Procrastination podcast s07e15 – Se mettre dans l’écriture

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e15 – Se mettre dans l’écriture“.

Procrastination parle de procrastination, dans le nœud de son problème : quand on fait l’expérience d’une résistance à l’écriture – peur de la page blanche, du manuscrit, de faire mal – comment se mettre au boulot ?
C’est Estelle qui fait la mauvaise élève cette quinzaine : son manque de temps rend ses créneaux d’écriture extrêmement précieux, ce qui la rend relativement imperméable au problème ! Mélanie élargit celui-ci : il ne s’agit pas tant pour elle de se remettre dans une histoire, que de gérer la mise au travail (quel qu’il soit) avec toutes les distractions du monde moderne (et du chat). Sa leçon fondamentale : apprendre à se reposer et faire des pauses. Lionel développe la méthode par créneaux temporels (la méthode pomodoro au sens large), et propose quelques astuces toutes simples d’organisation quand on a une vie bien remplie.

Références citées

  • Steven Pressfield, La Guerre de l’art
  • La méthode Pomodoro https://fr.wikipedia.org/wiki/Technique_Pomodoro
  • Bip bip et le Coyote
  • How Long Left https://apps.apple.com/us/app/how-long-left/id1450603293

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Bonne écoute !

2023-05-01T09:24:24+02:00lundi 17 avril 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e15 – Se mettre dans l’écriture

Procrastination podcast s07e11 – Un héros doit-il avoir un but ?

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e11 – Un héros doit-il avoir un but“.

Ce motif circule beaucoup parmi les modèles d’écriture contemporains : la notion du but ou d’objectif pour les héros du récit, vue comme une quasi-nécessité. Procrastination décortique l’idée : est-ce bel et bien obligatoire ?
Mélanie avance que le récit a besoin d’une force motrice ; Lionel concourt, même s’il préfère des termes plus polyvalents comme ceux de protagoniste et de volonté. Estelle avance qu’il ne s’agit pas forcément d’absolus, contre-exemples à l’appui, ce qui entraîne une conversation sur les définitions mêmes de volonté, de protagoniste et de progression dramatique en narration.

Références citées

  • Raymond Carver
  • Joseph Campbell (pour le monomythe)
  • J. R. R. Tolkien, Le Seigneur des Anneaux
  • Gustave Flaubert, Madame Bovary
  • Robert Musil, L’homme sans qualités
  • Herman Melville, Bartleby
  • Clerks, film de Kevin Smith
  • Jack London, Les Vagabonds du rail / Les Temps maudits
  • H. P. Lovecraft
  • Mad Max, films de George Miller
  • Carson McCullers, Frankie Addams
  • Fiodor Dostoïevski, L’idiot / Crime et châtiment
  • James Joyce, Dubliners (« Les Gens de Dublin »)

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2023-03-02T00:07:37+01:00mercredi 15 février 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e11 – Un héros doit-il avoir un but ?

Inscrivez-vous dès maintenant à la Masterclass des Imaginales (places limitées)

Et hop, donc, pour des raisons sur lesquelles on en a toutes et tous assez de s’étendre, les Imaginales ont lieu cette année en octobre, du 14 au 17. Mais ce sera une édition complète, dans la joie et le plaisir d’être (espérons) un peu plus libres, et donc, la Masterclass est reconduite cette année ! Jean-Claude Dunyach et moi aurons à nouveau le plaisir de l’animer (et vu comme ça nous manque, ce plaisir sera absolument immense, colossal, merveilleux) :

