Une boule de cristal pour lire l’avenir du livre, (1) : le prix de l’intangible

Oyez, oyez, braves gens. (Ça marche mieux que ois, ois, auguste lectorat.) Oyez mes aventures fantastiques, car en vérité je vous le dis : je suis passé de l’autre côté du miroir. J’ai vu l’avenir du futur, et j’ai la réponse à toutes les questions que vous vous posez. Que deviendra le marché du livre ? J’ai mis un pied dans les terres qui s’étendent par-delà le présent, et je le sais.

Car il existe, auguste lectorat, brave gen, une réalité qui coexiste avec la nôtre, dont le développement fulgurant allié à une maîtrise technologique nécessaire nous révèle Ce Qui Sera. Ce domaine, c’est le jeu vidéo. Je la côtoie un peu de l’intérieur, et il est fascinant de constater combien il constitue, oui, tout à fait, une boule de cristal nous montrant ce qui peut se passer quand une industrie culturelle expérimente avec toutes les techniques de diffusion, distribution et expression sans grande régulation. Il est toujours périlleux de comparer les pommes et les oranges, c’est juste, mais si l’on s’interroge sur le sort des fruits, ça n’est pas complètement dénué de sens. Et l’industrie du jeu vidéo a moult leçons pour nous, tenants du prestigieux et antique domaine du mot écrit, héritage de Joe Gutenberg.

Ainsi, quelles sont les tendances qui se brossent dans le jeu vidéo qui ressemblent curieusement à une prédiction de l’avenir littéraire ? 

Plusieurs articles dans une série de longueur variable, pour mieux découper les choses et traiter des sujets convenablement un à un (ou deux à deux si le périmètre est plus réduit). Aujourd’hui, I give you…

Les soldes à outrance entraînent un vrai problème de perception des prix

C’est probablement le problème principal et, pour moi, le plus inquiétant. Que ce soit dans le jeu vidéo ou même dans celui des applications mobiles, la course à la baisse des tarifs a formé les utilisateurs à considérer qu’un produit dématérialisé valait une poignée d’euros. Dans le domaine du jeu, les soldes régulières et les bundles ont créé une véritable culture de l’accumulation à vil prix, au point que rares sont les jeux qui peuvent encore se vendre durablement à plusieurs dizaines d’euros. Car les joueurs sont nombreux à empiler des jeux récupérés pour trois fois rien auxquels ils n’ont pas le temps de jouer, donc pourquoi acheter une nouveauté au prix fort ?

Cette course à la ruine entraîne une conséquence délétère pour le marché et l’industrie : la dévaluation du produit aux yeux du public. Un livre ou jeu vidéo prend du temps et de l’argent à être conçu, produit, diffusé – mais c’est invisible. Les soldes à outrance brouillent la réelle valeur de ces produits qui sont, en plus, dématérialisés, ce qui rend d’autant plus difficile l’estimation de leur valeur réelle. Pourquoi paierais-je au prix fort un produit qui sera à -50% (ou encore moins) dans six mois ? Baladez-vous sur n’importe quel forum de Steam et frémissez du nombre de plaintes de joueurs qui trouvent que “10$, c’est trop cher” (pour un jeu qui peut proposer des dizaines d’heures de divertissement, sur une machine qui a coûté un millier desdits dollars, à la louche – pour une machine de joueur). À force de se dévaluer systématiquement pour réaliser des ventes à court terme et recevoir un influx de cash, l’industrie du jeu s’est tiré une balle dans le pied ; c’est pourquoi de plus en plus de titres se sont tournés vers le free to play, les achats in-app (loot boxes, etc.) et que les applications de productivité se tournent vers l’abonnement – parce que l’achat ne suffit plus.

Les soldes monstres (plus de -50%) s’effectuent aussi, à présent, dans le domaine du livre électronique et je crains de voir le même motif se reproduire. Pour beaucoup de lecteurs, une nouveauté en numérique à plus de 10 euros reste une abomination, parce qu’il n’y a pas d’objet physique et que d’autres sont vendus à 1 euro – dès lors, comment justifier cette différence de prix ?

