Ça ne vaut pas un Cloud (test rapide des services de synchro en 2024, parce qu’iCloud n’est toujours pas fiable)

Peut-être le karma électronique qui vient frapper à ma porte : à peu près en même temps que je disais du mal de la création dans des apps en ligne, mon service de cloud s’est mis à débloquer dans les grandes largeurs. En gros, le travail effectué sur mon MacBook Pro pendant les deux mois en France demeure invisible à mon Mac Studio à Melbourne : pourtant, les données sont bien disponibles dans le cloud (visibles en ligne). Ce qui est très dangereux quand on utilise Scrivener, car l’application utilise un format de données assez délicat (package files) et des conflits de synchronisation peuvent entraîner des pertes de données. Heureusement, j’ai eu le nez creux et j’ai comparé les dates de modification des fichiers respectifs sur les deux bécanes pour constater que, heu, si, cela faisait plus de deux mois que j’avais touché le projet (quand même), contrairement à ce que pensait ma bécane principale.

Et quel est le service de cloud concerné ? Évidemment, c’est iCloud Drive. Et en plus, le problème fait des petits : je commence à avoir des doublons de dossiers partageant au petit bonheur leurs données entre eux, parce que c’est beaucoup plus rigolo. J’ai bien ordonné à mon Mac de conserver toutes les données sur son disque, mais pourquoi respecter les instructions de l’utilisateur ? J’ai régulièrement des fichiers qui disparaissent dans le cloud malgré mon ordre, parce que fuck me, I guess.

Le support technique d’Apple n’a pas de solution pour moi pour l’instant. Je soupçonne le décalage horaire d’être responsable, mais bon dieu, Dropbox a réglé le problème de la synchronisation voilà quinze ans. Je me servais d’iCloud en raison de son chiffrage de bout en bout et de son intégration directe au système, et pour synchroniser quelques dizaines de milliers de fichiers ou des bases de données , ça va, mais dès qu’on entre dans des gros comptes professionnels (ce qui arrive vite quand on fait de la musique ou du podcast), ça n’est plus possible.

Soyez donc prévenu·es : force est de constater que malgré l’âge d’iCloud Drive, le service, encore et toujours, n’est pas fiable. Si l’on travaille avec Scrivener sans être méfiant·e, c’est jouer avec le feu.

Pourquoi ces barres de progrès quand toutes mes données sont censées être présentes sur le disque ? Et surtout, POURQUOI ELLES N’AVANCENT PAS ?

Pire encore, Apple est en train de forcer les fournisseurs de synchronisation cloud à employer la même API pourrie que la leur, appelée FileProvider, ce qui signifiera qu’on aura les mêmes problèmes qu’iCloud, sans les avantages que fournissent Dropbox et autres (comme la possibilité de stocker son dossier cloud sur un disque dur externe, par exemple). Heureusement, il semble que le processus de migration ait été gelé sur les gros comptes (plus de 300 000 fichiers1) parce que, ô surprise, c’est de la merde les performances apparaissent quelque peu suboptimales.

Quelles alternatives ?

Le stockage de fichiers est littéralement l’infrastructure qui sous-tend tout mon boulot, en particulier Scrivener, donc je peux très difficilement faire l’impasse sur la sécurité de mes données. J’ai passé deux jours à essayer frénétiquement de trouver une solution (merci, Apple) et, dix jours plus tard (!), suite à un plantage de session (!!) il semblerait qu’iCloud se décoince progressivement et que les données arrivent au compte goutte, bien qu’étant réparties entre du local et du distant, bref, c’est le bordel, et moi j’ai besoin que ça marche. C’est pour ça que j’ai un Mac, à la base?

Alors, qu’est-ce qu’on peut utiliser en 2024 (et qui fonctionne avec Scrivener) ?

Dropbox. C’est depuis toujours la solution recommandée par les développeurs de Scrivener, l’intégration aux apps tierces est inégalée (tout fonctionne avec Dropbox), la synchro est fiable et rapide, mais vos données ne sont pas chiffrées de bout en bout2. Et personnellement, en 2024, avec le gavage à grande échelle des LLM contre la volonté de l’utilisateur, ça m’ennuie beaucoup de donner les clés de mes données à mon hébergeur. C’est le vieux dilemme security Vs. convenience : si c’est sûr, ça n’est pas pratique, et si c’est pratique, ça n’est pas sûr. (Google Drive et Box sont exclus d’emblée : ils sont activement déconseillés pour Scrivener. OneDrive est Microsoft, donc exclu aussi.)

