Retrouvez les cinq masterclasses de l’Arald en vidéo

Le vendredi 13 octobre 2017 s’était tenue la masterclass des littératures de l’imaginaire, organisée par les éditions Actusf avec Les Moutons électriques, l’Atalante, Critic et Mnémos, en partenariat avec l’Arald et la Bibliothèque Municipale de Lyon. Ces interventions ont été filmées dans leur intégralité, permettant de les revoir en entier, avec au programme :

  • 3′ : Olivier Paquet, sur la thématique des descriptions, leur rôle, leur importance et le dosage
  • 37′ : Moi-même, sur la thématique des personnages : archétype et logique propre. (J’y parle notamment de mes outils favoris, volonté et conflit, ainsi que de l’équilibre entre structure et lâcher-prise)
  • 1h15 : Nicolas Le Breton, sur la question des dialogues
  • 1h45 : Christian Chavassieux, à propos des scènes de bataille
  • 2h’18 : Jean-Laurent Del Socorro, sur les questions des relations avec les correcteurs, éditeurs et relecteurs, et tous ceux qui ont un regard sur un texte avant sa publication.

Pour ma part, pour aider à suivre le discours en parallèle, je vous propose de télécharger à part le diaporama au format PDF ici afin de pouvoir mieux le lire, et surtout, bien évidemment, de profiter en plein écran de la slide la plus surréaliste que j’aie jamais mise dans une présentation.

2019-06-04T20:18:14+02:00lundi 6 novembre 2017|Best Of, Technique d'écriture|8 Commentaires

Procrastination podcast S02E04 : « Écrire l’idéologie (2) »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Écrire l’idéologie (2)« .

Deuxième épisode dédié à l’idéologie et au message dans la fiction ; et Mélanie met en avant en quoi le discours de la fiction peut contribuer à l’évolution des esprits. Laurent met en garde contre la possibilité qu’une idéologie, quelle qu’elle soit, restreigne l’éventail narratif. Et Lionel met en avant l’importance de l’humilité et de la discrétion.

Références citées :
– Stargate SG-1
– Discours de Joss Whedon recevant le prix Equality Now https://www.youtube.com/watch?v=cYaczoJMRhs
– Star Trek (série originale)
– Final Fantasy XV
– Avatar

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2019-05-04T18:47:12+02:00mercredi 1 novembre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S02E04 : « Écrire l’idéologie (2) »

En janvier, atelier d’écriture sur le conflit à Paris (et conférence)

Je m’y prends pas mal à l’avance, car les places sont parties rapidement l’année dernière : j’ai le grand plaisir de retourner en janvier à l’école d’écriture Les Mots, sise à Paris, pour proposer une conférence sur les outils numériques d’aide à l’écriture1 et, surtout, un nouvel atelier d’écriture centré sur la notion de conflit (laquelle est fondamentale, à mon humble avis, à l’écriture de toute histoire) :

Comment les outils numériques peuvent-ils soutenir l’écriture ? (conférence, 12 janvier)

L’écrit est l’une des formes de communication les plus ancestrales de l’humanité, et la fiction représente l’art narratif le plus ancien. Pourtant, pendant des siècles, la façon de créer de la littérature n’a que peu évolué, fondée sur des outils simples : du papier, un crayon. Or, avec l’explosion de l’informatique, des façons inédites d’approcher le texte, dans sa production, sa correction, sont apparues. Et avec le triomphe de l’ordinateur personnel et des terminaux mobiles, une révolution silencieuse de la création littéraire s’est opérée, fournissant des myriades d’outils novateurs à l’écrivain pour réaliser l’œuvre de ses rêves.

En se fondant sur des études récentes relatives à la créativité ainsi que sur son expérience d’auteur, Lionel Davoust propose dans cette conférence de voir comment ces nouveaux outils libèrent l’esprit pour qu’il accomplisse son meilleur travail, quels sont leurs avantages et inconvénients, et quelles sont les qualités à rechercher. Il partagera et explicitera également certaines de ses recommandations fondées sur son propre flux de travail, qui débordera vers les notions d’organisation et de productivité. Car nous vivons une ère réellement merveilleuse pour les créateurs, tandis que les outils numériques deviennent réellement, pour reprendre les mots de Steve Jobs, des « bicyclettes pour l’esprit ».