Le jeu vidéo souffre d’un gros problème d’affectation de sa valeur, et je vois le livre le suivre. 

C’est un problème pour deux raisons :

Déjà, il y a bien sûr la viabilité économique des acteurs ; comment faire vivre auteurs, éditeurs, libraires dans un domaine où les marges se compriment de plus en plus ? Et tous ces acteurs sont nécessaires ; l’éditeur prend en charge risque économique, fabrication, promotion, retravail du texte (voir l’épisode idoine de Procrastination) etc. ; le libraire connaît son public et sait promouvoir une œuvre auprès de ceux qu’elle peut intéresser, l’aidant à trouver son public et à vivre, etc. Il est difficile de justifier la vente d’une nouveauté en livre électronique à 10, 12, 15 euros – et pourtant, c’est fréquemment le prix nécessaire. 

Et au-delà, c’est la diversité culturelle qui est en jeu. Mécaniquement, dans une diffusion de masse, c’est le plus gros vendeur qui survit ; le plus gros vendeur est fréquemment le choix le moins risqué (faut-il brandir Hollywood comme exemple ?) et celui qui dispose du plus gros budget de communication. C’est celui qui peut s’en sortir avec les soldes, dont le chiffre d’affaires sera suffisant pour surnager avec la masse ; mais le jeu indépendant souffre énormément de ces pratiques (une des causes possibles du phénomène nommé Indiepocalypse). Les littératures de l’imaginaire avec leur réseau d’éditeurs et de librairies indépendants ont elles aussi beaucoup à perdre dans cette course au moins cher, et au final, les lecteurs aussi – car, plus encore dans le domaine des genres un peu expérimentaux que sont SF, fantasy et fantastique, c’est dans la prise de risque que se trouve la vivacité, et donc l’intérêt du marché. Un marché qui ne permet qu’aux grands vendeurs de vivre, c’est la mort de la créativité, de la prise de risque, et donc de l’intérêt. 

[…] je suis inquiète de la politique d’Amazon quant à l’affichage des livres qui tend à favoriser le prix le plus bas du marché. Je note auprès de cette enseigne un affaiblissement de nos ventes ; or c’est un canal de vente non-négligeable, compte tenu du public technophile des littératures de l’imaginaire. – Mireille Rivalland (L’Atalante), sur Elbakin.net

2018-02-27T09:23:15+01:00mardi 27 février 2018|Le monde du livre|12 Commentaires

Le Verrou du Fleuve est arrivé chez Critic !

Couv. Alain Brion

Dans un tweet que l’humilité m’interdit de reproduire (mais qui m’emplit de joie et de fierté – je suis heureux qu’Évanégyre et « Les Dieux sauvages » aient leur foyer dans une si belle maison !), les éditions Critic annoncent que les exemplaires de Le Verrou du Fleuve (la suite de La Messagère du Ciel) sont arrivés à la librairie.

On s’approche donc ! La sortie en rayons est prévue pour le 15 mars (simultanément en version papier et électronique). Pour fêter ça et présenter le livre, je serai à Rue des Livres à Rennes ainsi qu’au Salon du Livre de Paris (plus d’infos, comme toujours, sur l’agenda).

J’ai vraiment hâte de pouvoir le partager… et d’avancer sur le 3, La Fureur de la Terre, qui sortira début 2019 ! Merci de votre fidélité !

2018-03-05T04:17:56+01:00lundi 26 février 2018|À ne pas manquer|10 Commentaires

Une rencontre avec Simon Pinel, responsable éditorial des éditions Critic

À l’occasion du prix littéraire des booktubeurs, le blog Les Lectures de Sophie propose un bel entretien fouillé avec Simon Pinel, responsable éditorial des éditions Critic : il revient sur l’histoire de la maison, sa ligne directrice, ses liens avec la librairie et parle un peu de la publication d’Évanégyre au sein du catalogue.

Que vous apporte le fait d’être libraire/éditeur ?

