Il y a donc bien un problème avec le clavier français-belge des Freewrite, sans promesse de réparation un jour

Résumé des épisodes précédents : la disposition française du clavier belge a changé sans prévenir sur les machines à écrire Freewrite (dont j’ai pu par ailleurs dire grand bien), chamboulant totalement l’emplacement des caractères spéciaux, introduisant des caractères complètement absurdes comme du polonais et de l’islandais, déplaçant ceux qui sont beaucoup plus utiles comme les guillemets et les tirets cadratin et semi-cadratin, et ce sans prévenir les utilisateurs.

Chez moi, ça s’appelle un gros bug, surtout quand l’appareil n’a qu’une seule fonction : enregistrer (dans l’ordre) les caractères pressés sur les touches.

J’ai donc contacté et échangé assez longuement avec le support technique, et j’avais promis un retour ici. Donc : très charitablement, nous dirons que je ne suis pas du tout impressionné par le professionnalisme d’Astrohaus. Je veux dire, sur une machine à écrire volontairement limitée, le clavier est une partie un tout petit peu vitale de l’engin : si on se préoccupe de l’expérience utilisateur, en particulier quant on prétend en avoir méticuleusement conçu chaque aspect à grands coups de gargarisation dans sa newsletter, on fait ultra gaffe à ce genre de choses1.

Eh bien, ça n’est pas du tout le cas.

En résumé, après avoir reçu une réponse générique “ah mais ce changement a été documenté dans les notes de version” (alors non, pas du tout), des relances, il a fallu que j’explique, en détail, par A+B, photos à l’appui, en quoi ça (caractères tapés avec AltGr, ligne par ligne) :

ça n’est pas du tout ça (la même chose sous Mac) :

Donc j’ai carrément fait le boulot de l’assurance qualité à sa place (puisque visiblement personne chez eux n’est fichu de passer une Freewrite en Fr-Be pour faire ce travail). Plus encore : à force de creuser, j’ai fini par me rendre compte que, très certainement, la configuration du clavier Fr-Be de la Freewrite v2 est en réalité celle de Linux (alors qu’elle était celle de macOS jusqu’ici). Ce que personne, là encore, n’a été fichu de déterminer de leur côté. Ou même de s’en soucier.

Selon toute logique, au passage à la v2, l’équipe de développement a pris les pilotes standard de Linux sans se poser de questions, ce qui me rend assez salé quand on ose me répondre, comme le support technique l’a fait : “nous avons pris cette décision pour nous calquer sur les standards des appareils utilisés par le grand public” : alors déjà, non (avec toute l’amitié que j’ai pour les Linuxiens, c’est le système le plus minoritaire aujourd’hui à part peut-être l’Amiga Workbench), et de deux, décidez-vous, les gens : vous avez changé un truc intentionnellement, ou vous n’êtes pas au courant de quoi que ce soit ?

C’est quand même d’autant plus ballot que les touches françaises venues par Astrohaus épousent la configuration de macOS :

Et donc : réponse finale du marketing : “ah ouais, on comprend que c’est fâcheux, c’est noté, mais on est une petite équipe, donc aucune promesse quant à une date où ce sera réglé”. Traduction : on ne s’en occupera sans doute jamais.

La réputation d’Astrohaus en ligne est contrastée : à lire les retours, les expériences avec le support technique et commercial sont soit excellentes, soit extrêmement négatives. Quand on voit le prix de ces machines, le soin que met l’entreprise à recevoir la validation d’auteur·ices, on est en droit d’exiger un soin maniaque apporté à chaque aspect de l’appareil (et puis ça n’est pas comme s’il y avait 36 aspects à suivre sur une Freewrite, foutredieu). Eh bien, ce soin n’est pas ce qui transparaît à travers la confusion (soyons charitables) que j’ai lue dans mes échanges avec les équipes d’Astrohaus.