Peut-on écrire plus facilement, plus vite, et avec plus de plaisir ?

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Comment écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration ? (atelier, 13 & 14 janvier)

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque.

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur.

8 participants minimum / 12 participants maximum

[Plus de détails et s’inscrire]

  1. Si vous étiez aux Utopiales l’année dernière ou à la Worldcon d’Helsinki cet été, c’est la même.
2018-01-08T08:42:09+01:00mercredi 25 octobre 2017|À ne pas manquer, Technique d'écriture|4 Commentaires

On n’écrit (et ne traduit) que du sous-texte

Auteur scriptural, dit également jardinier (allégorie). Photo Eduardo Prim.

EDIT : Comme me l’a fort justement signalé mon camarade Laurent Genefort au moment d’enregistrer la saison 3 de Procrastination, la notion dont il est question dans cet article n’est pas le hors-texte, mais le sous-texte. L’article a été corrigé par rapport à sa version d’origine.  

On l’a abordé en filigrane dans Procrastination, j’en ai parlé par ici de temps en temps, mais plus le temps passe et plus cela m’apparaît avec limpidité : on n’écrit pas des mots, ils n’ont aucune importance. On n’écrit que ce que les mots disent.

OK, dit comme ça, on dirait que j’ai inventé l’eau chaude, mais bougez pas, je m’explique.

La définition la plus claire du métier d’écrivain – en tout cas, celle avec laquelle je me sens le plus en accord – m’a été donnée par Bruce Holland Rogers dans une interview que je lui proposais (et qui sera publiée un jour) :

Mon art réside dans le choix de mots qui engendreront un effet attentivement étudié.

Ce que j’interprète comme : écrire consiste à gouverner les émotions du lecteur (éventuellement avant qu’il ne s’en rende compte). Soit : il ne s’agit pas tant de prêter à voir que de donner à rêver ; il ne s’agit pas de raconter simplement ce que les mots disent, que d’évoquer et déployer sensations et images dans l’esprit du lecteur en n’employant que l’outil du vocabulaire, un peu comme un espace « plus grand à l’intérieur », une sorte de TARDIS tel que le décrit aux Imaginales par Mélanie Fazi dans le cas de la nouvelle. Ce sont, évidemment, les rôles fondamentaux de la comparaison, de la métaphore… Mais cela va plus loin : cela porte avant tout au travers de ce que l’on ne dit pas. Roger Zelazny, grand maître de l’épure, raconte qu’il a commencé à vendre des textes professionnellement quand il a cessé d’expliquer les choses à son lecteur mais les a laissées émerger du contexte du récit (l’émergence, un mot dont on parle décidément beaucoup dans Procrastination). Tous les auteurs ou presque disent que le lecteur fait la moitié du travail, car il construit ses images, ses représentations et son univers au fil de sa découverte ; l’une des difficultés, et peut-être des marques de l’expérience, consiste pour l’auteur à lui en laisser la place. En d’autres termes, l’auteur apprend d’abord à dire, puis, surtout, il apprendrait à en dire le moins possible, et au contraire à laisser habiter.

J’en suis convaincu depuis des années, mais ça m’est récemment apparu avec une lucidité inédite à mesure que je prends de la distance avec l’enseignement en fac de traduction (où je n’ai jamais été qu’intervenant extérieur une quarantaine d’heures dans l’année, hein – une belle aventure, mais que je dois clore peu à peu en raison du temps à ma disposition) et suis donc à même de lâcher des sentences. Comme dit l’autre, on ne travaille vraiment quelque chose que quand on devient capable de l’enseigner à quelqu’un. Or doncques, l’autre jour, il m’est apparu avec une absolue clarté que traduire, ça n’est que traduire le sous-texte. Celui qui traduit seulement les mots, comme celui qui écrit seulement les mots, n’a rien compris à l’exercice. Il s’agit de traduire les fonctions du langage qui créent les atmosphères, les sons, les ressentis, les émotions – et c’est cela, par le biais des outils stylistiques, syntaxiques et de civilisation, qui doit rester identique autant que faire se peut. C’est là que l’on sait si la distance est adéquate avec l’original ; quand il faut s’approcher, quand il faut s’éloigner, pour rester paradoxalement fidèle à l’esprit. Mais les mots peuvent changer, du tout au tout si c’est parfois nécessaire. Ils ne sont pas importants par eux-mêmes. C’est pourquoi la traduction littéraire restera toujours une affaire d’êtres humains, car c’est une affaire de sensibilité ; du moins, le jour où les IA seront capables de faire la même chose, la société aura muté d’une telle manière que l’humanité affrontera des bouleversements probablement bien plus fondamentaux que la survie de la profession.