Cela nous permet déjà de voir ce qui se vend ! Chez nous, mais aussi et surtout chez la concurrence. On voit ce qui permet à un titre de sortir du lot, de par les ventes, mais aussi grâce au retour des clients. On a toujours des doutes quand on est éditeur. La librairie nous permet d’avoir quelques certitudes. Nous n’hésitons pas à solliciter l’avis de nos clients. Par exemple, on hésitait entre deux visuels pour la couverture de l’intégrale de Dominium Mundi, du coup on a fait un sondage en librairie auprès de nos clients.

C’est à lire ici.

2018-02-20T06:09:25+01:00mercredi 21 février 2018|Dernières nouvelles|1 Commentaire

Faire un site, faire un blog, réponse : WordPress (la boîte à outils de l’écrivain, mais pas que)

Autre question que je vois tout le temps passer, qu’on me pose de loin en loin, que je vois agiter les réseaux sociaux comme la grand-mère du pote de mon oncle qui veut poster ses récits de vacances à Malibu : quel outil utilisé-je, que diantre, pour construire mon propre petit coin de paradis sur Internet ? 

Tu veux faire un blog pour raconter ton semestre d’études à l’étranger à tes copains et ta famille ? WordPress.

Tu es prof et tu veux mettre en ligne des récits collaboratifs autour de projets scolaires avec tes élèves ? WordPress.

Tu veux construire un portfolio photo pour montrer un peu ton travail sur les natures mortes à travers trente clichés de pneus ? WordPress.

Tu as une petite (ou grosse) entreprise et tu veux établir un site un peu chiadé qui puisse même faire de la vente en ligne ? WordPress.

Tu es auteur et tu veux construire ton point d’eau pour garder contact avec tes lecteurs et parler de tes livres ? (Toute ressemblance avec des personnages ayant existé serait purement fortuite.) WordPress.

Ce qu’est WordPress

WordPress est né à la base comme un moteur de création de blogs, mais au fil du temps, il est devenu bien, bien plus, au point que l’outil fait aujourd’hui tourner plus du quart du web mondial (en toute simplicité).  Il est devenu ce que l’on appelle aujourd’hui un CMS, Content Management System, système de gestion de contenu. En gros, c’est un atelier de publication pour le web ; un moteur pour faire tourner des sites. L’intérêt, c’est qu’un CMS propose un canevas de publication qui évite d’avoir à taper la moindre ligne de code. On gagne donc beaucoup en efficacité, en convivialité, donc en simplicité et en rapidité.

Un CMS fonctionne selon un principe très simple : c’est un site web dynamique dont les pages sont construites à la volée selon un ensemble de personnalisations extrêmement poussées. En clair, ça veut dire que :

  • Le contenu (articles, photos…) est stocké dans une base de données en ligne sur le serveur web. Cette base dit en substance : ceci est le texte de l’article de mercredi dernier, ceci est les photos qui vont avec, tout ça de manière « brute ».
  • Quand l’utilisateur vient sur le site et requiert une page web (je veux voir l’article de mercredi dernier), le logiciel (WordPress, donc) construit la page à la volée, de manière transparente, en allant piocher les bons morceaux où il faut dans la base de données (voilà le texte, voilà les images, elles vont, ici, là et là), compose l’ensemble et le fournit au visiteur avec un délai d’attente minimal.

Donc, dans un CMS, et dans WordPress en particulier, le contenu est entièrement séparé de l’apparence du contenu (de la mise en page). En quoi c’est intéressant ? Trois intérêts principaux :

  • Une fois que l’on a décidé de l’apparence de son site, il suffit de rentrer simplement le contenu qui va aux bons endroits sans se taper toute la mise en page (et donc le code qui irait avec). C’est donc très simple d’emploi.
  • Faire évoluer un site au fil des besoins est très facile ; on peut bouger les cases, en rajouter d’autres (c’est de cette manière que le présent site, arrivé à sa version 7, propose toujours des entrées de blog âgées de dix ans)
  • WordPress étant bien pensé, il est extrêmement flexible et extensible à l’infini, à l’aide de plug-ins allant du très simple (intégrer un bouton allant vers sa page Facebook) au très complexe (proposer tout une boutique en ligne avec système de commande, de gestion de stocks et de facturation1). Dans les faits, on peut tout faire avec WordPress, un site ultra-simple comme une plate-forme professionnelle puissante avec espace client privé – tout dépend du temps qu’on y investit et de la quantité de modules supplémentaires qu’on lui rajoute.
Le présent site aux alentours de 2010 – déjà du WordPress.

