Lauréats des prix Bob Morane et Masterton 2011

Hop, les résultats viennent de tomber. Félicitations à tous les heureux lauréats !

Prix Bob Morane 2011

  • Roman francophone : Plaguers, de Jeanne A Debats (L’Atalante)
  • Roman traduit : Le Fleuve des dieux, de Ian McDonald (Denoël, traduction de Gilles Goullet)
  • Nouvelle : « Rempart », de Laurent Genefort (Bifrost n°58)
  • Coup de coeur : Les contrées du rêve, de H.P. Lovecraft (Mnémos)

Prix Masterton 2011

(Flammagories était cette année finaliste du prix.)

  • Roman francophone : Le Dieu Vampire, Jean-Christophe Chaumette (L’Editeur)
  • Roman traduit : Mais c’est à toi que je pense, Gary A. Braunbeck (Bragelonne, traduction de Benoît Domis)
  • Nouvelle : « Séparation de corps », Richard D. Nolane (Rivière Blanche)

 

2011-03-15T12:32:51+01:00mardi 15 mars 2011|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Lauréats des prix Bob Morane et Masterton 2011

Un rempart contre le Pacifique

De retour d’un festival Rue des Livres toujours très sympa : une organisation gentille comme tout, une équipe Critic au taquet comme toujours, et le plaisir de retrouver la bande de l’imaginaire rennaise et d’ailleurs. Le joie de pouvoir glisser quelques mots de plus, dans la confidence, sur les projets en cours, notamment la série chez Don Quichotte qui suit son bonhomme de chemin et que je meurs d’envie de voir enfin diffusée, les nouvelles à paraître – la prochaine sur Évanégyre, ce sera en mai, dans l’antho annuelle du festival Imaginales. Le bonheur de retrouver les lecteurs fidèles, les blogueurs (dont Lelf, qui a déjà publié un compte-rendu et des photos de son côté), et aussi celui de faire de belles nouvelles rencontres. Une impression un peu bizarre, aussi, dimanche, tandis que nous étions plusieurs suspendus aux nouvelles du Japon, ceux d’entre nous équipés de smartphones relayant les dernières informations aux autres, dans le désolement, l’incrédulité et, aussi, la crainte. La sensation un peu creuse, pour ma part, que quel que soit le prestige dont se pare la littérature, quelle que soit sa force, pourtant tangible, capable de déplacer les montagnes et soulever les peuples, nous restons toujours un peu des terroristes de bac à sable qui jouent à se faire peur face à la puissance brute des éléments et aux tragédies atroces et crues qui viennent poignarder la réalité.

 

2011-03-14T12:30:42+01:00lundi 14 mars 2011|Le monde du livre|4 Commentaires

Pour régler la question de l’héritage

Photo AFP

Entre autres fixettes, Nicolas Sarkozy en a une sévère : « l’héritage chrétien de la France ». Il rend visite au Pape pour lui parler d’Internet, il aime les dorures et la pourpre, il remonte fièrement à une contrée fille aînée de l’Église et ne manque guère une occasion pour opposer à un bloc islamique fantasmé un autre, tout aussi illusoire, d’un Occident chrétien. Dernière illustration en date, « l’héritage chrétien » et ses valeurs civilisatrices dont il est allé parler au Puy-en-Velay.

Il va falloir un jour que monsieur Sarkozy – ou les conseillers qui lui écrivent ses discours – ouvrent un livre d’histoire et la mettent en perspective. De quoi parle-t-on exactement quand il est question de valeurs de « civilisation » – ce projet si cher dont il nous rebat les oreilles depuis son institution, un projet qui, par ailleurs, rogne les budgets de l’éducation, retire l’histoire des filières scientifiques, les maths des littéraires, et conduit de manière générale une offensive concertée contre ce qui peut nourrir de près ou de loin l’esprit critique ?

La civilisation, c’est vivre ensemble ; c’est quitter l’état de nature pour progresser dans le domaine des moeurs, des connaissances, des idées, nous explique le TLF. Inutile de ressortir du placard Galilée, les croisades, les persécutions, pour s’interroger en quoi la chrétienté fut réellement fondatrice de progrès « dans le domaine des moeurs, des connaissances et des idées » – charge qui concerne, d’ailleurs, toute religion dogmatique. Être convaincu de détenir la vérité vous rend curieusement résistant aux opinions contraires – une résistance qui s’exprime le mieux la tronçonneuse à la main.

