Que faire si on est manque de Jean-Michel Jarre ?

Ceci est, sans aucun doute, le titre le plus important que j’aie jamais écrit de ma carrière.

Non mais vraiment. Oui, ça fait des décennies que c’est dans l’air du temps de se moquer de JMJ et de sa harpe laser (qu’il n’a pas inventée, on sait) et de ses keytars (je persiste à dire que si la guitare est acceptable, le keytar aussi), mais il reste un monument de l’électronique à qui tous les artistes actuels doivent énormément, même si les vrais savent qu’après Chronologie, ça n’a plus été comme avant, et ça n’a rien à voir avec le fait que j’avais pile quinze ans quand l’album est sorti et que moi, j’écoutais de la musique d’esthète en laissant les grossièretés du rock (rendez-vous compte ! de la musique avec des gens qui chantent !) à mes camarades de classe.

Bref. On est tous un peu orphelins depuis Métamorphoses, et Oxygène 3, et Equinox Infinity, c’est cool, mais ça ne suffit pas à étancher notre soif de progressif planant / d’albums concept sur l’espace et la nature au son fleurant bon le magnétophone 4 pistes. Heureusement, il y a des gens qui ont tout compris, qui font résolument vivre ce son merveilleux, et comme ça fait en plus une super musique pour écrire, papy a deux références pour toi :

MoonSatellite. MoonSatellite ne fait pas que recréer le son des années 80, il l’exécute réellement, en utilisant les mêmes machines, séquencées en sessions live comme à l’ancienne (allez voir les vidéos, à l’ère de l’informatique, maximum respect de s’enquiquiner comme ça), et propose des paysages sonores évolutifs et planants dont le son descend en droite ligne d’Oxygène et Équinoxe, mais avec une personnalité bien à part. Vous savez les pistes un peu nostalgiques à la fin de chacun des premiers albums de JMJ ? Le travail de MoonSatellite m’évoque un peu cela, mais à l’échelle d’albums entiers, sur des explorations de vingt minutes, et c’est juste du bonheur absolu. Ne vous laissez pas tromper par la maigreur de la discographie sur les services de streaming, il y a un vrai coffre au trésor à découvrir sur la page Bandcamp. C’est magnifique, ça nous rappelle tous que les années 80 sont finies, mais on en a rien à foutre, parce que grâce à MoonSatellite, non seulement elles sont toujours vivantes, elles restent d’actualité. Merci monsieur.

LooneyJetman. Je ne peux pas imaginer que LooneyJetman ne partage pas le constat fait en début d’article : on est en manque de JMJ, on sait tous ce qu’on lui doit, et on en voudrait davantage, sauf que forcément, lui, il est parti vers d’autres cieux musicaux. LooneyJetman a commencé par faire de la trance, mais il a aussi publié deux albums de pure électro progressive / synthwave qui ne peuvent être que des hommages à des classiques de JMJ, c’est pas possible autrement. Deep Blue avec ses textures évolutives, ses synthés rétro et ses « singles » plus pêchus semble être la complétion officieuse dédiée à l’eau d’une trilogie fictive initiée par Oxygène et Équinoxe ; The Lonely Sky, avec un son très mi années 1980 et son radiotélescope en couverture, paraît le frère caché du Rendez-vous de JMJ. Site officiel.

2022-06-16T09:40:51+02:00mercredi 22 juin 2022|Décibels|6 Commentaires

Écrire en musique : First Impressions

On est mardi, et mardi c’est le jour des conseils en musique (non). Toujours un peu à la recherche de musique douce pour s’occuper l’esprit en écrivant ? First Impressions fait de la synthwave toute douce qui fleure merveilleusement bon les cassettes de l’autoradio pendant qu’on sommeille sur la banquette arrière en se faisant conduire la nuit par les parents. (Oui, j’ai connu le son à l’origine de la synthwave quand c’était simplement l’air du temps. Now get off my lawn.) Un album et un EP sont disponibles sur les services de streaming et sur YouTube, mais comme d’habitude, on trouve un peu plus de choses sur la page Bandcamp (en plus de pouvoir soutenir directement les artistes).