Corriger son manuscrit et envisager l’édition

Cette journée et demi d’échanges et d’enseignement vise à armer les jeunes auteurs pour la transition de l’écriture vers la publication : comment passe-t-on de l’envie d’écrire au métier d’écrivain ? Au cours des dix dernières années, sites, livres et forums d’aide à l’écriture se sont multipliés. Il est aujourd’hui plus facile que jamais de travailler sur un livre. Mais comment l’achever, puis l’amener au meilleur niveau de qualité possible ? Comment se corriger, s’améliorer ? Comment et pourquoi le présenter à un éditeur ? Quels sont les rouages de la fameuse « économie du livre » ? Passer du statut d’amateur passionné à celui de jeune professionnel de l’écriture, voilà l’ambition de cette journée de formation, à travers des thèmes tels que :
• approcher l’écriture en songeant au public, sans sacrifier le cœur de son histoire ;
• savoir se lire avec recul pour parfaire son manuscrit ;
• les relations avec le monde éditorial ;
• la rémunération des auteurs…
Cette journée de formation est destinée à ceux qui se sont lancés dans la rédaction d’un livre, voire l’ont terminé, et pensent à l’étape suivante, la publication professionnelle ; mais aussi à ceux qui ont envie d’écrire des histoires et désirent acquérir une vision panoramique du monde de l’édition. La journée s’articule autour de présentations sur un sujet donné (l’attitude professionnelle, les corrections, les relations avec le monde éditorial…), suivies de temps de discussion et de débats autour des difficultés rencontrées par les stagiaires dans leur propre travail.

Pour mémoire, la formation passe d’une journée à une journée et demie, mercredi 13 octobre de 9h à 18h et jeudi 14 octobre de 9h à 12h30. Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes :

➡️ Dossier d’informations et inscriptions

2021-08-09T18:10:18+02:00jeudi 11 mars 2021|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Inscrivez-vous dès maintenant à la Masterclass des Imaginales (places limitées)

L’atelier sur le conflit est MAINTENU à DISTANCE

Donc, tandis que nous nous adaptons à cette nouvelle période (Netflix, Disney+, whisky), une info brève mais importante :

L’atelier réalisé pour les Mots sur la notion de conflit en narration est MAINTENU (28-29 novembre). Il se fera en virtuel, via Zoom, comme toutes nos vies en ce moment.

Nous avons testé la formule lors du premier confinement au printemps et cela marche réellement bien. À tout prendre, si vous n’êtes pas à Paris, c’est même l’occasion d’en profiter.

2020-11-02T11:31:22+01:00mercredi 4 novembre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur L’atelier sur le conflit est MAINTENU à DISTANCE

Bulletin de santé digital et numérique (10 février)

(Si au moins ma mésaventure permet d’illustrer la différence entre les deux termes…)

Merci. Merci infiniment pour votre déluge de commentaires, courriels, tweets, messages concernant ma blessure signalée la semaine dernière. C’est fou ! Merci pour vos bons vœux, vos idées, suggestions. Je suis toujours “empeiné” comme on dit en Charente-Maritime, donc toujours incapable de faire plus que m’efforcer de tenir les engagements minimaux pris, mais l’urgence du moment étant passée, voici un message global pour expliquer ce dont il est question de manière plus détaillée (je récapitule aussi par rapport à la semaine dernière).

Il y a dix jours, donc, nous étions partis pour acheter, entre autre choses, des boîtes alimentaires en verre dans une grande surface (communément appelées Tupperwares dans la langue de Boris Johnson). Les dites boîtes étaient rangées hors de vue dans le rayonnage, et l’une d’elle était, sans que je puisse le voir, brisée en deux.

[Attention, explication légèrement graphique à suivre – mais toujours moins grave que ce que pouvez lire dans La Messagère du Ciel…]

Au moment où je l’ai prise, l’étiquette apposée sur le fond a agi comme un levier et la partie brisée est venue frapper de tout son poids mon annulaire gauche, suscitant a) douleur b) terreur c) repeignant au passage le rayonnage en couleurs chaudes à tous les sens du terme.

Bon, alors, vous savez les jets d’hémoglobine qu’on voit parfois dans les films, genre la scène du chevalier noir dans Sacré Graal ? Ils existent, j’en ai rencontré un, quand l’opératrice radio a enlevé le bandage de compression pour s’assurer que je n’avais pas de bouts de verre coincés dans la plaie (occasionnant de ma part le plus gros “OH FUCK” que j’aie jamais gueulé de ma vie, parce que, eh bien, ça vous fait un truc quand même). Verdict :

Bonne nouvelle : les tendons ne sont pas touchés. Je peux toujours (théoriquement, parce qu’en ce moment c’est pas mon activité favorite favorite) plier le doigt, au moins un peu.