L’attaque est facile. Tellement éculée qu’elle en devient honteuse. La chrétienté, ce n’est pas cela ; ses valeurs sont différentes. Elles se fondent sur le partage, la charité, l’amour. La chrétienté moderne est ouverte, tolérante, positive – à opposer, bien entendu, à un Islam rétrograde, totalitaire, obscurantiste.

Ah oui, vraiment ? N’y a-t-il pas une légère confusion des causes ?

Qui sont les plus grands penseurs de cet Occident progressiste, éclairé, en quête de raison, de progrès dans le domaine des moeurs, des connaissances et des idées ? Les papes successifs, les cardinaux ? Hormis certains penseurs chrétiens de haute volée, de Saint-Augustin à Kierkegaard en passant par Teilhard de Chardin, qui furent les réels fondateurs et véhicules de cette lumière ?

Il va falloir un jour que la droite chrétienne comprenne que ces valeurs positives dont elle se réclame tant et dont elle ignore la genèse ne viennent malheureusement pas – pour eux – de l’Église mais du mouvement même qui a irrémédiablement sapé l’autorité divine : les Lumières. Que les fondateurs d’une certaine idée de la tolérance, de l’égalité, de la république, de la raison, ne sont pas les penseurs chrétiens, pour aussi beaux et fondamentaux qu’ils puissent être. Les Lumières se placent dans la continuité de cette pensée chrétienne dans ce qu’elle a de meilleur, mais elles ont aussi introduit l’idée fondamentale qui sous-tend le monde développé dans ce qu’il a de plus positif : la raison humaine et la conscience doivent primer sur la tradition et notamment sur l’autorité dogmatique – c’est-à-dire celle de Dieu. Les Lumières n’ont évidemment pas renié le rôle du religieux, comme en témoigne le déisme d’un Voltaire, mais l’organisation sociale, la quête de la connaissance, doivent être subordonnées à un humanisme séculaire et rationnel qui vise l’intérêt commun, et qui place l’individu au centre des préoccupations.

C’est là que se trouve la vraie grandeur des civilisations (« Comment ! Ces gens n’ont pas encore entendu dire que Dieu est mort ! » se lamentait déjà Nietzsche à travers Zarathoustra descendant dans la vallée) : l’usage du raisonnement individuel et de la conscience sociale dans les choix. L’Église s’est peut-être un peu rapprochée de son discours pour le second au cours des derniers siècles, mais la soumission à toute autorité entre fondamentalement en conflit avec le premier.

Et si, même, l’on voulait faire un calcul purement politique, en plus des aspects franchement douteux de l’idéologie de monsieur Sarkozy, son discours est idiot. Opposer ainsi la chrétienté comme racines françaises ou occidentales à l’obscurantisme d’une différence étrangère, mal définie mais anxiogène, est d’une stupidité consommée. Sans dire que « nos » racines sont devenues pour la majorité plus rhétoriques que réellement vécues, sans parler du danger d’une confrontation frontale entre blocs, les Lumières, faisant l’apanage de la raison, rendent solubles tous les systèmes de pensée en éveillant la personne à sa conscience, à son civisme et à la tolérance. Plutôt que de répondre à des extrêmismes par d’autres, il conviendrait plutôt d’éveiller chacun à son libre arbitre et de le rendre libre de ses choix, enfin apte à se détacher du carcan des traditions, des autorités suprêmes autoproclamées qui exigent sa soumission, sa fidélité, son âme et son argent, pour être libre de n’en adopter que ce qu’il désire, qu’il s’agisse de religion, de modèle familial ou de valeurs ; le tout dans le respect de la personne humaine, afin que, bordel, les dogmes et les divinités dégagent une bonne fois pour toutes de la place publique et qu’on discute en êtres humains sociaux.

On a peur des fondamentalistes ? Qu’on leur montre la puissance de la raison et en quoi elle est compatible avec toutes les croyances, comme avec la vie humaine1.

Cela, monsieur Sarkozy, serait un vrai projet de civilisation.

  1. Oui, je suis conscient que des horreurs ont aussi été commises au nom des Lumières. Mais qu’on me pardonne si je pense fermement que c’est le meilleur outil dont on dispose actuellement et que deux siècles de cette philosophie ont plus fait pour la civilisation que deux millénaires de soumission aveugle à l’autorité.
2014-08-30T18:29:34+02:00vendredi 11 mars 2011|Best Of, Humeurs aqueuses|3 Commentaires

Des post-its partagés

Du coup, comme proposé hier, voici une première manip’ pour utiliser Dropbox à son plein potentiel. L’écrivain voyageur est moderne, il a son netbook dans une main, sa clé 3G dans l’autre, et ses données dans le cloud. Et ses post-its, évidemment, sont virtuels, tapissant son fond d’écran. Comment les garder les machine à l’autre ? La manipulation est très simple. Le système cherche les données de cette application toujours au même endroit. Nous devons donc lui expliquer que non, il doit aller les chercher ailleurs, merci (sur la Box).