OK, mais pourquoi utiliser WordPress ?

Parce que c’est celui que j’utilise et que c’est moi qui rédige ce site, donc j’ai raison.

Okayyyy plus sérieusement. Il existe pas mal de concurrents : Drupal, Joomla, Spip et autres, mais il se trouve que WordPress est le plus populaire et donc, les chances de trouver un module ou un thème qui correspondent à vos envies sont plus importantes. D’autre part, WordPress est très, très utilisé, ce qui veut dire une forte communauté, donc de meilleures chances de se faire dépanner. Et WordPress est open source : même si toute l’équipe responsable devait laisser tomber le projet d’un coup, il est très improbable que ses utilisateurs se retrouvent abandonnés le bec dans l’eau.

Enfin, WordPress a très bien réfléchi son écosystème, le rendant accessible aux clients les plus occasionnels comme aux professionnels ayant de lourds besoins – j’y reviendrai.

D’accord, comment on fait un site avec WordPress ?

Rappelons-nous la distinction, plus haut, entre contenu et apparence. Dans les faits, « faire un site WordPress », ça ne veut pas dire mettre le contenu dedans (encore que c’est évidemment important), ça signifie commencer par expliquer à WordPress où il doit mettre les trucs et selon quelle forme.

Ça veut donc dire réfléchir à ce qu’on veut faire avec son site au lieu de commencer à bricoler direct. On peut, mais l’expérience prouve que c’est une façon idéale de tourner en rond en perdant son temps. Toute ma vie, mes profs d’informatique m’ont ordonné de lâcher le clavier et de réfléchir d’abord avec un papier et un crayon avant d’agir sur la machine, alors si c’est bon quand on programme, ça l’est d’autant plus quand on n’est pas très à l’aise avec les outils informatiques.

En termes techniques, dans WordPress, il y a :

  • La base (de données), qui contient tout le… contenu (textes, photos…)
  • Le thème, qui est, disons, une sorte de module enfichable (plug-in) particulier. Il contient une longue série d’instructions (du code) dictant dans le détail à WordPress où il doit mettre quoi où (le texte a cette apparence, il va là sur la page, les photos d’illustration ont cette taille, les menus de navigation vont ici, les mentions légales là, etc.)

Ceci explique la grande flexibilité (et le succès) de WordPress : avec un même moteur, on peut créer une infinité de sites (avec autant de thèmes convenant à autant d’usages).

Commencer simple, aller au compliqué

WordPress se décline en deux offres, selon le niveau de compétence et les besoins de l’utilisateur :

Sur WordPress.com2, la compagnie qui porte le projet (Automattic) propose des hébergements clé en main avec un WordPress entièrement fonctionnel, maintenu et mis à jour, dans l’esprit de ce que font Blogger, Over-blog et autres. C’est entièrement gratuit (et financé par la publicité sur les sites à grosse fréquentation). Il est impossible d’aller bricoler dans le code à proprement parler et les options de personnalisation ne sont pas toutes disponibles mais on peut arguer que c’est un avantage : il est impossible de casser quoi que ce soit et l’on se concentre sur la production à proprement parler. Des paliers payants permettent de lier un nom de domaine à son site, pour donner totalement l’illusion d’un site commercial pro si on le souhaite. Recommandé pour les débutants et les utilisateurs aux besoins simples et/ou modestes. 

