La reMarkable Paper Pro et le Zerowriter viennent aussi concurrencer la Freewrite en tant que machines à écrire intelligentes

Les projets promettant de fournir une expérience d’écriture sans distraction n’en finissent plus de fleurir, et vu le prix et l’absurdité de la gestion de Freewrite, ça n’est pas dommage. Après le BYOK et le Micro Journal, deux produits sur le radar :

La reMarkable Paper Pro

J’avais dit grand mal de la reMarkable il y a deux ans principalement en raison d’une interface aux fraises, mais il semble que les mises à jour aient enfin corrigé ça, et la boîte vient de sortir une version très intrigante de sa tablette minimaliste intégrant la couleur. Les premiers retours annoncent que c’est simplement le meilleur panneau à encre électronique couleur du marché, et la machine peut intégrer un clavier associant ce qui semble être le meilleur des deux mondes – prise de notes manuscrite, en couleur donc, et rédaction au clavier.

C’est quand même très sexy. Image reMarkable.

Hmmm.

La qualité de production des reMarkable est toujours un énorme point fort, et on peut toujours essayer la machine 100 jours et la renvoyer pour remboursement complet si l’on n’est pas convaincu. Il reste l’abonnement qu’il faut payer pour avoir l’historique illimité de synchronisation et quelques autres fonctionnalités, ce qui passe toujours difficilement à mes yeux, mais j’avoue que je suis peut-être prêt à retenter l’expérience pour un outil professionnel.

➡️ La reMarkable Paper Pro (Ultra Zillion Clairefontaine Supreme Productive Gamma)

Le Zerowriter

Ouuuh. La jolie chose que voilà.

Le Zerowriter est, pour simplifier, une Alphasmart Neo ou une Freewrite alpha, en open source, pour une fraction du prix ! Orchestrée par un type tout seul dans son garage, c’est la version produite à large échelle d’un projet antérieur à construire soi-même à base de Raspberry Pi. Le Zerowriter conserve ses racines : le logiciel est entièrement hackable et modifiable, sur des standards ouverts, mais il vient avec un clavier magnifique et la promesse de pouvoir en éditer intégralement et simplement la disposition (vous entendez, Freewrite ?)

Tout ça pour deux cent balles, actuellement en financement participatif. Les vidéos de démo sont ultra, mais ultra sexy, et pas parce que c’est filmé artistiquement avec de la lounge tamisée de nuit suave, mais parce que le produit est ultra cool (ce bruit de clavier ! cette latence quasi nulle !), et c’est bien ce qui compte.

Graou.

➡️ Le Zerowriter sur Crowdsupply

Un petit mot sur le Micro Journal

J’ai commandé et reçu depuis un moment mon Micro Journal v5, mais trouver la batterie requise en Australie s’est avéré étonnamment difficile (attention, il faut aussi un tournevis hexalobe pour pouvoir l’installer). Bref, je l’ai, j’ai enfin pu le configurer, le mettre à jour, et j’ai eu l’immense plaisir de découvrir installée conformément à ma demande la disposition de clavier belge (la seule disposition de clavier français AZERTY qui ait le moindre sens, et employée par défaut sur les Macs). Ça marche, mais il semble que les claviers Apple n’envoient pas le code de la touche majuscule comme les autres, ce qui m’empêche encore de m’en servir en production, mais j’ai eu une réponse dans l’heure de l’artisan qui va essayer de régler le problème.

Encore une fois, j’ai plus de support technique d’un gars tout seul, pour une fraction du prix, que de toute la compagnie Freewrite…

2024-10-04T03:57:11+02:00mercredi 11 septembre 2024|Geekeries, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La reMarkable Paper Pro et le Zerowriter viennent aussi concurrencer la Freewrite en tant que machines à écrire intelligentes

Obsidian promet d’être bien plus réactif sur mobile

C’est rigolo (ou pas), chaque fois que je jure mes grands dieux que j’ai jeté mon dévolu sur une app de prise de notes (en l’occurrence Bear), le côté d’en face (en l’occurrence Obsidian) propose des trucs qui me font à nouveau lorgner dessus. J’avais fini par vous recommander les deux, et l’une des raisons était la lourdeur de l’expérience sur mobile d’Obsidian, mais les dernières notes de mise à jour de la bêta (à laquelle je suis inscrit) font une promesse d’envergure… 

Ça donne quoi avec ma vault ridicule de 6000 notes et 80 plugins actifs ? C’est absolument drastique : je suis passé d’une dizaine de secondes de chargement à 2,5 (la mise à jour inclut également un chronomètre rapportant le temps que l’app met à s’ouvrir). Cela transforme complètement l’expérience, y compris les crashes inévitables quand iOS ferme l’application d’autorité parce qu’elle est trop gourmande en mémoire – attendre 2 secondes que ça redémarre est très différent de 10, bien évidemment, et ça agace bien moins.

Depuis quatre ans que je suis cette app, je reste bluffé au long cours par l’intelligence et l’attention des développeurs au détail, par l’écoute de leur communauté et leur conscience des manquements de leurs produits. Ils savent où sont les points de friction et finissent toujours par y venir en proposant des solutions créatives. Cette mise à jour 1.7.1 n’apporte aucune nouvelle fonctionnalité drastique mais une myriade de petites résolutions de problèmes dans tous les sens qui améliorent énormément l’usage de l’application (du quality of life, comme on dit dans le jargon) et rapprochent toujours plus Obsidian d’une app native. C’est indubitablement la plus mûre, en tout cas, avec bien sûr l’avertissement que c’est un paradis de bricolage dans lequel on peut se perdre à jamais.

Du coup : je suis bien embêté.

