Quelques idées pour accélérer la traduction vers l’anglais

(This is the French version of yesterday’s article, here.)

lolcat_translationPour un auteur franchophone, la traduction vers l’anglais représente une sorte de Graal : cela assure l’ouverture non seulement vers un marché national plus vaste que le nôtre, mais potentiellement mondial, puisque tous les éditeurs du monde lisent l’anglais, pas forcément le français ; et que le monde éditorial a évidemment le doigt sur le pouls du marché anglophone, qui représente, qu’on le veuille ou non, une référence. Il ne s’agit pas là de gagner une fortune en châteaux et en argenterie (quoique l’on ne soit jamais contre un bon couteau Guy Degrenne, hein) mais surtout d’ouvrir son travail au plus grand nombre de lecteurs – ce qui est le souhait de la majorité d’auteurs.

C’est évidemment ardu, en raison même de la barrière de la langue, et résulte de la conséquence directe du statut de l’anglais comme lingua franca. On peut apprécier de constater que, dans le monde anglophone, il y a une prise de conscience progressive du déséquilibre de la traduction, et du manque de diversité et d’ouverture que cela entraîne pour ce marché. Quant à savoir si cela va se convertir en actions, impossible de le dire ; autant donc réfléchir, nous-mêmes, à ce que nous pouvons faire, voire nous organiser. 

À la Convention Mondiale de SF de Londres de cette année, Loncon3 (comptes-rendus ici et ), nous avons discuté sur une table ronde intitulée « Translation-wish, Translation-obstacles » (voeux de traduction, obstacles de traduction), sous les auspices de l’Interstitial Arts Foundation, afin de réfléchir aux manières de franchir l’obstacle de la langue et d’apporter la littérature étrangère au marché anglophone.

Cet article ne cherche absolument à récapituler ce qui s’y s’est dit mais vise à compiler des pistes possibles sur le sujet. Je vais me limiter aux nouvelles ; leur longueur rend l’investissement en temps et en énergie plus raisonnable afin de franchir la barrière, et parce que cela paraît un bon moyen de se faire lentement remarquer afin de démarrer une carrière à l’étranger. Attention, cet article n’est que la partie émergée du débat : auguste lectorat, n’hésite pas (encore moins que d’habitude) à me contredire, à compléter, etc., afin que nous essayions d’explorer l’éventail des idées et de les rendre disponibles pour la communauté. Il faut aussi savoir que ce qui vend dans un pays ne vendra pas forcément dans un autre ; les cultures, les attentes, les marchés sont différents quant à la forme et aux thèmes. Cela étant dit, considérons que toutes choses sont égales par ailleurs.

Bon, voici donc les stratégies et les idées que j’ai vues, dont j’ai entendu parler ou pu imaginer jusqu’ici.

Stratégies de l’auteur solitaire

(Ce qui est un excellent titre, je pose une option dessus.)

Du moins cher au plus cher :

  • Écrire un bestseller. Obtenir l’achat des droits à l’étranger. Devenir riche et célèbre. Bon, ce n’est pas courant, alors nous allons nous concentrer sur la vaste majorité de cas où cela ne se produit pas…
  • Écrire en anglais. Avantages évidents : le récit est directement disponible dans la langue visée, mais il faut évidemment de sacrées compétences, et l’on peut éprouver une réticence à laisser sa langue maternelle derrière soi. D’autre part, si l’on a déjà une carrière établie, cela peut impliquer de réapprendre tout ou partie des réflexes, ce qui peut décourager.
  • S’autotraduire en anglais. Plus facile à dire qu’à faire. Même si l’on est un traducteur professionnel, on conserve un lien très personnel avec son récit, et il faut s’en affranchir pour réaliser une traduction efficace ; plonger intimement dans son travail, mais comme si c’était celui d’un autre.
  • Écrire ou se traduire grossièrement en anglais, puis embaucher un relecteur. On ne bénéfice pas d’un véritable travail éditorial, aussi cela ne concerne-t-il pas les débutants (et, honnêtement, je doute que ces stratégies leur soient vraiment destinées) mais un relecteur aidera à affiner le style, dans l’espoir d’une publication.
  • Embaucher un traducteur. Ce qui coûte de l’argent ; les bons traducteurs sont des pros et les pros ne bossent pas gratuitement. Il faut savoir qu’embaucher un traducteur peu compétent risque de faire plus de mal à son travail et à son nom qu’autre chose, alors prudence. D’autre part, pour un roman, ce sera probablement hors de portée de toutes les bourses.

