Joanne Harris sur le piratage (en français)

lolcat-planning-demiseJoanne Harris, en plus d’être une romancière reconnue, est extrêmement active et fort intéressante sur Twitter. Elle propose régulièrement des séries de tweets sur l’écriture, l’édition, et, vendredi dernier, décortiquait l’argument fallacieux que le piratage n’est pas du vol, c’est de la copie. Histoire de varier les interlocuteurs, et comme j’ai déjà parlé du sujet suffisamment récemment, je lui ai demandé si elle accepterait que je traduise une sélection de ses tweets (vu que nous sommes visiblement d’accord). Accord obtenu, les voici. 

  • L’argument sur le piratage douteux du jour : “Ce n’est pas du vol, c’est de la copie.” *se cogne la tête contre le bureau*
  • “Je vois que tu achètes une Rolex. Et si je te donnais cette copie gratuitement ?” “Vous embauchez quelqu’un ? Et si je faisais ce boulot gratuitement ?”
  • “Vous avez mis vos identifiants bancaires en ligne ? Et si je les copiais, juste pour les envoyer à toutes mes connaissances ? Ce ne serait pas du vol, juste de la COPIE.”
  • “Je sais que j’ai dîné dans votre restaurant, puis que je suis parti sans payer, mais cela vous fera de la BONNE PUBLICITÉ. Cela vous aidera à VENDRE davantage de places.”
  • “Je sais, j’ai volé cette bouteille de vin, mais, bon sang, elle était BIEN TROP CHÈRE pour que je l’achète.”
  • “Ouais, alors ce que je vais faire, c’est manger ce steak, et si je le trouve vraiment bon, je le paierai. Sinon, je l’effacerai, tout simplement. Ça va, non ?”
  • “Tout ce que j’ai fait, c’est copier votre travail et le donner gratuitement. Ce n’est quand même pas ma faute si vous avez mis la clé sous la porte.”
  • Peut-être y a-t-il une idée ici. Voler nécessite une once de réflexion. Les pirates ne sont pas des voleurs. Ce sont des PARASITES.
  • “Je sais que c’est votre boulot, tout ça, mais avez-vous lu ce site web ? Il explique pourquoi je m’y connais TELLEMENT mieux que vous sur le sujet.”
  • Pirater des livres, c’est comme fabriquer de la fausse monnaie. Au bout d’un moment, la valeur se perd. On finit par travailler pour rien. Tout s’effondre.
  • Ici, un troll sur Twitter accuse une diplômée de Cambridge d’ “anti-intellectualisme” PARCE QU’ELLE ESSAIE DE PROTÉGER LES AUTEURS du piratage…
  • “Les Kindles sont chers, alors les livres électroniques devraient être gratuits” revient à dire “j’ai acheté ma maison, alors je peux voler les plantes de mon voisin.”

… Et comme il est difficile (et un peu inutile) de vouloir rester hors de la discussion sur un réseau social, j’ai dévié avec l’utilisateur @adrianshort sur le rôle de l’économie. Je retranscris cette discussion, car elle permet de couper court à un autre argument fallacieux : celui que l’économie doit changer pour légitimer la pratique (ça ne choque personne qu’on s’attaque pour cela à l’un des plus faibles secteurs).

LD : Si seulement les gens mettaient autant d’énergie à justifier le piratage qu’à, mettons, combattre la faim dans le monde. […]

A. S. : Peut-on jamais justifier de voler à manger ou bien NE VOLE PAS À MANGER représente un principe applicable quelles que soient les circonstances ?

LD : Tu ne mourras pas de ne pas voler un livre, mais si tu le fais, l’auteur en mourra peut-être, lui. C’est si difficile à comprendre ?

A. S. : Bien sûr, parce que c’est absurde. Une vente de livre ne transforme pas un auteur affamé en auteur viable.

LD : Le manque massif de ventes nuit à l’économie. C’est aussi pour ça qu’on paie pour se nourrir. Il faut que les gens gagnent leur vie.

A. S. : D’un point de vue économique plus vaste, ces dépenses se sont décalées ailleurs, comme l’équipement informatique et l’accès à Internet. L’économie ne va pas plus mal si les gens achètent de la bière plutôt que des livres, en tout cas pas dans le sens que tu entends.

LD : Alors construis-nous une façon de gagner nos vies avec ta science économique. Pour l’instant, le modèle ne satisfait personne. Je suis tout à fait pour une économie idéale, sincèrement. Mais les gens ont besoin de gagner leur vie AUJOURD’HUI, pas dans une économie idéale.

A. S. : Un revenu de base universel créerait une énorme différence pour les créatifs aux revenus modestes. Je suis pour.

LD : Moi aussi ! Mais on n’y est pas encore, et le monde doit fonctionner dans l’intervalle. Donc, pas de piratage.

A. S. : Les éléments montrant que le piratage empêche quoi que ce soit de fonctionner, d’un point de vue économique ou autre, sont rares.

LD : C’est certainement pour cela que 90% des créatifs martèlent le contraire. Pourquoi seraient-ils au courant ; ce n’est que leur gagne-pain. D’innombrables articles le montrent. Mais je vois que je t’en convaincrai pas.

Depuis le dernier article sur le piratage, qui a soulevé beaucoup d’ire (pour un article plutôt écrit sur un ton chaleureux), il est apparu quelque chose de très net : les maisons d’édition indépendantes, qui proposent des livres électroniques à prix plancher, sans protection, avec un travail de qualité, se font pirater comme les autres. Donc, l’argument pseudo-éthique “je ne pirate que les maisons trop chères / qui verrouillent leurs fichiers / les grands groupes” ne tient absolument pas. Qu’on n’essaie donc pas de justifier le piratage avec une espèce de vague attitude de chevalier blanc ; c’est la démonstration par l’exemple que ce n’est que de la poudre aux yeux, et une malhonnêteté de plus. On pirate parce qu’on pirate, et dès qu’on consomme une œuvre de la sorte, on triche, point.

Si vous souhaitez la source de l’ensemble des échanges :

2016-09-19T23:24:37+02:00mercredi 21 septembre 2016|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Joanne Harris sur le piratage (en français)

Vous montez une plate-forme et voulez attirer des créateurs pros ? Ayez conscience de ce qui suit

Sérieusement, cette photo, quoi. (Source)

Sérieusement, cette photo, quoi. (Source)

Synchronicité ou signe des temps (ce qui signifie potentiellement la même chose), je vis à peu près trois expériences convergentes en ce moment : des plate-formes logicielles à composante sociale se montent avec l’espoir de devenir, peut-être, un point d’eau d’importance voire de référence, souvent centré autour de la création. Deux d’entre elles m’ont invité à leur bêta, la troisième m’a demandé mon avis, et, synchronicité ou signe des temps (yadda yadda), je constate que toutes, à peu près, présentent des défauts de réflexion voisins et plus ou moins prononcés qui me semblent, hélas, dangereux.

Okay. Vous montez un SaaS (software as a service) / plate-forme sociale autour de la création – et vous avez envie d’attirer des pros intéressés par la technologie, voire qui emploient celle-ci de manière régulière, afin d’amorcer votre communauté. Voici, en toute humilité et dans l’espoir que cela puisse servir au plus grand nombre, les questions que je me pose aussitôt quand je découvre ce genre de projet, et certains impératifs qui gouvernent ma réflexion quand il s’agit d’adopter ce genre d’outil ou pas. Vue la quantité de contenu que je m’enfile en terme de lifehacking, de productivité et de technicité des knowledge workers, je vous fiche mon billet (de blog) que je suis loin d’être le seul à penser comme ça.

Ça promet d’être un peu rude, mais c’est pour votre bien.

