Écrire en musique : SpacewaveCR

Trouver la bonne musique de concentration – le truc suffisamment changeant, présent, mais pas mou au point d’endormir l’esprit (ce qui exclut la musique de méditation) ni intrusif au point de déconcentrer – est une quête subtile (mais rigolote). Plein de propositions dans cet endroit de perdition, et la dernière en date : SpacewaveCR (pour Cosmic Relaxation).

C’est de l’ambient suivant un format qu’on trouve souvent sur les services de streaming : des ribambelles d’albums / singles comportant une piste d’environ 30′ (à peu près assez pour un pomodoro) produits en masse, car ce n’est pas de la musique pour une écoute active, c’est au contraire de la musique à ne pas écouter. Mais ça marche étonnamment bien, et SpacewaveCR est présent partout où de la musique s’écoute (YouTube et tous services de streaming), avec des inspirations généralement Vangelisesques dans les moments planants de Blade Runner (un son qui a façonné une esthétique entière).

Personnellement, c’est Remember qui m’a mis le doigt dans l’engrenage (le morceau fait 32′, ici bouclées pour 2h) :

Et sinon, l’album M-Seven 1 dispo sur les services de streaming dure environ 13h – de quoi tenir une longue journée de travail (même si, à mon sens, on commencera directement à la deuxième piste, la première me semblant trop attirer l’attention). Rien qu’avec sa production, il y a de quoi tenir un an d’écriture à plein temps facile sans se lasser.

2025-03-05T00:35:14+01:00lundi 10 mars 2025|Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : SpacewaveCR

Écrire en musique : Eternal Dystopia

Après Void Stasis, et m’être refait une grosse perf’ de State Azure et de Carbon Based Lifeforms (Interloper reste un des meilleurs albums d’ambient ever, j’ai dit), je suis tombé dans un trou de dark ambient entre les recommandations de YouTube et Apple Music, et pour écrire des scènes pas forcément de marrade ultime, ma bonne découverte récente, c’est Eternal Dystopia (un titre qui respire bon la joie de vivre).

Là, on a totalement quitté les terrains mélodiques de CBL qui s’effritaient déjà beaucoup avec Void Stasis pour arriver dans le drone et les paysages sonores microtonaux, ça n’est pas le banger que vous allez mettre au réveillon (encore que, essayez et venez raconter le résultat), mais pour écrire (ou méditer sur la fin du monde et les abysses, je juge pas), c’est extrêmement efficace sans endormir pour autant. Il y a de quoi faire avec une douzaine d’albums sur les services de streaming, et ça vous changera de ce lo-fi sautillant et solaire, là, au moins, on a des nappes en mineur qui fleurent bon la pluie acide sur le béton, bordel.

2025-01-14T01:53:45+01:00mercredi 22 janvier 2025|Décibels|4 Commentaires

Écrire en musique : Void Stasis

En voilà de la musique qu’elle respire la joie de vivre, avec des titres charmants et évocateurs comme « Lung Fibrosis » ou « Costochondrial Separation », et avec une image de couverture qui évoque tout de suite les petits oiseaux et les licornes et pas du tout des univers en état de mort tiède dont les astres sont trop lointains et arides pour jamais pouvoir soutenir la moindre forme de vie – 

Void Stasis est un collectif de dark ambient dont le premier album, Ruins, avait déjà fait parler de lui, mais le suivant, Viral Incubation, est un petit chef-d’œuvre du genre, incroyable et glaçant hommage à toutes les horreurs de SF type Alien : l’expédition arrive sur la planète, découvre des trucs extraterrestres anciens, cosmiques et indicibles, ça tourne au drame atroce, et elle s’en tire de peu dans le sang, les larmes et les explosifs. Absolument pas recommandé pour écrire des scènes ensoleillées et guillerettes, mais si vous versez dans le glauque ou l’horreur, c’est juste parfait (pas du tout invasif pour l’esprit, donne juste assez de textures pour le concentrer). Bizarrement, je tourne beaucoup à ça pour certains passages de La Succession des Âges.

Si vous ne connaissez pas encore, vous pouvez en profiter pour jeter un œil à la page Bandcamp du label Cryo Chamber, éditeur de Void Stasis et autres artistes du même tonneau comme Atrium Carceri ou (mon autre chouchou du moment) Tineidae – j’ai à peine commencé à mettre le doigt dans la machine mais il y a de quoi peupler quantité de sessions d’écriture sinistres – ou de méditations aux frontières des ténèbres.

2024-11-04T00:51:05+01:00lundi 4 novembre 2024|Best Of, Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : Void Stasis

De la musique pour écrire : Carbon Based Lifeforms

Il y a parfois des formations dont on se dit : QUOI MAIS COMMENT N’AI-JE POINT CROISÉ CETTE ROUTE PLUS TÔT genre en 1882, date de l’invention du synthétiseur à pédales, entraînant la mort de son inventeur lors d’un concert marathon à New Hampshidlefrugedlewock, bref

Carbon Based Lifeforms en fait partie : on est à la limite de l’ambient, mais tout juste – des lignes rythmiques subtiles mais présentes évitent l’endormissement dans des paysages sonores riches en nappes et pads atmosphériques dont la reverb va à vue de nez jusqu’à Saturne. C’est beau, la bande son parfaite pour regarder se développer l’univers en accéléré au planétarium ou pour sonoriser des paysages de fonds marins à l’infini. Et évidemment pour écrire aussi, si vous en avez marre de Focus@Will, EoN et autres programmes de musique semi-générative. Par contre, pas dit que ça marche pour les scènes de baston.