Mauvaise nouvelle : le nerf a donc été coupé net. Il a fallu une opération de microchirurgie pour le recoudre (j’ai maintenant une découpe qui fait tout le côté du doigt de la forme de la cicatrice d’Harry Potter). Le saviez-vous ? Nous avons deux nerfs le long de chaque côté responsables de la sensibilité de nos doigts. Je n’en ai plus qu’un et demi – en gros – puisque celui qui a été coupé risque de ne jamais retrouver sa pleine sensibilité, et encore, sous 6 à 12 mois maximum. Je vous avoue que c’est pas trop le fun neuronal dans mon annulaire qui ne comprend actuellement rien à ce qui lui arrive : le moindre contact sur la partie lésée est à la fois insupportable et étouffé, comme si toute la zone avait été brûlée vive. Je découvre chaque jour des mouvements à éviter parce que sinon c’est comme quand tu te cognes le coude dans le rebord de ta table mais puissance cent – il s’avère qu’un nerf recousu n’aime pas trop qu’on le dérange. Fun times. Retrouver une part fondamentale de cette sensibilité est cependant indispensable, notamment pour chaud et froid, histoire que, si je me brûle précisément à cet endroit, je m’en rende compte avant de me demander pourquoi ça sent le cochon grillé en plein hiver. Avouez que ça serait ballot.

Suite des événements

Déjà, ma participation aux événements et salons n’est pas, pour l’heure, remise en cause ; ne comptez juste pas sur moi pour faire un Jungle Speed. Mais comme je le disais plus haut, mon temps de frappe est donc grandement réduit (parce que tout prend au quotidien des plombes à faire, et notamment qu’écrire avec une seule main est beaucoup plus long). Cela implique de faire des choix : le blog est donc suspendu pour un à deux mois à l’exception des actualités, le temps de réévaluer ma situation, tout comme les publications et participations sur les réseaux commerciaux (qui se résumeront au mieux à des likes et des RT, désolé). Je m’efforcerai quand même de donner des nouvelles ici de l’avancée des choses. Ma correspondance devra se limiter aux engagements professionnels, ce n’est pas que je vous snobe, encore une fois, c’est que le clavier est littéralement mon mode d’expression principal à longueur de journée et que je n’ai qu’un nombre de mots de fini (et réduit) à ma disposition par jour, et que je vais devoir les réserver en priorité aux bouquins (en espérant arriver à tenir les délais). Et en plus il se trouve, curieusement, que réfléchir clairement avec un nerf en court-circuit est vachement plus difficile qu’il n’y paraît, dites-donc.

Vous avez été très nombreux.ses à me suggérer la dictée et je vous en remercie, mais je dois insister sur le fait que ce n’est pas applicable dans mon cas (j’avais hélas dû un peu faire l’expérience il y a cinq ans). Je ne peux pas écrire comme je parle et inversement. Mon écriture (surtout romanesque) s’apparente davantage à de la sculpture qu’à une formulation finale de la moindre idée : j’écris un bout de phrase, un autre, comprends comment le paragraphe va peut-être s’orchestrer, m’aperçois qu’il faut une information à mettre avant, je mets des mots en ordre de marche jusqu’à trouver le bon, etc. Je réfléchis autant que je rédige quand je tape, jusqu’à parvenir à ce qui sera le premier jet. (D’aucun.es disent que je parle aussi comme ça. C’est vrai. Bref, à moins qu’il existe Dragon Unnaturally Speaking In Riddles, le clavier et ce bon vieux TextExpander restent mes meilleurs alliés.)

