Devinez quoi, la technologie, c’est maintenant

Tandis que l’homme politique de la semaine disait encore une connerie sur la technologie (je mets même pas de lien, y a qu’à se baisser pour en trouver), je me disais, bon dieu, ça m’agace, il serait temps que j’écrive un machin là-dessus. Je suis fasciné – au sens passif agressif de « oh comme c’est stupide, c’est fascinant » – par la dissonance cognitive de nos sociétés relativement à la technologie.

Le cloud est la fondation de nos sociétés développées ; le smartphone est considéré comme acquis pour tout le monde ; il est difficile de fonctionner sans Google et/ou Facebook ; allez n’importe où et regardez le nombre de gens à la tête baissée sur leur téléphone : oui, les devices régissent nos vies. (Savez-vous comment on appelle à Taïwan les gens absorbés dans leur téléphone qui emmerdent le monde en n’ayant aucune conscience de leur environnement ? « La tribu des gens la tête en bas ».)

Et pourtant, aux hauts échelons de décision, que ce soit dans le privé ou le public, on continue à gérer « cette histoire d’informatique » (ou de digital, si l’on tient vraiment à ne pas avoir l’air de savoir de quoi on parle1) comme dans les années 80. Genre, ah oui, c’est intéressant ce que ça permet de faire, le crayon optique de votre TO7/70 sur votre écran cathodique, c’est certainement l’avenir, ça devrait bien se populariser un jour et transformer la société, mais je vois quand même ça d’un peu loin parce que ça a l’air d’une affaire de spécialistes, on n’y est pas, hein.

Ça n’est fucking pas une affaire de spécialistes. C’est l’affaire de tout le monde, c’est notre présent, et c’est tellement notre présent depuis longtemps que ça en devient presque même le passé, eh oh, réveillez(ons)-v(n)ous.

Donc voilà ce que j’avais envie d’écrire mais ô stupeur, je me suis rendu compte que je m’étais déjà excité sur la question en 2017 : que l’histoire des technologies était complètement passée sous silence dans l’enseignement alors que c’est l’une des clés les plus importantes pour comprendre notre monde (et surtout où il va). Donc, j’ai pas de mémoire (vive).

Bref, il est grand temps que la société s’empare de deux axes :

  • Éduquer réellement les gens à l’usage de la technologie pour leur en rendre le contrôle, au même titre qu’on les forme à la syntaxe, à la grammaire, à l’expression, à l’histoire, au permis de conduire ;
  • Le moindre candidat à une fonction de décideur doit pouvoir démontrer qu’il n’est pas une buse totale sur ces sujets car, breaking news, nous sommes en DEUX MILLE VINGT.

Comment faire ça ? Houlà, je suis auteur, moi. Si j’avais le moindre soupçon d’esprit pratique, vous vous doutez bien que je ferais un vrai métier.

  1. In before les gens qui vont soutenir que si si c’est comme ça qu’on dit.
2020-01-23T01:43:37+01:00mardi 28 janvier 2020|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Devinez quoi, la technologie, c’est maintenant

Expériences en temps réel : bilan d’un an (et de dix)

Hé, c’était la fin de l’année la semaine dernière, la nouvelle est encore toute neuve et sent bon le cellophane qu’on retrouvera dans le grand gyre du Pacifique d’ici six mois, et en général, les gens bien font des bilans. Et ça fait longtemps que je ne suis pas prêté à l’exercice, alors, pourquoi pas.

Il y a dix ans, alors qu’il devenait nécessaire (et rigolo) d’assurer une présence soutenue sur les autoroutes de l’information, j’ai jeté mon site balbutiant de l’époque (tournant sous Spip, hou là là) pour un nouveau sous WordPress. (Dix ans de WordPress. J’ai peine à y croire.) Je ne bloguais pas encore vraiment dessus ; j’étais encore sous Over-blog (hou là là x2) et j’ai fini par me dire, bon, ça va bien, mettons tout au même endroit (vu que le blog intéresse finalement du monde – incredibeul). J’ai donc dix ans de statistiques, poupe ou prou1 et, ma foi, donc, que s’est-il passé depuis tout ce temps, Jamy ?

Bon, déjà, la fréquentation du site a littéralement explosé : multipliée par soixante-dix en dix ans… Après, ce n’est pas forcément un exploit quand on démarre de rien, ni quand on montre suffisamment de longévité en ligne (dix ans, c’est une éternité dans le domaine : rappelons que l’iPad – soit la tablette moderne – a été lancée en 2010…). Mais quand même. Ça fait chose. Merci, auguste lectorat, et lecteurs de passage, et robots russes spammeurs de commentaires : plus de dix ans d’archives remontant jusqu’à mes débuts sur MySpace, ça en fait, de la documentation, et ça en fait, de la lecture.