Sur WordPress.org, c’est le grand bain. On télécharge le logiciel, on l’installe sur son propre serveur web (chez un hébergeur tiers qu’on paie, donc), on configure sa base de données (ce qui reste simple à faire) et là, l’univers entier s’ouvre à soi. Aucune limite dans les personnalisations, les plug-ins – aucun filet non plus si on casse quelque chose, évidemment. C’est la solution la plus puissante, mais qui exige déjà un petit niveau de compétence – et un niveau bien supérieur si on commence à trafiquer des trucs précis en vue d’un résultat non-standard. Ce qui est tout à fait possible, mais prend du temps. Recommandé pour les geeks, spécialistes, passionnés et professionnels. (Le présent site tourne sur un WordPress auto-hébergé et maintenu par mes blanches mains, ce qui explique pourquoi de temps en temps y a quand même un peu des trucs qui grincent.)

Le pied à l’étrier

Dans les faits, quand on entre dans l’administration de WordPress, on voit ça :

Cliquez pour agrandir

Tous les sites WordPress ressemblent à ça “en coulisses”. Là, on intervient sur la base de données directement ; la présentation du contenu, côté visiteur, est prise en charge par le thème. Construire un thème est encore quelque chose qui nécessite des connaissances en code (mais ça promet de changer, et il y a déjà des astuces pour pousser très loin la customisation sans écrire une ligne de code3).

Dans la base, côté administration, il y a trois « types » de données importantes à connaître :

  • Les articles sont du contenu censément dynamique – typiquement, du contenu lié à un moment dans le temps ; dans les faits, c’est un blog, ou des nouvelles au sens large. (Sur le présent site, c’est le blog proprement dit – je vais prendre des exemples tirés de ce lieu de perdition, non pas par pour me la raconter mais parce que je sais évidemment ce qui s’y trouve et comment ça marche)
  • Les pages sont du contenu statique, qui évolue peu ou pas. (Par exemple, la biographie ou la page sur Procrastination.)
  • Les extensions ne sont pas du contenu à proprement parler mais, justement, les plug-ins. WordPress est incroyablement extensible – c’est sa force. (Exemples ici : l’agenda est entièrement piloté par une grosse extension, les colonnes en bas de la page d’accueil, avec les réseaux sociaux, sont à chaque fois gérés par une extension – une pour Facebook, une pour Twitter, etc.)

Aller plus loin pour les feignants

Avec sa popularité, WordPress a généré tout un écosystème de développeurs qui programment des thèmes et des extensions pour gagner leur vie (le plus grand marché étant probablement Envato4). On trouve des tacs de trucs en gratuit, bien sûr, mais on peut aussi acheter des thèmes et des extensions de qualité professionnelle, dans des tarifs qui restent abordables – ça dépasse rarement 50$ pour un thème, 15$ pour une extension. Ceci donne à un site une apparence unique, des fonctionnalités puissantes allant au-delà du jeu de base et, surtout, promet une forme de support technique (c’est évidemment réservé aux sites auto-hébergés). Tout cela est un mélange, évidemment ; chacun construit sa sauce à la carte en fonction de ses désirs.

La marche à suivre

Construire un site web simple est aujourd’hui à la portée de tout le monde. Mais pour cela, m’est avis qu’il faut réfléchir un peu, je le rappelle :

  • D’abord établir ses ambitions / envies sur son projet, y réfléchir énormément à l’avance. Que me faut-il absolument ? Qu’est-ce qui serait chouette, mais dont je peux me passer ? Se lancer la fleur au fusil sans savoir ce qu’on veut est une manière royale de perdre son temps à errer sans but sur les sites et à bidouiller en vain.
  • Une fois que c’est fait, choisir la formule gratuite en ligne gérée par WordPress (wordpress.com) ou bien sauter dans le grand bain et s’installer la version auto-hébergée (wordpress.org). Et là, aller éplucher les vendeurs de thème et plugins commerciaux pour voir ce qui pourrait correspondre à ses envies. Dans beaucoup de cas (notamment chez Envato), on peut voir les thèmes en démo, discuter avec les développeurs avant d’acheter pour savoir si ce qu’on envisage fait bien ce qu’on veut.

