Les Utopiales sont annulées (+ infos sur le mois de novembre)

Si près, bordel. Si près.

Bon, ben voilà, hélas, vous vous en doutez après les annonces d’hier, hélas on ne se verra pas ce week-end à Nantes. À littéralement trois jours près.

J’ai une immense pensée pour toute l’organisation qui a tout, mais alors TOUT fait pour que cela se tienne contre vents et marées. Merci à eux et elles d’avoir eu la foi jusqu’au dernier moment, alors que les installations commençaient déjà… Bref, je n’insiste pas dans le mélo, c’est déjà assez douloureux comme ça. Vous m’avez compris.

Je vous avoue que du coup c’est un peu la panique temporaire sur la passerelle par rapport à ce qui était prévu ce mois-ci, d’où un message un peu décousu, je suis désolé, je fais au plus vite :

L’atelier aux Mots sur le conflit (28-29 novembre) a toute les chances d’être maintenu en virtuel à distance ; on l’avait déjà fait au printemps pour celui sur la scène d’action. Confirmation à venir certainement très vite.

L’Héritage de l’Empire était prévu pour le 20 novembre. Qu’arrive-t-il ? Je ne sais pas, mais cela va décider rapidement. En gros : si les circuits de distribution de la chaîne du livre fonctionnent, la sortie du livre devrait pouvoir se maintenir, mais cela va dépendre des capacités de commercialisation et de promotion. Un si gros machin (et très attendu – merci à vous) jeté dans l’arène sans chance de se faire sa place sur les rayons, ça va un peu nous fendre le cœur à tous (moi le premier, hein). Et économiquement, on ne va pas se mentir, c’est pas idéal non plus, on ne fait pas des métiers très solides par les temps qui courent. Il n’est pas exclu qu’on décale de quelques semaines. Ou pas. Plus d’infos dès que j’en ai.

D’ici là, prenez soin de vous, et pensez à votre santé mentale aussi, en plus de la physique. Vous avez le droit de lâcher des trucs qui vous pèsent. Courage, on sortira de cette histoire.

2020-10-30T18:35:51+01:00jeudi 29 octobre 2020|À ne pas manquer|4 Commentaires

Nouvelle session VIRTUELLE de l’atelier « Écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration » (28-29 nov.)

EDIT 2020-11-02 : L’atelier est maintenu. Il se fera en virtuel, et c’est même une occasion unique d’y participer si vous n’êtes pas à Paris (il faut bien essayer trouver des avantages à la situation actuelle).

C’est ma notion favorite, celle dont la compréhension m’a ôté à jamais le questionnement de ce qui allait se passer ensuite dans une histoire, et qui m’a donné une grille de lecture pour dynamiser des histoires plus complexes, plus psychologiques (le retravail et la publication finale de Port d’Âmes vient directement de cela ; un hiatus de huit ans entre le premier jet et la totale réécriture qui a permis au roman de sortir sous sa forme aboutie). Le conflit en narration n’a rien à voir avec le conflit binaire entre un méchant et un gentil, mais parle de volontés, d’impulsions, de résistances et de dynamiques narratives de manière organique.

Alors que la session à distance sur la notion se terminera fin novembre, pour répondre à la demande de plus en plus nette sur le sujet, je suis ravi de reproposer un stage intensif à l’école Les Mots (Paris) sur le sujet :

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

Attention, le stage est limité à 12 places.

➡️ Informations pratiques et inscriptions

2020-11-27T17:49:17+01:00mercredi 28 octobre 2020|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Nouvelle session VIRTUELLE de l’atelier « Écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration » (28-29 nov.)

Retrouvons-nous aux Utopiales ce week-end [EDIT : annulé]

EDIT : Malheureusement… 

Je salue à chaque fois les organisations d’événements, petits et grands, qui se tiennent par le temps qui courent (ainsi que celles d’événements annulés au dernier moment contre leurs précautions et leur volonté – c’est un véritable crève-cœur) : il doit falloir donner véritablement des garanties signées de son propre sang et engager une responsabilité monstrueuse.

Bravo et merci, donc, à toutes les équipes des Utopiales qui se tiendront ce week-end à Nantes. Une édition forcément un peu particulière, placée sous le signe d’une jauge et d’une programmation réduites, mais totalement gratuite. Merci au festival et à la ville de Nantes de proposer cette initiative dans ce cadre pour soutenir la chaîne du livre. Bien entendu, le cadre sanitaire est renforcé et les modalités sont adaptées à la situation : voir toutes les informations pratiques (attention, toutes les réservations doivent être faites à l’avance, il n’y a pas de billetterie sur place).

