuses|14 Commentaires

GTO (Getting Things in Order)

Aucun lien avec le manga du même titre. Juste pour partager un petit bout d’organisation que je me suis installé il y a plusieurs mois et dont, avec le recul, je suis assez satisfait : en début d’année, je m’étais fixé comme objectif de respecter à la lettre la méthode GTD, ne serait-ce que pour la tester en détail et regarder ce qui me convient ou non. D’ici la fin 2016, j’aurai un retour d’expérience à proposer, avec un détail des outils, mais, pour l’heure, le système qui semble le plus facultatif et le plus lourdingue à installer est aussi l’un de ceux qui s’avère le plus amusant à employer et qui offre le meilleur rapport temps passé / utilité : l’échéancier, ou tickler file. 

tickler-file

Le principe est tout bête : 43 dossiers, 12 pour les mois, 31 pour les jours. Le dossier le plus proche de soi correspond à la date du jour, et ainsi de suite jusqu’à la fin du mois, puis les mois eux-mêmes suivent. Chaque matin, on ouvre la chemise du jour et l’on traite ce qui s’y trouve. C’est un ingénieux système de “remise à plus tard” absolument sûr, tant que l’on prend l’habitude de le consulter chaque matin (et de prendre de l’avance en cas d’absence). Reçu des billets de train pour un trajet qui aura lieu dans deux mois ? Il suffit de les mettre dans la chemise correspondant à deux mois plus tard. Pas certain d’être disponible pour un événement, mais besoin d’un rappel pour vérifier un peu plus tard ? Un post-it déposé dans quinze jours permet de s’en libérer l’esprit, tout ayant l’assurance d’y revenir. J’ai passé trois heures à étiqueter tout ce machin et j’avoue qu’avec la disparition progressive du papier, il ne sert pas quotidiennement, mais il me rend régulièrement de fiers services : c’est le système le plus pratique pour se débarrasser d’un document jusqu’au moment où l’on en aura besoin.

2016-08-23T17:25:16+02:00mercredi 24 août 2016|Lifehacking|Commentaires fermés sur GTO (Getting Things in Order)

Evernote contre OneNote : le grand duel

Par Kupo707 (source)
Par Kupo707 (source)

Dans la boîte à outils de l’écrivain, nous avons mentionné Evernote et OneNote séparément, avec leurs forces et leurs faiblesses. Le test d’Evernote le recommandait davantage comme un outil de capture, celui de OneNote comme un outil d’organisation. Maintenant, il peut être inutilement complexe de conserver deux outils différents quand tant de points les rapprochent. Mais sur quoi fonder son choix en fonction de ses besoins ?

Mettons-les donc face à face, comme dans un bon vieux match de Street Fighter, et voyons qui est le plus fort.

Ergonomie

Sur ordinateur, Evernote conserve depuis des années la même interface qui a, il faut le dire, un peu vieilli, quand OneNote se rafraîchit à chaque nouvelle version de Windows, suivant les paradigmes des langages graphiques. L’attrait des formes représente un aspect probablement un peu secondaire, mais Evernote paraît plutôt rigide, surtout avec le format de ses notes qui se rapproche du traitement de texte ou de l’HTML – on a parfois l’impression de manipuler un bloc-notes évolué. En revanche, OneNote offre une toile sans limite où organiser ses idées, et c’est un net avantage quand on réfléchit et qu’on cherche à structurer sa pensée (comme votre futur roman lauréat du Goncourt).

onenote-for-mac-2016-main
C’est choupinet.
C'est un peu soviétique.
C’est un peu soviétique.

Vainqueur : OneNote, de loin. 

Organisation des idées

Evernote et OneNote proposent sur ce plan des paradigmes à la limite du diamétralement opposé : OneNote veut émuler le comportement d’un classeur à anneaux, Evernote est une machine à capturer où l’on peut ensuite effectuer des recherches. Du coup, les forces et les faiblesses sont mutuellement exclusives (c’est pourquoi on peut recommander leur usage conjoint). Là encore, OneNote mise sur la structure et l’émulation d’un paradigme tiré du réel, avec des feuilles que l’on manipule et ordonne. Evernote n’est pas vraiment fait pour organiser, mais pour chercher. Donc, la réponse est un peu contenue dans la question.