Bien sûr, dans tous les cas, détenir une version anglaise de son travail n’en garantit pas la publication. Il faut toujours franchir les étapes habituelles de l’édition – voir la mise en garde ci-dessus : marchés différents, attentes différentes, circuits différents. Ce n’est pas parce qu’on est accueilli à bras ouverts sur son propre marché que cette habitude se « traduira » (huhu) sur un autre. Il convient d’être patient et humble ; en résumé, à redémarrer sa carrière de zéro, et à se rappeler les luttes de ses débuts, parce que c’est probablement ce à quoi il faut s’attendre.

Et si l’on amendait la clause de droits étrangers ?

Je songeais qu’il était peut-être possible de trouver un accord avec son éditeur régulier pour amender légèrement la clause des droits étrangers dans les contrats habituels. D’ordinaire, l’éditeur récupère les droits étrangers d’exploitation, car il représente les intérêts de l’auteur et son livre et s’efforce d’en obtenir une édition étrangère. Toutefois, la réalité est la suivante : à part la réalisation du bestseller ou avec un éditeur particulièrement motivé, cela se produit rarement, encore une fois à cause de la barrière de la langue. En conséquence, les droits étrangers restent acquis à l’éditeur d’origine, qui a beaucoup à faire, de livres à promouvoir, et une fois que le livre commence à avoir quelques années, qu’il a vécu sa vie en librairie, les chances de voir une traduction étrangère se réduisent quasiment à zéro, avec des droits qui restent verrouillés.

Il me semble que l’on peut trouver un accord très profitable en ajoutant un peu de flexibilité à cette clause, en permettant à l’auteur de lancer des initiatives de son côté si la situation s’enlise : 

  • Si l’éditeur vend la traduction, c’est la situation habituelle ; rien ne change. C’est aussi la situation idéale, parce que se lancer dans un tel projet seul prend du temps, et franchement, il vaut mieux que l’éditeur s’en charge : c’est son travail, il a les contacts, les habitudes, et il est le mieux armé pour cela. Toutefois, d’autres cas peuvent se présenter :
  • … si l’auteur peut se débrouiller pour obtenir une traduction, qu’il la remet à l’éditeur, qui trouve ensuite un éditeur étranger par son propre réseau, alors sa part est réduite, parce que l’auteur a fait (ou payé pour) une part du travail.
  • … si l’auteur obtient la traduction ET se débrouille pour la vendre lui-même à l’étranger (via un agent ou un éditeur), se représentant lui-même, alors la part éditeur est réduite encore.

C’est une situation « gagnant-gagnant » : tout le monde est content si l’oeuvre est traduite et publiée, l’éditeur comme l’auteur ; l’éditeur ne perd rien des droits étrangers selon le processus habituel ; mais si la situation s’enlise, l’auteur peut tenter de son côté. Il peut s’enliser lui aussi, bien sûr, mais il peut apporter des initiatives et des compétences différentes. L’idée étant de ne pas laisser les droits étrangers prendre la poussière si les choses ne progressent pas dans le circuit « classique ». (Je remercie les éditeurs avec qui nous avons échangé sur cette idée, lui permettant de prendre cette forme.)

Partenariats

L’idée évidente consiste à mutualiser les talents et à travailler ensemble. Là, on peut imaginer toutes sortes d’associations, et il serait inutile d’en faire une liste, mais citons par exemple:

  • Plusieurs auteurs anglophones, parlant plusieurs langues, proposent de traduire les oeuvres étrangères qui leur plaisent afin de rééquilibrer la balance. Cherchez-les, lisez-les.
  • Il existe des bourses de traduction et d’échanges culturels. En général difficiles à obtenir quand on travaille dans l’imaginaire puisque, comme nous le savons bien, ce n’est pas une littérature « sérieuse ». Mais cela se tente toujours.
  • On peut s’associer à un traducteur étranger et penser à une façon de diviser les bénéfices…
  • … ou s’échanger directement des traductions.