Affiche Alex Alice

J’aurai pour ma part le plaisir d’y être présent sur toute la durée publique, de jeudi à dimanche (29 octobre – 1e novembre). Bien sûr, la réédition de La Messagère du Ciel en poche sera là, et j’ai l’honneur d’apparaître dans l’anthologie de l’année (pour mémoire, vous avez jusqu’à mercredi pour commander vos livres dédicacés chez ActuSF, dont l’anthologie).

La programmation est disponible en ligne et PDF. J’interviendrai sur les débats suivants (les numéros servent à les référencer pour les inscriptions à l’avance) :

  • Jeudi 29 octobre, 10h, Salle Hypérion : Grammaire inclusive : de quoi la langue est-elle le signe ? (n° 002)
  • Jeudi 29 octobre, 14h30, Salle CIC Ouest : Cartographies (n° 021)
  • Vendredi 30 octobre, 10h, Salle Hypérion : L’indice du complot (n° 048)
  • Dimanche 1e novembre, 12h, Salle Hypérion : No way to go (les mondes perdus) (n° 149)
  • Dimanche 1e novembre, 15h30, Lieu Unique Atelier 1 : Paléographie graphologie (n° 163)

Pour ce qui est des dédicaces, trois créneaux prévus dans l’espace librairie :

  • Jeudi 29 octobre, 11h15-12h15
  • Vendredi 30 octobre, 11h15-12h15
  • Dimanche 1e novembre, 13h15-14h15

À ce week-end, donc, avec gestes barrières et masques, mais sourires dessous et livres à la main.

2020-10-28T21:10:48+01:00lundi 26 octobre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Retrouvons-nous aux Utopiales ce week-end [EDIT : annulé]

Opération dédicace ActuSF : recevez vos livres dédicacés (dont Les Questions dangereuses)

J’avais dit que ça ferait une semaine riche d’informations, hein ?

On ne s’arrête plus : comme tous les ans, les éditions ActuSF vous proposent de commander vos ouvrages et de les recevoir chez vous dédicacés par les auteurs.

C’est-à-dire tous les auteurs présents aux Utopiales ayant des livres publiés aux éditions ActuSF (parce qu’on sera là-bas pour les signer, HEY, c’est bien FICHU). Pour ma part, cela concerne : Les Questions dangereuses, mais aussi l’anthologie officielle du festival où se trouve reprise « Une Forme de démence » (voir article d’hier).

Je ne peux évidemment que vous encourager vivement à aller voir la page des éditions détaillant l’opération, il y a vraiment de quoi se faire plaisir (je ne peux citer tout le monde – allez-y voir ! – mais mentionnons Morgan of Glencoe, Jean-Laurent Del Soccorro et surtout le classique Mermère, par Hugo Verlomme !). Attention, les commandes doivent impérativement être réalisées au plus tard le 28 octobre.

➡️ Commander l’intégralité des ouvrages (ou juste une sélection, si vous y tenez, c’est possible aussi mais laissez-moi vous dire que pfff)

2020-10-28T18:43:44+01:00jeudi 22 octobre 2020|À ne pas manquer|2 Commentaires

« Une Forme de démence », nouvelle dans l’anthologie des Utopiales 2020

Je sais, je sais, beaucoup d’informations d’un coup cette semaine, que voulez-vous, l’écriture est semblable au lent mûrissement des arbres fruitiers : un jour, on prend tout d’un coup sur la tronche (demandez donc à Isaac Newton).

Or doncques, je suis vraiment très heureux d’annoncer que « Une Forme de démence », un texte pour lequel j’ai beaucoup de tendresse personnelle (j’en ai pour tous, évidemment, mais celui-là me tient spécialement à cœur) va être repris dans l’anthologie officielle des Utopiales 2020 (auxquelles j’ai l’honneur d’être invité, j’en reparle la semaine prochaine !).

Le thème de cette année est « Traces » et le livre sort aux éditions ActuSF.

Couverture Alex Alice

Une trace, un indice, une marque… Nous laissons tous une trace de nos passages, de ce que nous sommes, de ce que nous vivons. Nous sommes le fruit d’autres traces avant les nôtres. Autour de cette thématique, 13 auteurs et autrices nous proposent textes et récits sur les traces de l’histoire, des sciences, de nos sociétés, et des traces que nous portons en nous… 

Ce livre est l’anthologie officielle des Utopiales 2020. 

