La boîte à outils de l’écrivain : focus@will, l’arme secrète de la concentration

focusatwill

Je t’en ai déjà parlé dans un article précédent, auguste lectorat, et les retours d’utilisation ont été excellents parmi ce-ux-lles qui s’y sont essayé : pour ce mois-ci dans la boîte à outils de l’écrivain, je te propose de découvrir (si ce n’est pas déjà fait) focus@will.

A quoi ça sert ?

Du mal à te concentrer, auguste lectorat ? Du mal à te mettre à un projet d’envergure (genre écrire la prochaine décalogie adaptée par HBO) ou à rester focalisé dessus au lieu de vérifier des photos de chats sur Twitter ? L’écriture est un travail au long cours, comme toute pratique artistique, mais la narration peut-être plus que toute autre se nourrit de longs moments de concentration pour faire surgir les bonnes idées, pour se plonger dans l’histoire et l’atmosphère.

Focus@will apporte la (une) réponse. Se fondant sur des travaux scientifiques de haute volée, le service se propose de diffuser de la musique spécialement calibrée pour aider à la concentration. Ca a l’air d’un bullshit new-age néoproductiviste, mais ça marche.

L’idée est la suivante (autant que je puisse la résumer) : notre cerveau a évolué pour repérer les lions tapis dans les herbes hautes de la savane africaine, pas pour boucler en open space le rapport comptable de la Cogedip pour hier soir. A l’échelle évolutive, seul un clin d’œil sépare la Cogedip et la savane africaine. Il en résulte qu’une certaine périphérie de nos facultés intellectuelles reste en éveil même devant Excel, attendant que surgisse le lion (ou bien Monique de l’accueil, afin de lui proposer un café). Il est assez rare d’atteindre l’état d’immersion totale dans une tâche, état dit de flow et décrit par Mihaly Csikszentmihalyi (en savoir plus ici) (oui, je n’ai pas été capable de taper son nom, j’ai fait un copier-coller).

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Ce que fait focus@will, c’est diffuser de la musique ou des ambiances spécialement calibrées et mixées (avec un rythme de basse calme, par exemple) pour apaiser cette part toujours éveillée de nous-mêmes, en la récompensant. Elle se trouve donc non seulement occupée, mais contente, ce qui aiguise et facilite la concentration à la fois. La barrière d’entrée dans une tâche complexe s’abaisse, la durée de travail augmente, et s’instaure une dynamique vertueuse qui accélère la productivité, par exemple le nombre de pages écrit en une journée.

Au début, j’ai pensé comme tout le monde en voyant les avis éberlués et enthousiastes des utilisateurs du service : ils parlaient d’une telle révolution, d’un tel bouleversement, que j’ai cru au discours marketing bien calibré – et, en fait, tellement dithyrambique qu’il en devenait abusif.

Sauf que ça marche, du feu de dieu. J’ai ouvert mon compte d’essai gratuit, et en une semaine, je sortais sans sourciller la carte bleue pour cracher un abonnement à vie. Ce truc est le hack mental le plus impressionnant que j’aie jamais rencontré.

Comment on s’en sert ?

C’est extrêmement simple (à tel point que c’en est suspect) : le service fonctionne sur abonnement et propose un gros lecteur ultra-simpliste dans un onglet web (ou une application mobile). Un gros bouton play, un sélecteur de canal, quelques trucs en plus qu’on va voir, et c’est parti :

faw-player

C’est volontaire : vous n’êtes pas censé-e remarquer la musique qui passe. Vous êtes censé-e l’oublier au plus vite pour vous permettre de vous concentrer. Ne cherchez pas un genre qui vous plaît, le but n’est pas de faire le mélomane mais au contraire, de ne rien remarquer. Le service diffuse la musique en streaming (il faut donc une connexion Internet, navré).

focus@will propose 21 radios, proposant soit de la musique, soit des atmosphères pures (ambiance de café, bruits d’eau…). Pour chaque canal, trois niveaux d’énergie (bas / moyen / intense) sont proposés :

FAW-musicenergylevel

Quand vous ouvrez votre compte, le service vous envoie un petit questionnaire pour cerner vos habitudes et vous aider à choisir les canaux vous convenant le mieux, mais il est judicieux de les essayer un peu tous et voir ce qui correspond le mieux en fonction de vos habitudes : c’est-à-dire, ce que vous remarquez le moins et vous rend le plus efficace.