Mais qu’est-ce qui t’intéresse, au juste, auguste lectorat ? Regarder les articles les plus consultés cette année est instructif :

Soit, très clairement, certains articles ne se démodent pas, ce qui fait plaisir : poser de temps en temps des bases durables sur des sujets fondamentaux sert à la communauté, ce qui est le but. Presque tous les articles sont en rapport avec le sujet principal sur lequel je suis vaguement compétent pour causer, l’écriture, ce qui est rassurant. Et un petit coup de gueule reste dans le top 10, ce qui est flatteur.

Par contre, j’ai probablement moins parlé de fond cette année, puisqu’un seul article apparaît dans les meilleures lectures de 2019. Par comparaison, les dix articles les plus consultés cette année et publiés cette année sont :

… avec un fossé parfois énorme avec le top 10 toutes années confondues.

Que cela signifie-t-il ? Que c’est cool : globalement, ce dont j’ai envie de parler (productivité, outils, technique littéraire) se trouve à peu près en phase avec les expressions d’intérêt. Que des articles qui tiennent davantage de la réflexion inachevée ont aussi leur place, visiblement : l’aspect « bloc-notes » du blog n’est pas perdu, et tout n’a pas forcément besoin de former une étude en douze volumes sur le truc du machin. Je m’interdis toujours un peu de le faire, mais je peux, visiblement, et je vais (éternelle promesse d’ivrogne).

Enfin, je constate une tendance qui me touche particulièrement : je ne l’ai pas mis dans les classements précédents, mais les pages et les articles relatives à mes actualités et mes publications suscitent à présent des lectures régulières (et donc de l’intérêt). Fut un temps où je faisais le blog pour égayer un site pro par ailleurs un peu vide ; à présent, le site suscite une curiosité à part entière pour, genre, ce que j’écris avec des mots qui font des histoires. C’est probablement l’évolution majeure de ce site au cours des dix dernières années : j’ai démarré la décennie jeune auteur avec des cheveux, je suis maintenant un auteur… chauve. Merci, à nouveau, pour tout. (Pas pour le fait que je sois chauve ; vous n’y êtes pour rien.) (N’EST-CE PAS ?)

Quel est l’article le plus lu depuis le début du site ?

Allez, pour se marrer un peu. Roulement de tambour. (Imaginez un roulement de tambour.) (Allez.) (Steuplé)

… si jeune et déjà énervé envers Facebook ! C’était publié en 2012. Comme quoi, j’ai probablement une certaine cohérence de long terme.

  1. Moins quelques mois de bug dûs à un curieux dédoublement d’hébergement.
  2. Mon année 2019 sur les réseaux a aussi été marquée par ça. Encore merci à vous toutes et tous pour votre soutien. Avec cet incident, il y a clairement pour moi un avant et un après : j’ai définitivement perdu toute candeur envers les réseaux commerciaux et leur impact sur notre monde.
2020-01-08T07:02:14+01:00lundi 13 janvier 2020|Expériences en temps réel|2 Commentaires

S’énuquer, c’est pas ce que vous auriez cru

… et c’est pas ce que j’aurais cru non plus, genre pousser le dévouement à réaliser un cosplay entièrement authentique de Varys de Game of Thrones dans sa salle de bains juste une bouteille de whisky pour anesthésique (NE FAITES PAS ÇA CHEZ VOUS) (NI CHEZ UN POTE) (NULLE PART), c’est beaucoup plus final :

Demain, les enfants, nous allons étudier la différence entre ce mot-ci et une manière de réaliser un cosplay entièrement authentique d’Illidan à l’aide d’une petite cuillère et d’une très grosse boîte d’Efferalgan (NE FAITES PAS ÇA DANS UN MOTEL, SUR UN CHANTIER, DANS LA HAUTE ATMOSPHÈRE DE JUPITER).

(Sérieusement, j’adore Antidote pour ces innombrables découvertes lexicales qu’il me permet au gré de son usage au quotidien.)

2019-11-25T18:36:53+01:00jeudi 28 novembre 2019|Expériences en temps réel|13 Commentaires

Une liste de lecture pour Léviathan (« La Voie de la Main Gauche »)

J’en avais proposé une pour « Les Dieux sauvages », une liste de lecture (oui, bon, une playlist) d’inspirations musicales-slash-bande originale fantasmée si j’avais tout le budget de la défense américaine et que tout le monde veuille bien travailler avec moi, y compris des gens qui ne sont plus de ce monde, bref, vous voyez l’idée. Bien sûr, je suis peut-être le seul à y voir (entendre) ce que j’y entends (vois), mais avec l’existence des services de streaming, je trouve sympa de pouvoir partager les morceaux qui ont pu spécialement influencer la genèse d’un travail.

Il en existe à présent une pour tout l’univers de « La Voie de la Main Gauche » (la trilogie « Léviathan » et le recueil numérique Quatre voies de la Main Gauche). C’est écoutable librement sur Apple Music ou ci-dessous (ou directement sur mon profil, ici). Je les étoffe régulièrement.

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Rappelons aussi qu’il existe une véritable bande originale inspirée par la saga « Léviathan », composée par Jérôme Marie et disponible en CD et en ligne ici !