Vous avez aussi été plusieurs à remarquer que la responsabilité du magasin était engagée. Un peu, mon neveu, à 200% (on récapitule : j’ai mal, peur, un doigt en mousse qui restera probablement en éponge, je suis handicapé dans mon activité professionnelle et ma vie quotidienne). Les contacts ont été pris, les preuves sont irréfutables, les diagnostics en noir sur blanc, mais on va d’abord commencer par discuter de manière civile, parce que je trouve qu’il faut toujours commencer par discuter de manière civile et on va essayer de s’arranger entre grandes personnes.

Quelques mots pour conclure :

  • Si vous avez la chance d’être entièrement valide, prenez un instant pour le savourer. Même si on le sait intellectuellement, on ne comprend pas viscéralement le nombre de petits privilèges dont on bénéficie à chaque instant quand tout va bien, ni à quel point le monde est conçu pour des gens avec deux mains en ordre de marche (je prends mon cas) avant de les perdre. L’accessibilité, c’est bien, et ça concerne tout le monde.
  • Mon respect renouvelé à tou.tes ceux et celles qui luttent contre des affections chroniques, quelle qu’en soit la nature. Je suis amoché, c’est hyper chiant au quotidien et il est possible que j’en garde des traces indélébiles, mais ça aurait pu être bien pire et j’en ai tout à fait conscience : j’aurais pu perdre un pouce entier. Compassion, chaleur et, je le répète, mon immense respect à vous toutes et tous qui gérez avec bien plus compliqué : vous êtes des gachte de héros et d’héroïnes.
  • Le prochain jeune (ou moins jeune) auteur qui me dit la gueule enfarinée qu’il ou elle ne peut pas trouver du temps pour écrire risque peut-être bien de se prendre, avec bienveillance et amitié, une gifle. Si vous voulez écrire, vous le faites. Parmi les héros et héroïnes sus-citées, il y en a beaucoup dans le monde de l’imaginaire, qui construisent leur œuvre malgré les embûches du corps et de l’esprit1. Si vous avez la chance d’être en parfaite santé, faites le choix de faire les choses qui comptent. Et cela peut commencer par : reconnaître la peur au lieu de la fuir, pour chercher à l’apprivoiser, pour l’empêcher de vous retenir dans l’accomplissement de vos rêves. Mais faites-le aujourd’hui, pas demain. Car tant qu’on n’aura pas vendu notre âme à Google X, tous nos jours restent comptés.
  1. Et à ce sujet, j’ai aussi une embûche de l’esprit – je n’en ai jamais parlé parce que c’est mon problème et que je le gère avec moi-même, mais je débats de plus en plus de la possibilité d’en parler, non pas pour moi, mais parce que ça peut peut-être aider du monde. Et au cas où ça ne serait pas clair, je ne me considère nullement comme les héros sus-citées – je suis juste un mec qui fait son truc dans son coin.
2020-02-10T09:43:30+01:00lundi 10 février 2020|Journal|12 Commentaires

Vous n’avez pas à vous justifier de la fiction que vous écrivez

Un échange privé que je publie ici avec autorisation, parce qu’il me paraît répondre à un certain nombre de questionnements que je vois défiler (car oui, je vois tout défiler, je suis comme ça, je lis la matrice des réseaux sociaux dans leurs colonnes vertes de katakanas clignotants). 

Donc, ceci apparaît : 

Une autrice a dû justifier les capacités, les pouvoirs de son personnage, non pas au nom de la crédulité consentie, mais parce que c’est une fille, et qu’elle écrit une fille, et que c’est donc forcément un self-insert à la Mary Sue… C’est cette idée de “devoir se justifier” en tant qu’autrice qui me terrifie. Parce que j’ai peur que mes arguments ne soient jamais assez solides pour ceux qui les réclament, ou ne soient pas assez solide à mes yeux (manque de confiance en soi, qui transparaît dans l’écriture par un perfectionnisme maladif…). J’ai peur de ne jamais écrire parce que je serai toujours en train de me demander “et si c’était interprété de la mauvaise manière ? et si je n’étais pas à la hauteur ?”, ainsi de suite. Qu’on puisse confondre mon personnage et ma personne est une hantise assez ancrée dans le fait “d’être UNE autrice”.