  1. Fermez l’application des Post-its (bouton droit sur la barre des tâches, fermer la fenêtre).
  2. Localisez le fichier StickyNotes.snt, qui contient vos post-its. Il se trouve dans le répertoire Utilisateurs\(votre nom)\AppData (dossier caché, il faudra peut-être en activer l’affichage via les Options des dossiers du Panneau de configuration)\Roaming\Microsoft\Sticky Notes1. Copiez-le sur votre Dropbox (par exemple dans un répertoire prélablement dédié à contenir les profils de vos applications, comme Dropbox\Profils\Sticky Notes). Attendez la fin de la synchro.
  3. Effacez ensuite le répertoire Sticky Notes d’origine (pas le fichier, le dossier entier), celui qui est contenu dans Utilisateurs\(votre nom)\AppData\Roaming\Microsoft.
  4. Ouvrez l’invite de commandes (Démarrer > Tous les programmes > Accessoires).
  5. Vous allez informer le système que le dossier que vous venez d’effacer se trouve maintenant dans votre Dropbox : vous allez donc créer un lien artificiel à l’endroit où le système s’attend à trouver les données, qui pointe vers l’endroit où elles se trouvent réellement. Dans l’invite de commandes, tapez l’instruction suivante (en indiquant l’emplacement du fichier selon le format DOS : par exemple, si votre box se trouve sur le disque D:, et le fichier Sticky Notes dans un dossier de profils tel que proposé précédemment, le chemin sera d:\dropbox\Profils\Sticky Notes).
mklink /J "%APPDATA%\Microsoft\Sticky Notes" "[Chemin du dossier où vous avez
placé le fichier StickyNotes.snt dans la Dropbox]"

Relancez l’application Post-its. Magie !

Manipulation à répéter sur toutes les machines où vous voulez que les post-its soient synchronisés.

  1. Pour ceux qui l’ignorent, sous Windows, on note les enchaînements de répertoires avec des antislashs (\) pour donner le chemin d’une ressource.
2011-03-10T16:03:59+01:00jeudi 10 mars 2011|Geekeries|2 Commentaires

Dropbox mon amour

Photo via Getty

Il y a des côtés sympas à être son propre patron, notamment pour ce qui est, prétend-on, des horaires de travail que l’on organise à sa convenance. Bon, il faut tout de suite tordre le cou à ce mythe : organiser ses horaires à sa convenance, ça veut souvent dire bosser comme un âne, comme le savent tous les indépendants – d’où l’importance de faire quelque chose qui compte vraiment pour soi.

L’autre aspect, souvent symbolique de la littérature, c’est le voyage. Aaaah, la vision romantique d’un Hemingway griffonant sur son Moleskine à la plume dans la diligence entre Fort Lauderdale et Draguignan, avec pour seuls effets qu’un portemanteau en cuir élimé contenant un costume trois pièces pour les soirées mondaines du soir où il irait danser avec Lauren Bacall. (Quoi ? J’ai dit que cette vision était romantique.) Ah là là, à l’époque, on n’avait pas besoin de connexion à Internet, de vérificateurs orthographiques, d’épais dossiers de personnage et de scénarisation, de communications instantanées avec des informateurs aux quatre coins du monde.

J’aurais été malheureux comme les pierres à cette époque.

Je suis un structurel assumé – j’ai besoin de planifier à l’avance mon intrigue, de tracer des schémas, des tableaux, des matrices compliquées, d’avoir mes petits fichiers bien ordonnés dans des cases pour être libre d’écrire (chacun ses béquilles). Et ça génère une paperasse ahurissante. Il me faut ma doc, mes livres de référence, pouvoir aller piocher un truc dans un volume abscons, un truc que personne ne verra d’ailleurs, mais moi si, et puis on ne sait jamais.

C’est quand même idiot de ne pas pouvoir faire un peu le Proust en griffonnant sur des feuilles de parchemin au Mont Blanc dans l’Orient Express Katmandou – Tokyo – Rouen en attendant d’aller danser le soir avec Shakira. (Vision romantique, on a dit.)