L’accord juste sera évidemment celui que les parties trouveront juste…

Mentionnons aussi quelques initiatives comme l’Interstitial Arts Foundation qui désire voir davantage de traductions vers l’anglais, les Science-Fiction & Fantasy Translation Awards et bien d’autres structures qui essaient d’appuyer l’idée de traductions depuis les langues étrangères. Je ne veux pas transformer cet article en inventaire fastidieux mais si vous avez une grande idée à partager, n’hésitez pas à le faire en commentaires !

Stratégies d’édition

(Ce qui n’est pas, en revanche, un bon titre.)

Il faut vraiment que cet article de K. Tempest Bradford (en anglais) circule au maximum. Elle propose une stratégie qui me semble très viable pour obtenir davantage de traductions en anglais. En gros, il s’agirait d’impliquer les étudiants en traduction qui terminent leur cursus et ont besoin d’une expérience professionnelle (stage, mémoire) pour valider leur diplôme. Ils liraient les anthologies et revues étrangères pour produire un résumé à l’attention des éditeurs et rédacteurs en chef qui établiraient un partenariat avec leur université. Ces éditeurs choisiraient les textes qu’ils souhaitent afin de publier une traduction complète du récit, réalisée bien entendu par l’étudiant. L’article de Bradford n’explique pas comment assurer la qualité du travail en question si l’éditeur ne parle pas la langue source, mais, pour avoir été tuteur de travaux similaires à la fac d’Angers, je peux mentionner que ces projets se réalisent toujours sous la supervision des professeurs d’université et de traducteurs professionnels. Ils vérifient le travail, exigent des corrections, et c’est la qualité finale de la traduction qui dicte en grande partie si l’étudiant valide son année ou pas. Donc, c’est implicite, mais pris en compte.

Ainsi, l’éditeur obtient une nouvelle étrangère intéressante avec une traduction de qualité ; l’étudiant a une expérience professionnelle ; l’auteur se fait traduire. Tout le monde y gagne. 

Pour conclure

Cela fait beaucoup d’idées et de stratégies, dont la plupart semblent solides, mais cet article ne vise absolument pas à l’exhaustivité ; au contraire, il ne deviendra meilleur qu’avec vos contributions en commentaires, si vous souhaitez corriger, rectifier, ou ajouter vos idées. N’hésitez pas à partager ! 

2023-03-04T01:19:25+01:00jeudi 28 août 2014|Best Of, Le monde du livre|18 Commentaires

Some thoughts on how to increase translation in English

(Note to my usual French readers : Auguste lectorat, ceci est la version anglaise d’un article dont la version française paraîtra demain. Merci de ne débattre qu’en anglais en commentaires, le débat français aura lieu dans l’article de demain ; je supprimerai tout commentaire francophone par souci de clarté. Merci de ta compréhension, tu es formidable.)

lolcat_translationThere is an increasing awareness in the English-speaking world that the translation scales are heavily tipped on one side: the English-speaking world is being hugely translated around the world while it translates very little. That is the consequence of English being a lingua franca, of course. One could say it is very advantageous for those speakers, but what happens is that the English-speaking market is increasingly deprived of great works, of different, original visions coming from different parts of the world. Conversely, foreign speakers – and writers, because that is what I will be talking about – encounter tremendous difficulties in getting their work known beyond their own borders. The key for that is often English, as it is widely read in just about every country, and especially by just about every publisher, who might not otherwise know your mother tongue. At Loncon3, this year’s Worldcon in London, we had a panel called « Translation-wish, Translation-obstacles », under the tutelage of the Interstitial Arts Foundation, about how to best overcome that obstacle and bring foreign creative literature to the English-speaking market.

A few words about me, so that you may know who’s talking: my name is Lionel Davoust, I have worked in the French SF&F field for close to fifteen years. I am a fantasy and thriller writer (six books out, 30-something short stories) and translator from English to French (for instance, you might have heard of the Science of Discworld series based on the genius work of Terry Pratchett – I translate the scientific parts, teaming up with Pratchett’s regular Discworld translator). I also teach a few classes in the literary translation curriculum of the Angers university, give creative writing workshops and masterclasses, and I sometimes edit fantasy magazines and anthologies. Also, I am an avid geek, used to be a marine biologist, remain a marine biology research volunteer, and could live on salami and chocolate alone. You can read me in English in the Interfictions 2 anthology, where I have an award-winning story translated called « L’île close ».