L’interface se complète d’un minuteur (pour fixer une session de travail d’une durée déterminée) et d’un bouton « skip » pour passer la piste en cours. Ce bouton sert à éliminer intégralement de la liste de lecture du service le morceau qui passe : vous ne l’aurez plus jamais. A utiliser quand, à force d’utilisation, un morceau vous rentre dans la tête et attire votre attention, ce qui est contraire à la finalité de l’outil : sortez-le donc. Pas d’inquiétude, focus@will rajoute en permanence de nouvelles pistes.

C’est à peu près tout, et ça suffit très amplement.

Quelques conseils pour maximiser l’expérience

Ne passez pas la musique trop fort. Surtout si vous êtes mélomane ou musicien-ne, vous risquez de vous intéresser davantage au son que la moyenne des utilisateurs-rices. Focus@will fonctionne au mieux quand la musique effleure votre esprit, pas quand elle y rentre de plein fouet : baissez donc le volume, potentiellement à l’excès, pour dissuader votre conscience de l’analyser.

Changez de canal. Prêtez attention à vos rythmes, à votre humeur, à votre état d’esprit et n’hésitez pas à adapter votre programmation. Par exemple, j’utilise Alpha Chill comme canal par défaut, mais, quand j’écris, j’ai besoin de choses plus texturales encore : je passe sur Ambient. J’ai souvent un petit pic de stress en milieu d’après-midi quand la journée avance, je me mets un petit coup de Up Tempo pour me calmer. Si je dois bosser le soir, bizarrement, Baroque Piano se prête bien à une atmosphère nocturne. À vous de tester et de voir.

Calquez l’énergie de la musique sur la vôtre. En gros, le réglage « énergie » va influer sur la vitesse des morceaux, mais aussi la présence des basses, et la programmation de façon générale. Petit piège contre-intuitif : ne cherchez pas à changer de force votre propre énergie avec ce réglage. Si c’est le matin et que vous avez du mal à vous réveiller, ne vous collez pas un Up Tempo en High pour vous donner un coup d’adrénaline, ça ne fonctionne pas comme ça ; calquez au contraire la programmation sur votre état, avec Alpha Chill ou Focus Spa en Low. Rappelez-vous que focus@will est fait pour vous accompagner, en s’adaptant, et suivre votre énergie du moment fonctionnera bien mieux. Vous pourrez passer à Mid un peu plus tard, une fois que le café / whisky / kérosène aura fait effet dans la matinée. Up Tempo en Mid ou en High, en revanche, est justement indiqué pour les moments de stress.

J’essaie où ?

C’est évidemment sans risque, puisqu’on peut ouvrir gratuitement un compte d’essai pour deux semaines ici. (Rappel, si vous avez aimé cet article et souhaitez soutenir le blog, n’oubliez pas de passer par mon lien, pour ces raisons.) Ensuite, focus@will demande un abonnement mensuel, ce qui peut paraître cher payé, mais essayez, et je vous assure, vous avez toutes les chances d’entrer dans la secte et de hurler à votre tour au miracle comme je le fais depuis bientôt un an.

Ouvrir un compte d’essai gratuit

2019-08-28T21:36:46+02:00mercredi 14 octobre 2015|Best Of, Technique d'écriture|39 Commentaires

Se faire un cadeau

Un pli curieusement plat arrivé au courrier en fin de semaine :

VAST-la

Il y a quelques mois, Jon Crosby, le maître d’oeuvre du groupe indépendant VAST proposait un financement participatif pour son nouvel album, avec quelques récompenses spéciales, dont l’enregistrement personnalisé acoustique d’une chanson au choix. J’ai cassé ma tirelire pour cette version de I Woke up L.A., dont la version d’origine m’a accompagné pendant une bonne part de l’écriture de la trilogie Léviathan (et qui se trouve même citée en exergue de La Nuit) – s’il devait y avoir une bande-originale, je ferais mes yeux de chat potté pour qu’elle y soit incluse :

I woke up L.A.

To sound the siren song

Everything is great

And everything is wrong

Une forme de conclusion avec retard, ou une manière de relier avec cet univers, qui commence, lentement mais sûrement à me chatouiller ; il reste beaucoup d’histoires à y raconter (mais ce ne sera pas avant quelques années, au bas mot).

La version d’origine :

2015-10-12T10:40:21+02:00mardi 13 octobre 2015|Journal|5 Commentaires

Entretien autour de Port d’Âmes sur Elbakin

Couv. François Baranger

Couv. François Baranger

Comment ne pas se décourager en travaillant 8 ans sur le même roman (pas en continu, certes) ?