Et là, notamment au détour d’un commentaire d’Erik Wietzel (Erik, tu ignores tout de l’impact que tu as eu sur ma vie avec ce commentaire, mais sache-le, tout a changé), je me décidai (le passé simple, c’est la classe) à essayer sérieusement Dropbox, depuis le temps qu’on m’en parlait.

Et les cieux s’entrouvrirent, et les trompettes sonnèrent, et des anges habillés de lumière descendirent sur terre et me libérèrent à jamais des contraintes matérielles. OK, que tu dis, ô auguste lectorat, mais tout le monde connaît Dropbox, il est mignon, lui, bientôt il va découvrir OS/2 Warp. Sauf que non, je t’arrête dans ton élan légitime. L’astuce n’est pas dans le fait de connaître Dropbox, mais de s’en servir comme un power ranger, pardon, user.

(Pour ceux qui ne connaissent pas Dropbox, et il y en a, je m’en doute, comme d’autres qui ne connaissent pas OS/2 Warp, c’est un service de stockage de fichiers en ligne. C’est-à-dire qu’on indique à quels fichiers l’on désire accéder de n’importe où ; l’application les synchronise sur le serveur et voilà, avec le login / mot de passe qui va bien, on peut y accéder de n’importe où une fois que l’ordinateur a récupéré les données. Sinon, pour OS/2, c’est ici. Ça me fait plaisir.)

Changer de poste et travailler dans la mobilité n’est pas tant une question de documents que d’environnement, et c’est là que le bât blesse : comment conserver la foule de données éparpillées un partout, ses mails, ses petites notes virtuelles, équivalent de piles de serviettes en papier portant des numéros de téléphone ? Mais Dropbox fonctionne parfaitement avec des profils de foules d’applications, des post-its de Windows 7 (oui, oui, on peut les partager entre machines) aux gigas entiers d’archives que pèse un profil Thunderbird vieux de quinze ans (mon cas, donc). Une seule règle, sinon tout s’écroule, c’est la fin du monde, les anges sortent les trompettes de l’Apocalypse et te les carrent Dans Ton Cloud : attendre que la synchronisation soit achevée sur un poste avant de passer sur un autre – et ne pas lancer deux instances de la même appli en même temps pour accéder aux mêmes données. Je respecte ces règles, en conséquence de quoi la route m’est ouverte, tel un Kerouac à bord d’Apollo 11 écrivant sur un Remington avant d’aller danser le Mia avec Mata Hari.

Cela te servirait-il et t’intéresserait-il, ô auguste lectorat, que j’explique de temps en temps les petites manips dont il est question au rythme de leur mise en place ?

2011-03-09T12:17:37+01:00mercredi 9 mars 2011|Geekeries|11 Commentaires

Question : où allez-vous chercher tout ça ?

(c) Disney

Encore une petite période de silence, mais je reprends progressivement le fil d’une activité normale (lire : raisonnable) et donc l’ouverture de ce bar et l’approvisionnement en bibine fraîche. Il y a une question qui était arrivée depuis un moment, très fondamentale :

 

Quand on a une idée en tête c’est dejà pas mal. Non ?

On essaie de l’exploiter un peu, on y ajuste d’autres idées, ca forme un tout cohérent et on se dit,  après 3 mois de gestation  : mouais, ca pas si mal, allons y.
Mouais… sauf que quand je m’arrête dans une librairie, quand je jette un regard envieux et jaloux sur les couvertures, quand je bave sur les 4ieme de couverture, personnellement je repars de là en me disant que mes idées sont nullissimes et aussi développées qu’un embryon d’huitre de 2 jours.

Alors oui, ou allez vous chercher toutes ces idées ? Qu’avez vous dans vos cerveaux pour en sortir des trucs comme ca ? C’est limite effrayant  !! 😉

Bon, déjà, les quatrièmes de couverture sont conçues comme ça : pour donner envie, pour présenter les points forts d’une histoire et donc mettre en avant ce qu’elle a de meilleur. Une bonne quatrième peut sublimer le contenu d’un livre, mais, comme on l’a tous vu un jour, le récit n’est pas forcément à la hauteur des promesses (« La richesse de Tolkien, la drôlerie des Monty Python et le style de Jean Lorrain ! »). Il ne faut certainement pas complexer face à elles ! Sans compter que, sur un livre publié, il y a eu le retravail de l’auteur, les suggestions de l’éditeur et parfois des commerciaux, une foule de regards extérieurs qui visent tous à ce que cette histoire donne son plein potentiel.