Gérer soi-même sa solution de synchro. Avec des solutions comme Resilio Sync, Syncthing ou même OwnCloud / NextCloud : les machines se synchronisent les unes entre les autres sans que ça touche Internet, et si l’on dispose d’un serveur chez soi (c’est mon cas), on peut même l’ajouter dans la boucle et c’est presque comme si on avait son propre Dropbox chiffré accessible de partout. Idéal sur le papier, sauf que mon pauvre Synology peine à suivre avec la quantité de données impliquée, que Syncthing n’a pas d’app iOS et que si je commence à devoir farfouiller avec Docker pour faire fonctionner mon cloud perso, je m’expose au final à proportionnellement autant d’emmerdes qu’avec iCloud. Donc, oui, mais non.

Un fournisseur chiffré de bout en bout. L’idée est d’avoir une application qui colle les fichiers sur le disque et les synchronise sans que le système n’ait son mot à dire, vous savez, comme quand ça marchait, en 2010. Et qui soit chiffré de bout en bout. Et un grand nombre de services existent aujourd’hui sur le marché. J’ai testé pour vous :

  • MEGA. Vous savez, la version de MEGAUpload qui s’est rachetée une conduite et fait maintenant dans l’hébergement cloud. Des recherches ont montré un lourd historique de vulnérabilités, donc au final, non.
  • Internxt. Prix ultra compétitif, mais réputation absolument détestable en ligne, et l’interface web a fait planter mes trois navigateurs, ce qui représente un tour de force, donc pas confiance : non.
  • Tresorit. Hors de prix et trois appareils maximum : il se trouve que j’en ai quatre (deux Macs, iPad, iPhone). Non.
  • Sync.com. Rapide, simple, prix compétitif, mais l’intégration avec l’application Fichiers sous iOS est buggée. Non plus (mais il s’en est fallu de peu).
  • Nordlocker… ah, attendez, y a pas d’appli Mac. Non.
  • Spideroak fait… quoi, de la communication spatiale, maintenant ? S’il y a encore une offre cloud là-dedans, je n’ai pas été foutu de la trouver.
  • ProtonDrive. Cher et pas de vraie intégration dans macOS, ce qui est indispensable pour être tranquille sous Scrivener.
  • pCloud Crypto. Extrêmement compliqué à faire fonctionner nativement sur Mac M1. Non.
  • Icedrive. Pas d’app native Mac, donc non plus.
  • Hetzner storage box. Nécessite autant de configuration qu’une solution autohébergée, donc non.

Le dernier en lice et très inconnu au bataillon est Filen.io, une petite boîte allemande qui propose un service d’excellente qualité, dont la réputation en ligne est impeccable et qui semble réellement faire les choses bien : le genre de petit service qui vit sa vie dans son coin en étant rentable sans acheter des pubs YouTube à tour de main. Pas le plus rapide, mais pas le plus lent non plus, et je n’ai pas réussi à détecter de problème malgré les tests de montée en charge que je lui ai fait subir. La communication de l’entreprise est très transparente, la quasi-totalité est open source, bref le genre de truc qu’on est content de voire exister en 2024.

J’ai été très impressionné par l’intégration iOS, totalement transparente, et en plus, le service propose des offres à vie et permet de synchroniser n’importe quel dossier de son disque au lieu de cantonner ses données dans le classique ~/Dropbox, ce qui n’est pas indispensable mais apprécié (on peut ainsi synchroniser ses documents et sa musique dans des emplacements différents, par exemple).

Je tente prudemment de passer dessous, en faisant des sauvegardes dans tous les coins et en réglant Time Machine sur une fréquence horaire, mais pour l’instant, j’ai envie d’être convaincu. Je compte le tordre méchamment dans les semaines à venir avec mon réel usage, et si je ne suis pas content, vous pouvez compter sur moi pour râler.