Au passage, auguste lectorat, ça t’intéresse que je te donne ce genre de nouvelles sur l’évolution de ce paysage ? Je suis ça de près (surtout entre Bear, Obsidian et le vénérable Evernote) mais 80% des évolutions n’ont guère d’intérêt, donc je filtre ce qui peut réellement se traduire en cas d’usage pour les personnes normalement constituées. Nan, j’déconne, je parle à des auteurs dans la salle.

Bref. Je peux signaler davantage ce genre de petit bidule quand ça me semble pertinent, pour nous, les gnomes.

2024-08-28T02:18:19+02:00mercredi 28 août 2024|Geekeries|5 Commentaires

Retomber sur des joies musicales totalement obscures des années 90 (demoscene, tracking et modules)

Quand on déménage, en général, on en profite pour faire un grand tri ; quand on déménage à l’autre bout du monde, on le fait d’autant plus (… en principe. Don’t ask.) Mais si on a une tendance à l’accumulation (qui ? naaan) et qu’on est passé d’un ordinateur à l’autre au fil des ans en étant, disons, pas très rigoureux ni organisé sur les sauvegardes (« j’ai un plus gros disque dur, je colle tout ça là, je ferai le tri plus tard, je récupère seulement ce dont j’ai besoin »), on peut se trouver assis sur des téraoctets de sédiments relatifs à une existence entière qui n’occupent, pour ainsi dire, aucune place (et une charge mentale minime).

Une pile parmi beaucoup d’autres retrouvées à la cave

Est-ce que j’analyse en ce moment tout ça ? Ahahah, non, j’ai autre chose à faire, et puis je ne vais pas déroger à la noble tradition consistant à coller tout ça dans un coin pour plus tard, la version 2024 étant mon serveur domestique. Néanmoins, au passage, certains trucs attirent l’œil, et l’on se retrouve à plonger dans de réelles capsules temporelles. Un vieil installeur de Netscape qui ne doit plus fonctionner sur rien, les drivers mis à jour de mon modem Olitec compatible Minitel. Wahou. Visiblement, je prenais aussi grand soin de conserver mes sauvegardes de ce petit match-3 qui occupait mes pauses en pensant que j’allais y rejouer. Moi, vingt ans plus tard : mec, j’ai un Mac maintenant. On retrouve des souvenirs de vie au passage, des atmosphères d’une époque, de relations passées, de logements anciens, de préoccupations déchues.

Mais on va conserver quand même, hein.

Bref. Par contre, je suis enchanté d’avoir retrouvé un véritable trésor d’où j’avais presque oublié l’existence, et où, classée avec soin et amour, m’attendait figée dans l’ambre la bande-son de mes années 90, bien avant la musique numérique moderne telle qu’on la connaît (mp3 et iPods). C’est simple : soit vous n’avez strictement jamais entendu parler de ça, soit vous connaissez et vous êtes un spécialiste obsessionnel. Pas de juste milieu.

Je vais m’efforcer de résumer rapidement : dans les années 80-90, avec le développement de l’informatique personnelle, on s’est évidemment mis à se servir des ordinateurs pour faire de la musique. Mais à l’époque, un studio nécessitait toute une batterie de synthés et sampleurs externes, où l’ordinateur servait de pilote (c’était la force de l’Atari ST). On était encore très loin de disposer d’assez de puissance pour générer les sons directement dans la station de travail (ce qui est la norme aujourd’hui depuis une grosse quinzaine d’années).

Je résume grossièrement, mais le concurrent de l’Atari, l’Amiga (la seule vraie machine de cette époque, les vrais savent1) employait son architecture différente pour faire un truc rusé : découpler la « partition » d’un morceau des sons correspondants (samples). Il suffisait d’empaqueter les sons samplés avec les instructions pour les jouer, de demander à la machine de lire la partition, et hop, on avait une musique de qualité bluffante pour l’époque. Imaginez un orgue de barbarie mais qui jouerait des samples aux hauteurs exigées par le rouleau de papier perforé. On composait ça (on compose encore ça à l’heure actuelle) avec des soundtrackers, et les fichiers générés d’une extrême légèreté (quelques centaines de Ko) s’appellent des modules.

La scène du tracking est intimement lié à un autre phénomène des pionniers de l’informatique grand public, c’est la demoscene. Très rapidement là encore : les jeux vidéo des années 80 ont été rapidement piratés en masse ; les éditeurs ont mis des mesures de protection ; des groupes de crackers (hackers visant à cracker les protections) sont apparus en réponse, et pour signer leurs méfaits / prodiges techniques en déplombant les protections, ils ajoutaient de petites intros graphiques, sorte de voisin numérique, si on me permet la comparaison audacieuse, du street art.

Ces intros sont vite devenues un phénomène à part entière, la demoscene : indépendamment du cracking, il s’agit à présent de repousser les limites d’une machine (nécessitant donc une grande habileté ) pour proposer un spectacle visuel et sonore – on dirait aujourd’hui une « installation virtuelle » – démontrant la virtuosité graphique, technique et musicale du groupe, juste pour le plaisir des yeux et des oreilles. Ado, j’ai passé des heures chez mon pote Nono (merci, Nono) à mater des démos sur l’Amiga de son grand frère, complètement transcendé, avant d’avoir le mien.

La plus célèbre, peut-être, de toutes les démos est Second Reality de FutureCrew (j’y étais !). Dites-vous que ça tourne sur un PC de 1994 :

Et souvent, les morceaux étaient accessibles directement dans l’archive de la démo, et si vous aviez le tracker correspondant, les lire était entièrement possible (je me suis fait quantité de mixtapes en collant la sortie de ma carte son sur un magnéto ; j’ai commencé l’électro avec le tracking avant le MIDI, et tout mon apprentissage musical du genre s’est fait à travers cette lentille, quand les gens normaux de ma génération passaient en général par la house). Soit dit en passant, à mes yeux, c’est de cette mouvance que naît le chiptune moderne et ses dérivés en dance (je pense notamment à No Mana). Bien des artistes actuels sont passés par cette école (dont deadmau5).