Je recommandais jadis chaudement les Freewrite, c’est terminé, cette expérience a détruit ma confiance envers l’entreprise : si ce genre de changement peut se produire sans signe avant-coureur, que peut-il arriver d’autre ? Un passage à l’abonnement obligatoire ? Ho ho ho, ça n’est pas comme si ça ne s’était jamais vu.

Bon, maintenant qu’on en est là, que faire ?

Déjà : si c’est encore possible, ne mettez surtout pas à jour vos machines en v2 ! Et : ne mettez pas à jour vos machines tout court, ai-je envie de dire, avant qu’Astrohaus ne reconnaisse qu’on ne traite pas sa clientèle de niche ultra-spécialisée comme si on avait l’envergure de Microsoft.

Si vous cherchez une machine pour écrire sans distraction, envisagez des alternatives encore plus low-tech, comme une vielle Alphasmart, une plus récente Pomera (attention, il n’est pas possible de passer simplement l’une ou l’autre en AZERTY). Ou alors, construisez votre propre solution avec une liseuse Android (genre Onyx) et un clavier, voire simplement avec un iPad, mais on se rapproche dangereusement de l’ordinateur (ce qui éloigne du but premier).

Enfin, si vous êtes fucké·e parce que c’est trop tard (comme moi) et que vous voyez quand même un avantage à utiliser une Freewrite malgré tout ça (comme moi, grmbl), je ne vois qu’une dernière chose : c’est un bon prétexte pour apprendre la configuration clavier Bépo et basculer la Freewrite dessus. J’ose espérer (je n’ai pas testé, je creuserai) que le Bépo est suffisamment standardisé pour que le clavier Freewrite n’y insère pas de caractères tamouls ou des hiéroglyphes de la Basse Époque. Sur abonnement.

Mais en tout cas, si vous faisiez partie du camp “Astrohaus se fout du monde avec ses machines hors de prix”, eh bien bravo, vous aviez raison. Vous pouvez ajouter à votre argumentaire “et en plus ils font n’importe quoi avec leur clavier et sont totalement paumés quand on le leur signale”.

En ce qui me concerne, je regrette de devoir déconseiller dorénavant ces machines. Ou alors, caveat emptor. Force est de constater qu’on ne peut pas faire confiance à la maison mère. Essayez n’importe quoi d’autre de moins cher (on peut aussi encore trouver des MacBook Air 11′ à vil prix en ligne).

  1. C’est clairement un first world problem, mais la Freewrite est clairement une first world machine, donc faut être cohérent.
2024-03-19T05:52:00+01:00mercredi 20 mars 2024|Technique d'écriture|2 Commentaires

Les Freewrite ont changé leur disposition de clavier, et c’est une faute de goût majeure

Bon, auguste lectorat, tu te rappelles combien j’étais dithyrambique sur les machines à écrire connectées Freewrite et les contraintes d’écriture libératrices qu’elles imposent. Alors, oui, mais le Grand Prêtre de l’Église des Guillemets à Chevrons que je suis n’est pas content du tout d’un petit tour pendable (ou plutôt, je pense, d’une bêtise révélatrice d’un manque de finition fortement agaçant) révélé avec la dernière mise à jour des machines (version 2).

Je ne parle pas de l’irruption de certaines fonctionnalités optionnelles derrière un abonnement (quoique, quand on voit le prix des engins, c’est se moquer du monde), mais du changement surprise de la disposition des caractères spéciaux de certains claviers.

Je précise : tout auteur sachant ce qui est juste est bon utilise un Mac à défaut de Mac, utilise a minima la disposition de clavier française belge et non française. La raison : un certain nombre de caractères spéciaux y sont bien plus accessibles que sur cette horreur d’AZERTY français (utilisé par défaut sous Windows) (les Macs français, même achetés en France, utilisent justement la disposition belge).