2023-02-09T00:58:22+01:00jeudi 9 février 2023|Décibels|7 Commentaires

Écrire en musique : Eōn, musique procédurale par Jean-Michel Jarre

Je trouve qu’écrire en musique représente toujours un dilemme : d’un côté, le son distrait la part anxieuse de l’esprit, envoie la part critique s’occuper dans son coin à l’écart de la part créative pour ne pas l’étouffer – c’est un des principes derrière mon bien aimé Focus@Will. Mais de l’autre, très rapidement, la musique dans les oreilles couvre celle des mots et il devient difficile de s’entendre penser. D’où la quête sans fin pour écrire en musique (avec des tas de recommandations passées dans les archives) : il en faut juste assez pour apaiser l’esprit.

Dans ce voyage, l’une des découvertes qui m’a certainement le plus convaincu est l’application Eōn, conçue par Jean-Michel Jarre, sortie il y a quelques années. J’étais assez méfiant du principe : des algorithmes génèrent une musique continue et procédurale, accompagnée de visuels évolutifs, le tout fondé sur des séquences conçues par le maître. Si vous utilisez des services de ce genre, vous connaissez le problème : ça finit par tourner en rond à force d’usage intensif, quand le but est justement d’occuper l’esprit sans lui donner d’accroche reconnaissable. Du coup, si ça se répète, c’est loupé. Et quand ça ne se répète pas trop, la musique associée est souvent trop aléatoire, c’est-à-dire moche et dissonante (je n’arrive à me faire à Endel, par exemple).

Eh bien justement, dans ce style, Eōn est spectaculaire. Cela aurait pu être un jouet coûteux et extrêmement limité vendu sur la réputation de Jarre, c’est tout le contraire. Après plus d’une centaine d’heure à utiliser l’application, j’ai éprouvé une familiarité passagère une poignée de séquences vraiment typées, et les combinaisons sont si nombreuses que ça n’est pas vraiment gênant. Toute l’idée de l’app est de ne jamais se répéter tant sur le plan visuel qu’auditif, les combinaisons de séquences étant virtuellement infinies (et toujours éphémères), et en plus, c’est extrêmement écoutable, dans le genre textural : pas de mélodie, mais de bête bruit non plus.

Bref, hautement recommandé pour les longues sessions de concentration (et ça marche évidemment sans connexion Internet). L’app coûte une dizaine d’euros, sur iOS ou Mac. Une capture ci-dessous pour se faire une idée :

2022-08-10T04:10:54+02:00lundi 15 août 2022|Décibels, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast S04E02 : « Le rapport signal-bruit des dialogues »

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « Le rapport signal-bruit des dialogues« .

Débat complexe sur une notion difficile à cerner aujourd’hui : le lien entre l’information transmise par le dialogue, tant pour la narration que la caractérisation, et la place qu’on réserve à ces échanges. Lionel met en avant le fait que l’expression seule, peut être très éloquente sur le rapport au monde d’un personnage. Mélanie argue que cela se sent, à force, et que plus que pour le reste de la narration, ce qui « accroche » dans un dialogue apparaît clairement à la relecture. Estelle propose un vibrant plaidoyer sur la place que peut prendre le dialogue en littérature, sur le plaisir des longues tirades et des échanges, ce que le scénario permet beaucoup moins.

Références citées

– James Bond

– Person of Interest, série de Jonathan Nolan

– Howard Philips Lovecraft

– Quentin Tarantino

– Basic, film de John McTiernan

– Russell T. Davies, The Writer’s Tale

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:24+02:00vendredi 1 novembre 2019|Procrastination podcast|1 Commentaire

Se faire un cadeau

Un pli curieusement plat arrivé au courrier en fin de semaine :

VAST-la

Il y a quelques mois, Jon Crosby, le maître d’oeuvre du groupe indépendant VAST proposait un financement participatif pour son nouvel album, avec quelques récompenses spéciales, dont l’enregistrement personnalisé acoustique d’une chanson au choix. J’ai cassé ma tirelire pour cette version de I Woke up L.A., dont la version d’origine m’a accompagné pendant une bonne part de l’écriture de la trilogie Léviathan (et qui se trouve même citée en exergue de La Nuit) – s’il devait y avoir une bande-originale, je ferais mes yeux de chat potté pour qu’elle y soit incluse :

I woke up L.A.

To sound the siren song

Everything is great

And everything is wrong

Une forme de conclusion avec retard, ou une manière de relier avec cet univers, qui commence, lentement mais sûrement à me chatouiller ; il reste beaucoup d’histoires à y raconter (mais ce ne sera pas avant quelques années, au bas mot).