Ne pas sous-estimer la phase de réflexion… Si ce site en est à sa v7, c’est aussi parce que j’en ai un peu trop fait l’économie il y a quelques années. C’est très amusant de construire un site web… mais il ne faut pas oublier que c’est un outil, et non une fin en soi !

Et maintenant, vous savez quoi répondre à la question “avec quoi faire un site ?” Question suivante : la faim dans le monde, d’ici vendredi. (Ou pas.)

  1. Oui, je parle de Woocommerce.
  2. Lien affilié, voir ici.
  3. Page builders type Visual Composer ou Divi. Je sais, Visual Composer est une abomination, mais qu’est-ce que c’est pratique quand ça marche.
  4. Lien affilié, voir ici.
2024-03-19T02:07:53+01:00mardi 20 février 2018|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Faire un site, faire un blog, réponse : WordPress (la boîte à outils de l’écrivain, mais pas que)

No future et steampunk [débat aux Utopiales 2017]

© ActuSF

Je continue à rattraper mon retard sur tout ce que je comptais archiver par ici, et j’arrive presque à me retrouver à jour : aux Utopiales 2017, j’ai eu le plaisir de participer à un débat sur le steampunk et ses liens avec le punk tout court en compagnie de Karim Berrouka, Sara Doke et Karine Gobled, table ronde modérée de main de maître par Antoine Mottier.

La captation de l’intervention a été réalisée par le site de référence ActuSF et peut être écoutée librement en ligne ou bien téléchargée sur cette page. Avec un extrait vidéo ci-dessous :

2018-02-18T23:07:47+01:00lundi 19 février 2018|Entretiens|1 Commentaire

Procrastination podcast S02E11 : “C’est la fin”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “C’est la fin“.

Savoir terminer un récit est un des aspects fondamentaux de la narration ; qu’est-ce qui dénote une « bonne fin » ? Laurent met l’accent sur la notion même de dénouement, quant à la conclusion du destin des personnages, et signale la différence avec la clausule. Mélanie met en avant les particularités des fins de roman, de nouvelle et de volume de série ; les éventuelles ouvertures ne sont pas de même nature. Et Lionel revient sur la notion de promesse narrative, et le paiement de celle-ci, et comment cela interagit avec les surprises et coups de théâtre.

Références citées
– J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux
– Stephen King, Misery

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:47:09+02:00jeudi 15 février 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S02E11 : “C’est la fin”

Annonce de service : je ne peux garantir le support technique sur la boîte à outils de l’écrivain

La boîte à outils de l’écrivain s’étoffe au fil des mois et je suis content car ces articles reçoivent de plus en plus de visites, signifiant que le pari lancé à l’origine est réussi : proposer davantage de contenu fouillé sur ces aspects, générant pour le site un petit revenu qui permet de justifier le temps que j’y passe.

Petit effet imprévu toutefois que je n’avais pas envisagé, je reçois régulièrement des mails me demandant du support technique sur des configurations particulières ou des cas d’utilisation imprévus. Il me faut donc en dire un mot : je ne peux assurer le support technique sur les outils. Ce n’est pas mon rôle et surtout, je suis très mal placé pour : en cas de problème, mieux vaut s’adresser directement aux développeurs des logiciels idoines, dont c’est le métier.

Après, si vous avez un problème ponctuel et que j’ai la réponse, je serai ravi de l’apporter, bien entendu, et c’est à peu près toujours arrivé pour l’instant, mais je crois qu’il me faut exprimer en toutes lettres que les outils proposés ici le sont “en l’état” et que je ne peux donc garantir de vous sortir de la panade, de la capilotade ni de la tapenade.

2018-02-12T10:03:12+01:00mercredi 14 février 2018|Dernières nouvelles|11 Commentaires

Question : comment apprendre à se corriger ?

Classique, mais toujours de circonstance.