Par exemple :

  • « (guillemets ouvrants) est sur Alt-7, » (guillemets fermants) est sur Alt-Maj-7
  • — (tiret cadratin) est sur Alt-tiret, – (tiret semi-cadratin) sur Alt-Maj-tiret
  • Les majuscules accentuées se font avec Caps Lock + le caractère accentué

Jusqu’à présent, c’était aussi le cas sur les Freewrite passées en AZERTY belge, mais depuis la v2, les caractères ont émigré dans des emplacements absurdes. « se trouve sur Alt-W (il devrait y avoir ‹), » sur Alt-X (ce qui est ⁄), le tiret cadratin a disparu, et à la place des caractères utiles, on trouve des trucs qui voient probablement moins d’usage que les hiéroglyphes égyptiens en 2023 (genre la fraction 7/8 à la place de »).

Un peu de trifouillage me donne l’impression que le “nouveau” clavier belge utilise maintenant les caractères spéciaux de l’AZERTY français, ce qui témoigne peut-être d’une erreur (la v2 ayant ajouté de nouvelles langues aux machines), mais bordel, le clavier, sur une machine à écrire, c’est quand même un peu le truc de base.

Il faut savoir qu’Astrohaus (les constructeurs des Freewrite) n’a pas la meilleure des réputations en ligne – leurs machines sont chères, l’ajout d’un service d’abonnement fait râler à juste titre (coucou reMarkable), le support technique n’est apparemment pas des plus réactifs et certaines machines présentent des défauts de fabrication.

Personnellement, je n’ai été jusqu’ici qu’enchanté par mon expérience, mais là, une erreur aussi grossière est difficilement pardonnable. Ce sont des machines à écrire, faites pour cracher du texte, et l’on veut donc retrouver dessus exactement les mêmes réflexes que dans ses autres environnements. Je ne dirais pas que ce changement détruit pour moi l’utilité de l’engin, mais il brise fortement le flow qu’il vise à atteindre. Et surtout, cela témoigne d’un manque de finition qui a éveillé ma méfiance, rapport aux remarques susdites.

Contacté en ligne, le compte d’Astrohaus me dit de joindre le support technique :

Ce que je vais faire, mais vu le rythme glacial des mises à jour des machines, je ne retiens pas mon souffle. On va voir.

2023-10-25T07:52:18+02:00lundi 23 octobre 2023|Geekeries|Commentaires fermés sur Les Freewrite ont changé leur disposition de clavier, et c’est une faute de goût majeure

Recommandations pour acheter une machine à écrire Freewrite

Beaucoup d’intérêt sur Twitter (j’y suis retourné, hé, tavu ?) autour des machines à écrire Freewrite évoquées en début de semaine, forcément, hein, moi aussi ça me fait envie de tripler ma vitesse d’écriture, et SI J’AVAIS SU JE L’AURAIS ACHETÉE UN AN PLUS TÔT, sauf que non, j’ai bien fait, et on va voir pourquoi : avant d’acheter une Freewrite, si vous êtes motivé·e, il y a un certain nombre de choses à prendre en considération, et du coup, cet article doit apparaître rapidement avant que vous cassiez votre PEL, ça tombe bien, c’est maintenant, donc.

Il existe deux principaux modèles de Freewrite

La Freewrite dont je parlais lundi est la Freewrite “tout court”, le premier modèle à avoir été conçu par Astrohaus, qui ressemble à une machine à écrire toute bête, voir à une Dictée magique brutaliste :

(Il en existe des éditions limitées encore plus chères, plutôt classes, ou pas, mais restons raisonnables.)

Il existe d’autre part un modèle de voyage, la Freewrite Traveler, qui conserve l’écran à encre électronique (quoique sans éclairage), le principe de fonctionnement ultra limité, mais dans une coque pliante beaucoup plus légère :

(Le tout restant bien cher, mais vous savez dans quoi vous mettez les pieds le cas échéant.)

Le choix ne se limite pas qu’au facteur de forme

La Freewrite de base est bâtie comme un tank, avec un bon gros clavier mécanique (Cherry MX Brown) qui fait clac clac, et le fait qu’elle soit munie d’une poignée ne suffit pas à la rendre magiquement portable dans vos pérégrinations (même si elle se trimballe parfaitement d’une pièce à une autre), simplement parce qu’elle est volumineuse.

