Intelligence artificielle, les enjeux (table ronde aux Imaginales 2024)
Cette table ronde sur le sujet qui agite tout le monde en ce moment, soit le moteur diesel l’intelligence artificielle a été enregistrée par, comme toujours, ActuSF ; et je découvre qu’elle a été mise en ligne ! Merci à l’équipe. Avec Thomas Andrew, Siteb et ma pomme, modérée par Jean-Claude Dunyach.

Disponible sur cette page, à travers le podcast ActuSF ou même juste là, dessous :
L’édition et l’imaginaire ne sont pas imperméables : à un moment, il faut se bouger
Au détour d’une conversation avec l’équipe d’Elbakin.net, j’apprends une nouvelle qui, comme disent les jeunes (ou peut-être déjà plus), me bute.
Leur podcast principal, qui a lancé des appels à candidatures il y a quelques mois (et vient de reprendre !), a reçu royalement le nombre suivant de candidatures :
Trois.
(J’écris cet article avec leur approbation pour communiquer le nombre, mais ils n’ont aucune idée de ce que j’écris et ne sont nullement associés à mes mots, même si, quand ils m’ont donné l’accord de donner le chiffre, j’ai senti de leur part un léger serrage de fesses, ayant probablement senti mes gros yeux à 17000 km de distance.)
Les gens, en fait les gens qui ne me lisent pas, donc c’est un peu ballot, mais bon, bref, les gens : il faut qu’on se parle. Cela fait à peu près une décennie, à la louche, que je lis des questions en ligne du genre : l’imaginaire c’est fermé on peut pas y rentrer, l’édition c’est super opaque, moi je veux bien faire du réseau mais comment je fais je connais personne, et d’ailleurs c’est la seule façon de publier hein, c’est connaître qui il faut –
Désolé, mais, à force

Mes amis, on le ressasse éternellement dans Procrastination, un auteur établi a été un jour un auteur débutant, tout le monde a fait le même parcours que vous, les temps changent mais pas tant que ça par certains côtés, et en plus, beaucoup (même si de moins en moins, le temps avance, tout ça) l’ont fait avant l’omniprésence d’Internet, soit sans le littéral débordement d’information qu’on y trouve (formations, articles, forums, des années de tables rondes captées entre autres par ActuSF, podcasts évidemment, etc.).
Mes amis, j’aurais donné très cher pour avoir accès à tout ça quand j’ai commencé et que – y a prescription, donc je l’avoue – j’imprimais des pages et des pages de ressources uniquement disponibles en anglais à la salle informatique de mon école à deux heures du matin en profitant qu’il n’y ait pas de quota.
Quand je lis ces bouteilles à la mer sur les réseaux et qu’en face, je vois que le podcast Elbakin.net, porté donc quand même par l’un des premiers sites de France, reçoit trois candidatures, j’ai vraiment du mal à comprendre. Okay, peut-être n’êtes-vous pas à l’aise avec le format (mais je vous dirais bien : dans mes années formatrices, j’avais envie de faire des trucs, d’écrire, d’apprendre, donc mon confort avec un format n’entrait pas en ligne de compte, ma réponse de base à « tu veux faire x ? » était : « oui » et je voyais après comment j’allais me tirer de ce guêpier), cependant ça n’est pas une occurrence isolée (voir l’anecdote avec mes étudiants citée dans l’article d’origine). Des occasions pour découvrir un métier et un milieu, des médias, il y en a plein d’autres (bénévolat en festival, blogging, revues amateur…)
Attention, je ne dis pas qu’il faut bosser gratuitement, le travail mérite rémunération ; mais quand on débute, qu’on est, par définition, un complet amateur, des occasions de faire des trucs chouettes au titre du loisir (on faisait des fanzines, autrefois, par exemple), ça existe, ce sont de super occasions d’apprendre, de faire, et c’est comme ça que les portes peuvent finir par s’ouvrir, juste parce que vous montrez enthousiasme, motivation et un début de compétence. (En parlant de portes, j’ai l’impression d’en avoir une énorme devant moi, totalement ouverte, et de l’avoir totalement défoncée, mais visiblement, ce n’est pas une évidence.)
Mes amis, s’investir et se construire, ça nécessite plus que poster une demi-question sur Threads et se réjouir de voir « ah ben je suis pas le seul à me demander ça, c’est quand même compliqué hein, emoji cœur sur toi avec les mains ». Bien sûr, la validation, c’est chouette, mais vous savez ce qui vous entraîne plus loin et vous permet d’atteindre vos buts et vos objectifs ?
L’absence de validation. Sortir de chez soi dans le vaste monde (qui n’est pas aussi dangereux qu’on l’imagine).
Être validé, c’est confortable, et c’est une nécessité humaine. Mais ce qui nous fait progresser, apprendre, évoluer, c’est justement ce qui ne nous valide pas ; ce qui nous met en situation d’inconfort et nous oblige à agir. Bien sûr, les deux sont nécessaires à une existence, et on préférera certains dans certains contextes (le soutien dans son entourage proche, par exemple), et tout le monde va chercher un équilibre différent à des moments différents. Toutefois, si votre vie n’est faite que de validation ou que de défi, je suis navré, mais il y a un souci quelque part.
Mes amis, dans une vie qui se veut créatrice, la peur et l’immobilisme ne peuvent pas vous gouverner. Désolé, mais la peur est comprise dedans. Ça n’est pas négociable. Ce que vous en faites, comment vous apprenez à la gérer, c’est ce qui fera la différence, et la bonne nouvelle, c’est que ça se travaille ! La mauvaise, c’est que personne ne le fera à votre place. Il n’y a pas, dans la création, de dû, d’occasion qui viendra frapper à votre porte sans que vous n’alliez d’abord à la découverte du monde, ni de récompense en corrélation avec le travail investi. Si vous raisonnez en termes de justice ou de rétribution, je vous le dis tout de suite, c’est fondamentalement injuste ; donc, arrêtez de penser ainsi et pensez plutôt à l’épanouissement offert par le chemin.
Faites-le parce que ça vous nourrit. Ou ne le faites pas. Il n’y a, justement, que des essais.