Récupérer le son de modules en 2024

Évidemment, retombé sur ce trésor, j’ai tout de suite voulu en sauvegarder les plus belles pièces pour les remettre dans ma bibliothèque musicale. Certains artistes de premier plan (Purple Motion, LizardKing, Allister Brimble, Rob Hubbard2, Chris Huelsbeck…) ont placé leurs anciens travaux sur les services de streaming, parfois en remasters conservant le grain de l’original, mais j’ai des tas de trucs trop obscurs (récupérés à droite et à gauche, parfois dans les tréfonds de CD de Joystick…).

Heureusement, époque moderne oblige, deux ressources centrales archivent ces bijoux : Pouet.net pour la demoscene et ModArchive pour la musique pure. (Tous les modules ne sont pas nécessairement adossés à une démo, loin de là ; la musique existait en releases indépendantes, parfois même sous forme de Music Disks, très difficiles à se procurer avant Internet, équivalent tracker d’un album, parfois distribués même sous forme d’applications3).

Maintenant, il faut lire ça. Vous ne le savez pas, mais tous les lecteurs de média modernes (VLC en tête) sont compatibles avec tous les formats de modules (mod, it, s3m, xm etc.). Par contre, cela ne veut pas dire qu’ils les jouent correctement et sachent retranscrire les subtilités des instructions de certains morceaux comme les changements de rythme, les volumes des pistes et les glissando ; on n’aura pas toujours la vraie expérience voulue par le compositeur·ice4.

On évitera donc VLC pour se tourner vers un « vrai » lecteur. OpenMPT est la référence sous Windows, et permet même un export automatique du son (pratique). Sous Mac, c’est un peu plus compliqué, mais j’ai déniché le vieux Foobar 2000 qui est fidèle aux sons d’origine, j’en atteste. Il restera à capter la sortie de l’application avec une app comme Piezo ou même Audio Hijack.

Une rapide initiation au genre

Vous êtes encore là ? Wahou. Dans ce cas, et si vous êtes curieux·se de ce son qui, à mon sens, ne ressemble à rien d’autre (ça n’est pas vraiment du chiptune, ça n’est pas non plus de la house rétro, c’est… la musique de jeu vidéo des années 90 est probablement ce qui s’en rapproche le plus, mais avec une qualité de production sans rapport), vous avez bien mérité quelques morceaux, parmi mes favoris absolus depuis trente ans :

Libertine par Zodiak, pour Hex Appeal par Cascada (1993) :

Necros, Point of Departure5. Profitez de l’aperçu d’Impulse Tracker au passage… C’est autre chose qu’Ableton, hein ?

Laxity, Desert Dream trilogy (pour la démo du même nom par Kefrens) :

Eon par Hoffman, pour la démo éponyme par The Black Lotus. Là, ça nécessite une mention spéciale, parce que c’est une démo contemporaine (2019) qui tourne… sur un Amiga d’époque !

Je finis peut-être par le plus grand maître, Purple Motion, dont l’album Tracked (1991-2000) est disponible sur tous les services de streaming (préférez-le à MusicDisk, ces versions conservent la couleur de l’original, mais avec une qualité maximale) :

Et si vous êtes vraiment arrivé·e jusque là, et que vous avez envie de creuser :

C’était censé être un article court. Ah. Vous me connaissez.

  1. Depuis trente ans, je m’efforce de ressusciter cette guerre de tranchées, sans succès.
  2. Non, c’est pas le même.
  3. J’en ai retrouvé dans mes archives, mais pour faire tourner ça, va me falloir fourrager dans DOSBox.
  4. Libertine de Zodiak, bande originale de Hex Appeal par Cascada, sonne par exemple faux dans la plupart des lecteurs modernes – j’avais la démo d’origine, je sais à quoi elle ressemble. Même les compilations comme Retrovibes ne proposent pas la « bonne » version.
  5. J’ai littéralement découvert l’existence d’Orbital à travers son remix de Girl with the Sun in her Head, intitulé Shadow Caster, c’est vous dire si j’étais complètement immergé là-dedans, et comme souvent dans ces cas-là, cela reste sa version que je préfère.
2024-08-16T03:35:47+02:00mercredi 21 août 2024|Best Of, Décibels|3 Commentaires

Le Time Timer, la version peut-être originale du minuteur de la semaine dernière

Suite à l’article de la semaine dernière, on m’a signalé sur Facebook (merci) l’existence du Time Timer : un site qui se défend comme la version « originale » du concept de minuteur visuel pour la concentration, une section scientifique avec quelques articles en peer review, bref, ça semble être la version originale du minuteur à trois balles que je recommande. Et vu le raz-de-marée de clones chinois d’à peu près tout et n’importe quoi qu’on peut trouver en Australie, ça ne m’étonnerait qu’à moitié.

Après, vous me direz, un minuteur visuel, c’est un minuteur visuel, hein, c’est marginalement plus original que la roue ou un couteau à beurre, donc bon, y a pas mort d’homme, et je dirais : mouais. Je suis quand même attaché aux efforts fournis pour développer un concept, surtout que le Time Timer semble avoir été conçu à l’origine à destination des enfants neuroatypiques, et ça me cause, donc je m’en voudrais de ne pas les mentionner et vous rediriger potentiellement vers eux à la place des références citées la semaine dernière. Dont acte.