Mon attention et mon temps sont comptés

C’est une réalité des choses, je suis seul et mon travail, aussi étonnant que cela paraisse, ne consiste pas prioritairement à faire le zigue sur Facebook (même si je le fais avec plaisir et que maintenir le lien avec la communauté est important à mes yeux), mais à produire des choses nouvelles, du contenu, livres, musique, etc. Les plate-formes que je vois se créer proposent tout un tas de fonctionnalités, ce qui est très bien, mais oublient un aspect fondamental du public qu’elles visent souvent : le temps et l’attention d’un créateur solo – a fortiori professionnel – sont diablement comptés. Dans un monde idéal, on pourrait maintenir une présence sur Facebook, Twitter, Google+, LinkedIn, Viadeo, Diaspora, WordPress et Tumblr, pour ne citer que des réseaux / moteurs de (micro)blogging généralistes (et sans même parler du courriel), et construire une chouette communauté sur tous. C’est parfaitement impossible (et c’est bien pour cela que le métier de community manager existe pour les entreprises).

Créer une nouvelle plate-forme suscite automatiquement la réaction : “Pff, encore un autre endroit”. Ce qui signifie : encore d’autres notifications, encore un éclatement communautaire, encore un outil dont il faut apprendre les idiosyncrasies. Sans compter que ces nouvelles plate-formes ne s’interfacent généralement avec rien (on ne peut pas rapatrier / rediffuser le contenu sur les réseaux classiques où se situent la communauté préexistante, sans parler d’une présence dans des outils de veille type HootSuite).

Il y a deux raisons pour laquelle Facebook et Twitter sont les leaders de facto des réseaux sociaux : 1. Tout le monde est déjà là et 2. Tout le monde est déjà là.

1. Tout le monde est déjà là : la communauté préexistante est là. Pour parler aux gens qui nous suivent, nous leur parlons là où nous les avons déjà retrouvés. Fragmenter la communauté implique des messages croisés (“J’ai publié une nouvelle photo sur Flickr / un nouveau morceau sur Soundcloud”) – chaque nouveau réseau augmente l’effectif de la combinatoire entre tous les messages croisés. Sans automatisation, ça devient parfaitement ingérable (et c’est pour ça que j’ai déserté Google+ qui ne propose pas d’automatisation agnostique).

2. Tout le monde est déjà là : c’est là que se trouve le public potentiel le plus large, car non trié sur les biais de la plate-forme. Sur Flickr, il n’y a que des gens qui s’intéressent à la photo et sont photographes eux-mêmes. Sur Facebook, il y a ta soeur et ma grand-mère. Tout créateur aspire à une certaine forme d’universalité (tout en ayant conscience de la futilité de l’idéal) – plus prosaïquement, si je veux toucher le plus grand nombre, je vais aller là où le plus grand nombre se trouve déjà, dans l’espoir de faire connaître mon travail (ou mes jeux de mots laids) à de nouvelles personnes.

Je vais être très honnête, pour ces raisons, la réponse qui suit fréquemment l’annonce d’un projet de plate-forme est un “non, je n’irai pas” quasi-automatique.

À moins de prendre ce qui précède en compte. Et donc que vous sachiez accrocher vos prospects avec la réflexion suivante :

Que faites-vous que personne ne fait ?

having-businessSi c’est pour proposer un réseau de portfolios d’images au sens large, j’ai une mauvaise nouvelle, vous êtes déjà en compétition avec Flickr, 500px, Behance et DeviantArt, au bas mot. La tactique pour attirer un professionnel (je parle bien d’un pro, hein, pas du lycéen qui ne terminera jamais sa fanfic furry Ken le Survivant sur Wattpad – là, je ne suis pas compétent en la matière – ni en lycéens, ni en furry, quoique en Ken le Survivant, on peut peut-être discuter) devient donc :

Pour quelle raison un professionnel délaisserait-il les réseaux et outils qu’il a déjà réfléchis, construits, pour dégager une part du temps incompressible qu’il peut dégager à la communication et aller chez vous ? 

Ce qui implique un certain nombre de points-clés :

En quoi êtes-vous différent ? Quelle est LA (ou, si vous avez de la chance, LES) vraie bonne idée de votre projet que personne ne réalise avant vous ? Vous voulez mettre des gens en contact ? Facebook et LinkedIn le font déjà. Vous voulez permettre aux gens de vendre leurs oeuvres ? DeviantArt, Behance, Zenfolio… le font déjà. Si vous ne comptez rien offrir de plus, ou, du moins, si vous ne le faites pas 2×10^15 fois mieux (et attention à ne pas vous bercer d’illusions dans ce domaine, vous êtes selon toute logique une start-up quand vous affrontez des entreprises brassant jusqu’à des milliards de dollars en R&D et développement), vous allez, je crois dans le mur. Donc : quelles sont vos killer features Vous n’y avez pas réfléchi ? Uh-oh.

Que m’apportez-vous que je ne sache pas faire seul ? De la visibilité ? Non, vous vous leurrez. Surtout dans le cas d’un pro, qui par définition a déjà construit un bout de carrière, vous ne pouvez par définition pas apporter une visibilité qu’il n’a pas déjà avec une plate-forme qui se lance tout juste. La visibilité se construit sur le temps, et par le créateur lui-même – vous lui fournissez peut-être un meilleur canal pour ce faire, mais rien n’est fait encore, ni par vous ni par lui – ne gobez pas la rhétorique des marketeux 2.0 à deux balles, la bulle Internet a éclaté depuis quinze ans. Pourquoi prendre un compte supplémentaire, voire payer des fonctionnalités, quand tout le monde peut construire en trois clics un site WordPress dont il est maître sans rien demander à personne ? Donc : en quoi promettez-vous de réellement faciliter la vie et faire réellement gagner du temps ? 

Comment vous insérez-vous dans les écosystèmes existants ? Vous m’offrez encore un tableau de bord, encore un espace à gérer ? Trop de boulot. Ouais mais le vôtre il est plus mieux ? Rappelez-vous que les cassettes Betamax ont perdu la guerre commerciale face aux VHS. À moins d’avoir une vraie solution incroyablement performante (et voir la remarque précédente sur les milliards de dollars), vous êtes plus probablement en version bêta avec un truc mal fini (ce qui est normal). Grands dieux, ne forcez pas les gens, à l’heure actuelle, à vous insérer dans votre mode de pensée, soyez humbles, considérez que Facebook et Twitter vous dominent et intégrez-les dans votre solution sans broncher (et idéalement, intégrez deux ou trois fois plus de réseaux en réfléchissant à votre cible). Ma théorie personnelle sur le naufrage de Google+ est l’obstination du réseau à garder son API fermée sur les profils personnels, empêchant les utilisateurs un peu démerdards (notamment les influenceurs) d’employer leurs outils de veille préférés et à la communauté de développer des extensions tierces. À tout vouloir centraliser et à se la jouer fermé, Google s’est tiré un coup de shotgun dans le peton, parce que : pourquoi quitter Facebook, où j’ai Candy Crush ? Facebook se permet d’imposer Messenger, oui, mais c’est Facebook ! Donc : pensez au minimum à une API ouverte, facilitez au maximum l’intégration de votre produit aux écosystèmes préexistants.

Quand on construit une plate-forme sociale, un SaaS, je crois qu’une bonne perspective consiste à se considérer entre le fabricant d’outils et l’assistant de direction. Ce n’est absolument pas le même mode de pensée qu’un informaticien qui se concentre en général sur les fonctionnalités – mais un vrai entrepreneur, tels que les Américains les forment, se demande : en quoi ceci est utile ? En quoi cela améliore la vie des gens en leur faisant gagner du temps et de l’argent (pour qu’ils aient envie d’investir dans un abonnement) ? Et surtout – et c’est là le talent d’un bon assistant – en quoi puis-je devancer leurs désirs avant même qu’ils ne s’aperçoivent qu’ils ont envie de mon produit ?

C’est comme ça qu’Apple révolutionna le marché de l’assistant numérique en inventant l’iPhone. Le reste appartient à l’histoire.

2016-02-24T11:45:03+01:00jeudi 25 février 2016|Le monde du livre|3 Commentaires

L’auteur, cette personne censément modèle

desproges-parler-a-un-conOn sait que Desproges disait “On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde”; à l’heure des réseaux sociaux, où l’on s’adresse potentiellement à tout le monde, il vient qu’on ne peut plus rire de rien avec personne. Ni rien dire.

Heureusement que Bukowski n’avait pas Facebook ; je me demande combien de commentaires outrés il aurait reçus sur la tenue de la bonne morale.