Si vous voulez tenter le coup, ce lien de parrainage vous donnera 10 Go gratuits pour tester.

  1. Si ça vous paraît énorme, mon propre dossier Documents, approchant le To, comporte plus de 600 000 fichiers, et je ne compte même pas les photos.
  2. Sauf pour les comptes business de très haut niveau, et donc très chers.
2024-06-19T03:41:34+02:00mardi 18 juin 2024|Geekeries|Commentaires fermés sur Ça ne vaut pas un Cloud (test rapide des services de synchro en 2024, parce qu’iCloud n’est toujours pas fiable)

Displaperture arrondit les coins de votre écran de Mac, comme dieu l’a voulu

C’est doux. C’est beau. C’est feutré. Nous sommes en chaussons.

Avec macOS 11 (Big Sur) il y a trois ans, le système a reçu un petit coup d’harmonisation esthétique avec iOS, soit l’aération des éléments de l’interface et la généralisation des coins de fenêtres joliment arrondis (à l’opposé du brutalisme soviétiques des angles de Windows 10, c’est mon avis et je le partage).

Sauf qu’un affront graphique subsiste. Une grossièreté insoutenable à l’œil de l’utilisateur·ice appréciant l’uniformité d’une interface graphique voulue par dieu Apple.

LES COINS VOTRE ÉCRAN SONT CARRÉS ET C’EST PAS RACCORD

Vous conviendrez avec moi que c’est absolument insupportable, une incohérence outrageante propre à faire péricliter votre productivité, l’explication unique à votre incapacité à travailler convenablement.

Heureusement, l’utilitaire Displaperture (gratuit sur l’App Store) résout cette faute de goût majeure en appliquant un subtil effet d’arrondi aux angles de votre écran, rendant à toute votre interface la cohérence qui lui manquait, et l’harmonisant avec l’iPhone et l’iPad que vous ne manquez pas de posséder car vous versez votre obole à Apple dieu.

Enfin, tout est à sa place. L’interface est raffinée. L’ordre a été rétabli. Une douce joie chaleureuse vous envahit. Plus rien ne peut vous empêcher d’écrire un chef-d’œuvre. Car cela ne tient exclusivement qu’à ça.

➡️ Télécharger Displaperture (gratuit)

2024-04-07T20:10:06+02:00mercredi 10 avril 2024|Geekeries|6 Commentaires

Bluesky est maintenant ouvert à tout le monde

Dans le sillage de l’implosion de Twitter / X en raison de… pfouuuu, par où commencer ? Le racisme antisémitisme ultranatalisme la désinformation généralisée propagation de théories de la conspiration les mensonges répétés d’Elon Musk (ne rayez même pas les mentions inutiles : j’en ai au contraire oublié une douzaine), deux réseaux de microblogging ont tiré leur épingle du jeu : Mastodon et Bluesky. Le premier est open source, mais intimidant pour l’utilisateur non-technique, morcelé et, franchement, je le trouve lourd d’usage. Bluesky ressemble le plus à l’ancien Twitter, débarrassé de toutes les verrues qui lui avaient fait prendre un virage désagréable (on n’y trouve notamment pas de flux algorithmique amplifiant des comptes problématiques). Je préfère largement Bluesky à Mastodon, mais jusqu’à maintenant, il fallait une invitation pour y entrer.

Sauf que, depuis aujourd’hui, Bluesky est ouvert à tout le monde. L’absence de course à l’engagement, d’amplification de contenu délétère et la présence d’une vraie modération donnent au réseau une ambiance étonnamment bonne : il n’y a pas (pour l’instant) les comportements fâcheux habituels, tout le monde est beaucoup plus détendu et on y retrouve, comme jadis sur Twitter, un vrai partage.

Vous connaissez mon hostilité envers les réseaux, donc si je vous dis que Bluesky est à la fois simple et cool, vous pouvez me croire (en espérant évidemment que ça dure).