Vainqueur : OneNote. 

Capture (dont web)

Ces outils visent également, avec la généralisation des terminaux mobiles, à remplacer le petit carnet de notes en veau de Kobe que l’auteur (et toute personne soucieuse de ses idées) transporte en permanence afin de s’assurer qu’aucune idée géniale ne lui échappe. Là, c’est clairement Evernote qui prend l’avantage, en raison de sa conception nettement tournée vers la capture constante et quasi-instantanée. Envoyer une idée, une citation, une vidéo à Evernote se fait en quelques clics sans même nécessiter de réflexion de classement poussée (dès lors qu’on a bien pensé son système). OneNote impose de classer le contenu et n’offre pas de fonctions immédiatement intuitives pour étendre les possibilités de rangement (comme créer un nouveau bloc-notes, quand Evernote crée des tags à la volée). Oui, on peut stocker les notes dans une zone “non classée” mais il faudra y revenir, ce qui est un peu contreproductif.

Pour la capture de sites web, nul ne rivalise avec Evernote, qui sait conserver, de manière éditable, une page web avec sa mise en page. OneNote fera, au mieux, une capture d’écran ou une capture du texte sans la mise en page. À fins d’archivage, c’est vraiment mal fichu.

Vainqueur : Evernote. 

Mobilité

Sacré bon dieu, que fume Microsoft avec ses applications mobiles, notamment Android, mais aussi Windows ?

Pourquoi l’appli desktop de OneNote n’autorise-t-elle pas l’emploi de l’appareil photo d’une tablette Surface – imposant pour ce faire  de passer par la version ModernUI qui est, comme toutes les applis ModernUI, moche à crever et évidemment limitée en fonctionnalités ? Pourquoi les applis Android ne proposent-elles qu’un support tellement basique du copier-coller qu’on se croirait revenu à Windows 3.1 ? Et je ne parle même pas de sélectionner et déplacer des annotations faites au stylet – c’est un peu la base, mais non, OneNote ne le permet pas, malgré toutes ses gargarisations sur le support de l’écriture manuscrite. Manque flagrant de cohérence et de vision de la part de la compagnie, qui propose bien toutes les fonctionnalités attendues, mais saupoudrées sur plusieurs systèmes, voire plusieurs applis sur le même système.

Avec Evernote, c’est simple : les applications mobiles offrent les mêmes fonctionnalités que les versions de bureau, quel que soit le système (à l’exception de la version ModernUI – mais, franchement, y a-t-il des gens qui emploient ModernUI) ?

Vainqueur : Evernote, de tellement loin que OneNote ne semble pas avoir compris que la course avait commencé. 

Synchronisation et cloud

Là aussi, on se demande ce que Microsoft a bu. À l’époque où OneDrive s’appelait SkyDrive, c’était encore pire, mais même à l’heure actuelle, cela reste guère utilisable. Capturer une note est quasiment impossible sans accès Internet mobile – la faute au paradigme d’organisation des notes cité plus haut. Pour placer une note dans un carnet, il faut que ce carnet soit ouvert sur le terminal en question depuis le cloud (ce qui prend des plombes dès qu’il est un peu lourd, sans parler de la mémoire du terminal qui se retrouve occupée) – vous avez trouvé une recette de cuisine mais, par malheur, vous n’avez pas synchronisé votre carnet “recettes” sur votre mobile ? Impossible de l’y mettre.

Evernote, en revanche, agit avec une grâce parfaite même hors-ligne. Il connaît vos carnets et vos tags sans avoir besoin de les ouvrir, il conserve vos nouvelles données gentiment en local et les synchronise en silence dès qu’il en a l’occasion – ce qui devrait être la base de toute application mobile en 2016. Le modèle de OneNote est absolument archaïque et d’une lourdeur horripilante.

Vainqueur : Evernote, qui tire la langue à Microsoft, qui réplique d’un air abruti : “s’est passé quoi, là ?”

En conclusion

Utiliser une appli particulièrement puissante quant à ses fonctionnalités de mise en page et d’organisation mais tellement mal organisée et si peu harmonisée qu’elle n’est quasiment pas utilisable en mobilité et que des fonctionnalités critiques risquent de se révéler manquantes au moment crucial ? => OneNote.

