La solution trouvée à tout problème de procrastination

mit-seal_400x400Cela faisait quelque temps que je me montrais mystérieux concernant des projets en cours, je peux à présent l’annoncer : j’ai joint mes forces avec le prestigieux Massachusetts Institute of Technology, et nous avons trouvé, conjointement, l’ultime solution  à tout problème de procrastination, que nous sommes en mesure de vous dévoiler dans le cours de cet article.

Le contexte

Ma série d’articles de l’été dernier sur la productivité a obtenu un fort retentissement à l’étranger, notamment auprès du professeur Hildefons Labarrière, d’origine germano-québecoise, excellent locuteur de l’anglais, du français et du hongrois. Il dirige le Département des Études Chronologiquement Contrariées (Department of Retarded Studies) au MIT et m’a proposé, à l’automne dernier, cette collaboration. Selon ses termes :

Les écrivains symbolisent un champ de bataille extrêmement précieux dans notre domaine d’études : hantés par le chaos et l’absurdité, ils s’efforcent toute leur vie de donner forme à ces impulsions qui les dirigent, sans se rendre compte qu’ils sont voués à la défaite. Il nous était donc particulièrement intéressant de travailler avec M. Davoust et avec l’illusion qu’il peut donner un semblant d’ordre à sa vie, alors que c’est clairement perdu d’avance.

photo-Accessories-Head-Welding-Helmet-_12_1024L’étude

C’est sur la foi de ces paroles élogieuses que j’ai donc voyagé jusqu’à Massachusetts, la ville du prestigieux institut, pour me soumettre pendant trois mois à toutes les expériences conçues par le professeur Labarrière et son équipe. Il s’agissait d’étudier mon activité neurologique à l’aide d’un casque de dernière génération (ci-contre) dont les électrodes, au contact de mon crâne, fournissaient des relevés d’une grande précision :

Tout était prêt depuis des années ; les protocoles, l’équipement. M. Davoust n’est pas le premier auteur à s’imaginer qu’il peut échapper au fléau de sa profession. Le problème, c’est que les écrivains, ces créatures vaines, se préoccupent souvent de leur santé capillaire. Il va sans dire que la calvitie absolue de M. Davoust a constitué un critère de premier choix pour l’adopter comme sujet d’expérience : les électrodes, au contact direct de sa peau, ont fourni des résultats sans précédent.

Le protocole consistait, très simplement, à enregistrer mon activité cérébrale et à la mettre en corrélation avec ma lenteur de mise en travail dans une variété de conditions imposées, comme par exemple :

  • Privation absolue de café
  • Après une nuit hachée toutes les deux heures
  • À l’issue d’un repas nourrissant ou, au contraire, constitué exclusivement d’endives à l’eau
  • En fonction de l’heure de la journée, de la quantité de luminosité disponible, du bruit ambiant
  • Au contraire, travail des mécanismes de récompense : un verre de whisky chaque fois que je passe sur Facebook (si j’ai pu vous sembler incohérent ces derniers mois, ce n’est pas moi, c’est l’Oban)
  • En me jetant une rondelle de saucisson tous les 1000 signes écrits
  • En me passant du Christophe Maé dès que ma vitesse de frappe tombait en-dessous des 2500 signes à l’heure

Donnant, par exemple, des graphes d’activité comme suit :

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Le résultat

Les conclusions de l’équipe du professeur Labarrière sont, à l’image des plus grandes avancées scientifiques : à la fois révolutionnaires et d’une simplicité limpide dans leur approche, tels la mécanique quantique, le calcul différentiel ou la relativité générale. Après deux mois de relevés soigneux et d’écriture (pour ma part) dans toutes les conditions possibles (dans un congélateur, au fond de l’eau sans bouteilles, suspendu par les pieds au-dessus d’une fosse à lions, conditions dans lesquelles ma productivité était maximale puisque, pour 1000 signes écrits, on me relevait de dix centimètres), la conclusion est simple :

Pour cesser de procrastiner, il faut s’y mettre. 