La version d’origine :

2015-10-12T10:40:21+02:00mardi 13 octobre 2015|Journal|5 Commentaires

Le Diablo est dans les détails

Il y a dix jours, c’était la beta ouverte d’un des jeux les plus attendus de dix dernières années, le messie des nuits blanches et du « allez, je finis juste cet étage, et après je vais me coucher » avant la généralisation des MMORPG et de World of Warcraft : l’arlésienne Diablo 3. Après des annonces en grande pompe et en accords de guitare éthérés (votre humble serviteur se trouvait au Worldwide Invitational de Paris en 2007 au moment de l’annonce de la sortie du jeu quand à l’époque, tout ce qu’il voulait, c’est une date de sortie pour Wrath of the Lich King), tout détenteur d’un compte Battle.net a pu accomplir une portion de l’Acte I du nouvel opus.

Cette petite virée au monde de Sanctuary suscite a priori très, très positif. L’ambiance sombre des précédents opus (surtout du premier, disons-le) est respectée : décors brumeux, crânes et possessions démoniaques dans tous les coins, corbeaux et villages souffreteux, tout l’attirail du médiéval tirant sur l’horrifique est présent, loin du côté un peu chatoyant et coloré de Diablo II. Heureusement, parce que le passage à un moteur 3D et le traitement correspondant des lumières donne un aspect un peu lisse au graphisme, débordant sur le son et lumière en cas d’utilisation intensive des pouvoirs qui donne à l’ensemble un côté Jean-Michel Jarre live à R’lyeh un poil surréaliste. Mais je chipote, et nous n’avons vu qu’une portion infime du jeu.

Surtout, le jeu fourmille d’une attention aux détails, d’optimisations du gameplay au poil de rat pestiféré, qui est la patte Blizzard. Les changements vivement critiqués par la communauté paraissent, à l’usage, réfléchis avec attention pour fournir une expérience de jeu épurée, concentrée sur l’essentiel : tuer du monstre, faire du pex, gagner du loot. Ce Diablo 3, dans les faits, se rapprocherait presque d’un shoot-them-up à l’ancienne, surtout en incarnant un tueur de démons, spécialisé dans le combat à distance. Plus de parchemins de Town Portal? Parce que ça vous amusait, vous, d’en empiler 12 dans l’inventaire par crainte d’en oublier ? Plus de jauge de course ? Le premier Diablo s’en passait très bien, et les pas lents de l’aventurier imprimaient justement une atmosphère oppressante aux catacombes abandonnées. Des orbes de santé pour se régénérer après les combats ? Excellente idée : utiliser une potion devient un acte rare qui signifie l’urgence, au lieu d’en siphonner toutes les dix secondes pour se remettre à neuf.

Tout dans le jeu pousse à la performance, à réussir de plus grosses tueries de démons de façon créative : on a pu voir l’introduction (un peu timide, certes) d’éléments de décor à faire tomber sur les adversaires, et le jeu note les records du joueur (le plus d’objets détruits à la fois, de monstres tués en un coup, etc.) en lui octroyant un petit bonus d’expérience à chaque fois qu’il se surpasse. Du coup, même détruire des tonneaux vire au défi. Et le générateur aléatoire de niveaux propose parfois de petits événements ponctuels (survivre une minute dans une salle infestée de squelettes, par exemple) avec bonus d’expérience et équipement à la clé. Le rythme de l’aventure est mené avec précision, et le jeu se paie même le luxe d’un scénario qui arrive à susciter l’intérêt : une mystérieuse météorite tombe sur l’ancienne cathédrale maudite de Tristram, ce qui pourrait être le premier signe de la fin des temps annoncée par les anciennes prophéties. Ce retour aux sources est l’occasion de retrouver des noms bien connus des vieux joueurs à avoir parcouru les couloirs sombres du premier épisode : Lazarus, Léoric, et bien d’autres.

La facilité de cet aperçu a été critiquée ; c’est vrai que je ne me suis pas réellement senti en danger comme cela pouvait être le cas sur les opus précédents, où des passages intenses obligeaient à préparer ses stratégies, voire à utiliser des méthodes mange-caillou pour attirer les monstres un par un, même en mode facile. Mais ce n’est que le début, et dans la difficulté de base. Par l’épure de son gameplay, ce Diablo 3 promet d’ores et déjà une rejouabilité supérieure à ses ancêtres.

C’est avec une certaine sérénité que l’on peut attendre le 15 mai, date de sortie du jeu : comme tous les jeux Blizzard (et comme on a tendance à l’oublier avec le temps…), Diablo 3 ne réinvente pas la roue, mais il lui colle des jantes chromées, des pneus inusables et des amortisseurs hydrauliques. Comme ses prédécesseurs, il ne sera pas follement original, mais il sera mitonné aux petits oignons, extrêmement amusant, et promet d’engourdir de longues heures à tuer des boutons de souris pour récupérer encore une ceinture +2 en puissance d’attaque et après promis juré je me couche.

2012-05-02T11:12:24+02:00mercredi 2 mai 2012|Geekeries|6 Commentaires
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