L’article sur le piratage de lundi dernier – que j’ai trouvé pourtant modéré, je me suis connu plus vindicatif, tu t’en rappelleras, auguste lectorat – et celui sur l’abstentionnisme de l’année dernière ont généré tous les deux plus ou moins le même phénomène : massivement partagés (ça a donc parlé à du monde, c’est toujours rassurant) mais générant également un flux de nouveaux commentaires , positifs et constructifs pour beaucoup, même s’ils étaient en ferme désaccord avec le propos : merci et bravo pour l’intelligence.

Et puis aussi une charretée de bêtises, parfois longues, parfois clairement insultantes, que je t’ai épargnées : j’ai la grande facilité du bouton Supprimer.

Je m’interroge de plus en plus sur le rôle lisse qu’un auteur, ou artiste, est censé adopter. Qu’attend-on exactement ? La mésaventure de Maxime Chattam me vient en tête : en résumé, celui-ci n’a jamais trop aimé le cirque, mais il y va un soir, passe un excellent moment et poste sur Facebook à ce sujet. Que ne vient-il pas de faire : tonnerre de commentaires scandalisés sur la variation “puisque vous soutenez l’esclavage animal, monsieur Chattam, je ne lirai plus jamais vos livres”. Il a fallu qu’il se fende d’une explication disant en substance “ça va, merci, je sais qu’un tigre ça vit en liberté et d’ailleurs la guerre c’est mal, on peut aussi ne pas être d’accord sur tout, vous voulez bien arrêter de partir en vrille s’il vous plaît ?”

WTF ? Faut-il, pour lire et apprécier un livre d’un auteur, qu’il se conforme aussi pleinement aux idées du lecteur ? Histoire d’être sûr de ne jamais être “choqué”, “outré”, “scandalisé”, voire de ne pas “avoir envie de vomir”, tous ces termes si viscéraux, capitalisant tout l’afflux émotionnel d’une population – vous, moi, nous1 – qui réagit avant tout par l’immédiat, l’instinctif, d’un like, d’un pouce vert, et qui symbolise toute la révolte confortable de hurler à la face du monde : “ceci est mal, je le proclame, donc j’existe !” Quels fantasmes vient-on là projeter ?

Un auteur, c’est un être humain, et, comme tout être humain, il est différent de soi. Je suis d’accord – et le premier à dire – qu’un métier public implique une certaine vigilance dans l’emploi de la parole dont on dispose, afin d’en faire un usage, sinon constructif, au moins pas destructeur. Qu’on se doit à celui ou celle qui vient vous voir et vous parler, a fortiori pour les métiers de scène – on n’a pas à savoir que votre chien est mort la veille quand vous jouez le soir dans une pièce comique. Quelqu’un qui bénéficie d’un peu plus d’audience que le voisin doit faire proportionnellement plus attention à ce qu’il raconte (à tout le moins, ne pas propager d’erreurs tant que possible). Mais il est impossible d’espérer une parfaite adéquation entre le sentiment inspiré par une oeuvre et la personne qui l’a créée, pour la bonne raison qu’une part du plaisir inspiré par une oeuvre est une projection de soi ; espérer qu’une personne s’y conforme revient ainsi à espérer qu’elle corresponde à cette projection, ce qui est rigoureusement impossible.

La sécurité, dans ce cas, consisterait à surtout la fermer et ne jamais donner son avis sur rien. Existant seulement par son oeuvre, le créateur ne prend plus aucun risque : s’il ne dit rien, il ne froissera personne. Cela peut fonctionner. Pour ma part, je prends le risque, mais ça me fait réfléchir, à la longue, sur l’attitude de l’humanité. (En tant qu’auteur, tout me fait réfléchir sur l’attitude de l’humanité, c’est ça qui est cool. Quand je prends le métro avec la B.O. de Broadchurch dans les oreilles, j’ai l’impression d’être dans un drame existentialiste. Je me raconte ainsi que je réfléchis là aussi sur l’attitude de l’humanité alors qu’en fait, je vais chercher un burger à emporter. C’est mon excuse à tout faire. “Tu viens au match ?” “Ah ouais, super, ça me permettra de réfléchir à l’attitude de l’humanité.”)

Bien sûr qu’il existe des idées délétères, sinon je ne les interdirais pas dans la charte de commentaires, mais flûtasse, il n’y a pas, genre, un léger intervalle entre aller au cirque et le négationnisme, par exemple ? C’est quoi, la suite : se garder de poster des photos de steaks sur Instagram pour éviter la colère des végétariens ? Chattam le dit en conclusion de son intervention ça s’appelle de l’intégrisme. Je suis d’accord que l’action sur les réseaux sociaux peut contribuer à changer les mentalités, donc le monde ; sinon je ne déborderais pas sur des sujets chers à mon cœur en ces lieux. Mais est-il bien nécessaire de faire parler les tripes à tout bout de champ ? (Ce doit être bigrement fatigant.) Où sont les moyens termes ? Tout n’est-il qu’étendard ? Ne faut-il pas choisir ses combats ? Fromage ou dessert ?

Voilà qui me rappelle deux choses.

D’abord cette citation d’une grande intelligence d’Orson Scott Card, justement (je cite de mémoire) : “Tout le monde a une religion. Pour la découvrir, discutez avec quelqu’un jusqu’à trouver le sujet sur lequel il s’énerve : voilà sa religion.” Corollaire : je trouve toujours utile (quand j’y arrive) de me demander pourquoi je m’énerve – taperait-on sur ma religion ?

Ensuite, je me remémore constamment les paroles de ce mien professeur d’écologie halieutique : “les opinions publiques ne comprennent pas le compliqué”. Violent, mais ô combien réaliste, et pas que dans le domaine de l’écologie. L’espèce humaine veut des simplifications, du prêt à digérer, savoir ce qu’il faut penser pour ne pas avoir l’air stupide auprès de ses congénères – ce que les réseaux sociaux magnifient à l’extrême. Corollaire : face à une situation, je trouve toujours utile (quand j’y arrive) de me demander s’il n’y a pas une couche de compliqué supplémentaire qui me manque (laquelle arrive souvent ici même via les commentaires – que les intéressé-e-s soient de nouveau remercié-e-s, parce qu’en plus tout le monde en bénéficie).

Alors je sais, je suis utopiste, j’attends – j’espère – d’une population2 des réactions intelligentes. Je suis un ouf gueudin. Mais peut-être que là aussi, on peut contribuer à changer les mentalités en commençant par se changer soi-même. Avant de réagir et de s’emporter, peut-on prendre un instant pour, déjà, ne pas se sentir personnellement visé ?

Je dévie. Quand quelqu’un vous fait part de ses réflexions personnelles, on court le risque d’un désaccord. Pourquoi en serait-il autrement sur les réseaux, avec un musicien, un auteur ? Mais surtout, quand quelqu’un – auteur, musicien, ma grand-mère3 – publie quelque chose, pourquoi se sent-on la nécessité de lui expliquer combien il a tort ? Quand on publie quelque chose, nul n’est forcé de lire. Réagir, en revanche, est une démarche entièrement volontaire. Faut-il donc que chacun s’exprime mais que tout le monde soit d’accord ? En plus, l’auteur et l’oeuvre sont souvent bien différents : j’ai longtemps haï le blog d’Orson Scott Card (qui défendait des opinions néoconservatrices qui me révoltaient – aujourd’hui, je n’en sais rien, je n’y vais plus depuis pfouuh au moins tout ça) mais c’est un auteur majeur de la science-fiction et je recommande constamment ses romans sans hésiter une seule seconde.

Prenons un instant pour méditer à nouveau la Sainte Parole du Grand XKCD.