“Nous pensons que notre découverte, assidûment documentée et fouillée, ouvrira de nouveaux horizons productivistes au monde moderne, en stimulant des environnements où l’on s’y mettra pour de bon, par exemple à l’aide de fosses à lions ménagées au rez-de-chaussée des immeubles de bureau pour y jeter les salariés coupables de procrastination régulière. On allie ainsi le meilleur de la science moderne à la tradition séculaire : les Romains savaient déjà, dans un contexte de paix sociale, faire un usage créatif des lions », s’enthousiasme le professeur Labarrière.

À cette fin, alors que l’équipe scientifique apporte la touche finale à l’article qui sera publié dans Nature, je prépare un livre rassemblant le coeur de cette conclusion, sous la forme d’une page unique facile à lire, bientôt disponible en librairie pour un prix qui, m’a-t-on d’ores et déjà assuré, sera sous la barre des dix euros.

2014-03-31T18:41:54+02:00mardi 1 avril 2014|Expériences en temps réel|26 Commentaires

Expériences en temps réel, bilan 2013

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Alors, ça y est ? La dinde est dans le four, tonton Alphonse est installé avec un verre de rouge et raconte des blagues graveleuses, mamie Gertrude ponctue la conversation de vibrants “oh là là” ?

Oh là là.

La fin de l’année, c’est toujours la tradition des bilans, et ce lieu de perdition bizarre ne fait pas exception, relatif à ce lieu de perdition bizarre.

Question littérature…

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Ce fut une année plutôt bien active. En résumé, si vous avez raté une info (j’ai entendu dire “Quoi, le troisième Léviathan est sorti ? Mais quand ? Comment ça se fait que je l’aie raté ?” Eh bien, je ne sais pas, mais du coup, peut-être un récapitulatif s’impose-t-il – au fait, la newsletter reste le moyen le plus sûr de se tenir au courant), voici un rapide tour d’horizon :

… et pour 2014 :

  • Cela s’annonce comme une année de nouvelles. Je participe à de chouettes anthologies à paraître dont je parlerai le moment venu, mais aussi, je travaille sur La Route de la Conquête, le nouvel opus d’Evanégyre, à paraître en août chez Critic.
  • Sylvie Miller et moi codirigeons à nouveau l’anthologie des Imaginales. Non, on ne peut pas encore vous dire le thème. Mais ça va être awesome, hé hé.
  • Il y a d’autres trucs en préparation. Il y a toujours d’autres trucs en préparation. Mais c’est trop tôt pour en parler.

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Question site et blog…

  • Au total : environ 70 000 lectures uniques sur l’année, soit 5800 par mois en moyenne. C’est en progression et surtout plus stable qu’en 2012, ce qui était mon but : m’efforcer d’être plus cohérent, tout en continuant à me faire plaisir (ce qui est, je le rappelle, la raison d’être première de cet endroit bizarre).
  • J’ai réussi toute l’année à proposer quelque chose de nouveau tous les jours ouvrables (chronique, photo, etc.) Une fois l’habitude prise d’alterner mises à jour courtes et articles plus substantiels, ça se passe assez bien. Donc je continue.
  • Le site a changé d’hébergeur en milieu d’année pour aller chez Mistic. Après quelques permiers hoquets, ça marche cent fois mieux ; que Marcel, chef d’orchestre, soit remercié pour ses efforts et sa disponibilité. Si vous cherchez un endroit où héberger votre site, n’hésitez pas à faire vivre une petite boîte familiale plutôt qu’une grosse machine !
  • Je suis de retour sur Google+, sans vraie conviction je dois avouer, mais c’est ici.
  • Le profil Flickr commence à se nourrir doucement. C’est là.
  • J’ai timidement commencé à remplir les pages univers, depuis le temps que je le promets. Mais je rame. Je réfléchis encore à ce que doit proposer un tel portail, tout en évitant de me coincer en donnant des infos sur lesquelles je voudrais revenir par la suite. (Je considère que tout ce qui est publié dans un récit devient “canonique” et ne peut être corrigé par la suite. Mais tout ce qui l’entoure est toujours sujet à ajustement potentiel ; si je me mets à dévoiler ça aussi, j’ai peur de me coincer.)

Best-of 2013

Okay, auguste lectorat, qu’est-ce qui t’a le plus plu cette année question articles de blog ?