Au sommaire :

  • Baptiste BEAULIEU
  • Christophe DOUGNAC
  • Thomas C. DURAND
  • Caroline DE BENEDETTI
  • Lionel DAVOUST
  • Sara DOKE
  • Claude ECKEN
  • Ïan LARUE
  • Adélaïde LEGRAND
  • Nicolas MARTIN
  • Morgan OF GLENCOE
  • Joëlle WINTREBERT

À propos de « Une Forme de démence »

Un vieux professeur d’université, créateur d’un monde fantastique novateur et unique, embauche une étudiante, Edda, pour l’aider à mettre ses notes en ordre. Mais la création, et son créateur, cachent un secret qui risque de renverser à jamais la vision qu’Edda a du monde… et peut-être celle du lecteur également.

Je disais qu’il me tient à cœur parce que, malgré toute la vision critique que j’en ai, j’ai puissamment conscience d’être en grande partie ici justement grâce à « un vieux professeur d’université créateur d’un monde fantastique novateur et unique ».

Ce texte est ma façon de lui rendre hommage, ainsi qu’à l’imaginaire qui nous fait rêver et nous unit tous, dans la lecture, l’écriture, l’édition, la librairie, l’étude et la chronique, nous tous, « peuple de la science-fiction » (selon l’expression de Roland C. Wagner) et de l’imaginaire.

2021-06-02T18:26:09+02:00mercredi 21 octobre 2020|À ne pas manquer|2 Commentaires

La Messagère du Ciel et Le Verrou du Fleuve réimprimés

Couv. Alain Brion

… et comme un bonheur n’arrive jamais seul (ah bon ? D’où ça vient ? Qui a décrété cela ? Et est-ce vraiment bien optimal, puisque cela veut dire que l’on concentre des bonheurs par paires sur un effectif plus réduit de la population alors qu’on pourrait les distribuer plus largement ? Enfin – je ne me plains pas, on est d’accord !), les illustres éditions Critic annoncent que La Messagère du Ciel et Le Verrou du Fleuve (« Les Dieux sauvages » 1 et 2) sont réimprimés (…  pour la deuxième fois, dans le cas de La Messagère du Ciel !)

Merci à toutes et tous pour votre enthousiasme incroyable pour cette série. J’avoue que je n’imaginais pas, tandis que je construisais l’ossature de l’épopée de Mériane au passage en écrivant les premières moutures de Port d’Âmes il y a plus de dix ans, qu’on en serait là aujourd’hui.

Pour mémoire, après la longue écriture du tome 4, il y a plein de « Dieux sauvages » en ce moment :

En espérant qu’on puisse au maximum se revoir en personne pour que je vous le présente de mes mains hydroalcoolisées, puissent les dieux sauvages vous laisser tranquilles !

2020-10-18T20:21:17+02:00mardi 20 octobre 2020|Dernières nouvelles|Commentaires fermés sur La Messagère du Ciel et Le Verrou du Fleuve réimprimés

L’Héritage de l’Empire (« Les Dieux sauvages » 4) sortira le 20 novembre ! Couverture et précommandes !

Le site a changé de couleur, vous avez vu ? Ne tergiversons pas.

Couv. Alain Brion

BAAAAAAM

Cela fait un moment que je l’ai vue et que je trépignais qu’elle sorte : c’est chose faite ! Vous pensez que ça ne rigolait pas dans La Fureur de la Terre ? Ahaha. Cette couverture est parfaite à plus d’un titre (et merci, encore, à Alain Brion). Pour savoir pourquoi… 

… il faudra attendre le 20 novembre, date de sortie dans l’univers entier du roman, tome 4 de la saga « Les Dieux sauvages » et avant-dernier, donc !

J’ai l’impression de dire cela à chaque fois, mais : c’est le livre le plus ambitieux que j’aie jamais écrit. (Ce qui était une merveilleuse idée pendant une pandémie mondiale, un accident à la main et des projets personnels d’envergure, bien sûr.) Il dépasse les 900 pages (1,7 millions de signes, sachant que j’en ai bien écrit 2 millions au premier jet). Il passe la Rhovelle et les personnages au presse-purée de la guerre et des manipulations divines. Le dernier tiers est littéralement un roman dans le roman. Et la vraie nature du conflit entre les dieux sauvages, ainsi que celle de certains alliés, éclate au grand jour.

