Suite et fin du retour sur la Grande Consultation Publique™ de la newsletter, donc (épisode 1 de la veille : les chiffres). Merci à vous d’avoir pris le temps d’exprimer vos envies, parce que c’est drôlement instructif. Et notamment, je m’aperçois qu’il ne manque pas tellement de choses dans la newsletter, mais sur le blog, peut-être, si. Parce qu’un certain nombre d’idées, ce me semble, ont plus leur place ici que dans un envoi mensuel.
La newsletter, par son côté sporadique1, correspond pour moi à un point d’étape où il subsiste ce qui demeure notable sur le mois passé. Le blog, au contraire, se prête à l’aspect plus transitoire des choses, puisqu’il est publié quasiment quotidiennement, et que les archives en avalent vite le contenu (même si elles demeurent à disposition, ce qui permet heureusement de retrouver les articles de fond qui restent intemporels – c’est le sens de la catégorie Best Of).
Vos suggestions me font penser que, peut-être, je pourrais aborder davantage certaines choses, mais peut-être pas dans la newsletter. Sur le blog, justement.
Allons-y :
Ce qui me plairait, ce serait des conseils de lectures. Des oeuvres que tu as lu et que tu trouves intéressantes pour des différentes raisons (qualités narratives, scénario, twists, construction des personnages etc.). Un avis simple bien sûr, pas nécessairement en entrant dans les détails et une analyse de 50 pages, le but n’est pas pas de te faire perdre du temps.
Je fais de moins en moins de chroniques ici parce que, hé bien, tristement et surtout cette année, j’ai de moins en moins le temps de regarder / lire / jouer. Ce n’est pas sain et ce n’est pas une situation appelée à durer, mais je note pour l’aspect technique narrative. C’est une excellente idée (cela libère aussi de tout aspect « actualité », que je ne suis pas, honnêtement) et c’est tout à fait noté, merci. Cependant, pour moi, cela a sa place, justement, sur le blog.
Une rubrique coup de coeur du mois sur de la lecture/film/musique de même qu’il y a la photo de la semaine. Pas obligé d’expliqué « pourquoi », car c’est un coup de coeur.
Cf supra ; je fais trop peu de chroniques et quand j’en fais, à présent, j’ai tendance à parler de ce qui me parle vraiment (le dernier en date – qui commence à remonter – étant Gris). Mais c’est tout à fait vrai que je pourrais prendre un peu plus soin de le faire, et sans forcément argumenter – j’ai tendance à vouloir faire des chroniques fouillées, mais quand on dit du bien, c’est quand même moins important. Mais là, une fois de plus, cela a d’abord sa place sur le blog.
Quelques photos de temps en temps de votre univers de travail (bureau, promenade, etc) (sauf si c’est trop personnel). Une petite série d’article sur vos débuts ou premiers pas dans l’écriture
Une série sur tes débuts ce serait instructif pour beaucoup d’auteurs débutants… et probablement marrant ^^
Merci beaucoup pour cet intérêt ! Répondons donc dans l’ordre :
Pour les photos de l’univers personnel, je suis navré de décevoir, mais il est quasiment certain que je ne le ferai pas. Je l’évoquais hier, il est temps de détailler : je suis très secret dans l’absolu. J’ai joué le jeu des réseaux commerciaux parce que je m’intéresse à la technologie, mais je n’ai jamais mis de moi-même une photo personnelle nulle part, sauf pour me faire un profil, et m’en aller au bout de plus de dix ans a été l’une de mes meilleures décisions en 2020 pour ma santé mentale. Je me méfie énormément du narcissisme qu’Internet flatte chez nous, et je sépare drastiquement la sphère privée du travail (cela vaudrait un article à part entière, mais j’ai puissamment conscience du pouvoir que la narration entraîne sur l’identité et le libre-arbitre ; les réseaux nous poussent à nous narrer nous-mêmes de par l’exposition publique constante qu’ils génèrent, ce qui nous fossilise dans nos processus de pensée et donc notre liberté).
Bref, si je parle de moi ou de ce que je fais, c’est parce que je pense que cela peut avoir une portée qui dépasse le seul fait de raconter ma vie, ou dans le cadre codifié d’un entretien où, là, okay, inquiring minds want to know. C’est pour cela qu’il y a les photos chaque semaine et que, quand je fais un voyage notable comme une expédition scientifique, je le détaille dans les carnets de voyage. Ou pour quelque chose de vraiment notable. Mais c’est aussi pour cela que (comme cela m’a été suggéré) rédiger des journaux réguliers comme le fait Thierry Crouzet ne me correspond pas. Je ne le fais même pas pour moi, hormis pour ce que j’ai appris sur le plan d’écriture chaque jour. Je pense que l’important avant tout chez un auteur, ce sont ses livres et pas sa personne et, dans un monde d’idéaux platoniciens, on en ferait même entière abstraction.