Ou bien une appli pensée dès le début pour la mobilité et aux fonctionnalités identiques sur toutes les plate-formes, mais dont l’usage se révèle peu adapté à l’organisation des idées ? => Evernote.

Personnellement… j’emploie les deux, dans leurs forces respectives. Mais qu’Evernote prenne garde : si Microsoft se met en devoir de corriger les biais absurdes de ses applications, OneNote a le potentiel pour devenir la nouvelle référence…

… mais comme c’est Microsoft, je ne retiendrais pas mon souffle avec trop d’angoisse non plus. D’ici à ce qu’ils réagissent…

2019-08-28T21:28:35+02:00mardi 22 mars 2016|Best Of, Technique d'écriture|19 Commentaires

GTD : j’ai vu la lumière (six erreurs idiotes à ne pas commettre)

gtd-fr-2015

Bon, il a déjà été question plusieurs fois de la méthode Getting Things Done – “S’organiser pour réussir” – en ces lieux de perdition, notamment pour le petit tour d’horizon sur la productivité de l’été 2013 et le court article sur la version 2015 du livre. Comme tous les aficionados des méthodes de productivité sans effort, j’ai tenté plusieurs fois d’installer un système GTD propre, d’observer son fonctionnement, pour tomber du train en marche à l’issue d’une durée plus ou moins variable, mais tenant chaque fois plus longtemps, et apprenant de ces échecs. Avec quantité de casquettes – écriture (plusieurs projets en cours), traduction (plus cours à la fac), conférences et ateliers, musique (ce qui entraîne une certaine maintenance), sans parler des aspects personnels – les chances d’oublier quelque chose augmentent exponentiellement et le besoin de rigueur se fait d’autant plus sentir.

Aujourd’hui, en vérité je te le dis, auguste lectorat, David Allen est descendu de son podcast éthéré pour me parler en vision chamanique, et j’ai vu Sa lumière.

J’ai compris1. J’ai installé un vrai système GTD comme il faut et je commence à en ressentir les effets comme jamais auparavant. Et je vais te parler, auguste lectorat, de ce qu’il faut faire, et ne pas faire, pour que ça marche, et enfin éviter de tomber du train. Si tu demandes de quoi je fichtreparle, l’article d’origine sur GTD se trouve ici. (C’est, en gros, la méthode de travail et d’organisation personnelle la plus universelle et la plus efficace, qui génère une sorte de culte outre-Atlantique.)

L’erreur principale, que tout le monde commet, consiste en général à croire que GTD se personnalise tout de suite. Qu’on peut en enlever ou en altérer des morceaux dès le début parce que certains volets semblent contre-intuitifs (“Quoi ? Une weekly review de deux heures ? J’ai autre chose à faire !”), stressants (“Mon dieu, inventorier tous mes engagements ?”) ou inutiles (“T’es mignon avec la recommandation d’acheter une étiqueteuse, mais un bic et des vieilles étiquettes jaunies feront l’affaire”).

Sauf que non. Tout, dans GTD, est à la fois nécessaire et suffisant. À la relecture du livre pour la troisième ou quatrième fois depuis quinze ans, pour avoir tenté plusieurs fois d’en tirer les bénéfices, je me rends compte combien David Allen a mûri sa réflexion et n’a rien incorporé dans son livre qui soit superflu. GTD fonctionne comme un tout, c’est ce qui le rend difficile à adopter, mais c’est aussi ce qui le rend particulièrement efficace et cohérent une fois le pas franchi. Mais on ne peut se passer de rien. Voici, auguste lectorat, les erreurs que j’ai testées et désapprouvées :

Ne pas se procurer un panier d’entrants (“in-basket“). Sous prétexte qu’on est “tout numérique”, on s’imagine pouvoir se passer de cette directive. Sauf que nul n’est encore tout numérique – on continue à recevoir du courrier papier, des colis, des tickets de carte bleue et des cartes de visite. Parquer ces informations dans un espace physique réservé à cet effet, où l’on sait qu’elles sont destinées à être traitées, procure une sérénité absolue, et c’est pourtant tout bête.