Entre le présent site et Procrastination, il semble que la correction des textes achevés soit l’un des sujets qui pose le plus de problèmes : c’est la question qui revient le plus fréquemment. Comme celle-ci :

Je me demandais si tu avais élaboré quelque part l’acquisition des techniques de correction, au-delà du powerpoint et de ta magistrale MasterClass1 ? Comment recommandes-tu de s’y prendre ? D’abord sur des nouvelles, des petits textes ? En atelier ? … Il me semble que pour apprendre mieux, au début, il est essentiel d’avoir un regard expérimenté qui “corrige la correction” si tu vois ce que je veux dire. Cela me semble essentiel comme “feedback” pour s’améliorer.

Alors, avant toute chose, nous avons un premier épisode de Procrastination qui arrive bientôt là-dessus, et c’est évidemment une question sur laquelle nous reviendrons en détail par la suite. Du coup, ce que je vais dire ici est un peu moins technique, mais me semble tout aussi important (sinon je ne le dirais pas) (j’espère).

On a parlé la semaine dernière d’une hypothèse (intensément débattue en commentaires) sur les difficultés de l’apprentissage de l’écriture, qui peut déjà apporter un élément de réponse, mais au cœur de l’apprentissage de la correction, je pense que réside finalement un jugement esthétique intensément personnel. Écrire et de manière générale créer, c’est trouver le meilleur équilibre possible entre désir personnel et accessibilité – c’est-à-dire, exprimer ce que je souhaite, d’une façon qui puisse être comprise. On voit donc bien que c’est là que les ennuis commencent : “meilleur” devient intensément subjectif, entre l’expression et celui ou celle qui me recevra. À qui m’adressé-je ?

Eh bien, c’est en cela que la réponse, à mon sens, relève d’un jugement esthétique. À savoir : il ne s’agit pas de s’adresser à quelque lecteur idéalisé ou défini précisément selon classe socio-professionnelle et signe astrologique, mais de se fonder en priorité, avec sévérité, sur ses propres exigences. Tout auteur est (on l’espère) un lecteur et il ou elle a des goûts, des sensations littéraires, un parcours (de vie) dans son rapport à la narration qui définit ce qu’il ou elle cherche à faire et qui se trouve appelé, de toute façon, à évoluer. Toute la difficulté, dès lors et dans les premières étapes, consiste à intérioriser ces aspirations de manière à pouvoir juger d’un potentiel écart entre elles (l’idéal, ce que j’ai voulu faire) et le travail réalisé (le manuscrit que je viens de terminer). Je crois qu’il est plus difficile dans l’apprentissage de la correction de cerner et découvrir les problèmes que de les résoudre : en gros, comme souvent dans le domaine créatif, il est plus difficile de comprendre quelle est la question qu’on s’efforce de poser que de la résoudre.

Tout ça c’est bien beau, Davoust, tu mets des mots compliqués et des tas de subordonnées relatives, mais on fait comment ?

En gros, il s’agit d’arriver à creuser suffisamment de distance avec son texte pour se lire soi-même avec un regard neuf capable d’aimer ou pas ce qu’il découvre avec le meilleur recul.

Fort bien, mais justement, ça, on fait comment ?

Aaah, c’est difficile à dire car chaque auteur a un parcours différent. Mais j’ai quelques pistes à proposer et à évaluer (et si ça ne vous plaît pas, pas la peine de venir râler en commentaires, considérez que c’est une leçon intéressante et un point de départ pour trouver ce qui pourra vous plaire, et ça, par contre, venez le partager en commentaires pour les copains qui fonctionnent comme vous).

Laisser travailler le temps. Écrire s’inscrit dans la durée, je le répète tellement ici qu’on pourrait me croire impatient (et on n’aurait pas tellement tort), et donc il me paraît vital de respecter et intégrer la dimension temporelle. À savoir : laisser reposer un travail fini pour arriver à le reprendre avec un regard neuf ne peut se faire qu’en l’oubliant un peu. Mais aussi : accepter qu’un regard d’auteur-lecteur, cela se construit à l’usage, avec le temps, tandis qu’on le forge et qu’on continue à lire avec un éclairage différent, informé par sa propre pratique de l’écriture et son rapport avec elle. En d’autres termes : la correction est une technique qui s’apprend, comme beaucoup de choses dans ce domaine, avec de la persévérance.