Après les réactions sur l’article sur le piratage et quand j’ai vu à nouveau le torrent de stupidité auquel je pouvais être confronté (tu ne l’as pas vu, auguste lectorat), pour la première fois en des années, je me suis demandé : putain, est-ce qu’endiguer ça, ça m’amuse ? Est-ce que j’ai envie d’être lisse, constructif, quand mon réflexe premier est de hausser le ton et de traiter une certaine frange de pauvres cons ? Et si j’ai cette réaction, est-ce qu’il ne serait pas temps d’arrêter, avant de partir en vrille à mon tour (et je serais absolument en tort) ? Mais surtout, comment font les blogueurs à dix fois plus de visites que moi ? Ils y arrivent, j’ai probablement donc une leçon à prendre ici. Nommément, gérer ça d’une façon qui ne m’évoque pas aussitôt la célèbre prière : “Dieu, donne-moi le pouvoir de gifler les gens à travers le protocole TCP/IP”.

Je n’ai pas envie d’insulter l’intelligence de qui que ce soit en lui faisant croire que je suis lisse et parfait, parce que je ne le suis pas et que je ne vous ferai pas croire le contraire ; surtout parce que je crois par défaut à l’intelligence de mon interlocuteur (et c’est pourquoi l’espèce humaine me déçoit quotidiennement). Holly Lisle a eu une démarche intéressante en publiant les caractéristiques de “son lecteur” ; elle ne cherche pas à plaire à tout le monde, et résumé à qui elle s’adresse. J’aurais plutôt tendance à dire à qui je ne m’adresse pas :

Si tu n’as pas d’humour, si tu n’as pas de recul sur les mots, si tu lis en diagonale puis es persuadé que tu as raison, si tu penses qu’une seule explication résout toujours tout, si tu préfères la certitude au doute, si tu n’aimes pas être gentiment chahuté, si tu ne comprends pas l’ironie et le second degré, il y a de fortes chances que ce blog te hérisse et que tes commentaires ne passent jamais le filtre de la modération, alors épargne-toi du mal. En revanche, si tu es prêt à disconvenir de façon constructive, mieux : que tu as les preuves que je raconte nawak et que tu me les apportes, fichtre ! Dans mes bras, je t’offre une bière (ou un diabolo grenadine), accepte de rester ici, s’il te plaît, tu m’honores (c’est ainsi que s’est formée ici cette belle communauté au fil des ans).

Je peux être rêche, rugueux, acerbe, parce que je déteste les harmonies molles ; parce que je pense que les progrès naissent dans les frontières et les questionnements ; et, donc, parce que je m’efforce de ne pas insulter ton intelligence. Je ne suis pas ta mère ni ton curé. Je ne cherche pas à te plaire (sinon je me tairais scrupuleusement). J’essaie de construire / lancer une discussion. Si tu crois que les deux sont équivalents, fuis. 

  1. Je mets “moi” parce qu’après, certains mal-comprenants vont encore imaginer que je me place au-dessus de la mêlée – tu vois à quoi j’en suis réduit ?
  2. Dont moi , oui oui, cher visiteur mal-comprenant.
  3. Cher mal-comprenant, elle n’est ni auteur ni musicienne, hein, tu as saisi, c’est pour l’exemple ?
2016-01-27T10:23:45+01:00jeudi 21 janvier 2016|Humeurs aqueuses|49 Commentaires

Annonce de service : de l’extension du domaine des liens directs

Auguste lectorat, tu as exprimé ta voix ! Devant la popularité des liens directs vers la revue de presse (autrefois, les chroniques étaient relayées via un article de blog, qui vous renvoyait ensuite vers la page en question, ajoutant un intermédiaire inutile et fastidieux ; aujourd’hui, je peux relayer directement la page sur mes réseaux sociaux tout en proposant un article de blog), je me suis rendu compte qu’il fallait évidemment généraliser le procédé à tous les contenus relayés par le blog si l’article, en soi, n’ajoute rien.

Roulement de trompettes, sonnerie de tambour : c’est donc maintenant le cas également pour les entretiens / captations d’interventions et les photos – de manière générale, tout contenu hébergé ailleurs qu’ici. Plus de clics fastidieux qui vous emmènent d’un réseau social au blog, puis du blog à la page demandée (ce qui, je m’en rends bien compte, gave tout le monde, et que donc personne ne fait). Je suis donc totalement 2015 norme ISO 92000truc. Ces articles restent relayés dans la newsletter et le flux RSS, en revanche.

Merci de votre attention, alors pour terminer cet article pas forcément passionnant et que vous ne soyez pas venu-e pour rien, voici potentiellement la meilleure vidéo de chat du monde.

https://twitter.com/MarieMJS/status/563127389736423426

2015-02-09T18:26:02+01:00lundi 9 février 2015|Journal|2 Commentaires

Intégrer les commentaires de votre blog avec Facebook

facebook-photo-cat-funny-lolcat-Favim.com-579456Ce n’est pas très littéraire comme sujet, mais vu qu’on me pose la question environ une fois par mois, je pensais proposer une réponse détaillée sur le sujet, afin de servir de future référence une fois pour toutes.

La question est : “dude, j’ai vu que les commentaires postés sur ton blog sont exportés vers le fil correspondant de Facebook, et qu’en retour, les réponses sont importées sur ton blog, permettant d’éviter le fractionnement des discussions, comment fais-tu cela, fichtre diantre ? Es-tu donc sorcier de l’Internet multimédia ?”

Alors, déjà, oui, je manie le #SEO comme la grande magie du docteur Bafode qui fait revenir l’amour et bénir la chance aux examens. Mais en l’occurrence, ma sorcellerie secrète du Gotha Maada n’y est pour rien, jeune pousse.

La réponse tient simplement dans une extension de WordPress (la plate-forme alimentant cet endroit et la meilleure à mon humble avis pour héberger un site complexe sans douleur), qui se charge du boulot : Add Link to Facebook. Il y en avait un autre, Wordbooker, mais l’équipe a cessé le développement après d’importants changements d’interface de Facebook, ce qui montre la nécessité de faire des dons aux développeurs que l’on estime ! Aussi, si vous aimez Add Link to Facebook, n’oubliez pas de soutenir son développeur.

AL2FB, de son petit nom, ne fonctionne que sur WordPress, et sur les blogs auto-hébergés (pas pour les blogs en wordpress.com, donc). L’installation se fait comme pour n’importe quelle extension, mais il y a ensuite quelques étapes de configuration à effectuer, pas forcément très simples, donc suivez bien les instructions. Ensuite, l’extension doit être validée, et votre écran doit ressembler à ça :

al2fb1

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L’extension offre quantité d’options de configuration, des plus cosmétiques aux réglages fins :

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C’est le couteau suisse de Facebook. Elle permet notamment :

  • D’intégrer le bouton standard “J’aime” sur les pages et articles (mais je préfère le pack “Publicize” de Jetpack, que je trouve plus abouti) ;
  • De proposer aux utilisateurs de Facebook de poster sur votre site avec leur compte sur le réseau social ;
  • De poster automatiquement vos nouveaux articles sur Facebook ;
  • Et enfin, ce qui nous intéresse spécialement ici, d’exporter et d’importer les commentaires de l’article.
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Ce qui est très important à retenir ici :

  • L’extension retrouve ses petits en mémorisant le lien vers votre article qu’elle a posté sur Facebook. C’est ainsi qu’elle sait où exporter les commentaires reçus, et qu’importer. En conséquence, elle ne sait faire la navette qu’avec les liens qu’elle poste elle-même. Impossible de rapatrier des commentaires déjà existants, et impossible de réaliser cette navette sur plusieurs liens pointant vers le même article.
  • Pour cette raison, il peut être judicieux d’adjoindre WP Missed Schedule Fix, qui s’assure de republier vos articles à la date prévue si la planification a échoué et que vous sirotez vos droits d’auteur aux Maldives travaillez avec acharnement sur votre Grand Oeuvre.
  • Les commentaires exportés de WordPress vers Facebook apparaissent comme étant postés par vous-même (avec la mention “Machin wrote… »). Impossible de faire autrement, l’extension a besoin d’écrire sur votre mur, et vous êtes le seul qu’elle connaisse à en avoir le droit.
  • En revanche, les importations sont faites au nom du commentateur, avec un lien vers son profil Facebook, ce qui permet de lui donner un peu de pub, c’est toujours sympa.