Bon, OK, j’en retiens, comme tous les ans, que tu viens ici pour lire des articles sur de la littérature et le monde du livre. Message reçu – ce serait bien que j’en fasse davantage, même si je continuerai à poster du lol. Parce que.

Sauvetage au rattrapage

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Qu’est-ce qui me semble être passé un peu inaperçu et que je pourrais t’inviter à rééxaminer, auguste lectorat ?

  • Principalement la série Productivété, sur l’organisation du travail, de cet été, qui était peut-être un peu trop dense pour un sujet estival (après tout, c’étaient les vacances pour la plupart des gens normalement constitués).
  • Le diptyque sur l’objectivité dans la critique de fiction (part ouane, part deux)

Bon, c’est déjà pas mal.

Allez, on débranche pour la journée. Bon réveillon ! Joyeuses fêtes ! Ho ho ho ! Oh là là ! Alors c’est l’histoire d’une gonzesse qui…

2020-01-20T01:27:27+01:00mardi 24 décembre 2013|Journal|6 Commentaires

Productivété (1) : l’enjeu de l’organisation en solitaire

Image trouvée ici

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Nous sommes le premier juillet ! L’été est là (en principe), de longues vacances se profilent (peut-être), le rythme ralentit (normalement), c’est pour beaucoup le temps de faire le point en prévision de l’année à venir.

En 2012, la série hebdomadaire des déclencheurs a rencontré un certain succès, ce qui me pousse à proposer une nouvelle série d’articles pour l’été, profitant du temps dont beaucoup disposent pour faire le point sur l’écriture et encourager à s’y exercer.

Un des articles les plus populaires de ce blog est celui-ci, pourtant constitué de pensées éparses jetées à chaud sur le sujet de la procrastination, même encore aujourd’hui, trois ans plus tard. Ce qui montre combien l’organisation du travail, la multiplicité des interruptions dans une vie professionnelle (et personnelle) présentent de défis et de difficultés quand on cherche, simplement, à conduire un projet à son terme – plus encore quand on écrit, une tâche par définition solitaire et, au début d’une carrière tout du moins, sans autre motivateur que l’envie (pas de date de remise, pas d’argent à la clé)…

Qui n’a jamais rendu un travail scolaire au dernier moment ? Qui ne s’est pas senti submergé par une multitude de tâches réclamant toutes autant notre attention, dépassé par les sollicitations provenant du téléphone portable, du courriel, des réseaux sociaux, des mémos laissés sur le bureau ? Bien de jeunes auteurs se lamentent de vouloir écrire “sans avoir le temps ». Si l’on peut arguer que le temps se crée, qu’il faut de la volonté pour se réserver des fenêtres de travail, il faut reconnaître que le rythme effréné de notre époque et notre état de connexion semi-permanent brouille les frontières entre les différents compartiments de notre vie et rend difficile l’état de concentration sur la durée nécessaire à l’accomplissement de toute tâche un tant soit peu complexe, comme la rédaction d’un roman.

C’est là qu’intervient le life hacking. Selon les mots de Wikipédia :

Le life hacking renvoie à toute astuce, raccourci, compétence ou méthode nouvelle visant à augmenter la productivité et l’efficacité, dans tous les domaines de l’existence ; en d”autres termes, tout ce qui règle un problème du quotidien d’une manière rusée et peu évidente de prime abord peut être qualifié de life hack.

(De life, vie, et hack, bien sûr.)

Bien des pionniers, coaches personnels, essayistes ont pris à bras-le-corps les défis présentés par la nécessité de produire du travail, dans le contexte actuel d’outils et de communication et, avec l’appui de la science et de la psychologie, se sont efforcés de proposer des réponses et des méthodes, chacune avec leur philosophie. Nous ne parlons pas ici d’approches très basiques du genre “établir une liste de chose à faire” mais bien de systèmes, parfois globaux, visant à mêler efficacité et facilitié, pour accomplir les buts que l’on souhaite.