La Traveler est conçue, elle, pour être glissée dans un sac et emportée partout ; elle est par ailleurs munie d’un clavier à membranes (comme sur les ordinateurs portables) dont le relatif silence permet de conserver des relations plus harmonieuses avec son entourage au Starbucks.

Il faut savoir que toutes les Freewrite sont livrées avec un clavier QWERTY, mais il est possible de changer la disposition des touches dans les réglages (dont le français classique utilisé sous Windows et le français belge utilisé sur les Macs, qui, au passage, est une configuration beaucoup plus sensée) : liste des configurations possibles.

À présent, si vous voulez également que vos touches ressemblent physiquement à votre disposition logicielle (qu’il y ait donc marqué AZERTY et pas QWERTY, quoi) :

  • Il est possible de changer les touches très facilement sur la Freewrite. Astrohaus vend un jeu de touches françaises (que j’ai installé sur la mienne, si vous regardez la photo ci-dessus), mais je suppose (sans être certain, je ne suis pas un geek des claviers mécaniques) qu’on peut aussi installer à peu près n’importe quelles touches compatibles Cherry. Ça se fait en quinze minutes sans aucune compétence technique autre qu’avoir monté un Lego dans sa vie.
  • Il n’est pas possible de les changer physiquement sur la Traveler. (Ou en tout cas, c’est à vos risques et périls.) Du coup, là, il faut avoir recours à des autocollants si vous voulez que l’AZERTY logiciel se reflète physiquement sur la machine. Si ça vous défrise, sachez-le.

(Bien évidemment, vous pouvez aussi mettre des autocollants sur la Freewrite normale, et vous économiser cinquante balles de plastique.)

Les Freewrite antérieures à la version actuelle (Gen3) sont plus limitées

La Traveler, comme la Freewrite de dernière génération, bénéficie au niveau logiciel de deux améliorations pratiques :

  • Un véritable gestionnaire de documents intégré à la machine (sinon, c’est trois documents de travail actifs à la fois, point barre)
  • La possibilité de déplacer le curseur pour revenir dans son texte et insérer une phrase ou un mot. C’est juste assez chiant pour vous décourager le faire (il faut maintenir la touche New + W A S D pour haut bas gauche droite), ce qui est le but, mais c’est possible si, vraiment, ça vous démange. Sur les Traveler Gen1 et 2, votre seul outil d’édition est la touche Effacement. Ça devient carrément hardcore, pour insérer une phrase trois paragraphes plus haut.

Il faut également savoir que les Gen1 et 2 ne seront plus mises à jour par logiciel (même si tout le but d’un outil aussi limité est d’avoir le moins de mises à jour possibles). Du coup, à moins d’une bonne affaire, préférez une Gen3 (Astrohaus ne vend actuellement que cela, mais il peut y avoir des Gen2 reconditionnées en vente de temps en temps, caveat emptor).

Sachez aussi que les Gen1 et 2 existent avec deux dispositions de clavier, une disposition purement américaine (ANSI) et une internationale (ISO). La différence de taille est la présence d’une touche Alt à droite du clavier, et pour nous qui avons des caractères accentués et des guillemets à chevrons (car vous utilisez bien les guillemets à chevrons, HEIN ?), même si on ne fait pas de la mise en page raffinée là-dessus, c’est à mon sens quasi-indispensable. Faites bien attention à prendre la disposition internationale.

Oui, les touches vendues par Astrohaus sont compatibles Gen3

Le site officiel affirme que les jeux de touches étrangers ne sont pas compatibles avec le dernier modèle, mais c’est faux : j’ai fait l’installation sur la mienne sans aucun problème. En revanche, comme la disposition des touches est légèrement différente (c’est une disposition américaine, donc avec la touche entrée en simple hauteur), cela implique quelques compromis (à mon avis sans importance). Cela signifie très exactement que :

  • La touche <> est absente (mais vous vous en servez souvent dans vos romans, vous ?)
  • La touche £` va se retrouver à une place inhabituelle (mais… pareil ?), au-dessus de la touche entrée, et n’aura pas la largeur qu’elle est censée avoir, ce qui est légèrement disgracieux, mais franchement, on s’en tape. Ça ressemble à ça :
Une touche plus courte dans les espaces abandonnés du clavier où jamais le petit doigt ne s’aventure.