2022-06-10T03:51:55+02:00mardi 14 juin 2022|Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : First Impressions

La Freewrite Traveler est une machine à écrire connectée mobile aussi plaisante que la grande

Je me déplace à nouveau beaucoup en ce moment et comme je suis tombé amoureux de la Freewrite, je souhaitais pouvoir retrouver ce plaisir (et la productivité qui avec) en voyage. Hop hop, on ne regarde pas l’étiquette du prix (ce sont pour moi des outils professionnels, je suis prêt à investir), et on se penche sur la Freewrite Traveler, déclinaison transportable de la machine à écrire. Je l’avais abordée dans la question du choix, mais après un mois à travailler dessus, voici un retour rapide… 

… parce que je n’ai rien de spécial à en dire. Et c’est une bonne chose. C’est la même expérience que la Freewrite Gen3, donc avec le gestionnaire de documents, la possibilité de déplacer le curseur dans le texte, et évidemment la connexion wifi et l’écran à encre électronique volontairement petit. Hormis le format plus réduit (la machine s’ouvre comme un ordi portable), les différences se comptent sur les doigts d’une moufle :

  • Pas de rétroéclairage de l’écran (ne comptez donc pas écrire au lit près d’un conjoint qui dort)
  • Clavier à ciseaux (type ordi portable) au lieu d’un clavier mécanique

Et c’est tout. Les commutateurs A/B/C et wifi On/Off/New sont remplacés par des boutons, mais elle fonctionne littéralement pareil.

La différence de clavier implique, pour nous pouilleux non-anglophones, que l’on ne peut changer les touches physiques pour les adapter à l’AZERTY. Cependant, on trouve des autocollants pour cinq balles qui font parfaitement le boulot (taille : 11 x 13 mm, préférez une matière type vinyle pour la durabilité). La mienne ressemble à présent à ça :

Et ça n’est absolument pas gênant à l’usage. Question clavier, je n’ai jamais réussi à comprendre l’attrait pour les claviers mécaniques (c’est bruyant, volumineux, faut appuyer davantage, on a progressé des décennies en informatique pour s’en éloigner, POURQUOI ?), donc je préfère même celui de la Traveler à la Freewrite tout court. Il est vraiment d’excellente tenue (comparable aux claviers des nouveaux MacBook, meilleur que les Magic Keyboard fixes d’Apple).

Gear porn

Question portabilité, la machine est légère, mais quand même volumineuse. Oui, ça se balade dans un sac sans problème, mais ne comptez pas la mettre dans une sacoche même de bonne taille : la machine est aussi grande que la partie alphabétique d’un clavier de taille normale (parce que, eh bien, il s’y trouve un clavier de taille normale, ce qui est appréciable pour une machine à, vous savez, écrire). Ça se balade sans aucun problème, mais pas au point de ne pas avoir à penser à l’emporter. Néanmoins, se promener pour écrire au milieu de la nature, et pouvoir retrouver très vite ensuite ses documents dans le cloud, c’est quand même assez réjouissant.

Et comme il est question d’emport : les housses en feutre d’Astrohaus sont bien sympa, mais elle ne protègent pas de grand-chose. Heureusement, la Traveler fait à peu près la taille des Magic Keyboard d’Apple réduits (sans pavé numérique) donc il y a de bonnes chances que les coques prévues pour les transporter conviennent à la Traveler. Personnellement, j’utilise une coque Hermitshell rigide modèle MC184LL/B (attention, c’est précis) et ça colle parfaitement.

2024-03-19T05:37:39+01:00lundi 6 juin 2022|Geekeries, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La Freewrite Traveler est une machine à écrire connectée mobile aussi plaisante que la grande

Comment trouver une machine à écrire connectée Freewrite en France

Après avoir clamé tout le bien que je pense des machines Freewrite, la question logique s’est bien sûr posée : okay, super, t’es gentil Davoust, mais comment j’en trouve une ? Le site officiel ne livre pas en France.

Alors, techniquement, le site officiel livre en France selon les lois de la mécanique quantique. Parfois, si, c’est bon. Parfois, c’est seulement certains produits. Parfois, c’est jamais.

En conséquence, à moins d’avoir un copain à l’étranger, il faut passer par des revendeurs tiers :

  • Amazon (argh) pour du neuf, qui en ce moment propose tous les modèles non collector et même les jeux de touches de remplacement. (Ce n’était pas le cas il y a six mois, j’ignore combien de temps ça va durer)
  • Il y a souvent sur eBay des modèles d’occasion ou peu utilisés (par des gens qui n’ont pas accroché au concept) pour des prix un peu plus raisonnables
  • Enfin, il existe un serveur Discord autour des Freewrite où passent de temps à autre des annonces pour des modèles d’occasion (parfois customisés).

Bonne chasse !