Il convient de noter qu’importer un commentaire Facebook sur votre blog revient à une possible violation de vie privée, puisque l’on sort un commentaire réalisé dans un cercle potentiellement privé pour le rendre public. Pour cette raison, prenez bien garde d’avertir votre auguste lectorat à vous et n’utilisez idéalement AL2FB que sur des articles à large diffusion déjà dans Facebook (c’est le cas de mon mur, qui est dans une large partie public, et où tous les liens postés le sont ; ainsi, pas de cas de conscience).

Bien sûr, AL2FB fonctionne avec les profils personnels (comme le mien) et les pages (comme celle de mon identité musicale Wildphinn). La page de l’extension est donc ici : Add Link to Facebook et j’insiste, si vous aimez l’outil, donnez pour maintenir son développement !

2018-07-17T14:15:18+02:00mardi 21 octobre 2014|Geekeries|5 Commentaires

Important rappel à moi-même

Auguste lectorat, fuis ! Ceci est un article de blog

Il y a un petit nouveau cette semaine, sur le mur derrière l’ordinateur de travail :

(Noter l’ajout de ma main – enfin, de mon étiqueteuse – en-dessous.)

ReLIRE et la confiscation que le registre implique nous a – à commencer par moi – choqués en grand nombre , mais plus choquantes encore sont les exultations de certains, outrés par le fait que l’on puisse éventuellement exiger une rémunération de son travail – ou, pire, que celui-ci soit respecté. Il est profondément écœurant, je le dis, de lire que le travail d’un créateur pourrait ne plus lui appartenir dès publication (j’ai répondu à cela lundi) et qu’il serait censé, au nom du bien commun, abdiquer toute prétention dessus. Il est également profondément agaçant, et provocateur d’aigreurs, de recevoir des leçons sur le droit, la culture, de gens qui ne sont même pas capables de connaître le sens des mots qu’ils emploient ou de présenter une argumentation logique cohérente, laquelle s’effondre dès qu’on souffle dessus.

Je confesse être sorti de ma bonhomie naturelle cette semaine sur les réseaux, un peu partout, parce que fatigue, parce que merde, parce que je ne viens pas donner à des menuisiers des leçons de menuiserisation, à des codeurs des leçons de codeurisation, alors j’apprécierais qu’on ne vienne pas m’en donner d’écrivaillage ni qu’on présume de me réformer la tronche, en prétendant que c’est pour mon bien, en plus, quand on n’est pas – toujours pas – capable de produire des modèles économiques viables et que la logique fondamentale ne semble pas encore acquise. 

Est-ce à dire qu’il faut se mettre la tête dans le sable – là là, non les usages n’ont pas changé, oui il faut réprimer et verrouiller ? Certainement pas (une recherche basique sur le site vous montrera combien je m’y oppose, ne serait-ce qu’en raison de l’inutilité des mesures). Mais il y a une différence entre questionner, expérimenter, et répliquer “t’façon c’est comme ça, deal with it, pis ranafout’ ». Internet est merveilleux : il met les humains en contact. Internet est atroce : il met les humains en contact. C’est bien facile, derrière l’écran, de faire fuser la petite remarque qui va bien, qui donne l’impression qu’on a de la hauteur, de se sentir intelligent et tellement fort, quand on n’est pas partie prenante dans le sujet, et que le mec en face se trouve de toute façon à des centaines de kilomètres et qu’il est incapable de vous coller une baffe à fins thérapeutiques. (On peut même lancer des partis politiques fantoches, dites.) En ce qui me concerne, je suis en ligne comme en vrai : ce que je dis en ligne, je le dirais aussi en face à face. Mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Malheureusement, cette célèbre prière n’est pas encore exaucée (mais que fait Google, bordel ?) :

lord_grant_ability_punch_people_face_over_tcp_ip

Il faut donc faire avec. Même si, quand on manie les mots, qu’on (s’)est formé à en faire son métier, ils peuvent produire le même effet ; et le problème, avec les mots, c’est qu’ils sont des Kalachnikov : une fois qu’on a appris à tirer avec, on a envie de tirer sur quelque chose. Et quand on vous en donne l’occasion, hé ben…

La véhémence dont il m’arrive de faire preuve n’est que le reflet de la violence de l’état de fait que nous subissons vis-à-vis de nos droits. Toutefois, j’ai sorti un jour à un ami exaspéré par la bêtise de collaborateurs : “Tu ne peux pas expliquer à quelqu’un que c’est un gros con dans l’espoir qu’il soit d’accord avec toi.” Ainsi en va-t-il aussi du Net, et je ferais bien de méditer ma propre phrase. Coller des baffes soulage, et j’ai toujours dit que j’étais un bouledogue, parce qu’il en faut, parce que l’angélisme m’insupporte, parce que je ne m’abuse nullement sur les tristes travers de la nature humaine (sinon, je serais anarchiste), mais, hélas, on ne dit plus “merci monsieur” à une claque depuis 2000 ans – tout se perd, bon sang, l’UMP a raison !

Bref. Article inhabituellement personnel (ça n’arrivera pas souvent) pour, d’une part, clore le sujet pour la semaine, d’autre part, me lier publiquement, par ton regard, auguste lectorat, à un meilleur usage de mon temps et de mon énergie que l’absurdité si justement pointée par XKCD sur mon nouveau compagnon mural. Je ne me retire pas des réseaux, des débats, mais je reprends de la hauteur. Je me conforme à nouveau à mon propre principe : je fais mon truc, et j’avance. Je ne fais pas ce métier pour être “constaté” par une époque, mais pour progresser, moi-même, et défricher ce que j’ignore encore.

Et, car je veux vraiment rendre hommage, je lance de gros high five à vous, auteurs bien sûr mais surtout lecteurs, bibliothécaires, blogueurs, (re)croisés sur les réseaux, qui comprenez tout ça, qui le vivez aussi, qui avez cette hauteur toute zarathoustrienne, et qui ressentez vous aussi ces agressions comme si c’était votre propre cœur que l’on désirait mettre à la disposition de tous – et c’est le cas, car c’est votre plaisir, votre lecture et donc votre intimité qu’on galvaude. Merci de vos partages, de vos réponses, de vos répliques, de votre compréhension et d’avoir joint vos voix aux nôtres, bien fatiguées et furieuses.

Je le dis très clairement : tant qu’il y aura des gens comme vous, je serai en mesure de considérer que ce que nous faisons n’est pas totalement vain, et même que l’humanité, dans son intégralité, ne l’est pas non plus. 

Difficile de dire à quel point, franchement, vous me donnez foi en l’avenir du monde. Pas le mien ; peu importe le mien ; je fais des trucs et on voit ce qui se passe ; ma place, on s’en fout, et puis nous ne sommes tous que des battements de cils à l’échelle des millénaires ; je parle de celui de la culture dans son ensemble, en tant qu’entité baignant l’humanité, meilleure arme dont l’on dispose pour résister à la bêtise, à l’obscurantisme, continuer à rêver et donc à progresser ; celle qui fera, on l’espère, que nous serons collectivement moins idiots dans cinq siècles qu’aujourd’hui.

La semaine prochaine, on parlera d’écriture, d’Évanégyre, et il fera beau.

Bon week-end !

2014-03-07T11:28:35+01:00vendredi 7 mars 2014|Journal|27 Commentaires

Du profil à la page Google+

feels_to_post_on_g+Attention, annonce de service.

Version courte : pour rester en contact sur Google+, veuillez ne plus utiliser mon profil personnel mais ma nouvelle page, dont l’adresse est 

https://plus.google.com/u/0/b/117766829303271560413/

(Je sais, c’est une adresse à la con, mais G+ est ainsi.)

Version longue. J’ai déjà dit le mal que je pensais de ce réseau, mais, suite aux pratiques de Facebook, je suis revenu y établir un semblant de présence pour rester en contact avec tous. (Je rappelle que, pour ce faire, s’abonner directement au site est la manière la plus efficace de ne louper aucune info ou bêtise.)