Ensuite. Bon. Si vraiment vous voulez y aller à fond, j’ai entendu dire sur Discord que les éditions limitées Hemingwrite vendues actuellement sont des Gen3 (et les photos d’utilisateurs que j’ai vues montrent effectivement la touche Alt), ce qui contredit les photos officielles des produits (mais ils sont pas très réactifs en com chez Astrohaus). Il serait donc possible qu’elles conviennent à notre usage français ; si vous êtes motivé·e à ce point pour claquer deux cents balles de plus pour l’édition argent / kaki, faites bien vos recherches pour le confirmer, mais voilà, l’espoir existe pour vous. (Pas pour la Sea Blue, en revanche, qui est, à ma connaissance, une Gen2.)

Je crois que c’est tout ce qu’il faut savoir. Si vous avez des questions, envoyez en commentaires !

➡️ Le site officiel Freewrite

2024-03-19T05:39:30+01:00mercredi 13 avril 2022|Lifehacking, Technique d'écriture|5 Commentaires

Apprenons les bases de la typographie pour rendre un manuscrit soigné – 1. Règles générales et outils

Merci, Inspirobot.

Divers évolution concomitantes m’ont conduit à lâcher la quasi-totalité de mes cours à la fac d’Angers, parmi lesquels figuraient certains “Outils informatiques du traducteur”. Fermement décidé à ce que ma plus grande œuvre ne sombre pas dans l’oubli, je vais archiver en ces lieux étranges une certaine part de ma sagesse suprême, la connaissance la plus lumineuse qu’il m’ait été donné de partager, et vous emmener avec moi dans les hauteurs sublimes du savoir.

C’est-à-dire que je vais vous saouler avec de la typographie.

Pourquoi et qu’est-ce que c’est, la typographie

La typographie, c’est, en gros, l’art de composer une jolie page. À l’origine, c’était le métier des compositeurs qui manipulaient les blocs de fonte (petits, je vous rassure) (mais les gens étaient peut-être musclés quand même) qui formaient la page imprimée. De nos jours, c’est principalement virtuel, et cela désigne les règles, construites par l’usage et l’expérience au fil des siècles d’imprimerie, qui forment une page reposante et harmonieuse à lire.

C’est donc important parce que cela concerne le confort de lecture. C’est aussi important parce que le compositeur (qui travaille aujourd’hui sur InDesign ou XPress) doit respecter ces règles pour fabriquer un livre que le lecteur découvrira avec plaisir. C’est donc important pour l’auteur, parce que respecter ces règles autant que faire se peut dénote sa connaissance du métier au sens large, le soin qu’il prend des yeux de son éditeur, son souci de faire gagner du temps à son metteur en page (et donc de l’argent à tout le monde), bref, c’est une preuve agréable de professionnalisme.

Disons tout de suite qu’un traitement de texte (quel que soit le vôtre, Word, Ulysses, Scrivener, Open Office…) n’est pas un logiciel de mise en page et qu’il existe certaines choses quand même impossibles à faire, mais s’approcher au maximum de l’idéal est appréciable (et on ne saurait demander d’aller plus loin). Respecter ces règles ne fera évidemment pas de vous un grand écrivain (et ne pas les respecter, à moins de vraiment faire exprès, ne vaudra pas un refus sommaire de votre manuscrit), mais au moins un bon partenaire, et comme le découvrent tous les jeunes qui ont conservé leur virginité pour leur nuit de noces, on sous-estime parfois l’importance d’être un bon partenaire dans la construction d’une relation plaisante.