2019-11-14T02:11:09+01:00jeudi 21 novembre 2019|Juste parce que c'est cool|Commentaires fermés sur Une liste de lecture pour Léviathan (« La Voie de la Main Gauche »)

L’image en ligne n’est pas un supermarché

Photo by chuttersnap on Unsplash

Alors on se met bien d’accord, je suis un photographe tout au plus amateur éclairé (c’est important l’éclairage pour un photographe – ahem – bref – ma seule réelle compétence à peu près professionnelle dans le domaine, la photoidentification, ayant un potentiel artistique assez limité, sauf pour le jeu des 7 erreurs). Même si j’ai l’honneur de quelques petites heures de gloire. Et puis que c’est une activité que j’ai plaisir à développer et à m’efforcer de faire bien. Donc, je ne pousse pas non plus des cris d’orfraie, mais il y a quand même des trucs qui énervent, et qui me font compatir d’autant plus au lot des vrais professionnels, ainsi que des illustrateurs :

Ce n’est pas parce qu’une image se trouve sur Internet qu’on peut librement la diffuser et s’en resservir en toutes circonstances, tout particulièrement si le téléchargement est désactivé et qu’il y a un filigrane de droit d’auteur (watermark).

En gros, tout ça, ça dit clairement : « sois sympa, j’aimerais bien en conserver un peu la diffusion » (ce n’est pas parce que c’est certes un peu illusoire sur Internet qu’on devrait accepter sans rien faire la dissémination de son travail).

J’utilise joyeusement des images d’illustration sur ce blog, mais je m’efforce soit a) de prendre des images expressément libres (merci Unsplash et Wikimédia Commons), en citant les sources – voir ci-dessus par exemple ; soit b) de toujours placer les mentions d’illustrateurs quand il est question d’activités en lien avec le livre (couvertures, festivals) ; soit c) de taper dans les mèmes1 ; soit d) si je ne peux rien faire d’autre, en l’absence de toute information, de placer a minima un rétrolien vers le site source.

Ce qui ne se fait pas, en revanche, c’est de piquer des images quand elle sont expressément protégées. Et ce qui ne se fait vraiment pas, quand le téléchargement est désactivé, quand il y a un filigrane, c’est de prendre une capture d’écran tranquille recadrée pour supprimer le filigrane, afin de reposter une photo sur son propre site, même à but non lucratif, même à des fins de pure illustration, sans aucun crédit.

Parce que ça commence à faire plusieurs fois que cela arrive, et à force, la manière agace. Ce n’est pas comme si Internet en manquait, d’images. Au minimum, à l’absolu minimum, citez la source, au moins, pour remercier la personne dont vous utilisez le matériel.

Bref. Amis photographes, illustrateurs, professionnels de l’image au sens large, si vous en ignorez l’existence, je vous signale le service Pixsy, qui est gratuit et utilise l’intelligence artificielle pour explorer le web à la recherche de vos images. En cas d’utilisation frauduleuse, le service vous facilite les demandes de retrait voire, le cas échéant, se propose de mener les procédures légales de demande d’indemnisation à votre place (en prenant une commission au passage). Je m’en sers, et entre les abus ci-dessus et l’existence d’agrégateurs automatiques et de fermes de liens, cela m’a montré toute l’ampleur des problèmes que vous rencontrez au quotidien2. En tout cas, je compatis.

  1. Leur usage est flou, certes, parfois abusif, c’est vrai aussi, mais en cas de problème, on peut toujours m’envoyer une demande de retrait.
  2. Et si, d’ailleurs, vous voyez une manière dont je pourrais améliorer mes propres pratiques ici, n’hésitez pas à me le signaler, c’est très bienvenu.
2019-10-24T00:20:32+02:00mercredi 23 octobre 2019|Humeurs aqueuses|2 Commentaires

Demain, Sienar Systems [des brèves et des liens]

Toujours ça que les réseaux commerciaux n’auront pas. Tu te rappelles, auguste lectorat, l’époque où l’on faisait des compilations de liens pour nos blogs MySpace ? C’était mieux avant ? Non, clairement pas, mais il y a un certain nombre de choses qu’il vaut mieux conserver pour sa propre plate-forme. Donc, expérimentation avec un retour sur une forme de compilation de brèves, d’idées aléatoires, de liens rigolos ou pas, mêlée d’une petite compilation des posts des semaines passées.

Deux articles vachement intéressants sur la manière dont nous avons perdu le web ouvert au profit des réseaux commerciaux, et comment peut-être le retrouver : The web we lost et Rebuilding the web we lost.

Et dans le même esprit, la profession de foi du développeur de NetNewsWire, qui revient sur le devant de la scène :

The big social networking sites are damaging society and eroding democracy — and we believe one of the ways out of this is to get our news via the open web rather than from Twitter and Facebook.

« In every age it has been the tyrant, the oppressor and the exploiter who has wrapped himself in the cloak of patriotism or religion or both, to deceive and overawe the people. »

Eugene V. Debs

Vu ça par notre gouvernement :

→ et j’ai un doute, on va fonder Sienar systems ou Incom ?