Je n’apprécie pas l’idée d’une “page” auteur, sur Facebook ou ailleurs, parce que cela tient du mini-site, et qu’un site, j’en ai un (il est là, tout autour de vous, regardez, oooh). Je ne suis pas très à l’aise non plus avec l’idée de me présenter comme une entreprise au même titre que Nestlé ou Dunlop ; je sais qu’il est inévitable (et peut-être même, d’un point de vue économique, souhaitable) qu’un auteur dérive en une sorte de “marque” (de fabrique) et, par ailleurs, je reste volontairement discret sur ma vie personnelle en ligne, ce qui contribue à renforcer la création de cette espèce d’entité qui m’échappe appelée Lionel Davoust et dont le nom apparaît sur les couvs des livres, mais : je ne suis pas une marque, je suis un mec qui écrit des bouquins. Qui met dedans, parfois, des coups de gueule, des interrogations, auxquelles les personnages trouvent des réponses qui le surprennent lui-même. Qui tient à ce que ses lecteurs, avant tout, trouvent les leurs. Dans l’expression “mec qui écrit des bouquins” le mot important est “mec ». À l’échelle de l’univers, je ne suis pas plus important que mon voisin (même si, à ma propre échelle égocentrée, si l’un de nous deux doit prendre un piano sur la tête, je suis navré mais j’aime autant que ce ne soit pas moi, mais ça s’appelle de l’instinct de conservation), et j’ai donc un problème avec le fait qu’il existe une Page, à Mon Nom, érigée comme une espèce de statue virtuelle à ma gloire. Ça m’agace. Le profil personnel sur les réseaux sociaux, ça va très bien. Y a un mec qui écrit des bouquins, il est là, wala. (C’est aussi pour cela que je n’ai pas de page Facebook – j’en aurai une le jour à j’atteindrai la limite d’amis autorisés par un profil personnel, ce qui n’est pas demain.)

Ce site est autre chose : déjà, y a des lolcats dessus, ce qui me met perpétuellement à l’abri du bon goût, ensuite, c’est un outil pour aider à faire connaissance avec les livres. Je le vois davantage comme une main tendue que comme une statue, de la même façon qu’employer des phrases claires et accessibles dans un récit représente une main tendue alors qu’abuser d’une prose absconse et destructurée relève de la statue érigée à sa propre gloire.

Après, c’est mon truc. Camarades qui avez une page pour vous, c’est très bien, je n’ai pas de problème avec ça, comme on dit au Québec. Chacun le voit comme il fait son chemin qui ménage sa monture de lunettes.

Alors, pourquoi établir une page G+ ? Parce que G+ me gonfle, G+ ne peut rien faire comme tout le monde, G+ ne permet pas de poster automatiquement depuis les outils standard comme Buffer ou TweetDeck. Les réseaux sociaux m’amusent et j’y passe du temps avec (trop de) plaisir, mais je n’ai pas le temps ni l’envie de faire des manipulations fastidieuses pour m’en servir et rester en contact avec tous ces flux. Je veux m’en servir, pas sauter dans des cerceaux. Or, Google a récemment ouvert la possibilité de piloter à distance (comme Facebook et Twitter, ce qui est indispensable pour utiliser efficacement ces canaux et ne pas se laisser submerger) une page, mais pas un profil personnel.

Donc, soit j’ai une présence moribonde (et donc inutile) sur G+ avec un profil perso, soit j’essaie de m’en servir un peu plus (c’est le but, sinon pourquoi y être ?) avec une page. Le choix est fait.

N’essayez donc pas de me contacter avec mon profil perso, j’ai toutes les chances de rater l’info. Je ne crois pas pouvoir supprimer ce profil sans la page qui va avec (encore un truc trop bien pensé), mais il sera rendu invisible sous peu. Dorénavant, sous G+, je suis cette page-là et rien d’autre. Merci ! 

2013-08-08T12:19:14+02:00vendredi 9 août 2013|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Du profil à la page Google+

Le racket de Facebook (suite) : j’ai payé pour un article et multiplié mon trafic par… 100

 

Moi aussi, je peux être démago et utiliser des bébés pour faire passer mon message.

Lundi, je parlais du racket de Facebook, comment le premier réseau social mondial prenait en otage ses utilisateurs en les forçant à payer pour récupérer le trafic auquel ils avaient légitimement droit – qu’il s’agisse des utilisateurs individuels, simplement désireux de communiquer avec leur famille, mais aussi des blogs, écrivains, groupes informant leur communauté de leur actualité et  créant aussi des discussions sans rapport, ou même des entreprises travaillant leur image. En résumé : les administrateurs de pages, mais aussi les utilisateurs simples (comme votre humble serviteur) voyaient décroître depuis un moment les interactions de leurs amis (et/ou fans) avec leur contenu. Le chiffre de 15% a été annoncé. Pour donner aux posts davantage de vie, Facebook a sorti comme par magie la “parade” : pour toucher les 85% restants, payer. C’est là que le bât blesse : c’est un public qui doit légitimement entendre ce que l’on a à dire, puisqu’il s’agit d’amis, ou de “fans” qui ont “liké” une page, ce qui est une expression d’intérêt, et donc un assentiment à recevoir de la communication de l’entité correspondante. De nombreux animateurs, webmestres et entrepreneurs, découvrant l’article, ont confirmé par leur expérience en commentaires.

Lundi, pour faire passer le message, j’ai payé les 5.80$ demandés par FB pour promouvoir l’article dénonçant cette manigance. Cinq jours plus tard, je vous propose de partager les résultats. C’est éloquent. J’ai multiplié mon trafic habituel par 100 (oui, CENT), mais je vous donne les chiffres en détail. Il convient aussi, parce que l’article, de fait, est devenu presque viral (à ma totale surprise) de répondre aux critiques idiotes comme de relayer les remarques fondées qui ont circulé un peu partout en réaction.

Petite présentation pour ceux (et ils sont nombreux vu les stats, salut, bonjour, hola que tal) qui débarquent et se demandant qui est le type qui leur parle : salut, moi, c’est Lionel Davoust. Mon métier, à la base, c’est ingénieur halieute reconverti en écrivain. Je ne suis pas un communicant, un expert SEO, mais un auteur de fiction (fantasy et thriller, ma série Léviathan, qui mélange aventure et occultisme documenté, a eu les honneurs de la télévision, de la radio et de la presse nationale comme Le Point, ou Le Nouvel Obs et de blogs un peu partout sur la toile) doublé d’un geek. J’aime le Net, et j’aime le fait de pouvoir créer une communauté autour de mon boulot et de nos goûts communs : c’est pour ça que je tiens un blog, un site, que je suis sur les réseaux sociaux. Je parle de SF & fantasy, d’édition, de technique d’écriture et de voyages. Si ces articles et ce blog vous ont intéressé, peut-être voudrez-vous en découvrir plus sur mon “vrai” travail par les liens de ce site, chez votre libraire préféré ou en ligne. Fin de l’encart pub.

Non, cela ne concerne pas que les pages, mais tous les utilisateurs

“Ouaiiiis, je peux pas y croire, ça ne concerne que les fan pages de toute façon.” Ben non, les gens. Je suis un utilisateur lambda comme vous, parce que je n’aime pas l’idée d’une fan page, et que je me refuse donc à en créer tant que je n’aurai pas atteint les 5000 amis maximum permis par Facebook sur un profil personnel. Donc, si, cela concerne les fan pages, mais aussi les profils personnels. Vous, oncle Hugues, tata Simone.

La promotion n’est pas l’Edgerank

Je l’avais déjà cité à demi-mot dans l’article d’origine en note de bas de page, mais revenons-y : la promotion (payer) n’est pas l’Edgerank. L’Edgerank c’est l’algorithme de FB qui vous montre, dans le flux d’actu, les nouvelles qui sont censées être les plus pertinentes pour vous ; en particulier, cela représente les posts qui génèrent le plus d’interaction. Cela semblait une façon raisonnable de trier le contenu, et beaucoup de community managers ont investi là-dessus pour créer des interactions saines et constructives avec leur communauté (valeur ajoutée pour tout le monde, yeah !). La promotion n’a rien à voir, et passe allégrement au-dessus de l’Edgerank pour vous proposer, eh bien, de la “pub” payée.

Tu as vraiment multiplié ton trafic par 100 ?