So, this article does not by all means intend to recap what was said at the Loncon panel, but to try and compile possible leads concerning the issue at hand: getting foreign stuff translated into English. I will focus on short stories, because the length makes it easier to invest time and effort in order to cross the great language divide, and because it seems to be a better way to get slowly noticed and start a foreign (or English-speaking) career. By all means, this post is just the beginning of the discussion. People, do not hesitate to contradict me, make additions, whatever, so as to try and compile all great ideas for the whole fandom to have available. Also, please be aware that what sells in a country does not necessarily sell in another one. Different markets, different cultures, different readerships have different expectations concerning form and themes. That said, let us consider, for the sake of the argument, that all things are otherwise equal.

So. Here are the strategies and ideas I have heard about, seen or come up with so far.

Lone writer’s strategies

… from the cheapest to the most expensive.

  • Write a bestseller. Have a translation published. Profit. Obviously, this is rarely happening, so we will focus on the vast majority of cases where this does not actually happen…
  • Write in English. Of course, this means instant availability in the foreign language of choice, but obviously you need some serious skills, and you might feel some qualms at leaving your mother tongue behind. If you have an already established career, you might have to re-learn lots of your craft and that can seem daunting.
  • Translate yourself in English. That is much easier said than done. Even for a professional translator, you have a some personal bond with your story you might not easily leave behind, but you need to if you want to craft an efficient translation, delving deep in the meaning as if it was someone else’s work.
  • Roughly write or translate in English, then hire a copyeditor. You will not really have any creative input on your work, so this is not for a beginner writer (and frankly, probably none of those strategies are) but the copyeditor will help you streamline the style, making it hopefully suitable for publication.
  • Hire a translator. That costs money: good translators are pros and pros do not work for free. Be aware that hiring a subpar translator will probably hurt your work more than anything, so proceed with utmost caution. Also, for a novel-length work, this will probably cost way too much.

Of course, in any case, having your English version or work in your hands does not guarantee publication at all. You still have to go through all the hoops of regular publishing – see the caveat above : different markets, different expectations, and different professional habits. Being welcomed with open arms in your native market does not at all mean this will « translate » (heh) elsewhere. Be patient, humble – to sum it up, be ready to start your career anew, and remember the struggles of your own beginnings because that is, most likely, where you are headed.

Amending the foreign rights clause?

One strategy I have been thinking of is to come to an agreement with your regular publisher in order to amend your foreign rights clause in your contracts. It goes like this : usually, a writer signs off his foreign rights to the publisher, who will represent his interests and try to publish his work in translation. However, barring the bestseller situation or a very motivated publisher, this is rarely happening, because of the very barrier of language. What happens thus is that the rights remain with the publisher, who has many books to manage, while not a lot happens on the foreign rights front, and the writer cannot do anything about it, because the rights are locked and the book’s shelf life has passed and so have the main chances at a big hit.

A very workable agreement seems to add some provisional clauses allowing for some leeway and initiative on the writer’s part to work on a self-translation projects if the need arises :

  • If the publisher sells the translation, that is business as usual ; nothing changes. That is the ideal situation – because undertaking self-translation is time-consuming, and really, the writer wants to let the publisher handle it – that is his job and he is better armed to deal with it. But then, other cases can arise:
  • … if you can work on obtaining a translation, and then hand it over to the publisher, who then finds a foreign publisher through their own agents, then their share can be reduced, because you have done (or paid for) part of the work.
  • … if you can work on obtaining a translation AND you sell it to a foreign market (agents or publishers directly) yourself, representing yourself, then their share is even more reduced.

This is a « win-win » situation : everybody wins if the work gets translated and published, publisher and writer ; the publisher still keeps all foreign rights to sell the classical way ; but if this fails, you can try as well. You can fail too, of course, but you bring a different set of skills that can be put to use. The idea being to not let foreign rights sit unused if things are not moving on that front. (I thank publishers with whom I have bounced this idea back and forth for it to take shape thus.)

Partnerships

No fish is an island, right? What seems obvious is to join forces to try and work together. Any number of partnerships can be imagined, but for instance :

  • Several English-speaking writers with wide language skills are offering to translate foreign works they like in order to correct the translation imbalance. (Read their work, look them up on the web.)
  • There are grants for translations and cultural exchanges, but they are generally hard to get when you work in the SF&F field because, as we well know, it is not deemed « serious » literature. Still, can be worth a shot.
  • One can partner with a foreign translator and think of dividing sales…
  • … or exchange translations altogether.