Règles générales et caractères spéciaux

Installons d’ores et déjà une notion qui nous servira plus tard : le cadratin. C’est la largeur maximale que peut occuper un caractère (bon, je résume, hein). Pour une police de caractères à espacement variable, par exemple, un “i” prend moins de place qu’un “m” (c’est le cas sur cette page si vous l’affichez avec les paramètres par défaut) – le cadratin est donc la largeur théorique maximale d’un caractère avec la police donnée.

Un certain nombre de conventions typographiques s’appuient sur des caractères spéciaux (il existe par exemple trois types de tirets différents, qui n’ont pas la même sémantique). Il importe de savoir les entrer sur son ordinateur, et j’aurais tendance à recommander d’acquérir ces réflexes au plus vite pour les intégrer inconsciemment au moment de la rédaction d’un livre (car faire une passe purement typographique sur son manuscrit est une manière assez sûre de réduire son espérance de vie de trois mois et deux semaines par ennui profond).

Dégageons déjà (oh la belle allitération en J) quelques points auxquels prendre garde (et quelques idées reçues auxquelles tordre le cou) :

Oui, EN FRANÇAIS, LES MAJUSCULES SONT ACCENTUÉES. La légende du contraire circule depuis la machine à écrire (parce qu’on ne pouvait pas facilement les intégrer) mais la règle typographique française a toujours été qu’on accentue les majuscules. Les accents ont du sens.

Usage des italiques. Elles sont principalement réservées aux intériorisations (Fromage ou dessert ? se demanda en son for intérieur l’incroyable Hulk au cocktail des Avengers) et aux locutions étrangères (What the phoque ?), ce qui, caveatinclut le latin. Donc : in pettoin extremisvia le RER B, a priori (sans accent sur le “a”, c’est du latin, Priori n’est pas un lieu, sauf si vous parlez du palazzo de Pérouse).

Les points de suspension sont un seul caractère (et pas, comme on dit au primaire, “trois petits points”). Essayez de sélectionner avec votre pointeur ceci : … et cela … ; know the difference, it can save your life. (Ou peut-être pas, mais on n’est jamais trop prudent.)

Les apostrophes sont dites typographiques – ce n’est pas un trait (comme ceci : ‘) mais une sorte de virgule à l’exposant (comme cela : ’).

Il existe (donc) trois types de tirets. Le trait d’union (-), qui sert à relier les mots composés, de-la-sorte. Le tiret cadratin, à l’inverse, est le plus long qui soit (par définition du cadratin, voir plus haut) et ne sert qu’aux dialogues (—). On a longuement débattu de la ponctuation des dialogues spécifiquement dans trois articles, 1) les bases, 2) le formatage classique, 3) le formatage moderne. Enfin, le tiret semi-cadratin est plus long que le trait d’union, plus court que le tiret cadratin (–) et – wait for it – sert aux incises – comme ce qui précède.

Entrer des caractères spéciaux

Il faut être juste et rendre à Word ce qui lui appartient : malgré ses innombrables idiotes-syncrasies, il reste le champion du respect de la typographie française, et fait à peu près tout correctement. Mais il peut rester des occasions où l’on veut entrer manuellement un caractère spécial. Et là, comme qu’on peut faire ?

Sous Mac et iOS. C’est très simple. Tout est accessible facilement et logique par combinaison de touches (Verr. Maj pour les majuscules accentuées ; option-quelque chose pour le reste – voir le Visualiseur de clavier sur Mac, activable dans les préférences). Circulez, y a rien à voir, c’est logiquement fait et c’est chouette, et ça marche pareil entre un Mac et un iPad, en plus.

Sous Windows. C’est beaucoup plus compliqué. Les traitements de texte prévoient souvent des raccourcis clavier, mais ça n’est jamais les mêmes en fonction du logiciel. Les deux solutions un tant soit peu universelles et pratiques consistent, soit à installer un pilote de clavier étendu donnant davantage de caractères accessibles (par exemple celui de Denis Liégeois, kbdfrac)1, soit à utiliser les codes de caractère du système (solution que j’ai utilisée pendant 25 ans depuis Windows 3.1 avec un post-it sur mon moniteur jusqu’à ce que ça rentre dans ma mémoire musculaire…). En gros, taper Alt et une combinaison de chiffres au clavier. Lesquelles sont, pour les plus utilisées :

… et avec ça, nous avons tous les outils en main.