Un réflexe simple de survie cependant sur Bluesky : ne discutez pas avec les cons, bloquez-les. Comme il n’y a pas de flux algorithmique, la seule façon pour un troll de se voir amplifié est de pousser à la discussion, car cela le fait apparaître dans les flux de tous vos abonnés. Donc : n’engagez pas ces discussions. Retirez-leur simplement l’oxygène en les ignorant et en les bloquant. Cela ne prend qu’une poignée de secondes, vous assure la sérénité, ainsi qu’à tout le monde autour de vous.

Et si jamais vous n’en avez pas marre de ma tronche, je suis à https://bsky.app/profile/lioneldavoust.bsky.social.

Piqué à Rich Burroughs
2024-02-07T01:58:13+01:00mercredi 7 février 2024|Geekeries|Commentaires fermés sur Bluesky est maintenant ouvert à tout le monde

Écrire en musique : State Azure

Écrire en musique ou pas est un sujet propre à déchaîner les passions du métier, juste après le fait de compter la longueur des textes en signes ou en mots (c’est en signes. Arrêtez de débattre là-dessus). Trouver la bonne ambiance est difficile – juste assez pour porter le flow, pas trop intrusive ni hors de propos pour l’étrangler (pas sûr qu’on puisse écrire une tendre scène romantique au son de Who’s that Chick).

À la liste des possibilités, je soumets à la sagesse collective State Azure, artiste d’ambient intéressante, c’est-à-dire qui trouve l’équilibre délicat entre texture et évolution – pour le dire autrement, il se passe assez de choses pour ne pas qu’on s’emm s’endorme. Sa chaîne YouTube propose des tas de mixes durant plusieurs heures très joliment filmés, les services de streaming et son Bandcamp comportent des tas d’albums, et il a un goût extrêmement sûr, comme en témoignent les reprises qu’il réalise, dont cette version de Ricochet. Je suis encore en train de tout explorer, parce que je déguste. (Dans le bon sens du terme…)

2024-01-29T01:20:48+01:00mercredi 31 janvier 2024|Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : State Azure

Star Trek Lower Decks, c’est chouette (dans le calendrier de l’Avent du podcast Spoilers)

Et j’ai eu le plaisir d’en parler dans le calendrier de l’Avent du podcast Spoilers, qui propose ce mois-ci des tas de recommandations d’œuvres d’imaginaire par auteur·rices et journalistes du domaine comme Marcus Dupont-Besnard de Numerama, ma camarade Estelle Faye et beaucoup d’autres.

➡️ Spoilers est disponible sur toutes les plate-formes, voir ici.

(J’en profite pour remercier Sneed de m’y avoir mis, en insistant : tu avais raison !)

2024-01-09T08:32:07+01:00mardi 19 décembre 2023|Entretiens, Fiction|Commentaires fermés sur Star Trek Lower Decks, c’est chouette (dans le calendrier de l’Avent du podcast Spoilers)

Ces remixes lo-fi de Diablo sont la musique qu’il vous faut pour écrire de la dark fantasy

Personne n’en avait rêvé, mais Blizzard l’a fait de façon tout à fait officielle, et c’est génial :

Je veux dire, Y A MÊME DECKARD CAIN (Deckard Cain – nous n’oublierons jamais) DANS LE RÔLE DE L’ÉTUDIANTE qu’on voit dans toutes les vidéos lo-fi – le degré de finition et l’humour au douzième degré de cette initiative est juste réjouissant. Et en plus, c’est vachement bien : six remixes savoureux qui durent 3h chacun comme il se doit, qui sont parfaits pour écrire de la dark fantasy. (Je suis juste un peu circonspect sur le premier mix qui utilise, comme il se doit, le thème immortel de Tristram, mais il est justement trop connu à mon goût, même si le solo de piano jazzy qui va dessus me donne la banane à chaque fois.) Je corrige en ce moment La Succession des Âges au rythme du deuxième (Lofi Beats to Treasure Hunt to), si vous voulez tout savoir.