Et il me parait important de lancer clairement à la face du monde, en postillonnant fort si possible : 

Ne m’en voulez pas – c’est ainsi que je fonctionne, mais c’est de la bienveillance, croyez-moi – je vais répondre à votre terreur par un grand secouage de puces. 😉

Grands dieux, depuis quand un auteur doit-il répondre de ce qu’il écrit dans un contexte de fiction ?
(Tant que ce n’est pas haineux, toxique, etc.)

Vous n’écrivez pas pour vous justifier d’arguments auprès de quiconque. Vous écrivez pour chercher en vous des choses qui font du sens et les partager avec ceux et celles que ça peut toucher. Ne laissez pas les rageux, les emmerdeurs, les pisse-vinaigre jeter cette ombre sur votre art. Alors je me doute bien que c’est certainement plus facile d’écrire ça d’un point de vue masculin que féminin, mais regardez des autrices comme Léa Silhol, ou Mélanie Fazi. Elles tracent leur route. Ceux à qui ça parle suivent. Les autres ne sont pas concernés de toute manière. (Et à la rigueur, inversant la situation, on pourrait aussi vouloir me demander des comptes sur mes personnages féminins assez nombreux.)

Tracez votre route avec cœur et en travaillant sans cesse la technique. C’est votre seul devoir, la seule chose à laquelle vous rendez des comptes : l’authenticité que vous portez en vous. (Bon, OK, ça et votre éditeur.) En tout cas pas à ceux qui demandent des « justifications » sur ce qu’il y a dans vos livres (tant que ça tient la route narrativement et que ça n’est pas toxique, mais vous l’avez bien compris).

Ma compagne a sur ce sujet la meilleure image du monde : elle dit, la critique, c’est comme les impôts. Si vous y êtes exposée, c’est que vous avez déjà généré suffisamment d’attention pour vous en attirer. Alors vous verrez le moment venu. Et le moment venu, si cela arrive, alors cela signifie que les un ou deux aigris qui voudront vous demander des comptes ne seront de toute façon qu’une goutte d’eau, un inconvénient inévitable dès lors que le succès atteint une certaine envergure.

Donc à vrai dire, je vous souhaite que cela arrive, parce que cela signifiera que vous aurez généré assez d’attention pour attirer ce genre de remarques. Mais de façon générale, dans les mots de Kipling, laissez vos paroles « être travesties par des gueux pour exciter des sots », et avancez.

Écrivez avec foi – c’est tout ce que vous contrôlez.

2019-06-01T14:34:22+02:00mercredi 20 mars 2019|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires

Il est interdit de douter de soi

Allez, ça nous arrive tous plus ou moins. Dans sa litanie contre la peur, même Elizabeth George l’admet ; elle transforme l’angoisse en foi. Elle fera ce qu’elle été appelée à faire : mettre des mots sur la page.

Quand j’étais à la convention mondiale de SF de Helsinki l’année dernière, j’ai entendu une image qui semble assez courante dans le milieu littéraire anglophone. Un auteur suit un théorème parmi deux :

  • Théorème A : Tout ce que je fais est génial, car c’est moi qui le fais.
  • Théorème B : Tout ce que je fais est merdique, car c’est moi qui le fais.

Devinez celui auquel j’appartiens.

Je sais que je ne suis pas le seul (sinon je n’aurais pas dans mon catalogue de conférences une sur la procrastination et la motivation des auteurs, dont le diaporama est disponible, heureux hasard, ici, hint, hint). En fait, je crois que beaucoup de créateurs sont des ceintures noires de l’auto-enfonçage. En mode : « Oh, là, là, ce que je fais est vraiment trop mauvais, personne n’aimera ça, je ne pige rien à ce que je fais, au secours, y a-t-il un pilote dans l’avion ? »

Ce n’est pas de l’affectation ; on pourrait même dire que cela part de l’intention la plus pure du monde. Je vais créer quelque chose et le proposer à des gens – qui suis-je, quel genre de fou de mégalomane, pour imaginer que ça puisse leur plaire ? Quelle audace. Quelle outrecuidance. Surtout que, MAMAN, AU SECOURS, je n’ai foutrement aucune idée de là où je vais. (Cependant, si vous êtes Théorème A, ça devient : « Maman ! Regarde, c’est moi qui pisse le plus loin. » Ou quelque chose du genre.)