2022-05-23T17:52:23+02:00mercredi 25 mai 2022|Geekeries, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Comment trouver une machine à écrire connectée Freewrite en France

Un petit tour d’horizon aussi partiel que partial d’Apple TV+ (2)

Hop ! Seconde partie du tour d’horizon rapid fire de ce que j’ai vu sur Apple TV+, en mode subjectivité totale, et vous en faites ce que vous voulez. Aujourd’hui : For All Mankind, Mythic Quest et Dickinson. (La première partie, qui parlait de Ted Lasso, The Morning Show, Amazing Stories et See se trouve ici).

For All Mankind

L’autre série de SF ayant bénéficié d’un énorme battage médiatique : une version uchronique de la course à l’espace, qui ne se serait pour ainsi dire jamais arrêtée en 1969 quand le premier homme a posé le pied sur la Lune. Une divergence d’importance au premier épisode relance toute l’entreprise, et nous entraîne dans les coulisses de la NASA cherchant à l’emporter sur les Russes.

Verdict : OUI, GRAVE. Même si je n’ai vu que trois épisodes. Mais sur un pitch finalement peu engageant (on connaît ces événements, non ?), la série est passionnante et aussi haletante qu’un Seul sur Mars, dans un registre différent bien sûr. Au stade où j’en suis, c’est déjà vaste, ambitieux, malin et passionnant.

Je m’abonne exprès pour ça ? Si vous êtes ici, vous aimez probablement la SF : alors OUI, tout en sachant encore une fois que je n’ai vu que trois épisodes, mais tout le monde dit que ça continue sur la même lancée, donc pas de raison que ça coince, au moins sur la première saison.

Mythic Quest

La vie interne (et profondément dysfonctionnelle) d’un studio de jeu vidéo responsable de Mythic Quest, le plus grand MMORPG de l’histoire (oui, c’est un World of Warcraft fictif, mais parler de World of Warcraft fictifs, ça arrive à des gens très bien). En mode sitcom à grand budget.

Verdict : Je ne sais pas quoi faire de Mythic Quest. Ça commence bien mal, avec d’un côté des clichés déplaisants qui rappellent les sombres heures de Big Bang Theory et de l’autre, une écriture qui fait grincer des dents et va presque à l’encontre de la tentative de diversité de ses personnages, et puis, finalement, la série trouve son cœur et même quelques fulgurances là où on ne l’attendait absolument pas. C’est un objet vraiment bizarre, où se côtoient quelques morceaux d’humanité splendide et tragique comme un humour qui voudrait être geek mais tombe très souvent à côté.

Je m’abonne exprès pour ça ? Franchement, non.

Mais si j’ai un abonnement, je regarde ? Beeeen… Ça peut se tenter. Avec les énormes caveats exprimés ci-dessus. C’est un objet beaucoup trop étrange pour ce qu’il devrait être avec un pitch pareil, mais une fois les premiers épisodes franchis, c’est étonnamment imprévisible (et finalement pas du tout une série d’humour). Mais attention, possibles réactions allergiques.

Dickinson

La vie romancée d’Emily Dickinson, narrée avec un parti-pris de narration moderne et semi-fantastique, dans des décors et costumes d’époque. Sa biographie étant assez mal connue, c’est l’occasion de mettre l’accent sur le personnage de la créatrice en tant que telle et ses luttes pour se faire (re)connaître dans une société carrément arriérée pour toute sensibilité contemporaine digne de ce nom.

Verdict : Ça passe ou ça casse. La rencontre entre tropes modernes (genre dubstep pour animer les bals huppés de la jeunesse dorée de l’époque) et XIXe siècle m’a paru jurer plutôt que se mélanger harmonieusement, et le personnage d’ado gâtée qu’est Emily au début de la série hérissera le poil de toutes celles et ceux qui détestent les personnages d’ados caractériels (myself included). Mais ça vaut le coup de s’accrocher, car la série gagne en profondeur et trouve ses marques tandis qu’on s’habitue au mélange bizarre de contemporain et d’ancien. Par ailleurs : le public visé me semble plutôt la tranche 15-25, donc je suis probablement déjà trop vieux et con. Mais aussi, ça parle d’écriture de manières qui suscitent de vraies réflexions, et ça c’est drôlement chouette.

Je m’abonne exprès pour ça ? En lisant ce qui précède, vous saurez : si ça vous branche, absolument que oui, sinon, absolument que pas.

Mais si j’ai un abonnement, je regarde ? Quelle que soit votre réaction à ce qui précède, à ce moment-là, oui, complètement. En vous préparant peut-être à griffer les accoudoirs de frustration dans les premiers épisodes. Mais ça vaut vraiment la peine de persister (bien davantage que pour Mythic Quest).