Ne pas inventorier tous les engagements en cours. En général, on l’évite parce que c’est anxiogène ; nous avons tous quantité d’engagements, dont une bonne partie est informe, ou non reconnue, ou non acceptée. Se forcer à les regarder en face, à décider qu’il faut faire quelque chose à leur sujet (ou laisser tomber) met à jour quantité de stress qu’on refuse d’affronter – la poussière sous le tapis est inoffensive, n’est-ce pas ? Faux. Ces engagements informes pèsent sur la psyché et, en plus, on tend à les ignorer dans l’estimation de la charge de travail, ce qui peut générer davantage de stress encore quand des obligations surgissent. Au minimum dans le domaine professionnel et pour toutes les obligations envers autrui, cet inventaire est capital.

Ne pas consacrer deux heures à sa récapitulation hebdomadaire (“weekly review »). On ne le dira jamais assez, la weekly review est un pilier fondamental de GTD, mais en plus, il faut la faire en profondeur. Deux heures paraissent interminables (“Je n’ai pas deux heures à y consacrer : j’y passerai déjà dix minutes et ce sera bien”) et perdues, mais c’est, absolument, tout le contraire. La weekly review m’a littéralement gonflé à chaque fois que j’ai tenté un processus GTD, jusqu’à tenter de le suivre à la lettre, et c’est là que son importance m’est apparue. Aujourd’hui, franchement, deux heures me semblent presque trop courtes pour le faire bien. Ces deux heures sont un investissement – réfléchir à son fonctionnement et à ses priorités pour la semaine à venir autorise à fonctionner en pilote semi-automatique, même quand on a peu d’énergie. On les récupère au double, voire au triple, par la paix mentale qu’elle procure ensuite.

Ne pas être un ayatollah du processus GTD. “Ouais, GTD c’est cool, mais franchement, c’est rigide.” Sauf qu’Allen le répète, quoique un peu trop discrètement : cette rigueur, cette assurance que les détails du quotidien sont gérés de façon systématique libèrent l’esprit pour une pensée de plus haut vol – générer des idées – et c’est absolument critique dans le cas d’un auteur ou d’un créateur de manière générale. Ce qui conduit à l’écueil suivant :

Croire que GTD vise à gagner du temps. Le mot productivité évoque souvent une vision tayloriste du travail, où il s’agit de produire davantage, plus vite. C’est la face émergée de l’iceberg : oui, GTD clarifie le travail et aide à mieux rentabiliser le temps (en fournissant à l’avance une liste de tâches possibles dans certaines circonstances limitées, par exemple), mais ce n’est pas là que réside son intérêt. Dans un de ses podcasts (car je suis converti au point d’écouter les podcasts, oui, j’en suis à ce stade de la religion), Allen explique que GTD ne vise pas à donner du temps en plus mais de l’espace mental. C’est-à-dire débarrasser l’esprit de toutes les tâches de gestion du quotidien et de rappels qu’il fait de toute façon très mal pour lui confier du mieux possible les tâches qu’il fait bien : réfléchir et créer – qu’il s’agisse d’un plan de roman ou d’une proposition industrielle. GTD ne rend pas tellement plus productif parce qu’il rend plus efficace – il rend plus productif parce qu’il libère l’esprit, et donc rend plus efficace.

Un seul amendement possible à mon sens consiste à collecter d’un seul coup tout ce qui traîne dès l’implémentation. Pour beaucoup – dont moi – c’est trop. Ma vie, mon appartement sont littéralement des in-baskets. Dans ce cas, je crois qu’on peut récupérer tout ce qui est en souffrance, mais n’est pas urgent, au fur et à mesure. Par défaut, tout ce qui a été repoussé sine die peut attendre encore. Là où il faut faire attention, c’est bien collecter ce qui est en cours, urgent ou limité dans le temps. Une fois qu’on a appris à gérer cela, on peut se rajouter de la complexité en ajoutant, en plus, les pièces qu’on a laissé traîner depuis parfois des années.

J’en suis là de mon parcours. Mais, depuis que je l’ai vraiment implémenté, et que je continue à raffiner mon implémentation, je commence à sentir cet “espace mental” promis – il y avait longtemps que je n’avais bouillonné d’idées à ce point, honnêtement – et surtout, je mesure combien il est indispensable de systématiser le travail au quotidien, pour cesser de penser à ce que l’on doit faire, pour penser, simplement à ce que l’on fait.