J’ai deux trucs à dire à ça, dont une prise de conscience plus ou moins récente, ou en tout cas seulement récemment assumée.

D’abord :

La création, c’est bordélique.

On en parle régulièrement ici, dans Procrastination, mais l’essence de la création, c’est défricher ce qui n’existe pas. C’est tracer un chemin nouveau dans la grande jungle du rien. Donc, oui, c’est flippant, et oui, nécessairement, c’est empreint d’erreurs. Ça pique, parfois on jette du matériel, parfois on se tape la tête contre les murs en se demandant où aller – mais c’est normal. John Gardner, dans The Art of Fiction (chroniqué ici), parle de « rumination » (et pas de rémunération, dommage) dans la construction d’intrigue. OK, on voudrait minimiser la partie erreur de la technique « essai-erreur », mais l’angoisse est compréhensible, l’effort souvent palpable, et la règle.

Ne prenez pas cela comme la marque que vous ne savez pas ce que vous faites, car…

Vous n’avez pas le droit de douter de vous.

Douter de soi est la chose la plus contre-productive qui soit. Sans devenir Théorème A – je suis génial, parfait, tout ce que je fais est le bonheur donné à un public en émoi – il y a une différence entre questionner son travail et se questionner soi-même. Qui êtes-vous ? Vous-même. (Merci, captain Obvious !) Non mais sans déconner : vous n’êtes ni plus, ni moins, que vous-même, et si vous écrivez, faites-le, ou ne le faites pas, mais il n’y a pas d’essai, comme disait Yoda lors de son exil à Saint-Hélène.

Il est tout à fait autorisé – et pertinent, et recommandé – d’interroger son travail. (C’est ce qui ne fait pas de vous un Théorème A.) Ai-je bien servi cette histoire ? Ai-je bien campé ce personnage ? Ce passage est-il efficace ? Pourrais-je corriger, réécrire plus fidèlement à mes intentions ? Tout cela sont des questions d’artisanat, d’efficacité quant au projet et même de satisfaction quant à l’idéal qu’on se fixe. Parfaitement légitime, et même indiqué pour réaliser un bouquin qui tabasse. (Enfin, autant qu’on l’espère.)

Mais il est facile, trop facile, de déborder vers des interrogations portant sur la pertinence de la personne (vous, si vous suivez) au lieu de son travail. Sur sa légitimité. Comme si l’on se distribuait à soi-même des attaques ad hominem1, au lieu de parler de la réalisation. Êtes-vous autorisé.e à écrire ? Êtes-vous « fait.e » pour ça ? Who the fuck knows? Et qui le pinnipède peut le dire ? Personne (on en a parlé dans le dernier épisode de la saison 2 de Procrastination, Talent Vs. Travail). Les questions de cet ordre servent une fin bien précise :

Tavu, moi aussi je mets des GIF animés dans mes articles en mode Buzzfeed.

Ou, plus exactement, elles vous sapent le moral, la confiance, ce qui est l’anti-sexe absolu pour la créativité, et surtout, elles n’ont pas de réponse.

Répétez après moi :

Mes questionnements sur mes capacités inhérentes ne connaîtront jamais de réponse, alors je les bannis. 

Autant reporter cette énergie sur le fait de faire, puis de questionner ce qui a été fait. Cela ajoute le bénéfice de réfléchir à la pertinence de ce qui a été fait, de manière assez détachée et dépassionnée, de manière à le faire, si nécessaire, mieux. Non pas parce qu’on doute de soi, non pas parce qu’on pense qu’on est un gros naze, mais que, comme tout le monde, on a parfois besoin d’itérer pour parvenir à quelque chose de convenable, et que, bloody hell, c’est le putain de processus, tu vois.