Oui. Je suis très transparent sur mes stats de visite, parce que ce blog s’appelle (ça doit encore être écrit quelque part) Expériences en temps réel et que je me suis toujours promis, si je me lançais dans l’entreprise égocentrique de l’autofiction, d’en faire une zone de risque et de non-prise au sérieux. Donc, je ne me la joue pas personal-branding-ouais-j’ai-500000-visites-uniques. On ne confond pas les hits et les visites uniques, mec. Bref.

Quand vous promouvez un article sur FB (5.80$, on le rappelle, pour un utlisateur lambda avec – dans mon cas – environ 1100 amis), celui-ci vous fournit obligeamment le graphique suivant (capture d’écran prise mercredi soir, la proportion ne bouge plus énormément) :

« Paid views. » Vous mordez l’esprit ? “Paid views.” Alors qu’en principe, les abonnés à mes mises à jour, mes amis, sont plutôt intéressés parce que j’ai à raconter. Pourquoi dois-je payer pour les atteindre ? On remarque que je n’ai pas le ratio annoncé par l’étude de Dangerous Minds qui m’a servi de source, mais que j’ai presque une proportion de 2/3 contre 1/3, ce qui reste énorme.

Maintenant, accrochez-vous au siège. Voici les stats de lecture relevées ici par WordPress (toutes les images s’agrandiront si vous cliquez dessus).

Pas de stats sur les jours précédents ? Je n’ai rien fait le reste du temps ? Non. C’est juste que mes stats habituelles sont tellement faibles en comparaison que cet article promu éclipse le reste. Je ne me plains évidemment pas que la nouvelle ait circulé à ce point (même si j’en suis presque effrayé) ni que l’article soit devenu, pour ainsi dire, viral (il est arrivé jusqu’à Doctissimo et c’est ma fierté) ; par contre, payer pour, je ne suis pas d’accord. Alors, je pourrais attribuer le succès de cet article à son sujet brûlant, à sa qualité de rédaction, à mon charisme naturel, bien sûr, ce dont personne ne doute ici, c’est l’évidence, n’est-ce pas, mais je suis un peu plus cynique (ça me perdra). Sur trois jours, l’article a généré 3998 + 15961 + 7139 lectures, soit un peu plus de 27 000. En 2011, mon article le plus populaire (hors circonstance particulière) a généré 500 lectures sur un an ; en moyenne, je reçois dans les 300 lectures à l’année sur un article (300 x 100 = 30 000). Et là, nous parlons de trois jours. Par curiosité, j’ai regardé les stats de visite dans la demi-heure suivant la publication de l’article – cela ne pouvait pas déjà être encore viral – et j’étais à 600 lectures. Contre une vingtaine habituellement.

D’où vient ce trafic ?

Je repose la question : prise d’otage, quelqu’un ?

La parade ?

Merci à Ayerdhal, qui a fort intelligemment et le premier souligné une parade intégrée dans FB, mais très peu documentée : les listes d’intérêt. Pour parer à ce filtrage automatique de votre flux d’actu, vous pouvez créer des listes d’intérêt pour classer vos amis et pages suivies en groupes où, normalement, vous recevrez toutes les mises à jour. Pour ce faire, cliquez sur la roue crantée en haut à droite du profil suivi et cliquez “Ajouter à une liste d’intérêt” (on vous proposera d’en créer une si vous n’en avez pas). Vous avez intérêt à faire ça au plus vite avant que Nike, MacDo et Coca n’inondent votre flux d’actu d’images toutes lol à faire tourner pour lutter contre l’infarctus de l’auriculaire. Néanmoins, cela reste une manoeuvre bien compliquée pour ce qui était à l’origine simple et naturel ; et qu’est-ce qui empêchera FB, si l’envie lui prend de changer la donne à nouveau, d’appliquer le même système qu’au flux d’actu sur les listes ? Choisissant à votre place ce que vous verrez ?

N’oubliez pas que la solution la plus élégante, gratuite et libre pour suivre une actualité reste le flux RSS : on ne vous cache rien, vous choisissez l’information que vous voulez suivre, et sauter d’un article qui ne vous intéresse pas au suivant qui vous intéresse plus est immédiat. Sans compter que les flux ne mentionnent rien de Farmville.

Merci à Pierre, qui propose les liens suivants pour commencer à découvrir le RSS :

FIREFOX : http://www.francoismagnan.info/node/15

CHROME (pas testé) : https://chrome.google.com/extensions/detail/nlbjncdgjeocebhnmkbbbdekmmmcbfjd?itemlang=fr

AUTRES Le RSS est standardisé et de nombreuses solutions existent pour le lire. La plus populaire est probablement google reader, mais de nombreux autres logiciels existent pour s’en servir (une recherche d’agregateur RSS dans google vous aidera à trouver votre bonheur). https://www.google.com/reader/view/

Pour mémoire, le flux RSS de ce site habite ici, et il y a toujours la newsletter.

N’hésitez pas à continuer à partager votre expérience, vos parades en commentaires. Une seule directive ; je ne veux plus de pub à peine dissimulée pour TheChangeBook. Vous pouvez en parler, mais soyez constructifs et argumentés. Je supprimerai également sans préavis toute réaction qui emploiera l’expression “alternatif et engagé », parce que j’ai toujours regardé les dreadlocks comme un danger pour la santé publique.

Note de bas de page visant à la transparence : pour voir si le phénomène peut être réédité, je vais payer à nouveau pour cet article sur FB. Oui, c’est nourrir la main qui vous mord et le serpent qui se mange la queue, mais le scientifique en moi ne résiste pas à une expérience.

2012-11-02T12:06:40+01:00vendredi 2 novembre 2012|Le monde du livre|26 Commentaires

Le racket de Facebook : pourquoi vous ne verrez plus le contenu qui vous intéresse

Facebook, connu pour ses méthodes cavalières, son attitude monopolistique, son usage moins que reluisant des données personnelles, vient de franchir un nouveau cap d’indécence. Lisez bien ce qui suit, car cela vous concerne, que vous soyez un utilisateur simple ou un communicant, dans votre droit à parler et à être entendu sur le premier réseau social mondial. Facebook abuse de sa position dominante en prenant ses utilisateurs en otage d’une façon proprement intolérable.

Autrefois (il y a un an), quand vous postiez une nouvelle sur votre mur ou votre page (« Je me suis marié ! » ou bien « J’ai publié un nouveau livre ! »), tous vos amis, tous ceux qui s’étaient abonné à votre page, la voyaient1. C’est normal : à la base, si vous êtes ami avec quelqu’un, ou si vous “aimez” sa page, c’est que vous être intéressé(e) par ce que la personne ou le groupe en face veut vous dire. Vous voulez l’entendre, ou du moins le savoir. Mettons, pour faire simple, que c’est une forme d’abonnement.

Sauf que non.

L’équation – calculée par Dangerous Minds dans cet article, sur lequel se fonde le présent billet et dont je ne fais que reprendre les conclusions – est d’une terrible et scandaleuse simplicité. Curieusement, depuis plusieurs mois, la portée des contenus baisse artificiellement – ceux-ci ne sont vus que par 15% des personnes qui vous suivent et amis. Comme par hasard, Facebook propose une solution : pour toucher les 85% restants… Payez.

Soit, payez pour parler à vos amis, vos clients, vos lecteurs, votre famille – ce que vous êtes censé faire naturellement sur un outil comme Facebook. Si vous publiez une nouvelle, un article sur votre mur ou votre page : vous pouvez payer Facebook pour “promouvoir” ce contenu et s’assurer qu’il soit davantage visible auprès de vos abonnés. Sinon… il a toutes les chances de tomber aux oubliettes. Tant pis pour vous.