  1.  Jusqu’à ma prochaine chute du train, à vrai dire, mais, pour l’instant, je crois bien que c’est la bonne.
2019-08-28T21:28:48+02:00lundi 29 février 2016|Best Of, Technique d'écriture|3 Commentaires

Getting Things Done, version 2015 : ça vaut le coup ?

Je... Wow. (effectivement)
Je… Wow. (effectivement)

Toujours à la recherche de la solution ultime de productivité moderne du XXIe siècle et prêt à tester toutes les expérimentations de lifehacking et les applications qui me passent sous le nez (la série “Productivété” de l’été de 2013 restant encore pas mal d’actualité), j’ai levé l’oreille tel le labrador en apprenant que la baïbeulle de la productivité personnelle, Getting Things Done (S’organiser pour réussir), ressortait dans une version mise à jour pour l’année 2015 adaptée à l’ère digitale numérique nuage objets connectés. Cédant à ma compulsionnite aiguë, je me suis jeté dessus car – ça tombe bien – je compte / dois / veux réorganiser un peu tout mon système personnel à l’occasion de cette nouvelle année.

Alors, cette version 2015 : vaut-elle l’achat pour qui possède la version d’origine 2002, pour le vieux briscard qui a déjà loupé quinze fois ses weekly reviews et se jure que la prochaine fois, il sera rigoureux ?

Honnêtement : non. Tout le barouf autour de cette ressortie d’un (certes) classique est un peu surfait, et la promesse d’une mise à jour adaptée aux outils modernes un peu abusive. Les modifications sont subtiles, ici et là, et correspondent davantage à un “lifting” qu’à une réelle transformation en profondeur (même si son auteur prétend avoir grandement réécrit le manuel). Mais c’est à porter au crédit de la méthodologie de Getting Things Done, qui s’est toujours voulue indépendante des outils, et qui reste valide malgré les années. Cette nouvelle mouture bénéficie du recul de son auteur, certes, et quelques commentaires plus orientés sur le numérique sont bienvenus, mais on peut regretter leur trop grande discrétion. On verrait en fait plutôt dans cette mouture l’influence de Making it all Work, l’essai sorti en 2009 qui répondait en filigrane aux critiques adressées à Getting Things Done et qui proposait de prendre un peu de hauteur sur le système.

Certes, GTD 2015 propose deux chapitres supplémentaires entièrement nouveaux, un sur les “preuves” apportées entre temps par les sciences de la cognition sur le bien-fondé de la méthode et un sur l’apprentissage progressif de celle-ci (laquelle implique un changement d’envergure qui peut impressionner ou inquiéter de prime abord), mais ils ne valent pas à eux seuls l’achat de cette nouvelle version, surtout si l’on a déjà expérimenté copieusement avec la méthode et rencontré ses propres difficultés dans son implémentation au quotidien.

En revanche, le novice aura bien évidemment grandement intérêt à privilégier la version 2015 à la première mouture, même s’il la trouve à un prix réduit. Sinon, l’habitué fera mieux d’investir plutôt dans Making it all Work, qui lui offrira davantage de pistes de réflexion. Voire de ne rien dépenser du tout et de se relire GTD en profondeur avec le recul – lequel reste, plus que jamais, l’un des meilleurs manuels de survie pour nos vies de dingues modernes.

2019-08-28T21:29:00+02:00mercredi 13 janvier 2016|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires

La boîte à outils de l’écrivain : focus@will, l’arme secrète de la concentration

focusatwill

Je t’en ai déjà parlé dans un article précédent, auguste lectorat, et les retours d’utilisation ont été excellents parmi ce-ux-lles qui s’y sont essayé : pour ce mois-ci dans la boîte à outils de l’écrivain, je te propose de découvrir (si ce n’est pas déjà fait) focus@will.

A quoi ça sert ?

Du mal à te concentrer, auguste lectorat ? Du mal à te mettre à un projet d’envergure (genre écrire la prochaine décalogie adaptée par HBO) ou à rester focalisé dessus au lieu de vérifier des photos de chats sur Twitter ? L’écriture est un travail au long cours, comme toute pratique artistique, mais la narration peut-être plus que toute autre se nourrit de longs moments de concentration pour faire surgir les bonnes idées, pour se plonger dans l’histoire et l’atmosphère.