Les mots sont comme une onde porteuse. Ils ne sont pas la finalité, ils ne sont que le support de l’écriture, du message, de la communication. Ce qui est une imperfection fréquemment fustigée dans des domaines nécessitant la plus grande rigueur comme le juridique, la diplomatie ou la communication au sein du couple (qui a dit « tout ça s’apparentant à la même chose » ?) devient, dans le cadre de la poésie et de la littérature, l’espace pour chacun d’habiter le récit de se l’approprier dans son espace intérieur – le silence ou la pudeur sémantiques, quel que soit le terme qu’on plaque dessus, est là une force.

Ouvrir ces espaces dans lesquels l’on peut se projeter marque à mon sens le plus haut degré de maîtrise de l’écriture, et savoir ajuster leur dosage (afin de proposer une onde assez forte pour transmettre du sens, mais pas trop pour ne pas l’assécher) relève certainement de l’œuvre d’une vie : cerner le contour du silence, une pratique presque zen s’apparentant à l’entretien de jardins de sable et de pierre. Davantage que du lâcher-prise, c’est du lâcher-prose. (Voir ici pour la vidéo virale convenant à la réaction à cette formule)

J’ai peut-être inventé l’eau chaude, mais après tout, c’est un blog, alors le cas échéant, je fais me faire cuire un bain.

2019-06-04T20:35:20+02:00jeudi 19 octobre 2017|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Procrastination podcast S02E03 : « Écrire l’idéologie (1) »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Écrire l’idéologie (1)« .

Dans la première partie de cet épisode double, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust s’attaquent à l’épineuse question du message et de la part idéologique de la fiction, sa présence, son absence, son équilibre. Mélanie était très méfiante sur la notion de texte à message mais explique comment Léo Henry l’a fait changer d’avis. Laurent est accoutumé à cette problématique à travers les thèmes chéris de la SF. Et Lionel met l’accent sur la nécessité de vérifier les privilèges de son propre point de vue. (On apprend également que Blanche-Neige serait l’idéal de Christine Boutin.)

Références citées :
– Blanche-Neige
– Mon Voisin Totoro
– L’Invasion des profanateurs de sépultures
– La Servante écarlate
– World War Z

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2019-05-04T18:47:13+02:00lundi 16 octobre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|6 Commentaires

Vendredi, masterclass de l’imaginaire avec cinq auteurs

L’événement a tourné pas mal sur les réseaux sociaux, donc juste un petit rappel : dans le cadre du mois de l’imaginaire se déroulera vendredi non pas une, mais cinq masterclasses de l’imaginaire avec cinq auteurs à Lyon. (Les inscriptions sont provisoirement clôturées en raison de l’affluence – merci à tou.te.s, elle seront rouvertes en fonction des disponibilités !)

Au programme :

  • Olivier Paquet, sur la thématique des descriptions, leur rôle, leur importance et le dosage.
  • Lionel Davoust, sur la thématique des personnages : archétype et logique propre
  • Nicolas Le Breton, sur la question des dialogues.
  • Christian Chavassieux, à propos des scènes de bataille.
  • Jean-Laurent Del Socorro, sur les questions des relations avec les correcteurs, éditeurs et relecteurs, et tous ceux qui ont un regard sur un texte avant sa publication..

(Davantage que d’archétypes au sens propre, je parlerai surtout de mon outil principal dans ce domaine, la volonté des personnages, et comment alimenter leur histoire par ce biais, d’où la notion de « logique interne ».)

Les réjouissances commenceront à 17h30 dans les locaux de l’Arald ( 25 rue chazière, 69004 Lyon), avec les intervention de 18h30 à 21h30, suivies de dédicaces et d’un buffet sympa.