D’ailleurs :

2019-09-02T17:24:28+02:00jeudi 5 septembre 2019|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Demain, Sienar Systems [des brèves et des liens]

Apparaître sur les réseaux commerciaux quand on est un personnage semi-public [leçons de la Worldcon]

Donc. Je suis un peu revenu sur Twitter ces derniers temps, en mode « haha ne faites pas attention à moi, je regarde juste par la fenêtre », oui je sais après avoir juré mes grands dieux que je toucherais plus à cette came néfaste et diabolique, comme j’avais dit il y a quinze ans que je ne toucherais jamais à World of Warcraft, or j’ai TUÉ RAGNAROS ET ONYXIA À VANILLA MOI MONSIEUR. C’est bien la preuve que je suis FAIBLE.

Suis-je si rapide à oublier l’eau froide tel un chat échaudé sans mémoire ? Eh bien, déjà, les interactions régulières et sympas, le côté spontané me manquaient, tout simplement. J’avais un peu l’impression de m’être mis au piquet tout seul (même si j’avais grand besoin d’une bouffée d’air et de réfléchir).

Mais surtout, j’ai assisté à beaucoup de tables rondes sur le sujet même des réseaux commerciaux à la Worldcon, dans l’espoir de comprendre pourquoi mes fils ne cessaient de m’exploser à la gueule depuis le début de l’année pour des trucs bien moins polémiques que je n’ai pu en écrire autrefois (avec d’ailleurs, a posteriori, quelques regrets).

Keira Knightley Anna Karnine GIF - Find & Share on GIPHY
C’est chiant les GIF animés quand on lit hein

La leçon que j’en ai retiré, très simplement, est : « you’re doing it wrong« . Je m’y prends mal, au moins sur la forme. Et la raison en est : engoncé dans mon vieux pote, le syndrome de l’imposteur, je n’avais pas vu que mon audience avait lentement mais sûrement dépassé un certain cercle confidentiel.

Or, il y a une différence entre twitter pour son cercle, qui vous connaît, vous suit et vous accorde le bénéfice du doute quand vous n’êtes pas clair, et voir ses mots pas forcément aussi bien léchés qu’on l’aurait voulu s’envoler bien au-delà de ce qu’on imagine et prendre des formes inattendues et monstrueuses. Et c’est là que l’on prête le flanc à ce vers célèbre de Rudyard Kipling, je paraphrase – c’est là que les gueux travestissent vos paroles pour exciter les sots.

Alors, que faire, sur un réseau comme Twitter où, par définition, tout est accessible à tout le monde ? Décider que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec vous sont forcément des gueux et ceux qui les suivent forcément des sots ? Les argumentations autocentrées ne sauraient être reçues sans une immense méfiance – celles qui soutiennent que je ne peux pas me tromper car je suis un gentil, et c’est irréfutable, puisque c’est moi. (L’ennemi est idiot, disait Desproges, il croit que l’ennemi c’est nous, alors que nous on sait bien que c’est lui.)

La meilleure image que j’ai entendue à la Worldcon est : il faut considérer Twitter comme un pub. Un pub où, en outre, (pour reprendre une précision qui m’a été apportée depuis) tout le monde est saoul et cherche la castagne. Et, là, à un moment, vous montez sur un fût pour clamer un truc.

Hahaha.

Eh bah, vous avez drôlement intérêt à être clair pour les inconnus qui n’ont pas le contexte et ne vous connaissent pas. Ils n’iront jamais chercher les précisions, car les réseaux sont ainsi faits qu’ils stimulent la rage plutôt que la conciliation, l’outrage plutôt que la modération. C’est structurel, c’est leur modèle économique. Et espérer que les gens le fassent quand même, pour vous accorder, à vous, le bénéfice du doute est certainement une illusion de l’ego. (« Je suis gentil ! Vous devriez me traiter différemment ! Parce que c’est moi ! »)

Alors, qu’est-ce qu’on fait ?

Un auteur (ou créatif au sens large) est dans une situation ambiguë. D’un côté, c’est une personne seule, avec ses failles, ses moments de fatigue, ses opinions, ses maladresses aussi. (On ne tweete pas comme on publie un roman, qui relève de toute façon de la fiction, et où l’on s’efforce en plus de soupeser chaque phrase, lesquelles seront relues par toute une équipe éditoriale, pour que ça dise bien ce qu’on veut dire.) Des fois, donc, on se loupe. Mais aussi, c’est un compte « professionnel ». C’est, qu’on le veuille ou non, l’image pro que dégage l’auteur, et malheur à lui ou elle s’il sort un truc mal interprétable.

Donc, il viendrait, logiquement, que :

On ne doit pas sortir sur Twitter un truc mal interprétable.

Ça veut donc dire éviter un certain nombre de sujets et d’idées complexes.