Et dans les curiosités officielles du même tonneau, y a aussi un remix synthwave de World of Warcraft, qui est excellent, la vidéo me fait glousser, mais là ça sera plus pour coder qu’écrire. (À moins que…)

2023-10-27T08:15:10+02:00mardi 31 octobre 2023|Décibels|Commentaires fermés sur Ces remixes lo-fi de Diablo sont la musique qu’il vous faut pour écrire de la dark fantasy

Les Freewrite ont changé leur disposition de clavier, et c’est une faute de goût majeure

Bon, auguste lectorat, tu te rappelles combien j’étais dithyrambique sur les machines à écrire connectées Freewrite et les contraintes d’écriture libératrices qu’elles imposent. Alors, oui, mais le Grand Prêtre de l’Église des Guillemets à Chevrons que je suis n’est pas content du tout d’un petit tour pendable (ou plutôt, je pense, d’une bêtise révélatrice d’un manque de finition fortement agaçant) révélé avec la dernière mise à jour des machines (version 2).

Je ne parle pas de l’irruption de certaines fonctionnalités optionnelles derrière un abonnement (quoique, quand on voit le prix des engins, c’est se moquer du monde), mais du changement surprise de la disposition des caractères spéciaux de certains claviers.

Je précise : tout auteur sachant ce qui est juste est bon utilise un Mac à défaut de Mac, utilise a minima la disposition de clavier française belge et non française. La raison : un certain nombre de caractères spéciaux y sont bien plus accessibles que sur cette horreur d’AZERTY français (utilisé par défaut sous Windows) (les Macs français, même achetés en France, utilisent justement la disposition belge).

Par exemple :

  • « (guillemets ouvrants) est sur Alt-7, » (guillemets fermants) est sur Alt-Maj-7
  • — (tiret cadratin) est sur Alt-tiret, – (tiret semi-cadratin) sur Alt-Maj-tiret
  • Les majuscules accentuées se font avec Caps Lock + le caractère accentué

Jusqu’à présent, c’était aussi le cas sur les Freewrite passées en AZERTY belge, mais depuis la v2, les caractères ont émigré dans des emplacements absurdes. « se trouve sur Alt-W (il devrait y avoir ‹), » sur Alt-X (ce qui est ⁄), le tiret cadratin a disparu, et à la place des caractères utiles, on trouve des trucs qui voient probablement moins d’usage que les hiéroglyphes égyptiens en 2023 (genre la fraction 7/8 à la place de »).

Un peu de trifouillage me donne l’impression que le « nouveau » clavier belge utilise maintenant les caractères spéciaux de l’AZERTY français, ce qui témoigne peut-être d’une erreur (la v2 ayant ajouté de nouvelles langues aux machines), mais bordel, le clavier, sur une machine à écrire, c’est quand même un peu le truc de base.

Il faut savoir qu’Astrohaus (les constructeurs des Freewrite) n’a pas la meilleure des réputations en ligne – leurs machines sont chères, l’ajout d’un service d’abonnement fait râler à juste titre (coucou reMarkable), le support technique n’est apparemment pas des plus réactifs et certaines machines présentent des défauts de fabrication.

Personnellement, je n’ai été jusqu’ici qu’enchanté par mon expérience, mais là, une erreur aussi grossière est difficilement pardonnable. Ce sont des machines à écrire, faites pour cracher du texte, et l’on veut donc retrouver dessus exactement les mêmes réflexes que dans ses autres environnements. Je ne dirais pas que ce changement détruit pour moi l’utilité de l’engin, mais il brise fortement le flow qu’il vise à atteindre. Et surtout, cela témoigne d’un manque de finition qui a éveillé ma méfiance, rapport aux remarques susdites.

Contacté en ligne, le compte d’Astrohaus me dit de joindre le support technique :

Ce que je vais faire, mais vu le rythme glacial des mises à jour des machines, je ne retiens pas mon souffle. On va voir.

2023-10-25T07:52:18+02:00lundi 23 octobre 2023|Geekeries|Commentaires fermés sur Les Freewrite ont changé leur disposition de clavier, et c’est une faute de goût majeure

Live report : Spiritbox

J’ai vu Ghost à Rennes il y a trois semaines, et si je suis là aujourd’hui dans vos esprits par le truchement du langage et des autoroutes de l’information, ce n’est pas pour vous parler d’eux, mais de la deuxième partie, Spiritbox, qui était la sacrément bonne surprise de la soirée (même si Ghost était évidemment super).