2024-08-10T10:51:00+02:00lundi 12 août 2024|Geekeries|4 Commentaires

Buffer est enfin compatible Bluesky

Bluesky, c’est génial, mais le problème, comme avec tous les réseaux jeunes, et son manque d’intégrations et d’outils pratiques pour partager par exemple les articles de son blog ou – si l’on souhaite – poster la même info sur plusieurs réseaux à la fois.

Enfin, les équipes de Buffer se sont retroussé les manches et proposent à présent Bluesky parmi les canaux compatibles. C’est-à-dire que : avec Buffer, on peut programmer un message qui partira avec un délai (utile quand on n’a pas envie d’être vissé à son téléphone et/ou si l’on habite à l’envers du reste du monde), et l’envoyer sur plusieurs réseaux en même temps (Facebook, Instagram, Bluesky, etc.)

Buffer est gratuit pour un maximum de trois canaux et dix messages programmés, ce qui est largement suffisant pour toute personne qui préférerait risquer une visite chez le dentiste plutôt que de se définir comme influenceuse. (Comment se mettre nonchalamment à dos deux populations dangereuses d’un coup : suivez-moi pour davantage de conseils en société.)

Ce qui est très intéressant, c’est que Buffer présente lui-même pas mal d’intégrations, permettant de brancher ses réseaux à d’autres sources par son intermédiaire. Notons notamment instamment de façon notoire le plugin WordPress WP-to-Buffer, qui permet de relayer ses nouveaux articles à Buffer et donc à tous les réseaux qui vont avec (il faut payer pour certains), ce qui évite de payer le prix délirant que demande Jetpack, la solution officielle de WordPress.

En résumé :

  • Ouvrez un compte Buffer, connectez vos réseaux, vous voilà avec la possibilité d’envoyer le même message partout d’un coup, et retardé dans le temps si besoin
  • Connectez votre site WordPress à Buffer via le plugin sus-nommé et vous pouvez aussi envoyer vos articles à tous vos réseaux sans rien faire.
2024-07-28T02:21:29+02:00lundi 29 juillet 2024|Geekeries|Commentaires fermés sur Buffer est enfin compatible Bluesky

La réduction de bruit environnant, la meilleure amie de l’auteur·ice qui bouge (ou pas, d’ailleurs)

J’écris ces quelques lignes en exil pour la journée dans mon deuxième bureau, l’Apple Store, eu égard à une tempête venue d’Antarctique qui s’étire en ce moment de la Tasmanie à Sydney, et qui a probablement fait tomber un arbre (ou une armée d’opossums) sur notre ligne électrique. Et ça me fait penser à quel point, si vous n’avez pas encore un casque à réduction de bruit active, c’est un des meilleurs investissements que j’aie pu faire ces dix dernières années, et je ne sors plus jamais sans une version ou une autre de ces machins. Y a en ce moment un type qui fait une démo de l’app Photos à deux mètres de ma tronche et c’est à peine si je capte son existence (faut dire que je me pompe du envy dans les tympans en même temps).

Oui, ça coûte cher, mais la bulle de son privée / l’isolation sensorielle que cela génère vous le rend mille fois en termes de concentration mais même, surtout, de sérénité. Pour mémoire, la réduction de bruit active fonctionne en analysant l’environnement en semi-temps réel pour générer dans vos écouteurs une onde sonore inverse, ce qui a pour effet de faire disparaître (ou en tout cas atténuer prodigieusement) la rumeur ambiante. Mettez-vous donc un petit filet de Beethoven (ou bien Crystallize) par-dessus et le monde autour de vous s’évanouit : ça m’a sauvé la vie dans quantité de trains animés, dans des avions bruyants, et je me balade systématiquement avec dans les centres commerciaux et transports en commun. Si vous en avez, vous savez. Si vous n’en avez pas, vous n’imaginez pas à quel point ça marche bien à l’heure actuelle et, pour peu que vous ayez une légère (ou forte) sensibilité sensorielle (ce qui accompagne souvent OCD, ASD, ADHD et j’en passe), je vous jure que ça change l’existence. Il m’arrive même parfois de les mettre à domicile, parce que c’est un de ces jours de stress où le seul cliquetis de mon clavier me surcharge la bande passante, et le fait de taper comme une machine (à écrire, hu) sans entendre le moindre bruit est une expérience de suavité soyeuse que je recommande à tout le monde (surtout les fans des claviers mécaniques, JE NE VOUS COMPRENDRAI JAMAIS).

À moins d’être un·e audiophile de l’extrême, pas besoin de prendre un truc ultra fancy : dégotez-vous un modèle d’il y a quelques années en promo et ça fera déjà un boulot fantastique pour la moitié du prix du modèle actuel. Personnellement, j’utilise deux modèles au quotidien, et ce sont devenus de réels outils de travail :

En vadrouille : AirPods Pro (2e génération)

Alors forcément, ça marche mieux quand on est dans l’écosystème Apple, et je ne peux pas vous parler des solutions des autres marques, mais c’est absolument phénoménal l’isolation sonore que ces petits machins de rien du tout peuvent créer. La première génération était déjà très efficace, je les ai usés jusqu’à la corde, la seconde marque un net saut qualitatif tant en termes d’isolation que de son. Si vous n’en avez pas, la première est déjà très bien, mais si vous avez les moyens, ça vaut le coup d’investir dans la seconde. Je suis tout nu quand je ne les ai pas. Ce sont mes amis.

Mes AirPotes.

(preux)

AHAHAHA.