Bref, j’en suis content comme rarement, et je trépigne de l’avoir entre les mains, et que vous aussi.

Pour information, les précommandes sont d’ores et déjà possibles. N’hésitez pas à le demander à votre libraire (aux seules et uniques éditions Critic !), sinon toutes les plate-formes de livres électroniques (sauf Google) offrent déjà la possibilité du pré-achat, voir par exemple ici.

La quatrième de couverture

La guerre entre les dieux sauvages fait rage. La forteresse de Rhovelle, Loered, est isolée ; Mériane, la Messagère du Ciel, l’espoir du peuple, dispose d’une armée qu’elle ne peut déployer. Ganner fait route librement vers Ker Vasthrion, où gît un pouvoir qui offrira à Aska la domination totale. Wer est en train de perdre, et dans les hautes sphères du pouvoir, les hommes se raccrochent à l’espoir insensé que la vertu les sauvera. 

L’union des provinces et l’ultime résistance contre l’envahisseur démoniaque doit venir d’un symbole fort. Face à la main-mise du clergé sur le pouvoir, il faut un nouveau roi à la Rhovelle. Parallèlement, l’étau se resserre autour de Mériane : quitte à tout perdre, l’Eglise de Wer ne saurait accepter qu’une femme la sauve. Trahie par ses alliés, rongée par l’usage prolongé de son armure de l’Ancien Temps, la Messagère du Ciel se voit glisser inexorablement dans les ténèbres. 

Mais au fond de l’abysse l’attend la clé pour mettre un terme définitif à la guerre. La vraie nature de Dieu.

2020-11-20T17:38:46+01:00lundi 19 octobre 2020|À ne pas manquer|2 Commentaires

De l’ingénierie à l’écriture [entretien pour Planète Agro]

Donc, dans une vie antérieure, comme dirait Obi-Wan Kenobi après cette sombre histoire de Coruscant Papers le forçant à se reconvertir dans la contemplation de l’érosion éolienne, je fus ingénieur agronome (halieute), et quels ne furent pas mon honneur et ma joie d’être contacté par Planète Agro, le magazine du réseau professionnel, pour un portrait sur ma pomme. (Pomme. Agronomie. Humour drôle.)

Sérieusement, c’est une vraie joie de recevoir cet écho de ce milieu et un honneur d’être ainsi présenté dans un futur numéro. Merci à Rayène Fennira pour son intérêt envers mon travail, pour sa synthèse d’un (très) long entretien qui ne pourra être publié dans le magazine faute de place, mais que voici, histoire de, parce que vous comprenez, c’est un peu mon cœur de métier, les histoires de.

Qui êtes-vous et quels sont vos origines géographiques ? 

Né à Paris, je quitte la capitale dès que possible… c’est-à-dire quand j’intègre ; j’obtiens Grignon, mais je décide résolument de choisir Rennes, car je cherche à m’approcher de la biologie marine. Viser l’halieutique forme donc le choix logique. Je me suis établi là-bas et j’y suis resté. 

Mais j’ai toujours eu des aspirations artistiques, notamment dans le domaine de l’écriture, écrivant sur mon temps libre depuis des années des histoires ou des articles. Une fois le diplôme d’ingénieur agronome en poche, je décide de prendre une année sabbatique pour essayer (avec la merveilleuse inconscience qu’on a à vingt ans) de me lancer dans le milieu littéraire. Je me rends compte que c’est beaucoup, beaucoup plus compliqué que je ne le pensais… mais je sais que c’est ma voie – d’autant plus que le fonctionnement en indépendant me correspond parfaitement. 

Aujourd’hui, je suis écrivain professionnel. J’ai publié une quinzaine de traductions, environ trente-cinq nouvelles, une dizaine de romans et recueils dans le domaine du thriller et des littératures de l’imaginaire, c’est-à-dire science-fiction / fantastique / fantasy, avec une prédilection pour cette dernière. J’étudie également beaucoup la productivité dans le domaine créatif, pour ma propre pratique, mais cela se transcrit de plus en plus en conférences, ateliers, perspectives d’ouvrages. 

Quel est votre parcours? 