2021-12-07T10:51:35+01:00jeudi 9 décembre 2021|Fiction|Commentaires fermés sur Un petit tour d’horizon aussi partiel que partial d’Apple TV+ (2)

Un petit tour d’horizon aussi partiel que partial d’Apple TV+ (1)

Alors non, je n’ai pas vu Fondation. Pas encore. J’ai beaucoup trop peur de m’y risquer, et ce que j’en ai entendu me fait encore plus peur. (On dit beaucoup que la difficulté de cette adaptation en série était l’absence de personnages forts dans l’univers : certes, mais du coup, justement, le fil narratif qu’il fallait adapter, c’était celui du Mulet. C’est le meilleur fil des trois premiers tomes, et il y avait moyen de construire des personnages autour. POP POP POP je m’en fous, c’est mon avis et je le partage.)

En revanche, j’ai profité d’un très long essai gratuit du service, et tout en freinant des pieds (c’est encore pire que traîner : essayez, vous verrez), parce que personnellement, je veux qu’Apple me fasse des bons systèmes d’exploitation et de bons ordinateurs, pas un service de streaming que personne n’a demandé, mais j’ai fini, à deux mois de la fin, à me dire : bon, quand même, arrêtons de bouder et regardons un peu de cette TV gratuite qui prétend être qualité HBO.

Un peu dans l’esprit de cet article sur les séries d’imaginaire françaises récentes (à l’époque), tour d’horizon rapid fire de ce que j’ai vu, en mode subjectivité totale, et vous en faites ce que vous voulez. Aujourd’hui : on parle de Ted Lasso, The Morning Show, Amazing Stories et See, avec une seconde partie à venir cette semaine.

Ted Lasso

C’est la série phare dont tout le monde parle, et avec laquelle les gens qui l’ont vue bassinent les gens qui ne l’ont pas vue. (Ça fait un peu comme un certain jeu vidéo, Outer Wilds, je ne sais pas si je vous en ai parlé ?) C’est le pitch le plus inintéressant du monde pour un type comme moi : un coach de football américain se trouve engagé en Angleterre à entraîner une équipe de foot européen. Je me tape littéralement de chaque élément de la phrase précédente, à part les articles (et l’Angleterre. Et l’Europe. Bon. Ça pète un peu l’effet.).

Verdict : OH MON DIEU MAIS C’EST TROP BIEN. (Sur la saison 1 en tout cas, la seule que j’ai vue.) C’est positif, vraiment feel good, sans être gnangnan. Vous voyez ces moments réjouissants de Doctor Who où le Docteur parvient à sortir par le haut d’une situation vraiment moche ? Ben c’est la même impression, en beaucoup plus fin et humain, sans tomber dans le simpliste.

Je m’abonne exprès pour ça ? Bon, je n’irais pas jusqu’à dire un grand oui. C’est chouette, mais ça n’est pas immanquable, sauf si vous avez spécifiquement besoin de ce genre de chose en ce moment.

Mais si j’ai un abonnement, je regarde ? Alors là, oui, absolument.

The Morning Show

Une autre série phare, avec le grand retour de Jennifer Anniston (Friends) dans un des rôles principaux. The Morning Show aborde de front la révolte #MeToo : dans une émission matinale américaine de premier plan mais en perte de vitesse, le présentateur, accusé de harcèlement, se trouve débarqué. Le chaos qui s’ensuit explore avec finesse, sans complaisance, toutes les facettes d’un thème particulièrement difficile y compris dans ses profondeurs les plus atroces, ainsi que les problématiques économiques liées aux médias et leurs impératifs parfois inhumains.

Verdict : De mon point de vue limité sur la question, chef-d’œuvre (là aussi, je n’ai vu que la saison 1). Prendre un thème aussi difficile et récent que celui-ci représente un risque colossal en termes d’écriture et de responsabilité car il est terriblement facile d’être maladroit, inepte, moraliste ou manichéen (ce qui peut avoir des conséquences réelles et dommageables sur le monde). The Morning Show (encore une fois, de mon point de vue probablement incomplet) me paraît éviter ces pièges en montrant les dynamiques sociétales du problème dans ce qui m’a semblé une masterclass d’écriture. On pourrait reprocher une telle densité au propos que l’histoire oublie peut-être un chouia parfois qu’elle est d’abord un objet narratif avant d’être un essai social, mais franchement, c’est un sujet tellement difficile qu’il était certainement impossible de s’en tirer autrement. Ça se regarde à un rythme lent, le temps de bien méditer tout ce que ça traite.