À domicile : les Sony WH-Prrrttttftt-Bidule-Douze

Car oui, c’est absolument le nom du modèle. Non. Ils portent le nom le moins sexy et le moins facile à se rappeler de la Terre entière, il faut que j’aille voir sur un revendeur – attendez – voilà – Sony – merde j’ai déjà oublié – j’y retourne – Sony WH-1000-XMx, où le x en fin de numéro représente l’itération (de WH-1000-XM à XM5 pour le dernier modèle à l’heure actuelle). Mais leur nom officiel sera donc Sony WH-Prrrttttftt-Bidule-Douze parce qu’on n’a pas que ça à foutre. Techniquement, je possède une paire de Bidule-Quatre, achetés en promo il y a deux ans, et l’isolation de bruit est juste FAYNOMAYNALE. J’ai dans mon studio de travail un onduleur industriel (la faute aux coupures de courant sus-nommées, si vous suivez) qui produit constamment un léger bruit de soufflerie que les Sony Sony WH-Prrrttttftt-Bidule-Douze font totalement DISPARAÎTRE. L. sait qu’elle doit venir dans mon bureau et se signaler (très) gestuellement si elle veut que je me rende compte qu’elle veut me causer. Un tigre du Bengale peut entrer dans la maison et me rugir son défi, d’un prédateur alpha à l’autre, vous comprenez, et rentrer chez sa mère les moustaches pendantes parce qu’il aura été terrassé par ma superbe ignorance alors qu’en vrai, je n’aurai strictement rien entendu à rien. Je m’en sers presque tous les jours depuis deux ans, ils se rechargent par USB-C, la batterie dure (toujours) longtemps, on peut les brancher en jack même s’ils sont à plat (mais sans réduction de bruit), ils sont compatibles Alexa mais ça tout le monde s’en bat les steaks.

Bref, les Sony WH-Prrrttttftt-Bidule-Douze sont une valeur sûre, et vous pouvez sans aucun problème acheter un vieux modèle en déstockage pour une bouchée de pain, parce que ça sera déjà de l’excellente came. Reconnus comme ayant peut-être la meilleure isolation de bruit du marché, et c’est pour ça qu’on est là. Après, oui, ça joue de la musique aussi.

2024-07-20T09:20:33+02:00lundi 22 juillet 2024|Geekeries|8 Commentaires

Écrire en musique : Side Liner

Petite découverte en ambient de ce projet qui existe depuis longtemps (2006, 16 albums) mais dont je n’avais encore jamais entendu parler : Side Liner propose de l’atmosphérique un peu étrange, parfois psychédélique, avec parfois un petit courant de noirceur (on n’est pas dans l’horreur parfois bruitiste de Nors’klh, mais on n’est clairement pas non plus dans le doux cocon de State Azure).

Tous les albums ne sont pas restés dans l’oreille (ce qui est plutôt pas mal, au final, pour écrire avec un fond), mais l’un d’eux est clairement devenu une obsession hypnotique, tout en se montrant suffisamment discret pour ne pas envahir mon paysage mental, et c’est une force : il s’agit de Dream Stealers, où des samples vocaux déstructurés évoquent une conscience cohérente mais en déliquescence hallucinée qui cherche à s’exprimer. Ouais, c’est assez bizarre, mais moi j’adhère, ça m’évoque l’ouverture des portes de la conscience, de façon cependant totalement sûre pour mon métabolisme. Je veux dire, écoutez-moi ce machin (Piste 2, Hypnotising The Masses – ouais, en effet) :

Et oui, je sais, cet album a 13 ans. Et alors ? Est-ce que je vais narguer les gens qui débouchent des bouteilles de pinard qui ont un demi-siècle ?

Sérieusement, ça vaut le coup d’être exploré et ajouté à votre playlist « Atmosphère pour écrire ». Comment ça, vous n’en avez pas ?

2024-07-17T03:42:22+02:00mercredi 17 juillet 2024|Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : Side Liner

Où qu’il est mon tuto Obsidian ?

Je me rappelle la délicieuse définition de CRIMP – « trouble d’achat compulsif-réactif de logiciels de gestion de l’information » : la promesse du « second cerveau » cher à Tiago Forte et de l’application tout-en-un qui libérera ta pensée, ta créativité, te permettra de faire ton meilleur travail sans jamais rien oublier, et dont Evernote était indiscutablement le pionnier (après s’être égaré). Les apps de gestion de notes et de Zettelkasten fleurissent dans tous les sens, à une époque c’était un nouveau projet littéralement tous les mois, au point qu’une excellent âme a (dû) fondé(r) le génial site Noteapps.info, qui compare toutes les fonctionnalités des apps de gestion de la connaissance pour te permettre de trouver la tienne.

Et j’agonise, auguste lectorat, depuis plusieurs années, parce qu’en gros, il y a l’app que je sais devoir utiliser. L’app je recommande à tout le monde, la plus puissante, la mieux pensée, la plus complète, qui est Obsidian.

Et il y a l’app que j’ai envie d’utiliser, native sur Mac et iOS, élégante, rapide, simple, qui est Bear.

Obsidian est indubitablement l’app à adopter pour découvrir la joie des notes liées, tremper l’orteil dans le grand bain du Zettelkasten, en raison de sa forme ouverte, de sa synchro chiffrée de bout en bout, de sa concentration obsessionnelle sur l’expérience utilisateur malgré sa présence sur toutes les plate-formes, de son milliard de plugins qui permettent de le transformer en à peu près n’importe quoi.

Et Bear est exactement l’inverse : une app avec une opinion très précise de ce qu’elle doit être, un ensemble de fonctionnalités résolument minimal (sans être simpliste, on y trouve tout ce qu’on est en droit d’attendre en 2024 comme les liens entre notes, les backlinks), on ne peut pas passer cent ans à la personnaliser dans les moindres détails : un thème, quelques options de texte, zou.