Et puis, en toute honnêteté, mon quotidien au long cours n’est pas très palpitant. En période d’écriture, j’écris tous les jours ouvrables, et à la fin, y a un bouquin. Je résume rapidement, mais mes histoires d’écriture reposent quand même principalement sur ma capacité à me présenter devant mon clavier tous les jours pendant des mois et à bosser. Ce processus représente 80% du résultat final, et ça ne se raconte pas très bien.
En revanche, parler des débuts et du parcours, cela peut effectivement dépasser le cadre de mon nombril. Pour info, il y a déjà cet article de la semaine dernière, et beaucoup de choses dans toute la catégorie Entretiens, notamment dans les récents, celui de Planète Agro et la discussion de la Convention française.
Cependant, je note, et je vais voir si je rassemble l’audace de le faire. Et je ne dis pas que je ne changerai jamais là-dessus, que je ne me prendrai jamais au jeu, mais disons que de tous les retours, d’autres sont davantage probables à court terme.
Quoi qu’il en soit : merci beaucoup, à nouveau, pour cet intérêt.
Fan art, lien vers blog tiers qui parlent de tes œuvres
Cela aussi, donc, ce serait pour le blog. Cela existe déjà pour les chroniques : chaque fiche livre comporte un onglet « Revue de presse » (en tout cas pour les plus récents, la faute à quelques changements de système qui a remis les choses à zéro). Fut un temps, je relayais la revue de presse sur le site et les réseaux, mais je n’ai jamais trouvé de manière de le faire qui ne sonne pas à mes yeux comme « Hé ! Regardez ! On dit du bien de mes bouquins, je suis trop fort. » (Et puis parfois, cela a donné aussi des situations absurdes.) Mais ces liens existent absolument, ils sont collectés sur les pages livre correspondantes.
Pour les fan arts, oui, complètement (sur le blog encore). Je suis en retard là-dessus et c’est mal, à chaque fois je me dis que je vais intégrer cela dans les portails univers qui n’en finissent pas d’arriver, mais je vais oublier cette idée et découpler les deux. (Au passage, si vous en avez… le formulaire contact arrive directement dans ma boîte personnelle.)
Le mot de la fin temporaire
Merci encore d’avoir pris le temps de me faire remonter vos envies et idées. J’en ressors avec finalement davantage de sujets pour le blog que pour la newsletter, mais c’est très bien : l’un entraînant l’autre, tout cela se nourrit ensemble tel un cercle vertueux de développement durable. Attendez-vous donc à un peu plus de substance sur le blog (ce qui est bienvenu, j’avoue avoir été très pris en 2020 pour arriver à proposer davantage de fond), et, comme disait Corwin d’Ambre, « au revoir et bonjour, comme toujours » !
- Ce qui n’a rien à voir avec sa partie tigeale ou boulière, bien sûr. ↩
Je commenterai quand j’aurai relu ; mais, déjà, sur le principe, merci d’avoir trié le fatras multi-directionnel de nos avis.
De rien, mais ça va, c’était gérable ! 😃
Tu sais, chez certains, les journaux sont devenus leur plus grands livres : Gombrowicz, Léautaud, Renard, Nin… Mais alors le journal doit être abordé comme une œuvre en soi, bien plus qu’un simple journal intime.
Merci Thierry de passer par ici ! C’est bien sûr tout à fait vrai, mais ça n’est pas, à titre personnel, une direction qui m’attire. C’est la fiction qui m’intéresse avant toute chose, et ce qu’elle donne à rêver et réfléchir du réel. Mais bien sûr, ce n’est nullement une critique des autres formes et de ceux et celles qui les pratiquent. 🙂
D’ailleurs, dans la grande tradition bloguesque, le TC a poursuivi l’échange dans son carnet de novembre, au vendredi 27 où, c’est notable et clind’œilesque, on apprend aussi qu’il s’est fait arracher une dent ! 😉
https://tcrouzet.com/2020/12/06/carnet-de-route-novembre-2020/
Vu. Si j’ai la foi et envie de me lancer là-dedans (hint : probablement pas), je réfuterai ce que Thierry réfute, parce que
« Mes textes ont pour ambition de revenir au particulier, aux grains de sable qui font l’histoire, à chacun de nous et non aux héros mythologiques qui m’emmerdent. Paradoxalement, j’aime lire la littérature de genre, qui se vautre le plus souvent dans le platonisme, mais je n’en écris pas. »
Ca ne peut pas être plus faux concernant l’imaginaire, et ça m’emmerde. L’imaginaire traite exactement de grains de sable et non de héros mythologiques. Tout « Les Dieux sauvages » et Évanégyre au sens large parle précisément du fossé qui sépare l’individu de la mythologie.