Ou encore, dans les mots immortel du roi Arthur :
Emoji cœur sur vous avec les mains.
Procrastination est à présent disponible sur Deezer
Merci à l’équipe d’Elbakin.net qui, on le rappelle, assure la diffusion de Procrastination depuis neuf ans ! Vous l’avez demandé, et c’est maintenant le cas : le podcast est à présent disponible sur Deezer.
➡️ Procrastination sur Deezer : https://www.deezer.com/fr/show/1001277761
La photo de la semaine : Caché dans le feuillage
L’intelligence artificielle par l’approche juridique et éthique (débat à ImaJn’ère 2024)
Le sujet brûlant du moment, bien sûr, et j’ai eu grand plaisir à participer à ce débat avec Caroline Juguet (juriste) et Ronald Bousseau (illustrateur) – c’est rare qu’on puisse couvrir autant d’angles – pour échanger autour de l’approche éthique et juridique de l’IA. Une rencontre orchestrée et modérée avec brio par Pierre-Marie Soncarrieu à ImaJn’ère 2024 – grand merci à lui.
Procrastination podcast s09e02 – Évaluer et choisir ses idées

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s09e01 – En public avec vos questions à l’Ouest Hurlant – partie 1« .
Les idées viennent de partout – en général, plus qu’on ne pourra en écrire dans une vie entière… Donc, comment choisir celles qu’on va développer avant un projet, ou même, au milieu d’un récit au long cours, pour trier les orientations fécondes pour la suite ?
Lionel conseille de tout noter, mais rappelle la valeur de l’expérimentation et du jeu ; toutes les idées ne sont pas prêtes à porter un projet, tout ne doit pas prêter à production ; les idées ne sont pas sacrées. Mélanie ayant tendance à laisser infuser les idées qui veulent réellement être développées, le choix se fait assez naturellement ; une idée qui veut être concrétisée reviendra la harceler. Enfin, Estelle mélange les deux approches – elle note pour mieux oublier, car il faut accepter de laisser partir certaines idées pour lesquelles le moment propice a pu passer. Dans sa réflexion, elle inclut fréquemment le milieu de l’imaginaire au sens large, allant de l’édition au lectorat.
Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :
Bonne écoute !
La photo de la semaine : Tristram-sur-Locronan
Stockage de données et navire de Thésée
Les disques durs des années 1990, en particulier ceux employés pour le stockage de données à long terme de l’industrie musicale, sont en train de planter et devenir irrécupérables :
Hard drives gained popularity over spooled magnetic tape as digital audio workstations, mixing and editing software, and the perceived downsides of tape, including deterioration from substrate separation and fire. But hard drives present their own archival problems. Standard hard drives were also not designed for long-term archival use. You can almost never decouple the magnetic disks from the reading hardware inside, so that if either fails, the whole drive dies.
https://arstechnica.com/gadgets/2024/09/music-industrys-1990s-hard-drives-like-all-hdds-are-dying/
La question du stockage de données à long terme devrait intéresser tout·e artiste indépendant·e qui peut se demander comment conserver, à l’échelle d’une vie, des travaux peut-être rédigés sur un vieux Macintosh avec MacWrite (dans le genre, on avait fait une plongée musicale ici). Mes propres CD gravés il y a 20 ans montrent déjà du bit rot, sans parler des disquettes (vous n’avez rien sur des disquettes, hein ? Dites-moi que vous n’avez rien sur des disquettes).
À l’époque du cloud, du RAID et de la disponibilité de serveurs domestiques à des prix raisonnables (Synology for the win), le stockage de données ne devrait plus représenter un problème, tant qu’on s’en occupe un peu : mon serveur est devenu le navire de Thésée, où chaque disque dur qui plante se trouve remplacé par un nouveau, jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus un seul d’origine au fil des ans, voire des décennies ; certaines données rescapées là-dessus ont plus de vingt-cinq ans. The hardware goes, but the data remains.
Ça n’est vraiment pas difficile à faire aujourd’hui, et ça ne coûte même plus grand-chose, tant qu’on ne cherche évidemment pas à stocker l’intégrale de ses Blu-Ray en 2160p avec sauvegarde redondante dans le cloud. Là, je décline toute responsabilité (responsibilita, responsibilita, responsibilitam, responsibilitae, responsibilitae, responsibilitâ). Si vous n’avez pas de bonne solution, considérez ceci comme votre rappel de vous en occuper prochainement.