Chaque fois que je veux aborder un truc complexe, mon cerveau veut prendre Obsidian. Chaque fois que je pense à la perfection de mon système de notes idéal, rassemblant création, encyclopédie de mes univers, journal personnel, notes fonctionnelles, je vois les possibilités sans fin d’Obsidian, je place les briques, je commence à m’en servir, et tout tombe en place à merveille, génial, incroyable, quand soudain, une mise à jour, et

Et… raaaaaah. J’ai pas que ça à foutre à debug du Dataview et du Templater, je suis censé écrire des trucs et des machins, pas me mettre la tronche dans les tokens de Moment.js juste pour que les liens datés de mon journal fonctionnent toujours après la mise à jour douze point huit bêta quatre.

Des tags Journal sous Bear, ça marche aussi et ça va super vite, non ?

… et en même temps, personne ne m’y oblige, hein ? Personne ne m’oblige à installer 166 plugins (je ne plaisante même pas). Mais si ça n’est pas pour employer toute la puissance de l’app, à quoi bon m’accommoder de ses légers manquements comme le fait que l’app ne soit pas native malgré ses meilleurs efforts, ce qui rend toute intégration avec les outils système Apple incroyablement compliquée ? Si c’est pour m’en servir au final comme un éditeur Markdown évolué, est-ce que je ne ferais pas mieux d’utiliser un éditeur Markdown simple comme… 

Bear ?

Je voudrais géolocaliser mon journal avec précision pour voir mes entrées sur une carte, mais est-ce qu’un simple tag Journal/Où/Australie/Melbourne ne fait pas le café ? J’aimerais pouvoir baptiser mes notes de plusieurs façons avec des alias de manière à pouvoir me référer indifféremment à Mériane ou à la Messagère du Ciel pour désigner la même personne et que mes notes repèrent les mentions non liées dans leurs backlinks, mais est-ce qu’on ne s’en fout pas au final ? Est-ce que ça m’aide à mieux créer ?

Est-ce qu’au quotidien, ce qui n’importe pas, c’est d’avoir immédiatement un endroit où écrire, puis classer vite fait l’idée pour pouvoir la retrouver plus tard et passer à autre chose ?

C’était ce que j’aimais tant avec Evernote : capturer n’importe quoi, organiser à la volée, boum, fini. J’avais un super système et j’en reste nostalgique neuf ans plus tard ; mais en 2024, il me semble totalement impensable d’utiliser pour quelque chose d’aussi personnel et précieux que ses pensées intimes un système qui ne soit pas chiffré de bout en bout1.

Obsidian est à présent une app bien installée et, passée la frénésie initiale de la transformer en tout et n’importe quoi (gestion de de notes mais aussi de tâches, de listes de lecture, de films à voir, lecteur de podcast et même client mail – ?!?), la sagesse populaire commence à dire : on en revient, on commence à voir ce dont l’on a vraiment besoin, et l’on simplifie son app de notes pour n’en conserver que les fonctionnalités vraiment importantes. Je pense toujours qu’il faut découvrir cet univers avec Obsidian, pour en mesurer les possibilités, les tester, pour voir tout ce qu’elles ouvrent, avant de ramener son approche à quelque chose de personnalisé car pensé. Et puis Obsidian fonctionne sur à peu près tout.

Je crois que je vais un cran plus loin en appréciant la simplicité de Bear, vers laquelle je reviens toujours graviter malgré moi, à présent que j’ai fait mon deuil de toutes ces fonctionnalités incroyables mais… qui reposent sur des plugins qui peuvent casser n’importe quand. Et là, forcément, cela m’évoque un mème célèbre… 

… mais je ne vois pas utiliser Notes, parce qu’il n’y a pas de tags hiérarchiques… 

Ah, une seconde… 

Bon, OK, mais il n’y a pas non plus de backlinks dans Apple Notes, et ça… 

… aaaah merde.

Okay, mais il n’y a pas de notes de bas de page, pas de syntax highlighting pour le code, hein ? (Hein ?)

Ouf.

  1. Bear ne l’est pas, mais il utilise iCloud, auquel je fais presque autant confiance.
2024-07-10T02:38:30+02:00jeudi 11 juillet 2024|Geekeries|4 Commentaires

Des projets prometteurs concurrençant la Freewrite

Maintenant que le dépit concernant les machines Freewrite est totale (un petit oiseau – merci – m’a d’ailleurs signalé que le patron veut embaucher un Director of Engineering ET un Lead Firmware – pas du tout un mauvais signe), qu’est-ce qu’on peut faire ? Où trouver ce Nirvana brièvement atteint de l’écriture sans distraction sur une belle machine lourde de professionnel·le ?

Visiblement, on est nombreux à se poser la question, parce que plusieurs projets qui ont le potentiel de totalement tuer les Freewrite (fonctionnalités mieux pensées, une fraction du prix, pas d’abonnement) voient le jour.

Le BYOK (Bring Your Own Keyboard)

Voilà des types qui ont tout compris : le clavier est une partie éminemment personnelle d’une machine à écrire, donc autant laisser l’utilisateur·ice apporter le sien, et ne fournir que la partie logicielle minimaliste qui consiste à afficher les mots. On a un petit bidule qui affiche quatre lignes de texte à emporter partout, une partie wifi pour la synchronisation, et roulez jeunesse.

Image BYOK

L’idée est tellement élégante, sacrebleu ! Je rêve déjà d’en acheter douze et de les disséminer partout et d’en emporter dans tous mes sacs de voyage.

Le produit est toujours en développement (comme en témoigne le sondage que je viens de remplir), et un gros point noir se profile à l’horizon : l’équipe n’a toujours pas confirmé à l’heure actuelle qu’on pourra employer une disposition de clavier qui n’est pas le fucking QWERTY. Évidemment, le cas échéant, c’est un casseur de distribution (dealbreaker). Je prie donc très fort pour qu’on puisse installer des dispositions de clavier internationales.

On peut actuellement réserver sa machine pour 3$ seulement avec un système assez innovant qui évite les financements participatifs qui n’en finissent jamais.