Focus@will apporte la (une) réponse. Se fondant sur des travaux scientifiques de haute volée, le service se propose de diffuser de la musique spécialement calibrée pour aider à la concentration. Ca a l’air d’un bullshit new-age néoproductiviste, mais ça marche.

L’idée est la suivante (autant que je puisse la résumer) : notre cerveau a évolué pour repérer les lions tapis dans les herbes hautes de la savane africaine, pas pour boucler en open space le rapport comptable de la Cogedip pour hier soir. A l’échelle évolutive, seul un clin d’œil sépare la Cogedip et la savane africaine. Il en résulte qu’une certaine périphérie de nos facultés intellectuelles reste en éveil même devant Excel, attendant que surgisse le lion (ou bien Monique de l’accueil, afin de lui proposer un café). Il est assez rare d’atteindre l’état d’immersion totale dans une tâche, état dit de flow et décrit par Mihaly Csikszentmihalyi (en savoir plus ici) (oui, je n’ai pas été capable de taper son nom, j’ai fait un copier-coller).

faw-beauty

Ce que fait focus@will, c’est diffuser de la musique ou des ambiances spécialement calibrées et mixées (avec un rythme de basse calme, par exemple) pour apaiser cette part toujours éveillée de nous-mêmes, en la récompensant. Elle se trouve donc non seulement occupée, mais contente, ce qui aiguise et facilite la concentration à la fois. La barrière d’entrée dans une tâche complexe s’abaisse, la durée de travail augmente, et s’instaure une dynamique vertueuse qui accélère la productivité, par exemple le nombre de pages écrit en une journée.

Au début, j’ai pensé comme tout le monde en voyant les avis éberlués et enthousiastes des utilisateurs du service : ils parlaient d’une telle révolution, d’un tel bouleversement, que j’ai cru au discours marketing bien calibré – et, en fait, tellement dithyrambique qu’il en devenait abusif.

Sauf que ça marche, du feu de dieu. J’ai ouvert mon compte d’essai gratuit, et en une semaine, je sortais sans sourciller la carte bleue pour cracher un abonnement à vie. Ce truc est le hack mental le plus impressionnant que j’aie jamais rencontré.

Comment on s’en sert ?

C’est extrêmement simple (à tel point que c’en est suspect) : le service fonctionne sur abonnement et propose un gros lecteur ultra-simpliste dans un onglet web (ou une application mobile). Un gros bouton play, un sélecteur de canal, quelques trucs en plus qu’on va voir, et c’est parti :

faw-player

C’est volontaire : vous n’êtes pas censé-e remarquer la musique qui passe. Vous êtes censé-e l’oublier au plus vite pour vous permettre de vous concentrer. Ne cherchez pas un genre qui vous plaît, le but n’est pas de faire le mélomane mais au contraire, de ne rien remarquer. Le service diffuse la musique en streaming (il faut donc une connexion Internet, navré).

focus@will propose 21 radios, proposant soit de la musique, soit des atmosphères pures (ambiance de café, bruits d’eau…). Pour chaque canal, trois niveaux d’énergie (bas / moyen / intense) sont proposés :

FAW-musicenergylevel

Quand vous ouvrez votre compte, le service vous envoie un petit questionnaire pour cerner vos habitudes et vous aider à choisir les canaux vous convenant le mieux, mais il est judicieux de les essayer un peu tous et voir ce qui correspond le mieux en fonction de vos habitudes : c’est-à-dire, ce que vous remarquez le moins et vous rend le plus efficace.

L’interface se complète d’un minuteur (pour fixer une session de travail d’une durée déterminée) et d’un bouton « skip » pour passer la piste en cours. Ce bouton sert à éliminer intégralement de la liste de lecture du service le morceau qui passe : vous ne l’aurez plus jamais. A utiliser quand, à force d’utilisation, un morceau vous rentre dans la tête et attire votre attention, ce qui est contraire à la finalité de l’outil : sortez-le donc. Pas d’inquiétude, focus@will rajoute en permanence de nouvelles pistes.

C’est à peu près tout, et ça suffit très amplement.