Après le diplôme, donc, je me lance la fleur au fusil dans l’écriture. Je m’aperçois qu’il y a là toute une technicité, une maîtrise de la narration que, malgré mon intérêt, je n’ai jamais acquise et qu’il va falloir apprendre. Un monde entier sépare les premières histoires que je griffonnais au fil de la plume des immenses sagas que je rêve d’arriver à créer un jour… 

Avec une approche finalement très proche de celle de l’ingénieur, je me mets donc résolument à apprendre : je veux tout faire, tout apprendre de ce qu’on appelle la chaîne du livre. J’entre comme critique littéraire dans une revue de science-fiction, et comme je sais très précisément ce que j’aime et n’aime pas lire, je me retrouve à occuper des postes éditoriaux, notamment à diriger une revue littéraire de fantasy à mon tour. (Pour la petite histoire, j’ai la chance à l’époque d’interviewer au téléphone G. R. R. Martin, l’auteur de « Game of Thrones », qui était à l’époque une série surtout connue des amateurs du genre – nous sommes des années avant la série télé…) Je deviens traducteur littéraire, faisant mes armes chez des éditeurs indépendants, jusqu’à ce que cela devienne mon activité rémunératrice principale. 

Mais, en parallèle, j’apprends à raconter des histoires, plus seulement pour mon loisir, mais comme un professionnel. Il y a une foule de choses à découvrir, à conceptualiser et maîtriser pour proposer des récits susceptibles d’intéresser des éditeurs : caractérisation des personnages, dialogues, action, rythme, construction scénaristique, style, cohérence… Je ressemble un peu à un guitariste de plage qui s’est mis en tête de devenir musicien de scène, alors il faut sacrément pratiquer, mais je m’accroche et je me construis peu à peu comme auteur. Je commence à publier des nouvelles professionnellement en 2004 parallèlement à mes autres activités littéraires ; j’ai la chance et le plaisir de voir mes textes de plus en plus appréciés, ce qui me permet de me centrer de plus en plus sur la création ; je publie mon premier roman en 2010 (La Volonté du Dragon, aujourd’hui épuisé) et à présent, grâce à mes lecteurs formidables, j’ai la possibilité de ne plus me consacrer qu’à l’écriture, en proposant quelques ateliers et conférences sur la créativité en parallèle. 

Que faites-vous actuellement ?

Actuellement, je travaille sur une vaste saga de fantasy épique, intitulée « Les Dieux sauvages », qui s’inspire fortement des grands épisodes de la Guerre de Cent Ans (notamment Jeanne d’Arc) pour en faire une réécriture mythique, et critique quant au rôle des religions et du sort qu’elles réservent aux femmes. Nous sommes dans un cadre complètement imaginaire, où se dressent quelques spectres de notre modernité, mais où le ou la connaisseur•se d’histoire pourra voir des échos de certains événements familiers ! La série a été comparée à la presse à un « Game of Thrones » français, ce qui est évidemment un honneur immense – et un merveilleux écho par rapport à mes timides débuts mentionnés plus haut ! 

Je me trouve actuellement dans les dernières étapes du bouclage du quatrième tome sur cinq projetés, intitulé L’Héritage de l’Empire. Le premier tome, La Messagère du Ciel, vient de ressortir en poche chez Folio. 

Comment est née cette passion ? et depuis quand vous la pratiquez ?

D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu écrire. Je me rappelle nettement, étant vraiment jeune (j’avais deux, trois ans ?), avoir vu ma mère laisser un mot à quelqu’un ; et quand elle m’a expliqué la nature de l’écrit, j’ai trouvé que c’était le pouvoir le plus incroyable du monde. Pouvoir laisser à quelqu’un un message qu’il ou elle peut recevoir en l’absence de l’émetteur, et que celui-ci suscite des idées ou des images… cela m’a semblé incroyable, et j’ai tanné mes parents pour apprendre à écrire bien avant l’âge légal ! J’ai dû apprendre vers six ans, et là, j’ai directement commencé à écrire des histoires. 

Comment la pratiquez-vous et l’avez-vous appris ? Tout seul, en groupe ?

