Pourquoi je vous parle de guerre ? (un essai)

Alors maintenant, écoutez-moi bien – écoute-moi bien, auguste lectorat, si tu permets que je t’appelle ainsi, comme je le fais chez moi ; permets-moi de profiter un instant de la tribune que la Faquinade, en son inconscience, m’a offerte, pour le clamer bien fort et une bonne fois pour toutes :

Tout ça, ce sont des conneries.
Non seulement cela, mais ce sont des insultes à l’intelligence.

L’article du jour est un éditorial un brin épais et conséquent, sur la représentation de la guerre en fantasy, les prétendus manichéismes et conservatismes du genre, des idées tenaces et reçues avec lesquelles j’avais un compte à régler depuis un petit moment. Ça s’appelle “Pourquoi je vous parle de guerre ?” et c’est à lire sur le blog la Faquinade.

2015-02-24T10:31:36+01:00mercredi 25 février 2015|À ne pas manquer|5 Commentaires

Les préceptes de Prospero : 11 règles pour la pensée critique

Alors que des débarqués du Moyen-âge défilent dans la rue pour protester contre des libertés qui ne leur enlèvent ni ne les obligent à rien, tandis que s’élèvent des cris d’orfraie contre une prétendue “théorie du genre” qui, rappelons-le, n’existe pas, que des célibataires en soutane prétendent régenter une vie séculaire dont, par définition, ils s’excluent et ne peuvent donc comprendre, il semble bon, voire urgent, d’établir une petite check-list, non-exhaustive, pour évaluer les idées en première approche (liste citée dans AKA Shakespeare) :

  1. Toute croyance, dans tout domaine, demeure une théorie à un certain niveau. (Stephen Schneider)
  2. Ne condamnez pas le jugement d’autrui parce qu’il diffère du vôtre. Vous avez peut-être tort tous les deux. (Dandemis)
  3. Ne lisez pas pour contredire ou réfuter : ni pour croire et prendre pour acquis ; ni pour trouver exposés et discours ; mais pour soupeser et réfléchir. (Francis Bacon)
  4. Ne tombez jamais amoureux de votre hypothèse. (Peter Medawar)
  5. Formuler des théories avant d’avoir des données constitue une erreur capitale. Imperceptiblement, on commence à tordre les faits pour qu’ils correspondent aux théories au lieu de tordre les théories pour correspondre aux faits. (Arthur Conan Doyle)
  6. Une théorie ne devrait jamais s’efforcer d’expliquer tous les faits, car certains d’entre eux sont erronés. (Francis Crick)
  7. C’est ce qui ne colle pas qui est le plus intéressant. (Richard Feynman)
  8. Éradiquer une erreur rend un aussi bon, voire meilleur, service qu’établir une vérité ou un fait nouveaux. (Charles Darwin)
  9. Ce n’est pas ce que tu ignores qui te met dans le pétrin. C’est ce dont tu es persuadé, mais qui est faux. (Mark Twain)
  10. L’ignorance est préférable à l’erreur ; et celui qui ne croit rien est moins éloigné de la vérité que celui qui croit ce qui est faux. (Thomas Jefferson)
  11. Toute vérité franchit trois états. D’abord, elle est raillée ; ensuite, on s’y oppose violemment ; enfin, on l’accepte comme une évidence. (Arthur Schopenhauer)

(La dernière vous concerne tout particulièrement, chers énergumènes de la Manif pour tous. Vous en êtes clairement au stade deux, quand le reste du XXIe siècle en est arrivé au trois concernant la liberté d’union.)

J’ajoute que les “faits” dont on parle dans ces préceptes devraient plutôt s’appeler “observations ». Aucun fait n’existe, à vrai dire, comme vérité indiscutable et contenue, bornée ; ne serait-ce qu’à travers le filtre des sens, de la conscience, le réel se dérobe toujours, ultimement, à son constat. Mais celui-ci reste suffisamment précis, pourvu qu’on s’attache à la raffiner, pour construire une base de débat approchant convenablement de l’objectivité nécessaire à la construction d’un consensus social.

Parce que maintenant, ça commence à bien faire.

objection

2014-08-30T18:25:43+02:00mardi 4 février 2014|Best Of, Humeurs aqueuses|25 Commentaires

Créer du lien : édition garantie AVEC conservateurs, mais on se tape aussi des barres (de chargement)

lolcats-kahnSalut, auguste lectorat, mon état mental étant à situer quelque part entre la chaise et la courgette ce matin, petite compilation de liens et d’actus récentes.

La nouvelle de la semaine, c’est évidemment, et hélas, la disparition de Nelson Mandela. Le Monde revient sur sa vie dans un article développé et très intéressant.

Je fouillais dans les liens que j’ai passé sur les réseaux sociaux et ai été assez stupéfait de constater la quantité d’offensives conservatrices ces derniers temps. Que ce soit avec le Dico des Filles paru chez Fleurus qui ne sent pas très bon les cours de maintien des années 50, la circulation un pamphlet catholique intitulé Marie-toi et sois soumise (… écrit par une femme, WTFBBQ) que l’Espagne veut interdire, le récit hallucinant de cette femme enceinte mal informée et mise en danger dans un hôpital catholique, on peine un peu à croire que nous nous trouvons dans des pays prétendûment “civilisés ».