Quelques conseils pour maximiser l’expérience

Ne passez pas la musique trop fort. Surtout si vous êtes mélomane ou musicien-ne, vous risquez de vous intéresser davantage au son que la moyenne des utilisateurs-rices. Focus@will fonctionne au mieux quand la musique effleure votre esprit, pas quand elle y rentre de plein fouet : baissez donc le volume, potentiellement à l’excès, pour dissuader votre conscience de l’analyser.

Changez de canal. Prêtez attention à vos rythmes, à votre humeur, à votre état d’esprit et n’hésitez pas à adapter votre programmation. Par exemple, j’utilise Alpha Chill comme canal par défaut, mais, quand j’écris, j’ai besoin de choses plus texturales encore : je passe sur Ambient. J’ai souvent un petit pic de stress en milieu d’après-midi quand la journée avance, je me mets un petit coup de Up Tempo pour me calmer. Si je dois bosser le soir, bizarrement, Baroque Piano se prête bien à une atmosphère nocturne. À vous de tester et de voir.

Calquez l’énergie de la musique sur la vôtre. En gros, le réglage « énergie » va influer sur la vitesse des morceaux, mais aussi la présence des basses, et la programmation de façon générale. Petit piège contre-intuitif : ne cherchez pas à changer de force votre propre énergie avec ce réglage. Si c’est le matin et que vous avez du mal à vous réveiller, ne vous collez pas un Up Tempo en High pour vous donner un coup d’adrénaline, ça ne fonctionne pas comme ça ; calquez au contraire la programmation sur votre état, avec Alpha Chill ou Focus Spa en Low. Rappelez-vous que focus@will est fait pour vous accompagner, en s’adaptant, et suivre votre énergie du moment fonctionnera bien mieux. Vous pourrez passer à Mid un peu plus tard, une fois que le café / whisky / kérosène aura fait effet dans la matinée. Up Tempo en Mid ou en High, en revanche, est justement indiqué pour les moments de stress.

J’essaie où ?

C’est évidemment sans risque, puisqu’on peut ouvrir gratuitement un compte d’essai pour deux semaines ici. (Rappel, si vous avez aimé cet article et souhaitez soutenir le blog, n’oubliez pas de passer par mon lien, pour ces raisons.) Ensuite, focus@will demande un abonnement mensuel, ce qui peut paraître cher payé, mais essayez, et je vous assure, vous avez toutes les chances d’entrer dans la secte et de hurler à votre tour au miracle comme je le fais depuis bientôt un an.

Ouvrir un compte d’essai gratuit

2019-08-28T21:36:46+02:00mercredi 14 octobre 2015|Best Of, Technique d'écriture|39 Commentaires

Connectivité limitée, à nouveau

Je repars brièvement pour une dizaine de jours à l’étranger, cette fois assez loin et perdu dans la nature pour que ma présence en ligne soit très loin d’être garantie pour les dix jours à venir. Recommandations habituelles d’usage (il faudrait que je me fasse une page aide-mémoire, tiens, pour référence ultérieure) :

  • Le blog passe en mode léger (même s’il continuera à y avoir une petite nouveauté tous les jours de la semaine), idem pour les réseaux sociaux ;
  • Je ne suis pas joignable, mais traiterai tout à mon retour : en cas de réelle urgence, n’hésitez pas à me mettre une petite balise [URGENT] dans l’intitulé de votre communication pour attirer mon attention ;
  • Soyez sages et gentils les uns avec les autres, paix, amour et chocolat (noir).

Je pars me mettre au vert un moment pour travailler sur La Route de la Conquête. Quoi de neuf dans l’intervalle ? Eh bien, l’anthologie des Imaginales est finalisée, la couverture est magnifique, le sommaire est prestigieux, le thème est intrigant, et surtout les auteurs vont vous émouvoir, c’est une certitude ! Surveillez le site du festival, il n’est pas exclu que des informations tombent d’un jour à l’autre… D’autre part, toujours en quête de l’organisation parfaite, j’ai récemment refondu mon système, enfin compris la puissance d’Evernote, et peut-être trouvé le Graal en terme d’application de gestion de projets personnels. Et j’ai changé d’outil d’écriture. Je parlerai bientôt de tout cela si mes premières impressions positives se confirment.

2014-04-07T21:02:56+02:00jeudi 10 avril 2014|Journal|9 Commentaires
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