➡️ En savoir plus (et potentiellement réserver sur Prelaunch)

Le Micro Journal v5 et v6

Un Kyu Lee, bricoleur génial, a entendu la demande des auteur·ices de par le monde, et comme il est visiblement cool, il s’est mis en tête de répondre à la demande. Le résultat, après plusieurs itérations, est le Micro Journal, un appareil totalement open source (on peut le monter soi-même, les plans et le logiciel sont fournis) ou que l’on peut lui commander directement pour une fraction du prix d’une Freewrite (dans les 150$ en fonction du modèle).

Solution maison oblige, il faut un petit peu de préparation à faire soi-même, mais tout est parfaitement détaillé : on met une carte SD dans la machine ou l’on synchronise avec Google Drive moyennant l’installation d’un petit script dans son compte Google, on commande la batterie séparément (qu’il ne peut vendre lui-même pour raisons légales) et on se retrouve avec une machine qui s’allume immédiatement et ne sert qu’à taper du texte. Ça, ça existe déjà, et c’est achetable en direct (moyennant le temps de fabrication, on rappelle qu’il fait ça tout seul dans son garage).

Attention, le Micro Journal existe en deux versions, la v5 et la v6 :

Micro Journal v5

C’est l’équivalent du BYOK cité plus haut : un écran, on apporte son clavier, et c’est parti. Attention, il faut mentionner expressément dans les commentaires de sa commande la disposition du clavier qu’on veut, pour qu’il fasse la configuration avant envoi. J’avoue que j’ai craqué, je lui ai demandé un clavier français belge comme sur les Macs, on va voir si c’est possible, je raconterai l’expérience.

Image Un Kyu Lee (le Micro Journal v5 est le boîtier blanc et jaune)

➡️ En savoir plus sur la v5 (et potentiellement commander sur Tindie)

Micro Journal v6

Là, on est carrément dans la machine à écrire tout inclus, l’exact réplique de Freewrite : écran + clavier. Il est possible de changer les touches ET la configuration du clavier soi-même par une petite manip’ technique. Preuve de goût supplémentaire, le clavier est ortholinéaire (les touches forment une grille, comme il se devrait, au lieu de la quinconce héritée des machines mécaniques), mais cela pourra désorienter les geeks aux mauvaises habitudes trop ancrées (comme Bibi).

Image Un Kyu Lee (ici le clavier est inclus)

➡️ En savoir plus sur la v6 (et potentiellement commander sur Tindie)

2024-07-08T00:18:57+02:00mardi 9 juillet 2024|Geekeries, Technique d'écriture|2 Commentaires

Ça ne vaut pas un Cloud (test rapide des services de synchro en 2024, parce qu’iCloud n’est toujours pas fiable)

Peut-être le karma électronique qui vient frapper à ma porte : à peu près en même temps que je disais du mal de la création dans des apps en ligne, mon service de cloud s’est mis à débloquer dans les grandes largeurs. En gros, le travail effectué sur mon MacBook Pro pendant les deux mois en France demeure invisible à mon Mac Studio à Melbourne : pourtant, les données sont bien disponibles dans le cloud (visibles en ligne). Ce qui est très dangereux quand on utilise Scrivener, car l’application utilise un format de données assez délicat (package files) et des conflits de synchronisation peuvent entraîner des pertes de données. Heureusement, j’ai eu le nez creux et j’ai comparé les dates de modification des fichiers respectifs sur les deux bécanes pour constater que, heu, si, cela faisait plus de deux mois que j’avais touché le projet (quand même), contrairement à ce que pensait ma bécane principale.

Et quel est le service de cloud concerné ? Évidemment, c’est iCloud Drive. Et en plus, le problème fait des petits : je commence à avoir des doublons de dossiers partageant au petit bonheur leurs données entre eux, parce que c’est beaucoup plus rigolo. J’ai bien ordonné à mon Mac de conserver toutes les données sur son disque, mais pourquoi respecter les instructions de l’utilisateur ? J’ai régulièrement des fichiers qui disparaissent dans le cloud malgré mon ordre, parce que fuck me, I guess.

Le support technique d’Apple n’a pas de solution pour moi pour l’instant. Je soupçonne le décalage horaire d’être responsable, mais bon dieu, Dropbox a réglé le problème de la synchronisation voilà quinze ans. Je me servais d’iCloud en raison de son chiffrage de bout en bout et de son intégration directe au système, et pour synchroniser quelques dizaines de milliers de fichiers ou des bases de données , ça va, mais dès qu’on entre dans des gros comptes professionnels (ce qui arrive vite quand on fait de la musique ou du podcast), ça n’est plus possible.

Soyez donc prévenu·es : force est de constater que malgré l’âge d’iCloud Drive, le service, encore et toujours, n’est pas fiable. Si l’on travaille avec Scrivener sans être méfiant·e, c’est jouer avec le feu.

Pourquoi ces barres de progrès quand toutes mes données sont censées être présentes sur le disque ? Et surtout, POURQUOI ELLES N’AVANCENT PAS ?

Pire encore, Apple est en train de forcer les fournisseurs de synchronisation cloud à employer la même API pourrie que la leur, appelée FileProvider, ce qui signifiera qu’on aura les mêmes problèmes qu’iCloud, sans les avantages que fournissent Dropbox et autres (comme la possibilité de stocker son dossier cloud sur un disque dur externe, par exemple). Heureusement, il semble que le processus de migration ait été gelé sur les gros comptes (plus de 300 000 fichiers1) parce que, ô surprise, c’est de la merde les performances apparaissent quelque peu suboptimales.

Quelles alternatives ?