À vue de nez, Spiritbox ferait partie du métal indus, mais offre un mélange subtilement et délicieusement malaisant sur scène entre boucles à la limite du bruitiste, une section rythmique d’une lourdeur de plomb, et un chant féminin très mélodique qui plane haut au-dessus de cette noirceur – pour basculer sans prévenir dans growls et screams torturés. Personnellement, j’ai eu l’impression de me retrouver dans une ambiance à la Twin Peaks passée à la moulinette du boucan, et cela est juste et bon.

Comme souvent, les versions studio des morceaux ne parviennent hélas pas à capturer toute l’énergie et la violence de la formation sur scène, mais ça tient quand même bigrement la route, et ça vaut, à défaut d’un concert live, une écoute très attentive si c’est votre truc. On retrouve dans le timbre de Courtney LaPlante des échos du Garbage du tournant des années 2000, mais poussé jusqu’à onze, tout comme pour les riffs qui décoiffent, et je vous prie de croire que dans mon cas, c’est pas facile. Après plusieurs EP, leur album Eternal Blue est sort en 2021.

(Pour un clip plus malaisant, allez ici.)

2023-06-19T08:37:17+02:00mercredi 21 juin 2023|Décibels|Commentaires fermés sur Live report : Spiritbox

Chère Esther, aujourd’hui, j’ai joué à Dear Esther

D’où qu’il est interdit de parler de jeux qui ont dix ans ? Hein ? Est-ce que les lycéens s’empêchent de faire des fiches de lecture sur Les Fourberies de Scapin juste parce que Molière est mort (attendez je vérifie) en 1673 ? (51 ans, merde, décidément on mourait bien jeune) Bon, techniquement, les lycéens aimeraient bien s’empêcher eux-mêmes de faire des fiches de lecture, mais en rédiger, c’est un réel plaisir d’esthète qu’on découvre à l’âge adulte, comme le whisky tourbé, le sexe dans un vrai lit et les consultations chez l’ostéopathe.

Donc, j’ai joué à Dear Esther après tout le monde, après avoir entendu aussi tout ce qu’on en a dit (« c’est pas un vrai jeu ») et… 

Ben ouais, c’est pas un vrai jeu. Mais ça n’est pas forcément un problème.

L’action se déroule à la première personne, à travers les yeux (et la charpente un peu poussive) d’un protagoniste échoué sur une île sans nom des Hébrides, qui, je dois dire, est très joliment représentée (un argument auquel j’étais forcément sensible), avec le vent constant, la mer et les vapeurs d’embruns qui te mettent le goût du sel sur les lèvres et réussissent l’exploit de te tremper sans que tu ne te sentes mouillé avant qu’il ne soit trop tard (une spécialité écossaise que même la Bretagne ne parvient pas à égaler).

C’est joli, hein ? Et là, je vous assure qu’il est midi pile avec un vache de cagnard.

Le protagoniste se met à réciter (lire ? se remémorer ?) des messages adressés à une certaine Esther, et à décrire ce que l’île, où il est s’est rendu (échoué ? exilé ?) représente pour lui.

Et là, on marche. Pas pour rien que Dear Esther est considéré comme le père des walking simulators ; il n’y a strictement rien d’autre à faire que marcher, et éventuellement regarder les trucs autour de soi d’un peu plus près. De temps en temps, en vue d’un repère, d’un monument, dans une situation, notre personnage continuera à causer, jusqu’au dénouement final (comptez deux heures). Au joueur de recoller les morceaux, de fouiller, de comprendre / composer sa propre version de l’histoire.

Dear Esther (dans son édition la plus récente, la Landmark Edition que j’ai faite) est très joli même sur Steam Deck, avec des vues magnifiques et une ambiance locale parfaitement restituée (manquent juste les cormorans qui t’engueulent). Tout le propos du jeu / de l’installation virtuelle réside dans la pesanteur du personnage que l’on contrôle : tout est loooong, on marche à un pas de sénateur, mais cela fait évidemment partie du truc, de ce « cheminement » quasi initiatique que le protagoniste est amené à suivre (ben oui, personne n’a jamais fait de téléportation initiatique)1. Le truc, c’est que le moindre déplacement étant coûteux, ça n’encourage pas l’exploration ni l’expérimentation ; d’autant plus qu’il apparaît très vite qu’en-dehors du chemin balisé, il n’y a pas vraiment de salut. Donc, on suit la route de l’expo en faisant « oooh, la vache, c’est quand même très beau ». Et des fois, des jolies choses, ça peut suffire à un type qui se tape trois vols d’avion de 7h30 (exemple absolument innocent bien entendu).