Dans le domaine de l’écriture, où la résistance à l’action est particulièrement présente (qu’est-ce qui vous motive à rester écrire le soir quand vos amis vous invitent pour une soirée, quand Facebook vous tend les bras, quand la télé est à deux mètres, quand il fait beau dehors ?), ces approches me semblent particulièrement utiles, mais elles ont été évidemment conçues dans une optique plus large, et pourront convenir à tous ceux qui en ont assez de ne pas accomplir ce qu’ils veulent – que ce soit boucler le rapport Cogedip ou tondre la pelouse – ou de ramer parmi leur priorités, ce qui les conduit au surmenage, à l’inefficacité et donc à la déprime.

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J’étais il y a quelques années dans cet état, et c’est ce qui m’a poussé à chercher une meilleure manière de vivre, en appliquant une forme de méthode rationnelle à ce que j’identifiais comme problématique dans mon existence : un manque de direction, un flou dans les priorités, et une insatisfaction générale. En donnant un cadre plus clair à mon quotidien, j’ai finalement acquis davantage de liberté. Cela m’a permis, entre autres, de publier trois livres en seulement deux ans tout en co-dirigeant deux anthologies, en assurant leur promotion, en partant en volontariat écologique, le tout en entretenant ce blog (de façon quotidienne depuis presque un an). Cela ne signifie pas que je ne suis jamais en retard sur la correspondance, ou même, parfois, sur le rendu d’un travail, que je n’ai jamais de périodes effrénées à 15h par jour ; mais je sais à présent que si c’est le cas, ce n’est pas par manque de vision, mais à cause de circonstances extérieures (ou parce que j’ai trop à faire en même temps, ce qui doit pousser à réfléchir sur la pertinence d’accepter tant de projets).

Voilà donc le thème de cette série d’articles de “productiv-été » : être efficace tout en se détendant, et en contrôlant mieux ses priorités et ses buts. Bien sûr, je parlerai de leur application dans le cadre de l’écriture, mais on dépassera largement ce cadre, et j’espère que même les non-écrivants en tireront profit ; aucun de ces systèmes ne fonctionne en vase clos ; les adopter dans un domaine, c’est vite les étendre à toute l’existence – et tant mieux.

Vaste progamme, n’est-ce pas ? Mais faisable.

Faisable à condition de conserver plusieurs considérations en tête.

  1. Rien n’est magique dans le life hacking – même si on vous le promet et si, honnêtement, ça paraît effectivement tout résoudre dans un premier temps (c’est trompeur). Entamer cette démarche, adopter un système, nécessite une réelle volonté de s’y conformer, d’y réfléchir activement, et surtout d’adapter les méthodes employées à son fonctionnement propre. Comme dans l’écriture : il faut s’approprier le discours des autres par rapport à son propre fonctionnement. 
  2. Je ne suis pas un coach personnel. J’entends par là que je ne suis pas un expert ultime en life hacking, en productivité, en management personnel. Je suis juste un individu profondément intéressé par le principe (faire plus en se fatiguant moins, qui ne serait pas séduit ?), j’ai pas mal lu sur la question, j’ai construit (et suis encore en train de construire) un système qui commence à tenir la route. Je vous propose de partager cette expérience, toujours dans l’idée que j’écris sur ce blog ce que j’aimerais trouver si je l’ignorais ; mais je n’ai pas la science infuse. Vous fonctionnerez peut-être (probablement) différemment. N’hésitez pas à partager votre expérience en commentaires.

Voilà pour l’entrée en matière. Nous commencerons dans les premières semaines à passer en revue les systèmes les plus connus (pour ceux qui connaissent, GTD, PK, etc.), ce qui, à mon sens, les rend pertinents ou non, comment ils s’appliquent à l’écriture, et nous verrons, aussi, comment les implémenter sur le terrain à l’aide des outils modernes.

Intéressé, auguste lectorat ?

2014-08-05T15:18:27+02:00lundi 1 juillet 2013|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires

Twitter advanced : des applications

Twitter est un peu aride et crypté au premier abord, le décoder était le but de ce premier article. Cependant, Gilles G avait remarqué très justement en commentaire certains manquements du réseau, notamment la possibilité de suivre commodément une conversation. On peut aussi reprocher à ces médias leur multiplication, le fait que tous répondent à des besoins différents, ce qui multiplie le temps qu’on a tendance à passer dessus.