D’accord. Mais ce n’est qu’esquiver la question. Où va-t-on trouver des idées ? Je dirais que trouver des idées n’est pas un problème : le monde en fourmille. Ouvrir la presse, se balader sur le Net, rester ouvert à son environnement amène des quantités d’idées, parfois dans les moments les plus improbables. Il faut rester disponible, à l’écoute du monde, et elles viennent d’elles-mêmes. Je suis convaincu qu’il n’y a pas de mauvaises idées : il y a, en revanche, les idées qu’on traitera de manière intéressante parce qu’elles nous concernent d’une manière ou d’une autre, et celles avec lesquelles on n’a pas de véritable lien.

Ce qui compte, c’est donc de trouver les idées qui conviennent pour soi ; non  pas creuser le même sillon et traiter toujours les mêmes thèmes, mais apprendre à se connaître pour remarquer, parmi la foule de récits potentiels qui peuvent naître, ceux que l’on a vraiment envie d’écrire, ceux qui résonnent avec nos convictions, nos désirs, nos révoltes, ceux que l’on veut vraiment explorer et suivre pour découvrir où ils nous conduiront. Si l’on ne jure que par la hard science, une idée purement romantique à la façon du Journal de Bridget Jones, aussi riche et intéressante soit-elle, ne résonnera guère, et son exécution va s’en ressentir.

Car je pense aussi que l’exécution prime sur l’inventivité. La meilleure idée du monde ne franchira peut-être même pas le comité de lecture de l’éditeur si l’exécution est bancale, insuffisante, si le potentiel d’une grande idée n’est pas exploité convenablement – alors qu’on peut faire une grande histoire avec un archétype classique, de Romeo et Juliette à AvatarIl faut ensuite tirer le maximum de ce germe d’envie, qu’on reconnaît parfois à un frisson caractéristique bien physique (comme le disent deux Elisabeth, George et Vonarburg, dans leurs livres d’écriture respectifs, « le corps sait »). Et c’est peut-être la partie la plus difficile : leur faire exprimer (au double sens de la parole et de presser comme un citron) leur potentiel, trouver la raison pour laquelle cette idée a séduit, et l’histoire qui se trouve ensuite derrière. Les mûrir, les méditer, en suivre les implications et ramifications, les ressasser jusqu’à pouvoir leur faire porter un récit qui compte, à tout le moins, à ses propres yeux. C’est là, peut-être, qu’on touchera à une authenticité qui pourra atteindre et émouvoir, par la suite, le lecteur.

Où va-t-on donc chercher tout ça ? À l’extérieur, autant qu’en soi. La psyché humaine compte un nombre limité de grands thèmes, aussi vaste soit-il : l’amour, la mort, la perte, le dépassement de soi, la liberté… Le plus important, à mon sens, c’est de chercher en soi-même, à force d’introspection et de ruminations,  ce que l’on a de personnel à dire sur la question, et le dire ensuite du mieux possible. Je pense humblement que c’est là que se terrent les idées qui comptent vraiment. C’est cet aspect qui les rendra bonnes, et leur rumination qui les rendra originales. Mais l’originalité n’est, en quelque sorte, qu’un effet secondaire qui vient dès qu’on a suffisamment creusé, avec sincérité, ce qui fait l’honnêteté de notre regard et de ce que l’on cherche à traiter. Elle n’est pas un but en soi. Chercher sans relâche sa propre parole, ne pas limiter ses ambitions, aller vers le lecteur, voilà à mon sens les buts véritables.

2014-08-05T15:23:05+02:00mardi 8 mars 2011|Best Of, Technique d'écriture|18 Commentaires

12-13 mars : Rue des Livres 2011 à Rennes

Comme l’année dernière, j’aurai le plaisir d’être présent au festival Rue des Livres, à Rennes, événement qui grandit toujours davantage et prend un poids véritable dans la ville et la région. Il sera parrainé cette année par Yann Queffélec ; les conférences et tables rondes commencent le vendredi 11 au soir (n’hésitez pas à y aller !) ; pour ma part j’y serai le week-end avec les livres déjà parus et les anthologies.

Le salon du livre se tiendra Salle Guy Ropartz :

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Les amateurs des littératures de l’imaginaire auront également le plaisir de retrouver sur l’événement :

Le site du festival est ici. À très bientôt !

2011-03-01T12:07:28+01:00mardi 1 mars 2011|Actu|1 Commentaire
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