Pour toutes les informations, rendez-vous sur cette page, et à vendredi !

2017-10-10T22:08:11+02:00lundi 9 octobre 2017|À ne pas manquer, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast S02E02 : « Les débuts »

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Les débuts« .

Comment commencer son histoire ? Les évolutions modernes de la narration peuvent-elles éclairer les auteurs sur les façons intéressantes de commencer un récit de manière à susciter l’intérêt d’un lecteur ? Et à aider, aussi, l’auteur dans son écriture ? Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust partagent leur approche de ce moment « d’une délicatesse extrême » et ce à quoi ils prêtent tout spécialement attention.

Œuvres citées :
– Mary Doria Russell, Le Moineau de Dieu
– Stephen King, Dolores Claiborne
– Big Little Lies, série

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2019-05-04T18:47:13+02:00lundi 2 octobre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

Procrastination podcast S02E01 : « Qu’est-ce qu’une histoire ? »

Procrastination est de retour pour sa saison 2 ! Merci encore pour votre intérêt l’année passée. Nous redémarrons avec un thème à la fois global et fondamental, en espérant que vous aurez autant de plaisir à nous suivre cette année.

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Au programme : « Qu’est-ce qu’une histoire ?« .

Les arts narratifs et tout particulièrement la littérature se concentrent sur la notion d’histoire – mais en fait, comment se définit-elle ? Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust font un détour par les mythes et l’histoire (de l’humanité) pour cerner le concept et revenir à son acception moderne. Celle-ci peut-elle guider l’écriture ?

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2019-05-04T18:47:14+02:00vendredi 15 septembre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|11 Commentaires

Mise à jour de « Techniques de base pour écrire », présentation de Jean-Claude Dunyach

J’ai été un peu noyé ces derniers mois et je m’aperçois qu’entre autres choses que je devais faire encore sur le site, il y avait la mise en ligne de la nouvelle version du diaporama de Jean-Claude Dunyach, « Quelques briques de base pour écrire« . C’est la version étoffée d’une des présentations que Jean-Claude donne lors de la masterclass que nous animons ensemble aux Imaginales sur la finalisation et le retravail de manuscrits.

C’est chose faite, quelque trois mois plus tard… toutes mes excuses aux stagiaires et à Jean-Claude pour ce retard. Les diaporamas sont disponibles sur la page dédiée (où j’ai récemment ajouté également ceux de ma conférence sur les outils d’aide à l’écriture).

2017-09-04T18:57:28+02:00mardi 12 septembre 2017|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Mise à jour de « Techniques de base pour écrire », présentation de Jean-Claude Dunyach

Le modèle GTD s’applique-t-il à l’écriture ?

Houlà le titre de geek, de lifehacker davantage habitué à boire du jus macrobiotique dans l’open space de San Francisco en brainstormant le prochain brunch participatif qu’à celui d’écrivain qui sent le whisky et la date d’échéance dépassée.

Dans le mondialement connu Getting Things Done, David Allen martèle (lourdement pour certains) à quel point le modèle GTD est universel ; combien ses cinq phases de travail s’appliquent à n’importe quelle entreprise humaine. J’en témoigne depuis un an et demi de pratique scrupuleuse, pour du travail à courte échéance et/ou facilement décomposable en étapes simples (gérer ses impôts, ne pas oublier d’arroser les plantes, organiser un voyage, produire un podcast), ça marche parfaitement. Mais quid d’un travail créatif où, par nature, on ignore dans le détail la nature du résultat final puisque, par définition, la création consiste à défricher ce qui n’existe pas encore ? Peut-on appliquer réellement GTD à l’écriture d’un bouquin, d’une manière instructive et qui fournisse des réflexes intelligents, qui aille au-delà d’une liste de choses à faire du genre :

  • Écrire chapitre 1
  • ? ? ?
  • Profit

J’étais circonspect, mais à mesure que GTD devient une seconde nature dans ma façon de travailler (Allen annonce qu’il faut en moyenne deux ans pour que GTD devienne une seconde nature et qu’on en tire les bénéfices), je commence à distinguer ces phases également dans mon travail de création et d’écriture. C’est peut-être un biais cognitif : j’applique GTD dans beaucoup de zones de ma vie, donc forcément, ça déborde sur les autres. Mais ce qui compte, c’est : est-ce instructif, constructif, et cela donne-t-il de la hauteur et du recul sur son travail ? Cela permet-il de l’analyser sous un autre éclairage, et peut-être d’identifier les blocages et problèmes plus vite de manière à les résoudre ? La réponse étant oui, je partage mes réflexions à ce stade des choses sur la question, et chacun en fait bien ce qu’il veut, hein.