Dorénavant, douter de vos capacités inhérentes est interdit. Il n’y a que a) le sens que vous désirez mettre à votre création, qu’elle soit publiée ou pas, et b) la meilleure manière de la faire. 

Tout le reste est l’affaire de la postérité, et par définition, on sera morts, donc c’est quand même vachement pas très intéressant.

  1. Les attaques Ad Eminem, en revanche, sont autorisées si les voix nasillardes vous portent sur le System of a Down.
2019-06-01T14:37:25+02:00mercredi 12 septembre 2018|Best Of, Technique d'écriture|10 Commentaires

Retrouvez les cinq masterclasses de l’Arald en vidéo

Le vendredi 13 octobre 2017 s’était tenue la masterclass des littératures de l’imaginaire, organisée par les éditions Actusf avec Les Moutons électriques, l’Atalante, Critic et Mnémos, en partenariat avec l’Arald et la Bibliothèque Municipale de Lyon. Ces interventions ont été filmées dans leur intégralité, permettant de les revoir en entier, avec au programme :

  • 3′ : Olivier Paquet, sur la thématique des descriptions, leur rôle, leur importance et le dosage
  • 37′ : Moi-même, sur la thématique des personnages : archétype et logique propre. (J’y parle notamment de mes outils favoris, volonté et conflit, ainsi que de l’équilibre entre structure et lâcher-prise)
  • 1h15 : Nicolas Le Breton, sur la question des dialogues
  • 1h45 : Christian Chavassieux, à propos des scènes de bataille
  • 2h’18 : Jean-Laurent Del Socorro, sur les questions des relations avec les correcteurs, éditeurs et relecteurs, et tous ceux qui ont un regard sur un texte avant sa publication.

Pour ma part, pour aider à suivre le discours en parallèle, je vous propose de télécharger à part le diaporama au format PDF ici afin de pouvoir mieux le lire, et surtout, bien évidemment, de profiter en plein écran de la slide la plus surréaliste que j’aie jamais mise dans une présentation.

2019-06-04T20:18:14+02:00lundi 6 novembre 2017|Best Of, Technique d'écriture|8 Commentaires

Procrastination podcast S02E01 : “Qu’est-ce qu’une histoire ?”

Procrastination est de retour pour sa saison 2 ! Merci encore pour votre intérêt l’année passée. Nous redémarrons avec un thème à la fois global et fondamental, en espérant que vous aurez autant de plaisir à nous suivre cette année.

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Au programme : “Qu’est-ce qu’une histoire ?“.

Les arts narratifs et tout particulièrement la littérature se concentrent sur la notion d’histoire – mais en fait, comment se définit-elle ? Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust font un détour par les mythes et l’histoire (de l’humanité) pour cerner le concept et revenir à son acception moderne. Celle-ci peut-elle guider l’écriture ?

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2019-05-04T18:47:14+02:00vendredi 15 septembre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|11 Commentaires

Les cinq règles de l’écriture par Robert Heinlein (2) : tu dois finir ce que tu as commencé

Rappel : cet article fait partie d’une série programmée sur les règles de l’écriture de Robert Heinlein. Introduction générale et sommaire

“Tu dois finir ce que tu as commencé”

Fichtre, l’article précédent a généré une longue, longue discussion sur la nature exacte du talent et son rapport au travail. Je t’invite à y passer, auguste lectorat, même si ce n’était pas tellement le sujet (sur lequel il va falloir qu’on revienne ultérieurement).

Pour l’heure, la deuxième règle de Heinlein paraît elle aussi relever de l’évidence – comment soumettre quelque chose d’inachevé ? Mais en pratique, elle ne devient plus aussi évidente, et ce pour deux raisons :

  • Nous avons tous mille choses à faire au quotidien, et
  • L’écriture, j’insiste, c’est LONG (surtout dans le cas du roman).