Le stockage de fichiers est littéralement l’infrastructure qui sous-tend tout mon boulot, en particulier Scrivener, donc je peux très difficilement faire l’impasse sur la sécurité de mes données. J’ai passé deux jours à essayer frénétiquement de trouver une solution (merci, Apple) et, dix jours plus tard (!), suite à un plantage de session (!!) il semblerait qu’iCloud se décoince progressivement et que les données arrivent au compte goutte, bien qu’étant réparties entre du local et du distant, bref, c’est le bordel, et moi j’ai besoin que ça marche. C’est pour ça que j’ai un Mac, à la base?

Alors, qu’est-ce qu’on peut utiliser en 2024 (et qui fonctionne avec Scrivener) ?

Dropbox. C’est depuis toujours la solution recommandée par les développeurs de Scrivener, l’intégration aux apps tierces est inégalée (tout fonctionne avec Dropbox), la synchro est fiable et rapide, mais vos données ne sont pas chiffrées de bout en bout2. Et personnellement, en 2024, avec le gavage à grande échelle des LLM contre la volonté de l’utilisateur, ça m’ennuie beaucoup de donner les clés de mes données à mon hébergeur. C’est le vieux dilemme security Vs. convenience : si c’est sûr, ça n’est pas pratique, et si c’est pratique, ça n’est pas sûr. (Google Drive et Box sont exclus d’emblée : ils sont activement déconseillés pour Scrivener. OneDrive est Microsoft, donc exclu aussi.)

Gérer soi-même sa solution de synchro. Avec des solutions comme Resilio Sync, Syncthing ou même OwnCloud / NextCloud : les machines se synchronisent les unes entre les autres sans que ça touche Internet, et si l’on dispose d’un serveur chez soi (c’est mon cas), on peut même l’ajouter dans la boucle et c’est presque comme si on avait son propre Dropbox chiffré accessible de partout. Idéal sur le papier, sauf que mon pauvre Synology peine à suivre avec la quantité de données impliquée, que Syncthing n’a pas d’app iOS et que si je commence à devoir farfouiller avec Docker pour faire fonctionner mon cloud perso, je m’expose au final à proportionnellement autant d’emmerdes qu’avec iCloud. Donc, oui, mais non.

Un fournisseur chiffré de bout en bout. L’idée est d’avoir une application qui colle les fichiers sur le disque et les synchronise sans que le système n’ait son mot à dire, vous savez, comme quand ça marchait, en 2010. Et qui soit chiffré de bout en bout. Et un grand nombre de services existent aujourd’hui sur le marché. J’ai testé pour vous :

  • MEGA. Vous savez, la version de MEGAUpload qui s’est rachetée une conduite et fait maintenant dans l’hébergement cloud. Des recherches ont montré un lourd historique de vulnérabilités, donc au final, non.
  • Internxt. Prix ultra compétitif, mais réputation absolument détestable en ligne, et l’interface web a fait planter mes trois navigateurs, ce qui représente un tour de force, donc pas confiance : non.
  • Tresorit. Hors de prix et trois appareils maximum : il se trouve que j’en ai quatre (deux Macs, iPad, iPhone). Non.
  • Sync.com. Rapide, simple, prix compétitif, mais l’intégration avec l’application Fichiers sous iOS est buggée. Non plus (mais il s’en est fallu de peu).
  • Nordlocker… ah, attendez, y a pas d’appli Mac. Non.
  • Spideroak fait… quoi, de la communication spatiale, maintenant ? S’il y a encore une offre cloud là-dedans, je n’ai pas été foutu de la trouver.
  • ProtonDrive. Cher et pas de vraie intégration dans macOS, ce qui est indispensable pour être tranquille sous Scrivener.
  • pCloud Crypto. Extrêmement compliqué à faire fonctionner nativement sur Mac M1. Non.
  • Icedrive. Pas d’app native Mac, donc non plus.
  • Hetzner storage box. Nécessite autant de configuration qu’une solution autohébergée, donc non.

Le dernier en lice et très inconnu au bataillon est Filen.io, une petite boîte allemande qui propose un service d’excellente qualité, dont la réputation en ligne est impeccable et qui semble réellement faire les choses bien : le genre de petit service qui vit sa vie dans son coin en étant rentable sans acheter des pubs YouTube à tour de main. Pas le plus rapide, mais pas le plus lent non plus, et je n’ai pas réussi à détecter de problème malgré les tests de montée en charge que je lui ai fait subir. La communication de l’entreprise est très transparente, la quasi-totalité est open source, bref le genre de truc qu’on est content de voire exister en 2024.

J’ai été très impressionné par l’intégration iOS, totalement transparente, et en plus, le service propose des offres à vie et permet de synchroniser n’importe quel dossier de son disque au lieu de cantonner ses données dans le classique ~/Dropbox, ce qui n’est pas indispensable mais apprécié (on peut ainsi synchroniser ses documents et sa musique dans des emplacements différents, par exemple).

Je tente prudemment de passer dessous, en faisant des sauvegardes dans tous les coins et en réglant Time Machine sur une fréquence horaire, mais pour l’instant, j’ai envie d’être convaincu. Je compte le tordre méchamment dans les semaines à venir avec mon réel usage, et si je ne suis pas content, vous pouvez compter sur moi pour râler.

Si vous voulez tenter le coup, ce lien de parrainage vous donnera 10 Go gratuits pour tester.

  1. Si ça vous paraît énorme, mon propre dossier Documents, approchant le To, comporte plus de 600 000 fichiers, et je ne compte même pas les photos.
  2. Sauf pour les comptes business de très haut niveau, et donc très chers.
2024-06-19T03:41:34+02:00mardi 18 juin 2024|Geekeries|Commentaires fermés sur Ça ne vaut pas un Cloud (test rapide des services de synchro en 2024, parce qu’iCloud n’est toujours pas fiable)
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