Rapidement : la méthode GTD s’articule (du moins au niveau de l’action quotidienne) selon cinq phases1 : collecter, clarifier, organiser, agir et revoir. Ex : je reçois un avis d’impôt dans ma boîte aux lettres (collecter) ; je l’ouvre et constate que je dois payer un tiers dans un mois, mais je n’ai pas les fonds tout de suite, or j’attends une rentrée d’argent. Conclusion : il faudra que je paie quand j’aurai les fonds (clarification et choix de la prochaine action). Je place un rappel approprié dans mon agenda (organiser). Le jour venu, je vérifie que j’ai les fonds et paie (agir). Chaque semaine, je consulte mes comptes pour m’assurer que ma situation financière ne part pas en sucette (revoir).

Par Psychoslave, CC-By-SA. C’est beau comme un arbre séphirotique. 

Je découvre que ces cinq étapes peuvent s’appliquer à l’écriture ou à la création, à toutes les échelles et à tous les moments du processus. Je pense qu’elles fonctionnent aussi selon que l’on est structurel ou scriptural ; les phases ne se déroulent simplement pas de la même manière. Elles ne se déroulent pas nécessairement consciemment non plus ; certains auteurs n’aiment pas malaxer résolument la matière (Mélanie Fazi l’évoque dans Procrastination) quand d’autres s’y astreignent car ils ont peur d’être improductifs (comme ton serviteur, auguste lectorat). Où vous vous placez sur le spectre, c’est à vous de voir.

1. Collecter

C’est assez évident : c’est l’étape fondamentale de tout travail créatif. Les idées viennent rarement entièrement formées, elles se présentent plutôt sous la forme d’impulsions évanescentes, d’images, de lignes de dialogue ou de description. La première étape consiste donc à pouvoir collecter toutes les idées qui se présentent, sans les juger, où qu’elles viennent, et sans jamais croire qu’on s’en rappellera et qu’il est inutile de prendre quelques secondes pour les écrire. L’expérience prouve qu’on les oublie toujours. Alors certes, peut-être ne valaient-elles pas la peine d’être consignées ; mais il est impossible d’en juger sans une bonne habitude de capture systématique qui permet au cerveau de se détendre, de fournir les idées qu’il souhaite, sans jugement.

De la construction d’un récit entier à celle d’une scène ou même de quelques paragraphe épineux, l’habitude de collecte permet parfois de débloquer l’angoisse de la page blanche. Une des causes principales de la procrastination est le manque de définition de la tâche à accomplir. Par essence, la création traite de la définition de quelque chose qui n’existe pas au préalable, ce qui la rend tout spécialement sujette à l’angoisse et aux stratégies d’évitement. Un réflexe salutaire dans ces conditions consiste à commencer par collecter les impulsions, images, envies, passages, le tout sans jugement ni crainte ; on commence par l’inventaire de ce que l’on a et l’on fait le tri ensuite. Ce relève de la phase suivante…

Non, pas ça.

2. Clarifier

Maintenant que j’ai tout ça : qu’est-ce qui a du sens ? Qu’est-ce qui me plaît vraiment, qu’est-ce qui me semble prometteur, qu’est-ce que j’ai envie de creuser ? Cette idée me conduit-elle quelque part ? S’inscrit-elle dans mon projet ? Et c’est quoi, mon projet, d’ailleurs ?

Toutes ces questions relèvent de la découverte active et/ou inconsciente des intentions réelles du projet et de la façon de les servir. À présent que l’on dispose de toutes ces idées, de tout ce matériau brut, on l’observe d’un regard critique, on le teste, on le pousse dans ses retranchements, on découvre des zones d’ombre qu’il faudra explorer. En un mot, il commence à se dégager des directions à creuser, il commence à se dégager de l’action (c’est pour cela que je fais toujours la fine bouche sur la notion d’inspiration – laquelle est toujours pour moi une démarche volontaire, peut-être entrecoupée de temps de repos et d’incubation, mais qui s’enracine dans une poursuite active).