C’est là qu’on entre dans le mode avancé extra bonus stage turbo II prime.

Utiliser un client unifié

Vous passez beaucoup de temps sur Facebook et Twitter à la fois ? Vous gérez, en plus de votre profil personnel, une page pour une association ou une institution ? La multiplication des canaux peut vous rendre cinglé en plus de vampiriser votre temps en moins de temps qu’il n’en faut pour RT une vidéo de lolcat.

L’idéal est donc d’utiliser une seule application pour tout : un seul “social hub“, comme on dit chez les experts communicants (rien à voir avec Miami ou Las Vegas) où tous vos flux arriveront, et d’où vous pourrez informer tous vos canaux. (En ce qui me concerne, je n’en ai que deux, Facebook et Twitter, mais le temps gagné n’est déjà pas négligeable, ce qui est autant que je peux consacrer à réellement communiquer avec des gens, c’est-à-dire, bien entendu, faire circuler des vidéos de lolcats.)

Il y en a une bonne demi-douzaine sur le marché, mais je n’en ai testé que deux, qui ont l’avantage d’être (à peu près) gratuits et plutôt complets.

Hootsuite

Hootsuite est une application web, c’est-à-dire qu’elle tourne dans n’importe quel navigateur pas trop ancien sur n’importe quelle machine pas trop vieillote. Cela veut également dire qu’il n’y a rien à installer et qu’une fois votre compte créé, il sera instantanément accessible de n’importe quelle machine. L’interface de Hootsuite est vraiment bien pensée et très complexe, notamment pour ce qui est de l’intégration avec Facebook : poster des vidéos, des liens, se fait très simplement avec les mêmes fonctionnalités que sur le site de FB (personnalisation de l’image d’aperçu, du texte, etc.).

Pour ce qui est de Twitter, on trouve tout ce qu’on est en droit d’exiger d’un client évolué : RT personnalisables, accès à l’historique d’une conversation, aperçu des profils en cliquant sur une simple mention “@”, etc. Rien à redire sur les fonctionnalités (il y en a même certaines que vous n’utiliserez jamais).

Le désavantage de Hootsuite est sa fausse gratuité. L’accès aux fonctionnalités de base est financé par la publicité : régulièrement, des tweets publicitaires feront leur apparition dans votre timeline, ce qui, personnellement, m’insupporte. Pour s’en débarrasser et avoir accès à davantage de fonctionnalités (orientées vers le travail d’entreprise), il faudra payer un abonnement.

Hootsuite est très certainement l’un des clients les plus complets du marché, ce qui explique ce modèle économique et, disons-le franchement, orienté communication coroporate. Mais, si vous n’êtes pas allergique à un peu de pub intrusive, c’est assurément la Rolls. C’est ici.

TweetDeck

TweetDeck est une application à part, c’est-à-dire qu’il vous faudra l’installer sur toutes les machines où vous voudrez l’utiliser (une version intégrée au navigateur vient cependant d’être publiée pour Chrome ; des versions existent aussi pour plate-formes mobiles). Ce client était originellement dévolu à Twitter, ce qui rend son intégration à Facebook un peu cafouillante et pas aussi puissante que celle de Hootsuite (la publication de liens ou vidéos ne peut se faire directement). Cependant, le site de Facebook n’a tout de même pas les manquements de l’interface de base de Twitter ; le but reste de rendre l’expérience Twitter plus agréable et facile.

Et, sur ce point, TweetDeck remplit parfaitement son contrat : réponses, RT personnalisés, suivi des conversations et classement des contacts en listes personnelles. De plus, TweetDeck permet la publication directe de contenu comme des photos ou vidéos avec une intégration transparente à des services comme Twitpic.

Pour utiliser l’environnement sur plusieurs machines, il est possible d’ouvrir un compte TweetDeck de manière à conserver préférences et classements d’un terminal à l’autre, mais cela reste entièrement facultatif.

Pour un usage prioritairement réservé à Twitter (et une réelle gratuité), TweetDeck me semble le meilleur choix. C’est là.

D’autres ?