Quand j’ai voulu passer du rôle de guitariste de plage à celui de musicien de scène, j’étais convaincu que l’écriture avait sa technicité, comme tous les arts. La musique s’apprend, le dessin s’apprend, pourquoi pas l’écriture ? J’ai donc commencé à dévorer tout ce que je pouvais trouver sur la technique narrative, mais j’ai trouvé étonnamment peu de choses en langue française à l’époque (autour des années 2000 ; la situation a changé depuis). La rigueur narrative, la technicité, c’est chez les Américains que je les ai trouvées et apprises. Et aussi, un auteur apprend avant tout en lisant, en s’immergeant dans des histoires, du cinéma, des séries, même du jeu vidéo – et en écrivant. J’ai donc beaucoup dévoré, et beaucoup écrit… 

Je suis extrêmement solitaire dans ma pratique ; je peux passer douze à dix-huit mois à écrire sans jamais rien montrer à personne, jusqu’à ce que je considère que cela peut être lisible, mais pas avant. Quand je fais lire à mes proches et évidemment à mes éditeurs, c’est que je considère être arrivé au bout de ma compétence ; les regards extérieurs peuvent alors m’aider à aller plus loin. 

A quelle fréquence ?

C’est mon métier, donc tous les jours, comme n’importe quel professionnel. Je consacre cinq heures par jour à l’écriture minimum, le reste concernant ce qui va autour : échanges avec les lecteurs sur le blog, promotion, administration, médias, etc. 

Participez-vous à des événements en relation avec cette passion (plutôt votre métier) ? Annuels, régionales, internationales ?

J’ai tous les ans un planning d’événements littéraires, en effet, où je dédicace et parle de mon métier ou de mes histoires dans le cadre de débats avec d’autres auteurs pour le public. Ce sont des occasions très précieuses pour un métier si isolé que l’écriture et dépourvu de tout aspect de représentation. C’est la possibilité de rencontrer les lecteurs, anciens et nouveaux, de maintenir ainsi des relations parfois sur des années, de développer même des amitiés. 

Quelles sont vos ambitions dans ce métier ? 

Raconter de bonnes histoires. Arriver à faire vibrer les lecteurs et lectrices avec des récits surprenants, poignants, épiques ou drôles, qui les fassent s’évader, qui partagent parfois de vastes interrogations sur l’humanité. C’est ma seule ambition et mon seul principe. Je n’ai pas un discours, je n’écris pas pour dire quelque chose, pour faire une démonstration, pour propager des opinions, pour flatter mon ego ; je suis un serviteur de la fiction. J’écris parce que j’ai des questions sur le monde et aucune réponse, et que les histoires sont les formes les plus ancestrales de métaphorisation et de compréhension du réel. À travers le voyage des personnages, j’espère que les lecteurs – et moi-même ! – retirerons quelques réflexions, mais avant tout des moments forts. 

Comment avez-vous pu maintenir cette passion malgré les contraintes de temps (études d’agro) et d’espace (voyages d’études, césure) ainsi que celles des études et des choix d’orientation ?

C’est très simple : j’ai toujours rendu mes rapports et mes mémoires au tout dernier moment… parce que j’écrivais, oui, mais pas ce que j’étais censé rendre ! J’ai remis mon mémoire d’halieutique sur le fil à l’école en personne, parce qu’au lieu de travailler à l’écrire, je construisais l’univers de fantasy où allait entre autres se dérouler la saga « Les Dieux sauvages » mentionnée plus haut… Comme quoi, même si je ne savais pas que j’en ferais vraiment mon métier à l’époque, mon inconscient, lui, savait peut-être où penchait ma future vie professionnelle… 

Meilleur moment vécu grâce à cette passion, devenue votre métier ?

Le meilleur moment est toujours quand un lecteur ou une lectrice vient vous expliquer que votre livre a pu lui faire du bien d’une manière ou d’une autre. Même si c’est juste pour l’évasion, ou parfois, comme cela arrive aussi, quand, par les hasards de l’existence, votre livre tombe au bon moment entre les mains de cette personne pour l’aider peut-être à surmonter un moment difficile de sa vie. Une chose est claire : je n’y suis pour rien, les auteurs sont seulement des montreurs de miroirs ; parfois, quand le moment est juste, quand les astres s’alignent, le miroir correspond à ce dont le lecteur avait besoin, et c’est une merveilleuse convergence de l’existence. Dans ces moments-là, je me dis… eh bien, que ça valait le coup de rendre mes mémoires d’ingénieur sur le fil !

Quel est votre écrivain préféré, représente-il votre idole dans ce domaine ?

J’ai trois maîtres à penser dans le domaine, mais si je ne dois en retenir qu’un seul, ce serait Boris Vian. (Les deux autres étant Roger Zelazny et Joe Michael Straczynski.) Quand j’ai lu L’Écume des Jours en fin de collège, cela a littéralement fait exploser le carcan des classiques dans lequel je me trouvais enfermé (et malheureux) en cours de français depuis des années. Le roman se montrait tellement libre, tellement irrévérencieux, tellement fort dans son intrigue, que je me suis rendu compte que l’écriture, la création, c’était avant tout la liberté. Vian m’a donné l’autorisation de suivre ma voie, et c’est la leçon la plus importante pour un créateur. 