Justement : en n’y travaillant pas en continu. Et en faisant autre chose, en reconnaissant qu’on n’a pas encore le niveau, l’expérience, de servir cette histoire-là, précisément, qu’on veut raconter comme on aimerait le faire. En se disant que ce n’est pas grave, qu’on a pour métier d’écrire, et qu’on écrira donc autre chose ; donc, surtout, en étant (je reviens tout le temps là-dessus) patient, en se laissant le temps de mûrir. Certains projets doivent attendre que son auteur les rattrape. […]

Elbakin, site de référence sur la fantasy, me fait l’honneur et le plaisir d’un entretien autour de Port d’Âmes. C’est à lire ici ! 

2015-11-30T23:17:45+01:00lundi 12 octobre 2015|À ne pas manquer, Entretiens|Commentaires fermés sur Entretien autour de Port d’Âmes sur Elbakin

Dans dix jours : le Mans !

25eheuredulivreJe m’y prends un peu à l’avance, mais c’est un bel et grand événement accessible d’à peu près partout (rappelons à toutes fins utiles que « à peu près partout » signifie en bon français administrativement centralisé « Paris ») ; la 25e Heure du Livre, au Mans, le week-end du 10-11 octobre (pas le prochain mais le suivant, donc).

Je serai samedi et dimanche sur le beau stand de l’Atalante (merci pour l’accueil !)

2015-10-06T21:36:21+02:00mercredi 7 octobre 2015|Dernières nouvelles|2 Commentaires

Ecoutez la première piste de Psycho Starship Rampage en streaming gratuit

Hop ! Psycho Starship Rampage est sorti depuis une semaine et les retours ont été incroyablement positifs : merci à tous les joueur-ses ! En particulier, merci pour l’appréciation générale de la bande-son, ce qui me fait très chaud au coeur et me réjouit : je suis sorti un peu timidement du bois sur cette activité, sans trop savoir si le style séduirait ou non, et voir que c’est le cas (à un point que je n’imaginais pas, d’ailleurs) est simplement merveilleux et un encouragement à poursuivre !

Je vais sortir la bande-originale dans son intégralité sous peu, mais dans l’intervalle, pour fêter cela, je vais poster en écoute libre sur Soundcloud deux morceaux. Le premier est la piste d’introduction et d’ouverture du jeu, qui mélange symphonique et électronique, et qui développe des thèmes qu’on retrouve plus tard dans la piste Mega Tribute et le jingle de fin de niveau. Et voici :

2015-10-04T09:05:19+02:00lundi 5 octobre 2015|Alias Wildphinn|1 Commentaire

Voici comment respecter facilement la typographie française avec Scrivener pour Windows

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Vous êtes sous Mac ? Voici la méthode à suivre ; cet article concerne la procédure sous Windows. 

Bien ! Comme promis, la boîte à outils de l’écrivain a commencé par le seigneur et maître, Scrivener, et je suis ravi de voir sur les réseaux que ce logiciel a apporté beaucoup, dans l’ensemble, à ceux-lles qui l’ont testé.

Mais une question d’envergure reste :

Scrivener est un logiciel américain. Comment lui faire respecter automatiquement la typographie française à l’instar des grands traitements de texte ? 

C’est-à-dire, comment faire en sorte que les espaces insécables devant les signes de ponctuation double, par exemple (? ; !) s’insèrent tout seuls dès qu’on les tape, par exemple ? Ce que fait Word depuis quinze ans et Libre/OpenOffice depuis quelques années. C’est indispensable pour préparer un manuscrit propre, et s’éviter une passe de corrections aussi fastidieuse que stupide.

Alors, contrairement à ce que prétendent certains cris d’orfraie, oui, Scrivener peut gérer la typo française, mais il faut ruser. Et comme je t’aime, auguste lectorat, j’ai déjà fait tout le boulot. Télécharge le fichier zip ci-dessous – mais écoute-moi d’abord.

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Clic-droit, enregistrer sous…

Comment ça marche

Dans le fichier .zip ci-dessus (Windows only, désolé, mais le principe fonctionne aussi sous Mac, il faut juste refaire le boulot – EDIT : Merci à Stewen qui signale en commentaires que le fichier semble fonctionner sous Linux également) se trouve un fichier Lisez-moi qui reprend peu ou prou cet article ainsi qu’un fichier .prefs. Scrivener permet en effet de sauvegarder les préférences d’utilisation, lesquelles comportent également les options de correction automatique. Et c’est là que réside l’astuce.