Je réfléchis à un roman : mon envie de récit spatial est-elle compatible avec ce qu’on sait de la science ? Oui, non, je ne sais pas (j’ai donc besoin de recherches complémentaires) ? Non : est-ce que je décide de m’en moquer et de faire quand même ? De trouver une façon de truander avec un artifice narratif amusant ? Quel est-il ? Que signifie amusant pour moi ? La phase de clarification est la phase des questions utiles, et la phase où elles peuvent se multiplier sans fin – il faut savoir se recentrer sur les plus importantes.

3. Organiser

Organiser est le frère siamois d’éclaircir dans la méthode GTD : face à un nouvel élément, se poser la question « qu’est-ce que c’est ? » (soit, dans le cadre de l’écriture : « qu’est-ce que ça signifie ? ») entraîne nécessairement la question « comment (où) cela s’inscrit-il dans mon projet ? » Ce qui peut entraîner davantage de questions à clarifier, de nouveaux éléments inattendus, le tout dans un mouvement constant et des allers-retours perpétuels entre les trois premières phases du flux de travail. Cela me semble éminemment normal, tandis que l’on cherche à éclaircir un terrain, qu’on le définisse en même temps qu’on s’y aventure. Les bons outils et la bonne méthode de travail me semblent, je crois, laisser une totale liberté à l’esprit et, surtout, à l’envie et au plaisir dans cette étape. La clarification contient nécessairement une composante de jugement (« Qu’est-ce que cela signifie ? » « Ça ne colle pas, en fait »)  mais je crois qu’elle n’est productive que quand elle reste reliée (intellectuellement) à la phase suivante, qui est le but réel de tout ce processus :

4. Agir

Agir, évidemment, ici, c’est écrire. C’est avoir suffisamment défini (consciemment ou non, a priori ou non) l’intention, le cadre, l’énergie même du récit pour, au bout du compte, l’écrire sur la page. Tout ce qui précède – collecter, clarifier, organiser – ne vise qu’à une seule chose : mettre des mots sur la page jusqu’à parvenir à la fin du projet. Tout, en définitive, est subordonné à l’écriture (sauf si votre but consiste à créer un univers pour le pur amusement, mais dans ce cas, on est dans une optique différente – et finalement, le tout devient tautologique, s’il s’agit d’écrire, le but est d’écrire, duh). Plus subtilement, l’action peut consister aussi à se documenter sur un pan important du contexte du récit, mais cela s’inscrit toujours dans un but précis – produire un récit au final.

Une des façons les plus simples pour éviter la procrastination subtile que représentent les recherches qui ne se terminent jamais, la construction de monde interminable, consiste à toujours se dire : cela m’aide-t-il à écrire ? Cela me permet-il de construire le livre à venir ou même les quelques pages à venir immédiatement ? Il est parfois difficile de répondre à cette question, on a parfois la sensation qu’il faut maîtriser un sujet bien mieux que nécessaire pour produire un récit convaincant, et les angoisses inconscientes peuvent produire toutes sortes de stratégies raffinées d’évitement, mais il ne faut jamais perdre de vue qu’au bout du compte, l’important, c’est d’avoir mis des mots sur la page (si possible pertinents, mais au pire, des mots mauvais valent toujours mieux que pas de mots du tout).

5. Revoir

On serait tenté d’équivaloir la revue hebdomadaire, l’étape de révision de l’acquis et des projets en cours, avec celle de la correction, mais je pense ici que c’est trompeur. Revoir peut impliquer des phases de correction, mais corriger est, en un sens, une forme d’action. Corriger un roman, c’est réécrire, c’est donc une phase d’écriture, quoique de nature différente. Revoir, ici, cela me semble plus subtilement conserver le lien avec son récit, avec son monde imaginaire, à tous les échelons du processus créatif. C’est s’y (re)plonger avec aisance au moment de l’écriture (la raison pour laquelle je recommande de toucher son manuscrit tous les jours) mais c’est aussi s’assurer que l’on reste sur la bonne trajectoire (celle du plaisir, celle du sens, celle de la productivité, celle de la vraisemblance, tout cela ou rien à la fois, cela dépend des intentions de chaque auteur, de chaque projet, et cela peut entraîner un processus introspectif très profond tandis que l’on médite ses raisons d’écrire, de produire, voire d’être au monde). C’est lire quelques pages pour se remettre dans le bain avant une séance d’écriture, ou bien considérer l’ensemble une fois terminé et juger si cela correspond aux intentions et, le cas échéant, ce qu’il faut faire pour y remédier.