This basically concerns the parties involved and what they will deem fair.

Let’s also mention some initiatives such as the Interstitial Arts Foundation’s wish to give more exposure to translation towards English, the Science-Fiction & Fantasy Translation Awards and many more structures that try to signal-boost the idea of translation of foreign material. I do not want to turn that article into an inventory but if you have a great idea to share, by all means, please mention it in the comments!

Publishing strategies

This article by K. Tempest Bradford really needs to get as much exposure as it can. It outlines a very viable strategy (to my eyes) so as to get more translations in English language. It basically involves students in translation who need work experience to get their degrees. They would read foreign market anthologies and magazines and produce a digest for editors who would partner with their university. Those editors could then choose what they like and then think of publishing a full-blown translation of the story, made by the student. What Bradford’s article does not mention is how to vouch for the quality of the translation if the editor does not speak the source language ; but I can say, having tutored comparable works in the Angers university, that such endeavors are always done under the supervision of university professors and professional translators. They are checking the translation, asking for rewrites on part of the student; and the final quality of the work dictates if they get their degree or not. So this aspect is covered as well.

So the publisher gets a foreign, interesting story with a quality translation; the student gets professional experience; the writer gets translated. Everyone wins.

In conclusion

That is a lot of ideas and strategies, most of which seem sound, but this article is certainly not intended as a comprehensive summary, on the contrary. It will only become better with your contributions in the comments, if you want to correct, rectify, or add to the pool. Feel free to share your input, and thanks for reading !

2023-03-04T01:20:27+01:00mercredi 27 août 2014|Best Of, Le monde du livre|8 Commentaires

La photo de la semaine : pêcheurs à Tarrafal

Fishermen in Tarrafal

Cliquez pour agrandir

C’est au Cap Vert, sur l’île de Santiago. Tarrafal est un petit village où se trouve notamment un somptueux restaurant local de poissons donnant sur la mer, et dont l’on n’a pas besoin de se demander la provenance des marchandises. En périphérie s’étend un curieux no man’s land immobilier où des allées arborées ne conduisent nulle part, où des complexes résidentiels inachevés se dressent, leurs murs de béton nu surgissant des broussailles, avec, de temps à autre, un villa terminée et habitée. Symptôme de la crise ? Projet avorté ? Financement retirés ? Ce qui est certain, c’est que le Cap Vert limite au maximum l’implantation des entreprises touristiques étrangères, qui n’apportent en général que des ennuis : dégradation de l’environnement, pollution, ordures, drogue et prostitution, sans réelle contrepartie économique, préférant inciter sa population à prendre ces activités en main.

2014-08-22T10:01:28+02:00mardi 26 août 2014|Photo|5 Commentaires

La photo de la semaine : l’ombre sur la plage

Pris à La Réunion, un peu par hasard, avec des réglages inadaptés – mais parfois, on a justement un coup de chance.

Shadow on the beach

Cliquez pour agrandir

2014-08-21T14:16:57+02:00vendredi 22 août 2014|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : l’ombre sur la plage

La Route de la Conquête est sorti !

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Et voilà : 21 août, La Route de la Conquête est arrivé dans les rayons, est commandable par votre libraire. Au programme, 350 pages de fantasy, d’action, de dilemmes éthiques et de d’aventure, où un empire détenteur de machines à vapeur magiques s’est mis en tête de conquérir le monde d’Évanégyre pour le protéger des erreurs du passé… et en commet bien d’autres.

Retrouvez les divers annonces conduisant à la publication du livre, avec divers bonus et informations :

Je serai en dédicace le 6 septembre à la librairie Critic, rue Hoche à Rennes. Et il se pourrait qu’il y ait une petite surprise pour l’occasion sur place.

L’ouvrage a été livré chez les éditions Critic, les précommandes ont été signées et sont en cours d’acheminement.

Envie de commander ? Rendez-vous par ici !

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2014-08-20T12:21:40+02:00jeudi 21 août 2014|À ne pas manquer|14 Commentaires

Humide si mouillé

Aaaah, panneaux de sécurité dans les pays anglo-américains, mes amours contrariées, destinées plus à la protection juridique qu’à la protection des personnes.

Or doncques :

slippery_1

D’accord. Okay. Oui, c’est, heu, c’est vrai.