Il existe d’autres applicatifs liés à Twitter, principalement sous la forme de plug-ins qui viennent se greffer au navigateur : le plus célèbre est probablement Echofon, prévu pour les plate-formes MacOS et Firefox. Au-delà, il en existe probablement des centaines, plus ou moins bien fichus, plus ou moins buggés, mais il se peut que l’un d’eux ait cette fonctionnalité que vous cherchez désespérément partout. Jetez un oeil à chaque tweet : il mentionne le client utilisé. À vous, peut-être, de l’essayer à votre tour si les deux ténors précités ne satisfont pas à vos exigences.

Ces applications permettent en tout cas de se libérer vraiment des contraintes de manipulation intrinsèques aux réseaux et de leurs lenteurs. Extrêmement transparents et ludiques, je ne saurais trop recommander leur usage pour gagner du temps et le passer à véritablement faire des choses sur les réseaux… au lieu de se battre avec leur interface.

Bonne chasse !

2011-01-06T13:01:15+01:00jeudi 6 janvier 2011|Geekeries|4 Commentaires

Tuer quelques mythes pour combattre la procrastination

La procrastination est probablement une des afflictions les plus sévères à frapper les écrivains : enracinée dans diverses causes, souvent la peur de l’inadéquation ou du manque de maîtrise, elle peut indiquer le réel besoin de réfléchir davantage à son histoire avant de s’y engager, mais c’est plus souvent une véritable paralysie devant la fameuse “page blanche”, dénuée de véritable fondement. Même Victor Hugo procrastinait. Victor Hugo, quoi !

Notre monde post-moderne connecté web 2.0 communicatif d’échange en réseau d’influences neuronales collaboratif mobile a ajouté une nouvelle composante terrible aux raisons déjà multiples pour l’auteur de procrastiner : le courrier électronique et les réseaux. Oui, on entend régulièrement dire que le meilleur conseil qu’on puisse donner ces jours-ci pour écrire est de se couper du monde, mail et Internet inclus, mais l’expérience prouve que c’est difficile à faire, et puis, se dit-on, une petite vérification du mail de temps en temps, quel mal cela peut-il faire ?

Un mal énorme, et je suis enfin tombé sur les données qui le prouvent.

Teh Intertubez r not evilz

Il me semble que couper Internet aujourd’hui est quasiment impossible pour la majorité des auteurs. En ce qui me concerne, Internet est mon encyclopédie : besoin d’ancrer une scène dans un lieu réel, je compulse Google Images ; besoin de la donnée précise de telle arme, je fais une recherche croisée dans Wikipédia ; je ne parle même pas des dictionnaires que j’emploie qui sont maintenant en ligne. Le problème n’est pas tant la présence d’Internet comme distraction (il est relativement facile de se réfréner de lire des articles ou de regarder des vidéos de chatons trop lol sur YouTube, car ces activités sont clairement identifiées comme improductives) que celui de vérifier son mail – Twitter – Facebook toutes les cinq minutes (voire moins).

Derrière l’idée du “allez, un petit check Facebook et je m’y mets” se trouvent principalement deux idées :

  • “Je pourrais rater une information importante ». J’ai lancé une discussion ou un commentaire un peu polémique, je voudrais voir ce que ça donne, si c’est bien ou mal compris, ou même si (pour peu qu’on ait ces inclinations) ça va se foutre sur la tronche et je vais pouvoir remettre de l’huile sur le feu de mon troll, qu’est-ce que je suis trop mdr.
  • Ça prend trois secondes. C’est vrai, quoi un petit clic sur la barre de tâches, “Check mail” – ding, oh tiens, que se passe-t-il dans le vaste monde ? Quoi, on veut connaître mon avis sur la meilleure marque de tuyaux d’arrosage à utiliser en cas de gel fréquent ? Allez, je réponds, c’est vite fait. Après tout, si je réponds maintenant, je suis efficace, j’aurai réglé un problème immédiat et je pourrai me remettre à bosser l’esprit tranquille, n’est-ce pas?

Faux.

Despite all my rage, I am still just a rat in a cage

En vérifiant nos mails toutes les trois minutes, nous nous comportons ni plus ni moins comme des rats de laboratoire. Cet article établit un parallèle (que j’ai vu ailleurs) qui me semble frappé au coin du bon sens : le mail est une machine à renforcement variable.