Faire des retours sur le travail d’autrui. Le travail de correction, en son cœur, consiste à 1) amener à la conscience un ressenti positif ou négatif sur sa production et 2) verbaliser et en rationaliser la nature de manière à identifier un problème à résoudre. En d’autres termes, se dire : “cette scène est naze parce qu’elle manque de tension narrative”. (À noter, ça n’est pas “je vais corriger le manque de tension narrative de cette scène en rajoutant une attaque de ninjas”, car il s’agit d’un troisième temps, de la réponse à la question “que faire pour régler le problème que j’ai identifié” – et probablement le moins intéressant du processus, car le moins difficile au final.) Si le problème consiste à acquérir le recul nécessaire sur sa propre production pour en comprendre les forces et les faiblesses, il vient qu’on peut s’y entraîner plus facilement sur les textes des autres. D’où l’intérêt des cercles de bêta-lecture, par exemple, et la recommandation systématique (mais rarement suivie, tristitude) aux participants d’un atelier d’écriture de conserver le contact et de s’entraider. En apprenant à verbaliser le ressenti sur le texte de quelqu’un d’autre et à le faire avec bienveillance, on peut acquérir du recul pour le faire chez soi. Bien des auteurs ont ainsi occupé des fonctions éditoriales plus ou moins poussées (ne serait-ce que dans le fanzinat) qui, je pense, ne peut qu’avoir servi leur travail de création, même si ça n’était pas du tout le but. (En même temps, tout dans la vie sert le travail de création. Sauf Facebook.)

Trouver un ange gardien qui aide à vous dessiller les yeux. Pour répondre précisément à une formule de la question posée, “corriger la correction” ne me paraît pas nécessairement pertinent (on corrige ce qu’on sent, et on sent tous des choses différentes), cependant, avoir un (ou plusieurs) bêta-lecteurs, peut-être des auteurs un peu plus expérimentés que soi2, prêts à entrer dans le détail de la mécanique d’un paragraphe, d’une intrigue, et surtout, surtout à expliquer en détail les raisons de leur ressenti, sont des alliés précieux pour acquérir ce recul soi-même. En pointant des problèmes, ils indiquent – c’est capital – là où il y a un écart entre l’intention et la réalisation. Peu importent, en général, les solutions qu’ils proposent : ce que l’on veut, c’est comprendre là où l’on n’a pas été compris, où l’on s’est montré maladroit, ennuyeux, etc. Il me faut mettre l’accent sur le fait qu’un regard extérieur n’a pas nécessairement raison, et c’est pour cela qu’il est vital au bêta-lecteur de détailler le pourquoi de son ressenti, et de le ou la connaître pour juger de la validité du retour proposé. Si un lecteur féru d’action s’ennuie en lisant une scène sentimentale, ce n’est pas forcément qu’elle est ratée, ce peut être ses goûts ; en revanche, le même lecteur qui se trouverait happé par le même passage représente un indicateur assez certain qu’on a réussi son coup.

On en reparlera dans l’épisode correspondant de Procrastination, mais je voudrais insister sur un point : la correction, bien davantage que l’écriture en soi, est une technique, un savoir-faire qui s’acquiert et que l’on cerne à peu près au bout d’un temps. La création, le débroussaillage de l’espace vierge de la page (ou de la partition, ou de la toile) comporte toujours une part d’aléatoire (c’est bien pour cela que c’est de la création), alors qu’un regard se forme et se renforce avec le temps (même s’il évolue). La correction représente peut-être une part impressionnante du travail, mais c’est une part qui se maîtrise bien plus aisément que le reste. Courage, donc : à force d’en faire, viendra un moment où la vision s’affinera, je le crois beaucoup.

  1. Je jure qu’évidemment ce n’est pas moi qui le dis – mais merci, et pour en juger, ledit PowerPoint est disponible ici.
  2. Avant que la question ne soit posée, je suis navré mais je dois rappeler que je ne peux pas occuper ce rôle.
2019-06-04T20:21:36+02:00mardi 13 février 2018|Best Of, Technique d'écriture|11 Commentaires

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