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire les romans fantastiques et pas un autre type de romans ? Qu’est-ce qui vous a attiré le plus vers ce type de romans ? 

Parce que l’imaginaire, justement, offre la plus grande des libertés. C’est par ailleurs la forme la plus ancestrale de narration ; l’imaginaire descend en droite ligne de la mythologie, du conte philosophique ou de fées, du premier récit de l’histoire humaine dont on ait retrouvé une trace écrite (Gilgamesh), d’Homère… L’imaginaire permet de raconter des histoires d’une envergure que notre monde ne permet pas, avec une liberté incomparable d’exploration, tout en s’astreignant évidemment à un soin sans faille quant à la cohérence de l’univers et à la psychologie de la narration. L’imaginaire me permet de parler des grandes mouvances de l’humanité, de la marche des empires et de la dynamique de l’histoire, mais de le faire avec des dragons. Et s’il y a un principe universel en ce monde, c’est tout est mieux avec des dragons, non ? 

Ne vous a pas semblé difficile d’apprentissage ?

Si. Et ça l’est toujours. Il ne se passe pas une journée sans que j’aie l’angoisse de me mettre au travail, d’être à la hauteur de ce que j’ai fait la veille, il y a une semaine, il y a un an. Tous les jours, je rencontre une difficulté nouvelle, tous les jours, j’apprends quelque chose de nouveau sur la narration, sur mes personnages, sur moi-même. C’est un processus qui ne se terminera jamais ; après, donc, plus de quinze ans de publication professionnelle, je commence tout juste à avoir très, très vaguement l’impression de commencer à comprendre un peu ce que je fais. Mais cela n’empêche pas de continuer. Après tout, si je savais déjà tout ce que je vais faire avant de m’y mettre, cela ne serait pas de la création. 

Quel est votre style ? Pourquoi avez-vous choisi ce style ? Qu’est-ce qui vous a attiré le plus dans ce dernier ?

Je ne sais pas si l’on choisit un style. Je crois que le style, la musique de la plume, de l’enchaînement des mots, s’impose à soi en vertu de principes esthétiques à la fois très forts et très inconscients. Pour moi, d’ailleurs, c’est en effet une musique, un rythme, un équilibre subtil aussi sémantique que visuel. Une phrase raccourcie à un endroit entraînera forcément des rééquilibrages de ponctuation, de vocabulaire, pour maintenir un flux de narration que j’espère transparent pour le lecteur. Pour moi, le bon style est celui qu’on ne voit pas ; celui qui permet d’emmener le lecteur dans une histoire et un monde de la façon la plus efficace possible. C’est ce qui gouverne mes choix ; tout doit servir l’histoire. Je ne suis pas là pour qu’on m’entende écrire, pour me faire mousser avec des tournures alambiquées, mais pour que mes mots s’effacent, au contraire, au profit des événements, des personnages. 

Préféreriez-vous évoluer vers un autre type d’écriture ou de romans ? Si oui, pourquoi ?

Certainement pas. Rien n’est plus en lien avec l’inconscient collectif que les littératures de l’imaginaire, rien ne permet davantage de symbolisme, de diversité d’expression, de liberté de création. Dans une même saga comme « Les Dieux sauvages », je peux parler de religion, de place des femmes, de dynamique historique, évoquer la terreur de l’accident nucléaire, traiter les effets dévastateurs de la peur sur la diplomatie, explorer les notions de devoir et de responsabilité liée au pouvoir, représenter de l’intérieur le poids que portent sur les épaules les figures historiques et en quoi l’amitié et l’amour leur sont cruciaux, le tout avec tous les effets spéciaux du monde et un budget sans limites. Aucun autre genre ne permet un tel souffle ! 

Anecdote concernant votre passion ou quand vous avez pratiqué celle-ci ?

J’ai un critère parfaitement scientifique et rigoureux pour savoir si des personnages sont assez développés dans ma tête pour être écrits : 

C’est si je suis au volant en train d’attendre qu’un feu passe au vert, et qu’ils se mettent à s’enguirlander d’eux-mêmes dans ma tête sans que je ne leur aie rien demandé… 

Qu’est-ce que votre formation agro vous a elle apporté (sur le plan des compétences) pour que vous deveniez l’auteur qui vous êtes ? 