Triste conclusion ? S’il s’agit de déplorer l’état du débat public, où l’on s’empare de la moindre imprécision pour clouer au pilori la moindre parole qui va défriser une personne isolée, alors oui, totalement. S’il s’agit de comprendre dans quoi on met les pieds personnellement et à quoi on s’expose, c’est une bonne leçon à retenir. Pour ma part, je fais ce blog, je suis sur les réseaux commerciaux pour le plaisir, et pour payer ma dette karmique. Donc, pour m’efforcer d’ajouter de la valeur à une conversation. Tout le monde n’a pas la même notion de la valeur, mais la conclusion que je tirais il y a un mois reste la même : si ce que tu voudrais dire ne peut pas passer clairement en 280 caractères, alors ne le dis pas (comme dans l’analogie du bar avec les clients à fleur de peau), ou bien sois prêt à t’accrocher au pinceau quand on t’enlèvera l’échelle et que the floor is lava.

Je n’ai pas envie d’aller à la baston. Je n’ai plus vingt ans et besoin de m’affirmer au monde pour exister : je sais que j’existe, la preuve, je me suis rencontré. Et franchement, ça me fait chier de terminer certains jours avec le cœur à 120 à cause d’une énième prise de bec idiote sur un mot mal compris, mais ça me fait chier aussi de me dire que peut-être, en face, une personne est dans le même état à cause d’un truc que j’ai pu dire de travers. C’est un peu trop facile de se dire que le type en face est un idiot et que j’ai forcément raison ; de toute façon, j’en suis structurellement incapable.

Alors bien sûr, les trolls, les imbéciles et les personnes qui ne vivent que pour susciter du conflit afin qu’on parle d’eux existeront toujours. Une part de l’apprentissage de ces outils, à mesure que l’on s’adresse à une audience plus vaste dans le pub, consiste aussi à savoir appeler les videurs : mute et block sont tes amis1.

Mais Gareth L. Powell affirmait à la Worldcon : « Je pense résolument que l’on retire des réseaux ce que l’on y investit. Les gens et vos interactions reflètent ce que vous y présentez. » Une opinion à laquelle je souscris (car je la trouve valable pour l’existence, de manière générale : be the change you want to see in the world).

Que faire, donc, du contenu plus complexe, plus potentiellement polémique ? On le tait par prudence ? Le monde ne sera-t-il à jamais que photos de chats ? Non, heureusement que non. Pour ma part, l’envie de me recentrer davantage ici, de réserver de toute façon à MA plate-forme, à MA maison et à vous, qui me faites le plaisir de la suivre, le meilleur de ce que je peux raconter (spoiler : et ça n’est pas le contenu facile à résumer en 280 caractères qui finit sur Twitter, justement), reste. Donc : si ça ne tient pas en 280 caractères, ça sera ici (et ça sera vachement plus provocateur de pensée, thought-provoking, et ça va être chouette).

Mais qu’est-ce qu’on peut faire avec Twitter, alors dis-donc Jamy ?

Il y a une responsabilité dans l’usage de la parole publique, j’ai toujours pensé qu’elle s’appliquait à la fiction (on est responsable de ce qu’on véhicule, consciemment en tout cas – restons-en là pour l’instant, car l’inconscient, c’est beaucoup plus complexe). Maintenant, il faut aussi savoir reconnaître quand on en dispose d’une telle tribune sur un réseau – qu’on soit créateur, critique, ou simplement personne un tant soit peu publique –, sans fausse modestie, et se rendre compte qu’on doit faire un peu plus gaffe que quand on fait une blague à ses potes, car on n’est pas avec ses potes. On est dans un pub louche et on monte sur un fût avec la gueule enfarinée et seulement 280 caractères.

Donc : il s’agit de discuter avec des gens en mettant l’accent sur la bienveillance et la gentillesse. De tendre la main, en accordant soi-même le bénéfice du doute, et de refuser tout net, immédiatement, le conflit (à moins d’être prêt à empoigner le lance-flammes quand il y a réel danger – mais les susceptibilités froissées, la mienne ou la tienne, n’en font pas partie). La polémique, la discussion constructive, devraient être réservés aux espaces plus développés comme les blogs, où l’espace pour s’exprimer est illimité, et où la temporalité, détachée de l’instantané, se prête infiniment mieux à des échanges réfléchis2.

Dont acte, ou du moins, on va faire de son mieux pour.

  1. Par comparaison, la fiction, étant ce qu’elle est (fictive, duh) est un laboratoire paradoxalement bien plus sûr, alors qu’elle livre souvent des idées bien plus inconfortables.
  2. Même si les blogs peuvent aussi avoir leur côté impulsif et inachevé – c’était leur principe, à la base, avant les réseaux commerciaux.
2019-08-26T19:05:09+02:00mardi 27 août 2019|Humeurs aqueuses|11 Commentaires

Worldcon 2019, jours 4 et 5

Je jure que lundi midi, quand un ami a reçu ses gyôzas au restaurant, je me suis dit : « mon cerveau doit ressembler à ça ». Ce qui méta-décrit mon état de cramitude : ce n’est pas tellement l’image qui compte que le fait que j’aie simplement pu la concevoir…

Bref ! Gros coup de bleu (de blues) à la cérémonie de clôture tandis que cette 77e Worldcon touche à sa fin et que symboliquement, le flambeau a été remis à l’équipe de l’année prochaine, ConZealand, à Wellington. Entre les tables rondes et les belles rencontres toutes reliées par notre passion commune, ces cinq jours sont passés extrêmement vite.