Je m’abonne exprès pour ça ? Absolument. Et si vous êtes un homme en position de privilège, vous regardez ça et vous réfléchissez.

Amazing Stories (Histoires fantastiques)

Continuation de la série de courts métrages d’imaginaire initialement produite par Steven Spielberg. Les cinq épisodes disponibles sur le service couvrent principalement SF et fantastique.

Verdict : Non. Aucun des récits ne dit quoi que ce soit qu’on n’ait pas déjà vu ou lu des dizaines de fois, certains parviennent à se prendre le pied dans le tapis question cohérence, et le jeu d’acteur est même parfois un peu limite. Désolé.

Je m’abonne exprès pour ça ? Non.

Mais si j’ai un abonnement, je regarde ? Non plus.

See

Pas mal de communication aussi autour de cette série post apocalyptique avec Khal Drogo dedans, Jason Momoa bien sûr : suite à une pandémie1, toute l’humanité est devenue aveugle dans un lointain passé et a dévolué vers un mode de vie tribal et superstitieux parmi les ruines héritées de notre époque. Deux jeunes gens naissent doués de vision dans un village reculé, et sont amenés à chercher leurs origines avec leur famille ainsi que le secret de leur don.

Verdict : Mouerf. Le concept de base est vraiment intéressant et surtout le worldbuilding a des trouvailles : ce n’est pas tous les jours qu’on voit une série d’imaginaire qui s’efforce sincèrement de réfléchir son univers (même si certains trucs tiennent difficilement la route, mais on va suspendre l’incrédulité bien hors de portée du scepticisme…). L’image est à couper le souffle. Hélas, tout cela est sous-exploité par une intrigue de voyage familial pas transcendante qui peine à servir l’ambition du monde dépeint, et en plus, ce n’est pas toujours formidablement bien écrit.

Je m’abonne exprès pour ça ? Non.

Mais si j’ai un abonnement, je regarde ? Puisque vous êtes là, ça s’essaie… mais clairement pas prioritaire.

À dans deux jours (à la louche) pour parler de For All Mankind, Mythic Quest et Dickinson !

  1. J’ai commencé cette série en mars 2020. C’était nickel le bon choix pour me remonter le moral.
2021-12-04T17:48:02+01:00lundi 6 décembre 2021|Fiction|4 Commentaires

Outer Wilds a une expansion, et vous pouvez y aller

Je vous ai bassiné avec, mais je vous rassure, je bassine aussi tout mon entourage IRL avec Outer Wilds. Je ne dirai absolument rien, puisqu’une immense part du plaisir repose sur la découverte et la révélation, mais disons que le jeu de base semblait tellement parfait et achevé, comment ajouter une extension à une œuvre qui ne laisse rien dépasser presque par définition ?

Eh bien c’est possible.

Je ne vous ai rien dit sur le jeu la première fois, je vous ai raconté à la place comment je l’avais découvert, je vais évidemment vous en dire encore moins. Mais, dans la pure tradition de nos premières sessions à toutes et tous, nous avons organisé un week-end religieux de retrouvailles à cinq fondus du jeu1 pour lancer le DLC, intitulé Echoes of the Eye et, du haut de notre goût d’esthètes de première catégorie ayant poncé le moindre texte, la moindre théorie du jeu d’origine, le faire à plusieurs et décider si l’ajout était à la hauteur de l’original.

Verdict : oui. Nous l’avons fini sur ce seul week-end, mais n’y voyez pas une faible durée de vie : à cinq cerveaux accoutumés à la façon de penser d’Outer Wilds, nous ne sommes jamais restés bloqués très longtemps sur des énigmes (il y en avait toujours un pour avoir l’idée qui relançait l’exploration). Seul, j’aurais certainement mis cinq fois plus de temps. Et l’ajout, tout en offrant des mécaniques décidément différentes de l’original, vient répondre à une question secondaire mais, à la réflexion, troublante, qui pouvait se poser. Echoes of the Eye a une personnalité décidément distincte, ce qui constitue à la fois une prise de risque et une preuve de la créativité renversante du studio. Tout le monde ne sera pas forcément fan de certaines mécaniques (certains pans de gameplay du DLC ne sont pas ma tasse de thé, je l’admets), mais c’est une question de goût, pas d’implémentation, qui est irréprochable.