Un projet est toujours fantastique est beau avant qu’on le commence. Il appartient au territoire du rêve, du possible et, par conséquent, il peut tout être à la fois ; il épouse par essence toute l’envergure des ambitions. L’attaquer n’est pas forcément le plus difficile ; l’enthousiasme est présent, un territoire entier à défricher s’étend devant soi, on se sent prêt à écrire son nom en lettres de feu sur le ciel vierge de nos ambitions, t’vois.

Mais “aucun plan de bataille ne survit à la rencontre avec l’ennemi”, et le plus difficile est de poursuivre, quand l’enthousiasme perd son élan, quand on s’aperçoit d’un trou béant dans le scénario, qu’un personnage s’avère inutile ou inintéressant, quand on s’aperçoit, plus prosaïquement, que ce projet va prendre des mois et des mois pour être terminé – bref, quand les difficultés surgissent. Et davantage encore quand aucune solution évidente ne se présente, ou que l’on se rend compte qu’il faudra jeter 200 pages qui ne servent à rien. C’est là que la persistance doit prendre le relais. Écrire est un choix volontaire et l’on ne peut espérer que l’enthousiasme porte seul l’auteur (c’est merveilleux quand cela arrive, mais la majorité des écrivains avouent que cela ne suffit pas à mener à bien la majorité des projets – je sais, pour ma part, que je n’ai rien écrit sans me discipliner sévèrement, parce qu’un énorme fainéant rôde au fond de moi). On retombe sur la première règle, mais si clamer vouloir écrire sans jamais le faire est une maladie commune, commencer dix projets sans jamais en finir aucun en est une autre, plus retorse. 

Dans The Art of Fiction (chroniqué ici), John Gardner décrit le processus de construction d’intrigue comme une “rumination”. L’écriture s’inscrit forcément dans la durée (c’est peut-être l’art le plus “lent” à produire comme à recevoir ; sa réception, d’ailleurs, se déplie forcément de façon séquentielle dans l’esprit du lecteur, un mot à la fois, pour composer une image, une atmosphère, une action). Il faut trouver la façon d’apprivoiser cette temporalité, de l’accepter, de réserver les espaces qui permettent d’avancer sur le projet, page après page, vers la fin.

Est-ce à dire qu’il faut toujours finir un projet ? Même si on se retrouve à le haïr ? Non, bien sûr. Mais il convient d’identifier les causes de cette haine ; est-ce la difficulté qui cause l’écœurement, ou bien une prise de conscience sincère que l’envie a définitivement quitté le navire et ne reviendra pas ? Ce qu’il faut éviter à tout prix, ce sont les projets coincés “dans les limbes” sans décision claire à leur sujet, chercher des dérivatifs dans le démarrage de cent romans qui ne vont jamais nulle part, qui s’évaporent comme une rivière dans le désert. Certains auteurs travaillent sur plusieurs projets en parallèle, mais c’est leur méthode – et c’est assez rare, et il y a là une solide volonté d’achèvement (et la bibliographie pour le prouver).

On peut décider de laisser en plan un projet au profit d’un autre, jugeant qu’il faut davantage de maturation, ou qu’on bute contre un mur infranchissable pour l’heure (Port d’Âmes est resté en plan pendant près de huit ans, le temps que je sache comment retravailler cette histoire, écrite à une époque où je savais bien moins de choses sur le métier ; mais c’était une décision consciente de ma part. Quand le livre est sorti l’année dernière, il a fini réécrit à 75%). On peut décider d’abandonner définitivement un projet qu’on juge avorté. Mais il est capital que la décision soit consciente, et de tenir l’énergie, la discipline, la volonté (rayez la mention inutile) de finir quelque chose, à un moment, si possible avant le siècle prochain.

Hélas, je crois que c’est en se confrontant réellement à cette difficulté qu’on apprend une pierre angulaire du métier d’écrivain : finir.

2019-08-28T21:21:18+02:00lundi 18 juillet 2016|Best Of, Technique d'écriture|5 Commentaires

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