J’ai été frappé (comme à chaque fois) par le pragmatisme à la fois simple et décomplexé de l’approche de l’écriture dans le milieu anglophone. On adore encore, en France, se raconter des contes comme quoi le « talent » ou la « vocation » doivent primer sur toute autre considération ; que l’écriture (ou la création) restent la chasse gardée d’une classe mystérieuse d’élus mystiques qui « l’ont » (le truc) ou pas. Dans une culture qui s’est toujours proclamée égalitaire, cela me laisse drôlement songeur.

Rien de tout cela à une Worldcon. Tu veux écrire ? Bosse. Bosse, encore, encore et encore. Et puis davantage que ça. Ne lâche pas ; prends-toi des portes dans la tronche, marche sur les râteaux, c’est inévitable, cela fait partie du chemin hélas, mais quoi que tu fasses, n’oublie pas : ne lâche pas. Le travail est ta seule variable d’ajustement, et ce qui différencie ceux qui « y arrivent » (arrivent à publier, jouissent d’un certain lectorat, pour faire connaître leur travail au monde) c’est avant tout la persévérance, la volonté d’évoluer et d’apprendre sans cesse. C’est dur, oh oui. Mais tu veux ? Alors donne tout et même le reste, et tu pourras probablement y arriver, même si cela doit prendre dix ou vingt ans. Au fond, il n’y a qu’une seule vraie métrique : l’expérience. Et une seule pulsion : une niaque tellement invraisemblable qu’elle confine à la mégalomanie, l’inconscience, ou un mélange des deux. (Au passage, je repose ça là)

Tu te doutes, auguste lectorat, que je souscris entièrement au discours, parce que c’est celui que j’ai biberonné depuis plus de vingt ans, et j’oserais dire que c’est celui qui m’a conduit où je me trouve (soit, timidement, un peu plus loin qu’il y a vingt ans, c’est-à-dire : j’ai publié quelques trucs et des gens ont aimé), avec l’immense conscience que j’ai à peine commencé à vaguement accepter le chaos non-euclidien doublé de résolution indispensable qui semble apparemment former l’essence de ce métier. On apprend toujours, et c’est ça qui est merveilleux. On en a parlé il y a un an tout juste dans Procrastination, d’ailleurs (« Talent Vs. Travail »).

Non, ça ne sera pas plus simple ou plus facile, mais au bout d’un moment, tu finiras par comprendre intimement que c’est normal. Le talent existe peut-être. Mais vu qu’on ne peut pas y faire grand-chose, on s’en balance un peu, et tout ce que tu peux faire, c’est travailler sans relâche à cette chose qui compte pour toi ; et la seule personne à qui tu rends des comptes, en définitive, c’est toi-même. (Coucou, Steven Pressfield.)

Authentique, et il fallait que je reparte avec. Attention : peut contenir également des larmes de directeur d’ouvrage.

Sinon, ça fait tout drôle, j’ai mesuré le jour même que c’était la première fois que j’étais invité à intervenir sur une table ronde avec ma casquette musicale, aux côtés de Sam Watts (compositeur entre autres de la bande originale de Sarah Jane Adventures !), et pouvoir discuter avec le public de bandes-son légendaires (en replaçant au passage celle de Babylon 5 par Christopher Franke) a constitué un des grands plaisirs de cette convention.

George R. R. Martin sera toastmaster de ConZealand.

Ma plus grande erreur aura certainement été d’emporter une grande valide vide. En pensant que je rapporterais DES TRUCS. Ben forcément, hein. Je cherche, aussi. Les livres, c’est comme les gaz parfaits. C’est curieux, ça finit toujours pas occuper tout l’espace disponible.

2019-08-19T22:14:53+02:00mardi 20 août 2019|Carnets de voyage, Le monde du livre, Technique d'écriture|17 Commentaires

Worldcon 2019, jours 2 et 3

C’est chouette et étrange d’entendre parler gaélique dans la rue : je jurerais que ça sonne comme du valyrien. J’ai regardé le ciel au cas où. Dracaris, toussa.

Donc, auguste lectorat, un article ! Un dimanche ! Woah ! Ben oui, parce que sinon lundi je parlerai de trois jours d’un coup, et la nature a horreur de l’asymétrie, ou pas.

Je passe devant tous les jours et J’AIMERAIS VRAIMENT COMPRENDRE POURQUOI PAPA LAPIN EST NATURISTE

J’avoue une certaine fatigue en ce moment, due à tous ces trucs chouettes que je laisse entendre mais qui ne sont pas prêts à être révélés tel le Necronomicron (un livre maléfique mais vraiment imprimé très, très petit) et aussi ça va prendre un peu de temps pour se décanter mais, ça viendra, disais-je.