J’ai vu Dear Esther comparé à un poème et c’est probablement la forme, en réalité, dont cette « œuvre » (faute de meilleur terme) s’approche le plus. Ça n’est pas un jeu ; c’est un propos symbolique inscrit dans le temps lui-même et dont on sent la texture (pour le meilleur et pour le pire) comme consubstantielle de l’expérience. (Oui, c’est une façon polie de dire que ça frise parfois le chiant, mais c’est volontaire, et ça a du sens.)

Est-ce que c’est bien ? Diantre, comment vous dire si un poème est « bien » ? Ça dépend si ça vous parle. Ça n’est pas un jeu, c’est une expérience à qui l’on a retiré tout ce qui peut faire un « jeu » (possibilité d’un échec empreint de conséquences résultant de la mauvaise exécution de ses mécaniques – rien de ça n’existe ici). Ça cause de deuil, de solitude, de renouveau. C’est marin et venteux. Ça a beaucoup de caractère (à condition de kiffer les landes battues par les rafales, mais je suis un public conquis). C’est aussi cryptique et, certains pourraient dire, un brin prétentieux par endroits.

Personnellement, j’ai passé un bon moment. Mais si je suis absolument le cœur de cible (comme on dit dans la startup nation) des thèmes de Dear Esther, j’ai l’impression d’être un peu passé à côté de leur exécution (je ne sais pas si j’ai tout compris parce que c’était finalement très simple ou rien du tout parce que j’ai raté un niveau de lecture). Cependant, dans le genre de jeu qui n’en est pas vraiment un et qui a réussi à me mettre la larme à l’œil sans moteur 3D ni lande battue par les vents, j’ai de loin préféré To the Moon ou même, pour rester dans le même format que Dear Esther, son petit interlude gratuit A Bird’s Story. J’ai toujours été plus sensible au fond qu’à la forme, même s’il faut quand même soigner cette dernière pour emballer le paquet cadeau (et pour ça, Dear Esther a parfaitement réussi la seconde).

Si ce que je raconte vous parle, foncez.

(Pour une fois, je ne mets pas le trailer, qui présente TOUT LE FUCKING JEU en seulement deux minutes.)

  1. Rendons quand même à Esther ce qui appartient à Esther : on peut voir, loin en aval, l’héritage de ce cheminement vécu par le joueur comme substance même de l’expérience ludique dans un « vrai » jeu comme Outer Wilds, lequel est, comme chacun sait ici, le meilleur jeu du monde.
2024-10-08T09:25:32+02:00mercredi 12 avril 2023|Geekeries|Commentaires fermés sur Chère Esther, aujourd’hui, j’ai joué à Dear Esther

De la musique pour écrire : Carbon Based Lifeforms

Il y a parfois des formations dont on se dit : QUOI MAIS COMMENT N’AI-JE POINT CROISÉ CETTE ROUTE PLUS TÔT genre en 1882, date de l’invention du synthétiseur à pédales, entraînant la mort de son inventeur lors d’un concert marathon à New Hampshidlefrugedlewock, bref

Carbon Based Lifeforms en fait partie : on est à la limite de l’ambient, mais tout juste – des lignes rythmiques subtiles mais présentes évitent l’endormissement dans des paysages sonores riches en nappes et pads atmosphériques dont la reverb va à vue de nez jusqu’à Saturne. C’est beau, la bande son parfaite pour regarder se développer l’univers en accéléré au planétarium ou pour sonoriser des paysages de fonds marins à l’infini. Et évidemment pour écrire aussi, si vous en avez marre de Focus@Will, EoN et autres programmes de musique semi-générative. Par contre, pas dit que ça marche pour les scènes de baston.

2023-02-09T00:58:22+01:00jeudi 9 février 2023|Décibels|7 Commentaires
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