Comme je ne peux pas vous en dire plus, je vais répondre aux questions que j’ai vu se poser, et que je me posais moi-même avant de commencer le DLC, si c’est votre cas.

Est-ce que c’est bien ? Oui. Mais si vous avez fini le jeu de base, vous savez qu’on ne se baigne pas deux fois dans la même rivière. Vous avez ouvert la boîte de Pandore, vous savez, et Echoes of the Eye ne pourra pas recréer ce même vertige. C’est impossible. Acceptez-le, et dégustez l’extension comme ce qu’elle est : une extension, une manière de prolonger le miracle avant de faire vos adieux définitifs à ce microcosme.

L’histoire prolonge-t-elle dans celle du jeu de base ? Un peu. Mais n’attendez pas une révélation d’envergure : encore une fois, vous savez. Par contre, ça prolonge un truc de manière drôlement futée et bien cool. Et vous vous direz après coup : mais oui, en fait, cette question se posait bien, et maintenant je sais aussi.

Est-ce que je dois reprendre ma sauvegarde d’origine ? Si vous l’avez, oui. D’ailleurs, et les développeurs le conseillent. Mais pas pour la raison que vous pensez sans doute. Sinon, ce n’est pas indispensable, mais c’est dommage de ne pas le faire.

J’ai entendu dire que ça faisait méga peur et j’ai trop peur d’avoir peur. C’est vrai ? Quand même pas. Tu es allé à Sombronces ? Okay : eh bien certains passages sont un peu pire, d’accord, mais on n’est pas non plus dans du survival horror, comme certains tests l’affirment, faut pas déconner non plus.

Si je ne connais pas Outer Wilds, je découvre le jeu avec le DLC intégré ou pas ? Excellente question à laquelle je ne crois pas qu’il existe de réponse claire et franche. Tout de suite après l’expérience, je pensais qu’il valait mieux d’abord faire le jeu de base, puis intégrer Echoes of the Eye, mais je n’en suis plus si certain. Je crois que les deux approches sont faisables. Voyez donc ce que vous avez sous la main et faites avec ce que vous avez. Je pense que ça sera forcément bien.

  1. Dont un qui atterrit sur la station solaire en manuel. Tout le temps.
2021-11-12T16:01:30+01:00jeudi 18 novembre 2021|Geekeries|Commentaires fermés sur Outer Wilds a une expansion, et vous pouvez y aller

Aeon Timeline v3 est disponible, et ça a l’air assez génial

Aeon Timeline, application recommandée pour gérer des frises chronologiques, vient de sortir sa version 3, et les changements paraissent d’envergure. La v2 du logiciel laissait affleurer la base de données sous-jacente (une chronologie n’est jamais qu’une base de données ordonnée selon le temps), mais cette v3 semble d’être approfondie en système relationnel complexe, permettant de visualiser ses informations de manière extrêmement poussée et inventive. Et le logiciel se synchronise apparemment de façon transparente à Scrivener, dans les deux sens en plus.

Ce que je trouve très alléchant, c’est que cette approche permet comme toujours de construire non seulement la chronologie des événements d’un récit, mais qu’elle semble permettre de planifier carrément celui-ci dans l’application, du chapitre jusqu’à, peut-être, le temps de la scène.

Aeon Timeline est un logiciel simple à prendre en main (n’importe qui peut faire une chronologie avec) mais dont la puissance nécessite un investissement certain (pour prendre en main ce moteur sous-jacent de base de données et le plier à ses besoins). J’avoue que cela fait une éternité que je veux réaliser cet investissement, mais… le temps et les bouquins à rendre, vous voyez ? Mais là, cette nouvelle version semble offrir ce qu’on n’avait pas forcément demandé, mais qu’il serait drôlement cool d’avoir : d’outil spécialisé dans un rôle bien précis, Aeon Timeline est peut-être devenu un outil surpuissant dans un domaine où on ne l’attendait pas, et qui, en plus, se trouve faire des frises chronologiques en passant.

➡️ Le site d’Aeon Timeline (disponible sur Mac, Windows et iOS avec un achat unique pour un an de mises à jour).

2021-10-03T17:36:32+02:00jeudi 7 octobre 2021|Geekeries, Technique d'écriture|16 Commentaires

Construisez votre propre bot Twitter en une demie-heure

Petite question qui m’est revenue par divers canaux, en personne en et en ligne : mais sur quelle technologie se fonde donc le tout récent bot Twitter qui relaie actus et articles ? Nul besoin de sortir du MIT ni de savoir déréférencer un pointeur : c’est vraiment tout bête, à tel point que franchement, j’aurais dû y penser plus tôt (et peut-être conserver l’ancien compte pour ce faire. Mais que voulez-vous, la vie est faite d’apprentissages).