Je ne nierai donc pas que j’ai fait la connaissance relativement prolongée des moquettes du Centre de Convention de Dublin à certains moments, histoire de regarder intensément le vide, mais à part ça :

C’est génial d’être ici. Les festivals de manière générale me font cet effet (sortir de l’isolement de l’écriture pour s’apercevoir que a) oh y a des gens en-dehors de mon bureau b) on aime tous la SFF c) ooooh DES LIVRES RETENEZ-MOI) mais la Worldcon, avec son aspect organisé par les fans, pour les fans, ajoute une facette communautaire assumée très agréable. Je parlais de mon sac avant-hier (ma vie est passionnante), il ne m’a pas fallu longtemps pour y coller tous les badges de SF du monde sans me dire que j’allais passer pour un gros naze, et bon dieu, ça fait du bien de se plonger dans sa sous-culture. (Sous au sens de : sous-courant, pas inférieure, bien sûr.) Et voir tous les pros du monde entier dans le même esprit, sans gêne, y compris ses idoles secrètes, ça fait tellement plaisir !

Speaking of which, un aspect me frappe particulièrement pendant cette Worldcon, c’est le soin apporté à l’inclusivité. Alors je vois évidemment ça de l’extérieur, donc c’est difficile de juger si c’est suffisant, mais le nombre de sujets et de mentions au code de conduite me semble remarquable ; ces questions n’ont jamais été éloignées de l’esprit des panelistes que j’ai vus, et c’est vraiment chouette. Il y a de quoi reprendre un peu espoir et se dire qu’un jour, peut-être, on n’aura plus besoin de mettre d’accent sur rien, parce que ce sera entré dans les mœurs de, en résumé, foutre une paix simple et sincère aux gens sur ce qu’ils sont ou désirent être. De la SF ? Beh, c’est pour ça qu’on est là.

Speaking of which, encore, je suis allé voir la table ronde sur les auteurs « problématiques » : que fait-on des oeuvres majeures, mais dont on découvre que le créateur n’est pas aussi fréquentable qu’on peut l’espérer (ce qui est parfois un euphémisme) ? Les Lovecraft, Céline, ou même, beaucoup plus proche de nous, les apparences de diversité rentrées un peu au forceps de J. K. Rowling ? J’ai des idées, mais je trouve que ça mérite un article à part.

Le concert symphonique que je ne voulais absolument pas rater, avec du Game of Thrones, du World of Warcraft, et un chef d’orchestre qui dirige Star Wars avec une baguette lumineuse verte en mode sabre laser. CLASSE ULTIME

Je m’efforce forcément de garder un peu l’oreille sur les rails quant à la traduction de littératures étrangères (genres francophones, AU COMPLET HASARD) vers d’autres langues ou évidemment l’anglais, et il semble que peu à peu, la diversité gagne du terrain là aussi, grâce notamment au travail de personnes comme Francesco Verso – éditeur italien de Future Fiction, qui réalise un énorme travail de découverte et de traduction vers l’italien mais aussi l’anglais. Il a récemment compilé, au terme de cinq ans de dur labeur, une anthologie de science-fiction mondiale (avec notre Ugo Bellagamba) en langue anglaise, intitulée World Science Fiction, avec un des meilleurs slogans que je connaisse : « préserver la biodiversité de la science-fiction ». Car c’est l’essence même de la traduction : nourrir la richesse des cultures. Le livre était lancé à cette Worldcon et les stocks sont déjà vides, ce qui est génial (j’ai eu le dernier !)

Les consciences semblent progresser lentement mais sûrement sur la conviction que la diversité mondiale représente la clé de la vitalité des genres, mais il faut pour cela des volontés en béton armé (c’est un travail de titan et de longue haleine) et des financements (de traduction). Cependant, je pense que si les genres réussissent à se développer au sein de leurs marchés intérieurs, qu’ils s’y pérennisent et se renforcent grâce à une forme de projet d’ensemble et (soyons dingue) de collaboration, j’ose croire que cela donnera à chaque culture de quoi s’affirmer un chouïa davantage face au géant anglophone, principalement américain bien sûr.

Le Centre de Congrès de Dublin me paraît tout droit sorti de L’Âge de Cristal (et il y a autant d’escalators)

En tâche de fond, je réfléchis toujours aux réseaux commerciaux et ce qu’ils peuvent apporter, ou enlever, aux interactions et communications. Je me suis fait un programme nourri sur le sujet, de manière à avancer de mon côté sur la manière juste d’utiliser ces outils. Voir certains exemples et entendre certains discours m’alimente beaucoup sur les aspects positifs de la chose (que je ne nie pas !), sur une approche potentiellement différente qui me permettrait de me réconcilier avec mon but premier (contribuer de la valeur à la discussion), bref, j’en reparlerai probablement.

2019-08-17T23:55:26+02:00dimanche 18 août 2019|Carnets de voyage, Le monde du livre|5 Commentaires

Worldcon 2019, jour 1

… soit compte-rendu de la journée d’hier.