… mais, attends, recule :

slippery_2

ATTENTION LA DOUCHE PEUT PROJETER DE L’EAU QUI FINIRA SOUS TES PIEDS SI ELLE VIENT SUR TA TÊTE.

Newton approuve.

Difficile de ne pas penser à ce grand classique.

2014-08-19T11:42:16+02:00mercredi 20 août 2014|Expériences en temps réel|5 Commentaires

Worldcon 2014 Londres : jours 2, 3, 4

Le week-end se termine déjà, auguste lectorat, et quand tu liras ces mots, je serai déjà en train de me préparer à retraverser la Manche. Je risquerais grandement les redites par rapport à vendredi, aussi n’entrerai-je pas dans le détail ; il me suffira de dire pêle-mêle…

… qu’il existe un genre littéraire appelé lablit, où la découverte scientifique et la vie des chercheurs forment le coeur de l’intrigue ; au même titre qu’il existe des romans sur le milieu médical, ou les avocats.

… qu’on peut steampunker l’objet de son choix lors d’ateliers plutôt réservés aux enfants. Mais que les adultes sont admis. Et je ne l’ai appris qu’après coup.

… qu’une Worldcon, c’est un bon endroit pour discuter tranquillement avec les camarades de France. Parce que se voir en France, c’est trop facile.

… et c’est aussi celle de discuter avec tous les camarades d’ailleurs. Parce que se voir en France, c’est trop difficile.

… « Il me semble que faire appel à une catastrophe [dans les récits scientifiques] est trop facile. C’est comme un roman policier dont on ignore le meurtrier à la fin. » – Gregory Benford.

… que la Worldcon, c’est probablement le seul endroit où l’on peut entendre à la fois parler de littérature, et aussi de jeu vidéo sous l’aspect technique de la création et du financement, de musique de jeu comme une vraie forme artistique, de synthèse sonore et de musique électronique sous l’angle des liens avec la SF, des thèmes philosophiques et environnementaux abordés dans les anime de robots géants, de littératures de l’imaginaire arabes, et j’en passe beaucoup, beaucoup beaucoup.

… je proposerai dans quelques jours quelques idées sur notre débat de vendredi concernant la traduction de l’imaginaire étranger vers l’anglais.

Quelques photos (pourries, prises au portable) valent mieux qu’un long discours !

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2014-08-18T01:19:37+02:00lundi 18 août 2014|Carnets de voyage|13 Commentaires

Worldcon 2014 Londres : jour 1

Bon ! Tu te rappelles, auguste lectorat, que les chroniques d’événements ne sont pas mon truc ? Hein ?

Cela étant dit, je m’y risque quand même. Je l’avais fait en 2009 pour celle de Montréal, et une convention mondiale, c’est un événement très particulier.

Une Worldcon est avant tout une institution de longue date (c’est la 72ème cette année) qui porte en elle toute l’histoire du genre – presque un siècle d’imaginaire. Les géants d’hier (et d’aujourd’hui) ont participé aux Worldcons, les Asimov, Vance, Sturgeon, et c’est peut-être l’impression la plus marquante que l’on a quand on y met les pieds : un mélange de révérence pour l’imaginaire, la conscience étrangement aiguë – plus qu’ailleurs – de poursuivre humblement une longue chaîne d’histoire, et la célébration la plus joyeuse et la plus geek qu’on puisse imaginer sur le sujet. Une Worldcon, c’est une célébration et une déclaration d’amour au genre, dans toute son identité, du merchandising le plus kitsch aux livres les plus beaux, des T-shirts les plus surréalistes aux cosplays les plus réussis, c’est l’endroit où l’on peut comparer la puissance de feu d’un destroyer stellaire à celle de l’Enterprise avec le plus grand sérieux, où l’on trouve des sujets de débats archi-pointus qui feraient frémir d’angoisse tout organisateur de festival normalement constitué, c’est le « peuple de la SF » – pour reprendre l’expression de notre regretté camarade Roland C.  Wagner – dans tout ce qu’il a de barbes mal taillées et de robes à dentelles, de rêve et de réflexion, d’improbable, de touchant et de beau.

Là, c'est la queue pour retirer son accréditation. Si mon réveil avait sonné à l'heure, je n'aurais peut-etre pas du attendre une heure.