Un bot, c’est un bien grand terme pour désigner simplement une fonction toute simple : poster automatiquement les contenus (que je hais ce terme) désirés sur le canal en question. Et il existe quantité d’outils pour ce faire, la petite astuce consiste juste à les croiser intelligemment. Dans ce qui suit, on va bien sûr parler d’un site WordPress, parce que c’est bien, mais franchement, ça s’applique à quasiment tout. Je vous le dis, c’est vraiment tout bête.

Le bot a trois rôles :

  • Poster les nouveaux articles à leur sortie ;
  • Reposter les infos importantes (parce que Twitter est un réseau volatile, où les infos disparaissent vite) ou les articles intéressants des archives (qui ne périment pas) ;
  • Préparer à l’avance des informations ponctuelles adaptées à Twitter (genre : aujourd’hui, tel salon à tel endroit, apportez du saucisson).

Idéalement avec un calendrier qui ne lasse pas les gens, parce qu’il ne s’agit pas de spammer, mais toujours de faire plaisir, même si on a juré ses grands dieux de ne pas intervenir personnellement dans cette arène qui se montre putride beaucoup plus souvent qu’à son tour.

(Re)poster automatiquement des articles

C’est déjà intégré à WordPress à travers l’édition gratuite de l’extension officielle Jetpack. Connectez-le à Twitter, paramétrez votre partage, et zou. Coût : gratuit pour les besoins en question, difficulté pour les novices : facile, temps d’installation : cinq minutes.

Ça nécessite un peu plus d’action quand il s’agit de : reposter des articles récents ou bien des articles anciens intemporels. Mais le principe est le même : on prend une extension WordPress dont c’est le boulot. Il en existe environ deux exposant quinze, et beaucoup sont chères, vous prenant joyeusement dix balles par mois, voire plus. Évidemment, non merci madame ; oui, ça reste du domaine du logiciel commercial, mais pour un truc pareil, on ne va quand même pas prendre du truc calibré pour une agence.

En farfouillant sur CodeCanyon, le lieu de référence pour du plugin WordPress premium, on en trouve beaucoup, j’en ai testé plusieurs, et j’ai jeté mon dévolu sur FS Poster, qui fait tout ce qu’on lui demande et bien :

  • Il peut poster à la demande les nouveaux articles avec un délai (permettant donc de reposter un nouvel article trois jours après sa publication, par exemple) ;
  • Il peut reposer au hasard des articles tirés d’une taxonomie à un intervalle de temps choisi (donc ici, des articles tirés de la catégorie Best of) ;
  • Il gère tous les réseaux de la Terre ou presque (par exemple si vous avez encore un compte Facebook en 2021, on ne vous juge surtout pas, bien sûr, mais en fait si quand même un peu).
Nos sourires sont figés dans un éternel tourment car nos proportions ne sont pas du tout justes

Coût : 45$ US1 ; difficulté pour les novices : facile à difficile (selon les particularités de votre hébergeur, s’il faut installer un cron job ou pas) ; temps d’installation : dix minutes à une demie-heure (selon la situation de l’hébergeur).

Préparer des mises à jour à l’avance

L’outil magique pour préparer des statuts ou des liens qui seront ensuite postés automatiquement sur les réseaux de son choix à la date voulue s’appelle Buffer.

Depuis la virtualisation découlant de la pandémie et le changement climatique qui tue les abeilles, tout le monde n’achète plus que des GIF de bouquets de fleurs signés par NFT, lol

En son cœur, Buffer permet de placer des statuts dans une file d’attente (un buffer, comme c’est bien vu) qui seront postés à l’heure dite, ou bien d’en prévoir dans un calendrier (« le vendredi matin des Imaginales, signaler au vaste monde que je dédicacerai au marché du saucisson de La Baffe »). C’est un outil fantastique qui m’a permis de rester à peu près sain d’esprit pendant ma décennie Facebook (encore que), et que devrait connaître toute personne qui a besoin des réseaux commerciaux à titre professionnel.

Coût : gratuit pour les besoins en question, difficulté pour les novices : facile, temps d’installation : 5 minutes.

Et vous voilà avec un master d’intelligence artificielle.