En deux mots : prenons deux lots de rats. Le premier est entraîné à recevoir une récompense chaque qu’il appuie, mettons, vingt fois sur une pédale (= renforcement fixe). Le second reçoit sa récompense au bout d’un nombre aléatoire (parfois tout de suite, parfois au bout de cinquante coups de pédale) : renforcement variable. Si l’on arrête de récompenser les deux, on constate que les premiers rats cessent presque aussitôt de travailler, quand les autres continuent longtemps à presser la pédale (normal, puisqu’ils sont incapables de prévoir l’arrivée de la récompense).

C’est le mécanisme de la machine à sous, et c’est exactement le mécanisme du courriel. Dans un monde connecté, l’arrivée d’un nouveau message est un plaisir basique, qui flatte l’ego en lui donnant l’impression de recevoir de l’attention, ou d’avoir quelque chose à faire et à régler, ce qui, par la suite, procure du bien-être.

Bon, okay, dites-vous, le mail, c’est la machine à sous. Et alors ? Ça ne me coûte rien, ça ne fait de mal à personne. Où est le problème ?

Non, vous n’êtes pas multi-tâches

Eh bien, le problème est expliqué dans cet autre article du même site (consacré à la productivité des programmeurs, mais peu importe). En un mot comme en cent, “multitasking is a myth” : être multi-tâches est un mythe. Bien sûr, on peut faire deux ou trois choses en même temps qui ne nécessitent guère de capacité de réflexion, comme marcher et téléphoner, manger et jouer à WoW regarder la télé, écouter les débats de l’Assemblée Nationale et dormir.

Mais des activités qui requièrent une attention poussée de notre part – écrire, donc – exigent de la part du cerveau qu’il s’y consacre entièrement. Et, surtout, notre intellect est ainsi fait – et l’écriture ne fait certainement pas exception – que ces tâches complexes nécessitent un temps de mise en route, une sorte de période “tampon” où nous nous mettons dans l’esprit (haha), le contexte, de ce que nous devons faire. Le graphique de l’article précité montre qu’à cinq projets en même temps, c’est foutu : le cerveau passe tout son temps disponible à changer de contexte au lieu de faire ce qu’il est censé faire.

C’est en cela que la vérification périodique des emails est un mal. Chaque fois que le cerveau pourrait se plonger dans la tâche en cours, la scène, s’investir dans le personnage pour le ressentir, ce qui ne se convoque pas par magie à chaque fois que l’on s’assied au clavier, il se trouve sorti de force de sa réflexion pour aller presser la pédale de la machine à renforcement variable. Comme il est difficile de s’y remettre ensuite, la tentation d’aller tenter un nouveau tour de roue (satisfaction immédiate) devient plus grande, et la journée se transforme peu à peu en longues heures improductives et inexplicablement décourageantes. Chaque fois que l’on change de tâche, et donc de contexte, notre cerveau paie en énergie et en concentration un prix incompressible qui s’ajoute à celui de la tâche elle-même. Changer de tâche quinze fois par heure – même pour vérifier les réseaux sociaux juste trois secondes -, c’est multiplier ce prix par quinze.

La distraction say leu male

Écrire nécessite un immense investissement personnel et intellectuel, de plonger au coeur de soi, de faire abstraction du monde extérieur pour se transporter ailleurs, dans l’esprit d’autrui, pour rapporter ces visions au lecteur. Je pense humblement que c’est bien plus difficile si l’on ne trouve pas le moyen – et la discipline – de se couper de ces stimuli semblables à la ficelle colorée qu’on agite devant le nez du chaton : c’est se condamner à tourner en rond avec un cerveau perpétuellement bloqué en seconde. Cela se comprend intuitivement, et ceux qui ont essayé, comme votre serviteur, en vantent les mérites, mais la science nous dit ici pourquoi – et, avec un peu de chance, cela pourra convaincre les réticents.

2014-08-05T15:23:07+02:00mercredi 20 octobre 2010|Best Of, Technique d'écriture|12 Commentaires
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