En tant qu’utilisateur simple du réseau, cela signifie que vous ne verrez plus forcément le contenu qui vous intéresse, pour lequel vous avez accepté de recevoir des mises à jour : groupes de musique, écrivains, blogs… Mais aussi vos amis : votre soeur a perdu son chat, votre frère a eu un bébé, votre neveu a eu son bac, votre maman a organisé une sortie au musée – vous aurez de grandes chances de l’ignorer, à moins d’aller manuellement sur la page, de faire partie des 15%, ou que les personnes en question aient payé pour promouvoir leur statut…

Plus que ridicule : scandaleux, une véritable prise d’otage, un racket parfaitement mafieux. Se rendre indispensable en montrant (plus ou moins) patte blanche, puis, une fois la position dominante atteinte, dire “maintenant, pour continuer à utiliser dans des conditions normales un outil qui fait partie de votre vie, il va falloir passer à la caisse ».

“Facebook, est gratuit et le sera toujours” ? Ben tiens. Pour un petit blog, un groupe de musique indépendant, un auteur comme moi, en plus d’être scandalisé par la pratique, cela ne vaut pas le coup. Payer 5$ par article de blog que je voudrais promouvoir ? Je vais un salon, je devrais débourser 5$ pour que cette nouvelle puisse vous atteindre ? Quel type de communication est-ce là ? Je n’ai pas 15$ par mois à mettre dans la poche de Zuckerberg. C’est déjà – quand ça marche convenablement – ce que je touche en droits d’auteur pour un salon littéraire entier !

Et je ne vous parle pas des pages – jetez un oeil aux tarifs :

Imaginez le coût que cela représente si vous gérez un blog pro publiant 5 articles par jour…

Je vous encourage vivement à faire circuler l’information. Facebook est déjà une entreprise parfaitement prospère, cette opération n’est qu’un mouvement purement avide et scandaleux qui achève de me la rendre détestable. Je m’y trouvais pour les amis et aussi pour créer ce qu’on fait ici : une communauté sympa où la discussion est intéressante et fournie. Si je ne peux plus communiquer avec vous – je ne parle pas des nouvelles éditoriales ou de mon actu littéraire, simplement de vous parler, bon sang, c’est ma raison première d’avoir un blog – qu’est-ce que je fais là-bas ?

Heureusement, il y a d’autres solutions que Facebook pour se tenir au courant.

Comment faire pour rester informé ?

Il existe d’autres réseaux sociaux qui n’ont pas – pour l’instant – introduit ce genre de fonctionnement haïssable. Twitter est le premier, mais il est par nature volatile. Google+, en est un autre, et il est calqué sur Facebook – si vous avez un compte GMail, l’inscription est transparente ; enfin, pour les tenants du libre, le projet Diaspora se veut être un réseau open source (J’avais annoncé mon départ des deux derniers pour des raisons que je pense toujours, mais face au geste de Facebook, j’y reviens.).

Toutefois, il existe d’autres façons de faire, plus anciennes et surtout plus libres, et ce site vous les a toujours proposées.

La plus simple est le flux RSS. Un flux RSS est un canal d’information fourni par un site qui contient les nouveautés publiées sur celui-ci – exactement comme le flux d’informations d’une page Facebook. C’est une solution gratuite, standard, que personne ne prendra jamais en otage. Pour en profiter, il suffit d’employer un logiciel – souvent intégré au navigateur, donc très simple – qui permette de lire ces flux et vous en tenir informé. C’est aussi simple que d’utiliser Facebook, et vous pouvez classer vos abonnements comme bon vous semble. Les deux solutions les plus populaires sont Google Reader et Netvibes. Il suffit d’ouvrir un compte, puis de vous abonner chaque fois qu’un site vous intéresse et qu’il propose un flux (icône ci-contre). Le flux principal de ce site est à l’adresse suivante :

http://feeds.feedburner.com/lioneldavoust

Enfin, il y a la lettre d’informations. Encore plus simple : après abonnement, les nouvelles vous arrivent directement par mail. On rechigne parfois à s’y inscrire, ce qui est compréhensible, car cela ajoute encore au volume de courrier électronique que l’on reçoit. En ce qui me concerne, ma liste a un trafic très réduit, et propose deux “niveaux” d’abonnement. Le niveau “basique” n’envoie que les nouvelles les plus importantes (les actus éditoriales), ce qui représente très peu de messages. De manière optionnelle, il est possible de s’abonner également au blog – de recevoir une notification à chaque nouvel article. Si vous souhaitez vous abonner, c’est ici.

Ce que cela signifie pour moi (et donc, pour vous et moi)

Pourquoi, finalement, suis-je sur les réseaux sociaux ?

Je l’ai dit plus haut, j’y suis pour la même raison que je tiens un blog : parce que j’aime tenir un bar. J’ai lu il y a longtemps sur la liste de discussion SFFranco – je ne sais plus par qui – que l’écrivain pouvait s’apparenter à un chamane moderne : il part en des lieux étranges, en lui-même, et il en rapporte des histoires pour partager avecsla tribu. Cela ne recouvre pas tous les méandres de la complexité affective du métier, mais j’aime assez. Je blogue, je suis sur les réseaux sociaux, je partage récits de voyage, aventures, photos, technique d’écriture, articles sur le métier, un peu pour la même raison : pour tenir un lieu de discussion sympa (bien sûr, je parle aussi de mon actu, mais il faut bien faire tourner la boutique), pour nous fédérer, vous et moi.

Si je ne peux plus faire ça correctement – ou alors, en mettant la main au portefeuille – pourquoi rester ?

Merci, Facebook, de ce petit réveil-matin, de ce rappel qu’à s’en remettre à une entreprise tierce, on ne demande qu’à être menotté. Au lieu de diluer mon énergie sur des réseaux qui ne m’appartiennent pas, je vais me replier sur ce qui m’appartient : ce site, ce blog, où je suis propriétaire de l’intégralité du contenu, où je suis le patron incontesté. Je ne déserte pas FB, G+; Twitter pour autant, où les articles et certains liens idiots continueront à être répercutés, mais j’y glanderai beaucoup moins – à quoi bon ? -, et vais m’employer à re-déporter la conversation et l’activité ici. En prévision, je vais déménager le serveur sur une plus grosse machine dès que j’aurai une fenêtre de tir, afin de supporter la potentielle montée en charge.

Je vais, contraint et forcé, “promouvoir” cet article sur Facebook – ce sera la première et dernière fois que Zuckerberg recevera mes 5$. Je vous invite très vivement, dès maintenant, à :

Pour ne pas perdre le contact si les articles sérieux ou moins sérieux, si l’actu littéraire, ou tout à la fois, vous intéressent ici. Car si vous ne comptez que sur les réseaux sociaux, nous risquons de nous perdre.

Faites tourner l’information, s’il vous plaît. Facebook joue beaucoup sur la désinformation et le manque de maîtrise de ses utilisateurs, et ce scandale doit être exposé.

  1. Pondéré par des algorithmes de popularité, mais n’entrons pas là-dedans.
2012-11-02T22:59:52+01:00lundi 29 octobre 2012|À ne pas manquer|97 Commentaires

Confort numérique en ces lieux

Trois améliorations à signaler pour le site :

  • Pour plus de confort, le flux RSS complet des articles du blog contient à présent le texte entier, ce qui facilitera la lecture pour les abonnés via lecteurs indépendants type Google Reader ou Netvibes (exemple ci-contre) – joie, bonheur ;
  • Merci encore pour votre retour sur le système d’intégration des commentaires entre Facebook et le blog. La majorité des visiteurs trouvant que l’idée est bonne, voire excellente, je le conserve, mais vu que nous trouvons plus ou moins tous que l’implémentation est perfectible, il a changé. À présent fondé sur l’excellent plugin Add Link to Facebook, il signale plus clairement qui vient d’où. À terme, j’espère pouvoir proposer de commenter directement avec votre compte Facebook (facultativement, bien entendu).
  • Et un énorme hug spécial à Traqueur Stellaire, qui tient l’excellent blog du même nom, pour m’avoir envoyé un mail cette nuit me signalant une intrusion dans l’infrastructure du site, et dont l’alerte m’a permis de réagir vite avant que des dégâts ne soient commis. Le site est dorénavant inscrit chez Sucuri et surveillé en temps réel pour traquer les tentatives de hacks : none shall pass.

Vois comme je ne recule devant aucune case à cocher pour ton confort, auguste lectorat !

2011-08-12T19:44:17+02:00vendredi 12 août 2011|Actu|8 Commentaires

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