Pour aider à payer l’hébergement et les frais du site, cet article contient des liens des parrainage ; de manière générale, si l’envie d’acheter ces outils vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens de cet article (ou par ceux proposés ici) – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. Soit dit en passant, c’est fou le nombre de coûts cachés que vous réserve un site web.
2023-02-04T07:07:46+01:00jeudi 23 septembre 2021|Geekeries|Commentaires fermés sur Construisez votre propre bot Twitter en une demie-heure

Outer Wilds est le meilleur jeu du monde

Et en fait, la meilleure manière d’en parler, c’est de ne surtout pas en parler. Que vous ne vous documentiez surtout pas. Je vous en ai déjà donné le titre, et c’est peut-être déjà trop.

Regardez, je vais même trouver une image qui ne dit quasiment rien.

Je vais plutôt vous raconter comment je l’ai découvert, et c’était absolument parfait. Il faudrait que vous le découvriez de la même manière, si vous pouvez. D’ailleurs, je vais faire la même chose à d’autres copains, du coup. Bref.

Un jour, un copain me mentionne en passant : « Tel week-end, j’organise un petit rassemblement chez moi entre gens de bon goût. Il y a un jeu formidable que je veux vous faire découvrir. Je ne vous dis rien, vous ne savez rien, vous me faites confiance, vous venez juste et vous découvrez, j’offre le gîte et le couvert. T’es chaud ? »

J’étais tellement en phase que j’imaginais qu’on allait faire un week-end jeu de plateau, pour tout dire.

J’arrive le vendredi soir et, le temps de boire quelques coups, d’échanger quelques news, il était évidemment temps de commencer convenablement à deux heures du matin, comme il se doit. Finalement, avec les désistements, nous étions seulement deux gars devant le projecteur, avec notre pote commun derrière (car je venais de rencontrer mon binôme d’aventure – magnifique manière de faire la connaissance de quelqu’un), lequel ne dit rien, mais profite presque autant que nous de revivre à travers notre regard neuf et innocent ce qu’il avait lui-même vécu. (Et aujourd’hui, je me réjouis, donc, de proposer à mon tour la même expérience à quelqu’un, après avoir poncé le jeu dans tous les sens, vu toutes les fins, et écrit douze fiches dans mon Zettelkasten à son sujet.)

Outer Wilds a un côté Into the Wilds (la similitude est assurément voulue, car rien, absolument rien dans ce chef-d’œuvre est laissé au hasard) : « happiness only real when shared ». Ce serait trop vous en dire de vous expliquer pourquoi, mais même si c’est un jeu parfaitement solo, il se découvre encore mieux à deux ou en petit comité, en ignorant tout de ce qui se passe, avec des gens qui se passent la manette à tour de rôle, qui commencent à échanger des idées, à formuler des hypothèses sur nan mais en vrai c’est quoi ce bordel ? C’est un formidable jeu à partager en couple, tout simple en apparence, avec un gameplay exploité au maximum, et surtout, oh mes aïeux, surtout, une explosion de l’esprit quand tu commences à faire oh mais mon dieu en fait c’est ÇA qui se passe.

Je.

Outer Wilds livre une expérience de jeu intelligente, réfléchie, qui utilise à la perfection la grammaire du gameplay en fondant sa courbe de progression sur un mécanisme à la fois tout simple et quasiment jamais vu, qui distille l’essence même de ce que cela signifie d’avancer dans un jeu vidéo.

Je ne peux pas en dire davantage, à part que si vous êtes ici, vous avez certainement vaguement entendu parler d’un genre appelé la SF un jour dans votre vie, et que Outer Wilds réussit les doigts dans le nez à évoquer le vertige de l’immensité, le sense of wonder, l’intelligence que le cinéma de genre des années récentes peine parfois à toucher. Il flotte sur son berceau les influences de 2001, Interstellar, Premier Contact, Babylon 5, mais le jeu les a digérées, comprises, et se dresse de lui-même, avec son propre univers un peu fou, un peu baroque, pour faire jeu égal avec ces monuments.

Prenez votre conjoint·e, votre chat, un ou quelques amis proches, préparez du thé, une couette, et jouez ensemble à Outer Wilds. Parmi les meilleures vingt heures vidéoludiques de mon existence entière, encore au-delà de Gris et de Hellblade : Senua’s Sacrifice – c’est dire (je serais prêt à acheter une Xbox pour jouer à Hellblade 2, rendez-vous compte).

En plus, un DLC sort fin septembre. Pile le temps pour vous de le finir, puis de repartir à l’aventure.

2021-08-26T17:26:19+02:00mercredi 1 septembre 2021|Geekeries|4 Commentaires
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