Observation 1 : j’ai visiblement choisi le seul hôtel de tout Dublin qui ne fait pas d’oeufs bacon au petit-déj.

Observation 2 : ne pas prendre de sac pour la journée en se disant « boaaaah ils en fourniront bien à l’accueil » est une réflexion idiote.

Observation 3 : 30’ à pied pour aller à la convention, c’est « ça se fait » quand tu réserves, « ça passe » quand tu y vas, « ah bon un peu pfouh quand même » quand tu dois rentrer d’une longue journée.

Observation 4 : la Worldcon, c’est toujours génial.

ACCUEILLI PAR LA DELOREAN DE RETOUR VERS LE FUTUR BON DIEU
Mes partis-pris géographiques sont dignes d’un grand écart facial (le ruban noir est pour la convention de Wellington en 2020)

C’est ma quatrième et je commence à avoir mes marques : l’immense programme de tables rondes, animations et conventions (il n’est pas rare d’avoir 10 éléments en parallèle sur le programme), la grande dealers’ room avec tout le merchandising de tes rêves et des bouquins splendides et pas chers, les animations pour enfants qui ont l’air trop chouettes que tu les jalouses intérieurement de pas avoir leur âge, et puis surtout l’ambiance amicale, les gens de tous horizons et de toutes nationalités qui engagent la discussion dans la rue ou les couloirs en voyant ton badge, les cosplays prodigieux (love aux deux personnes en combinaison de la Beratnas Gas), les thèmes de discussions allant du très sérieux social, économique, scientifique au réjouissant loufoque.

J’avoue que je termine cette journée passablement rincé (trois tables rondes quasiment à suivre, évidemment toutes en anglais), mais avec que du bonheur : j’ai pu dire ce qui me tenait à coeur en faisant des blagues auxquelles les gens ont ri, ce qui, au bout du compte, couvre à peu près tout ce que j’espère accomplir dans cet exercice. (Il n’y a aussi qu’à la Worldcon que tu peux faire éclater de rire une salle entière avec une vielle référence en te présentant comme suit : « I’m French, as you might guess from my outrrrrrrageous accent. »)

Pas de captations hélas, mais nous avons parlé de communication et de langage dans le monde animal, ainsi que de séries télé hors de la sphère américaine, et… j’avoue que l’intervention qui m’inquiétait le plus était le « Fantastical Travel Guide », où nous étions censés roleplay un personnage de nos mondes imaginaires pour donner envie à de potentiels lecteurs / touristes de venir visiter. Sachant que je suis en plein dans « Les Dieux sauvages » et que la Rhovelle n’est clairement pas une destination de vacances super recommandable, je frémissais un peu, mais j’ai résolu de jouer une Mériane complètement blasée (un peu hybridée avec Chunsène pour les besoins de l’exercice, je l’admets) en mode humour noir. Et malgré quelques difficultés (pas facile de sortir des vannes dans une autre langue après avoir arrêté l’improvisation théâtrale depuis bientôt trois ans), j’ai eu quelques jolies rencontres avec des personnes qui ont eu envie de lire le livre – ce qui dépassait amplement mes espérances ! (Lesquelles se définissaient très précisément comme suit : « ne pas se vautrer horriblement en endossant en public un rôle féminin ».) J’ai également beaucoup ri en écoutant mes camarades (fantastique roleplay d’un dieu assez pragmatique par Karolina Fedyk !)

Elle est pas trop meugnonne cette roussette, elle te dit, va cliquer sur le site, steuplaît

Par la suite, visiblement incapable de lire correctement un programme passé trois heures de discussion publique, j’ai raté toutes les tables rondes que je voulais suivre, mais ça a été bien, car l’occasion de discuter avec les Français (nous sommes 86 de la délégation cette année – sur 6918 participants, dont 206 Allemands ou 359 Finlandais… allez, faisons un effort !), notamment les très motivés organisateurs du projet Worldcon française en 2023.

Le site semblait en sommeil, mais le projet est plus que jamais d’actualité, le temps d’amener beaucoup plus de précisions et une nouvelle identité graphique qui devraient tomber très bientôt. Pour voir ce qui a déjà été fait, et suivre l’action, c’est ici. Le centre de congrès de Nice paraît idéalement placé avec des lignes de tram directement reliées à l’aéroport, et une logistique solide constitue la fondation de toute proposition de Worldcon. Avec en prime les atouts de la Côte d’Azur, le projet a beaucoup d’atouts pour séduire le public international, mais majoritairement américain, de l’événement.

Demain, je me suis prévu un programme beaucoup plus riche en tables rondes, comme des propositions de sociétés sortant de la féodalité et de la colonie spatiale chères à la fantasy et la SF, l’appropriation culturelle, ou encore le rôle magique de la beauté dans le conte et donc, par filiation, nos genres.

Et puis j’ai prévu d’emporter un sac.

2019-08-15T23:03:24+02:00vendredi 16 août 2019|Carnets de voyage, Le monde du livre|5 Commentaires
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