Là, c’est la queue pour retirer son accréditation. Si mon réveil avait sonné comme prévu, je n’aurais peut-être pas dû attendre une heure.

Car une Worldcon ne fonctionne pas sur le principe d’un festival classique tels qu’on les connaît en France : fondée principalement sur les inscriptions à l’avance, par définition, elle n’attire que les vrais fans d’imaginaire et ne s’adresse qu’à eux. Ce qui permet des débats et des activités qui font rêver tout passionné : des tables rondes pointues sur les langages fictifs ou le réalisme des armes médiévales ; des séries de conférences sur la biologie spéculative ; la place du jeu vidéo dans l’imaginaire ; des activités pour les enfants qui apprennent à construire un TARDIS. Le programme est bourré au dernier degré : à chaque heure, il se passe bien une quinzaine de choses en parallèle, mais c’est suffisamment bien conçu pour ne pas se marcher sur les pieds.

Le "fan village" et au-dessus, les boutiques.

Le « fan village » et au-dessus, les boutiques.

Une Worldcon a ses traditions, ses usages, qu’on découvre peu à peu ; celle de Montréal m’y avait déjà un peu formé. Le « fan village » présente quantité d’activités associatives, en particulier les villes candidates pour les années à venir – principalement Américaines, mais il y a Helsinki avec une forte proposition en 2017, Dublin en 2019, la Nouvelle-Zélande en 2020 et même Paris en 2023. Au-dessus, les boutiques et stands d’éditeurs donnent envie d’hypothéquer sa maison et son chien pour acheter bijoux artisanaux, T-shirts improbables ou bien belles éditions de classiques.

Les boutiques, temple de la tentation.

Les boutiques, temple de la tentation.

Evidemment, on n’est pas là que pour donner des sous à la filière, il y aussi quantité de choses à voir et pour ma part, cette année, j’ai décidé de m’octroyer un luxe particulier : clairement, je fais mon gros touriste. Je vais voir des trucs improbables, ou que j’ai toujours voulu approfondir sans m’en donner le temps. Bien sûr, cela entraîne des échecs rigolos comme cette discussion que je pensais prévue autour de l’imaginaire comme aide au développement personnel (j’espérais entendre des histoires de thérapie réussies, pour fourbir mes armes contre ceux qui dénigrent la littérature de genre) et était en réalité une session d’anecdotes échangées avec la salle sur le fandom de l’imaginaire comme aide au développement personnel (sujet intéressant aussi, mais pas du tout ce que je venais voir – ça m’apprendra à lire trop vite). Une session sur les réfugiés en SF et dans le monde réel a fait progresser mes réflexions sur le sujet (difficile d’écrire sur des guerres, même fictives, sans y songer beaucoup). Egalement des échanges sur le sujet du langage, de la cryptozoologie, de la biologie fictive…

Zoologie spéculative

En débattant de zoologie spéculative.

Et bien sûr, il y a le plaisir de retrouver les amis de la délégation française (un record, 200 personnes cette année !) : blogueurs, éditeurs, camarades traducteurs et auteurs, attrapés au vol, comme toujours. Au total, j’ai entendu le chiffre de 6000 inscrits à LonCon – une grande fraternité de l’imaginaire où G.R.R. Martin paye son badge comme son lecteur dévoué, tous rassemblés avec le même bagage culturel, la même passion, où l’on peut, à l’échelle de l’échantillon mondial ainsi représenté, rêver collectivement à d’autres mondes de magie, de technologie ou d’inexplicable, avec ce mélange de profond sérieux et de jeu débridé que seul l’imaginaire propose.

(Pour mémoire, je suis ce soir en débat à la Worldcon à 20h sur le thème de la traduction de l’imaginaire étranger en anglais, ses défis, sa réalisation et ses obstacles. Venez nombreux, que l’on montre au monde que nos voix comptent aussi !)

2014-08-18T01:09:00+02:00vendredi 15 août 2014|Carnets de voyage|6 Commentaires

Jeudi teasing : la première chronique de La Route de la Conquête + un extrait

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Plus qu’une semaine ! La Route de la Conquête sort jeudi prochain, le 21 août, dans toutes les bonnes librairies. Il est encore temps de précommander et de recevoir votre exemplaire dédicacé : jusqu’au 18 août, en passant par la librairie Critic, sur cette page.