Heureusement, cette belle lettre d’un père souhaite à sa fille une vie sexuelle épanouie et redonne un peu de foi dans le genre humain :

Tu es ta propre personne, et certaines choses que tu aimeras pourront me sembler bizarres, folles, sales ou désagréables. C’est la beauté et la diversité du monde ! Si tout le monde aimait la même chose, on en serait réduit à se battre pour les dix mêmes personnes. Or le miracle, c’est que les rejetés des uns sont les trésors des autres. Et je serais un bien triste petit bonhomme si je te manipulais à devenir un clone de mes propres désirs. Aime la musique que je déteste, regarde les films que je hais, deviens cette femme forte qui sait où est son bonheur et ce qu’elle doit faire pour le trouver.

Allez, on se remet de cette négativité avec neuf choses que les gens heureux choisissent d’ignorer. On peut aussi verser une petite larme.

Et puis, on peut quand même pas nier que l’univers est bon, vu que les Monty Python se reforment. Et c’est la vérité, contrairement à toutes ces fois où les gens ont cru que The Onion disait la vérité (drôle ou terrifiant, c’est selon votre perception). Enfin, Bouygyes Telecom promeut sa 4G avec une idée rigolote, le musée des barres de chargement.

Pour finir, une petite découverte récente, The Man-Eating Tree :

Bon week-end, n’oubliez pas, dimanche, concert des Deep Ones à Paris !

2013-12-13T10:02:24+01:00vendredi 13 décembre 2013|Juste parce que c'est cool|21 Commentaires

L’épistémologie pour les (politiques) nuls

Résumé des épisodes précédents : les manuels de Sciences de la Vie de cette rentrée introduisent à pas discrets la mention que l’identité sexuelle des personnes est expliquée autant par la biologie que par le contexte socio-culturel. En particulier :

Le sexe biologique nous identifie mâle ou femelle mais ce n’est pas pour autant que nous pouvons nous qualifier de masculin ou de féminin. Cette identité sexuelle, construite tout au long de notre vie, dans une interaction constante entre le biologique et contexte socio-culturel, est pourtant décisive dans notre positionnement par rapport à l’autre.

Diantre, quelle outrecuidance : oser supposer, en filigrane, que la personne n’est pas seulement un amas de gènes automatisés mais une conscience qui se construit par l’expérience avec son environnement ? Oser ouvrir la porte à l’idée qu’on soit libre de ses choix et que l’on puisse disposer de sa propre raison et de son corps comme on l’entend, prenant en compte l’homosexualité, la bisexualité, la transsexualité ? Voilà qui est évidemment bien trop subversif pour une poignée de députés UMP qui demande le retrait de ces passages au titre c’est une « théorie philosophique et sociologique qui n’est pas scientifique ».

Alors il semble qu’encore une fois, les députés de la majorité aient besoin d’un cours de rattrapage en matière de rhétorique et de concepts.  Car, en une simple proposition, nos politiques démontrent admirablement leur ignorance crasse de la science et se collent les érudits à dos.

“C’est une théorie philosophique et sociologique qui n’est pas scientifique.”

Applaudissements. Magnifique revers de main appliqué à des champs entiers de la connaissance : cela signifie, en substance, que la sociologie n’est pas scientifique. Donc, qu’elle ne fait appel à aucune forme de rigueur de raisonnement, d’expérience ni d’observation. (Et la philosophie non plus.) Effectivement, c’est bien connu que tout ça, c’est de la branlette, des types dans des bureaux qui coûtent un bras à l’État pour sortir des bouquins chiants sans images et qui racontent des trucs qu’on comprend même pas sur France Culture. Il est certain qu’avec une pareille vision des choses, on comprend vachement mieux la politique du gouvernement en matière de recherche.

Mais surtout, les mecs, un petit rappel : toute science est théorique. C’est son essence même. Une théorie est une hypothèse d’explication du monde. C’est un modèle de la réalité, qui tient jusqu’à ce qu’on en trouve un meilleur – c’est une autre de ses caractéristiques : pour être acceptée, une théorie doit pouvoir être réfutée par l’expérience afin de céder la place à une autre, plus précise. Mais c’est sans fin. La science n’est pas la réalité : elle est opérative, c’est-à-dire que c’est un outil de réalisation et d’action sur le monde. Sinon, on se trouve dans le domaine de la logique formelle et des mathématiques pures, des constructions de pensée, qui sont très intéressantes et peuvent déboucher sur des applications utiles, mais qui sont, à la base, abstraites.

Alors, que certains tenants d’une certaine droite chrétienne considèrent l’hétérosexualité comme la norme absolue décidée par dieu et à imposer partout, je peux l’accepter intellectuellement, car cela relève d’un cadre de pensée empreint d’une cohérence interne. Cela n’empêche pas de disconvenir (fermement) et de combattre (vertement), mais je peux respecter, disons, la différence de foi, et même en retirer des enseignements.

Mais qu’on s’invente des raisons à la con pour masquer son conservatisme, c’est de la malhonnêteté intellectuelle pure et simple. Et, en l’occurrence, un merveilleux moyen de passer pour un ignare.

2011-09-01T19:46:20+02:00jeudi 1 septembre 2011|Humeurs aqueuses|8 Commentaires

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