De la puissance de travail, des connaissances pour concevoir des écosystèmes fantastiques à peu près cohérents… mais surtout une approche systémique des problèmes. C’est capital pour aborder un thème en littérature car, tant que c’est possible (et raisonnable), je trouve que l’on devrait éviter de se limiter à une vision unique, mais au contraire s’intéresser à la diversité des vécus pour comprendre leurs conséquences – surtout si celles-ci s’affrontent. Écrire, c’est un peu comme faire de l’analyse de paysage… !

Propos recueillis par Rayène Fennira.

2020-10-11T15:20:15+02:00mardi 13 octobre 2020|Entretiens|4 Commentaires

La Messagère du Ciel (« Les Dieux sauvages » 1) est disponible en poche !

Je l’ai eu en avant-première aux Aventuriales il y a dix jours : il est beau, il tient bien en main, il est épais comme il faut.

Couv. Georges Clarenko

Je suis ravi de pouvoir annoncer que La Messagère du Ciel, tome 1 de la saga « Les Dieux sauvages », est disponible en poche chez Folio SF ! Commandable dans toutes les librairies, et si la Providence nous donne encore quelques salons, je l’aurai évidemment en dédicace.

Merci à toutes les équipes de Gallimard, à Georges Clarenko, illustrateur de cette édition qui fait nettement ressortir le côté dark fantasy de la saga, à toutes celles et ceux qui ont accompagné ce projet… et à vous qui l’avez aimé et suivi !

Et si vous voulez le gagner, le site de référence Elbakin.net, en partenariat avec Folio SF, vous propose d’en gagner 10 exemplaires jusqu’au 11 octobre ! Pour cela, rendez-vous sur cette page pour répondre à des questions qui ne devraient pas être trop difficiles si vous lisez ceci… (Même moi j’y arrive !)

2021-06-02T18:26:19+02:00jeudi 8 octobre 2020|À ne pas manquer|2 Commentaires

Vendredi : conférence sur l’organisation en solitaire pour les créateurs et créatrices

Oyez, oyez : si vous voulez tout savoir de ce que j’ai pu apprendre ces dix dernières années dans le domaine de la productivité appliquée à la créativité en l’espace de deux heures, venez à :

« J’écrirai… demain. » Qui n’a jamais connu ce découragement, cet épuisement intellectuel face à l’envergue parfois intimidante que représente l’écriture ? Surtout que nos vies modernes nous bombardent d’informations, d’impératifs et d’injonctions. La charge mentale de nos existences est sans précédent dans l’histoire humaine et ce tumulte est hélas bien peu compatible avec le silence et la persévérance dont se nourrissent la création littéraire. Atteindre la détente et la clarté d’esprit qui permettent de créer sereinement est difficile ; le faire seul.e, sans pression extérieure, l’est encore davantage. Dès lors, comment progresser sur un roman l’esprit libre ?

La clé réside dans une rigueur suffisante pour progresser régulièrement, mais qui conserve la liberté et la joie d’écrire. À travers la psychologie de la création, les principes de productivité personnelle et même les outils technologiques, cette conférence expose des méthodes simples et ancrées dans la pratique pour organiser son art au quotidien :

– Gérer tous ses projets ;

– Clarifier et organiser ses connaissances et ses idées pour construire son livre

– (… et prévoir les suivants).

Si vous suivez ce lieu, en résumé, je causerai de :

  • L’intérêt des cadres et des systèmes dans la vie artistique
  • La méthode Getting Things Done et ce qu’elle apporte à l’écriture
  • Le paradigme Zettelkasten de prise de notes et gestion de la connaissance (heh, je n’en ai encore jamais parlé ici, pas eu le temps de développer, faut venir !).

J’ai donné cette conférence pour la première fois aux Aventuriales il y a deux semaines et je peux vous dire que c’est dense, on n’est pas là pour manipuler de grandes idées vaines sur l’organisation : c’est précis, c’est technique, et c’est immédiatement applicable.

Bref, si ça vous branche, les inscriptions se déroulent ici. Vendredi 9 octobre, 19h, à l’école Les Mots, 4 rue Dante, 75005 Paris.

(L’atelier sur la scène d’action qui se déroule ce week-end est par ailleurs complet)

2020-10-12T18:32:58+02:00mardi 6 octobre 2020|À ne pas manquer|4 Commentaires
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