C’est là, je pense, qu’intervient l’autre forme de procrastination bien connue des auteurs – le doute de soi. L’impression que ce qu’on fait est complètement pourri, qu’on devrait plutôt élever des vers à soie à Genève, etc. S’il faut savoir repérer une mauvaise direction prise par un manuscrit, réfléchir au malaise que l’on ressent et éventuellement se poser la question de l’origine de ce malaise (collecter, clarifier, pour organiser et peut-être agir ?), presque tous les auteurs du monde – dont ton serviteur, auguste lectorat – recommandent d’avancer, de faire taire l’éditeur interne qui répète qu’on écrit de la merde à chaque mot pour écrire, sacredieu, et mettre l’histoire sur le papier jusqu’à sa conclusion. Terry Pratchett disait que le premier jet ne servait qu’à s’expliquer l’histoire, je pense qu’il a éminemment raison. Créer, c’est expérimenter, et expérimenter, c’est accepter de pouvoir se tromper pour se donner la liberté d’être bon. Malheureusement, l’un ne va pas sans l’autre.

Attention donc à la phase de révision, de mise en perspective, qui peut devenir au bout du compte contre-productive. Incapable d’écrire une ligne parce qu’une petite voix vous murmure que ce sera forcément mauvais ? Vous souffrez d’un excès de phase 5 (ça fait très diagnostic médical ; prenez de l’eau ferrugineuse et vous améliorerez votre quota d’écriture de 3 signes par jour !). Il s’agit de rééquilibrer la méthode de travail en faveur de la phase 4. Et pour cela, peut-être faut-il remonter davantage en amont : peut-être faut-il collecter davantage (se documenter ?), clarifier (que veux-je faire ?), organiser (le fais-je d’une manière qui m’agrée ?)

Structure et relâchement

On peut arguer que GTD, c’est comme Carlos Castaneda. C’est pas vrai, mais ça fait réfléchir, et c’est bien ce qui compte. Si j’en crois les podcasts et ouvrages complémentaires que je lis pour me détendre (parce que j’ai pas de vie), je suis à peu près ceinture marron de GTD ; je constate simplement que, depuis un an et demi de travail sur ces aspects, à cerner ma méthode de travail, mon ressenti, à clarifier mes intentions, je suis globalement plus détendu et j’ai survécu à des difficultés cette année qui m’auraient probablement cassé les jambes sans GTD pour m’appuyer, me rattraper et me fournir, au moins, une poignée de questions fondamentales pour me remettre en selle au plus vite. Allen promet au praticien d’avoir « l’esprit comme l’eau » (rien à voir avec la petite ni avec l’eau vive) : une métaphore inspirée des arts martiaux qui symbolise une réaction appropriée et parfaitement proportionnée à la moindre perturbation. Créer, c’est générer une perturbation constante dans le réel car il s’agit d’ériger ce qui n’existe pas. En fournissant des réflexes mentaux simples, GTD permet peut-être au créateur de conserver le cap au long cours sur ses objectifs, de lui fournir une sorte de paix sur les fronts qui lui accaparent l’esprit, bref, de le fortifier et de stimuler sa réflexion sur ce dont il a besoin – ce qui est, me semble-t-il, la base du travail.

  1. Ayant lu les livres en anglais, j’emploie des traductions personnelles – ce n’est peut-être pas la terminologie officielle, mais vous êtes suprêmement intelligent.e comme vous lisez ce blog, et vous saurez donc remettre les cases à l’heure.
2019-06-04T20:33:54+02:00jeudi 7 septembre 2017|Best Of, Technique d'écriture|3 Commentaires
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