Le site d’actualités et de référence sur la fantasy Elbakin.net en propose déjà une critique en avant-première :

8/10. Pêle-mêle, on peut citer parmi les problématiques au menu : vainqueurs et vaincus, choc des cultures, traditions et pseudo-modernité, sans parler de savoir si la fin justifie (tous) les moyens, ou du moins de tenter de faire un choix en laissant l’histoire nous juger… Tout cela se retrouve traduit ici sans que l’auteur ait besoin de se montrer pontifiant ou de faire souffrir le rythme de son récit. […] Avec un soin évident et un vrai souci du détail sans jamais en faire trop, l’auteur nous entraîne à la suite de Korvosa et des autres dans un monde dont les échos nous touchent et se révèlent à même de nous faire réfléchir, sans pour autant que le décor ne soit qu’un décor, au contraire.
Une belle confirmation !

Merci à Elbakin et à Gillossen, auteur de la chronique, pour cet article à découvrir en entier ici (chronique garantie sans spoilers).

Et pour le plaisir, un petit extrait de « Le Guerrier au bord de la glace » (qui fait partie des inédits du livre), que j’avais passé sur Facebook. Que dire de ce texte et du monde d’Évanégyre à cette époque ?

Robots géants. Fusils laser. Combats aériens. Dragons. 

Cent mètres plus loin, Branth a réussi à contrôler suffisamment sa chute, lui aussi, et s’ébroue furieusement en poussant des hurlements de colère qui soulèvent des grêles de cailloux et font vibrer les plaques de mon blindage. Il a délogé deux adversaires, qui se tiennent à présent devant lui. Le premier a dégainé son tranchoir et protège son camarade qui se relève péniblement – le pilote est sonné, ou bien le contrôle moteur a subi une avarie, voire les deux. Le dragon se secoue avec rage tandis que les deux autres mekanas restent accrochées à son dos. Malgré les embardées de la créature formidable, l’une d’elles tire laborieusement son propre tranchoir, prête à l’enfoncer entre les omoplates du seigneur Branth.

Je m’élance à pleine vitesse vers les deux Chartistes qui se tiennent devant lui. Mes ailes s’orientent tandis que ma course s’accélère, et je sens les lames captatrices vibrer à mesure qu’elles absorbent de plus en plus d’énergie à la faveur de mon élan. Ma foulée s’allonge, les réacteurs prennent le relais.

Pas le temps de dégainer ma propre épée. Je lève le poing, griffes toujours sorties, et assène un coup cataclysmique, porté par ma propulsion, à l’insurgé qui se tenait en garde. Le choc de nos deux colosses d’acier tonne sur les plateaux comme le heurt de deux massues maniées par des dieux. Nous partons en vol plané et percutons lourdement la roche dans un crissement de métal torturé. Son bras droit ne lâche pas le tranchoir mais se tord en arrière dans une position anormale, et j’entends claquer les servomoteurs d’articulation.

Nous nous arrêtons dans une pluie de pierres et de poussière. Sans lui laisser le temps de réagir, à califourchon sur son dos, j’empoigne les lames délicates qui composent la voilure de ses ailes et tire de toute la force de mes propres moteurs jusqu’à les arracher.

Branth rugit. Il s’est cabré, prend une profonde inspiration. Il va souffler.

À dans une semaine pour la sortie du livre !

2014-08-13T09:59:49+02:00jeudi 14 août 2014|À ne pas manquer|2 Commentaires

La photo de la semaine : la maison de Bilbo

Comme je pars sous peu à Londres pour la Convention Mondiale de Science-Fiction, la photo de la semaine me paraît devoir être de circonstance :

Bilbo's House

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En Nouvelle-Zélande, on peut visiter Hobbiton, qui a servi de décor pour filmer les trilogies du Seigneur des Anneaux et du Hobbit. L’atmosphère est magique, il ne faut absolument pas rater ce site, qu’on soit un fan de Tolkien ou non. (Ce que je ne suis pas, et pourtant, j’ai été totalement charmé – et ce n’est pas tous les jours qu’on peut arpenter en grandeur nature les allées d’une pierre fondatrice du genre qu’on aime et dans lequel on oeuvre modestement.)

2014-08-12T12:18:45+02:00mercredi 13 août 2014|Photo|Commentaires fermés sur La photo de la semaine : la maison de Bilbo
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