Les protecteurs d’écran Paperlike sont atroces
Il existe a une zone d’équilibre, éminemment personnelle, entre les apports multiples apportés par la technologie pour la réflexion et la création, et le déraillement total de l’esprit qu’elle peut aussi occasionner quand tapoter l’icône d’Instagram devient un réflexe conditionné. Parmi les usages et les apports : prendre des notes manuscrites sur un iPad, ce qui permet de stocker des milliers de pages dans un bloc à poids fixe, mais la friction de prendre la machine – la déverrouiller – ouvrir son bloc-notes – trouver le bon – écrire avec la sensation d’un Bic sur une plaque de verre n’offre pas la meilleure expérience.
Pour le dernier point, on peut faire quelque chose : quantité de compagnies proposent des protège-écran mats censés recréer une expérience d’écriture proche du papier. À cette fin, j’étais jusqu’ici un utilisateur convenablement grognonnant de l’iVisor Moshi – c’est-à-dire que je n’étais pas spécialement heureux du machin, mais que je le laissais à demeure parce que les bénéfices dépassaient les inconvénients. Qui sont : une expérience d’écriture effectivement supérieure, mais un écran devenu tout mat et pas super joli, résumant le verdict technique complet à : « ouais, okay, mais gneumeugneu ».
Paperlike est le leader de ce petit marché, et donc, appâté par la pub, le succès et, en réalité, un budget marketing déraisonnable en vidéos YouTube, je viens de tenter le coup alors que je changeais mon décidément vieillissant iPad Pro de 2018. Fantastique, c’est la nouvelle version, et on les trouve même en rayonnage chez JB Hi-Fi (équivalent Aussie de la Fnac sans les livres), c’est bien que ça doit être quand même chouette, surtout que tout le monde en dit du bien et…
AAAAH ARRÊTEZ TOUT C’EST DÉGUEULASSE
La procédure d’installation n’est pas des plus commodes malgré des vidéos détaillées et un processus raffiné : heureusement que Paperlike fournit deux protections d’écran parce que, honnêtement, j’ai complètement raté la première et j’ai dû repartir de zéro.
La seconde, correctement appliquée sur ma machine, a duré à peu près 127 secondes en place avant que je ne l’arrache avec un absolu dégoût. (Y a pas que moi : vous auriez dû voir aussi la tronche de L. l’effleurant de son gracile index.)
Ce que le Paperlike fait bien : l’écran est beaucoup plus joli qu’avec un iVisor. Certes, c’est mat, mais c’est l’idée, cependant la définition est à peu près conservée, les couleurs sont à peine plus ternes, sur ce point, c’est une réussite. Mais :
Dealbreaker absolu : toucher et expérience d’écriture. C’est atroce, et il faut que ça se sache au-delà des vidéos payées à grands renforts d’influenceurs. Vous pouvez recréer exactement la sensation chez vous, avec une petite recette toute simple et un peu de matériel, vous allez voir.
- Prenez une surface lisse, comme un dallage de salle de bains ou un plan de travail de cuisine.
- Renversez du Coca dessus.
- Essuyez le tout avec une éponge mouillée du mieux possible, à plusieurs reprises, mais sans employer de savon.
- Laissez sécher.
Vous voyez cette sensation lisse, mais qui reste très vaguement collante, qui accroche sous les doigts sans pourtant que vous n’ayez le moindre résidu sur la peau ? Ce genre de surface que vous passez une semaine à astiquer pour essayer, sans grand succès d’ailleurs, à enfin supprimer cette vague sensation de sale ? Voilà le toucher de la Paperlike. Au stylet, c’est la même chose : on n’écrit pas sur du papier, on n’écrit pas avec un feutre, on a juste une pointe ralentie par une pellicule mollassonne, avec en prime la joie d’appuyer la paume de sa main sur le même mélange.
C’est. Une. Horreur.
Je ne peux pas en dire suffisamment de mal. C’est un des produits les plus montés en épingle de notre niche branchouille de nerds connectés. À éviter à tout prix, absolument, et en plus, c’est même pas assez Paperlike pour qu’on puisse les cramer écologiquement dans un jardin. Soixante kangourous foutus en l’air : ne buvez pas la hype.