Pour que Scriv comprenne qu’à chaque « ? » tapé il doit insérer une espace insécable avant, il suffit de lui créer une entrée de correction automatique qui transforme le point d’interrogation en point d’interrogation précédé d’une espace insécable. De même pour tous les autres caractères. Dans le fichier de préférences ci-dessus se trouvent des entrées pour tous les cas généraux, et même quelques corrections pratiques type oeuf => œuf, oeuvre => œuvre etc. Pour m’y prendre, j’ai simplement importé un document Word comportant des espaces insécables dans Scrivener ou les caractères qui m’intéressaient, puis copié-collé ces espaces dans les entrées de correction automatique1. Une fois ce travail fait, il n’est plus à faire. Vous pouvez suivre la même méthode sous Mac.

Le résultat, c’est que quand on tape une phrase terminée par exemple par un signe de ponctuation double :

Salut!

Et qu’on tape une espace après le signe pour le mot suivant, Scriv comprend et insère automatiquement l’espace insécable au bon endroit :

Salut !

Attention toutefois, il le refera si vous replacez votre curseur après le signe et pressez à nouveau espace, ce qui donnera deux espaces insécables (espace « déclenche » les corrections automatiques).

Salut  !

Mais c’est un désagrément mineur à l’usage. Il suffit d’effacer le surnuméraire le cas échéant.

Installation et avertissements

Tout d’abord, je ne saurai être tenu responsable de tout dégât causé à votre configuration par l’usage de ce fichier, de tout fichier mangé ou d’explosions nucléaires dans votre frigo. Ces préférences ont été créées sous la dernière version de Scriv pour Windows à l’heure actuelle (1.8.6). C’est fourni en l’état, sans garantie (même si ça ne devrait rien casser).

Attention, charger un fichier de préférences remplace toutes les préférences établies dans Scriv. Si vous avez déjà des entrées d’autocorrection, il faudra les refaire. Et surtout, il faudra rétablir impérativement les chemins d’accès de vos notes et sauvegardes automatiques.

Le fichier gère les guillemets français à chevrons (« ») avec les espaces insécables qui vont bien, mais attention, en raison d’une limitation de Scriv, les guillemets anglais ( ‘ ‘ ) ne fonctionnent pas correctement et sont eux aussi transformés en guillemets à chevrons. Or, la typographie française dicte que des guillemets intégrés dans d’autres sont anglais, comme ceci :

« Que penses-tu de cette ‘ ‘ aventure ‘ ‘ ? »2

Ça, en revanche, c’est impossible avec Scriv à l’heure actuelle et le seul réel écueil que j’ai rencontré, mais la situation est assez rare pour pouvoir être corrigée à la main une fois le manuscrit prêt. Dans l’intervalle, je recommande d’employer simplement des apostrophes typographiques, ou tout autre série de caractères facile à repérer et remplacer pour la copie finale.

Ceci étant dit, voici comment installer le fichier : décompressez-le quelque part sur votre disque, allez dans les options de Scriv, et choisissez « Charger un fichier de préférences » dans « Gérer… » en bas à gauche :

scriv-prefs

Cherchez le fichier décompressé, pensez à refaire vos chemins de sauvegarde, votre configuration, et concentrez-vous ensuite sur l’écriture et plus jamais sur la typographie !

(Pour les plus geeks parmi vous… Le fichier de préférences de Scriv est sous un format pseudo-XML ouvrable en mode texte. Il est donc tout à fait possible de faire un diff entre vos préférences et les miennes, pour garder seulement ce qui vous intéresse comme l’autocorrection. Mais si vous savez faire ça, vous n’avez pas besoin que j’entre dans le détail de la marche à suivre ; sachez juste que c’est possible.)

  1. Merci à Olivia qui propose une autre façon de faire si cette manipulation ne fonctionne pas : Windows permet d’insérer une espace insécable avec le code de caractère Alt + 0160.
  2. Normalement on ne met pas d’espace après les guillemets anglais, et d’ailleurs ils n’ont pas cette tête, mais là c’est WordPress qui corrige automatiquement, c’est juste pour l’exemple…
2019-08-28T21:37:00+02:00jeudi 1 octobre 2015|Best Of, Technique d'écriture|53 Commentaires
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