La prochaine fois, nous parlerons d’espaces et de leur juste usage. Comment que c’est trop grave excitant du fun ! Non ?

  1. Ou carrément passer en disposition Bépo, mais ça nous entraînerait trop loin
2019-06-01T14:56:34+02:00mercredi 23 mai 2018|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires

Les codes caractères les plus courants [pense-bête]

Ayant vu d’autres discussions sur la ponctuation des dialogues, la difficulté de les insérer, de s’y retrouver… je vous propose un simple petit cadeau à imprimer et à se scotcher (ou à punaiser à vos risques et périls) sous l’écran. Si vous êtes sous Windows et que vous peinez à insérer vos caractères, voici les codes des plus courants, entrés avec Alt + la combinaison de touches correspondante :

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Je rappelle par ailleurs qu’il existe des pilotes de clavier étendus pour faciliter la saisie (et même le Bépo, pour ceux qui veulent pousser l’ergonomie plus loin). Pour retrouver la série d’articles sur le formatage des dialogues, c’est ici.

2018-07-17T16:55:57+02:00lundi 20 octobre 2014|Best Of, Technique d'écriture|17 Commentaires

Taper les caractères spéciaux en toute simplicité

La série d’articles sur la ponctuation juste des dialogues a soulevé une question fort judicieuse : comment insérer tous ces caractères spéciaux (guillemets à chevrons, majuscules accentuées, tirets de diverses longueurs, etc.) de manière simple ? C’est-à-dire, sans retenir les codes de caractères. (Je les connais depuis des années et donc préfère cette méthode, mais je comprends qu’on désire se faciliter la vie !)

Heureusement (sous Windows), de bonnes âmes ont programmé des pilotes de clavier enrichis proposant tous ces caractères accessibles d’une simple combinaison de touches. Les deux plus connus sont :

  • Le pilote de Denis Liégeois (kbdfrac). Il est le plus populaire et le plus répandu, et fonctionne bien avec la majorité des applications.
  • Le Custom Keyboard de St James (cstkbfr). Plus complet, intégrant même les espaces insécables quand c’est opportun, mais j’ai rencontré quelques difficultés à le faire fonctionner sous les versions plus récentes de Word.

À télécharger sur les pages correspondantes, puis à installer. Cela rajoute un clavier d’entrée dans la liste de la barre de langue ; il suffit de l’activer dans les options du Panneau de configuration (Région et Langue sous Windows 7) :

keyboard_options_win7

Vous voilà paré-e pour construire de beaux documents bien typographiés sans erreur, et donc reposer l’œil de votre putatif éditeur qui sera forcément séduit par tant de professionnalisme !

2014-08-05T15:13:13+02:00lundi 5 mai 2014|Best Of, Technique d'écriture|22 Commentaires

Keeper of the glyphs

J’ai récemment reçu dans le cadre des articles sur l’écriture la question “où allez-vous chercher tout ça ?” Avant de construire un billet bien ordonné, je pensais donner un premier élément de réponse personnel :

Faut que je traverse R’lyeh dès que je veux utiliser un caractère spécial.

Ça laisse des traces, j’avoue.

Depuis, il m’arrive de me réveiller la nuit trempé de sueur, emmêlé dans les draps, en hurlant des trucs sur les cédilles tombées du ciel, les créatures venues d’outrespace insécable et les chevrons noirs des bois.

(Cette carte de clavier signale toute une ribambelles de glyphes spéciaux enfin accessibles simplement sous Windows d’une seule combinaison de touches avec Alt-Gr. Il faut pour cela installer un pilote de clavier très léger conçu par Daniel Liégeois et téléchargeable gratuitement sur son site. Merci à Oliver Gechter d’avoir signalé cet outil génial !)

2010-12-23T12:12:28+01:00jeudi 23 décembre 2010|Expériences en temps réel|6 Commentaires

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